Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-02-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 février 1903 05 février 1903
Description : 1903/02/05 (A7,N118,T12). 1903/02/05 (A7,N118,T12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65833707
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2014
DISSERTATION SUR LA MULTIPLICATION DES ISONANDRA GUTLl 67
d'autorité par M. Sérullas à la recherche des Isonandrct, véritables producteurs
de Gutta, pour les implanter dans les colonies françaises. Le semis réputé long,
incertain, il fallait rapporter en Europe des organes vivants et en déterminer les
moyens les plus rapides de multiplication.
Dans des tablettes ou caisses rectangulaires, à bords de 0m30 de haut, pleines
d'une terre grasse et marécageuse du pays d'origine, des tronçons de branche
d'une trentaine de centimètres de longueur, de grosseurs inférieures au poignet
d'un enfant, furent plantés verticalement, à moitié enterrés. L'humidité était
constamment entretenue.
Nos colonies de la côte occidentale de l'Afrique voisines de l'équateur ayant
été particulièrement désignées comme régions propices à l'acclimatement des
Gutta, on pensa que le climat de l'Algérie convenait le mieux, comme première
étape, à cette tentative de multiplication et de diffusion, et l'on choisit un point
de la baie d'Alger.
La dominante du système cultural fut la chaleur exagérée et l'humidité à
outrance et concentrée dans une serre construite exprès : c'est ce que l'on put
en savoir, le secret le plus absolu devant présider à cette entreprise jalousée,
croyait-on, par le monde colonial de tous les pays.
Quelques années se passèrent.
L'administration, impatientée, voulait des résultats; l'affaire avait étécoùteuse,
elle était lasse de dépenser de l'argent. On lui faisait remarquer qu'après tant de
sacrifices et vu la hauteur du but, la continuation de la tentative s'imposait. Elle
se fâcha, l'expérimentateur résista énergiquement et un beau matin, pour en
finir, un ordre télégraphique arriva au préfet d'Alger d'agir manu militari et de
donner l'assaut à l'enceinte renfermant les richesses végétales de,l'Étal. Procès-
verbal de saisie fut dressé par un officier ministériel et le directeur du Jardin
d'Essai d'Alger fut nommé séquestre, non par l'autorité militaire,^ mais par le
Président du Tribunal.
C'est dans cette phase tragi-comique que j'intervins : aussi me semble-t-il
permis de raconter cette histoire en toute connaissance, et [aussi avec toutes
réserves, et en supprimant des détails qui appartiennent plutôt à un journal amu-
sant.
:Jt
* #
On avait dépensé beaucoup d'argent et de temps, on avait fait de grands
efforts dans un but louable, utile au premier chef, dont le succès devait donner
quelque éclat à notre agriculture coloniale devant nos rivaux, peut-être doter des
colonies d'une exploitation fructueuse.
La science et l'administration n'avaient oublié qu'un simple jardinier, habile
dans son art !
L'expérience fut continuée, in extremis, au Jardin d'Essai d'Alger, séquestre des
quelques bouts de bois officiels auxquels l'administration avait attaché une aussi
grande importance.
Des milliers de tronçons de branches d'Isonandra importés à grand'peine de
l'océan Indien, une centaine à peine avait survécu; mais le fait le plus remar-
quable, c'est le temps prolongé qu'ils avaient mis à disparaître sans jamais
émettre des racines : en effet, il leur a fallu des années pour s'éteindre.
La chaleur et l'humidité constantes et concentrées n'étaient pas le mode de
culture à appliquer en cette circonstance et aux conditions artificielles d'exis-
d'autorité par M. Sérullas à la recherche des Isonandrct, véritables producteurs
de Gutta, pour les implanter dans les colonies françaises. Le semis réputé long,
incertain, il fallait rapporter en Europe des organes vivants et en déterminer les
moyens les plus rapides de multiplication.
Dans des tablettes ou caisses rectangulaires, à bords de 0m30 de haut, pleines
d'une terre grasse et marécageuse du pays d'origine, des tronçons de branche
d'une trentaine de centimètres de longueur, de grosseurs inférieures au poignet
d'un enfant, furent plantés verticalement, à moitié enterrés. L'humidité était
constamment entretenue.
Nos colonies de la côte occidentale de l'Afrique voisines de l'équateur ayant
été particulièrement désignées comme régions propices à l'acclimatement des
Gutta, on pensa que le climat de l'Algérie convenait le mieux, comme première
étape, à cette tentative de multiplication et de diffusion, et l'on choisit un point
de la baie d'Alger.
La dominante du système cultural fut la chaleur exagérée et l'humidité à
outrance et concentrée dans une serre construite exprès : c'est ce que l'on put
en savoir, le secret le plus absolu devant présider à cette entreprise jalousée,
croyait-on, par le monde colonial de tous les pays.
Quelques années se passèrent.
L'administration, impatientée, voulait des résultats; l'affaire avait étécoùteuse,
elle était lasse de dépenser de l'argent. On lui faisait remarquer qu'après tant de
sacrifices et vu la hauteur du but, la continuation de la tentative s'imposait. Elle
se fâcha, l'expérimentateur résista énergiquement et un beau matin, pour en
finir, un ordre télégraphique arriva au préfet d'Alger d'agir manu militari et de
donner l'assaut à l'enceinte renfermant les richesses végétales de,l'Étal. Procès-
verbal de saisie fut dressé par un officier ministériel et le directeur du Jardin
d'Essai d'Alger fut nommé séquestre, non par l'autorité militaire,^ mais par le
Président du Tribunal.
C'est dans cette phase tragi-comique que j'intervins : aussi me semble-t-il
permis de raconter cette histoire en toute connaissance, et [aussi avec toutes
réserves, et en supprimant des détails qui appartiennent plutôt à un journal amu-
sant.
:Jt
* #
On avait dépensé beaucoup d'argent et de temps, on avait fait de grands
efforts dans un but louable, utile au premier chef, dont le succès devait donner
quelque éclat à notre agriculture coloniale devant nos rivaux, peut-être doter des
colonies d'une exploitation fructueuse.
La science et l'administration n'avaient oublié qu'un simple jardinier, habile
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L'expérience fut continuée, in extremis, au Jardin d'Essai d'Alger, séquestre des
quelques bouts de bois officiels auxquels l'administration avait attaché une aussi
grande importance.
Des milliers de tronçons de branches d'Isonandra importés à grand'peine de
l'océan Indien, une centaine à peine avait survécu; mais le fait le plus remar-
quable, c'est le temps prolongé qu'ils avaient mis à disparaître sans jamais
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La chaleur et l'humidité constantes et concentrées n'étaient pas le mode de
culture à appliquer en cette circonstance et aux conditions artificielles d'exis-
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