Titre : Journal d'agriculture tropicale : agricole, scientifique et commercial / dir. Jean Vilbouchevitch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-09-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343782789
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1912 30 septembre 1912
Description : 1912/09/30 (A12,N135). 1912/09/30 (A12,N135).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6446834p
Source : CIRAD, 2012-235759
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
N° IHo SEPT. 1912 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 259
tones en végétation normale, c'est-à-dire à
la période de ros, totalement ou partiel-
lement détruites par les gelées. Dans la
forêtd'Andasibé, tous les arbres de lafutaie,
sauf sur les hauteurs, avaient leurs som-
mités desséchés. A Saint-Anne, des arbres
étaient totalement détruits et leurs écorces
avaient éclaté ; sur l'Ankaratra, des Epilo-
bes, le Salix madagascariensis, le Vernonia
appendiculata, le Pteris aquilina et de
nombreuses fougères arborescentes, c'est-
à-dire des espèces de climats tempérés et
môme froids, avaient leurs parties aérien-
nes totalement détruites. En fait, ce phé-
nomène est ici aussi anormal que le serait
en France la destruction par les gelées de
nos bois de sapin et de chêne. Une seule
explication de ces faits singuliers semble
possible. Ils sont pour nous la preuve for-
melle el irrécusable d'un changement très
récent du climat, dû au déboisement du centre
de la majeure partie de la côte Est. En effet,
par suite de ces déboisements, les brouil-
lards normaux et les petites pluies de saison
froide, dont les restes de la végétation
autochtone du Centre établissent, sans
aucun doute possible, l'existence ancienne
dans ces régions, ont disparu ou ont tout
au moins diminué énormément d'intensité.
Or, ces brouillards suffisaient à empêcher
les gelées qui n'ont sévi et dont l'action ne
s'est fait sentir que le jour où ils sont
devenus rares et intermittents.
Nous verrons plus loin que les séche-
resses printanières de l'Ouest, phénomène
tout aussi anormal au point de vue biolo-
gique, n'ont vraisemblablement pas d'autre
cause première.
Sécheresses printanières de l'Ouest. -
Dans l'Ouest, après les mois relativement
frais et très secs de juin, juillet, août et
septembre, la température augmente forte-
ment en octobre; les vents de l'Est s'arrê-
tent et le régime des vents de l'Ouest
s'établit peu à peu. Quelques orages,
espacés à plusieurs jours d'intervalle, écla-
tent, accompagnés de pluies violentes ; et,
sous l'influence de ces fortes chaleurs et
d'une humidité plus grande, les bourgeons
se gonflent; brusquement les jeunes feuilles
apparaissent et les plantes se couvrent de
fleurs. En un mot, dans ces régions où la
sécheresse produit des effets comparables
à ceux de l'hiver, l'apparition des premières
pluies provoque les mêmes manifestations
de végétation que l'on observe en France
au printemps, en avril et en mai. Mais ce
printemps de l'Ouest dure peu : la première
quinzaine de novembre est souvent exces-
sivement sèche, les vents de l'Est soufflent
à nouveau avec violence, la température
augmente encore ; et, deux années sur trois,
sous l'influence de ce brusque changement
de conditions météorologiques, les nou-
velles pousses se fanent et se dessèchent, x
et les fleurs grillées tombent avant l'an-
thèse, avec leur ovaires infécondés. Ces
sécheresses printanières produisent, en
somme, les mêmes effets et les mêmes
dégâts qu'une gelée printanière. Aucune
des espèces autochtones, sauf celles crois-
sant à l'abri des vents ou dans les endroits
conservant un peu d'humidité, n'échappe
à l'action de ces sécheresses. Toutes en.
souffrent plus ou moins, suivant l'intensité
du phénomène, et certaines d'entre elles,
plus sensibles, ont même cessé de se repro-
duire et uniquement pour cette cause
toutes les fois qu'elles se trouvent placées
dans un lieu découvert, sur la lisière d'un
bois ou sur la crête d'une colline.
Ce phénomène ne nuit évidemment pas
aux cultures de ces régions, puisque l'Ouest
est encore inculte et qu'onn'y pratique guère
que des cultures irriguées, mars ces séche-
resses causent actuellement des dégâts au
point de vue forestier, et elles ne seront
pas sans gêner considérablement la culture
des espèces à fleurs précoces, le jour où le
pays sera cultivé.
Au surplus, c'est à un autre point de
vue que nous nous en occupons ici. L'exis-
tence de ces sécheresses nous semble
incompatible avec celle d'espèces autoch-
tones, qui en souffrent au point de ne plus
pouvoir se reproduire. Le dilemme ainsi
posé est donc très net, ou ces sécheresses
sont de création récente, ou bien les espèces
tones en végétation normale, c'est-à-dire à
la période de ros, totalement ou partiel-
lement détruites par les gelées. Dans la
forêtd'Andasibé, tous les arbres de lafutaie,
sauf sur les hauteurs, avaient leurs som-
mités desséchés. A Saint-Anne, des arbres
étaient totalement détruits et leurs écorces
avaient éclaté ; sur l'Ankaratra, des Epilo-
bes, le Salix madagascariensis, le Vernonia
appendiculata, le Pteris aquilina et de
nombreuses fougères arborescentes, c'est-
à-dire des espèces de climats tempérés et
môme froids, avaient leurs parties aérien-
nes totalement détruites. En fait, ce phé-
nomène est ici aussi anormal que le serait
en France la destruction par les gelées de
nos bois de sapin et de chêne. Une seule
explication de ces faits singuliers semble
possible. Ils sont pour nous la preuve for-
melle el irrécusable d'un changement très
récent du climat, dû au déboisement du centre
de la majeure partie de la côte Est. En effet,
par suite de ces déboisements, les brouil-
lards normaux et les petites pluies de saison
froide, dont les restes de la végétation
autochtone du Centre établissent, sans
aucun doute possible, l'existence ancienne
dans ces régions, ont disparu ou ont tout
au moins diminué énormément d'intensité.
Or, ces brouillards suffisaient à empêcher
les gelées qui n'ont sévi et dont l'action ne
s'est fait sentir que le jour où ils sont
devenus rares et intermittents.
Nous verrons plus loin que les séche-
resses printanières de l'Ouest, phénomène
tout aussi anormal au point de vue biolo-
gique, n'ont vraisemblablement pas d'autre
cause première.
Sécheresses printanières de l'Ouest. -
Dans l'Ouest, après les mois relativement
frais et très secs de juin, juillet, août et
septembre, la température augmente forte-
ment en octobre; les vents de l'Est s'arrê-
tent et le régime des vents de l'Ouest
s'établit peu à peu. Quelques orages,
espacés à plusieurs jours d'intervalle, écla-
tent, accompagnés de pluies violentes ; et,
sous l'influence de ces fortes chaleurs et
d'une humidité plus grande, les bourgeons
se gonflent; brusquement les jeunes feuilles
apparaissent et les plantes se couvrent de
fleurs. En un mot, dans ces régions où la
sécheresse produit des effets comparables
à ceux de l'hiver, l'apparition des premières
pluies provoque les mêmes manifestations
de végétation que l'on observe en France
au printemps, en avril et en mai. Mais ce
printemps de l'Ouest dure peu : la première
quinzaine de novembre est souvent exces-
sivement sèche, les vents de l'Est soufflent
à nouveau avec violence, la température
augmente encore ; et, deux années sur trois,
sous l'influence de ce brusque changement
de conditions météorologiques, les nou-
velles pousses se fanent et se dessèchent, x
et les fleurs grillées tombent avant l'an-
thèse, avec leur ovaires infécondés. Ces
sécheresses printanières produisent, en
somme, les mêmes effets et les mêmes
dégâts qu'une gelée printanière. Aucune
des espèces autochtones, sauf celles crois-
sant à l'abri des vents ou dans les endroits
conservant un peu d'humidité, n'échappe
à l'action de ces sécheresses. Toutes en.
souffrent plus ou moins, suivant l'intensité
du phénomène, et certaines d'entre elles,
plus sensibles, ont même cessé de se repro-
duire et uniquement pour cette cause
toutes les fois qu'elles se trouvent placées
dans un lieu découvert, sur la lisière d'un
bois ou sur la crête d'une colline.
Ce phénomène ne nuit évidemment pas
aux cultures de ces régions, puisque l'Ouest
est encore inculte et qu'onn'y pratique guère
que des cultures irriguées, mars ces séche-
resses causent actuellement des dégâts au
point de vue forestier, et elles ne seront
pas sans gêner considérablement la culture
des espèces à fleurs précoces, le jour où le
pays sera cultivé.
Au surplus, c'est à un autre point de
vue que nous nous en occupons ici. L'exis-
tence de ces sécheresses nous semble
incompatible avec celle d'espèces autoch-
tones, qui en souffrent au point de ne plus
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