Titre : Journal d'agriculture tropicale : agricole, scientifique et commercial / dir. Jean Vilbouchevitch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-09-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343782789
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1912 30 septembre 1912
Description : 1912/09/30 (A12,N135). 1912/09/30 (A12,N135).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6446834p
Source : CIRAD, 2012-235759
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
258 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 135 SEPT 1912
lement toute gelée. Dès le lever du soleil,
la température s'élève brusquement et
atteint souvent + 15° -et même+ 20°, quel-
ques heures plus tard.
En résumé, les gelées du centre de l'île
ne diffèrent en rien des gelées ordinaires
des climats tempérés, sauf peut-être en
ceci que le refroidissement par évapora-
tion semble jouer ici un rôle plus prépon-
dérant et plus marqué.
Effets. Les dégâts causés sur les cul-
tures indigènes sont peu considérables et
même nuls. Une sorte de sélection s'est
d'ailleurs produite dans ces cultures, et
les indigènes ont seulement abandonné,
au-dessus d'une certaine altitude, des cul-
tures et des modes de culture qu'ils
avaient l'habitude de pratiquer plus bas.
Ainsi le manioc, les patates, les taros ont
bien leurs feuilles et leurs pousses totale-
ment détruites, mais ceci est sans dom-
mage pour les parties utilisées de ces
plantes, c'est-à-dire pour les tubercules ;
et les autres cultures, toutes annuelles,
blé, avoine, pomme de terre, maïs et
riz, ou n'ont rien à craindre de la gelée
ou ne sont pratiquées qu'en saison chaude.
Mais il n'en est pas de même pour les
essais de cultures nouvelles tentées par
les Européens, ou par les indigènes à leur
instigation. Ainsi, dans ces pays très secs,
les cultures de café, de mûrier, de vigne
réussissent surtout dans les endroits un
peu bas, conservant un peu d'humidité.
Or, les gelées, dans ces endroits, ou bien
font périr ces plantes ou bien en compro-
mettent totalement les récoltes. Ces gelées,
en outre, sont une des grandes causes
d'échec dans l'introduction des plantes
utiles des pays tempérés. En effet, ces
plantes, par suite de l'inversion des sai-
sons, sont naturellement portées à rester
en végétation pendant notre hiver, qui est
l'été des climats où ces espèces se sont
formées ; et cette tendance à végéter à
contre-saison est encore accrue par la tem-
pérature, en somme très élevée, du milieu
des jours de notre hiver. Il résulte de tout
ceci ce fait paradoxal que des espèces, qui
supportent normalement en France des
froids de –10° à 20° ne résistent pas ici
à une température de–2°.
Le remède aux dégâts causés par la ge-
lée à ces sortes de culture ne sera pas facile
à trouver. Pour le café, l'ombrage et la
plantation à l'abri des vents de l'Est, sur
terrains secs, irrigués seulement pendant
la période de végétation, donnent de bons
résultats. Pour la vigne, moins sensible à
la sécheresse, il suffirait de ne la planter
que sur les coteaux exposés à l'Ouest;
c'est, du moins, la solution à laquelle s'est
arrêté le Frère NORBERT, à Saint-Anne, où
le climat est d'ailleurs un peu plus humide
qu'ailleurs dans le centre. Mais le vrai
remède, à notre avis, pour toutes les plantes
d'importation, devra être cherché ailleurs:
il faudra arriver ici à créer des mutations
ou des races adaptées à notre climat, c'est-
à-dire se reposant d'une façon normale
pendant notre hiver, où les variations de
température sont si brusques. Les Améri-
cains, les Japonais, les Australiens ont
obtenu de magnifiques résultats en ce
sens, mais ici aucun essai de ce genre n'a
encore été fait. Il n'y a pourtant pas d'au-
tre solution possible.
Mais les gelées du Centre ont des effets
plus curieux encore, tellement anti-natu-
rels que nous les avons longtemps niés :
La plupart des plantes autochtones, cest-à-
dire des espèces adaptées à ce climat, consti-
tuées et créées par lui, souffrent de ces gelées,
qui les font périr parfois entièrement.
Nous avions cru pouvoir expliquer les
premières observations que nous avons
faites à ce sujet comme une suite naturelle
de l'action des feux de brousse. Le camp
de feu de ces incendies, en effet, force
souvent les plantes qu'ils endommagent a
former de nouvelles pousses à contre-
saison, et il est tout naturel que ces pousses
de contre-saison ne résistent pas aux
gelées. Mais des observations ultérieures
que nous avons faites dans la forêt d'An-
dasibé, à Saint-Anne (environs d'Ambo-
sitra) et sur l'Ankaratra nous ont permis
d'observer en abondance des espèces autoch-
lement toute gelée. Dès le lever du soleil,
la température s'élève brusquement et
atteint souvent + 15° -et même+ 20°, quel-
ques heures plus tard.
En résumé, les gelées du centre de l'île
ne diffèrent en rien des gelées ordinaires
des climats tempérés, sauf peut-être en
ceci que le refroidissement par évapora-
tion semble jouer ici un rôle plus prépon-
dérant et plus marqué.
Effets. Les dégâts causés sur les cul-
tures indigènes sont peu considérables et
même nuls. Une sorte de sélection s'est
d'ailleurs produite dans ces cultures, et
les indigènes ont seulement abandonné,
au-dessus d'une certaine altitude, des cul-
tures et des modes de culture qu'ils
avaient l'habitude de pratiquer plus bas.
Ainsi le manioc, les patates, les taros ont
bien leurs feuilles et leurs pousses totale-
ment détruites, mais ceci est sans dom-
mage pour les parties utilisées de ces
plantes, c'est-à-dire pour les tubercules ;
et les autres cultures, toutes annuelles,
blé, avoine, pomme de terre, maïs et
riz, ou n'ont rien à craindre de la gelée
ou ne sont pratiquées qu'en saison chaude.
Mais il n'en est pas de même pour les
essais de cultures nouvelles tentées par
les Européens, ou par les indigènes à leur
instigation. Ainsi, dans ces pays très secs,
les cultures de café, de mûrier, de vigne
réussissent surtout dans les endroits un
peu bas, conservant un peu d'humidité.
Or, les gelées, dans ces endroits, ou bien
font périr ces plantes ou bien en compro-
mettent totalement les récoltes. Ces gelées,
en outre, sont une des grandes causes
d'échec dans l'introduction des plantes
utiles des pays tempérés. En effet, ces
plantes, par suite de l'inversion des sai-
sons, sont naturellement portées à rester
en végétation pendant notre hiver, qui est
l'été des climats où ces espèces se sont
formées ; et cette tendance à végéter à
contre-saison est encore accrue par la tem-
pérature, en somme très élevée, du milieu
des jours de notre hiver. Il résulte de tout
ceci ce fait paradoxal que des espèces, qui
supportent normalement en France des
froids de –10° à 20° ne résistent pas ici
à une température de–2°.
Le remède aux dégâts causés par la ge-
lée à ces sortes de culture ne sera pas facile
à trouver. Pour le café, l'ombrage et la
plantation à l'abri des vents de l'Est, sur
terrains secs, irrigués seulement pendant
la période de végétation, donnent de bons
résultats. Pour la vigne, moins sensible à
la sécheresse, il suffirait de ne la planter
que sur les coteaux exposés à l'Ouest;
c'est, du moins, la solution à laquelle s'est
arrêté le Frère NORBERT, à Saint-Anne, où
le climat est d'ailleurs un peu plus humide
qu'ailleurs dans le centre. Mais le vrai
remède, à notre avis, pour toutes les plantes
d'importation, devra être cherché ailleurs:
il faudra arriver ici à créer des mutations
ou des races adaptées à notre climat, c'est-
à-dire se reposant d'une façon normale
pendant notre hiver, où les variations de
température sont si brusques. Les Améri-
cains, les Japonais, les Australiens ont
obtenu de magnifiques résultats en ce
sens, mais ici aucun essai de ce genre n'a
encore été fait. Il n'y a pourtant pas d'au-
tre solution possible.
Mais les gelées du Centre ont des effets
plus curieux encore, tellement anti-natu-
rels que nous les avons longtemps niés :
La plupart des plantes autochtones, cest-à-
dire des espèces adaptées à ce climat, consti-
tuées et créées par lui, souffrent de ces gelées,
qui les font périr parfois entièrement.
Nous avions cru pouvoir expliquer les
premières observations que nous avons
faites à ce sujet comme une suite naturelle
de l'action des feux de brousse. Le camp
de feu de ces incendies, en effet, force
souvent les plantes qu'ils endommagent a
former de nouvelles pousses à contre-
saison, et il est tout naturel que ces pousses
de contre-saison ne résistent pas aux
gelées. Mais des observations ultérieures
que nous avons faites dans la forêt d'An-
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