256 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 26 — AOÛT 190?
Rappelons que M. FAWCETT, le distingué
directeur du service botanique de l'île, a
publié récemment une importante brochure
sur la culture du bananier ; elle a été an-
noncée dans notre n° 19 (pages bleues), sous
le § 286.
Des informations récentes et concordantes
parues dans la presse anglaise, mais dont
on n'a évidemment pas eu connaissance au
consulat, permettent de considérer provi-
soirement comme ayant échoué la tenta-
tive d'introduire sur le marché anglais la
banane commune de la Jamaïque (« Gros
Michel », syn. « Martinique »); cette intro-
duction avait été organisée, cependant, par
une Compagnie de navigation extrêmement
puissante, MM. ELDER DEMPSTER & Co (di-
recteur, sir ALFRED JONES, Président de la
Chambre de Commerce de Liverpool), qui a
installé exprès, avec une large subvention de
l'État, une ligne de paquebots rapides entre
Kingston et Bristol. Le goût de la banane de
la Jamaïque ne convient pas au public an-
glais, qui préfère celle des Canaries et de
Madère, dont le commerce est entre les
mains de la même Compagnie.
Le bananier nain des Canaries fait, d'ail-
leurs, son chemin à la Jamaïque; le récent
cyclone, qui a dévasté une grande partie de
l'île, aura achevé de convaincre les retarda-
taires. C'est, en outre, d'une manière géné-
rale, la variété la plus en faveur, à l'heure
actuelle, dans tous les pays chauds.
De son côté, la Compagnie n'a pas aban-
donné la partie et continue son travail dans
l'île où elle s'occupe même d'installer, en
exécution des conditions de son privilège,
un corps spécial de professeurs d'agricul-
ture. Nous tiendrons nos lecteurs au courant
des résultats.
Pour le moment, ce sont les Etats-Unis
qui absorbent le gros des bananes exportées
de la Jamaïque.
Les détails qui suivent, sont reproduits
d'après la « Feuille d'Informations du
Ministère de l'Agriculture ». — N. D. L. R.
*
* *
« Les plantations de bananiers couvraient
en 1898 une superficie de moins de
20.000 acres; en 1899 elles étaient de plus
de 25.000 acres, soit dans l'espace de trois
ans une augmentation de plus de 25
« D'un autre côté, la culture de la canne à
sucre diminue, puisque la superficie con-
sacrée' à cette culture, qui était de 3o.ooo
acres, n'est plus que de 26.000 acres, soit
une diminution de 13 pendant la même
période.
« La Jamaïque a une superficie de plus
de 4.000 mille carrés : sur ces 4.000 milles
3.66o milles carrés ou 2.348.800 acres sont
situées à une élévation ne dépassant pas
2.000 pieds au-dessus du niveau de la mer,
situation très favorable pour la culture de
la banane si les conditions du terrain sont
bonnes. On peut prétendre sans crainte
d'exagération que 2 */2 du total ci-dessus
mentionné est susceptible d'être employé à
la culture de la banane pour l'exportation,
ce qui laisse une marge suffisante pour le
transfert périodique de la culture dans un
nouveau terrain qui a lieu environ tous les
cinq ans. En d'autres termes, en prenant la
plus faible estimation, 58.000 acres peuvent
être toujours en plein rapport. Comme l'ex-
portation des bananes est de 8 à 9 millions
sur 25.ooo acres, il s'ensuit qu'on peut
compter sur une exportation de 20 millions
de régimes pour 58.000 acres.
La culture de la banane est une affaire
souvent très hasardeuse. Il suffit d'un vio-
lent vent du nord, qui souffle parfois à la
Jamaïque, pour détruire en une seule nuit la
récolte de toute une année.
« D'un autre côté, cette culture rapporte
de sérieux bénéfices. Pour le prouver, nous
empruntons à un opuscule intitulé Jamatca
in iiïgj, les relevés suivants dus à M. HENRY
CORK, un planteur très connu :
Pieds de bananiers, par acre. 339
Vente en gros, par acre £ 27- 1 sh.-3d.
Çoût de la culture, par acre. £ 6-18 sh.-b d.
Bénéfice net, par acre.. £ 20- 2 sh.-gd.
Soit, en reprenant les mêmes calculs, par
pied :
Encaisse brute, par pied. 1 sh. 7 d. '/2
Frais de toutes sortes, par pied.. o sh. 4 d. 3/^
Bénéfice net,par pied. 1 sh. 2 d. 3ji
Nouv. Imp. Ed. LASNIER, Direct. 37, rue St-Lazare. Paris. Le Gérant : E. BOIVIN.
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