136 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 23 — MAI igo3
arrachés et remplacés par de nouvelles bou-
tures, qui demanderont 2 années de crois-
sance avant de commencer à produire. La
plantation (en la supposant tout entière du
même âge, ce qui a lieu rarement) ne don-
nerait donc aucune recette pendant tout ce
temps, sans les palmiers. Ceux-ci entrant
alors en pleine production, la moyenne de
leur rendement sera désormais de 5 kgr.
d'huile et de 3 kgr. d'amandes.
Enfin, nous arrivons aux deux condi-
tions spéciales exigées du « porte-ombre »
pour vanillerie : la persistance du feuillage
en saison sèche et l'aménagement possible
de ce feuillage pour régler l'intensité de la
lumière et de l'ombre.
Le palmier à huile partage, avec beaucoup
d'autres arbres, cette faculté de ne pas perdre
ses feuilles en saison sèche, moment où le
vanillier, qui vient de donner sa récolte, a
besoin de se refaire à l'ombre, en dévelop-
pant sa végétation; mais il est, pour ainsi
dire, le seul arbre auquel il soit facile de faire
donner l'ombre voulue.
L'absence de branches ligneuses permet
de supprimer les feuilles sans blesser l'arbre,
et sans que le vide subsiste plus d'une sai-
son. Grâce à cet élagage facile et au comble-
ment rapide du vide qu'il a causé, le pal-
mier met la vanille, plantée sous son ombre,
dans les meilleures conditions pour pro-
duire ou se développer. En saison des pluies,
lorsque la liane donnera ses fleurs et aura
besoin de mûrir ses gousses, quelques coups
de « MACHETTE (i) », judicieusement appli-
qués, feront, dans le feuillage de chaque
arbre, un émondage suffisant pour que la
chaleur, l'air et lalumière pénètrent à profu-
sion jusqu'au vanillier. La floraison, comme
la fructification, seront abondantes, et, de
plus, les fruits auront cet arome spécial aux
gousses mûries au soleil.
Au contraire, à la fin de l'hivernage, lors-
que se terminera la récolte — c'est-à-dire
en avril - on laissera l'arbre à lui-même,
et les dernières pluies suffiront à développer
de nouvelles feuilles, qui combleront les
vides.
(1) Machette, sabre d'abattis servant à tous les tra-
vaux de plantation.
Grâce à cette ombre, la chaleur cachée ou
directe, qui jaunit et flétrit feuilles et tiges,
en saison sèche, ne pourra se faire sen-
tir; la vanille émettra des racines adventives
et de longues pousses qui lui permettront,
l'année suivante, de supporter sans faiblir
cinquante à soixante fruits.
Le palmier à huile présente un seul incon-
vénient : c'est celui de pousser assez lente-
ment; il faudra trois ans pour que l'énorme
bouquet qu'il forme au niveau du sol émette
des feuilles assez longues pour décrire leur
courbe à deux mètres de hauteur; à ce
moment, il est apte à ombrager les espaliers
ayant une hauteur de 1 m. 60.
Pendant les 3 premières années, il fau-
dra remédier à cette insuffisance des pal-
miers en plantant sur leurs alignements,
et à égale distance de chacun d'eux, des
touffes de grands bananiers: de préférence,
la variété N'DONGUILA des indigènes, qui, en
6 mois, atteint 5 m. de hauteur avec une
longueur de feuilles dewplus de 3 mètres. Les
espaliers seront de cette façon parfaitement
abrités du soleil; mais il faudra se défier
des tornades de mars, ces hauts bananiers
résistant assez mal aux vents violents.
Si on a laissé subsister, lors du défriche-
ment, des rideaux d'arbres perpendiculaires
à la direction des vents régnants, ce qui doit
toujours se faire, la plantation sera suffi-
samment abritée pour n'avoir à redouter
aucun dégât.
La 3e année (l'année de culture étant con-
sidérée comme partant du ier octobre, moment
où commencent les pluies et où l'on plante)
la vanille commençant à fleurir, on suppri-
mera tous les bananiers qui l'ombrageraient
trop, le moment étant venu pour elle de
recevoir du soleil.
Se,pt mois après, les gousses de sa
1re récolte produites, elle aura besoin d'om-
bre, et il lui en sera fourni une quantité suffi-
sante par les Palmiers arrivés à la hauteur
nécessaire pour commencer efficacement
leur rôle de porte-ombre.
Les bananiers seront tronçonnés en com-
mençant par la tête, de façon que leur chute
n'endommage pas les espaliers, et ensuite
déracinés avec soin. Les troncs et les sou-
Facebook
Twitter