Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-03-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 mars 1904 20 mars 1904
Description : 1904/03/20 (A8,N145,T14). 1904/03/20 (A8,N145,T14).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6432177h
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
170 REVUE DES CULTURES COLONIALES
aériennes et maintenir cette adhérence. Ces deux conditions : 1° nécessité d'un
support vivant; 2° adhérence parfaite des racines latérales contre ce support
pendant toute la végétation de la liane, sont de la plus haute importance (1).
La culture du manioc (Maniliot dulcis H. Bn.) a pris une assez grande extension
en vue de la fabrication du tapioca. Il existe actuellement, dans la colonie, quatre
ou cinq féculeries ou fabriques de tapioca. Quelques-unes d'entre elles possèdent
un outillage très perfectionné. Le tapioca est expédié en grumeaux, dans des
sacs de jute. On ne granule que la quantité nécessaire à la consommation locale.
La féculerie est une industrie relativement récente à la Réunion. Elle est inté-
ressante et mérite d'être encouragée, car la culture du manioc donne, entre les
mains de nos colons bourbonnais, d'excellents résultats. Il serait désirable sur-
tout qu'on prenne des mesures propres à protéger nos fécules coloniales contre
la concurrence des fécules étrangères, provenant principalement du Brésil et des
établissements anglais des Détroits, par Singapour. Une proposition dans ce sens
a dernièrement été faite au Parlement, mais elle n'a pas été adoptée.
Les cultures dont il vient d'être question appartiennent à la zone basse, car
c'est exceptionnellement, et pour les raisons qui ont été données, qu'on voit la
canne à sucre s'élever jusqu'à 1.000 mètres d'altitude; et, d'autre part, la vanille
ne dépasse guère 300 à 400 mètres. Quant au manioc, il n'est cultivé que dans la
zone littorale.
Mais voici une culture, relativement nouvelle à l'île Bourbon, qui a pris, pen-
dant ces dernières années, une grande importance dans la zone d'altitude
moyenne : c'est celle du géranium à essence (Pelargonium capitatum Ait.). En réa-
lité, le géranium se cultive, à la Réunion, depuis 400 mètres jusqu'à 1.400 mètres
d'altitude. Mais, plus haut, le froid paraît trop vif, pendant les mois d'hiver
austral, pour cette plante qui, sur le littoral méditerranéen, souffre d'un froid de
2° ou 3°. En tout cas, j'ai vu sur la route de Saint-Pierre à la Plaine des Cafres,
en septembre dernier, dans une localité dont l'altitude est comprise entre
1.300 et 1.400 mètres, un champ de géraniums complètement détruit par la gelée.
La culture du géranium a nécessité des défrichements très étendus dans la
!:.,.
F
(1) J'avais été frappé, pendant mon séjour récent à la Réunion du rôle considérable que les culti-
vateurs font jouer au support dans la culture de la vanille. D'autre part, les faits qui viennent
d'être rapportés et que j'avais pu constater de la façon la plus formelle, à maintes reprises,
m'avaient conduit à penser qu'entre la vanille et son support, il existe des rapports étroits qu'à mon
retour à Marseille et à l'aide d'échantillons que j'avais recueillisse me suis efforcé de déterminer
par des recherches de laboratoire.
Ces recherches m'ont permis de mettre en évidence les faits suivants que j'ai communiqués à
l'Académie des Sciences (Voir Comptes rendus, Ie" février 1904). Il existe, entre la racine aérienne
et le support contre lequel elle s'applique, un champignon microscopique, un mycorrhize, dont les
filaments mycéliens, d'une part, pénètrent dans la racine et se pelotonnent dans les cellules de sont
écorce, et, d'autre part, parles poils radicaux servant de passage, traversent le liège et vont se pelo-
tonner dans les cellules corticales du support. Ce champignon établit donc une communication
intime entre la vanille et son tuteur; de plus, il puise dans les tissus de ce support vivant des prin-
cipes nutritifs qu'il cède en majeure partie à l'Orchidée. Il se forme donc entre celle-ci et le crypto-
game une association bienfaisante et utile, une symbiose très remarquable. Et, dès lors, on s'ex-
plique les avantages que la vanille trouve à croître sur un support vivant, quand elle peut établir
une parfaite adhérence entre ses racines aériennes et ce support. Aussi, quand cette double condi-
tion est réalisée, la voit-on se développer avec vigueur.
Des faits de symbiose du même ordre se retrouveront très probablement pour d'autres plantes
grimpantes et se généraliseront sans aucun doute. Pour le Poivrier (Piper nigrum), par exemple,
qui, on le sait (voir Jumelle, Cultures coloniales, plantes alimentaires, p. 314). ne se développe
vraiment bien et ne fructifie normalement que sur des supports vivants, on peut, je crois, affirmer
dès ici, que l'association symbiotique de la liane avec un mycorrhize n'est pas douteuse.
aériennes et maintenir cette adhérence. Ces deux conditions : 1° nécessité d'un
support vivant; 2° adhérence parfaite des racines latérales contre ce support
pendant toute la végétation de la liane, sont de la plus haute importance (1).
La culture du manioc (Maniliot dulcis H. Bn.) a pris une assez grande extension
en vue de la fabrication du tapioca. Il existe actuellement, dans la colonie, quatre
ou cinq féculeries ou fabriques de tapioca. Quelques-unes d'entre elles possèdent
un outillage très perfectionné. Le tapioca est expédié en grumeaux, dans des
sacs de jute. On ne granule que la quantité nécessaire à la consommation locale.
La féculerie est une industrie relativement récente à la Réunion. Elle est inté-
ressante et mérite d'être encouragée, car la culture du manioc donne, entre les
mains de nos colons bourbonnais, d'excellents résultats. Il serait désirable sur-
tout qu'on prenne des mesures propres à protéger nos fécules coloniales contre
la concurrence des fécules étrangères, provenant principalement du Brésil et des
établissements anglais des Détroits, par Singapour. Une proposition dans ce sens
a dernièrement été faite au Parlement, mais elle n'a pas été adoptée.
Les cultures dont il vient d'être question appartiennent à la zone basse, car
c'est exceptionnellement, et pour les raisons qui ont été données, qu'on voit la
canne à sucre s'élever jusqu'à 1.000 mètres d'altitude; et, d'autre part, la vanille
ne dépasse guère 300 à 400 mètres. Quant au manioc, il n'est cultivé que dans la
zone littorale.
Mais voici une culture, relativement nouvelle à l'île Bourbon, qui a pris, pen-
dant ces dernières années, une grande importance dans la zone d'altitude
moyenne : c'est celle du géranium à essence (Pelargonium capitatum Ait.). En réa-
lité, le géranium se cultive, à la Réunion, depuis 400 mètres jusqu'à 1.400 mètres
d'altitude. Mais, plus haut, le froid paraît trop vif, pendant les mois d'hiver
austral, pour cette plante qui, sur le littoral méditerranéen, souffre d'un froid de
2° ou 3°. En tout cas, j'ai vu sur la route de Saint-Pierre à la Plaine des Cafres,
en septembre dernier, dans une localité dont l'altitude est comprise entre
1.300 et 1.400 mètres, un champ de géraniums complètement détruit par la gelée.
La culture du géranium a nécessité des défrichements très étendus dans la
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(1) J'avais été frappé, pendant mon séjour récent à la Réunion du rôle considérable que les culti-
vateurs font jouer au support dans la culture de la vanille. D'autre part, les faits qui viennent
d'être rapportés et que j'avais pu constater de la façon la plus formelle, à maintes reprises,
m'avaient conduit à penser qu'entre la vanille et son support, il existe des rapports étroits qu'à mon
retour à Marseille et à l'aide d'échantillons que j'avais recueillisse me suis efforcé de déterminer
par des recherches de laboratoire.
Ces recherches m'ont permis de mettre en évidence les faits suivants que j'ai communiqués à
l'Académie des Sciences (Voir Comptes rendus, Ie" février 1904). Il existe, entre la racine aérienne
et le support contre lequel elle s'applique, un champignon microscopique, un mycorrhize, dont les
filaments mycéliens, d'une part, pénètrent dans la racine et se pelotonnent dans les cellules de sont
écorce, et, d'autre part, parles poils radicaux servant de passage, traversent le liège et vont se pelo-
tonner dans les cellules corticales du support. Ce champignon établit donc une communication
intime entre la vanille et son tuteur; de plus, il puise dans les tissus de ce support vivant des prin-
cipes nutritifs qu'il cède en majeure partie à l'Orchidée. Il se forme donc entre celle-ci et le crypto-
game une association bienfaisante et utile, une symbiose très remarquable. Et, dès lors, on s'ex-
plique les avantages que la vanille trouve à croître sur un support vivant, quand elle peut établir
une parfaite adhérence entre ses racines aériennes et ce support. Aussi, quand cette double condi-
tion est réalisée, la voit-on se développer avec vigueur.
Des faits de symbiose du même ordre se retrouveront très probablement pour d'autres plantes
grimpantes et se généraliseront sans aucun doute. Pour le Poivrier (Piper nigrum), par exemple,
qui, on le sait (voir Jumelle, Cultures coloniales, plantes alimentaires, p. 314). ne se développe
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