connue de longue date, où la nouveauté est rare et trop souvent redoutée. Son intervention ne s'impose pas. C'est à lui de l'imposer.
Tout autre est le milieu dans lequel opère le Service Agricole d'une colonie. Il n'y a plus là l'expérience ancestrale pour guider le cultivateur. Les plantes elles-mêmes, leurs variétés, leurs procédés de culture sont encore mal connus et étudiés. Les nouveautés abondent et sont recherchées. Chacun pratique pour son compte de multiples essais et souhaiterait l'appui d'expériences confirmées par le temps. Les doctrines s'élaborent chaque jour et l'on tâtonne à leur recherche. Tout est ici en pleine et constante 'évolution : l'Agriculture comme les Agriculteurs. Car les colons eux-mêmes se succèdent ; de nouveaux arrivent à chaque instant, qui tous sont à la recherche du renseignement technique et de la donnée expéri- mentale.
Nous sommes loin ici de ce traditionalisme et de cette con- fiance en soi, faite d'expérience et d'inertie, qui élèvent trop sou- vent en France une barrière entre le cultivateur et le technicien de la station de recherches. Mais il est une différence plus :essentielle encore entre les deux milieux : c'est celle qui sépare le colon du cul- tivateur.
Le cultivateur de France, issu d'une lignée de cultivateurs implan- tés depuis des siècles sur un même coin du sol, est un habile praticien expert en son art. Il n'a besoin des conseils de personne pour cul- tiver comme l'ont fait ses pères.
Le colon n'est pas un cultivateur ; le serait-il que tout serait à réapprendre pour lui parce que le sol, les cultures, le climat ne sont plus ceux qui ont formé son expérience. Mais trop souvent, trans- fuge de métiers divers, il s'est improvisé agriculteur. -..
Un haut fonctionnaire de notre enseignement colonial agricole recevait récemment, nous disait-il, la visite d'un de ces futurs colons qui venait lui demander des renseignements sur une culture tropi- cale ; et comme, après les avoir donnés, il s'enquérait : « Vous êtes du métier » ? il obtint cette réponse caractéristique : « Non, je suis charron ; et mon beau-frère qui part avec moi est employé des che- mins de fer ; mais on est vaillants tous les deux. »
Craint-on que celui-là, et tant d'autres avec lui, négligent quand
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