Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-04-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 avril 1900 05 avril 1900
Description : 1900/04/05 (A4,N50,T6). 1900/04/05 (A4,N50,T6).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6378354x
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
202 REVUE DES CULTURES COLONIALES
marchandises américaines. Le commerce avait repris une marche ascendante.
Dans l'intérieur de l'île on posait partout des voies ferrées pour aller chercher,
jusque dans les vallées les plus rçculées, les régimes de bananes. Des
sociétés se formaient pour s'occuper de transport et de culture et avaient acheté
une grande quantité des terres que l'abandon de la culture de la canne laissait
.en friche. Un intéressant article de M. de Varigny, publié dans la Revue bleue
-vint nous confirmer ce que nous savions déjà et les statistiques des marchés de
New-York et de Philadelphie nous montraient les prix élevés, atteints au débar-
quement, par les régimes vendus aux enchères publiques.
Un publieiste de la Martinique, qui avait longtemps vécu aux États-Unis,
M. Gaston de Pompignan, se fit à ce moment l'apôtre de la culture du bananier
et je devins son meilleur disciple.
M. de Pompignan nous apprit que le bananier utilisé, dans les plantations de
la Jamaïque, le seul qui produisît le régime « marchand », avait toutes les qua-
lités. Très élevé de taille, il ne se brisait ni sous l'effort du vent, ni sous le poids
du régime et, par suite, n'avait pas besoin de tuteur. Le régime, de poids con-
sidérable, était constitué par des « pattés » de belles figues-bananes grosses,
longues et si délicieuses qu'on n'en voulait pas d'autres sur le marché de New-
York. Enfin les pattes étaient solidement attachées au régime qui supportait
bien le voyage et mettait un certain temps à mûrir. Évidemment, nous n'avions
pas de bananiers semblables dans l'île et, tout d'abord, il fallait se procurer cette
"plante précieuse. Aussi, avec quelques amis, nous frétâmes une goélette, qui,
quarante jours après, nous apporta vingt-cinq mille plants. Je dis nous, car, à
cette époque, j'étais propriétaire d'une habitation, située dans le voisinage de la
'ville de Saint-Pierre. Les colons avaient cependant fait des objections, un peu
-tim.idement, c'est vrai. Ils voulaient bien produire de la banane; mais, quand
ils l'auraient, qu'en feraient-ils? On leur ferma la bouche en leur disant qu'ils la
vendraient, que les compagnies de navigation viendraient la chercher, etc.
Bref, on planta! La plantation ne présenta aucune difficulté. Les bananiers
poussèrent lentement. Huit mois suffisaient pour la venue des régimes, affir-
mait-on. Hélas ! deux années s'étaient écoulées et ces derniers n'avaient pas
encore fait leur apparition. Ils finirent cependant par se montrer, ef on constata,
avec un vif désappointement, que c'était bien à tort que l'on était allé chercher
du plant au loin puisque le bananier introduit n'était autre que le vulgaire
« Makanguia » ou mieux le Bananier Martinique, et on le savait vigoureusement
attaqué par une calandre qui empêchait l'extension de sa culture. Nous apprîmes
encore que son fruit, connu aux Etats-Unis, sous le nom de Banane de la
Jamaïque, était, au contraire, à la Jamaïque, connu sous le nom de Banane de -
la Martinique. Le très intéressant Bulletin du Département botanique de la
Jamaïque nous en donne d'ailleurs la raison. D'après son récit, un navire de
guerre anglais, pendant les guerres du Premier Empire, aurait capturé un bâti-
ment martiniquais sur lequel se trouvaient des plants du bananier en question,
qui, multipliés à la Jamaïque, y furent appelés, en souvenir de cet événement,
bananiers de la Martinique. -
Quoi qu'il en soit, si, au lieu d'envoyer un publieiste à la Jamaïque y chercher
des plants de bananier, on y eût dirigé une personne compétente, cette dernière
eût reconnu quel était le bananier qu'on désirait importer et prévenu à temps
les personnes qui demandaient des plants. A l'arrivée, le plant, formé par la
partie souterraine et les bourgeons de la tige du bananier, ne pouvait être dis-
marchandises américaines. Le commerce avait repris une marche ascendante.
Dans l'intérieur de l'île on posait partout des voies ferrées pour aller chercher,
jusque dans les vallées les plus rçculées, les régimes de bananes. Des
sociétés se formaient pour s'occuper de transport et de culture et avaient acheté
une grande quantité des terres que l'abandon de la culture de la canne laissait
.en friche. Un intéressant article de M. de Varigny, publié dans la Revue bleue
-vint nous confirmer ce que nous savions déjà et les statistiques des marchés de
New-York et de Philadelphie nous montraient les prix élevés, atteints au débar-
quement, par les régimes vendus aux enchères publiques.
Un publieiste de la Martinique, qui avait longtemps vécu aux États-Unis,
M. Gaston de Pompignan, se fit à ce moment l'apôtre de la culture du bananier
et je devins son meilleur disciple.
M. de Pompignan nous apprit que le bananier utilisé, dans les plantations de
la Jamaïque, le seul qui produisît le régime « marchand », avait toutes les qua-
lités. Très élevé de taille, il ne se brisait ni sous l'effort du vent, ni sous le poids
du régime et, par suite, n'avait pas besoin de tuteur. Le régime, de poids con-
sidérable, était constitué par des « pattés » de belles figues-bananes grosses,
longues et si délicieuses qu'on n'en voulait pas d'autres sur le marché de New-
York. Enfin les pattes étaient solidement attachées au régime qui supportait
bien le voyage et mettait un certain temps à mûrir. Évidemment, nous n'avions
pas de bananiers semblables dans l'île et, tout d'abord, il fallait se procurer cette
"plante précieuse. Aussi, avec quelques amis, nous frétâmes une goélette, qui,
quarante jours après, nous apporta vingt-cinq mille plants. Je dis nous, car, à
cette époque, j'étais propriétaire d'une habitation, située dans le voisinage de la
'ville de Saint-Pierre. Les colons avaient cependant fait des objections, un peu
-tim.idement, c'est vrai. Ils voulaient bien produire de la banane; mais, quand
ils l'auraient, qu'en feraient-ils? On leur ferma la bouche en leur disant qu'ils la
vendraient, que les compagnies de navigation viendraient la chercher, etc.
Bref, on planta! La plantation ne présenta aucune difficulté. Les bananiers
poussèrent lentement. Huit mois suffisaient pour la venue des régimes, affir-
mait-on. Hélas ! deux années s'étaient écoulées et ces derniers n'avaient pas
encore fait leur apparition. Ils finirent cependant par se montrer, ef on constata,
avec un vif désappointement, que c'était bien à tort que l'on était allé chercher
du plant au loin puisque le bananier introduit n'était autre que le vulgaire
« Makanguia » ou mieux le Bananier Martinique, et on le savait vigoureusement
attaqué par une calandre qui empêchait l'extension de sa culture. Nous apprîmes
encore que son fruit, connu aux Etats-Unis, sous le nom de Banane de la
Jamaïque, était, au contraire, à la Jamaïque, connu sous le nom de Banane de -
la Martinique. Le très intéressant Bulletin du Département botanique de la
Jamaïque nous en donne d'ailleurs la raison. D'après son récit, un navire de
guerre anglais, pendant les guerres du Premier Empire, aurait capturé un bâti-
ment martiniquais sur lequel se trouvaient des plants du bananier en question,
qui, multipliés à la Jamaïque, y furent appelés, en souvenir de cet événement,
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