332 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 17 — Nov. 1902
celle de la carotte ordinaire, d'après les ana-
lyses de M. G. RIVIÈRE. Coupées par mor-
ceau àla machine, ces raquettes, additionnées
de son, ou mieux de caroubes broyées, en
légère fermentation, constituent une nour-
riture engraissante et appétisante, pour le
gros bétail et pour les vaches laitières en
particulier: « 70 kg. raquettes 20 kg. carou-
bes, 10 kg. grains ou tourteaux.
« M. COUPUT, directeur de la Bergerie na-
tionale de Mondjebeur, recommande une
pratique employée par ses parents et par lui-
même pendant un grand nombre d'années
(environ 5o ans), qui consistait a entretenir
les bœufs, les vaches laitières, les chèvres etc.,
avec des tronçons de raquettes d'opuntia et
de là paille hachée 75 kg. de raquettes, mé-
lés â 75 kg. de paille, équivalent à 100 kg. de
bon foin. « La raquette contient beaucoup
d'eau de végétation 93 p. 100 environ, c'est
pourquoi son mélange avec les autres élé-
ments précités s'impose; on arrive à consti-
tuer une nourriture assez complète et tou-
jours supérieure à celle dont peut dispo-
ser le cultivateur en saison sèche ou dans les
années de disette.
« ,. Voici, d'après M. DUGAST, directeur
de la station agronomique d'Alger, la compo-
sition des raquettes de figuier de Barbarie,
comparée à celles du chou moellier et de la
betterave fourragère:
Poids moyen d'une raquette : o kg. 900.
Raquettes Chou Betterave
Eau. 92,50 90,32 88,00
Matière sèche. 7,80 9,67 12,00
Mat. protéiques
brutes. 0,63 0,90 1,10
Matières grasses
brutes. 0,16 0,10 0,10
Mat. hydrocar-
bonnées. 4,54 6,:7 9,10
Cellulose brute. 1,06. 1,53- 0,90
Cendre (C02 dédaite) 1,41 0,86 0,80
7,80 9,67 EüU-
« L'utilisation du figuier de Barbarie a
- vivement préoccupé le gouvernement Tuni-
sien, et en 1894, M. P. BOURDE, Directeur
de l'Agriculture, a publié des travaux inté-
ressants sur ce sujet
« Il pensait qu'à l'emploi de la raquette,
trop chargée d'eau, il convenait mieux de
substituer le fruit, dit figue de Barbarie,
beaucoup plus riche en principes alimen-
taires puisque, d'après les tables de WOLF,
on pouvait le classer comme équivalent nu-
tritif, entre le topinambour et la carotte :
Topinambour. , , 290
Figue de Barbarie. , 304
Carotte. , 434
« Cependant les analyses de M. BERTAIN-
CHAND, Directeur du laboratoire de Tunis,
accusent une richesse moindre.
« La critique que l'on doit faire de l'emploi
des fruits, repose sur la difficulté de les ré-
colter : ils sont épineux, souvent haut per-
chés, et par cela même leur cueillette exige
une main-d'œuvre considérable. D'autre
part, la maturité à lieu dans une période
estivale variant entre 40 et 60 jours. On
estimerait cette production à 20.000 kg. à
l'hectare.
« La culture de l'Opuntia n'est pas dif-
ficile. Le bouturage par raquette est des plus
simples. On laisse la raquette se ressuyer
pendant quelques jours. Plantation de prin-
temps, même d'été. Pour faire une haie,
planter en ligne, chaque bouture à une dis-
tance de o m. 80.
« En massif compact et régulier, il faut
adopter un écartement raisonné de 2 m. au
moins dansles bonnes terres, plus serré dans
les sols maigres. Par la suite, on éclaircit
suivant les cas.
« Si cette cactée résiste dans les terrains
secs et rocailleux et supporte aisément les
grandes sécheresses, il convient de ne pas (
oublier que dans les bonnes terres sa végé-
tation est rapide, ses rendements abondants
et qu'elle ne dédaigne, ni les soins, ni les
arrosements, ni les fumures.
« La végétation de l'Opuntia est satisfai-
sante dans toute la région de l'olivier,
moindre dans ses dernièreslimites élevées et
dans les oasis telliennes, mais nulle dans
le désert. »
