N° 9 — MARS 1902 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE - 71
second traitement d'entretien, il devra coïn-
cider avec la période de repos de la végéta-
tion et ne pas dépasser 3oo kg. à l'hectare.
On observera toutes les précautions requises
pour l'emploi du sulfure de carbone et, d'un
autre côté, il ne sera pas inutile d'entourer
d'un fossé, dont on rejettera la terre vers
le dedans, les places où la maladie est cons-
tatée. De cette manière, on évitera une con-
tamination plus étendue du sol.
MALADIES CRYPTOGAMIQUES
Les maladies produites par des parasites
cryptogames (des champignons et une algue)
se présentent plus rarement, semble-t-il, et
les dégâts qu'elles produisent sont beaucoup
moins importants que ceux des insectes.
Champignons.
CLOQUE. — Sur les feuilles et les jeunes
rameaux du théier, M. Watt a observé dans
l'Inde, un champignon Basidiomycète infé-
rieur, Exobasidium vexans, qui a commis
dans quelques cas de graves dégâts. Le mal,
BLISTER BLIGHT en anglais (cloque), se montre
sur les pieds qui n'ont pas été élagués à l'au-
tomne et, en avril, il attaque les feuilles des
pieds qui l'ont été. Le mycélium serait
vivace dans les branches et produirait des
spores qui attaquent des pieds indemnes.
La maladie apparaît sur les feuilles par de
petites taches rosées qui s'étendent bientôt et
dépriment en forme d'ampoules la face supé-
rieure de la feuille, et elle s'étend de lâ sur
les jeunes rameaux. C'est sur la partie
convexe de la feuille qu'apparaissent les fruc-
tifications et les spores, rarement sur la face
concave. Le seul traitement pratique est d'en-
lever et brûler toutes les parties atteintes de
la plante pour empêcher la maladie de
s'étendre à des pieds sains. On s'assurera aussi
si la la maladie n'existe pas sur les pieds de
théier sauvage voisins de la plantation, qui,
dans ce cas, seront détruits et brûlés.
ANTHRACNOSE. — Cette maladie attaque le
théier à Ceylan et d'après M. MASSEE serait
due au Colletotrichum Camelliæ. On voit
sur la face supérieure des feuilles d'abord
des taches d'un jaune brunâtre qui gagnent
la face inférieure, brunissent encore et tuent
localement le tissu de la feuille. Ces parties
tuées et noircies, qui portent les fructifica-
tions, se détachent et tombent de la feuille.
Si l'on peut saisir le début du mal, on aura
des chances de l'arrêter en enlevant les feuil-
les atteintes et les brûlant.
TACHE GRISE. — Cette maladie a été con-
statée dans l'Inde, en Assam, à Ceylan et à
Java. Elle est due au PestaloHia Guepini,
qui d'ailleurs, même en Europe, attaque beau-
coup d'autres, plantes, Camélias, Rhododen-
drons, Magnolias, Citronniers. La maladie se
montre au début sous l'apparence de points
gris, disséminés, qui s'étendent, deviennent
confluents, irréguliers de contour et s'en-
tourent finalement d'une marge très brune,
très légèrement proéminente, qui, constituée
anatomiquement par un tissu de liège,qui limi-
te exactement l'envahissement du mycélium du
champignon. Le Dr WATT a observé que la
maladie débute par un côté dans une planta-
tion et s'étend peu à peu, ce qui tend à prou-
ver que l'extension de la maladie est due à
l'action du vent. La destruction des feuilles
atteintes, et dès l'apparition de la maladie, est
une mesure qui s'impose comme dans les
deux cas précédents. En anglais, la maladie
dont je parle, porte le nom de « GREY BLIGHT» »
MALADIE DU FILAMENT. — Ce nom — THREAD
BLIGHT, en anglais, — a été donné à cause de
la présence de nombreux filaments très tenus,
blancs qui apparaissent sur les jeunes ra-
meaux et sur la face inférieure des feuilles et
sont dus à l'action du Stilbum nanum de
M. MASSEE. Ces filaments pénètrent les tissus
de la feuille et aussi ceux de la jeune tige,
jusqu'au cambium, mais ils fructifient à l'ex-
térieur et y produisent extérieurement leurs
spores, qui se montrent sur le sommet ar-
rondi et élargi de très petites tiges dressées,
à peine visibles à l'œil. On pense que ce pa-
rasite est commun dans les jungles sur dif-
férentes plantes, d'où il gagne le théier. En
tout cas, les spores n'apparaissent que sur
les organes déjà morts du théier. On doit
donc les tailler et les brûler dès que le mai
apparaît.
Il est à observer que pour le traitement de
ces divers parasites des feuilles on a souvent
conseillé l'emploi des pulvérisations de li-
Facebook
Twitter