88 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE NI, o - MARS 1002
du reste, dire que les grèves ne sont pas
rares à la Havane et dans l'île, et qu'il en
résulte, à chaque fois, une augmentation de
,salaire, un accroissement dans le prix de
vente des cigares ou une diminution de la
qualité.
« Il est intéressant, à ce propos, de donner
quelques indications sur le prix de revient
du mille de cigares, puisque nous en avons
donné tout à l'heure le prix de vente. Si
nous prenons un type cher, celui qui est dit
« énvencible », nous arrivons, d'après
M. VASQUEZ, à 77 shillings, environ 91 fr.,
dont 25 pour le tabac, 40 pour le salaire des
ouvriers et le reste pour les frais généraux :
bien entendu, il s'agit là de cigares chers,
mais pas de ceux de toute première marque.
Si, d'autre part, nous considérons les cigares
dits « reinas », qui sont bon marché, nous
trouvons un total de 43 shillings seule-
ment, dont 20 pour le tabac et 11 pour le
salaire des ouvriers : ceux-ci se payent au
mille, et gagnent en général de 2,5o a
3 shillings ; en quatre minutes un ouvrier
fait un cigare, et un bon ouvrier arrive à ne
mettre que deux minutes seulement Notons
que les reinas sont des cigares des plus ordi-
nai res. »
« Il nous reste à dire un mot des ciga-
rettes.
« Comme pour les cigares, l'exportation
des cigarettes a décru dans des proportions
énormes: elle a passé de 40 millions à
10 millions de paquets, et en dépit des qua-
lités du tabac cubain, malgré sa pureté ab-
solue, il est évident qu'il est bien moins
apprécié qu'autrefois. Il faudra bien des
conditions pour que cette industrie reprenne
sa situation florissante de jadis, notamment
que l'on supprime les droits d'exportation,
qui sont toujours si nuisibles ; il serait éga-
lement nécessaire, pour les planteurs et les
manufacturiers, de ne plus viser seulement
la clientèle de luxe, qui est forcémentlimitée,
et de fournir au contraire à la grande masse
des consommateurs des tabacs ordinaires et
relativement bon marché pouvant lutter avec
ceux des diverses régions de l'Amérique. »
La Situation commerciale du Géranium Rosat
Deux de nos abonnés, l'un à Mayotte, l'autre
au Mozambique, nous annoncent simultanément
leur intention de se mettre à la culture du géra-
nium rosat, et nous demandent de les renseigner
sur l'état du marché de cette essence aromatique.
Voici ce qu'en disent deux documents qui datent,
on peut dire, d'hier. L'un est le mémoire extrême-
ment détaillé de M. SCHILLING, sur « L'Exploita-
tion de certaines plantes à essences dans le dépar-
tement d'Alger»; l'autre est le Bulletin de
MM. SCHIMMEL (FRITZSCHE FRÈRES) de Leipzig,
qui font autorité en la matière et qu'il faut consul-
ter toutes les fois qu'il s'agit d'essences.
Voyons d'abord le témoin algérien:
« Les géraniacées que l'on cultive pour les
distiller appartiennent au genre Pelargonium,
et constituent trois espèces: le P. odoratissi-
mum, le P. roseum et le P. capitatum, toutes
connues sous la dénomination usuelle de
GÉRANIUM ROSAT, et qui ne se différencient,
d'ailleurs, que fort peu. Les Pelargonium
sont originaire du sud de l'Afrique. Les pre-
miers essais, dont leur exploitation, comme
plantes à essence, ait fait l'objet, datent de
1847; ils ont eu lieu à Paris. Depuis lors,
cette culture s'est répandue dans le sud-est
de la France, d'où, importée par les colons
originaires du Var et des Alpes-Maritimes,
elle a passé dans le département d'Alger.
« Là, elle se rencontre dans le Sahel et en
certains points de la Mitidja. Le Géranium
rosat occupait autrefois d'assez grande? sur-
faces dans la première de ces deux régions,
où l'on comptait encore, en 1889, 48 distil-
lateurs, produisant ensemble environ
3.ooo kilos d'essence. Mais celle-ci se ven-
dait alors de 60 à 80 francs le kilo. Aujour-
d'hui, la concurrence très active que font
aux producteurs algériens, l'Espagne (Va-
lence et Alméria) les Indes (essence dite de
géranium ou palmarosa, tirée non d'un pelar-
gonium, mais d'une graminée, YAndropogon
Schoenantlius), et la Réunion a provoqué l'avi-
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