88 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 7 - JANV. 1902
élevé de 10 livres donné par M. SCHLECHTER. Il se-
rait tout à fait important de rechercher la cause
de cette contradiction.
Voici les principaux passages de la note de
M. CARDOZO :
( Mes Céaras, qui sont à présent au nom-
bre de plus de 80.000, n'ont pas encore deux
ans d'existence.
« Toutefois, pour ce qui est du rende-
ment de ces arbres à Inhambane, je puis
vous raconter une expérience dont j'ai vu les
résultats sur place, il y a un peu plus d'un
an.
« Il existe à Inhambane un Manihot Gla-
îiovii venu de graines importées du Céara;
cet arbre a poussé dans un terrain fortement
sablonneux et avait, au moment de l'expé-
rience, entre 8 et 9 ans d'âge. A un mètre du
sol, le tronc a un diamètre de o m. 407 ; à
ce point, il se bifurque ; les deux branches de
la fourche ont de 20 à 25 cent. de diamètre.
« Le tronc et les deux branches, jusqu'à la
hauteur de 2 m. du sol, ont été complète-
ment couverts de coups de canif, horizonta-
lement et verticalement, à des distances va-
riant de 2 à 4 centimètres les uns des autres,
de manière à couvrir l'écorce d'un réseau de
petits carrés.
« Le latex a coagulé sur l'écorce et les fila-
mentsducaoutchoucont été roulés en boule;
le lendemain, au matin, les mêmes blessures
- ont recommencé à couler et on put recueillir
encore du caoutchouc qui fut ajouté à la
boule de la veille. Cette boule pesait 260 gram-
mes.
« Les blessures se sont encore rouvertes,
par places, pendant quelques jours, sans
qu'on ait continué à récolter le caoutchouc
ainsi produit.
« D'après l'examen que j'ai fait de cet arbre
après l'expérience, et vu que, tant sur le tronc
que perdu par terre, il restait au moins au-
tant de caoutchouc qu'il en avait été mis en
boule, je suis persuadé que cet arbre, saigné
convenablement deux fois dans l'année, au-
rait fourni au moins 1 kilogramme de caout-
chouc.
« Or, remarquez que les fentes, faites au
canif, n'on pa été rafraîchies ni élargies pour
faciliter l'écoulement du latex, et que l'expé-
rience a été faite au commencement de sep-
tembre, au moment où l'arbre, dépouillé de
ses feuilles, allait recommencer une nouvelle
période d'activité. N
« L'arbre n'a pas souffert de l'opération,
quelque peu barbare ; du moins pas pendant
les premiers mois qui ont suivi la saignée;
après quoi je ne l'ai plus revu, ayant quitté
le pays.
« Par des expériences personnelles que,
toutefois, je n'ai pu pousser à bout, j'ai pu
me convaincre que l'incision verticale, fût-
elle pratiquée dans toute la hauteur de la
tige, ne donne pas de résultats à Inham-
bane (i). J'ai remarqué que les incisions hori-
zontales sont préférables à toutes les autres ;
c'est, d'ailleurs, ce que vous mentionnez pour
les Ficus dans le numéro de novembre du
« Journal d'Agriculture Tropicale ». Il m'a
semblé aussi que les blessures courtes pro-
duisent, en proportion, plus de latex que les
blessures longues; mais ce fait, dont je-ne
vois pas d'explication, aurait encore besoin
de confirmation. Si, d'ici là, on n'a pas
trouvé mieux, ce sera par des incisions hori-
zontales et courtes que j'exploiterai mes
Manihot.
« Il paraît qu'à Beira (Mozambique) on a
retiré i5o gr. d'arbres de cinq ans, mais je
n'ai pas de détails sur la manière d'opérer ;
au Zambèze m'affirme-t-on, on retire diffici-
lement 5o gr.
« Ces plantations-là sont établies, à ce que
je crois, dans des terrains très forts et plutôt
humides, ce qui, en ajoutant l'imperfection
des méthodes de saignées actuelles, explique-
rait la faiblesse du rendement. *
« P. S. Ma plantation de caoutchoutiers
Céaras est la seule qu'ily ait à Inhambane. Il
y a bien quelques arbres éparpillés par ci
par là, mais, en dehors de la mienne, pas de
plantation faite en vue d'exploitation. Il y a
longtemps déjà, le gouvernement portugais a
fait distribuer quelques graines de Céaras;
c'est de ces graines que proviennent les quel-
ques arbres âgés que l'on trouve aujourd'hui
dans le pays ».
(1) Ni ailleurs. Voir, à ce sujet, notre cahier d'oc-
tobre (p. 126) et notre cahier de novembre (p. 133-
- 135).
N. DE LA RÉD.
