6 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 7 — JANV. 1902
fésseur WARBURG, en somme défavorables à
Y Agave americana en tant qu'entreprise pour
capitaux européens ; puis, quelques renseigne-
ments occasionnels, concernant deux entreprises
dé l'Inde Britannique, susceptibles d'intéresser
notre lecteur tunisien, par suite de l'identité de
l'espèce botanique traitée; ces. entreprises sont la
« AGAVE FIBRE COMPANY » de Povaï, près Bombay
et le « SOUTII-INDIAN FIBRB SYNDICATE » d'Anan-
tapur, dans la présidence de Madras. En résu-
mant les données au sujet de ces deux affaires,
publiées par la presse anglo-indienne, nous
.faisions. observer combien ces données étaient
ncomplètes et nous sollicitions des renseigne-
ments complémentaires; nous n'avons pas tardé
à eh recevoir de première mairi.
Dans notre cahier de novembre, nous avons pu
faire profiter nos lecteurs d'une communication
de M. BENSON, directeur de l'Agriculture à Madras,
réduisant, après enquête sur place, à des propor-
tions fort modestes l'entreprise tant vantée des
concessionnaires des haies vives d'Anantapur.
Aujourd'hui, nous sommes heureux de publier
une lettre de M. SUTER, directeur de la plantation
de Povaï, qui est, au contraire, de nature à
redonner du courage aux défenseurs de l'Agave
americana. Nous avons reçu également une très
intéressante communication concernant la « DAU-
RA CHERRA FIBRE C- » que nous avions mentionnée
incidemment et qui cultive, dans le sud de l'Inde,
le chanvre de Sisal ; nous en reparlerons.
Pour en revenir à l'Agave americana et à la
lettre de M. SUTER, un fait domine le débat :
M. SUTER affirme que la fibre extraite de l'Agave
americana à l'usine de Povaï, par un procédé à
lui, réalise à Londres, par tonne, i5 à 20 livres
sterlings de plus que le chanvre de Sisal de qualité
moyenne. C'est la première fois que nous enten-
dons parler de prix aussi élevés, pour une fibre
de cette origine botanique. M. SUTER a eu soin de
joindre à son manuscrit des échantillons des
cinq variétés de fibres produites à Povaï; nous
les tenons à la disposition des personnes qui
désireraient les comparer avec les qualités connues
du commerce.
L'assertion de M. SUTER, quant à l'identité de
valeur des différentes espèces botaniques de fibres
d'Agaves pourvu qu'elles aientété bien préparées,
renverse les idées reçues; on s'en rendra mieux
compte en relisant la notice si claire et si concise
de M. le Dr WEBER publiée dans notre cahier
d'août, sous le titre « Les Agaves du Mexique :
espèces et utilisations. »
Après ce préambule quelque peu long, mais
indispensable, voici les passages essentiels de la
lettre de M. SUTER écrite en fort bon français :
« Selon votre désir, je vous donne mes
vues concernant un article paru dans votre
Journal du 31 octobre 1901, sur l'Agave
americana et sa fibre. »
« C'est une erreur .courante de croire
que la fibre tirée de l'espèce Agave sisa-
lana soit supérieure en qualité aux fibres
extraites d'autres espèces d'Agaves textiles
comme l'A. americana, l'A. mexicana. A
condition que ces fibres soient extraites abso-
lument pures et blanches, elles se valent, ou
à peu près.
La fibre de l'Agave sisalana est plus forte,
il est yrai, mais aussi plus dure, plus gros-
sière, moins souple que les autres; ce qui
fait qu'elle n'est propre qu'à fabriquer la
grosse corderie; tandis que certaines autres
fibres d'Agaves sont plus fines, plus mania-
bles et peuvent servir à des usages très variés,
tels que dentelles, chapeaux, doublures, ca-
nevas, corbeilles, articles de Paris, etc. Un
grand avenir commercial semble être réservé
à ces fibres en tant qu'elles seront extraites
dans toute leur longueur et se présenteront
avec leur force, pureté et blancheur natu-
relles. Je suis donc tenté de m'inscrire en
aux contre les assertions de M. le professeur
WARBURG, de Berlin, reproduites dans votre
article du 3i octobre, en ce qui concerne les
fibres d'Agave americana. Je vous envoie, à
l'appui, 5 échantillons de fibres extraites de
plantes cultivées dans nos plantations de
Povaï, savoir : l'Agave sisa!ana, l'Agave
americana, VAgave vivipara, le Fourcroya
gigantea et l'Ananas sativus; ces fibres ont
été extraites dans notre usine de Povaï.
Vous pourrez ainsi vous persuader de visu
de l'exactitude de mes assertions.
Ce ne sont pas les différences d'espèces
botaniques, mais bien les différents procédés
d'extraction qui déterminent les différentes
qualités et valeurs commerciales des fibres
d'agaves. L'extraction des fibres de l'es-
pèce Agave sisalana s'opère plus facilement
que celle des autres agaves, sans trop gàter
la qualité naturelle de la fibre; c'est sans
doute cette raison qui a fait la bonne répu-
tation de cet agave textile, par opposition
aux autres espèces.
Ainsi que l'écrit M. SCHULTE lM HOFE, cité
dans votre article du 3i octobre, une bonne -
machine est indispensable pourque Fextrac-
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