Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1933-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1933 01 janvier 1933
Description : 1933/01/01 (A43,N1)-1933/12/31 (A43,N12). 1933/01/01 (A43,N1)-1933/12/31 (A43,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32017817
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/02/2019
DE L’AFRIQUE FRANÇAISE
:î59
La Cyrénaïque pacijîée
S’il ne manque pas d’études fragmentaires sur
l’histoire de ce que l’on a coutume d’appeler la
pacification de la Cyrénaïque, il est permis de
dire qu’un exposé complet et méthodique de
l’œuvre politique et militaire du fascisme et de
sa lutte contre la Confrérie sénussiste faisait dé
faut. Le livre du général Rodolfo Graziani vient
aujourd’hui combler cette lacune (1), partielle
ment, il est vrai, puisqu’il s’appuie sur une do
cumentation unilatérale exclusivement italienne.
Une étude critique ne saurait faire abstraction
du caractère particulier de cet ouvrage ; ainsi
que le dit l’auteur lui-même dans la préface,
c’est un plaidoyer, « écrit avant tout pour la vé
rité », dans le but de réfuter les innombrables
calomnies et les accusations de cruauté répan
dues surtout par la presse panislamique.
Les événements rapportés avec une fidélité historique
et une objectivité absolues, pour autant qu’appuyés sur une
documentation autorisée, affirme encore avec une parfaite
sérénité le général Graziani, montrent de manière évidente
que l’emploi, justifié par le droit, que nous avons fait
de la force pour vaincre enfin une rébellion stérile, qui
réduisait à la misère un pays fertile et presqu’inhabité,
riche de promesses, a été déterminé par les conditions
inéluctables de l’action et la mauvaise foi de nos propres
adversaires, et que cet usage de la force a été en outre tou
jours dominé et tempéré par un véritable sentiment d’hu-
manite.
En fait, ce plaidoyer, développé avec une lo
gique rigoureuse, écrit dans un style net et pré
cis, s’appuie sur une abondante documentation,
et décèle un effort visible de l’auteur pour paraî
tre objectif. S’il n’est pas impartial, on aurait
mauvais gré à le lui reprocher, car, à cette objec
lion, l’auteur répondrait sans doute qu’il est de
son parti et de celui de la vérité. Si nous disons
qu’il est passionné, nous aurons garde encore de
mettre une critique dans cette constatation, car
la passion qui anime le général Graziani, tout au
long de cet ouvrage, est celle, ardente, du chef
pour l’œuvre qu’il a accomplie et qui a été si
souvent incomprise, parfois dénigrée, en Italie
même. Confiant en lui-même, le chef a conscien
ce d’avoir fait de grandes choses ; il le dit carré
ment, sans ambages, rendant à ses supérieurs et
au duce, en définitive, le mérite de lui avoir per
mis de les réaliser, comme à ses subordonnés de
les avoir facilitées. Si le lecteur non prévenu peut
être surpris de la tranquille assurance avec la
quelle l’auteur se met ainsi en avant, il lui faut
tenir compte d’un certain tempérament et songer
que, général fasciste, Graziani estime qu’il est
bon que le chef, ayant pris ses responsabilités
dans l’action, ne reste pas effacé devant le juge
ment de la nation, car il doit servir d’exemple ;
au demeurant, son œuvre tourne, en définitive,
au mérite de l’Italie, du fascisme et du duce.
(1) Gen. Rodolfo Graziani : Cirexaica pacificata. Un vo
lume in-8° de xx-308 pages, avec 62 tableaux et 16 cartes
hors texte. Prix : 30 lires. 1932, Milan, Mondadori, éditeur.
Ceci dit pour la forme, il faut bien reconnaître
que l’ouvrage du général Graziani présente un
intérêt très supérieur à ce que pourrait être un
simple plaidoyer pro domo, parce qu’il est d’un
bout à l’autre l’exposé méthodique, raisonné et
vivant des méthodes politiques et militaires em
ployées en Cyrénaïque. Certes Graziani, pas plus
que les chefs qui l’ont précédé, n’a créé ex novo;
ils se sont servis de l’expérience de nos saha
riens et ne craignent pas de le dire à l’occasion.
Si l’adaptation des méthodes aux conditions lo
cales suffit à donner à l’action italienne en Cyré
naïque un caractère original, celui-ci est marqué
surtout par la logique implacable avec laquelle
Graziani a poussé jusqu’à leurs plus extrêmes
conséquences les principes dégagés et les métho
des conçues ; l’esprit même dans lequel le fascis
me et ses chefs envisagent les rapports entre la
puissance colonisatrice et ses sujets et, pour tout
dire, la colonisation elle-même, établissent une
différence peut-être plus nette encore.
L’ouvrage du général Graziani est, en somme,
l’exposé d’une expérience de conquête coloniale
sur laquelle l’histoire seule permettra de porter
un jugement définitif, mais à laquelle il faut pro
visoirement reconnaître au moins le bénéfice de
la réussite. C’est là ce qui en fait l’intérêt primor
dial.
Les deux premiers chapitres sont un exposé
historique des événements jusqu’à la fin de mars
1930, époque de l’arrivée de Graziani en qualité
de vice-gouverneur de Cyrénaïque.
Le premier retrace la succession des faits de
puis la paix de Lausanne (12 octobre 1912) jus
qu’à la nomination du maréchal Badoglio au
gouvernement de la Libye (janvier 1929). L’idée
principale qui s’en dégage est l’impossibilité
d’une collaboration avec la Confrérie senoussiste.
Celle-ci ne s’est jamais départie de son program
me initial : « les Italiens seront tolérés seulement
sur le littoral et avec mandat purement com
mercial », ainsi que le faisaient déjà savoir les
chefs indigènes en 1919. Si la paix d’El Redji-
ma a été acceptée le 25 octobre 1920, c’est que les
chefs indigènes escomptent en tirer tous les
avantages qu’elle comporte pour eux, notam
ment la souveraineté reconnue à l’émir et la ré
tribution des chefs senoussistes par le gouverne
ment italien, et éluder les clauses par lesquelles
ils se sont astreints à réaliser la pacification du
pays et assurer la tranquillité. Déjà ils ont ob
tenu, par l’accord de Bou Mariam de novembre
1921, l’atténuation de ces dernières ; mais lors-
qu’en 1922, le gouvernement fasciste se décide,
en présence de leur mauvaise volonté évidente et
de la continuation du brigandage, à les appli
quer par la force et à réaliser l’occupation mili
taire effective de tout le pays, la Senoussia re
prend ouvertement la lutte. Celle-ci est marquée
durant les cinq années qui vont de 1923 à
1928 par des succès militaires incontestables
pour les Italiens, mais elle n’a pu aboutir à l’oc
cupation effective du Djebel, qui reste, malgré
l’installation des postes militaires, sous la coupe
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La Cyrénaïque pacijîée
S’il ne manque pas d’études fragmentaires sur
l’histoire de ce que l’on a coutume d’appeler la
pacification de la Cyrénaïque, il est permis de
dire qu’un exposé complet et méthodique de
l’œuvre politique et militaire du fascisme et de
sa lutte contre la Confrérie sénussiste faisait dé
faut. Le livre du général Rodolfo Graziani vient
aujourd’hui combler cette lacune (1), partielle
ment, il est vrai, puisqu’il s’appuie sur une do
cumentation unilatérale exclusivement italienne.
Une étude critique ne saurait faire abstraction
du caractère particulier de cet ouvrage ; ainsi
que le dit l’auteur lui-même dans la préface,
c’est un plaidoyer, « écrit avant tout pour la vé
rité », dans le but de réfuter les innombrables
calomnies et les accusations de cruauté répan
dues surtout par la presse panislamique.
Les événements rapportés avec une fidélité historique
et une objectivité absolues, pour autant qu’appuyés sur une
documentation autorisée, affirme encore avec une parfaite
sérénité le général Graziani, montrent de manière évidente
que l’emploi, justifié par le droit, que nous avons fait
de la force pour vaincre enfin une rébellion stérile, qui
réduisait à la misère un pays fertile et presqu’inhabité,
riche de promesses, a été déterminé par les conditions
inéluctables de l’action et la mauvaise foi de nos propres
adversaires, et que cet usage de la force a été en outre tou
jours dominé et tempéré par un véritable sentiment d’hu-
manite.
En fait, ce plaidoyer, développé avec une lo
gique rigoureuse, écrit dans un style net et pré
cis, s’appuie sur une abondante documentation,
et décèle un effort visible de l’auteur pour paraî
tre objectif. S’il n’est pas impartial, on aurait
mauvais gré à le lui reprocher, car, à cette objec
lion, l’auteur répondrait sans doute qu’il est de
son parti et de celui de la vérité. Si nous disons
qu’il est passionné, nous aurons garde encore de
mettre une critique dans cette constatation, car
la passion qui anime le général Graziani, tout au
long de cet ouvrage, est celle, ardente, du chef
pour l’œuvre qu’il a accomplie et qui a été si
souvent incomprise, parfois dénigrée, en Italie
même. Confiant en lui-même, le chef a conscien
ce d’avoir fait de grandes choses ; il le dit carré
ment, sans ambages, rendant à ses supérieurs et
au duce, en définitive, le mérite de lui avoir per
mis de les réaliser, comme à ses subordonnés de
les avoir facilitées. Si le lecteur non prévenu peut
être surpris de la tranquille assurance avec la
quelle l’auteur se met ainsi en avant, il lui faut
tenir compte d’un certain tempérament et songer
que, général fasciste, Graziani estime qu’il est
bon que le chef, ayant pris ses responsabilités
dans l’action, ne reste pas effacé devant le juge
ment de la nation, car il doit servir d’exemple ;
au demeurant, son œuvre tourne, en définitive,
au mérite de l’Italie, du fascisme et du duce.
(1) Gen. Rodolfo Graziani : Cirexaica pacificata. Un vo
lume in-8° de xx-308 pages, avec 62 tableaux et 16 cartes
hors texte. Prix : 30 lires. 1932, Milan, Mondadori, éditeur.
Ceci dit pour la forme, il faut bien reconnaître
que l’ouvrage du général Graziani présente un
intérêt très supérieur à ce que pourrait être un
simple plaidoyer pro domo, parce qu’il est d’un
bout à l’autre l’exposé méthodique, raisonné et
vivant des méthodes politiques et militaires em
ployées en Cyrénaïque. Certes Graziani, pas plus
que les chefs qui l’ont précédé, n’a créé ex novo;
ils se sont servis de l’expérience de nos saha
riens et ne craignent pas de le dire à l’occasion.
Si l’adaptation des méthodes aux conditions lo
cales suffit à donner à l’action italienne en Cyré
naïque un caractère original, celui-ci est marqué
surtout par la logique implacable avec laquelle
Graziani a poussé jusqu’à leurs plus extrêmes
conséquences les principes dégagés et les métho
des conçues ; l’esprit même dans lequel le fascis
me et ses chefs envisagent les rapports entre la
puissance colonisatrice et ses sujets et, pour tout
dire, la colonisation elle-même, établissent une
différence peut-être plus nette encore.
L’ouvrage du général Graziani est, en somme,
l’exposé d’une expérience de conquête coloniale
sur laquelle l’histoire seule permettra de porter
un jugement définitif, mais à laquelle il faut pro
visoirement reconnaître au moins le bénéfice de
la réussite. C’est là ce qui en fait l’intérêt primor
dial.
Les deux premiers chapitres sont un exposé
historique des événements jusqu’à la fin de mars
1930, époque de l’arrivée de Graziani en qualité
de vice-gouverneur de Cyrénaïque.
Le premier retrace la succession des faits de
puis la paix de Lausanne (12 octobre 1912) jus
qu’à la nomination du maréchal Badoglio au
gouvernement de la Libye (janvier 1929). L’idée
principale qui s’en dégage est l’impossibilité
d’une collaboration avec la Confrérie senoussiste.
Celle-ci ne s’est jamais départie de son program
me initial : « les Italiens seront tolérés seulement
sur le littoral et avec mandat purement com
mercial », ainsi que le faisaient déjà savoir les
chefs indigènes en 1919. Si la paix d’El Redji-
ma a été acceptée le 25 octobre 1920, c’est que les
chefs indigènes escomptent en tirer tous les
avantages qu’elle comporte pour eux, notam
ment la souveraineté reconnue à l’émir et la ré
tribution des chefs senoussistes par le gouverne
ment italien, et éluder les clauses par lesquelles
ils se sont astreints à réaliser la pacification du
pays et assurer la tranquillité. Déjà ils ont ob
tenu, par l’accord de Bou Mariam de novembre
1921, l’atténuation de ces dernières ; mais lors-
qu’en 1922, le gouvernement fasciste se décide,
en présence de leur mauvaise volonté évidente et
de la continuation du brigandage, à les appli
quer par la force et à réaliser l’occupation mili
taire effective de tout le pays, la Senoussia re
prend ouvertement la lutte. Celle-ci est marquée
durant les cinq années qui vont de 1923 à
1928 par des succès militaires incontestables
pour les Italiens, mais elle n’a pu aboutir à l’oc
cupation effective du Djebel, qui reste, malgré
l’installation des postes militaires, sous la coupe
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