Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1932-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1932 01 janvier 1932
Description : 1932/01/01 (A42,N1)-1932/12/31 (A42,N12). 1932/01/01 (A42,N1)-1932/12/31 (A42,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3201128s
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
358
BULLETIN DU COMITÉ
A mon avis la puissance essentiellement anar
chique et barbare des nomades venus du nord
fut la pire des destructrices : les touareg assujet
tirent étroitement leurs anciens suzerains lies sé
dentaires songaï, et pour dominer se servirent
en truchement des descendants marocains ou ar
mas. Ils interdirent la possession des animaux
aux noirs afin de les attacher exclusivement au
travail de la terre auquel ils répugnaient, mais
pour permettre l’extension de l’élevage dont ils
s’étaient octroyé le privilège, ils s’emparèrent
des installations hydrauliques du Gourma qu’ils
furent incapables d’entretenir, les laissèrent pé
ricliter et n’obtinrent que le résultat contraire
qui est devenu l’abandon d’excellents pâturages
faute d’eau.
La nomadisation est une illustration de la loi
du moindre effort, elle se refuse à tout aména
gement d’où la nécessité du déplacement pour
gagner une région voisine dès que les pâturages
deviennent insuffisants, ou dès que l’eau vient
à manquer.
‘ iDe ce même esprit naît le redoutable usage de
l’abattage des arbres pour assurer la nourriture
des jeunes capridés ; qu’importe si le peuple
ment dépérit et disparaît, la tente sera pliée et
hissée sur les bœufs porteurs et la destruction
s’opérera un peu plus au sud, génération après |
génération.
En outre, la méthode brutale, sinon sauvage
de domination, les souvenirs des vieux songaï et
les constatations des autorités françaises sont j
édifiants à ce sujet, amenèrent le dépérissement i
de la race noire autochtone, les nomades y pui
sèrent des captifs et des captives de tente : voilà
comment s’explique la disparition des habitants
des nombreux villages dont nous ne retrouvons
plus que les vestiges.
La race songaï s’est abêtie, son énergie s’est
émoussée, sa vitalité s’est réduite, les méthodes
culturales et les besoins sociaux ont régressé vers
la vie primitive.
Avec notre conquête a commencé la convales
cence, il a fallu cependant attendre jusqu'à
maintenant pour voir se reconstituer, chez les
songaï libérés de la domination touareg, une
élite capable de reprendre sous notre égide la
direction des groupements sédentaires coutu
miers.
C) Possibilités économiques
Si ce n’est à la périphérie, le long de lia fa
laise de Bandiagara au sud, dans la région la
custre à l’ouest, ou sur les rives du Niger au
nord et à l’est, l’agriculture est nulle dans le
Gourma ; l'impossibilité pour les sédentaires de
s’installer à demeure en est une raison suffi
sante.
Les serviteurs des nomades cultivent en quan
tité infime du petit mil à croissance hâtive près
de certaines mares, mettant à profit la saison
des pluies ; sur le versant nigérien dans le lit
de l’affluent temporaire du fleuve, à Indaki,
quelques familles bellahs sédentarisées se livrent
également à la culture du mil.
Toujours zélateurs de la loi du moindre effort,
les nomades préfèrent envoyer leurs serviteurs
à la cueillette des graminées sauvages : paguiri,
eram-cram, qui composent de beaux et riches
pâturages. Le paguiri est récolté à l’aide d’un
panier que les bellahs balancent au ras des her
bes mûres, les graines pénètrent par les inters-
lices et sont ainsi rassemblées. Le cram-cram,
dont les graines sont protégées par une enve
loppe à petites épines crochues et prenantes est
«amplement balayé avec un plumeau primitif de
branchages arrachés au buisson voisin, la ré
colte est ensuite pilée et Ha graine recueillie après
s aunage ; cette graminée est la terreur des Eu
ropéens, par la capacité que présentent les épi
nes de l’enveloppe de s’accrocher de s’introduire
dans la peau après avoir traversé les vêtements;
à la suite d’une marche à pied dans un champ
de cram-cram bien sec il faut procéder souvent
à un véritable épilage des jambes.
Les indigènes luttent contre cel inconvénient
en retirant le pantalon, ce qui paraît un para
doxe, autre paradoxe, le meilleur moyen de dé
barrasser les vêtements de ces petits hérissons
végétaux est de les saisir avec les lèvres et les
dents, et non avec les doigts. L’un et l’autre
s’expliquent parce que la peau est accrochée
moins facilement que les vêtements, et que la
salive émousse les pointes des épines sèches.
11 ne semble pas que même au temps de l’apo
gée songaï, le Gourma ait été un pays d’agricul
ture, le manque d’eau présente un empêchement
majeur aux cultures étendues.
2° Forêts .
La richesse forestière par contre est réelle, non
parce que l’on y trouve des bois d’œuvre et d’é-
bénisterie, mais elle est susceptible d’exploita
tion, notamment pour les essences à gomme et
à tannin.
Les épineux dominent, particulièrement les
acacias.
Des peuplements importants existent encore
malgré les ravages auxquels se livrent les no
mades.
Les environs des campements périodiques
sont régulièrement dénudés ; la hache, sur les
rives du Niger jusqu’à 15 kilomètres de profon
deur a ruiné la végétation arbustive ; il existe
de véritables cimetières d’arbres : c’est ainsi
qu’aux environs de Rharous, au moment de la
création du nouveau poste, d’innombrables
troncs abattus et desséchés formaient un gise-' f
ment de bois de chauffage, qui fut mis à pro
fit pour le service des fours utilisés à la cuisson
des matériaux (carreaux et gargouilles).
Les arbres sont constamment ébranchés pour
la nourriture des jeunes caprins, ou la consti
tution des zéribas (haies mortes) servant la nuit
| à enclore les troupeaux. Cette coutume prend
l’allure d une véritable rage destructrice ; com-
' il
BULLETIN DU COMITÉ
A mon avis la puissance essentiellement anar
chique et barbare des nomades venus du nord
fut la pire des destructrices : les touareg assujet
tirent étroitement leurs anciens suzerains lies sé
dentaires songaï, et pour dominer se servirent
en truchement des descendants marocains ou ar
mas. Ils interdirent la possession des animaux
aux noirs afin de les attacher exclusivement au
travail de la terre auquel ils répugnaient, mais
pour permettre l’extension de l’élevage dont ils
s’étaient octroyé le privilège, ils s’emparèrent
des installations hydrauliques du Gourma qu’ils
furent incapables d’entretenir, les laissèrent pé
ricliter et n’obtinrent que le résultat contraire
qui est devenu l’abandon d’excellents pâturages
faute d’eau.
La nomadisation est une illustration de la loi
du moindre effort, elle se refuse à tout aména
gement d’où la nécessité du déplacement pour
gagner une région voisine dès que les pâturages
deviennent insuffisants, ou dès que l’eau vient
à manquer.
‘ iDe ce même esprit naît le redoutable usage de
l’abattage des arbres pour assurer la nourriture
des jeunes capridés ; qu’importe si le peuple
ment dépérit et disparaît, la tente sera pliée et
hissée sur les bœufs porteurs et la destruction
s’opérera un peu plus au sud, génération après |
génération.
En outre, la méthode brutale, sinon sauvage
de domination, les souvenirs des vieux songaï et
les constatations des autorités françaises sont j
édifiants à ce sujet, amenèrent le dépérissement i
de la race noire autochtone, les nomades y pui
sèrent des captifs et des captives de tente : voilà
comment s’explique la disparition des habitants
des nombreux villages dont nous ne retrouvons
plus que les vestiges.
La race songaï s’est abêtie, son énergie s’est
émoussée, sa vitalité s’est réduite, les méthodes
culturales et les besoins sociaux ont régressé vers
la vie primitive.
Avec notre conquête a commencé la convales
cence, il a fallu cependant attendre jusqu'à
maintenant pour voir se reconstituer, chez les
songaï libérés de la domination touareg, une
élite capable de reprendre sous notre égide la
direction des groupements sédentaires coutu
miers.
C) Possibilités économiques
Si ce n’est à la périphérie, le long de lia fa
laise de Bandiagara au sud, dans la région la
custre à l’ouest, ou sur les rives du Niger au
nord et à l’est, l’agriculture est nulle dans le
Gourma ; l'impossibilité pour les sédentaires de
s’installer à demeure en est une raison suffi
sante.
Les serviteurs des nomades cultivent en quan
tité infime du petit mil à croissance hâtive près
de certaines mares, mettant à profit la saison
des pluies ; sur le versant nigérien dans le lit
de l’affluent temporaire du fleuve, à Indaki,
quelques familles bellahs sédentarisées se livrent
également à la culture du mil.
Toujours zélateurs de la loi du moindre effort,
les nomades préfèrent envoyer leurs serviteurs
à la cueillette des graminées sauvages : paguiri,
eram-cram, qui composent de beaux et riches
pâturages. Le paguiri est récolté à l’aide d’un
panier que les bellahs balancent au ras des her
bes mûres, les graines pénètrent par les inters-
lices et sont ainsi rassemblées. Le cram-cram,
dont les graines sont protégées par une enve
loppe à petites épines crochues et prenantes est
«amplement balayé avec un plumeau primitif de
branchages arrachés au buisson voisin, la ré
colte est ensuite pilée et Ha graine recueillie après
s aunage ; cette graminée est la terreur des Eu
ropéens, par la capacité que présentent les épi
nes de l’enveloppe de s’accrocher de s’introduire
dans la peau après avoir traversé les vêtements;
à la suite d’une marche à pied dans un champ
de cram-cram bien sec il faut procéder souvent
à un véritable épilage des jambes.
Les indigènes luttent contre cel inconvénient
en retirant le pantalon, ce qui paraît un para
doxe, autre paradoxe, le meilleur moyen de dé
barrasser les vêtements de ces petits hérissons
végétaux est de les saisir avec les lèvres et les
dents, et non avec les doigts. L’un et l’autre
s’expliquent parce que la peau est accrochée
moins facilement que les vêtements, et que la
salive émousse les pointes des épines sèches.
11 ne semble pas que même au temps de l’apo
gée songaï, le Gourma ait été un pays d’agricul
ture, le manque d’eau présente un empêchement
majeur aux cultures étendues.
2° Forêts .
La richesse forestière par contre est réelle, non
parce que l’on y trouve des bois d’œuvre et d’é-
bénisterie, mais elle est susceptible d’exploita
tion, notamment pour les essences à gomme et
à tannin.
Les épineux dominent, particulièrement les
acacias.
Des peuplements importants existent encore
malgré les ravages auxquels se livrent les no
mades.
Les environs des campements périodiques
sont régulièrement dénudés ; la hache, sur les
rives du Niger jusqu’à 15 kilomètres de profon
deur a ruiné la végétation arbustive ; il existe
de véritables cimetières d’arbres : c’est ainsi
qu’aux environs de Rharous, au moment de la
création du nouveau poste, d’innombrables
troncs abattus et desséchés formaient un gise-' f
ment de bois de chauffage, qui fut mis à pro
fit pour le service des fours utilisés à la cuisson
des matériaux (carreaux et gargouilles).
Les arbres sont constamment ébranchés pour
la nourriture des jeunes caprins, ou la consti
tution des zéribas (haies mortes) servant la nuit
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l’allure d une véritable rage destructrice ; com-
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