Titre : Le Mois colonial et maritime : Organe de l'Action coloniale
Auteur : Action coloniale et maritime (France). Auteur du texte
Éditeur : L'Action coloniale (Paris)
Date d'édition : 1904-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344957149
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1904 01 septembre 1904
Description : 1904/09/01 (A2,N19)-1904/09/30. 1904/09/01 (A2,N19)-1904/09/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3201416m
Source : CIRAD, 2018-237394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
discernement, on amena plus de dix mille personnes, en
moins de huit mois de temps; malades, fatigués, entassés
pêle-mêle sur les plages incultes du Kourou, elles furent
abandonnées à leurs propres forces, sans abris et sans
vivres. Cette funeste opération coûta 3o millions et la plu
part succombèrent fatalement. Encore une fois, la trans
plantation en masse, irréfléchie, avait été un échec lamen
table. En Algérie même, (|ue reste-t-il de la transplantation
des Alsaciens-Lorrains, après nos désastres de 1870-71 ?
Quoi qu'il en soit, les chefs de l’expédition, seuls respon
sables de ce désastre, et qui furent jugés, publiquement
condamnés et jetés à la Bastille, ne surent pour se défendre
qu’accuser le climat de la colonie. Et l'esprit public, dou
loureusement frappé, rejeta sur la seule Guyane toutes les
causes de la catastrophe. Malgré le verdict des tribunaux,
le Kourou fut le premier anathème inscrit au fronton de la
colonie.
Quelques années plus tard, en 1797, l’envoi à Sinnamary
des déportés de l'an Y, qui périrent pour la plupart à la suite
des mauvais traitements auxquels ils furent en butte, surtout
pendant la traversée, pendant laquelle ils furent entassés à
fond de cale, souffrant de faim et de chaleur et soumis aux
plus cruelles souffrances, 11e fit (pie confirmer le premier et
faux jugement du public déjà prévenu et condamner une
fois encore le climat de la Guyane, (pii n’y était pour rien.
En 1848, l'abolition de l’esclavage, faite sans transition,
amena la débâcle économique et compromit, comme ailleurs
du reste, la situation générale de la colonie.
Le second Empire fit ensuite de la Guyane un bagne : ce
fut, hélas! le coup de grâce.
Là, encore, l’administration pénitentiaire agit à la légère
et avec une négligence coupable; là, encore, elle voulut
plaider les circonstances atténuantes et rejeter toutes ses
fautes sur le climat.
Les événements de la Montagne (l’Argent servirent à
-souhait la cause de l’administration, où une épidémie de
fièvre jaune, venue du dehors, exerça de sérieux ravages;
la pauvre Guyane fut de ce jour définitivement clouée au
pilori de l’histoire! — Nous savons, hélas! ce qu'a donné la
transportation, et pour nous, qui ne voulons plus de colonies
moins de huit mois de temps; malades, fatigués, entassés
pêle-mêle sur les plages incultes du Kourou, elles furent
abandonnées à leurs propres forces, sans abris et sans
vivres. Cette funeste opération coûta 3o millions et la plu
part succombèrent fatalement. Encore une fois, la trans
plantation en masse, irréfléchie, avait été un échec lamen
table. En Algérie même, (|ue reste-t-il de la transplantation
des Alsaciens-Lorrains, après nos désastres de 1870-71 ?
Quoi qu'il en soit, les chefs de l’expédition, seuls respon
sables de ce désastre, et qui furent jugés, publiquement
condamnés et jetés à la Bastille, ne surent pour se défendre
qu’accuser le climat de la colonie. Et l'esprit public, dou
loureusement frappé, rejeta sur la seule Guyane toutes les
causes de la catastrophe. Malgré le verdict des tribunaux,
le Kourou fut le premier anathème inscrit au fronton de la
colonie.
Quelques années plus tard, en 1797, l’envoi à Sinnamary
des déportés de l'an Y, qui périrent pour la plupart à la suite
des mauvais traitements auxquels ils furent en butte, surtout
pendant la traversée, pendant laquelle ils furent entassés à
fond de cale, souffrant de faim et de chaleur et soumis aux
plus cruelles souffrances, 11e fit (pie confirmer le premier et
faux jugement du public déjà prévenu et condamner une
fois encore le climat de la Guyane, (pii n’y était pour rien.
En 1848, l'abolition de l’esclavage, faite sans transition,
amena la débâcle économique et compromit, comme ailleurs
du reste, la situation générale de la colonie.
Le second Empire fit ensuite de la Guyane un bagne : ce
fut, hélas! le coup de grâce.
Là, encore, l’administration pénitentiaire agit à la légère
et avec une négligence coupable; là, encore, elle voulut
plaider les circonstances atténuantes et rejeter toutes ses
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fièvre jaune, venue du dehors, exerça de sérieux ravages;
la pauvre Guyane fut de ce jour définitivement clouée au
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transportation, et pour nous, qui ne voulons plus de colonies
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