Les principales cultures tropicales et leur exploitation

12 sous-collections de la collection Agriculture vous permettent d’explorer les documents de NumBA relatifs aux cultures tropicales et à leur exploitation. Le développement de ces cultures donna parfois lieu à des exactions des puissances coloniales dont certaines images et certains textes présents dans NumBA portent témoignage.

Les plantes céréalières

Les céréales tropicales se distinguent par leur robustesse face à des conditions de culture souvent difficiles : chaleur, faibles précipitations, sols pauvres. 

 

Les principales sont :

  • le Riz (Oryza sativa), cultivé dans les zones tropicales humides, principal aliment de base dans de nombreuses régions tropicales.

  • le Maïs (Zea mays), parfois cultivé en association avec d’autres cultures ou comme fourrage. Il est utilisé aussi bien pour l'alimentation humaine que pour l’alimentation animale ou la transformation (farine, etc.).

  • le Sorgho (Sorghum bicolor). Originaire d’Afrique, il supporte la sécheresse et les sols pauvres, acides ou salins. Il produit grains et fourrage.

  • le Mil et le Millet, céréales rustiques adaptées aux climats chauds et secs, cultivées surtout en Asie et en Afrique. 

  •  le Fonio (Digitaria exilis), céréale ancienne d’Afrique de l’Ouest, à croissance rapide, adaptée aux sols pauvres et à la sécheresse. Il produit des grains très petits mais nutritifs.

 

Les plantes oléagineuses

Les oléagineux tropicaux sont des plantes cultivées pour leurs matières grasses.
Ces plantes sont très diverses : arbres pérennes comme le palmier à huile ou le karité, plantes annuelles comme l’arachide ou le sésame

Les principales sont :

  • l’Arachide (Arachis hypogaea), légumineuse originaire d’Amérique, adaptée aux climats tropicaux à saison sèche. Elle est cultivée principalement pour son huile alimentaire et son fruit à coque.
  • le Cocotier (Cocos nucifera), cultivé dans les régions côtières tropicales. Il produit le coprah (amande séchée), dont on extrait l’huile de coco très utilisée en cuisine, parfumerie, artisanat et même soins corporels, et un fruit, la noix de coco, utilisée pour son eau, sa chair et son huile.
  • le Karité (Butyrospermum parkii ou Vitellaria paradoxa), arbre originaire de la zone soudanienne, produisant des amandes dont on extrait un beurre utilisé à la fois en alimentation locale, en pâtisserie, et pour les soins corporels.
  • Jatropha curcas, arbuste tolérant à la sécheresse, dont les graines contiennent 30 à 40 % d’huile, utilisée pour produire des savons ou pour l’éclairage, mais inadaptée à l’alimentation du fait de sa toxicité.  
  • le Palmier à huile (Elaeis guineensis), originaire d’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui très cultivé en Asie du Sud-Est. Ses fruits fournissent l’huile de palme (extraite de la pulpe) et l’huile de palmiste (extraite de la graine).
  •  le Sésame (Sesamum indicum), plante annuelle cultivée pour ses graines riches en lipides, protéines et nutriments (calcium, fer, vitamines B).
  • le Soja (Glycine max), plante herbacée originaire d'Asie orientale, cultivée pour ses graines naturellement riches en protéine et en huile.
  • le Tournesol (Helianthus annuus) qui, bien qu’originaire des zones tempérées, est cultivé également dans certaines régions tropicales. Ses graines fournissent une huile riche en acides gras polyinsaturés.

 

Les plantes à caoutchouc

Les plantes à caoutchouc sont très diverses. Les principales sont : 

  • Hevea brasiliensis. Originaire du bassin amazonien, aujourd’hui cultivé intensivement en Asie du Sud Est, il est la source principale du caoutchouc naturel mondial grâce à ses rendements élevés et son adaptabilité aux cultures en plantations.
  • Hevea guianensis (hêtre d’Hevéa), arbre poussant à l’état naturel dans les forêts d’Amazonie, avec quelques tentatives de plantation répertoriées en Guyane française et au Brésil. Il produit un latex semblable à Hevea brasiliensis mais de moindre qualité.
  • Castilla elastica, présent au Mexique, en Amérique centrale et dans le nord de l’Amérique du Sud. Il était la source principale de latex chez les peuples mésoaméricains précolombiens.
  • Funtumia elastica, arbre africain de taille moyenne produisant un latex exploitable, également utilisé en en médecine traditionnelle grâce à ses propriétés antimicrobiennes.
  • Landolphia owariensis, vigne grimpante d’Afrique tropicale, utilisée pour produire du caoutchouc avant l’essor des plantations de H. brasiliensis. Elle fut notamment exploitée par la puissance coloniale dans l’État indépendant du Congo (actuelle République démocratique du Congo) avec des méthodes très brutales.
  • Palaquium gutta, originaire de la péninsule malaise, de Sumatra, Bornéo et d’autres régions d’Asie du Sud-Est, produisant la Gutta percha, exploitée notamment pour l’isolation des câbles télégraphiques jusqu’à l’arrivée des plastiques synthétiques.
  • Parthenium argentatum ou guayule, arbuste vivace originaire des plateaux désertiques du Mexique et du Texas produisant du latex.

 

Les plantes à fibres

Les plantes à fibres sont des végétaux cultivés principalement pour leurs fibres, utilisées dans diverses industries telles que la fabrication de textiles, de cordages ou de sacs. Ces cultures ont joué un rôle majeur dans les économies coloniales, souvent au détriment des populations locales, parfois soumises à des conditions de travail difficiles.

Les principales sont :

  • le Coton (Gossypium hirsutum), originaire des régions tropicales d'Amérique, cultivé dans les zones tropicales et semi-arides. Il est principalement utilisé pour la production de textiles. Ses graines sont riches en huile, mais contiennent également du gossypol, une substance toxique pour l’humain et certains animaux.
  • le Jute (Corchorus capsularis), originaire d’Inde et du Bangladesh. Il est devenu une culture d’exportation au XIXᵉ siècle et est utilisé dans la fabrication de sacs, cordages, toiles de jute, notamment pour le transport de denrées comme le riz, le café et le coton.
  • le Kapok (Ceiba pentandra), originaire d’Asie du Sud-Est, utilisé pour le rembourrage de matelas et de coussins.
  • La Ramie (Boehmeria nivea), originaire de Chine et d’Asie du Sud-Est, utilisée pour la fabrication de textiles et de papier.
  • le Raphia (Raphia farinifera), originaire d’Afrique tropicale et de Madagascar, utilisé pour la fabrication de cordages, liens, tissus d'ameublement, et dans l'artisanat traditionnel.
  • le Sisal (Agave sisalana), originaire du Mexique, utilisé pour la fabrication de cordage et de tapis.

 

Les plantes à condiments et à épices

Les plantes à condiments et à épices, cultivées principalement dans les régions tropicales pour leurs saveurs et/ou leurs propriétés médicinales, ont été largement diffusées, notamment durant la période coloniale. Les jardins botaniques ont joué un grand rôle dans l'introduction et l’acclimatation de ces plantes.

Les principales sont :

  • la Badiane chinoise (Illicium verum)
  • la Cardamome (Elettaria cardamomum)
  • la Citronnelle (Cymbopogon citratus)
  • le Clou de girofle (Syzygium aromaticum)
  • le Gingembre (Zingiber officinale)
  • la Noix de muscade (Myristica fragrans)
  • le Poivre (Piper nigrum)
  • le Safran (Crocus sativus)
  • la Vanille (Vanilla planifolia), originaire du Mexique. Elle a été introduite à La Réunion et à Madagascar où elle est cultivée depuis le XIXe siècle

 

Les plantes fourragères

Les plantes fourragères tropicales sont adaptées aux conditions climatiques des régions chaudes. Elles sont essentielles pour l'alimentation du bétail, au pâturage ou comme fourrage.

On peut distinguer :

  • Les graminées, parmi lesquelles
    • Brachiaria mutica (Herbe de Para)
    • Cenchrus purpureus (Herbe à éléphant ou Napier), originaire d’Afrique tropicale
    • Chloris gayana
    • Panicum maximum (Herbe de Guinée)
  • Les légumineuses, parmi lesquelles
    • Cassia tora (Séné sauvage)
    • Crotalaria juncea (Chanvre du Bengale), originaire d’Inde
    • Leucaena leucocephala (Leucéna)
    • Macroptilium lathyroides
    • Tephrosia pedicellata, originaire d’Afrique tropicale.

 

Les plantes stimulantes

Introduites dans les colonies tropicales par les puissances européennes, les plantes stimulantes telles que le tabac, le café, le cacao et le thé ont été cultivées massivement pour répondre à une demande croissante en Europe et ont joué un rôle central dans les échanges commerciaux durant l’époque coloniale.

Le café (Coffea arabica et Coffea canephora) est originaire d'Éthiopie. Introduit au Yémen au XVe siècle, il s'est progressivement répandu dans le monde arabe. Les premières cultures de café en dehors du monde arabe ont été établies au Brésil au XVIIIe siècle. La culture du café a été introduite dans d'autres colonies tropicales, notamment à Java, à la Réunion, en Amérique latine et dans certains pays d'Afrique, et elle est devenue une culture commerciale majeure.

Le cacao (Theobroma cacao), originaire d'Amérique centrale et du Sud, a été introduit en Europe au XVIe siècle. Initialement consommé sous forme de boisson épicée, il est devenu un ingrédient essentiel dans la pâtisserie européenne. Sa culture s'est développée dans de nombreux pays tropicaux pour répondre à la demande européenne.

 

Les plantes sucrières

La canne à sucre (Saccharum officinarum) est originaire de Nouvelle-Guinée ou d'Indochine, puis a été introduite en Inde et en Chine. Au XVIIe siècle, la culture de la canne à sucre a été implantée dans les colonies des Caraïbes, où elle est devenue une culture commerciale.

Le Palmier à sucre (Arenga pinnata), cultivé principalement en Asie du Sud-Est, produit du sucre à partir de la sève de ses inflorescences.

 

Les plantes légumières

Pendant la période coloniale, les puissances européennes ont introduit, sélectionné et parfois imposé de nouvelles cultures légumières dans leurs colonies tropicales, modifiant les systèmes agricoles locaux et les régimes alimentaires traditionnels.
Les jardins botaniques coloniaux ont joué un rôle crucial dans l'acclimatation de ces plantes.
Les plantes légumières tropicales sont adaptées aux conditions climatiques locales, nécessitent peu d'intrants et offrent une diversité nutritionnelle essentielle.

Les plus importantes sont : 

  • les légumineuses : haricots, pois, fèves.
  • les légumes racines et les tubercules : 
    •  le Manioc (Manihot esculenta), originaire d’Amérique du Sud, devenu une source alimentaire de base dans de nombreuses régions tropicales.
    • la Patate douce (Ipomoea batatas), originaire d’Amérique centrale et du Sud, maintenant cultivée et en Asie et en Afrique tropicale.
    • l’Igname (Dioscorea) qui produit de longs tubercules riches en amidon
    • le Taro (Colocasia esculenta).
    • la Christophine ou chayote (Sechium edule), originaire du Mexique et du Guatemala introduite en Afrique et en Asie du Sud-Est, cultivée pour ses fruits, racines, tiges et feuilles comestibles.
  • les légumes feuilles : chou, épinard, amarante.
  • les légumes fruits : tomate, aubergine, poivron, concombre, gombo (Abelmoschus esculentus) , giraumon (Cucurbita moschata).

 

Les plantes fruitières

A partir du XVIIe siècle, les puissances coloniales européennes ont cultivé et diffusé dans leurs colonies des plantes fruitières tropicales. Ces plantes ont souvent été introduites dans des jardins botaniques où elles étaient étudiées, acclimatées et multipliées avant d'être diffusées à plus grande échelle.
Ces fruits ont été exportés vers l’Europe où ils ont enrichi la diversité alimentaire et ont joué un rôle économique et culturel important dans les échanges entre les colonies et les métropoles.

Les plus importants sont : 

  • l’Ananas, originaire d’Amérique du Sud, notamment du Brésil, source de bromélaïne, une enzyme qui aide à la digestion
  • l’Avocatier (Persea americana), originaire d’Amérique centrale et du Mexique, riche en graisses saines, en fibres et en vitamine K.
  • le Bananier (Musa spp.), originaire d’Asie du Sud-Est
  • le citronnier (Citrus limon)
  • le Corossolier (Annona muricata), originaire d’Amérique du Sud
  • le Durian (Durio zibethinus
  • La Figue de Barbarie (Opuntia ficus-indica). 
  • le Goyavier de Chine (Psidium cattleianum), originaire d’Amérique du Sud
  • le Goyavier (Psidium guajava), originaire d’Amérique, très riche en vitamine C
  • le Jacquier (Artocarpus heterophyllus), originaire du Sous-continent indien
  • le Litchi (Litchi chinensis
  • le Mangoustan (Garcinia mangostana), originaire d’Asie du Sud-Est
  • le Manguier (Mangifera indica), originaire d’Inde et Asie du Sud-Est, riche en vitamine C et en bêta-carotène
  • l’oranger (Citrus sinensis), originaire d’Asie du Sud-Est, cultivé notamment en Afrique du Nord. L’orange a longtemps été un produit d’exportation de luxe
  • le Papayer (Carica papaya), originaire d’Amérique centrale, riche en enzymes digestives
  • le Ramboutan (Nephelium lappaceum

 

Le stockage, le conditionnement et le transport des produits agricoles

Stockage, conditionnement et transport des produits agricoles tropicaux au début du XXème siècle étaient des composantes essentielles du système économique visant à assurer l'approvisionnement constant des métropoles. Ces pratiques étaient une combinaison de méthodes adaptées aux conditions locales et aux infrastructures disponibles, et de pratiques centralisées mises en place pour soutenir l'économie coloniale et répondant aux exigences des marchés européens.
Le stockage des produits agricoles tropicaux était essentiel pour garantir la disponibilité des produits tout au long de l’année.

Sur les lieux de production, les méthodes de stockage principales étaient :

  • Les silos, dont les silos souterrains (silos-fosses), souvent creusés dans le sol, utilisés pour stocker les grains. Ces structures permettaient de maintenir une température et une humidité constantes, réduisant ainsi le risque de dégradation des produits 
  • Les greniers traditionnels, surélevés, construits à partir de matériaux locaux tels que le bois, l'argile et la paille. Ces structures offraient une ventilation naturelle, empêchant l'humidité de s'accumuler et réduisant ainsi le risque de moisissure. 

Dans les centres commerciaux et les ports, de grands entrepôts centralisés permettaient de stocker les produits agricoles avant leur expédition.

Avant transport, les produits agricoles étaient conditionnés principalement :

  • soit en sacs de jute, couramment utilisés pour conditionner des produits tels que le coton, le cacao et le café. Ils permettaient une certaine aération, réduisant le risque de moisissure pendant le transport mais étaient vulnérables à l'humidité et aux infestations d'insectes.
  • soit en caisses en bois, utilisées pour les produits fragiles comme les fruits et les légumes. Elles facilitaient le transport maritime.

Le transport des produits agricoles nécessitait un réseau complexe d'infrastructures ferroviaires, routières et portuaires, et une importante main-d'œuvre locale parfois exploitée, dans des conditions de travail forcé. 
La construction d’un réseau ferroviaire et routier a été une priorité pour l'administration coloniale, facilitant l'acheminement des produits des zones de production vers les ports d'exportation. 
La voie maritime permettait ensuite le transport vers les métropoles. Des ponts et des infrastructures portuaires ont été construits pour faciliter ce transport.

 

Le machinisme agricole tropical

Au cours de la période coloniale, les puissances européennes ont introduit des technologies agricoles (outils, machines) dans leurs colonies, principalement pour augmenter la productivité des plantations cultivées sur de vastes surfaces et destinées à l’exportation, telles que le coton, le cacao, le café et le caoutchouc. L’objectif était aussi de diminuer le recours à la main-d'œuvre, souvent composée de travailleurs forcés ou mal rémunérés.

Les colons ont introduit des outils agricoles européens et les ont adaptés aux conditions locales :

  • Charrues attelées utilisées pour le labour des sols avant les semis.
  • Semoirs à cheval permettant un semis plus rapide et uniforme.  
  • Herses et rouleaux utilisés pour le nivellement du sol et le contrôle des mauvaises herbes.

Au cours de la première moitié du XXème siècle, des machines motorisées ont été introduites dans les grandes plantations :

  • Tracteurs facilitant le labour, le semis et le transport.
  • Moissonneuses-batteuses utilisées pour la récolte des céréales.
  • Pompes à eau pour l'irrigation des cultures. 

Les populations locales utilisaient également leurs propres outils, tels que :

  • Houes pour le travail du sol et le désherbage. 
  • Pelles et pioches pour les travaux de terrassement et de construction. 

Des usines agricoles ont été implantées pour transformer les matières premières agricoles en produits destinés à l'exportation. Elles étaient souvent installées près des plantations ou des lieux de production pour minimiser les coûts de transport. Elles employaient une main-d'œuvre locale souvent soumise à des conditions de travail difficiles..

Les principaux types d’usine agricoles étaient :

 

Rédigé par l'équipe NumBA en 2025