Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-12-24
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 décembre 1932 24 décembre 1932
Description : 1932/12/24 (A32,N136). 1932/12/24 (A32,N136).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380552k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
1 1
TRBNTE-DEUXTEME 'ANNEE. N° 100.
fefc NUMSftÔ t ft CENTIMES * , SAMEDI SOIR, 24 DECEMBRE l'JîW.
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Les Annales Coloniales
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bureau du iournal.
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être reproduite qu'on citant les ANNALES CoMMALM.
ABONNEMENTS
evee la Revue illustrée :
u. 8 Mais 3 Moto
France et - - - - 1
Colonies IHD 100* 60 »
Étranger. - 240 a, 126. 76 à
On s'abonne sans trais claM !..
tous les bureaux de poste. '}
"- -
le Cacao iaits les Colonies rfançaises
i - ; il n
Le commerce du cqcao a pris une grande
extension depuis le début du siècle. De
IOÔ.OOO tonnes environ en 1900 il est passé
à 514.0001 tonù2s en *931. Les cplônies bri-
tanuidues, et ndtamment celle de la Gold
Çoast en sont- les principaux fournisseurs.
Sur une production mondiale qc 543.000
tonnes en 1931, elles en vendent plus de
30.060.
Les chiffres de la consommation sont un
peu inférieurs aux ptécëtjents : ils ont été
d'environ 520.000 tonnes en 1931-. '--
Les grands pays- consomnmteurs sont les
Etats-Unis, 36 l'Allemagne, 15 %;
l'Angleterre, 11,7 %; la Hollande, 9,2 %;
la France, 7,2 Ce pourcentage donne
pour notre pays environ 4-5.oop quintaux.
Depuis jB ans la consommation française a
sérieuement. progressé. : elle était en effet
de 296.612 quintaux en 1913. Le chiffre
te plus fort a été atteint en 1915 : 484.000
quintaux. en ig:?5 - 484-000
Les quantités de cacao importées se dé-
composent ainsi : 407.751 quintaux de cacao
en fèves et pellicules; .15.745 quintaux de
cacao broyé, 12.982 quintaux de beurre de
cacao. •
Quels sont nos fournisseurs ? Le cacao
broyé et. le beurre de cacao viennent pres-
que entièrement de Hollande. Le cacao en
fèves nous est envoyé d'Afrique occidentale,
le Togo, le Cameroun, le Brésil, les Antilles
anglaises et les colonies anglaises d'Afrique.
La part dé nos possessions et des territoi-
res sous mandat représentent les 3/4 de' nos
achats. C'est évidemment un résultat inté-
ressant, mais il pourrait être bien meilleur.
Nos colonies produisent à l'heure actuelle
une quantité de cacao en fèves au moins
égale à notre consommation. Eh 1931, elles
en ont en effet exporté 407.680 quintaux,
de répartissant comme suit :
Côte d'Ivoire 198.947 quintaux
Cameroun 109.22 5 -
Togo.,-. , 76.925 -
Nouvelles-Hébrides 14.061
Martinique 3-473 -
Madagascar 3.004 -
Guadeloupe ., , 1 , '1 ,542' -
, - A. E, F. -, î.577 --
Guyane p&
, Nouvelle Calédonie. : 3 -
S ':' '-, [Total ., 0 : -4o 680 -
-. ',.Ln Gôte d'Ivoire arrive eh tête, En 10
,, la. préductidif a IsJndidç 310 quintaux
."t - "- .-
à 198.947'. Ces magnifiques résultats sont
dus A l'activité des cultivateurs indigènes.
qui a été heureusement secondée et même
guidée par l'Administration.. Les progrès
n'ont pas été moins remarquables au Came-
roun : en 1920 les exploitations donnaient
35.000 quintaux, onze ans après, elles four-
nissaient plus du triple, ainsi qu'on a pu le
voir dans le tableau ci-dessus,
An Togo et, en partictlli. dans la partie
montagneuse qui est particulièrement favora-
ble à cette cuiture, 011 constate le même phé'
nomène, On pourrait en dire autant des Nou-
velles-Hébrides si des cyclones ne venaient
périodiquement détruire les efforts des plan-
teurs.
A Madagascar, au Galon, en Nouvelle-
Calédonie, des-tentatives sont faites qui sont
pleines de promesses.
On peut conclure de ces divers renseigne-
ments que les colonies sont parfaitement ca-
pables, de subvenir à la consommation de la
métropole en cacao.
Mais, en ce moment, les producteurs sont
an peu découragés. Car le cacao n'échappe
pas aux vicissitudes de la vie économique
mondiale. Sa valeur a baissé par rapport à
(030 et r>imc a 1013. Les demandes sé sont
restreints dans tous les pays et, naturelle-
ment, en France comme ailleurs.
Une conférence internationale réunie en
septembre dernier à Bruxelles a décidé d'in-
tensif i;r la propagande en faveur des pro-
luit? à base de cacao. L'idée est juste mais
il ne faut pas trop compter sur les effets
qu'on peut en tirer. Il faut augmenter la
consommation de tous les objets, de tous
les produits! C'est facile à dire ou à écrire,
c'est plus difficile à réaliser. Ai-je besoin
d'insister?
Pour ce qui regarde 1 avenir de notre pro-
duction coloniale, on proposé de la diriger
surtout vers la métropole et de lui réserver
en quelque sorte le monopole de ce débouché.
Dans ce but, la Chambre de Commerce du
Havre demande la réouverture, aussi pro-
chaine que possible du marché à terme des
"araos à la Bourse du Havre. On est d'avi s
dans les milieux compétents que la réali-
sation de ce projet serait utile À la fois aux
planteurs coloniaux et au commerce métro-
politain.
- Henry Fontanier,
Député du Canlal.
Membre de la commission de l'Algérie,
des colonies ci proteotorats.
6
- '., ": l"
,., ", Hommage & M, Albert Sarraut
KHnlstre dés Côlontos
L'Académie Française a connu jeudi de
eau les immdrtel1* en habit vert et la foule
grands jotirt ternie assister à la aistrcbu-
tioit 'qës ptix cte vêtit* et dès lettres.
< M i Doumic. secrétaire perpétuel, ptft le
pM$ic*:ia parole et fit temMquer qu une ré-
compense exceptioiwll ç ..,,¡: été ajoutée,
,;- r «$tté année, à 1# liste dés ùrix' ddWt le pombre
Vaugmettte sans cesse* œltle attribuée au livre
de M. Albert Sarraut : Servitude et grandeur
coloniales, « œuvte ftrieuse que. paraît avoir la
valeur et la portée d'un acte M.
-.: 4 : 1 11
; puisque bien souvent chacun des
bienfaits de la Civilisation cfcevient pour elle
Mte source dé péarils. Elle protège les races ;
et par fià, e provoque le orame de la surpo-
pulation: Elle réalise/ au point de vue éco..
nomique, CtiJICalculablprosrès, et, par la,
clle cjrée, avec des besoins nouveaux, di arden-
tes convoitises. Elle apporte l'instruction •
ainsi elfe fait naître l'esprit critique. Gran-
dëuri car à des populations ravagées par des
fléaux. endémiques, guerres intestines* maladie,
famine, la France a apporté la paix, U sécu-
rité, la santé et l'instruction.
gîirriut precôhisè twaot-toit- l'union des
Sations co l onisatrices et sduliaite là réalisation
.:.,Iii:
; pas se résigner, sot» pâne dé trahison et de
suicide* à une politique, d abandon;
Hommage aux coloniaux
et$ux colonisateurs
--. ; Le palmarèé contient érjcore beaucoup de
iKxns qui évoquent l'histoire denos cotonies.
:' C'est réloge Carnet de la mission salta.
Home. du général Reibel ; de
,,' l4Histoire dé V Algêttei de M; Augustin Ber-
nard ; des. Piotmim du Sùitdàn, par M. Jac-
ques Méniauil. > '-
C'est aussi un hpnintagé rèodu àux Sœurs
• ̃ - blettes de Castres, qui, diepuis-trois siècles, sis
c, dévouent m Gabon et se sont ivu décerner un
prix de 10.000 fwrtcs. ;
Le due de La Force lutjensuite ion rapport
sut le» pn* de verttt et ift l ^lo®e «s miésion-
-tiatres- «fui cpie
« vivant de ce qu'ils trouvent, s habillant de
tt qu ils ont. voyageant ctimtne ils peuvent, à
..dt8ft'.,_.PlJ01U. sur «t bœuf, dims tte
grands chariots, parfois en chemin de fèr, pat.
rois en vapeurt en «utomobire, à motocyclette
et souvent à *»ed.
Distfflfutïoti des prbtde vertu
Le prit de la langue fondé en
1914 par 1 Ac&dëmie « pour reconnaître les
services rendus au cfehon à la langue fran-
çaise êst aihsi d&zemé : 10.000 francs à
,'œUvre des sœurs de l'Immaculée Conception
, de Otsties; r-,dlu de la e%atitâ en >ne;
snement des Filles de la Qiarité en $yne ;
U médailles de. ftllileili à M. Badibanga :
r Eléphant qui mmehe mr des œrifr : à la So-
dété des pr)fesswH> de fampris «r Angleterre;
: 4 la ncone de Liban ; w en, journal
français 4e l'île Mâurî«. bm.
cerftênaire.
, f
cabinets ministériels
Celui de M. Albert Sarraut
Ministre des Colonies
M. Albert Sarrgtit, nvitdstrc des Colonicb,
a constitué comme suit son cabinet :
MMv. Jehn Berthoin, directeur du cabinet;
Stephen Delmas, chef de cabinet ; Charles
Peloni, chef adjoint. du cabinet ; Paul Urus-
tier, chef du secrétariat particulier ; Jean
Poitevin, attaché; Marcel Colas, attaché ;
André Duboh, attRché; le capitaine Bonnin,
de l'infanterie coloniale, officier d'ordon-
nance. ,
Celui de M. Gandace -
Sous-secrétaire d'fitat des Colonies
Le cabinet de M. Cundace. sous-secrétairc
d'Etat au ministère des Colonies, est ainsi
composé :
Chef de cabinet, M. P. Boisson, gouver-
nour de 30 classe des colonies ; chefs ad-
joints : MM, Roullicr, sous-chef de bureau
au ministère de la Marine marchande ; Gou-
roy, chef de bureau au ministère de l'Air ;
chef du secrétariat particulier, Mme d'Hou-
taux; attaché, M. P. Wichn.
-– .+
La France d'oulre-mer
et la déclaration ministérielle
,
Continuité de direction rue Oudinot
Dans la déclaration ministérielle qui a été
lue à la Chambre par M. Paufl-Boqriçouf et au
Sénat par M. Abel - - Qardey, ministre de la
Justice, VOICI te passade qw. se rapporte à
notre empire colonial :
« De même. fiers de l'empire colonial cons-
titué par * la Republique, nous demanderons à
la France d'outre-mer de contribuer à notre
restauration économique par la mise en valeur
de toutes ses (icheises et l'association chaque
jour plus étroite de. ses enfants à notre œuvre
commune, »
Souhaitons que ces quelques lignes du mes-
sage officiel représentent les figures nlessiani.
auës annonçant d'avance l'affennissemenl
une politique de soutien de notre production
coloniale, continuation, du reste, du redresser
meint que poursuit la rue Oudinot derrière le
ftont économique sans cesse en alerte. *
>L'antenne coloniale
̃*»«
L'activité de Radio-Alger
On fête, cette année, le centième anniver-
saire de la première messe de minuit donnée
en Afrique du Nord, Radio-Aleer transmet-
tra, de la cathédrale d'Alger, la messe de
minuit célébrant cet anniversaire. L'émis-
sion normale, prolongée jusqu'à 24 heures,
permettra de fêter le réveillon en famille.
Radio-Alger a décidé d'augmenter ses
émissions de musique orientale. A partir du
méis de janvier, une heure supplémentaire
sera réservée, tous les jeudis, à des concerts
orientaux.
Le 28 décembre, Radio-Alger retransmettra
la soirée consacrée à l'Espagne nouvelle et
donnée à l'Opéra d'Alger par les groupes
d'études laïques, sous la présidence effective
du consul d'Espagne.
- -
Les Crimes coloniaux
- -, '1
8
N- voudrait crôire que
1 le fait inouï ctotU
- la presse nous a eh!-
: tretenu récemment-
est faux. Des Eu~
ropèens auraiellt
1 - l' * fait férir un nègre,
lentement, avec d*invraisemblables raffine-
ments de cruauté. Ils tl auraient pas Ilié leur
crinic, puisque l'un d'eux, pris de remords
tardifs, a parait-il, tente de se suicider. Et.,
néanmoins, le tribunal de Brazzavitle les au.
tait acquittés.
QuJ y a-t-il de vrai dans cette lamentable
Idstoire 1 Il importe de le savoir, à tout prix.
Une enquête sévère, implacable doit être or-
rio/mée, qui mette en pleine lumière le crime
odieux, si crime il y a eu. Il faut qu'on dise
s'il est encore,- dans nos colonies, des fonc-
tionnaires et des colons capables de renouve.
ln les exploits de cet adneitlisttatctlr" de si-
ttisire mémoire, qui faisait exploser les in-
digènes à la dynamite, et s'il se trouve des
magistrats assez dépourvus de sens moral
pour absoudre de tels criminels.
Nul doute que M. Sarraut ne veuille se
renseigner et nous renseigner.
Cor si la nouvelle, par malheur, était vraie,
si un forfait de cette espèce avait été com-
mis, par une préméditation sadique, et si un
châtiment exemplaire n'intervenait pas à bref
délai, il y aurait là de quoi attrister et ré-
volter ceux qui croient encore à Vœuvre colo
»isatrice de la France.
Sans doute il importe de ne pas fiencra-
fiscr. Tous les coloniaux, heureusement, ne
sont pas de la trempe de certains, véritables
escarpes de nos colonies.
Mais c'est déjà trop lorsque le troupeau
est sain qu'il, y ait des brebis galeuses, SII'.
tout si ces brebis ne sont pas immédiatement
JllCri/UCS.
La fticl" coloniale est Uc plus en plus dif-
ficile. Ja grande guerre a précipité Vévo-
lution de l. indigène, Il comprend, il com-
arc, il pèse, il critique, il blâme. Et sur-
tout il hait. Il se taira Pas crainte. Mais
combien de temps se tairait-Ut Et le moment
ne peut-il arriver où, après avoir longtemps
couvé sous la cotdre, l'incendie éclateraf
Il ne devrait plus y avoir de crimes colo-
tiiaux. Mais, s'il l' en a encore, il n'en est
pas un qui puisse rester impuni. Nous som-
mes surs que c'est là la ferme volonté du
ministre des Colonies, Ne -- Pas - le croire se-
rait faire injure ri M. Sarraut.
C'est pourquoi nous lui demandons instant'
ment de démentir, s'il est faux -~ et nous
souhaitons qu'il soit faux le fait qui a
révolté tant de Français, ci, s'il est vrai
--, ci nous craignons qu'il soit vrai de
preJ/elre impitoyablement toutes les sanctions
nécessaires,
Jean Plailip
Sénateur d-u' Gers,
Secrétaire do la Commis-
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
, ,J u. > (
Dans les Commissions
"os
AU SSNIIT
A LA COMMISSION
DES AFFAIRES ETRANGERES
La crise agraire en Tunisie
La Commission sénatoriale des Affaires
étrangères s'est réunie sous la présidence de
M. Henri Bdrenger.
M. Maurice Ordinaire a rappelé qu'à la
suite de son exposé du 6 décembre sur la
crise agraire en Tunisie, la Commission
avait adresse à M. le président du Conseil,
ministre des Affairès étrangères, une lettre
exposant la gravité de la situation et deman-
dant un complément d'enquête. Il a appris
que le Quai d'Orsay, à la demande du Ré.
sident général, avait envoyé en Tunisie une
Commission d'enquête.
Dès que cette Commission d'enquête aura
élaboré son rapport le Président en deman-
dera Officiellement communication et le pré-
sentera à la Commission..
Préposition de loi
La Commission a désigné ensuite M. Lé-
mery, comme rapporteur de la proposition
dé loi tendant à obtenir la mise en vigueur
dans les pays de Protectorat des dispositions
des lois applicables aux colonies.
A LA Commission de LA MARINE
Les taux de fret
La Commission de la Marine s'est réunie
hier soir sous la présidence de M. Rio.
A la suite d'une intervention de M. Léonce
BénarcU la Commission a évoqué la question
des différences des taux de fret pratiqués par
les bateaux français et trangers.
M. Rio, président, a fait observer que cette
M. Rio, d'une importance considérable de-
vrait un jour prochain être examinée dans
son ensemble par la Commission nour - l'éla- -
boration d'une politique générale de -la ma-
rine marchande que la crise économique
rend indispensable
Le Président au nom de la Commission a
vivement remercié M. Léon Meyer des dé-
clarations qu'il lui a faites et des éclaircis-
sements qu'il lui a apportés. '-
--0-0--
A liA CBAMBME
A LA COMMISSION DM nRÀNcmiI
Projet de loi
A la Commission des Finances, après
échange de vues entre MM. Lamoureux, rap-
porteur général, Ernest Lafont, Emile Borel
et BeoouGC. le projet de loi exemptant des
droits de timbre et d'enregistrement la
convention passée le 26 juin 1931 entre l'Etat
et la Banque de l'A.O.F. a été ajourné.
41 l
Pour les enfants métis
en A. 0. F.
«♦»
Il est d'autant plus agréable, quand on
avance en âge, de voir une idjëe jadis pré-
conisée, passer de la théorie à la-pratique,
que la chose est excessivement rare. J'avoue
avoir été touché en lisant ces jours derniers
le communiqué otheiel donnant les résultats
obtenus par les écoles destinées à éduquer les
petits entants métis de nos colonies de
i'A.O.F.
Lorsque poUr la première fois, il y a trente
et quelques années, je montais au Soudan,
les maineureux produits de l'accouplement
passager des blancs et des femmes de cou-
leur, étaient réduits au plus triste sort.
Quatre-vingt-dix fois sur cent le père ne s'oc-
çupait pas dè ces malheureux. Soit qu'il
mourut avant d'avoir pu assurer leur avenir,
soit qu'il fut rentré en France, et que, poui
un motif ou pour un autre, il se désintéres-
sât de sa progéniture, l'enfant poussait
comme il pouvait, recueilli plus ou moins
mal dans la lamille de la mère, et éleve
comme un petit sauvage dans la brousse, ou
dans le contact des plus pauvres parmi les
épaves infantiles des villes.
C'était même là le principal argument in-
voqué pour justifier l'introduction du plus
grand nombre possible de femmes européen-
nes, dans la colonie. Il me souvient vers 1913
ou 1914 d'avoir lancé un appel chaleureux
pour que la collectivité blanche réparât du
mieux qu'elle le pourrait le mal moral causé
"par ces pères dénaturés abandonnant leuts
enfants aux hasards de la vie nègre.
Or voici que cet appel à la générosité col-
lective du conquérant'a été entendu. Je n'ai
-pas la fatuité de croire que ce sont mes ar-
ticles qui en sont cause. Toutefois ils ont
peut être pu, dans une certaine et faible
mesure, y contribuer, et c'est pour cela que
j'ai lu avec tant de plaisir le communiqué
.disant ce que fait la colonie pour les petits
métis abandonnés.
Dans l'école autrefois installée à Kayes,
et aujourd'hui annexée à Bamako, à l'école
Terrasson de Fougères, les garçons, âgés au
moins de six ans, et matériellement aban-
donnés, reçoivent l une éducation pratique et
bien comprise. Ils sont soumis au régime
de l'internat, ce qui leur évite la promis-
cuité de la case et des gamins noirs de leur
Age. Ils suivent pendant le jour les cours
de l'école régionale de Bamako, reçoivent
une éducation générale, un enseignement
manuel, et aussi une instruction profession-
nelle. Ils sont ainsi amenés à avoir comme
on dit, le moyen de gagner leur vie, quelles
que soient leurs dispositions. Ils seront com-
mis ou employés dans les maisons de com-
merce voire dans l'administration ou ou-
vriers de métier.
L!.or,p.helin.aL dte jeunes filles est réservé aux
fillettes métisses moralement et matérielle-
ment abandonnées. Elles continuent leurs
études soit à l'orphelinat, soit à la section
normale qui lui est annexée, et peuvent en
quittant l'école gagner, elles aussi, leur
pain quotidien, dans les différentes places
auxquelles elles peuvent prétendre d après
leur intelligence et leur instruction, soit gé-
nérale, soit plus au moins poussée selon
leur intelligence, soit enfin purement profes-
sionnelle et manuelle. Elles éviteront l'avi-
lissement forcé résultant de la débauche
ou de la misère, toutes deux réunies. trop
souvent pour aboutir à la prostitution plus
ou moins déguisée.
Ainsi se trouve réalisé un progrès social
et humanitaire dont le besoin se faisait sen-
tir depuis longtemps, et qui peut avoir pour
le développement économique des colonies
du groupe de très heureux résultats. Il était
immoral d.'abord, mais aussi dangereux, de
laisser ces petits êtres dont la venue au
monde était accompagnée dès le début de si
tristes conditions matérielles et morales, ré-
fléchir, une fois devenus grands, à la crimi-
nelle
fléchir, indifférence de leurs auteurs et de la
race dont ils faisaient partie. Si ces jeunes
gens et ces pauvres filles nous prenaient en
horreur, nous les frères de couleur de ces
hommes auxquels ils devaient leur misérable
sort, ils étaient mille fois excusables. Les
soins dont on entoure maintenant leur en-
fance et leur adolescence, leur feront peut-
être pardonner à la collectivité les torts que
leurs auteurs auront eus à leur égard. C'est
tout ce que l'on peut attendre d'eux. Morale-
ment ce n'est peut-être pas suffisant, mais
économiquement parlant, et socialement, ce
sera déjà quelque chose.
Louia Le Barbier.
I ) M+«O- <
RETOUR
M. le Gouverneur Bourgine qui vient d'as-
surer le long intérim de la Côte d'Ivoire
est rentré en France par le dernier courrier
de la Côte d'Afrique. M. Bourgine prend
en ce moment quelques jours de repos à
Pamiers.
) -m*aw <
oÉjMitr
coq
Intérim au gouvernement de La Réunion
M. Fabre, secrétaire général de La Réu-
nion, attaché au cabinet du ministre des
Colonies, et qui a été récemment désigné
par décret pour assurer l'intérim de M. le
Gouverneur Repiquet, rejoindra son poste
par le Bernardin-dc-Saiftt-Pierrc dont le dé-
part a été différé à la suite de circonstances
qUe nous avons relatées.
Nous adressons nos meilleurs souhaits de
bon voyage à M. Fabre et à sa famille qui
l'accompagne.
) <
Dépêches de lindochine
»♦•
Le Touring Club de France en Indochine
Le voyage touristique organisé par le
Touring Club de France se poursuit dans
d'excellentes conditions. Le président Chaix
a adressé, hier, au syndicat de la presse, la
télégramme suivant :
» Angkor. Vivons journées inoubliables
Il dans somptueux Angkor. Partons aujour-
d'hui Bangkok. Santés excntmtes.- Chaix.
Travaux d'irrigation
à Marrakech
––< 8'
Le Direction générale des Travaux publics
a entrepris à Marrakech des - travaux, qui
permettront d'irriguer, avec les eaux de
l'Oued N'Fisse, une superficie approxima-
tive de 30.000 hectares.
La Direction des Travaux publics a fait
appel aux entreprises privées.
)
On poirsiivra au Maroc
la censlractlon des Habitations
à non maicné &
Un crédit de 20 millions figure aux prévi-
sions budgétaires du prochain exercice finan-
cier, pour la construction d'habitations à bon
marché, Cette somme est supérieure de deux
millions à celle qui avait été affectée au
même objet dans le précédent exercice.
>-41+ - <–
L'empiunt d'un Milliard est couvert
.t.
L'emprunt du Maroc, pour sa première
tranche de un milliard a été couvert en
France, la semaine dernière.
, ) .+ <-
L'administration et les délégations
financières de Madagascar
Les lecteurs des Annales Coloniales se
souviennent qu'en 1931 un conflit s'éleva à
Madagascar entre l'Administration et les Dé-
léguions financièresj Celles-ci retournèrent
à celle-là, sans vouloir l'examiner, le projet
de budget pour l'exercice 1932. Le motif de
la rupture était que les compressions de dé-
penses jugées indispensables par l'opinion
publique locale, n'avaient été qu'insuttisam-
ment réalisées.
On pouvait craindre en 1931 le retour des
mêmes difticultés. Or, il en a été tout autre-
ment. Et c'est en se congratulant récipro-
quement, que cette année les représentants
des colons et de l'Administration se sépa-
rèrent.
Le fait mérite d'autant plus d'être noté
jyio l'équilibre du budget de l'exercice pro-
chain n'a pu être établi qu'au moyen d'une
augmentation assez importante de divers im-
pôts et taxes.
Entre temps il b'était passé ceci : que le
Gouverneur général Léon Cayla, tenant
compte.. de la réorganisation territoriale nou-
velle qui découpait la colonie en grandes di-
visions administratives, et examinant à la
loupe les besoins, en personnels, des diffé-
rents cadres, avait réalisé des économies se
montant à plus de dix millions. Une pareille
preuve de bonne volonté et de clairvoyance
énergique, ne pouvait pas ne pas être appré-
ciée. Et quand M. Cayla faisant appel à son
tour à là sagesse des délégués, leur demanda
d'admettre la nécessité d'un accroissement
de l'impôt sur le revenu et de quelques taxes
de consommation ne frappant pas les arti-
cles courants indispensables à la vie des
classes pauvres et des indigènes, il .se vit
compris et approuvé.
Cet accord, surtout dans les conjonctures
où nous sommes, est un signe heureux qui
consacre définitivement l'institution des Dé-
légations financières. Il démontre que dans
la gestion des affaires publiques aux colonies,
la rencontre des intérêts privés et des néces-
sités administratives non seulement n'est
pas génératrice de lutte, mais bien plutôt dé-
termine par la confrontaion des points de vue
les décisions que les circonstances récla-
ment.
Tout dépend à la vérité, du doigté du chef.
Or le Grand Conseil élu qui siège annuel-
lement à Tananarive, n'avait-il pas apprécié
le libéralisme du Gouverneur Général qui,
dès sa première prise de contact, lui avait dé-
claré : « N'ayant rien à cacher j'élargirai
vos attributions en soumettant à votre exa-
men jusqu'à ces questions de détail que le
décret vous constituant ne me fait aucune
obligation de vous présenter. »
Ce geste devait porter ses fruits.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
).
T u te rends compte.
LES EMBARQUEMENTS
CLANDESTINS AUX COLONIES
Les Annales Coloniales ont eu plus d'une
fois l'occasion de signaler les embarquements
clandestins de nos braves sujets indigènes dési-
reux de vérifier par eux-mêmes les histoires
que ne manquent pas de leur raconter ceux de
leurs congénères qui, aOCe ou sans billet, ont
pu faire le voyage de France,
Ces embarquements ont soutient donné lieu
à des situations cocasses ou tragiques. Mais,
allez clope raisonner l'esprit d'aoenture ou
seulement de curiosité, lorsqu'il se trouve ai-
guisé par le merveilleux qu'un voyageur, sur-
tout indigène, ne manque jamais d'ajouter à la
vérité.
Il faut croire que l'émigration clandestine
prend parfois des proportions inquiétantes,
puisque le lieutenant-gouverneur du bénégal
oient de consulter les Chambres de Commerce
locales à son propos, et au sujet des mesures
propres à l'arrêter.
La réponse des assemblées a été que lares-
ptonsabilité des rapatriements devait incomber
au capitaine du navire, lequel a les moyens de
faire effectuer avant V appareillage une visite
générale du bord, el que des peines sévères
étaient à envisager contre les délinquants.
Mais cela suffird-t-il à arrêter le mouve-
ment?
« Voir la France et mourir » est le vœu le
plus fréquemment formulé par les rraüfs, blancs,
jaunes on noirs de nos colonies.
Il est vrai que s'y glisse le ferme espoir que
le premier terme du souhait se réalisera seul.
Et voilà Poutre raison pour laquelle il y
aura sans doute toujours des embarquements
clandestins,
P.
P.-C.-G. F.
Notre grand reportage
au Maroc
DMRMHrrAMS
FEZ OU LA CITADELLE SPIRITUELLE
DES FILS DU PROPHETE
(De notre envoyé spécial.)
Un soleil radieux nous accompagne à la
ville sainte des musulmans du Maroc. Avec
ses maisons blanchies à la chaux, ses rues
enchevêtrées, ses monuments de grand style,
ses palais et ses mosquées, ses médersas et
ses fontaines, ses marchés et ses jardins, Fez
apparaît bien comme la vraie capitale de ce
Moghreb resté si longtemps fermé à la péné-
tration européenne. Assise à cheval sur
l'Oued Fez, qui alimente à perpétuité ses
aombreuses fontaine. Fez, blottie dans le
creux d'un vallon pittoresque, et séparée du
reste du monde pal une enceinte crénelée
pourvue de tours massives et de portes mo.
[lumentales, conserve à tous les points, son
caractère médiéval. ( Depuis que Moulay-
idriss a formé cette merveilleuse cité, rien
n'a bougé ici », nous confie le professeur
Lakhdar qui détaille avec nous tous les
coins de la ville. « Les Fassis ne supporte-
raient d'ailleurs pas qu'on touche à la ville
de leurs ancêtres pour quelque motif que ce
soit. Les mœurs, les coutumes, les caractères
restent également figés dans leur éternité
médiévale. » Et pendant que notre guide, un
fin lettré qui apparaît avec sa longue toge
comme un Virgile dantesque, nous dévoile
les détails caractéristiques ou piquants de
cette société de Fez qui donne le ton à tout
le Maroc, nous évoquons les sourates savou-
reuses dans lesquelles les frères Tharaud ont
chanté les Bourgeois de l'Islam. Mais les
frères Tharaud ont-ils bien compris l'âme
des Fassis? Si « Marrakech, ou les sei-
gneurs de l'Atlas » donne une peinture
iidèle et enthousiaste de l'épopée marocaine
du Sud, par contre, <1 Fez, ou les Bourgeois
de T Islam » ironise subtilement une société
qui n'a jamais prétendu à l'universalité. Les
détails ? exacts quant au fond, mais l'es-
prit? il défigure l'élan vital de cette race fer-
mée de la capitale, qui ne désire nullement
faire son examen de conscience en public.
C'est ce que reprochent les Fassis aux frè-
res Tharaud.
Coutumes berbères
Car Fez reste toujours le centre de la pen-
sée marocaine : c'est de là que partent tous
les mouvements d'idées qui se cristallisent
finalement dans les creusets de la politique.
C'est de là, par exemple, qu'est parti l'oppo-
sition aux réformes judiciaires de la Rési-
dence, qui ont dégénéré en émeutes sanglan-
tes en 1930. L'effervescence avait éclaté à la
suite de la promulgation du Dahir du 16 mai
1930 sur la justice coutumière berbère. On
sait que l'organisation de la justice indigène
au Maroc présente un double aspect : dans
le pays où s'exerce effectivement l'autorité
du Sultan (bled-el Makhzen), le cadi qui per-
sonnifie la loi religieuse, a conservé une
grande partie de sa vaste compétence des
premiers temps de l'Islam. Et quoiqu'une
partie importante de sa compétence ait pas-
sée aux agents d'autorité, pachas et caïds, il
incarne toujoyrs la loi religieuse ou
te chraa», que la France s'est engagée à res-
pecter d'après le traité initial du protectorat.
Mais dans la partie montagneuse du Maroc,
qui constitue surtout la zone insoumise (bled-
es-Siba), les populations de pure race berbère
qui l'habitent, bien qu'elles soient musulma-
nes, n acceptent pas le chraa comme règle de
leur vie sociale. Constitués en tribus ou clans
confédérés, les berbères confient tradition-
nellement la charge de la répression des cri-
mes et délits à une assemblée de notables du
groupe (djemaa) qui agissent toujours collec-
tivement en s'inspirant des coutumes de la
tribu. Les berbères défendent si jalousement
leurs coutumes, que partout où le Sultan est
parvenu à s'implanter dans la montagne, il
a dù renoncer à imposer la loi du chraa.
Même au pays du Sous, qui s'est montré le
plus perméable à la pénétration arabe, la
loi coutumière existe dans les tribus côte à
côte' avec la loi du chraa : les nécessités des
circonstances obligeaient les musulmans or-
thodoxes à fermer les yeux sur les conflits
éventuels qui se produisaient entre ces deux
formes de justice.
Le nationalisme berbère
Telle était la situation que la France par
ses engagements du traité de 1912, devait
fixer et améliorer. La tàche n'était pas aussi
difficile dans les pays de chraa, où quelques
dahirs suffirent pour réglementer les attri-
butions des cadis, des pachas et des caïds.
Mais dans les pays berbères, il fallait bien
reconnaître et réglementer l'existence du
droit coutumier : c'est ce que fit le dahir de
1914, dont les détails furent complétés ett
fixés par celui du 16 mai 1930. C'est ce der-
nier dahir qui servit de prétexte d'agitation
Ilntifrançaise à un groupe de jeunes nationa-
listes marocains, dont les meneurs essayèrent
de provoquer des manifestations publiques à
Fez, d'ailleurs vites réprimées par l'énergi-
que pacha de la ville. Nous avons pu remar-
quer à ce sujet que la plupart de ces agita-
teurs, comme c'est le cas aux Indes et en
Egypte, sont des jeunes gens qui ont fait
leurs études en Europe. Comme aux Indes et
en Egypte aussi, cette jeunesse impatiente,
au lieu de chercher, à appliquer dans leur
pays les idées oi. !c< expériences utiles qu'ils
ont appris en Europe, cherchent plutôt à pro-
fiter de leur vernis intellectuel pour susciter
des troubles qui, en réussissant leur donne-
rait les premières places dans leur pays.
D'ailleurs, dans bien des cas, ces jeunes
gens se hâtent d'oublier leur clan nationa-
liste aussitôt qu'ils peuvent s'assurer un
poste dans l'Administration. Quant aux au-
tres, ils ne veulent pas se rendre compte
qu'on ne saurait appliquer d'emblée aux po-
pulations musulmanes les grandes idées poli-
tiques que les grandes démocraties n'ont pu
conquérir qu'après des siècles de patients ef-
forts. Inspirés et encouragés par les organi-
sations panislamistes et xénophobes existant
en pays étranger et dirigées contre toutes les
grandes puissances coloniales, les agitateurs
prétendaient que la France voulait imposer
aux Berbères un statut qui les arrachât à
Illslitm, et ce, dans le dessein très ferme de
TRBNTE-DEUXTEME 'ANNEE. N° 100.
fefc NUMSftÔ t ft CENTIMES * , SAMEDI SOIR, 24 DECEMBRE l'JîW.
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14, luuftiitTfeiiêf
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Les Annales Coloniales
Lei - 'tIO-., réèlameé sont'Wçues au
bureau du iournal.
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'-- --.DI.lc".U."ÔNDA!.A MlM RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduite qu'on citant les ANNALES CoMMALM.
ABONNEMENTS
evee la Revue illustrée :
u. 8 Mais 3 Moto
France et - - - - 1
Colonies IHD 100* 60 »
Étranger. - 240 a, 126. 76 à
On s'abonne sans trais claM !..
tous les bureaux de poste. '}
"- -
le Cacao iaits les Colonies rfançaises
i - ; il n
Le commerce du cqcao a pris une grande
extension depuis le début du siècle. De
IOÔ.OOO tonnes environ en 1900 il est passé
à 514.0001 tonù2s en *931. Les cplônies bri-
tanuidues, et ndtamment celle de la Gold
Çoast en sont- les principaux fournisseurs.
Sur une production mondiale qc 543.000
tonnes en 1931, elles en vendent plus de
30.060.
Les chiffres de la consommation sont un
peu inférieurs aux ptécëtjents : ils ont été
d'environ 520.000 tonnes en 1931-. '--
Les grands pays- consomnmteurs sont les
Etats-Unis, 36 l'Allemagne, 15 %;
l'Angleterre, 11,7 %; la Hollande, 9,2 %;
la France, 7,2 Ce pourcentage donne
pour notre pays environ 4-5.oop quintaux.
Depuis jB ans la consommation française a
sérieuement. progressé. : elle était en effet
de 296.612 quintaux en 1913. Le chiffre
te plus fort a été atteint en 1915 : 484.000
quintaux. en ig:?5 - 484-000
Les quantités de cacao importées se dé-
composent ainsi : 407.751 quintaux de cacao
en fèves et pellicules; .15.745 quintaux de
cacao broyé, 12.982 quintaux de beurre de
cacao. •
Quels sont nos fournisseurs ? Le cacao
broyé et. le beurre de cacao viennent pres-
que entièrement de Hollande. Le cacao en
fèves nous est envoyé d'Afrique occidentale,
le Togo, le Cameroun, le Brésil, les Antilles
anglaises et les colonies anglaises d'Afrique.
La part dé nos possessions et des territoi-
res sous mandat représentent les 3/4 de' nos
achats. C'est évidemment un résultat inté-
ressant, mais il pourrait être bien meilleur.
Nos colonies produisent à l'heure actuelle
une quantité de cacao en fèves au moins
égale à notre consommation. Eh 1931, elles
en ont en effet exporté 407.680 quintaux,
de répartissant comme suit :
Côte d'Ivoire 198.947 quintaux
Cameroun 109.22 5 -
Togo.,-. , 76.925 -
Nouvelles-Hébrides 14.061
Martinique 3-473 -
Madagascar 3.004 -
Guadeloupe ., , 1 , '1 ,542' -
, - A. E, F. -, î.577 --
Guyane p&
, Nouvelle Calédonie. : 3 -
S ':' '-, [Total ., 0 : -4o 680 -
-. ',.Ln Gôte d'Ivoire arrive eh tête, En 10
,, la. préductidif a IsJndidç 310 quintaux
."t - "- .-
à 198.947'. Ces magnifiques résultats sont
dus A l'activité des cultivateurs indigènes.
qui a été heureusement secondée et même
guidée par l'Administration.. Les progrès
n'ont pas été moins remarquables au Came-
roun : en 1920 les exploitations donnaient
35.000 quintaux, onze ans après, elles four-
nissaient plus du triple, ainsi qu'on a pu le
voir dans le tableau ci-dessus,
An Togo et, en partictlli. dans la partie
montagneuse qui est particulièrement favora-
ble à cette cuiture, 011 constate le même phé'
nomène, On pourrait en dire autant des Nou-
velles-Hébrides si des cyclones ne venaient
périodiquement détruire les efforts des plan-
teurs.
A Madagascar, au Galon, en Nouvelle-
Calédonie, des-tentatives sont faites qui sont
pleines de promesses.
On peut conclure de ces divers renseigne-
ments que les colonies sont parfaitement ca-
pables, de subvenir à la consommation de la
métropole en cacao.
Mais, en ce moment, les producteurs sont
an peu découragés. Car le cacao n'échappe
pas aux vicissitudes de la vie économique
mondiale. Sa valeur a baissé par rapport à
(030 et r>imc a 1013. Les demandes sé sont
restreints dans tous les pays et, naturelle-
ment, en France comme ailleurs.
Une conférence internationale réunie en
septembre dernier à Bruxelles a décidé d'in-
tensif i;r la propagande en faveur des pro-
luit? à base de cacao. L'idée est juste mais
il ne faut pas trop compter sur les effets
qu'on peut en tirer. Il faut augmenter la
consommation de tous les objets, de tous
les produits! C'est facile à dire ou à écrire,
c'est plus difficile à réaliser. Ai-je besoin
d'insister?
Pour ce qui regarde 1 avenir de notre pro-
duction coloniale, on proposé de la diriger
surtout vers la métropole et de lui réserver
en quelque sorte le monopole de ce débouché.
Dans ce but, la Chambre de Commerce du
Havre demande la réouverture, aussi pro-
chaine que possible du marché à terme des
"araos à la Bourse du Havre. On est d'avi s
dans les milieux compétents que la réali-
sation de ce projet serait utile À la fois aux
planteurs coloniaux et au commerce métro-
politain.
- Henry Fontanier,
Député du Canlal.
Membre de la commission de l'Algérie,
des colonies ci proteotorats.
6
- '., ": l"
,., ", Hommage & M, Albert Sarraut
KHnlstre dés Côlontos
L'Académie Française a connu jeudi de
eau les immdrtel1* en habit vert et la foule
grands jotirt ternie assister à la aistrcbu-
tioit 'qës ptix cte vêtit* et dès lettres.
< M i Doumic. secrétaire perpétuel, ptft le
pM$ic*:ia parole et fit temMquer qu une ré-
compense exceptioiwll ç ..,,¡: été ajoutée,
,;- r «$tté année, à 1# liste dés ùrix' ddWt le pombre
Vaugmettte sans cesse* œltle attribuée au livre
de M. Albert Sarraut : Servitude et grandeur
coloniales, « œuvte ftrieuse que. paraît avoir la
valeur et la portée d'un acte M.
-.: 4 : 1 11
; puisque bien souvent chacun des
bienfaits de la Civilisation cfcevient pour elle
Mte source dé péarils. Elle protège les races ;
et par fià, e provoque le orame de la surpo-
pulation: Elle réalise/ au point de vue éco..
nomique, CtiJICalculablprosrès, et, par la,
clle cjrée, avec des besoins nouveaux, di arden-
tes convoitises. Elle apporte l'instruction •
ainsi elfe fait naître l'esprit critique. Gran-
dëuri car à des populations ravagées par des
fléaux. endémiques, guerres intestines* maladie,
famine, la France a apporté la paix, U sécu-
rité, la santé et l'instruction.
gîirriut precôhisè twaot-toit- l'union des
Sations co l onisatrices et sduliaite là réalisation
.:.,Iii:
; pas se résigner, sot» pâne dé trahison et de
suicide* à une politique, d abandon;
Hommage aux coloniaux
et$ux colonisateurs
--. ; Le palmarèé contient érjcore beaucoup de
iKxns qui évoquent l'histoire denos cotonies.
:' C'est réloge Carnet de la mission salta.
Home. du général Reibel ; de
,,' l4Histoire dé V Algêttei de M; Augustin Ber-
nard ; des. Piotmim du Sùitdàn, par M. Jac-
ques Méniauil. > '-
C'est aussi un hpnintagé rèodu àux Sœurs
• ̃ - blettes de Castres, qui, diepuis-trois siècles, sis
c, dévouent m Gabon et se sont ivu décerner un
prix de 10.000 fwrtcs. ;
Le due de La Force lutjensuite ion rapport
sut le» pn* de verttt et ift l ^lo®e «s miésion-
-tiatres- «fui cpie
« vivant de ce qu'ils trouvent, s habillant de
tt qu ils ont. voyageant ctimtne ils peuvent, à
..dt8ft'.,_.PlJ01U. sur «t bœuf, dims tte
grands chariots, parfois en chemin de fèr, pat.
rois en vapeurt en «utomobire, à motocyclette
et souvent à *»ed.
Distfflfutïoti des prbtde vertu
Le prit de la langue fondé en
1914 par 1 Ac&dëmie « pour reconnaître les
services rendus au cfehon à la langue fran-
çaise êst aihsi d&zemé : 10.000 francs à
,'œUvre des sœurs de l'Immaculée Conception
, de Otsties; r-,dlu de la e%atitâ en >ne;
snement des Filles de la Qiarité en $yne ;
U médailles de. ftllileili à M. Badibanga :
r Eléphant qui mmehe mr des œrifr : à la So-
dété des pr)fesswH> de fampris «r Angleterre;
: 4 la ncone de Liban ; w en, journal
français 4e l'île Mâurî«. bm.
cerftênaire.
, f
cabinets ministériels
Celui de M. Albert Sarraut
Ministre des Colonies
M. Albert Sarrgtit, nvitdstrc des Colonicb,
a constitué comme suit son cabinet :
MMv. Jehn Berthoin, directeur du cabinet;
Stephen Delmas, chef de cabinet ; Charles
Peloni, chef adjoint. du cabinet ; Paul Urus-
tier, chef du secrétariat particulier ; Jean
Poitevin, attaché; Marcel Colas, attaché ;
André Duboh, attRché; le capitaine Bonnin,
de l'infanterie coloniale, officier d'ordon-
nance. ,
Celui de M. Gandace -
Sous-secrétaire d'fitat des Colonies
Le cabinet de M. Cundace. sous-secrétairc
d'Etat au ministère des Colonies, est ainsi
composé :
Chef de cabinet, M. P. Boisson, gouver-
nour de 30 classe des colonies ; chefs ad-
joints : MM, Roullicr, sous-chef de bureau
au ministère de la Marine marchande ; Gou-
roy, chef de bureau au ministère de l'Air ;
chef du secrétariat particulier, Mme d'Hou-
taux; attaché, M. P. Wichn.
-– .+
La France d'oulre-mer
et la déclaration ministérielle
,
Continuité de direction rue Oudinot
Dans la déclaration ministérielle qui a été
lue à la Chambre par M. Paufl-Boqriçouf et au
Sénat par M. Abel - - Qardey, ministre de la
Justice, VOICI te passade qw. se rapporte à
notre empire colonial :
« De même. fiers de l'empire colonial cons-
titué par * la Republique, nous demanderons à
la France d'outre-mer de contribuer à notre
restauration économique par la mise en valeur
de toutes ses (icheises et l'association chaque
jour plus étroite de. ses enfants à notre œuvre
commune, »
Souhaitons que ces quelques lignes du mes-
sage officiel représentent les figures nlessiani.
auës annonçant d'avance l'affennissemenl
une politique de soutien de notre production
coloniale, continuation, du reste, du redresser
meint que poursuit la rue Oudinot derrière le
ftont économique sans cesse en alerte. *
>
̃*»«
L'activité de Radio-Alger
On fête, cette année, le centième anniver-
saire de la première messe de minuit donnée
en Afrique du Nord, Radio-Aleer transmet-
tra, de la cathédrale d'Alger, la messe de
minuit célébrant cet anniversaire. L'émis-
sion normale, prolongée jusqu'à 24 heures,
permettra de fêter le réveillon en famille.
Radio-Alger a décidé d'augmenter ses
émissions de musique orientale. A partir du
méis de janvier, une heure supplémentaire
sera réservée, tous les jeudis, à des concerts
orientaux.
Le 28 décembre, Radio-Alger retransmettra
la soirée consacrée à l'Espagne nouvelle et
donnée à l'Opéra d'Alger par les groupes
d'études laïques, sous la présidence effective
du consul d'Espagne.
- -
Les Crimes coloniaux
- -, '1
8
N- voudrait crôire que
1 le fait inouï ctotU
- la presse nous a eh!-
: tretenu récemment-
est faux. Des Eu~
ropèens auraiellt
1 - l' * fait férir un nègre,
lentement, avec d*invraisemblables raffine-
ments de cruauté. Ils tl auraient pas Ilié leur
crinic, puisque l'un d'eux, pris de remords
tardifs, a parait-il, tente de se suicider. Et.,
néanmoins, le tribunal de Brazzavitle les au.
tait acquittés.
QuJ y a-t-il de vrai dans cette lamentable
Idstoire 1 Il importe de le savoir, à tout prix.
Une enquête sévère, implacable doit être or-
rio/mée, qui mette en pleine lumière le crime
odieux, si crime il y a eu. Il faut qu'on dise
s'il est encore,- dans nos colonies, des fonc-
tionnaires et des colons capables de renouve.
ln les exploits de cet adneitlisttatctlr" de si-
ttisire mémoire, qui faisait exploser les in-
digènes à la dynamite, et s'il se trouve des
magistrats assez dépourvus de sens moral
pour absoudre de tels criminels.
Nul doute que M. Sarraut ne veuille se
renseigner et nous renseigner.
Cor si la nouvelle, par malheur, était vraie,
si un forfait de cette espèce avait été com-
mis, par une préméditation sadique, et si un
châtiment exemplaire n'intervenait pas à bref
délai, il y aurait là de quoi attrister et ré-
volter ceux qui croient encore à Vœuvre colo
»isatrice de la France.
Sans doute il importe de ne pas fiencra-
fiscr. Tous les coloniaux, heureusement, ne
sont pas de la trempe de certains, véritables
escarpes de nos colonies.
Mais c'est déjà trop lorsque le troupeau
est sain qu'il, y ait des brebis galeuses, SII'.
tout si ces brebis ne sont pas immédiatement
JllCri/UCS.
La fticl" coloniale est Uc plus en plus dif-
ficile. Ja grande guerre a précipité Vévo-
lution de l. indigène, Il comprend, il com-
arc, il pèse, il critique, il blâme. Et sur-
tout il hait. Il se taira Pas crainte. Mais
combien de temps se tairait-Ut Et le moment
ne peut-il arriver où, après avoir longtemps
couvé sous la cotdre, l'incendie éclateraf
Il ne devrait plus y avoir de crimes colo-
tiiaux. Mais, s'il l' en a encore, il n'en est
pas un qui puisse rester impuni. Nous som-
mes surs que c'est là la ferme volonté du
ministre des Colonies, Ne -- Pas - le croire se-
rait faire injure ri M. Sarraut.
C'est pourquoi nous lui demandons instant'
ment de démentir, s'il est faux -~ et nous
souhaitons qu'il soit faux le fait qui a
révolté tant de Français, ci, s'il est vrai
--, ci nous craignons qu'il soit vrai de
preJ/elre impitoyablement toutes les sanctions
nécessaires,
Jean Plailip
Sénateur d-u' Gers,
Secrétaire do la Commis-
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
, ,J u. > (
Dans les Commissions
"os
AU SSNIIT
A LA COMMISSION
DES AFFAIRES ETRANGERES
La crise agraire en Tunisie
La Commission sénatoriale des Affaires
étrangères s'est réunie sous la présidence de
M. Henri Bdrenger.
M. Maurice Ordinaire a rappelé qu'à la
suite de son exposé du 6 décembre sur la
crise agraire en Tunisie, la Commission
avait adresse à M. le président du Conseil,
ministre des Affairès étrangères, une lettre
exposant la gravité de la situation et deman-
dant un complément d'enquête. Il a appris
que le Quai d'Orsay, à la demande du Ré.
sident général, avait envoyé en Tunisie une
Commission d'enquête.
Dès que cette Commission d'enquête aura
élaboré son rapport le Président en deman-
dera Officiellement communication et le pré-
sentera à la Commission..
Préposition de loi
La Commission a désigné ensuite M. Lé-
mery, comme rapporteur de la proposition
dé loi tendant à obtenir la mise en vigueur
dans les pays de Protectorat des dispositions
des lois applicables aux colonies.
A LA Commission de LA MARINE
Les taux de fret
La Commission de la Marine s'est réunie
hier soir sous la présidence de M. Rio.
A la suite d'une intervention de M. Léonce
BénarcU la Commission a évoqué la question
des différences des taux de fret pratiqués par
les bateaux français et trangers.
M. Rio, président, a fait observer que cette
M. Rio, d'une importance considérable de-
vrait un jour prochain être examinée dans
son ensemble par la Commission nour - l'éla- -
boration d'une politique générale de -la ma-
rine marchande que la crise économique
rend indispensable
Le Président au nom de la Commission a
vivement remercié M. Léon Meyer des dé-
clarations qu'il lui a faites et des éclaircis-
sements qu'il lui a apportés. '-
--0-0--
A liA CBAMBME
A LA COMMISSION DM nRÀNcmiI
Projet de loi
A la Commission des Finances, après
échange de vues entre MM. Lamoureux, rap-
porteur général, Ernest Lafont, Emile Borel
et BeoouGC. le projet de loi exemptant des
droits de timbre et d'enregistrement la
convention passée le 26 juin 1931 entre l'Etat
et la Banque de l'A.O.F. a été ajourné.
41 l
Pour les enfants métis
en A. 0. F.
«♦»
Il est d'autant plus agréable, quand on
avance en âge, de voir une idjëe jadis pré-
conisée, passer de la théorie à la-pratique,
que la chose est excessivement rare. J'avoue
avoir été touché en lisant ces jours derniers
le communiqué otheiel donnant les résultats
obtenus par les écoles destinées à éduquer les
petits entants métis de nos colonies de
i'A.O.F.
Lorsque poUr la première fois, il y a trente
et quelques années, je montais au Soudan,
les maineureux produits de l'accouplement
passager des blancs et des femmes de cou-
leur, étaient réduits au plus triste sort.
Quatre-vingt-dix fois sur cent le père ne s'oc-
çupait pas dè ces malheureux. Soit qu'il
mourut avant d'avoir pu assurer leur avenir,
soit qu'il fut rentré en France, et que, poui
un motif ou pour un autre, il se désintéres-
sât de sa progéniture, l'enfant poussait
comme il pouvait, recueilli plus ou moins
mal dans la lamille de la mère, et éleve
comme un petit sauvage dans la brousse, ou
dans le contact des plus pauvres parmi les
épaves infantiles des villes.
C'était même là le principal argument in-
voqué pour justifier l'introduction du plus
grand nombre possible de femmes européen-
nes, dans la colonie. Il me souvient vers 1913
ou 1914 d'avoir lancé un appel chaleureux
pour que la collectivité blanche réparât du
mieux qu'elle le pourrait le mal moral causé
"par ces pères dénaturés abandonnant leuts
enfants aux hasards de la vie nègre.
Or voici que cet appel à la générosité col-
lective du conquérant'a été entendu. Je n'ai
-pas la fatuité de croire que ce sont mes ar-
ticles qui en sont cause. Toutefois ils ont
peut être pu, dans une certaine et faible
mesure, y contribuer, et c'est pour cela que
j'ai lu avec tant de plaisir le communiqué
.disant ce que fait la colonie pour les petits
métis abandonnés.
Dans l'école autrefois installée à Kayes,
et aujourd'hui annexée à Bamako, à l'école
Terrasson de Fougères, les garçons, âgés au
moins de six ans, et matériellement aban-
donnés, reçoivent l une éducation pratique et
bien comprise. Ils sont soumis au régime
de l'internat, ce qui leur évite la promis-
cuité de la case et des gamins noirs de leur
Age. Ils suivent pendant le jour les cours
de l'école régionale de Bamako, reçoivent
une éducation générale, un enseignement
manuel, et aussi une instruction profession-
nelle. Ils sont ainsi amenés à avoir comme
on dit, le moyen de gagner leur vie, quelles
que soient leurs dispositions. Ils seront com-
mis ou employés dans les maisons de com-
merce voire dans l'administration ou ou-
vriers de métier.
L!.or,p.helin.aL dte jeunes filles est réservé aux
fillettes métisses moralement et matérielle-
ment abandonnées. Elles continuent leurs
études soit à l'orphelinat, soit à la section
normale qui lui est annexée, et peuvent en
quittant l'école gagner, elles aussi, leur
pain quotidien, dans les différentes places
auxquelles elles peuvent prétendre d après
leur intelligence et leur instruction, soit gé-
nérale, soit plus au moins poussée selon
leur intelligence, soit enfin purement profes-
sionnelle et manuelle. Elles éviteront l'avi-
lissement forcé résultant de la débauche
ou de la misère, toutes deux réunies. trop
souvent pour aboutir à la prostitution plus
ou moins déguisée.
Ainsi se trouve réalisé un progrès social
et humanitaire dont le besoin se faisait sen-
tir depuis longtemps, et qui peut avoir pour
le développement économique des colonies
du groupe de très heureux résultats. Il était
immoral d.'abord, mais aussi dangereux, de
laisser ces petits êtres dont la venue au
monde était accompagnée dès le début de si
tristes conditions matérielles et morales, ré-
fléchir, une fois devenus grands, à la crimi-
nelle
fléchir, indifférence de leurs auteurs et de la
race dont ils faisaient partie. Si ces jeunes
gens et ces pauvres filles nous prenaient en
horreur, nous les frères de couleur de ces
hommes auxquels ils devaient leur misérable
sort, ils étaient mille fois excusables. Les
soins dont on entoure maintenant leur en-
fance et leur adolescence, leur feront peut-
être pardonner à la collectivité les torts que
leurs auteurs auront eus à leur égard. C'est
tout ce que l'on peut attendre d'eux. Morale-
ment ce n'est peut-être pas suffisant, mais
économiquement parlant, et socialement, ce
sera déjà quelque chose.
Louia Le Barbier.
I ) M+«O- <
RETOUR
M. le Gouverneur Bourgine qui vient d'as-
surer le long intérim de la Côte d'Ivoire
est rentré en France par le dernier courrier
de la Côte d'Afrique. M. Bourgine prend
en ce moment quelques jours de repos à
Pamiers.
) -m*aw <
oÉjMitr
coq
Intérim au gouvernement de La Réunion
M. Fabre, secrétaire général de La Réu-
nion, attaché au cabinet du ministre des
Colonies, et qui a été récemment désigné
par décret pour assurer l'intérim de M. le
Gouverneur Repiquet, rejoindra son poste
par le Bernardin-dc-Saiftt-Pierrc dont le dé-
part a été différé à la suite de circonstances
qUe nous avons relatées.
Nous adressons nos meilleurs souhaits de
bon voyage à M. Fabre et à sa famille qui
l'accompagne.
) <
Dépêches de lindochine
»♦•
Le Touring Club de France en Indochine
Le voyage touristique organisé par le
Touring Club de France se poursuit dans
d'excellentes conditions. Le président Chaix
a adressé, hier, au syndicat de la presse, la
télégramme suivant :
» Angkor. Vivons journées inoubliables
Il dans somptueux Angkor. Partons aujour-
d'hui Bangkok. Santés excntmtes.- Chaix.
Travaux d'irrigation
à Marrakech
––< 8'
Le Direction générale des Travaux publics
a entrepris à Marrakech des - travaux, qui
permettront d'irriguer, avec les eaux de
l'Oued N'Fisse, une superficie approxima-
tive de 30.000 hectares.
La Direction des Travaux publics a fait
appel aux entreprises privées.
)
On poirsiivra au Maroc
la censlractlon des Habitations
à non maicné &
Un crédit de 20 millions figure aux prévi-
sions budgétaires du prochain exercice finan-
cier, pour la construction d'habitations à bon
marché, Cette somme est supérieure de deux
millions à celle qui avait été affectée au
même objet dans le précédent exercice.
>-41+ - <–
L'empiunt d'un Milliard est couvert
.t.
L'emprunt du Maroc, pour sa première
tranche de un milliard a été couvert en
France, la semaine dernière.
, ) .+ <-
L'administration et les délégations
financières de Madagascar
Les lecteurs des Annales Coloniales se
souviennent qu'en 1931 un conflit s'éleva à
Madagascar entre l'Administration et les Dé-
léguions financièresj Celles-ci retournèrent
à celle-là, sans vouloir l'examiner, le projet
de budget pour l'exercice 1932. Le motif de
la rupture était que les compressions de dé-
penses jugées indispensables par l'opinion
publique locale, n'avaient été qu'insuttisam-
ment réalisées.
On pouvait craindre en 1931 le retour des
mêmes difticultés. Or, il en a été tout autre-
ment. Et c'est en se congratulant récipro-
quement, que cette année les représentants
des colons et de l'Administration se sépa-
rèrent.
Le fait mérite d'autant plus d'être noté
jyio l'équilibre du budget de l'exercice pro-
chain n'a pu être établi qu'au moyen d'une
augmentation assez importante de divers im-
pôts et taxes.
Entre temps il b'était passé ceci : que le
Gouverneur général Léon Cayla, tenant
compte.. de la réorganisation territoriale nou-
velle qui découpait la colonie en grandes di-
visions administratives, et examinant à la
loupe les besoins, en personnels, des diffé-
rents cadres, avait réalisé des économies se
montant à plus de dix millions. Une pareille
preuve de bonne volonté et de clairvoyance
énergique, ne pouvait pas ne pas être appré-
ciée. Et quand M. Cayla faisant appel à son
tour à là sagesse des délégués, leur demanda
d'admettre la nécessité d'un accroissement
de l'impôt sur le revenu et de quelques taxes
de consommation ne frappant pas les arti-
cles courants indispensables à la vie des
classes pauvres et des indigènes, il .se vit
compris et approuvé.
Cet accord, surtout dans les conjonctures
où nous sommes, est un signe heureux qui
consacre définitivement l'institution des Dé-
légations financières. Il démontre que dans
la gestion des affaires publiques aux colonies,
la rencontre des intérêts privés et des néces-
sités administratives non seulement n'est
pas génératrice de lutte, mais bien plutôt dé-
termine par la confrontaion des points de vue
les décisions que les circonstances récla-
ment.
Tout dépend à la vérité, du doigté du chef.
Or le Grand Conseil élu qui siège annuel-
lement à Tananarive, n'avait-il pas apprécié
le libéralisme du Gouverneur Général qui,
dès sa première prise de contact, lui avait dé-
claré : « N'ayant rien à cacher j'élargirai
vos attributions en soumettant à votre exa-
men jusqu'à ces questions de détail que le
décret vous constituant ne me fait aucune
obligation de vous présenter. »
Ce geste devait porter ses fruits.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
).
T u te rends compte.
LES EMBARQUEMENTS
CLANDESTINS AUX COLONIES
Les Annales Coloniales ont eu plus d'une
fois l'occasion de signaler les embarquements
clandestins de nos braves sujets indigènes dési-
reux de vérifier par eux-mêmes les histoires
que ne manquent pas de leur raconter ceux de
leurs congénères qui, aOCe ou sans billet, ont
pu faire le voyage de France,
Ces embarquements ont soutient donné lieu
à des situations cocasses ou tragiques. Mais,
allez clope raisonner l'esprit d'aoenture ou
seulement de curiosité, lorsqu'il se trouve ai-
guisé par le merveilleux qu'un voyageur, sur-
tout indigène, ne manque jamais d'ajouter à la
vérité.
Il faut croire que l'émigration clandestine
prend parfois des proportions inquiétantes,
puisque le lieutenant-gouverneur du bénégal
oient de consulter les Chambres de Commerce
locales à son propos, et au sujet des mesures
propres à l'arrêter.
La réponse des assemblées a été que lares-
ptonsabilité des rapatriements devait incomber
au capitaine du navire, lequel a les moyens de
faire effectuer avant V appareillage une visite
générale du bord, el que des peines sévères
étaient à envisager contre les délinquants.
Mais cela suffird-t-il à arrêter le mouve-
ment?
« Voir la France et mourir » est le vœu le
plus fréquemment formulé par les rraüfs, blancs,
jaunes on noirs de nos colonies.
Il est vrai que s'y glisse le ferme espoir que
le premier terme du souhait se réalisera seul.
Et voilà Poutre raison pour laquelle il y
aura sans doute toujours des embarquements
clandestins,
P.
P.-C.-G. F.
Notre grand reportage
au Maroc
DMRMHrrAMS
FEZ OU LA CITADELLE SPIRITUELLE
DES FILS DU PROPHETE
(De notre envoyé spécial.)
Un soleil radieux nous accompagne à la
ville sainte des musulmans du Maroc. Avec
ses maisons blanchies à la chaux, ses rues
enchevêtrées, ses monuments de grand style,
ses palais et ses mosquées, ses médersas et
ses fontaines, ses marchés et ses jardins, Fez
apparaît bien comme la vraie capitale de ce
Moghreb resté si longtemps fermé à la péné-
tration européenne. Assise à cheval sur
l'Oued Fez, qui alimente à perpétuité ses
aombreuses fontaine. Fez, blottie dans le
creux d'un vallon pittoresque, et séparée du
reste du monde pal une enceinte crénelée
pourvue de tours massives et de portes mo.
[lumentales, conserve à tous les points, son
caractère médiéval. ( Depuis que Moulay-
idriss a formé cette merveilleuse cité, rien
n'a bougé ici », nous confie le professeur
Lakhdar qui détaille avec nous tous les
coins de la ville. « Les Fassis ne supporte-
raient d'ailleurs pas qu'on touche à la ville
de leurs ancêtres pour quelque motif que ce
soit. Les mœurs, les coutumes, les caractères
restent également figés dans leur éternité
médiévale. » Et pendant que notre guide, un
fin lettré qui apparaît avec sa longue toge
comme un Virgile dantesque, nous dévoile
les détails caractéristiques ou piquants de
cette société de Fez qui donne le ton à tout
le Maroc, nous évoquons les sourates savou-
reuses dans lesquelles les frères Tharaud ont
chanté les Bourgeois de l'Islam. Mais les
frères Tharaud ont-ils bien compris l'âme
des Fassis? Si « Marrakech, ou les sei-
gneurs de l'Atlas » donne une peinture
iidèle et enthousiaste de l'épopée marocaine
du Sud, par contre, <1 Fez, ou les Bourgeois
de T Islam » ironise subtilement une société
qui n'a jamais prétendu à l'universalité. Les
détails ? exacts quant au fond, mais l'es-
prit? il défigure l'élan vital de cette race fer-
mée de la capitale, qui ne désire nullement
faire son examen de conscience en public.
C'est ce que reprochent les Fassis aux frè-
res Tharaud.
Coutumes berbères
Car Fez reste toujours le centre de la pen-
sée marocaine : c'est de là que partent tous
les mouvements d'idées qui se cristallisent
finalement dans les creusets de la politique.
C'est de là, par exemple, qu'est parti l'oppo-
sition aux réformes judiciaires de la Rési-
dence, qui ont dégénéré en émeutes sanglan-
tes en 1930. L'effervescence avait éclaté à la
suite de la promulgation du Dahir du 16 mai
1930 sur la justice coutumière berbère. On
sait que l'organisation de la justice indigène
au Maroc présente un double aspect : dans
le pays où s'exerce effectivement l'autorité
du Sultan (bled-el Makhzen), le cadi qui per-
sonnifie la loi religieuse, a conservé une
grande partie de sa vaste compétence des
premiers temps de l'Islam. Et quoiqu'une
partie importante de sa compétence ait pas-
sée aux agents d'autorité, pachas et caïds, il
incarne toujoyrs la loi religieuse ou
te chraa», que la France s'est engagée à res-
pecter d'après le traité initial du protectorat.
Mais dans la partie montagneuse du Maroc,
qui constitue surtout la zone insoumise (bled-
es-Siba), les populations de pure race berbère
qui l'habitent, bien qu'elles soient musulma-
nes, n acceptent pas le chraa comme règle de
leur vie sociale. Constitués en tribus ou clans
confédérés, les berbères confient tradition-
nellement la charge de la répression des cri-
mes et délits à une assemblée de notables du
groupe (djemaa) qui agissent toujours collec-
tivement en s'inspirant des coutumes de la
tribu. Les berbères défendent si jalousement
leurs coutumes, que partout où le Sultan est
parvenu à s'implanter dans la montagne, il
a dù renoncer à imposer la loi du chraa.
Même au pays du Sous, qui s'est montré le
plus perméable à la pénétration arabe, la
loi coutumière existe dans les tribus côte à
côte' avec la loi du chraa : les nécessités des
circonstances obligeaient les musulmans or-
thodoxes à fermer les yeux sur les conflits
éventuels qui se produisaient entre ces deux
formes de justice.
Le nationalisme berbère
Telle était la situation que la France par
ses engagements du traité de 1912, devait
fixer et améliorer. La tàche n'était pas aussi
difficile dans les pays de chraa, où quelques
dahirs suffirent pour réglementer les attri-
butions des cadis, des pachas et des caïds.
Mais dans les pays berbères, il fallait bien
reconnaître et réglementer l'existence du
droit coutumier : c'est ce que fit le dahir de
1914, dont les détails furent complétés ett
fixés par celui du 16 mai 1930. C'est ce der-
nier dahir qui servit de prétexte d'agitation
Ilntifrançaise à un groupe de jeunes nationa-
listes marocains, dont les meneurs essayèrent
de provoquer des manifestations publiques à
Fez, d'ailleurs vites réprimées par l'énergi-
que pacha de la ville. Nous avons pu remar-
quer à ce sujet que la plupart de ces agita-
teurs, comme c'est le cas aux Indes et en
Egypte, sont des jeunes gens qui ont fait
leurs études en Europe. Comme aux Indes et
en Egypte aussi, cette jeunesse impatiente,
au lieu de chercher, à appliquer dans leur
pays les idées oi. !c< expériences utiles qu'ils
ont appris en Europe, cherchent plutôt à pro-
fiter de leur vernis intellectuel pour susciter
des troubles qui, en réussissant leur donne-
rait les premières places dans leur pays.
D'ailleurs, dans bien des cas, ces jeunes
gens se hâtent d'oublier leur clan nationa-
liste aussitôt qu'ils peuvent s'assurer un
poste dans l'Administration. Quant aux au-
tres, ils ne veulent pas se rendre compte
qu'on ne saurait appliquer d'emblée aux po-
pulations musulmanes les grandes idées poli-
tiques que les grandes démocraties n'ont pu
conquérir qu'après des siècles de patients ef-
forts. Inspirés et encouragés par les organi-
sations panislamistes et xénophobes existant
en pays étranger et dirigées contre toutes les
grandes puissances coloniales, les agitateurs
prétendaient que la France voulait imposer
aux Berbères un statut qui les arrachât à
Illslitm, et ce, dans le dessein très ferme de
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