Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 janvier 1932 19 janvier 1932
Description : 1932/01/19 (A33,N7). 1932/01/19 (A33,N7).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63804438
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-TROISIEME ANNEE. - No 7. - LE NUMERO : 80 CENTIMES MAHDI SOIH, W JANVIER lU..
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Réfaction & Administration,
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Les Annales Coloniales
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Auxiliaires de colonisation
> m%m <
Les sœurs de Saint-Joseph de Cluny
–-– ..8
Voilà plus de cent ans qu'à la demande
du gouvernement français les sœurs de Saint-
Joseph de Cluny sont, par toutes les formes
d'activité bienfaisante, les auxiliaires de la
France coloniale : l'esprit national de leur
fondatrice, mère Javouhey, et son cœur aus-
si, se sont prolongés, depuis trois quarts de
siècle, dans cet Institut, et ont suscité, sous
toutes les latitudes, certains types d'héroïs-
me.
Un jour de 1922, le Président du Conseil
générad de Nouméa commémorait, en un dis-
cours, une femme qui venait de succomber,
et dont il disait : 1 Avec elle disparaît une
des plus beHes figures calmmimues ib.
C'était une sœur de Saint-Joseph, sœur Mar-
tine Sonntag, alsacienne d'origine, long-
temps attachée au bagne et à l'hôpital de
Nouméa. Sœur Martine, en 1905, quand le
gouvernement colonial de là-bas eut renoncé
au concours des Sœurs, devint, dans cette
ville qui a plus de cinq kilomètres de tour,
la dépisteuse de toutes les misères ; elle de-
vint l'assidue visiteuse de la léproserie de
l'lie Duoos : elle sema, sur cette terre d'ex-
piation qu'était la Nouvelle-Calédonie, les
plus beaux germes de vie spirituelle, et de
cette miséricorde qui efface le passé et rané-
rène l'avenir.
Sur les plages glaciales de Saint-Pierro
et Miquelon, au pays de la morue, c'est
Sœur Césarine Cavaignac, une aveyronnaiso
d'origine, qui longuement travailla. Elle
passait d'interminables semaines dans un la-
zaret, sur un rocher, soignant les contagieux,
s'estiraant, disait-elle, la plus heureuse du
monde des remplir une si belle mission, où
il n'y a rien pour la nature 8. La nuit, pen-
dant que ses malades reposaient, elle prépa-
rait. sans se laisser rebuter par l'odeur nau-
----, ------ -.,.- --
séabonde dont s'imprégnaient ses vêtements,
les bidons d'huile de foie de morue dont les
Français de France avaient besoin. Un jour
de 1904, on lui fit savoir que, parce que
religieuse, elle ne pouvait plus être employée
par t'administration. Elle avait commencé
son apostolique carrière en s'occupant en
Chine du sauvetage des petits Chinois ; elle
devait l'achever en 1922 seulement en
ayant mérité," par sa sollicitude pour toutes
les misères vera lesquelles elle courait, le jo-
li nom de a Sœur Marie de tout le monde ii
que lui avait jadis donné sa Supérieure de
noviciat, en l'accueillant comme recrue.
Transportez-vous maintenant à Madagas-
car. Les Sœurs de Cluny y arrivaient dès
1861, et dans la brochure publiée en 1895,
par le P. Latappy sur leur rôle en cette
Grande Ile, nous trouvons le témoignage que
leur rendait, dès le 13 mars 1865 ,dans une
lettre à la Supérieure générale, le célèbre
consul Laborde. Il leur disait :
a Aux Sœurs, principalement, est due une
grande partie du bien qui s'opère à Mada-
gascar. Par leur zèle à instruire les jeunes
filles et leur dévouement à soigner les ma-
lades, elles ont su s'attirer la confiance, l'es-
time et l'effection de tous en général, et en
particulier de 'la Reine, qui les honore d'une
profonde sympathie. Elles prépareront les
voies à la civilisation, que les Malgaches
aveugles semblent vouloir repousser 9, Et
Laborde émettait le vœu qu'au lieu de six
Sœurs, à Tananarive, il y en eût dix-huit.
Neuf ans après l'installation des Sœurs,
- Sœur Saint-Zénaïdc, d'origine savoyarde,
part pour Madagascar. C'était en 1870, tout
de suite après, sa profession religieuse ; pen-
dant huit ans, à Tananarive, aux abords du
palais royail, elle s'occupe surtout des pau-
vres esclaves ; la voilà ensuite maîtresse des
novices, et en trouvant parmi les indigènes.
Les deux guerres successives qui mettent aux
prises la France et les Ho vas intertrompent
un instant la vie de toutes ces œuvres ; mis-
sionnaires et Sœurs doivent s'éloigner, au
prix de grands périls : les Sœurs courent le
risaue d'être vendues comme esclaves dans
les vildages ; on évalue Mère Zénaïde au prix
de quarante centimes ; finalement elle est
saine et sauve. Au moment de la seconde
guerre elle est pour nos soldats une infir-
mière admirable. Elle trouve moyen, bien
qu'originaire de la nation victorieuse, de
garder la confiance des populations malga.
ches. GaVlieni lui faisant confier tous les hô-
pitaux militaires de Madagascar : en 1905,
ils lui étaient retirés. Mais à partir de 1912,
les Sœurs indigènes affiliées à Saint- Joseph
de Cluny occupaient beaucoup l'activité de
Sœur Zénaïde : il y avait un noviciat à Am-
pohipo, qui prospérait : c'est là qu'en 1919,
Sœur Zénaïde mourait, non sans envier,
peut-être, trois de ses Soeurs qui vivaient ef-
facées et sacrifiées, au milieu des quatre-
vingt lépreux de cette léproserie de Marana
que les Sœurs de Saint-Joseph appellent le
Carinel de la Mission. On avait dit d'elle à
l'Académie en 1915 : « Christine Jay, en
religion Mère Zénaïde, est connue de toute
la colonie de Madagascar. Elle a pour ré.
pondants les généraux Duchesne, GaNimi,
Metzinger, de Torcy, Voyron, Lyautey,
Bailloud, l'amiral Bien aimé, tout ur. conseil
de guerre. Et quel conseil 1 Les ambulances,
les hôpitaux, les écoles, toutes les formes
de la charité dans la grande Hé africaine,
relèvent d'elle. Si nos colonies s'attachent si
rapidement à la France, c'est qu'aussitôt la
conquête achevée, nous leur montrons ces
femmes sublimes : car voilà notre culture ! »
Mais c'est au Congo, surtout, qu'il
convient d'observer les Filles de Mère Ja-
vouhey. Quatre Sœurs, en 1892, débarquent
à Loango, sur la demande Mgr Augouard,
pour venir prêter aide, à Brazzaville. Et
vingt-deux jours durant, il faut qu'elles
cheminent, Les voilà d'abord portées en
hamac par des noirs, secouées à ne pouvoir
respirer, souvent jetées par terre ou poussées
contre des troncs d'arbre, passant au-dessus
de précipices 8 qui les font frissonner 9, et
leurs nuits sont doublement troublées, par le
tam tam des noirs et par les attaques des
maringouins. Arrivées dans la forêt de
Mayombé, il leur faut aller à pied, il leur
faut giimper, s'accrochant aux lianes ou
aux racines, escaladant des arbres renversés.
Dans les villages qu'elles traversent, les
noirs les regardent comme des bêtes curieu-
ses, leur jettent quelques poissons secs, quel-
ques pistaches ; ils les révèrent, parce qu'on
leur a dit qu'elles sont les femmes du bon
Dieu. Nous sommes heureuses d'arriver là
où le bon Dieu nous veut, dirent-elles en
voyant Brazzaville : bientôt, un orphelinat
s'ouvre, où s'abritent les petites négresses
qu'elles ont rachetées, et, comme ces fillet-
tes, qui seront bientôt soixante, paillent di-
verses langues, les Sœurs se mettent en me-
sure de parler de toutes ces langues. EUes
s'habituent à manger de la viande d'hippo-
potame, elles bravent la variole et soignent
les vairioleux. De 1893 à 1909, l'activité
de l'une d'entre elles, Mère Marie Dédié,
est surtout celle d'une infirmière, à l'hôpital,
au dispensaire ; et dans les années ultérieu-
res, il suffira que dans le Congo sévisse une
terrible épidémie de grippe pour que Mère
Marie Dédié reprenne sa place au chevet des
malades. Mais depuis vingt ans, elle s'occu-
pe surtout de la formation des jeunes Congo-
laises ; et, malgré d'énormes difficultés -- de
recrutement qui durèrçnt jusqu'en 1917,
2.867 jeunes filles passèrent par ses mains ;
elle put marier 1.523 d'entre elles. A l'am-
vre des fiancées de Brazzaville, où il y a
d'ordinaire 110 internes, se joint une école
fréquentée par 180 fillettes de 2 à 17 ans,
appartenant à 16 tribus, et puis, dans la
brousse, l'œuvre des fiancées de Kindam-
bor. Puis, ce fut un orphelinat pour métis-
ses. Tant que vécut Mgr Augouard, cette
Sœur fut son bras droit. D'un héroïsme qui
ne reculait devant aucune difficulté, et qui
ne redoutait aucune détreasc, Mère Marie
n'eût jamais consenti, pour - un - petit bout de
manioc qui manque, à renvoyer ces petites
païennes que jadis son cœur souhaitait de
voir venir et qui maintenant affluent vers
elle, malgré les menaces d'un mari poly-
game, malgré les sortilèges qui tentent de
les détourner, malgré les malédictions d'une
famille rétive.
Après trente ans de dévouement africain,
l'Académie Française lui donnait un prix,
et M. René Bazin disait d'elle : « Elle a
cinquante-quatre ans aujourd'hui dont trente
ams d'Afrique à Dakar et à Brazzaville,
trente ans avec la race noire. Elle a une his-
toire magnifique. Elle a traversé en chan-
tant tous les dangers. Mais je ne raconterai
pas sa vie et je ne la louerai pas. Mission-
naire française, son métier est d'être héroi-
que. »
En 1927, Mère Marie était décorée : les
indigènes de Brazzaville pour s'associer à la
cérémonie, apportaient des canards, des pou-
lets, des œufs, des légumes, quatre cent cin-
quante francs recueillis franc par franc, et
quelques kilos de coton brut, don d'une vieil-
le admiratrice indigène. C'était le tribut de
la gratitude noire à J'éducatrice blanche de
toute une génération ; et l'Académie fut
fière de trouver dans la race noire, pour des
paroles jadis prononcées sous la Coupole,
des échos. aussi pittoresques, aussi fervents.
G. Goyan,
de VAcadimiê Française.
> <
Au Collège de France
Elections
Le Collège de France a procédé samedi
après-midi à l'élection de quatre nouveaux
titulaires. Ont été élus à la chaire de physique
générale et mathématique M. Léon BriUouint
professeur à la Sorbonne, en remplacement de
son père, le savant Marcel Brillouin ; à la
chaire de langue et littérature grecques, M.
Bourguet, professeur à la Sorbonne; à la
chaire de civilisation romaine (ancienne chaire
d'épiçraphie et antiquités romaines), M. AU
beitim, professeur à l'Université d'Alger, en
remplacement de M. René Cagnat, atteint par
la limite d'âge ; à la chaire d'histoire et de
philosophie du moyen âge, M. Etienne Gil-
son, professeur à la Sorbonne. --
Avant de devenir officielles, ces proposi-
tions doivent être soumises à l'agrément du
ministre de l'Instruction publique.
> +. (
A l'école pratique
des Hautes-Etudes
A la chaire linguistique africaine
Mlle L. Homburger a été nommée à la
chaire de linguistique africaine qui vient
d'être créée à l'Ecole pratique des hautes
études.
NON 1
n'abandonnons pas l'Asie
1
CAILLAUX, en un
nécent article,
faru dans une
feuille financiè-
re, remet à la
mode la vieille
rengaine d'Oné-
sime Reclus, qui
fut si chère aux
an ti - coloniaux
de la dernière
Période du dix-
neuvième siècle :
« Lâchons l'Asie, gardons VAfrique ».
Depuis trente-trois ans, les Annales Colo-
niales n'ont pas cessé d'exprimer leur ofi-
nion sur cette question vitale. Vensemble de
tous les pays sur lesquels flottent les cou-
teurs de la France forme un tout qui est,
aujourd'hui, partie intégrante de la Nation.
Il est aussi inadmissible d'envisager la ces-
sion de notre admirable empire d'Extrême-
Asie, objet de tant de convoitises, que de
vendre les Antilles aux Etats-Unis ou de ren-
dre la Guyenne et sa capitale Bordeaux au
roi d1 Angleterre.
La guerre de 1914 a placé l'idée colonia-
le sur un plall nouveau. Nos. France 1 d'ou-
tre-mer ne sont plus des marchandises dans
le commerce international et la pensée de
« céder ainsi comme un simple bétail » vingt
mil/iolls d'êtres humains est une mOtlstruo-
sité.
A l'heure de la Patrie en dallgCT, en appe-
lant ses protégés à la défense des frolrfiè-
res, la Métropole n'a pas enrôlé des merce-
naires, elle a mobilisé. ses enfants colo-
niaux P. Maintenant, il nous est interdit, à
moins de commettre un odieux sacrilège « et
une mauvaise affaire du plus barbare ana-
chronisme 9, de vendre ou d'abandonner
l'Indochine.
Du reste, ce lde/lage, comme on l'a déjà
répété souvent, serait impossible en droit
strict. Car, si, en Extrême-Asie, des Etats
comme la Cochinchine sont a des colonies »
dont le territoire nous appartient, par contre
l'Annam et le Cambodge sont des pays pro-
tégés avec lesquels nous avons conclu des
traités de protectorat qui lient entièrement
nos droits et notre pouvoir. La France peut-
elle traiter ses engagements de chiffons de
papier 1. -.
Ainsi, ni juridiquement, ni moralement
nous n'avons la faculté de ldeher l'Asie.
N'oublions pas non plus, que par notre
prise de possession coloniale, nous avons
assumé la tutelle de populations attardées
qui sont encore incapables de se diriger seu-
les, sans aide, sans guide, à travers les dif-
ficultés sans cesse grandissantes de la poli-
tique internationale et de se défendre dans
l'âpre lutte économique que se livrent les
Etats modernes.
Cochittchinc, Cambodge, Annarn, Totlki",
Laos, sont un bloc puissant sous l'humaine
discipline de la France. Si cette unité tuté-
laire disparaissait, l'Indochine s'écroulerait,
divisée une fois de plus par l'anarchie féo-
dale.
Que nous marchions vers les sommets ott
vers les abîmcs, quels que soient les résultats
de la grandissante inquiétude de notre épo-
que, le devoir dans U présent est nettement
tracé : gardons l'Asie. C'est le plus sacrc,
le plus passionnant des devoirs.
Et nous n'avons pas plaidé la cause des
intérêts matériels 1
Au point de vue économique, VIndochine
constitue un pur joyau. Ce n'est fas au mo-
ment où les grands marchés monaiaux se ré-
tractent devant le commerce métropolitain,
que nous devons agita le projet néfaste,
inouï COlltre-Selts, de nous supprimer les pos-
sibilités d'un débouché de vingt titillions de
consommateurst
Gardons jalousement, avec une vigilance
sans cesse en éveil, ce magnifique foyer de
rayonnement français, notre sentinelle avan-
cée en Extrême-Orient.
Gardons le plus beau des domaines colo-
niaux de la brance.
Marcel Raedel.
> (
Et les administrateurs en chef ?
-–
La promotion des administrateurs des colo-
nies va paraître au Journal Officiel de ce jour.
Nous la publions d'autre part. On s'étonnera
seulement que ne figurent pas dans cette liste
les administrateurs en chef des colonies.
> e.. (
Un incident as Conseil Général
de la Réunion
Dans sa séance du 27 novembre, le Conseil
général, appelé à examiner le budget du che-
min de fer et du Port, rattaché au budget
local et devant être « délibéré dans les mêmes
formes » que celui-ci, s'est étonné que le di-
recteur de cet organisme ait persisté à présen-
ter à r Assemblée locale un document sur le-
quel ne peut s'exercer utilement son contrôle
et a refusé, dans ces conditions, de voter ledit
budget.
Le conflit qui vient d'éclater entre le
Conseil général et le Directeur du C. P R
va être évolué par le ministre des Colonies à
l'occasion d une demande de prolongation de
Il séjour faite par M. Petieu « en vue d'assister
à la prochaine session de FAMemMee M
M. jivaion va qnltter
Plllllcb.,
-––
C'est fini, c'est décidé 1 M. Juvanon ne
sévira plus à Pondichéry, Il sera en France
le mois prochain.
Le rapport de M. Moretti, inspecteur des
Colonies, envoyé dans les Etablissements fran-
çais de l'Inde pour contrôler la gestion admi-
nistrative de M. Adrien Juvanon, est arrivé
à Paris il y a environ quinze jours. Il est
foimel et catégorique. Il signale de nombreux
méfaits à la charge du Gouverneur de "Inde
et de certains de ses subordonnés. M. Mo-
retti préconise en outre un nettoyage complet
de l'Administration française dans l'Inde, en
commençant par la - tête. -
Déjà, des pieds et des mains sont faits en
faveur de M. Bouge, actuellement chargé de
l'intérim du gouvernement de la Guyane pour
qu'il aille à Pondichéry, où, avant d être
nommé Gouverneur des colonies, il fut, en
qualité de chef du Bureau des Finances, le
plus actif et le plus dévoué des agents élec-
toraux de son camarade de lycée, M. le sé-
nateur Le Moignic.
Nous connaissons trop l'esprit clairvoyant
de M. Paul Reynaud pour être assuré qu'il
aura la préoccupation d'envoyer dans "Inde
française' des fonctionnaires qui, par leur sé-
jour antérieur dans cette colonie, ne pourront
être soupçonnés d'avoir été inféodés à un
quelconque parti politique et parfaitement
aptes aussi à assurer une administration saine
dans l'intérêt commun de l'Inde et de la Mé-
tropole.
"-- f
N. Carde en inspection
A Tamanrasset
M. Carde a inauguré à Tamanrasset l'Ob-
servatoire de météorologie et de physique du
o II était allé auparavant s incliner sur
es tombes du général Laperrine et du père
Charles de Fopcauld.
A Tit
Parti samedi matin pour Iniker, M. Carde
est arrivé à 10 heures au village de Tit où il
a inauguré la plaque commémorative du
combat livré en 1902 par le lieutenant Cotte-
nest aux louareg du Honar. qui provoqua
aussitôt la soumission de ces derniers. La pla.
que telatant ce glorieux fait d'armes a été
fixée à un rocher.
Le Gouverneur général a parcouru le champ
de bataille sur lequel se remarquent encore de
nombreux ossements de méharis et s'est fait
expliquer les différentes phases du combat.
- Uhe dMMon de Ué, de thé et dé sucré
a été faite ensuite aux nécessiteux du village.
M. Carde est arrivé au bordj Arak samedi
à 15 h, 30,
là 1 S h.\ 30. A In Salah
Le Gouverneur général Carde a lonsue-
ment visité à ln Salah, le poste de la palme-
raie d'ln Salah. Il a été salué par le colonel
Weiss arrivé à 11 heures à In Salah avec ses
trois avions, d'Alger, par EJ Goléa où il a re-
trouvé les trois appareils venant de Tamanras-
set, sous le commandement du commandant de
Turenne. La concentration des six avions a été
ainsi effectuée dans le Sahara dans des condi-
tions remarquables.
Le Gouverneur général est parti ce matin à
8 heures pour El Goléa.
M. Manceron
dans le Sud tunisien
Retour à Tunis
M. Manceron a visité vendredi pour la
première fois Kebill, à 130 kilomètres à
l'ouest de Gabès. Après la présentation des
notables, M. Manceron a visité l'infirmerie,
Il Goutte de Lait et le marché, et s'est rendu,
dans l'après-midi, aux sources de Mansourah
et aux palmeraies de l'oued Melah.
Après cette randonnée d'une semaine dans
l'extrente-sud tunisien, le Résident général a
regagné Tunis. Ce voyage, rendu extrêmement
pénible par l'état des pistes, a été cependant
effectué avec une célérité remarquable. M.
Manceron s'est déclaré enchanté de cette tour-
née qui lui a permis, entre autres constatation.,
d'apprécier l'importance des forages artésiens
qui sont en voie de transformer littéralement
les régions des Netzaoua et du Ujend, en
remplaçant le désert par des oasis admirable-
ment cultivées.
Il a suivi avec un très vif intérêt les résultats
de la lutte entreprise pour sauvegarder la po-
pulation d'une affection grave : le trachome,
qui entraîne, pour de nombreux indigènes, la
perte de la vue.
) .+ <
Nos écrivains
en Afrique du Mord
mon
M. Roland Dorgelès, de l'Académie Con-
court, a quitté Marseille hier. allant en Tu-
ni sie.
A un rédacteur du Petit Marseillais, l'au-
teur des Croix de bois et du Château des
brouillards a confié qu'il pensait écrire une
étude sur les milieux journalistiques : Dernière
Heure ; un roman satirique, très gai : La pe-
tite pFÜon. et une œuvre d'anticipation : De-
main.
) :
U mission Sixte de Boorbon
mon
Costes se rencontrera avec la mission
La portion de la mission transsahariennc
du prince Sixte de Bourbon à la tête de la
quelle se trouve M. de Neufbourg, a fait
un nouveau bond en avant, avec ses camion-
nettes commerciales Delahaye à quatre
roues. Costes fait ses préparatifs pour la
rejoindre par la voie «les airs. 8
La route de Tizi-Ougdzour
dans l'Atlas marocain est terminée
On vient de terminer dans l'Atlas, au col
du Tizi-Ougdzour, la route la plus haute de
l'ancien continent. Cette route, qui se trouve
dans la région de Taroudant, passe à une alti-
tude de 2.645 mètres, et seule une route du
Chili, à 2.870 mètres, est plus élevée que
cette dernière.
On croit que cette nouvelle route sera offi-
ciellement inaugurée sous peu. ,
(
M. Antonetti
en voyage d'inspection
i
Le Gouverneur général Antonetti s' est em-
barqué mardi sur le steamer Pruynet pour une
tournée dans le nord de la colonie du Moyen-
Congo, où il étudiera personnellement les ré-
percussions de la crise économique, puis il
visitera l'Oubangui-Chari et le Tchad, où il
arrêtera avec les Gouverneurs un programme
d'action. De Bangui, il rayonnera en auto
dans diverses régions, profitant d'un réseau de
routes très serré. Il se disposait à se rendre à
Abéché et dans la région du Ouadaï, qui
eussent ainsi reçu pour la première fois la vi-
site du chef de la Fédération ; mais M. Paul
Reynaud, ministre des Colonies, a estimé que
les circonstances ne permettaient pas au Gou-
verneur général de l'Afrique Eauatoriale fran-
aise une si longue absence de Brazzaville.
Pendant la tournée administrative de M. An-
tonetti, l'expédition des affaires courantes sera j
assurée par le Gouverneur Alfassa.
) (
On voyage en avion en A.E.F.
i
L'avion Sabena a emporté de Pointe-Noire
plusieurs passagers français dont le Gouver-
neur du Moyen-Congo^ M. Masson de Saint-
Félix.
) (
, Dans la diplomatie
- 1 e
Au Congo
L'exéquatur a été accordé au Consul de Bel-
gique à Brazzaville. M. de Ram.
> ..- <
Lejretoir de h mission touristique
du Touring-Clnb
Le voyage de propagande touristique or.
ganisé par le Touring-ulub de France d'Al-
ger à Konakrv, à travers le Sud Algérien,
le Sahara et l'Afrique Occidentale fran-
çaise, est sur le point de prendre fin.
Le premier groupe est de retour à Bordeaux
et le second est attendu à Alger.
Mort du Gouverneur Poiret
Nous apprenons avec une émotion que par-
tageront tous les Africains, la mort de M.
Georges Poiret, gouverneur des Colonies,
commandant de la Légion d'honneur, décédé
en son domicile à Paris, 8, tue Philibert-De-
lorme.
M. Georges Poiret avait dû se résigner, il
y a dix-huit mois, à abandonner la direction
de la Guinée française, colonie à laquelle il
avait donné le meilleur de lui-même avec une
activité, une vigueur d intelligence et une
ténacité qui assurent la durée de son œuvre
africaine. Le réseau des routes, méthodique-
ment construit et poursuivi d'année en année,
la diffusion parmi les agriculteurs indigènes de
l' emploi de la charrue, un effort qu'aucune
difficulté n'a rebuté pour assurer aux planteurs
de bananes de sa colonie des moyens régu-
liers d'exportation, ce programme a permis à
la Guinée de prendre sa place toute sa
place dans l'économie de l'Afrique occi-
dentale française.
La carrière coloniale de Georges Poiret
avait été, d'ailleurs, des plus brillantes. Chef
de cabinet du Résident général à Madagascar,
administrateur des - Colonies, - chef de - cabinet
de M. Augagneur, Gouverneur général de la
Grande lie, secrétaire général des Colonies,
Chevalier de la Légion d'honneur, Gouver-
neur le 16 octobre 1916, fait officier de la
Légion d'honneur au lendemain des opérations
du recrutement des troupes noires de 1918,
l'éminent fonctionnaire avait été promu com-
mandant de la Légion d'honneur le 30 avril
1926.
M. Poiret, atteint d'une grave maladie.
avait opposé à la souffrance un remarquable
stoïcisme et avait voulu quand même reprendre
son poste colonial, M. Pietri, sur l'avis des
médecins, l'avait à ce moment appelé au se-
crétariat général du Conseil supérieur des Co-
lonies.
Les obsèques de l'ancien Gouverneur de la
Guinée auront lieu mercredi 20 courant à
Il h. 15, au cimetière du Père-Lachaise.
>-ffl*q> <
Modernisme
Les habitants de Tananarive se plaignent
du prix du pain, qui atteignait 3 francs le
kilo, le maire de la plus grande ville de
Madagascar vient de le taxer > tr. 50, et
cet exemple a été suivi par le maire de Ma-
junga. Nos colons et les Malgaches récla-
ment également la taxation du prix de la
viande. Enfin, les habitants des grandes
villes malgaches commencent à se plain-
dre des automobilistes trop bruyants et trop
rapides, et réclament eux aussi. des passa-
des cloutés et des sens uniques !
Notre action au Maroc
l' «
Brillante victoire
diplomatique et militaire
L'OCCUPATION DU TAFILALET
Telle est la grande, l'heureuse nouveHe!
La France au Maroc vient de franchir une
étape définitive grâce aux méthodes politi-
ques et militaires, à l'action énergique et
persévérante, combien prudente, de M. Lu-
cien Saint.
« Le Tafilalet, berceau de la dissidence
et centre de fanatisme, a été occupé hier
par nos troupes. Il
Il faut que tous les Français sachent
qu'une telle annonce signifie : la sécurité
assurée, l'horizon éclairci dans l'un des plus
magnifiques domaines de notre Empire co-
lonial, le ralliement de trente mille tentes
environ 150 âmes!
Pourquoi il fallait occuper le Tafilalet ?
Le Tafilalet est une importante oasis,
d'environ 20 kilomètres de long sur 15 de
large qui s'étend au Sud du poste d'Erfoud.
sur les deux vallées parallèles du Zig et du
Gneris très rapprochées à cet endroit.
Cette oasis, bordée au Sud par le désert
saharien est adossée à l'Ouest au massif du
Djebel Sarro, et à l'Est au plateau pierreux
de la Naumada qui la sépare de la vallée
algérienne du Gir. Elle est extrêmement
peuplée; on y compte une centaine de
ksours environ, qui réuniraient un total de
près de 80.000 habitants. Ceux-ci laborieux
et pacifiques par nature, s'adonnent au com-
merce, à la culture des dattes et de l'orge
et fournissent des contingents nombreux de
ttavailleurs qui trouvent à s'employer dain
le Xord du Maroc, au cours de la belli'
saison.
Politiquement les ksours du Tafilalet se.
répartissent en un ceitain nombre de dis-
tricts administrés chacun par une djemaa.
En réalité, ces districts se trouvaient dans
l'ohédicllcc, les uns de la Confédération
nomade des Ait Atta (fraction des Ait
Khebbach) dont les terrains de parcours
s'étendent sur le Djebbel Sarro, jusqu'au
Dades et au Draa, les autres de la Confé-
dération des Ait Yafelmun (fraction des Ait
Moghad) qui nomadise au Xord de la cou-
lée du Ferkla.
Au Tafilalet même, l'agitateur Uclga-
cem N Gadi? s appuyant très habilement sur
ces deux tribus, pourtant rivales, était par-
venu à imposer une sorte d'autorité arbi-
trale par les moyens de force qu'il avait su
réunir autour de lui, et avec l'aide intéres-
sée des Aït Hammou (fraction des Aït Tse-
louchen dissidents). Ces derniers qui tirent
exclusivement leurs moyens d'existence du
brigandage, ont toujours été les anima-
teurs des djiotich qui ont fait peser si long-
temps une lourde hypothèque d'insécurité
sur les communications transsahariennes al-
gériennes et sur l'ensemble du territoire ma-
rocain du Sud.
La question du Taiilalet
Territorialement l'oasi du Tafilalet d'où
est originaire la dynastie régnante est spé.
cifiquement marocaine. Elle s'oune et se
déverse économiquement vers le X onl du
Maroc et par les vallées du Zig et du
Ghéri.
Un khalifat du sultan y exerçait jusqu'en
1917 un commandement « purement nominal
et sollicitait vivement notre installation
pour renforcer son autorité. Cédant à ses
instances l'occupation fut décidée en 1917.
Jusque-là le général Lyautey sollicité par
d'autres problèmes avait reculé devant la
faiblesse de ses moyens et les répercussions
insoupçonnées qu'une pareille occupation
pouvait entraîner. Ses craintes étaient justi-
fiées car notre installation réalisée cepen-
dant sans coup férir, déclancha une insur-
rection générale de toutes les Confédéra-
tions musulmanes unies pour la circons-
tance. 11 fallut évacuer l'oasis après une
série d'opérations très dures conduites par
le général Posymirou avec de puissants
moyens, et limiter notre occupation a Er-
foud.
Depuis cette l-pullue, les incursions san-
glantes des djiouch, ont appelé l'attention
à différentes reprises, sur la question du
Tafilalet. On a pu croire pendant très long-
temps que la sécurité des confins et celle des
communications du Guir, dépendaient uni-
quement de la prise de cette oasis, qu'une
opinion publique mal avertie, considéiait
comme la seule place d'armes et le refuge
de tous les fauteurs de trouble.
Il n'en était rien, car le développement
de notre réseau de surveillance sur la
llammada et l'investissement plus serré des
lisières de la palmeraie, que l'institution du
commandement unique des Confins algero-
marocains a permis de réaliser rapidement,
eurent pour effet immédiat de faire utiliser
par les djiouch, comme bases de leurs
opérations de brigandagc, les oasis du Ché-
ris, du Ferkla et de Taouz.
D'ailleurs une occupation prématurée du
Tafilalet, n'aurait pas manqué de provoquer
une réaction violente et certainement meur-
trière des tribus suzeraines Ait Moghad et
Ait Khebbach, et de déterminer un mouve-
ment semblable à celui de nji3. Au surplus,
cette action dans le cas probable où elle hC-
rait pai venue a vaincre les résistances eût,
sans aucun doute, amené l'exode des élé-
ments de tiouble vers les vallées du Dadès
et du Draa, alors insuffisamment organisées
pour leur défense, et c réé dans ces régions
un renversement de la situation politique,
aussi préjudiciable, sinon plus à nos int.
îêts, qii-ï l'état de dissidence du Tatilalel.
C'est pour ces raisons, que le. Gouvcrne-
ment du Protectorat n'avait pas répondu
plus tôt aux appels fréquents des ksouriens,
et avait poursuivi l'exécution d'un large
plan de pénétration, dont l'un des résultats
escomptés devait être de créer une situation
favorable à l'occupation du Tatilalct.
Le développement de ce plan se pouisuit
en 1931 dans les conditions que l'on con-
naît ;
L'oasis de Taouz, centre important de
nomadisation des Ait Khchhach, est occupée
en février, et relire bientôt à Erfoud par
le poste d'El Haroun, qui permet une sur-
veillance plus efficace de la lisière Est du
Tafilalet.
Du rote du Dadès et du Todgha, la piste
1- < 1 JOttRNALJNJOTIOIEN 1
Réfaction & Administration,
a -
PARIS W
lllira. 1 bOUVRB 1MT
- MMNELIEU
I l 1, 0
Les Annales Coloniales
LM MMMMMM et réclame» ion! MfMM M
turtau du Journal. ,
DmtCTEUR.FONOATSUII : Mapeol RUEDEL
Tout les articles publM, dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES CoLONIALU.
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Auxiliaires de colonisation
> m%m <
Les sœurs de Saint-Joseph de Cluny
–-– ..8
Voilà plus de cent ans qu'à la demande
du gouvernement français les sœurs de Saint-
Joseph de Cluny sont, par toutes les formes
d'activité bienfaisante, les auxiliaires de la
France coloniale : l'esprit national de leur
fondatrice, mère Javouhey, et son cœur aus-
si, se sont prolongés, depuis trois quarts de
siècle, dans cet Institut, et ont suscité, sous
toutes les latitudes, certains types d'héroïs-
me.
Un jour de 1922, le Président du Conseil
générad de Nouméa commémorait, en un dis-
cours, une femme qui venait de succomber,
et dont il disait : 1 Avec elle disparaît une
des plus beHes figures calmmimues ib.
C'était une sœur de Saint-Joseph, sœur Mar-
tine Sonntag, alsacienne d'origine, long-
temps attachée au bagne et à l'hôpital de
Nouméa. Sœur Martine, en 1905, quand le
gouvernement colonial de là-bas eut renoncé
au concours des Sœurs, devint, dans cette
ville qui a plus de cinq kilomètres de tour,
la dépisteuse de toutes les misères ; elle de-
vint l'assidue visiteuse de la léproserie de
l'lie Duoos : elle sema, sur cette terre d'ex-
piation qu'était la Nouvelle-Calédonie, les
plus beaux germes de vie spirituelle, et de
cette miséricorde qui efface le passé et rané-
rène l'avenir.
Sur les plages glaciales de Saint-Pierro
et Miquelon, au pays de la morue, c'est
Sœur Césarine Cavaignac, une aveyronnaiso
d'origine, qui longuement travailla. Elle
passait d'interminables semaines dans un la-
zaret, sur un rocher, soignant les contagieux,
s'estiraant, disait-elle, la plus heureuse du
monde des remplir une si belle mission, où
il n'y a rien pour la nature 8. La nuit, pen-
dant que ses malades reposaient, elle prépa-
rait. sans se laisser rebuter par l'odeur nau-
----, ------ -.,.- --
séabonde dont s'imprégnaient ses vêtements,
les bidons d'huile de foie de morue dont les
Français de France avaient besoin. Un jour
de 1904, on lui fit savoir que, parce que
religieuse, elle ne pouvait plus être employée
par t'administration. Elle avait commencé
son apostolique carrière en s'occupant en
Chine du sauvetage des petits Chinois ; elle
devait l'achever en 1922 seulement en
ayant mérité," par sa sollicitude pour toutes
les misères vera lesquelles elle courait, le jo-
li nom de a Sœur Marie de tout le monde ii
que lui avait jadis donné sa Supérieure de
noviciat, en l'accueillant comme recrue.
Transportez-vous maintenant à Madagas-
car. Les Sœurs de Cluny y arrivaient dès
1861, et dans la brochure publiée en 1895,
par le P. Latappy sur leur rôle en cette
Grande Ile, nous trouvons le témoignage que
leur rendait, dès le 13 mars 1865 ,dans une
lettre à la Supérieure générale, le célèbre
consul Laborde. Il leur disait :
a Aux Sœurs, principalement, est due une
grande partie du bien qui s'opère à Mada-
gascar. Par leur zèle à instruire les jeunes
filles et leur dévouement à soigner les ma-
lades, elles ont su s'attirer la confiance, l'es-
time et l'effection de tous en général, et en
particulier de 'la Reine, qui les honore d'une
profonde sympathie. Elles prépareront les
voies à la civilisation, que les Malgaches
aveugles semblent vouloir repousser 9, Et
Laborde émettait le vœu qu'au lieu de six
Sœurs, à Tananarive, il y en eût dix-huit.
Neuf ans après l'installation des Sœurs,
- Sœur Saint-Zénaïdc, d'origine savoyarde,
part pour Madagascar. C'était en 1870, tout
de suite après, sa profession religieuse ; pen-
dant huit ans, à Tananarive, aux abords du
palais royail, elle s'occupe surtout des pau-
vres esclaves ; la voilà ensuite maîtresse des
novices, et en trouvant parmi les indigènes.
Les deux guerres successives qui mettent aux
prises la France et les Ho vas intertrompent
un instant la vie de toutes ces œuvres ; mis-
sionnaires et Sœurs doivent s'éloigner, au
prix de grands périls : les Sœurs courent le
risaue d'être vendues comme esclaves dans
les vildages ; on évalue Mère Zénaïde au prix
de quarante centimes ; finalement elle est
saine et sauve. Au moment de la seconde
guerre elle est pour nos soldats une infir-
mière admirable. Elle trouve moyen, bien
qu'originaire de la nation victorieuse, de
garder la confiance des populations malga.
ches. GaVlieni lui faisant confier tous les hô-
pitaux militaires de Madagascar : en 1905,
ils lui étaient retirés. Mais à partir de 1912,
les Sœurs indigènes affiliées à Saint- Joseph
de Cluny occupaient beaucoup l'activité de
Sœur Zénaïde : il y avait un noviciat à Am-
pohipo, qui prospérait : c'est là qu'en 1919,
Sœur Zénaïde mourait, non sans envier,
peut-être, trois de ses Soeurs qui vivaient ef-
facées et sacrifiées, au milieu des quatre-
vingt lépreux de cette léproserie de Marana
que les Sœurs de Saint-Joseph appellent le
Carinel de la Mission. On avait dit d'elle à
l'Académie en 1915 : « Christine Jay, en
religion Mère Zénaïde, est connue de toute
la colonie de Madagascar. Elle a pour ré.
pondants les généraux Duchesne, GaNimi,
Metzinger, de Torcy, Voyron, Lyautey,
Bailloud, l'amiral Bien aimé, tout ur. conseil
de guerre. Et quel conseil 1 Les ambulances,
les hôpitaux, les écoles, toutes les formes
de la charité dans la grande Hé africaine,
relèvent d'elle. Si nos colonies s'attachent si
rapidement à la France, c'est qu'aussitôt la
conquête achevée, nous leur montrons ces
femmes sublimes : car voilà notre culture ! »
Mais c'est au Congo, surtout, qu'il
convient d'observer les Filles de Mère Ja-
vouhey. Quatre Sœurs, en 1892, débarquent
à Loango, sur la demande Mgr Augouard,
pour venir prêter aide, à Brazzaville. Et
vingt-deux jours durant, il faut qu'elles
cheminent, Les voilà d'abord portées en
hamac par des noirs, secouées à ne pouvoir
respirer, souvent jetées par terre ou poussées
contre des troncs d'arbre, passant au-dessus
de précipices 8 qui les font frissonner 9, et
leurs nuits sont doublement troublées, par le
tam tam des noirs et par les attaques des
maringouins. Arrivées dans la forêt de
Mayombé, il leur faut aller à pied, il leur
faut giimper, s'accrochant aux lianes ou
aux racines, escaladant des arbres renversés.
Dans les villages qu'elles traversent, les
noirs les regardent comme des bêtes curieu-
ses, leur jettent quelques poissons secs, quel-
ques pistaches ; ils les révèrent, parce qu'on
leur a dit qu'elles sont les femmes du bon
Dieu. Nous sommes heureuses d'arriver là
où le bon Dieu nous veut, dirent-elles en
voyant Brazzaville : bientôt, un orphelinat
s'ouvre, où s'abritent les petites négresses
qu'elles ont rachetées, et, comme ces fillet-
tes, qui seront bientôt soixante, paillent di-
verses langues, les Sœurs se mettent en me-
sure de parler de toutes ces langues. EUes
s'habituent à manger de la viande d'hippo-
potame, elles bravent la variole et soignent
les vairioleux. De 1893 à 1909, l'activité
de l'une d'entre elles, Mère Marie Dédié,
est surtout celle d'une infirmière, à l'hôpital,
au dispensaire ; et dans les années ultérieu-
res, il suffira que dans le Congo sévisse une
terrible épidémie de grippe pour que Mère
Marie Dédié reprenne sa place au chevet des
malades. Mais depuis vingt ans, elle s'occu-
pe surtout de la formation des jeunes Congo-
laises ; et, malgré d'énormes difficultés -- de
recrutement qui durèrçnt jusqu'en 1917,
2.867 jeunes filles passèrent par ses mains ;
elle put marier 1.523 d'entre elles. A l'am-
vre des fiancées de Brazzaville, où il y a
d'ordinaire 110 internes, se joint une école
fréquentée par 180 fillettes de 2 à 17 ans,
appartenant à 16 tribus, et puis, dans la
brousse, l'œuvre des fiancées de Kindam-
bor. Puis, ce fut un orphelinat pour métis-
ses. Tant que vécut Mgr Augouard, cette
Sœur fut son bras droit. D'un héroïsme qui
ne reculait devant aucune difficulté, et qui
ne redoutait aucune détreasc, Mère Marie
n'eût jamais consenti, pour - un - petit bout de
manioc qui manque, à renvoyer ces petites
païennes que jadis son cœur souhaitait de
voir venir et qui maintenant affluent vers
elle, malgré les menaces d'un mari poly-
game, malgré les sortilèges qui tentent de
les détourner, malgré les malédictions d'une
famille rétive.
Après trente ans de dévouement africain,
l'Académie Française lui donnait un prix,
et M. René Bazin disait d'elle : « Elle a
cinquante-quatre ans aujourd'hui dont trente
ams d'Afrique à Dakar et à Brazzaville,
trente ans avec la race noire. Elle a une his-
toire magnifique. Elle a traversé en chan-
tant tous les dangers. Mais je ne raconterai
pas sa vie et je ne la louerai pas. Mission-
naire française, son métier est d'être héroi-
que. »
En 1927, Mère Marie était décorée : les
indigènes de Brazzaville pour s'associer à la
cérémonie, apportaient des canards, des pou-
lets, des œufs, des légumes, quatre cent cin-
quante francs recueillis franc par franc, et
quelques kilos de coton brut, don d'une vieil-
le admiratrice indigène. C'était le tribut de
la gratitude noire à J'éducatrice blanche de
toute une génération ; et l'Académie fut
fière de trouver dans la race noire, pour des
paroles jadis prononcées sous la Coupole,
des échos. aussi pittoresques, aussi fervents.
G. Goyan,
de VAcadimiê Française.
> <
Au Collège de France
Elections
Le Collège de France a procédé samedi
après-midi à l'élection de quatre nouveaux
titulaires. Ont été élus à la chaire de physique
générale et mathématique M. Léon BriUouint
professeur à la Sorbonne, en remplacement de
son père, le savant Marcel Brillouin ; à la
chaire de langue et littérature grecques, M.
Bourguet, professeur à la Sorbonne; à la
chaire de civilisation romaine (ancienne chaire
d'épiçraphie et antiquités romaines), M. AU
beitim, professeur à l'Université d'Alger, en
remplacement de M. René Cagnat, atteint par
la limite d'âge ; à la chaire d'histoire et de
philosophie du moyen âge, M. Etienne Gil-
son, professeur à la Sorbonne. --
Avant de devenir officielles, ces proposi-
tions doivent être soumises à l'agrément du
ministre de l'Instruction publique.
> +. (
A l'école pratique
des Hautes-Etudes
A la chaire linguistique africaine
Mlle L. Homburger a été nommée à la
chaire de linguistique africaine qui vient
d'être créée à l'Ecole pratique des hautes
études.
NON 1
n'abandonnons pas l'Asie
1
CAILLAUX, en un
nécent article,
faru dans une
feuille financiè-
re, remet à la
mode la vieille
rengaine d'Oné-
sime Reclus, qui
fut si chère aux
an ti - coloniaux
de la dernière
Période du dix-
neuvième siècle :
« Lâchons l'Asie, gardons VAfrique ».
Depuis trente-trois ans, les Annales Colo-
niales n'ont pas cessé d'exprimer leur ofi-
nion sur cette question vitale. Vensemble de
tous les pays sur lesquels flottent les cou-
teurs de la France forme un tout qui est,
aujourd'hui, partie intégrante de la Nation.
Il est aussi inadmissible d'envisager la ces-
sion de notre admirable empire d'Extrême-
Asie, objet de tant de convoitises, que de
vendre les Antilles aux Etats-Unis ou de ren-
dre la Guyenne et sa capitale Bordeaux au
roi d1 Angleterre.
La guerre de 1914 a placé l'idée colonia-
le sur un plall nouveau. Nos. France 1 d'ou-
tre-mer ne sont plus des marchandises dans
le commerce international et la pensée de
« céder ainsi comme un simple bétail » vingt
mil/iolls d'êtres humains est une mOtlstruo-
sité.
A l'heure de la Patrie en dallgCT, en appe-
lant ses protégés à la défense des frolrfiè-
res, la Métropole n'a pas enrôlé des merce-
naires, elle a mobilisé. ses enfants colo-
niaux P. Maintenant, il nous est interdit, à
moins de commettre un odieux sacrilège « et
une mauvaise affaire du plus barbare ana-
chronisme 9, de vendre ou d'abandonner
l'Indochine.
Du reste, ce lde/lage, comme on l'a déjà
répété souvent, serait impossible en droit
strict. Car, si, en Extrême-Asie, des Etats
comme la Cochinchine sont a des colonies »
dont le territoire nous appartient, par contre
l'Annam et le Cambodge sont des pays pro-
tégés avec lesquels nous avons conclu des
traités de protectorat qui lient entièrement
nos droits et notre pouvoir. La France peut-
elle traiter ses engagements de chiffons de
papier 1. -.
Ainsi, ni juridiquement, ni moralement
nous n'avons la faculté de ldeher l'Asie.
N'oublions pas non plus, que par notre
prise de possession coloniale, nous avons
assumé la tutelle de populations attardées
qui sont encore incapables de se diriger seu-
les, sans aide, sans guide, à travers les dif-
ficultés sans cesse grandissantes de la poli-
tique internationale et de se défendre dans
l'âpre lutte économique que se livrent les
Etats modernes.
Cochittchinc, Cambodge, Annarn, Totlki",
Laos, sont un bloc puissant sous l'humaine
discipline de la France. Si cette unité tuté-
laire disparaissait, l'Indochine s'écroulerait,
divisée une fois de plus par l'anarchie féo-
dale.
Que nous marchions vers les sommets ott
vers les abîmcs, quels que soient les résultats
de la grandissante inquiétude de notre épo-
que, le devoir dans U présent est nettement
tracé : gardons l'Asie. C'est le plus sacrc,
le plus passionnant des devoirs.
Et nous n'avons pas plaidé la cause des
intérêts matériels 1
Au point de vue économique, VIndochine
constitue un pur joyau. Ce n'est fas au mo-
ment où les grands marchés monaiaux se ré-
tractent devant le commerce métropolitain,
que nous devons agita le projet néfaste,
inouï COlltre-Selts, de nous supprimer les pos-
sibilités d'un débouché de vingt titillions de
consommateurst
Gardons jalousement, avec une vigilance
sans cesse en éveil, ce magnifique foyer de
rayonnement français, notre sentinelle avan-
cée en Extrême-Orient.
Gardons le plus beau des domaines colo-
niaux de la brance.
Marcel Raedel.
> (
Et les administrateurs en chef ?
-–
La promotion des administrateurs des colo-
nies va paraître au Journal Officiel de ce jour.
Nous la publions d'autre part. On s'étonnera
seulement que ne figurent pas dans cette liste
les administrateurs en chef des colonies.
> e.. (
Un incident as Conseil Général
de la Réunion
Dans sa séance du 27 novembre, le Conseil
général, appelé à examiner le budget du che-
min de fer et du Port, rattaché au budget
local et devant être « délibéré dans les mêmes
formes » que celui-ci, s'est étonné que le di-
recteur de cet organisme ait persisté à présen-
ter à r Assemblée locale un document sur le-
quel ne peut s'exercer utilement son contrôle
et a refusé, dans ces conditions, de voter ledit
budget.
Le conflit qui vient d'éclater entre le
Conseil général et le Directeur du C. P R
va être évolué par le ministre des Colonies à
l'occasion d une demande de prolongation de
Il séjour faite par M. Petieu « en vue d'assister
à la prochaine session de FAMemMee M
M. jivaion va qnltter
Plllllcb.,
-––
C'est fini, c'est décidé 1 M. Juvanon ne
sévira plus à Pondichéry, Il sera en France
le mois prochain.
Le rapport de M. Moretti, inspecteur des
Colonies, envoyé dans les Etablissements fran-
çais de l'Inde pour contrôler la gestion admi-
nistrative de M. Adrien Juvanon, est arrivé
à Paris il y a environ quinze jours. Il est
foimel et catégorique. Il signale de nombreux
méfaits à la charge du Gouverneur de "Inde
et de certains de ses subordonnés. M. Mo-
retti préconise en outre un nettoyage complet
de l'Administration française dans l'Inde, en
commençant par la - tête. -
Déjà, des pieds et des mains sont faits en
faveur de M. Bouge, actuellement chargé de
l'intérim du gouvernement de la Guyane pour
qu'il aille à Pondichéry, où, avant d être
nommé Gouverneur des colonies, il fut, en
qualité de chef du Bureau des Finances, le
plus actif et le plus dévoué des agents élec-
toraux de son camarade de lycée, M. le sé-
nateur Le Moignic.
Nous connaissons trop l'esprit clairvoyant
de M. Paul Reynaud pour être assuré qu'il
aura la préoccupation d'envoyer dans "Inde
française' des fonctionnaires qui, par leur sé-
jour antérieur dans cette colonie, ne pourront
être soupçonnés d'avoir été inféodés à un
quelconque parti politique et parfaitement
aptes aussi à assurer une administration saine
dans l'intérêt commun de l'Inde et de la Mé-
tropole.
"-- f
N. Carde en inspection
A Tamanrasset
M. Carde a inauguré à Tamanrasset l'Ob-
servatoire de météorologie et de physique du
o II était allé auparavant s incliner sur
es tombes du général Laperrine et du père
Charles de Fopcauld.
A Tit
Parti samedi matin pour Iniker, M. Carde
est arrivé à 10 heures au village de Tit où il
a inauguré la plaque commémorative du
combat livré en 1902 par le lieutenant Cotte-
nest aux louareg du Honar. qui provoqua
aussitôt la soumission de ces derniers. La pla.
que telatant ce glorieux fait d'armes a été
fixée à un rocher.
Le Gouverneur général a parcouru le champ
de bataille sur lequel se remarquent encore de
nombreux ossements de méharis et s'est fait
expliquer les différentes phases du combat.
- Uhe dMMon de Ué, de thé et dé sucré
a été faite ensuite aux nécessiteux du village.
M. Carde est arrivé au bordj Arak samedi
à 15 h, 30,
là 1 S h.\ 30. A In Salah
Le Gouverneur général Carde a lonsue-
ment visité à ln Salah, le poste de la palme-
raie d'ln Salah. Il a été salué par le colonel
Weiss arrivé à 11 heures à In Salah avec ses
trois avions, d'Alger, par EJ Goléa où il a re-
trouvé les trois appareils venant de Tamanras-
set, sous le commandement du commandant de
Turenne. La concentration des six avions a été
ainsi effectuée dans le Sahara dans des condi-
tions remarquables.
Le Gouverneur général est parti ce matin à
8 heures pour El Goléa.
M. Manceron
dans le Sud tunisien
Retour à Tunis
M. Manceron a visité vendredi pour la
première fois Kebill, à 130 kilomètres à
l'ouest de Gabès. Après la présentation des
notables, M. Manceron a visité l'infirmerie,
Il Goutte de Lait et le marché, et s'est rendu,
dans l'après-midi, aux sources de Mansourah
et aux palmeraies de l'oued Melah.
Après cette randonnée d'une semaine dans
l'extrente-sud tunisien, le Résident général a
regagné Tunis. Ce voyage, rendu extrêmement
pénible par l'état des pistes, a été cependant
effectué avec une célérité remarquable. M.
Manceron s'est déclaré enchanté de cette tour-
née qui lui a permis, entre autres constatation.,
d'apprécier l'importance des forages artésiens
qui sont en voie de transformer littéralement
les régions des Netzaoua et du Ujend, en
remplaçant le désert par des oasis admirable-
ment cultivées.
Il a suivi avec un très vif intérêt les résultats
de la lutte entreprise pour sauvegarder la po-
pulation d'une affection grave : le trachome,
qui entraîne, pour de nombreux indigènes, la
perte de la vue.
) .+ <
Nos écrivains
en Afrique du Mord
mon
M. Roland Dorgelès, de l'Académie Con-
court, a quitté Marseille hier. allant en Tu-
ni sie.
A un rédacteur du Petit Marseillais, l'au-
teur des Croix de bois et du Château des
brouillards a confié qu'il pensait écrire une
étude sur les milieux journalistiques : Dernière
Heure ; un roman satirique, très gai : La pe-
tite pFÜon. et une œuvre d'anticipation : De-
main.
) :
U mission Sixte de Boorbon
mon
Costes se rencontrera avec la mission
La portion de la mission transsahariennc
du prince Sixte de Bourbon à la tête de la
quelle se trouve M. de Neufbourg, a fait
un nouveau bond en avant, avec ses camion-
nettes commerciales Delahaye à quatre
roues. Costes fait ses préparatifs pour la
rejoindre par la voie «les airs. 8
La route de Tizi-Ougdzour
dans l'Atlas marocain est terminée
On vient de terminer dans l'Atlas, au col
du Tizi-Ougdzour, la route la plus haute de
l'ancien continent. Cette route, qui se trouve
dans la région de Taroudant, passe à une alti-
tude de 2.645 mètres, et seule une route du
Chili, à 2.870 mètres, est plus élevée que
cette dernière.
On croit que cette nouvelle route sera offi-
ciellement inaugurée sous peu. ,
(
M. Antonetti
en voyage d'inspection
i
Le Gouverneur général Antonetti s' est em-
barqué mardi sur le steamer Pruynet pour une
tournée dans le nord de la colonie du Moyen-
Congo, où il étudiera personnellement les ré-
percussions de la crise économique, puis il
visitera l'Oubangui-Chari et le Tchad, où il
arrêtera avec les Gouverneurs un programme
d'action. De Bangui, il rayonnera en auto
dans diverses régions, profitant d'un réseau de
routes très serré. Il se disposait à se rendre à
Abéché et dans la région du Ouadaï, qui
eussent ainsi reçu pour la première fois la vi-
site du chef de la Fédération ; mais M. Paul
Reynaud, ministre des Colonies, a estimé que
les circonstances ne permettaient pas au Gou-
verneur général de l'Afrique Eauatoriale fran-
aise une si longue absence de Brazzaville.
Pendant la tournée administrative de M. An-
tonetti, l'expédition des affaires courantes sera j
assurée par le Gouverneur Alfassa.
) (
On voyage en avion en A.E.F.
i
L'avion Sabena a emporté de Pointe-Noire
plusieurs passagers français dont le Gouver-
neur du Moyen-Congo^ M. Masson de Saint-
Félix.
) (
, Dans la diplomatie
- 1 e
Au Congo
L'exéquatur a été accordé au Consul de Bel-
gique à Brazzaville. M. de Ram.
> ..- <
Lejretoir de h mission touristique
du Touring-Clnb
Le voyage de propagande touristique or.
ganisé par le Touring-ulub de France d'Al-
ger à Konakrv, à travers le Sud Algérien,
le Sahara et l'Afrique Occidentale fran-
çaise, est sur le point de prendre fin.
Le premier groupe est de retour à Bordeaux
et le second est attendu à Alger.
Mort du Gouverneur Poiret
Nous apprenons avec une émotion que par-
tageront tous les Africains, la mort de M.
Georges Poiret, gouverneur des Colonies,
commandant de la Légion d'honneur, décédé
en son domicile à Paris, 8, tue Philibert-De-
lorme.
M. Georges Poiret avait dû se résigner, il
y a dix-huit mois, à abandonner la direction
de la Guinée française, colonie à laquelle il
avait donné le meilleur de lui-même avec une
activité, une vigueur d intelligence et une
ténacité qui assurent la durée de son œuvre
africaine. Le réseau des routes, méthodique-
ment construit et poursuivi d'année en année,
la diffusion parmi les agriculteurs indigènes de
l' emploi de la charrue, un effort qu'aucune
difficulté n'a rebuté pour assurer aux planteurs
de bananes de sa colonie des moyens régu-
liers d'exportation, ce programme a permis à
la Guinée de prendre sa place toute sa
place dans l'économie de l'Afrique occi-
dentale française.
La carrière coloniale de Georges Poiret
avait été, d'ailleurs, des plus brillantes. Chef
de cabinet du Résident général à Madagascar,
administrateur des - Colonies, - chef de - cabinet
de M. Augagneur, Gouverneur général de la
Grande lie, secrétaire général des Colonies,
Chevalier de la Légion d'honneur, Gouver-
neur le 16 octobre 1916, fait officier de la
Légion d'honneur au lendemain des opérations
du recrutement des troupes noires de 1918,
l'éminent fonctionnaire avait été promu com-
mandant de la Légion d'honneur le 30 avril
1926.
M. Poiret, atteint d'une grave maladie.
avait opposé à la souffrance un remarquable
stoïcisme et avait voulu quand même reprendre
son poste colonial, M. Pietri, sur l'avis des
médecins, l'avait à ce moment appelé au se-
crétariat général du Conseil supérieur des Co-
lonies.
Les obsèques de l'ancien Gouverneur de la
Guinée auront lieu mercredi 20 courant à
Il h. 15, au cimetière du Père-Lachaise.
>-ffl*q> <
Modernisme
Les habitants de Tananarive se plaignent
du prix du pain, qui atteignait 3 francs le
kilo, le maire de la plus grande ville de
Madagascar vient de le taxer > tr. 50, et
cet exemple a été suivi par le maire de Ma-
junga. Nos colons et les Malgaches récla-
ment également la taxation du prix de la
viande. Enfin, les habitants des grandes
villes malgaches commencent à se plain-
dre des automobilistes trop bruyants et trop
rapides, et réclament eux aussi. des passa-
des cloutés et des sens uniques !
Notre action au Maroc
l' «
Brillante victoire
diplomatique et militaire
L'OCCUPATION DU TAFILALET
Telle est la grande, l'heureuse nouveHe!
La France au Maroc vient de franchir une
étape définitive grâce aux méthodes politi-
ques et militaires, à l'action énergique et
persévérante, combien prudente, de M. Lu-
cien Saint.
« Le Tafilalet, berceau de la dissidence
et centre de fanatisme, a été occupé hier
par nos troupes. Il
Il faut que tous les Français sachent
qu'une telle annonce signifie : la sécurité
assurée, l'horizon éclairci dans l'un des plus
magnifiques domaines de notre Empire co-
lonial, le ralliement de trente mille tentes
environ 150 âmes!
Pourquoi il fallait occuper le Tafilalet ?
Le Tafilalet est une importante oasis,
d'environ 20 kilomètres de long sur 15 de
large qui s'étend au Sud du poste d'Erfoud.
sur les deux vallées parallèles du Zig et du
Gneris très rapprochées à cet endroit.
Cette oasis, bordée au Sud par le désert
saharien est adossée à l'Ouest au massif du
Djebel Sarro, et à l'Est au plateau pierreux
de la Naumada qui la sépare de la vallée
algérienne du Gir. Elle est extrêmement
peuplée; on y compte une centaine de
ksours environ, qui réuniraient un total de
près de 80.000 habitants. Ceux-ci laborieux
et pacifiques par nature, s'adonnent au com-
merce, à la culture des dattes et de l'orge
et fournissent des contingents nombreux de
ttavailleurs qui trouvent à s'employer dain
le Xord du Maroc, au cours de la belli'
saison.
Politiquement les ksours du Tafilalet se.
répartissent en un ceitain nombre de dis-
tricts administrés chacun par une djemaa.
En réalité, ces districts se trouvaient dans
l'ohédicllcc, les uns de la Confédération
nomade des Ait Atta (fraction des Ait
Khebbach) dont les terrains de parcours
s'étendent sur le Djebbel Sarro, jusqu'au
Dades et au Draa, les autres de la Confé-
dération des Ait Yafelmun (fraction des Ait
Moghad) qui nomadise au Xord de la cou-
lée du Ferkla.
Au Tafilalet même, l'agitateur Uclga-
cem N Gadi? s appuyant très habilement sur
ces deux tribus, pourtant rivales, était par-
venu à imposer une sorte d'autorité arbi-
trale par les moyens de force qu'il avait su
réunir autour de lui, et avec l'aide intéres-
sée des Aït Hammou (fraction des Aït Tse-
louchen dissidents). Ces derniers qui tirent
exclusivement leurs moyens d'existence du
brigandage, ont toujours été les anima-
teurs des djiotich qui ont fait peser si long-
temps une lourde hypothèque d'insécurité
sur les communications transsahariennes al-
gériennes et sur l'ensemble du territoire ma-
rocain du Sud.
La question du Taiilalet
Territorialement l'oasi du Tafilalet d'où
est originaire la dynastie régnante est spé.
cifiquement marocaine. Elle s'oune et se
déverse économiquement vers le X onl du
Maroc et par les vallées du Zig et du
Ghéri.
Un khalifat du sultan y exerçait jusqu'en
1917 un commandement « purement nominal
et sollicitait vivement notre installation
pour renforcer son autorité. Cédant à ses
instances l'occupation fut décidée en 1917.
Jusque-là le général Lyautey sollicité par
d'autres problèmes avait reculé devant la
faiblesse de ses moyens et les répercussions
insoupçonnées qu'une pareille occupation
pouvait entraîner. Ses craintes étaient justi-
fiées car notre installation réalisée cepen-
dant sans coup férir, déclancha une insur-
rection générale de toutes les Confédéra-
tions musulmanes unies pour la circons-
tance. 11 fallut évacuer l'oasis après une
série d'opérations très dures conduites par
le général Posymirou avec de puissants
moyens, et limiter notre occupation a Er-
foud.
Depuis cette l-pullue, les incursions san-
glantes des djiouch, ont appelé l'attention
à différentes reprises, sur la question du
Tafilalet. On a pu croire pendant très long-
temps que la sécurité des confins et celle des
communications du Guir, dépendaient uni-
quement de la prise de cette oasis, qu'une
opinion publique mal avertie, considéiait
comme la seule place d'armes et le refuge
de tous les fauteurs de trouble.
Il n'en était rien, car le développement
de notre réseau de surveillance sur la
llammada et l'investissement plus serré des
lisières de la palmeraie, que l'institution du
commandement unique des Confins algero-
marocains a permis de réaliser rapidement,
eurent pour effet immédiat de faire utiliser
par les djiouch, comme bases de leurs
opérations de brigandagc, les oasis du Ché-
ris, du Ferkla et de Taouz.
D'ailleurs une occupation prématurée du
Tafilalet, n'aurait pas manqué de provoquer
une réaction violente et certainement meur-
trière des tribus suzeraines Ait Moghad et
Ait Khebbach, et de déterminer un mouve-
ment semblable à celui de nji3. Au surplus,
cette action dans le cas probable où elle hC-
rait pai venue a vaincre les résistances eût,
sans aucun doute, amené l'exode des élé-
ments de tiouble vers les vallées du Dadès
et du Draa, alors insuffisamment organisées
pour leur défense, et c réé dans ces régions
un renversement de la situation politique,
aussi préjudiciable, sinon plus à nos int.
îêts, qii-ï l'état de dissidence du Tatilalel.
C'est pour ces raisons, que le. Gouvcrne-
ment du Protectorat n'avait pas répondu
plus tôt aux appels fréquents des ksouriens,
et avait poursuivi l'exécution d'un large
plan de pénétration, dont l'un des résultats
escomptés devait être de créer une situation
favorable à l'occupation du Tatilalct.
Le développement de ce plan se pouisuit
en 1931 dans les conditions que l'on con-
naît ;
L'oasis de Taouz, centre important de
nomadisation des Ait Khchhach, est occupée
en février, et relire bientôt à Erfoud par
le poste d'El Haroun, qui permet une sur-
veillance plus efficace de la lisière Est du
Tafilalet.
Du rote du Dadès et du Todgha, la piste
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