Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 septembre 1928 20 septembre 1928
Description : 1928/09/20 (A29,N141). 1928/09/20 (A29,N141).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64513123
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. - No 141.
LE NUMBRO : 10 CENTIMES
JEUDI SOIR. 20 SEPTIMHnF. Iflgft.
JOURM ALJPVOTI DIEU
Rédaction & Administration :
M, M M WÊ+XUÈ*
PARIS a"
TtlÉPII, t LOUVRK 19-37
- RICHKLIKU «7-M
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du tournai.
DIRECTEURS: Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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être reproduits qu'en citant les ANNAI.ES COUWIAI.ES.
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avec le supplément illustré:
Un an 6 Mois 8 Mois
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Colonies 120 » 65 » 3S »
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L'EQUIPEMENT DU CONGO FRANÇAIS
- 1. &.-
L'Afrique Equatoriale Française, la plus
riche peut-être de nos colonies, la moins ex-
ploitée à coup sûr, commence à naître à la
vie par suite des efforts qui y ont été faits
depuis quelques années, en particulier par
le gouverneur général actuel, M. Antonetti.
On a dit de plusieurs côtés les possibilités
magnifiques de l'A.E.F. et les - difficultés
formidables à surmonter pour les réaliser.
On compare les remarquables résultats
qu'on a obtenus au Congo belge et l'em-
bryon de vie économique existant encore ac-
tuellement dans le Congo français, pour en
déduire que la France a fort à faire pour
rattraper les Belges dans leur exploitation
du Congo. Mais on oublie que plus de 5 mil-
liards de francs ont été investis par l'indus-
trie et le commerce belges dans le Congo
belge, tandis que dans le Congo français les
colons commencent seulement d'arriver, et
de naître les premières grandes exploitations.
La colonisation du Congo exige de la
main-d'œuvre - capital humain - et de
l'argent. Elle exige de l'irrigation, des
moyens de transport et d'embarquement. La
main-d'eeuvre est difficile à trouver. Il faut
l'aller chercher à l'intérieur du continent
noir et l'amener sur les chantiers. 11 faut l'y
retenir et lui faire comprendre les avantages
matériels de toutes sortes que l'indigène omit
retirer de sa collaboration avec l'Europée.i
L'achèvement du chemin de fer Braz .1-
ville-Océan se poursuit rapidement sous
l'énergique impulsion du gouverneur géné-
ral. Une fois qu'il aura touché Pointe-Noire,
son terminus, ce chemin de fer deviendra lin
large moyen d'évacuation capable de rivali-
ser avec le Conllo belge.
Il y a longtemps que la France aurait dû
achever cette voie ferrée. Mais c'est seule-
ment depuis la guerre que les Français ont
compris l'importance de la colonisation en
Afrique équatoriale. C'est en 1885, en effet,
que les territoires situés au nord du Congo
et de l'Oubangui furent attribués à la
France, tandis que les pays situés au sud
de ces deux fleuves étaient réservés à la
Belgique.
Aujourd'hui les Français comprennent
mieux l'intérêt de leur pays et l'importance
de l'A.E.F. pour la Métropole. Le témoi-
gnage le plus certain qu'on en puisse don-
ner, c'est la construction du chemin de fer
Brazzaville à l'Océan, qui mettra fin à une
situation mauvaise. Jusqu'ici, en effet,
l'A.E.F. était obligé d'emprunter le che-
min de fer belge à voie étroite qui court sur
la rive gauche du Congo, pour le trafic vers
la France et l'Europe. Les colons de notre
Afrique équatoriale se trouvaient dans
l'obligation - et l'Administration de la co-
lonie française elle-même du Congo - de
demander des licences d'importation et d'ex-
portation. En dépit de l'aménité des autori-
tés belges, ces licences ne pouvaient être
accordées qu'avec parcimonie. Le port de
Pointe-Noire et le chemin de fer Brazza-
ville-Océan vont changer la situation.
Le choix du port était délicat. Après
maintes discussions, on choisit enfin Pointe-
Noire. On en fixa l'emplacement après avoir
tenté tous les mouillages de la côte sud du
Gabon. L'emplacement choisi, il fallait, en
attendant le port, équiper la rade pour
qu'elle fût en état de satisfaire de suite au
trafic de la région.
Une partie des travaux est aujourd'hui
achevée. La ville groupe maintenant 280
Européens et 2.000 indigènes. Le nivelle-
ment a été placé à 7 mètres au-dessus du
niveau de la mer (travail considérable). En
deux ans, les constructions municipales, les
dispensaires d'hygiène, les entrepôts ont été
édifiés.
Le port constitue un mouillage sûr, d'tc-
cès facile et pouvant être agrandi à volonté.
Un wharf définitif de 350 mètres, en ciment
armé, a été construit; il est équipé avec pont
translxxdeur de 20 tonnes, 8 grues et 4 voies.
On estime que le débarcadère pourra manu-
tentionner 200.000 tonnes par an. Mais le
projet complet prévoit une jetée de 2.400
mètres permettant un abri ppur bateaux de
150 mètres de long et de 1 m. 50 de tirant
d'eau.
La voie ferrée, qui concurrencera la voie
belge, emprunte la vallée de Niari qui dé-
bouche à 40 kilomètres au nord de Pointe-
Noire. Cette voie est équipée avec des moyens
modernes. Elle comportera 500 kilomètres
alors que la voie belge n'excède pas 365 ki-
lomètres.
Comme on envisage des routes et des pis-
tes praticables aux automobiles entre Braz-
zaville et l'Océan, Pointe-Noire apparaît
comme devant devenir un centre commercial
important. Par ailleurs, comme on envisage
la création d'une ligne de navigation Bor-
deaux-Pointe-Noire, avec une seule escale a
Dakar, le Congo se trouverait à quinze jours
de la France. C'est là l'avenir. Mais la
preuve que le commerce a confiance, c'est
qu'aux deux terminus du chemin de fer,
Brazzaville, d'une part, et Pointe-Noire, de
l'autre, on a vendu pour 1.500.000 francs
de terrains en une seule année, au prix de
10 à 120 fr. le mètre carré. -
Sans doute, il y a le projet du Trans-
saharien, mais cette voie n'est pas faite et il
semble bien que, pour longtemps encore, la
grande voie entre la métropole et l'A.E.F.
sera la voie maritime.
CIl. DeM«rre,
Sénateur du Nord, membre
de la Commission des Aftaires
étrangères.
BROUSSES
& BROUTILLES
Un vers
Je n'ai pas encore vu, à la Porte Saint-
Martin, le Napoléon IV de M. Maurice Ros-
tand. On dit que c'est tout à fait très bien.
Ces poètes ne font rien comme tout le mon-
de. Ainsi, ils font mentir les proverbes : « A
père avare, fils prodigue », déclare la sa-
gesse des nations, et il va de soi que si l'on
peut retourner sans dommage une maxime
de La Rochcfoucault, on peut également
mettre un proverbe cul par-dessus tête et
affirmer avec assurance : « A père prodi-
gue, fils avare. »
Or, M. Maurice Rostand vient de prouver,
à dire d'experts, qu'un père prodigue de
grande et belle poésie pouvait avoir un fils
apte parfois aux mêmes largesses.
Mais pourquoi ce fils attaque-t-il lès colo-
nies ? Qu'est-ce qu'elles lui ont fait? Il y
a, dans Napoléon IV, ce vers bien balancé,
mais fâcheusement tendancieux :
Et qu'une colonie est un vol militaire.
D'abord, ce n'est pas toujours vrai. Il est
des colonisations pacifiques. Et puis, litté-
rairement parlant, s'il s'agit de honnir la
guerre ante-Kelloggienne, « vol militaire »
est un pléonasme.
La justice poursuivant le crime
Le nommé Xinh, de Rachgia (Cochin-
chine), avait eu maille à partir, dans un
sampan, avec un inspecteur de la Sûreté.
Celui-ci, peut-être, eut la main un peu
lourde, mais ne dut pas être bien méchant.
Xinh, en effet, ne put exhiber aucune trace
de coups. Il fit néanmoins beaucoup de
bruit (Xinh-boum-boum) au sujet des « vio-
lences » dont il avait été victime, et porta
plainte contre l'inspecteur.
Une instruction, - ouverte en septembre
1927, fut menée à une vitesse auprès de la-
quelle l'allure de l'autogire de la Cierva
est celle d'un escargot : l'affaire vint de-
vant le tribunal de Rachgia le 7 juin 1928.
Ahl c'était une grave affaire. La preuve,
c'est qu'un haut magistrat exigea la recons-
titution de la scène sur le sampan, et que
la Justice, la Gendarmerie, la Milice, es*
cortant l'inspecteur et ce pauvre Xinh, se
déplacèrent solennellement pour y assister.
Ensuite de quoi l'accusé fut déclaré cou-
pable de violences légères.
Des grincheux, à Saïgon, commentent
cette reconstitution. Ils disent, certes, qu'il
faut traiter les indigènes avec la plus grande
justice, mais à interpréter de loin leurs pro-
pos, va-t-on croire, ici. qu'il peut exister
une démagogie coloniale?
Foin de ces craintes! Au spectacle de la
Justice, de la Gendaim. (voir plus haut)
défilant dans les rues de Rachgia, toute la
population rigolait comme une jeune élé-
phante à qui l'on veut mettre un soutien-
gorge.
Egayer des indigènes qui sont congénita-
lement un peu taciturnes, il y a là toute
une politique à perfectionner. Et, entre
nous, p dites-moi, Dranem, à la tête du pou.
voir judiciaire, ne ferait-il pas merveille?
48.
Le statut de Tanger
f' f
La publication au Journal Officiel de la
République du 18 septembre 1928 de la
promulgation du protocole final, accords
et dispositions particulières signés à Paris
le 25 juillet dernier, ne fera que confirmer
ce qu écrivait dans les Annales Coloniales
du 24 juillet 1928, notre distingué collabora-
teur, M. Etienne Antonelli.
Signalons toutefois les mesures relatives
à lu sécurité de Tanger confiée à un ins-
pecteur généra], officier supérieur espa-
gnol chef d'un bureau mixte d'informations
composé d'un officier subalterne français,
adjoint au chef du bureau, et d'un officier
subalterne espagnol, oui sera établi à
Tanger avec mission d observer tous faits
intéressant la sécurité de Tanger dans ses
rapports avec celle des zones voisines et
des pays étrangers.
Ajoutons que les sujets marocains qui
seraient frappés de la peine accessoire
d'interdiction de séjour dans la zone de
Tanger devront se voir imposer par le
tribunal l'obligation de résider dans une
des autres zones du Maroc désignée après
entente avec les autorités compétentes de
cette zone.
Somme toute ainsi que l'écrivait M.
Etienne Antonelli dans son article précité,
ces accords consacrent seulement des
concessions réciproques de diverses puis-
sances intéressées dont les rivalités conti-
nuent à s'observer et à s'opposer.
–-
Un roman posthume de Jean Galmot ?
181
Jean Galmot était Périgourdin. II avait, en
1920, commencé un roman dont l'action se
déroulait dans le Sarladais. Le manuscrit en
fut emporté par les inspecteurs de la Sûreté
quand ils vinrent perquisitionner chez lui en
1921. On ignore ce qu'il est devenu. La pu-
blication dé cette œuvre posthume ne serait
peut-être pas sans intérêt.
EN MER
«»̃
Le cargo Ville-d'Alexandrette allant do
Sète à Oran, a perdu son hélice au large
des Espiguettes et a dû mouiller par cin-
quante mètres de fond. La Ville-dc-Mar-
seille ayant aperçu ses signaux, a pris à
son bord le second capitaine et l'a ramené
a Marseille où il est arrivé la nuit dernière.
Il est entré ce matin en rapport avec les
autorités du port qui ont envoyé au secours
du navire le Marius-Chambon. La position
du Ville-d'Alexandrette n'est pas critique,
et tout laisse supposer qu'il pourra être pris
à la remorque et ramené à Marseille de-
main.
*– 8.a
TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des Colonies qu'ft
la date du 10 septembre 1928, le taux ofllciel
de la piastre était de 12 fr. 15.
SOLIDARITÉ
l' 1
Nos Antilles viennent d'être iné-
galement dévastées. Tandis qu'il
y a vingt-cinq ans Passés, c'est le
feu volcanique du Mont Pelé qui anéantis-
sait Saint-Pierre de la Martinique, aujour-
d'hui c'est le vent et l'eau qui saccagent la
Guadeloupe.
Par un triste retour des choses d'ici-bas,
le malheur pénétre plus profondément dans
ces terres richement et spontanément ferti-
les que dans notre sol d'Europe où l'homme
peine pour gagner durement son pain.
Du fait des éléments, les bourrasques y
sont des cyclones, et les sinistres y prennent
toujours l'aspect de catastrophes.
Cette fois, la Martinique demeure presque
en marge du fléau, et c'est la Guadeloupe
qui souffre le plus cruellement. La liste des
victimes s'allonge à chaque câble : voilà le
côté le plus tragique de ces drames.
Les Annales Coloniales tiennent à expri-
mer aux vaillantes et fidèles populations an-
tillaises, leur sentiment de solidarité et à
leur envoyer leur réconfort. Déjà, nos amis
Henry Bérenger et Graeve débarquent de-
main du Flandre, à la Pointe-à-Pitre, à
moins que la rade endommagée ne leur per-
mette de descendre qtfà Basse-Terre. Leur
présence dans l'île donnera à l'organisation
des secours, à la réadaptation des services
publics, aux initiatives privées qui doivent
demain faire de l'île d'Emeraude un nou-
veau paradis terrestre, des directives en
rapport avec les progrès de l'agriculture et
de l'industrie modernes.
Tout en saluant respectueusement les
morts au nom de la métropole absente et
présente, MM. Henry Bérenger et Graeve
font un pressant appel à la mère-patrie
pour venir au secours des rescapés. A Paris,
chacun de leur côté, MM. L.-O. Frossard
et Graliett Candace, doublent à Paris l'ef-
fort de leurs collègues déjà sur place .et les
secondent de leur mieux auprès des pouvoirs
publics.
Demain, grâce à l'appui de la France
d Europe y qui est solidaire des Frances des
quatre autres continents et qui a une pré-
dilection marquée pour ses filles antillai-
ses si généreusement dotées par la nature, la
Guadeloupe endeuillée se relèvera plus belle
ef plus prospère.
Le désastre, stimulant quelquefois néces-
saire pour aviver l'activité de l'homme, va
permettre de hàtcr et d'intensifier la fêtlm.
dité d'une terre qui ne demande qu'à donner
à l'homme'
La vie continue.
8..-ee' ..-..el.
La taxe d'iaporlatioa
sur les laines el peaux colMiales
iii
L'Union ovine de l'Afrique du Nord et
l'Union ovine coloniale sont intervenues
il y a quelques semaines auprès du pré-
sident du Conseil, tant au nom des pro-
ducteurs et exportateurs coloniaux qu'au
nom de leurs adhérents métropolitains,
pour confirmer leurs démarches antérieu-
res en vue de la suppression de la taxe
d'importation en France de 2 sur les
laines, cuir et peaux en provenance di-
recte de 1 .Algérie, des colonies françaises
et des pays sous protectorat ou mandat
français. Ces groupements demandent que
l'étude de cette question soit reprise à l'oc-
casion de la prochaine loi de finances.
Dans une note annexée aux lettres d'en-
voi, il est rappelé. que les Chambres de
Commerce et d'Agriculture d'Algérie ont
pris des décisions récentes sollicitant la
suppression de la taxe d'importation pour
les produits agricoles.
En ce qui concerne les luinea, cuirs et
peaux, dont l'industrie a des besoins crois-
sants, il est particulièrement fâcheux de
constater que ces matières premières
d'origine coloniale sont placées sur le
même pied que les produits similaires
d'origine étrangère et ne sont pas encou-
ragés à entrer en France. La suppression
de la taxe d'importation de 2 serait fa-
vorable au développement de la produc-
tion des colonies et de leurs relations com-
merciales avec la métropole mais elle ne
soulèverait pas d'objection dans les mi-
lieux agricoles métropolitains parce que la
production nationale pour les matières
dont il s'agit ne représente qu'un pour-
centage infime (moins de 7 %) de la con-
sommation de l'industrie. En outre cette
suppression n'entraînerait qu'une faible
diminution des recettes budgétaires parce
que les. importations de Laines et peaux
d'origine coloniale sont très faibles par
rapport aux importations totales (en 1927,
G pour les laines et decliets, 27 pour
les peaux et pelleteries brutes).
lin l'étal actuel de la législation, le pro-
ducteur ou l'exportateur colonial est im-
posé deux fois puisque le paiement de la
taxe d'importation n'empêche pas les lai-
nes et peaux coloniales consommées en
France d'acquitter, après leur entrée dans
la métropole, les divers impôts, et notam-
ment la taxe sur le chiffre d'affaires do
2 %, pour les différentes transactions et
transformations dont elles sont t'ohjet.
La Foire- Exposition de Marseille
M. Léon Perricr, ministre des Colonies,
accompagné de M- Fauchet, son officier
(l'orrlonnance, quittera Paris demain, se ren-
dant à Marseille pour procéder à l'inaugura-
tion officielle, dimanche matin, de la Foire-
Exposition de la grande cité phocéenne.
Le ministre des Colonies sera accueilli par
son collègue M. Flaissières, maire de Mat-
seille, et par le Comité d'organisation de la
Foire qui lui offrira un banquet.
Contrairement à ce qui avait été annoncé,
M. Pierre Pasquier, Gouverneur Général de
l'Indochine, retenu à Paris par d'importants
engagements, ne pourra accompagner M.
Léon Verrier dans son voyage.
L'Aviation Coloniale
Maroc
Les autorités maritimes de Casablanca
ont reçu le message suivant émanant du
capitaine du navire Margari :
'*J'«Mnne que, olans le brouillard; j'ai vu, &
15 heures, par 35*59' de latitude nord et 7°42'
de longitude ouest un avion qui paraissait ava-
rié. J'ai procédé a des recherches pendant une
heure sans résultat. J'ai constaté la présence
d'une tache d'huile.
Les autorités maritimes ont donné des or-
dres ipour effectuer de nouvelles recherches.
Le point indiqué se trouve à 18 milles au
sud et à 85 milles à l'ouest de llabut.
Aucune nouvelle n'était parvenue le 18
septembre de cet avion.
D'autre part, le 37° régiment d'aviation
signale qu aucun de ses appareils ne man-
que ; la Compagnie aéro-postale signale
également qu'il ne lui manque aucun appa-
reil.
Les recherches qui continuent ont été
rendues difiieiles la nuit dernière en rai-
son d'une brume intense.
• •
Le capitaine Fargeot et le général Huet,
retenus à Perpignan par le mauvais fonc-
tionnement du moteur de leur avion, sont
partis hier matin à 0 h. 45. à destination
de Casablanca.
L'avion du capitaine Fargeot et du géné-
ral Huct a atterri à Alicante. Il poursui-
vra son voyage vers le Maroc.
Le tour du monde
M Le comte et la comtesse de Sibour effec-
tuant Je tour du monde en avionnette, ont
pu effectuer la réparation de la pompe à
huile de leur avionnette.
Les deux touristes aériens comptent par-
tir dans la journée pour Barcelone sur leur
minuscule avion.
LA USE EN VALEUR DE MADAGASCAR
M. Marcel Olivier, Gouverneur Général
de Madagascar, a présidé la séance d'ou-
verture de la session des délégations écono-
miques et financières. Il a prononcé, à cette
occasion, un très important discours sur la
politique économique à poursuivre, afin de
hâter et d'intensifier la mise en valeur de
l'ilr. (Par dépêche.)
Le nouveau régime
monétaire marocain
Un dahir du 25 juin 1928 avait maintenu
provisoirement lp coun forcé des billets de la
Banque d'Etat et l'ancien régime monétaire
marocain. Il avait pour but de préparer l'ap-
plication au Maroc de la loi monétaire fran-
çaise du 25 juin 1928, en attendant la conclu-
sion de nouvelles conventions avec le Trésor
Français et la Banque d'Etat.
L exposé des motifo du dahir faisait ressortir
que la loi française n'était pas applicable de
piano au Maroc, puisque l'empire chérifien
- son autonomie monétaire.
Le Gouvernement chérifien, après discussion
avec le Ministère des Finances et la Banque
d'Etat s est mis d accord avec eux sur un nou-
veau régime conventionnel destiné à permettre
l'adaptation du régime monétaire marocain au
régime français et la continuation de l'union
entre les deux francs.
Ces négociations ont été conduites sous les
auspices de M. le Ministre des Finances et de
nouvelles conventions ont été signées, l'une
entre la Banque d'Etat du Maroc et le Trésor
Français, l' autre entre la Banque d'Etat et le
Gouvernement marocain.
La convention entre la Banque d'Etat et le
Trésor Français a pour but et pour effet de
maintenir comme par le passé la parité exacte
du franc marocain avec le franc français. Elle
est la reproduction dans ses grandes lignes des
conventions antérieures.
La convention avec la Banque d'Etat du
Maroc est, au contraire, assez sensiblement re-
maniée.
L'Institut d'émission marocain, manifestant
une fois de plus son souci des intérêts géné-
raux du pays et témoignant d'une largeur de
vues dont on avait déjà eu tant de preuves dans
le passé, a consenti à majorer sensiblement les
redevance, versées jusqu'à ce jour en faveur
de la colonisation marocaine.
A vrai dire, la loi française ne lui était pas
applicable, et le Gouvernement français n'avait
pas songé qu'il fût possible d'imposer à un
établissement qui tenait son statut de i'Acte
d Atgésiras des versements analogues à ceux
de la Banque de France ou de la Banque de
l'Algérie.
La Banque a Etat du Maroc n'a pas voulu
se prévaloir d'un semblable avantage sans en
faire bénéficier immédiatement la colonisation
dans la plus large mesure. Les redevances
qu'elle verse annuellement seront donc majo-
rées de 2 à 3 millions. En outre, la Banque va
verser au Gouvernement la totalité des béné-
fices de change réalisés sur les métaux précieux
et les devises étrangères qu' elle possédait pen-
dant le temps où ils ont figuré dans son encaisse
statutaire.
Ces conventions vont être approuvées dans
un nouveau dahir monétaire. Celui-ci définira
le franc marocain comme constitué par un poids
d'or identique à celui du franc français. Les
échanges de billets contre de l' or auront lieu
à Rabat et à Tanger, par quantités minima
de 215.000 francs, let" versements d'or étant
effectués en lingots à Paris.
à Par i s.
Des pièces d argent de 10 et de 20 francs
au sceau du Sultan vont être émises au début
de l'année 1929 et régul ariseront les échanges
avec les indigènes.
La prospérité de la colonisation et des oeu-
vres sociales qui dépendent des avances et re-
devances de la Banque d'Elat du Maroc ne
pourra que se trouver accrue par les heureux
résultats des nouveaux accords.
LA GRAVITÉ DES DERNIERS ORAGES EN ALGÉRIE
#
r saxo -j
Après les désastres de Perrégaux, de Mos-
taganem et de Djillelli, de violents orages ont
éprouvé la région algérienne.
Vendredi et samedi derniers, dans la soirée,
pendant des heures, des éclairs aveuglants zé-
brèrent le ciel. Le tonnerre ne cessa de se
faire entendre.
La pluie se mit de la partie et ce fut comme
un écroulement d'eau des hauteurs entourant
Alger. Elle arrivait en trombes rapides, entraî-
nant terre, pierres, .matériaux de toutes espèces,
le tout envahissant les voies principales et for-
mant des monceaux de boue. Les égouts
étaient obstrués, empêchant la circulation des
tramways durant des heures entières.
A côté des dégâts matériels considérables,
il y a malheureusement à déplorer des pertes
en vies humaines.
A Miramar, un torrent énorme vint s'abattre
contre des murs de soutènement qui s'écroulè-
rent ; puis, rebondissant, écrasa la vérandah
d'une villa surplombant la mer d'une ving-
taine de mètres et appartenant au docteur Mau-
ry, d'Alger, oui s 'y trouvait en compagnie de
Mme et de Mlle Maury, de M. et Mme Elie,
de Damiette.
Le docteur Maury et M. Elie purent éviter
la chute, mais Mme et Mlle Maury et Mme
Elie furent enlevées et précipitées dans le vide.
Des secours furent immédiatement organisés ;
on retrouva bientôt, sur la plage, les corps de
Mmes Maury et Elie recouverts de débris de
toute sorte. EU les étaient mortes toutes deux.
Mlle Maury échappa miraculeusement à la
mort.
A Mustapha Supérieur, à l'extrémité du
boulevard Bru, se trouve la villa Sézini qui
abrite actuellement le Consulat d'Allemagne.
Cette villa est entourée d'un mur qui surplombe
presque à pic les terrains situés en haut du
cimetière musulman du Marabout. Sous la
force de l'eau, un amas considérable de blocs
de pierres se détacha et vint écraser une mai-
sonnette habitée par des indigènes. Des dé-
combres. on retira le cadavre de l'indigène
Blaid ben Ahmed, journalier. Un autre journa-
lier, Yaya Rabah ben Ahmed, fut relevé
blessé de graves contusions au thorax. Deux
femmes araoo, retirées également des décom-
bics, s' en tirèrent sâns trop de mal.
A Pointe-Pescade, après Saint-Eugène,
l'usine des chaux et ciments Portland a subi
un véritable désastre. Bâtie en fond de cuvette,
dominée de tous côtés par de hautes collines.
elle fut assaillie par les eaux qui arrivaient en
cascade, entrainant avec elles dans l' usine des
milliers de tonnes de pierres et de terre.
Si les bâtiments résistèrent, par contre, l'eau
et la boue envahirent machines, moteurs,
broyeurs.
Un approvisionnement de marchandises prê-
tes à être expédiées fut complètement enlisé
sous cinq à six mètres de décombres. C'est un
véritable désastre, d'autant plus grave qu'en-
viron quatre cents ouvriers vont, de ce fait, se
trouver sans travail pendant de longs mois.
Malheureusement, il n' y aurait pas là que des
dégâts matériels. On aurait vu plusieurs ouvriers
emportés par les eaux et entraînés vers la mer.
Sans doute ne sera-t-on fixé que lorsqu'on re-
trouvera les cadavres ! Toutes les communes
des environs d'Alger ont été plus ou moins
atteintes par l'ouragan.
Les cultures maraîchères ont été particulière-
ment abîmées. Des caves inondées, des toits
effondrés, du mobilier et du linge emportés par
les eaux.
L'émotion est grande à Alger et dans les
environs où les dégâts sont considérables.
..8
Dépêches de Undochine
ou
M. Albert Thomas à Tokio
On annonça à Saigon la prochaine visite
à Toliio de M. Albert Thomas qui se propo-
se de parler en laveur de l'unification des
droits des divers partis ouvriers. Un mee-
ting aura lieu vers le milieu d'octobre. Le
président du B. 1. T. est (Issuré, dit-on,
au Japon, dans les milieux intéressés,
d'une réception enthousiaste.
-
Anniversaire
Il y a eu hier trente-six ans que le comman-
dant Fauran et le l ieutenant Badaire, de l'In-
fanterie coloniale, furent tués au violent com-
bat de Dogba, au Dahomey. Le lieutenant
Ferradini, mort récemment comme général de
division à Toulouse, avait été grièvement
blessé au cours de cette affaire de Dogba. qui
mit fin, du reste, à la résistance de Behanzin.
Rappelons que le chef d'état-major du général
Dodds était le commandant Tavema qui fut
plus tard un de nos plus éminents généraux.
Le cyclone des Antilles
-400
CYCLONE
Le régime des vents aux Petites Antilles,
en particulier à la Guadeloupe, est fort ré-
gulier. Placées dans le grand mouvement
des alizés, les îles reçoivent surtout les
courants aériens allant de l'Est à l'Ouest.
Il y a la-bas d'ux expressions pour dési-
gner les degrés de violence du coup de
vent. L'un, le moins dangereux, est appelé
Il bourrasque à bananes » parce qu'il ne ren-
verse ordinairement que cette plante. L'au-
tre, le cyclone, le terrible « ioiiâllou », le
dieu de la tempête des Caraïbes, amoncelle
les ruines en une figure biblique de la fin
du monde.
Journée lourde sous le ciel muet et lou-
che, dans une atmosphère de bain de va-
peur. Le baromètre subit une dépression
anormale, l'aiguille descend. Les vieux
Créoles parlent d'ouragan 1 Il faut, à l'aide
de cibles, consolider si possible les portes
et les fenêtres.
Sur l'eau, dansent encore au rythme ber-
ccur de la mer Caribéennc, les îles heureu-
ses - - Martinique et Guadeloupe. - La tornade
pourtant avance à la vitesse de- deux cents
kilomètres à l'heure, mais avec les ruses
guerrières des hommes-soldats, elle dissi-
mule sa marche dans une sorte de brouil-
lard roux et des nuages tout en draperies
sombres. Soudain, le vent, roulant avec lui
les nuées et la pluie en trombe, déclenche
l'attaque. La Guadeloupe, dont l'horizon se
rétrécit de seconde en seconde, est « prise
à l'abordage », elle entre dans le champ
d'action du cyclone.
L'île entière, tel un grand paquebot, gé-
mit dans la tempête. La route splendide, en
corniche, où flamboie par intervalle le
grand disque turquoise de la mer, et qui
va de la Pointc-à-Pitre à la Basse-Terre,
devient le pont balayé par la tourmente,
par le rat de marée, où se cramponnent,
sans chance de résister, les malheureuses
communes Capcstcrre, Goyave, Bourg, etc.
Avant les cris humains, retentissent les
appels désespérés des grands arbres des
savanes. Le premier S. 0. S. est lancé par
les filaos, les plaintes des branches brisées,
les sanglots de troncs tordus et de racines
soulevées sonnent l'alarme parmi les habi-
tations antillaises.
Mais les maisons, frêles esquifs dans la
tempête, construites mi-partie en maçonne-
rie, mi-partie en bois, ouvertes et ajourées,
taites pour l'ombre et la fraîcheur, sont
sans défense contre l'ouragan. La tornade
mord, déchire, anach", avec des craque-
ments de planches, des grincements de fer-
turcs, des grondements de tôle. Tout le
reste est écroulement, tandis que les tor-
rents de pluie s'engouffrent dans les foyers
sans toitures, sans cloisons, parachevant
cette incarnation de l'épouvante.
La tornade s'acharne. Elle monte les
flancs boisés de la soufrière, Saint-Claude,
paradis de verdure, peuplé de ces habita-
tions créoles, inoubliables pour qui en a
goûté le charme, Saint-Claude tend main-
tenant à la splendeur vite revenue au zé-
nith tropical, un visage défiguré, indescrip-
tible pêlc-mlc de constructions éventrées,
penchées, renversées parmi les hauts pal-
mistes décapités, la tête pendante le long
de leur tronc.
J'imagine aussi ces cases de bambous si
fragiles étagées le long des mornes! Qu'en
reste-t-il ? De navrants débris, parmi les-
quels les travailleurs rescapés glanent les
miettes dispersées de leur pain quotidien.
La vie s'annonce dure pour les sinistrés :
les arbres à pain déracinés, les manguiers
ébranchés. Le long des chemins imprati-
cables, le cyclone n'a même pas épargné
ces minces secours de chômage, alors que
les récoltes sont gravement compromises et
que certaines usines et distilleries sont très
endommagées.
L'angoisse au cœur, les Antillais de Pa-
ris sont condamnés au supplice de l'attente.
Des morts, des ruines!. A toutes les in-
quiétudes répond seulement la brièveté des
communiqués officiels. Je connais des pè-
res, des mères, des épouses, des fils, des
filles que l'anxiété torture. Comment sa-
voir? Comment arracher le secret des noms
à ce chiffre « 660 », total des morts décla-
rés à ce jour ?
Silence ! Des profondeurs de ce silence
s'élève la Pointe-à-Pitre, la capitale du cen-
tre usinier. Voici non loin de la merveil-
leuse rade clôturée d'ilots rustiques, la mai-
son de mes amis, au cceur d'une rue gaie,
tout embrasée de chauds coloris. Entre les
décombres amoncelés, la maion est-elle en-
core debout? Ceux que j'aime sont-ils en-
core vivants? Rien ne répond sous le ciel
de Paris où ne brille pas la Croix du Sud.
A qui réclamer les comptes de tant de
deuils ?
Ce que la haine des hommes avait épar-
gné, tombe sous la rage aveugle des forces
,Sql), date du dernier sinistre enregistré
dans l'ile, la Guadeloupe, plus heureuse
que la Martinique, vivait en paix entre les
fumerolles volcaniques de la Soufrière, la
mer et le vent.
Qu'importe, de ses ruines, la Guadeloupe
sortira plus forte, car le génie de l'homme
ne s'engourdit pas à porter ainsi le malheur
en sautoir. Ce que les sinistrés rebâtissent
possède l'incontestable marque d'un pro-
grès. Du chaos de la guerre, les départe-
ments du Nord de la France sont ressus-
< ités, riches, infiniment plus forts, à la taille
des tâches du présent
La vie la plus féconde est une lutte con-
tre la mort! Mais pour vivre, dans l'horrcur
de finii, toutes les forces humaines doivent
se sentir solidaires. Ainsi, la métropole ten-
dra, sans lésiner, à sa vieille colonie
d'Amérique, tous les secours que réclame
sa détresse.
Mar'e-Lou'tlle Slrartf.
A la Guadeloupe
Lo minislrie des Colonies a l'ccn de nou-
velles informations sur les ravages causés
ii la Guadeloupe, par U: cyclone. l,e Gou-
verneur, qui «-si arrivé dans la matinée du
17 à Pointe-à-l'ilre, a constaté que les com-
munes oui beaucoup sotilïerl. Il signale
des morts à Capesterre, Goyave, Bourg,
commune complètement rnsée par un l'a/.
de mare»» Point' Pitre est dévastée. Les
bt\lillll'Ut.o:; administratifs sont, anéantis, les
faubourgs n'existent plus. A Marie-Galante
presque toutes les habitations sont cffon-
drées : encore des morts et des blessés
Grand-liourg, Kaint-1 .ouis, Port-Louis,
Ahymes, Moule, Désirade, Vieux-Habitants,
Haillif, Sainle-Anne, au Gosier, au Lamcn-
tin, A naic-Mahault, Morne ei 1'¡':.HIl, Saint-
François. La campagne a beaucoup souf-
LE NUMBRO : 10 CENTIMES
JEUDI SOIR. 20 SEPTIMHnF. Iflgft.
JOURM ALJPVOTI DIEU
Rédaction & Administration :
M, M M WÊ+XUÈ*
PARIS a"
TtlÉPII, t LOUVRK 19-37
- RICHKLIKU «7-M
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
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DIRECTEURS: Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les artirles l'III/liés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNAI.ES COUWIAI.ES.
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Colonies 120 » 65 » 3S »
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L'EQUIPEMENT DU CONGO FRANÇAIS
- 1. &.-
L'Afrique Equatoriale Française, la plus
riche peut-être de nos colonies, la moins ex-
ploitée à coup sûr, commence à naître à la
vie par suite des efforts qui y ont été faits
depuis quelques années, en particulier par
le gouverneur général actuel, M. Antonetti.
On a dit de plusieurs côtés les possibilités
magnifiques de l'A.E.F. et les - difficultés
formidables à surmonter pour les réaliser.
On compare les remarquables résultats
qu'on a obtenus au Congo belge et l'em-
bryon de vie économique existant encore ac-
tuellement dans le Congo français, pour en
déduire que la France a fort à faire pour
rattraper les Belges dans leur exploitation
du Congo. Mais on oublie que plus de 5 mil-
liards de francs ont été investis par l'indus-
trie et le commerce belges dans le Congo
belge, tandis que dans le Congo français les
colons commencent seulement d'arriver, et
de naître les premières grandes exploitations.
La colonisation du Congo exige de la
main-d'œuvre - capital humain - et de
l'argent. Elle exige de l'irrigation, des
moyens de transport et d'embarquement. La
main-d'eeuvre est difficile à trouver. Il faut
l'aller chercher à l'intérieur du continent
noir et l'amener sur les chantiers. 11 faut l'y
retenir et lui faire comprendre les avantages
matériels de toutes sortes que l'indigène omit
retirer de sa collaboration avec l'Europée.i
L'achèvement du chemin de fer Braz .1-
ville-Océan se poursuit rapidement sous
l'énergique impulsion du gouverneur géné-
ral. Une fois qu'il aura touché Pointe-Noire,
son terminus, ce chemin de fer deviendra lin
large moyen d'évacuation capable de rivali-
ser avec le Conllo belge.
Il y a longtemps que la France aurait dû
achever cette voie ferrée. Mais c'est seule-
ment depuis la guerre que les Français ont
compris l'importance de la colonisation en
Afrique équatoriale. C'est en 1885, en effet,
que les territoires situés au nord du Congo
et de l'Oubangui furent attribués à la
France, tandis que les pays situés au sud
de ces deux fleuves étaient réservés à la
Belgique.
Aujourd'hui les Français comprennent
mieux l'intérêt de leur pays et l'importance
de l'A.E.F. pour la Métropole. Le témoi-
gnage le plus certain qu'on en puisse don-
ner, c'est la construction du chemin de fer
Brazzaville à l'Océan, qui mettra fin à une
situation mauvaise. Jusqu'ici, en effet,
l'A.E.F. était obligé d'emprunter le che-
min de fer belge à voie étroite qui court sur
la rive gauche du Congo, pour le trafic vers
la France et l'Europe. Les colons de notre
Afrique équatoriale se trouvaient dans
l'obligation - et l'Administration de la co-
lonie française elle-même du Congo - de
demander des licences d'importation et d'ex-
portation. En dépit de l'aménité des autori-
tés belges, ces licences ne pouvaient être
accordées qu'avec parcimonie. Le port de
Pointe-Noire et le chemin de fer Brazza-
ville-Océan vont changer la situation.
Le choix du port était délicat. Après
maintes discussions, on choisit enfin Pointe-
Noire. On en fixa l'emplacement après avoir
tenté tous les mouillages de la côte sud du
Gabon. L'emplacement choisi, il fallait, en
attendant le port, équiper la rade pour
qu'elle fût en état de satisfaire de suite au
trafic de la région.
Une partie des travaux est aujourd'hui
achevée. La ville groupe maintenant 280
Européens et 2.000 indigènes. Le nivelle-
ment a été placé à 7 mètres au-dessus du
niveau de la mer (travail considérable). En
deux ans, les constructions municipales, les
dispensaires d'hygiène, les entrepôts ont été
édifiés.
Le port constitue un mouillage sûr, d'tc-
cès facile et pouvant être agrandi à volonté.
Un wharf définitif de 350 mètres, en ciment
armé, a été construit; il est équipé avec pont
translxxdeur de 20 tonnes, 8 grues et 4 voies.
On estime que le débarcadère pourra manu-
tentionner 200.000 tonnes par an. Mais le
projet complet prévoit une jetée de 2.400
mètres permettant un abri ppur bateaux de
150 mètres de long et de 1 m. 50 de tirant
d'eau.
La voie ferrée, qui concurrencera la voie
belge, emprunte la vallée de Niari qui dé-
bouche à 40 kilomètres au nord de Pointe-
Noire. Cette voie est équipée avec des moyens
modernes. Elle comportera 500 kilomètres
alors que la voie belge n'excède pas 365 ki-
lomètres.
Comme on envisage des routes et des pis-
tes praticables aux automobiles entre Braz-
zaville et l'Océan, Pointe-Noire apparaît
comme devant devenir un centre commercial
important. Par ailleurs, comme on envisage
la création d'une ligne de navigation Bor-
deaux-Pointe-Noire, avec une seule escale a
Dakar, le Congo se trouverait à quinze jours
de la France. C'est là l'avenir. Mais la
preuve que le commerce a confiance, c'est
qu'aux deux terminus du chemin de fer,
Brazzaville, d'une part, et Pointe-Noire, de
l'autre, on a vendu pour 1.500.000 francs
de terrains en une seule année, au prix de
10 à 120 fr. le mètre carré. -
Sans doute, il y a le projet du Trans-
saharien, mais cette voie n'est pas faite et il
semble bien que, pour longtemps encore, la
grande voie entre la métropole et l'A.E.F.
sera la voie maritime.
CIl. DeM«rre,
Sénateur du Nord, membre
de la Commission des Aftaires
étrangères.
BROUSSES
& BROUTILLES
Un vers
Je n'ai pas encore vu, à la Porte Saint-
Martin, le Napoléon IV de M. Maurice Ros-
tand. On dit que c'est tout à fait très bien.
Ces poètes ne font rien comme tout le mon-
de. Ainsi, ils font mentir les proverbes : « A
père avare, fils prodigue », déclare la sa-
gesse des nations, et il va de soi que si l'on
peut retourner sans dommage une maxime
de La Rochcfoucault, on peut également
mettre un proverbe cul par-dessus tête et
affirmer avec assurance : « A père prodi-
gue, fils avare. »
Or, M. Maurice Rostand vient de prouver,
à dire d'experts, qu'un père prodigue de
grande et belle poésie pouvait avoir un fils
apte parfois aux mêmes largesses.
Mais pourquoi ce fils attaque-t-il lès colo-
nies ? Qu'est-ce qu'elles lui ont fait? Il y
a, dans Napoléon IV, ce vers bien balancé,
mais fâcheusement tendancieux :
Et qu'une colonie est un vol militaire.
D'abord, ce n'est pas toujours vrai. Il est
des colonisations pacifiques. Et puis, litté-
rairement parlant, s'il s'agit de honnir la
guerre ante-Kelloggienne, « vol militaire »
est un pléonasme.
La justice poursuivant le crime
Le nommé Xinh, de Rachgia (Cochin-
chine), avait eu maille à partir, dans un
sampan, avec un inspecteur de la Sûreté.
Celui-ci, peut-être, eut la main un peu
lourde, mais ne dut pas être bien méchant.
Xinh, en effet, ne put exhiber aucune trace
de coups. Il fit néanmoins beaucoup de
bruit (Xinh-boum-boum) au sujet des « vio-
lences » dont il avait été victime, et porta
plainte contre l'inspecteur.
Une instruction, - ouverte en septembre
1927, fut menée à une vitesse auprès de la-
quelle l'allure de l'autogire de la Cierva
est celle d'un escargot : l'affaire vint de-
vant le tribunal de Rachgia le 7 juin 1928.
Ahl c'était une grave affaire. La preuve,
c'est qu'un haut magistrat exigea la recons-
titution de la scène sur le sampan, et que
la Justice, la Gendarmerie, la Milice, es*
cortant l'inspecteur et ce pauvre Xinh, se
déplacèrent solennellement pour y assister.
Ensuite de quoi l'accusé fut déclaré cou-
pable de violences légères.
Des grincheux, à Saïgon, commentent
cette reconstitution. Ils disent, certes, qu'il
faut traiter les indigènes avec la plus grande
justice, mais à interpréter de loin leurs pro-
pos, va-t-on croire, ici. qu'il peut exister
une démagogie coloniale?
Foin de ces craintes! Au spectacle de la
Justice, de la Gendaim. (voir plus haut)
défilant dans les rues de Rachgia, toute la
population rigolait comme une jeune élé-
phante à qui l'on veut mettre un soutien-
gorge.
Egayer des indigènes qui sont congénita-
lement un peu taciturnes, il y a là toute
une politique à perfectionner. Et, entre
nous, p dites-moi, Dranem, à la tête du pou.
voir judiciaire, ne ferait-il pas merveille?
48.
Le statut de Tanger
f' f
La publication au Journal Officiel de la
République du 18 septembre 1928 de la
promulgation du protocole final, accords
et dispositions particulières signés à Paris
le 25 juillet dernier, ne fera que confirmer
ce qu écrivait dans les Annales Coloniales
du 24 juillet 1928, notre distingué collabora-
teur, M. Etienne Antonelli.
Signalons toutefois les mesures relatives
à lu sécurité de Tanger confiée à un ins-
pecteur généra], officier supérieur espa-
gnol chef d'un bureau mixte d'informations
composé d'un officier subalterne français,
adjoint au chef du bureau, et d'un officier
subalterne espagnol, oui sera établi à
Tanger avec mission d observer tous faits
intéressant la sécurité de Tanger dans ses
rapports avec celle des zones voisines et
des pays étrangers.
Ajoutons que les sujets marocains qui
seraient frappés de la peine accessoire
d'interdiction de séjour dans la zone de
Tanger devront se voir imposer par le
tribunal l'obligation de résider dans une
des autres zones du Maroc désignée après
entente avec les autorités compétentes de
cette zone.
Somme toute ainsi que l'écrivait M.
Etienne Antonelli dans son article précité,
ces accords consacrent seulement des
concessions réciproques de diverses puis-
sances intéressées dont les rivalités conti-
nuent à s'observer et à s'opposer.
–-
Un roman posthume de Jean Galmot ?
181
Jean Galmot était Périgourdin. II avait, en
1920, commencé un roman dont l'action se
déroulait dans le Sarladais. Le manuscrit en
fut emporté par les inspecteurs de la Sûreté
quand ils vinrent perquisitionner chez lui en
1921. On ignore ce qu'il est devenu. La pu-
blication dé cette œuvre posthume ne serait
peut-être pas sans intérêt.
EN MER
«»̃
Le cargo Ville-d'Alexandrette allant do
Sète à Oran, a perdu son hélice au large
des Espiguettes et a dû mouiller par cin-
quante mètres de fond. La Ville-dc-Mar-
seille ayant aperçu ses signaux, a pris à
son bord le second capitaine et l'a ramené
a Marseille où il est arrivé la nuit dernière.
Il est entré ce matin en rapport avec les
autorités du port qui ont envoyé au secours
du navire le Marius-Chambon. La position
du Ville-d'Alexandrette n'est pas critique,
et tout laisse supposer qu'il pourra être pris
à la remorque et ramené à Marseille de-
main.
*– 8.a
TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des Colonies qu'ft
la date du 10 septembre 1928, le taux ofllciel
de la piastre était de 12 fr. 15.
SOLIDARITÉ
l' 1
Nos Antilles viennent d'être iné-
galement dévastées. Tandis qu'il
y a vingt-cinq ans Passés, c'est le
feu volcanique du Mont Pelé qui anéantis-
sait Saint-Pierre de la Martinique, aujour-
d'hui c'est le vent et l'eau qui saccagent la
Guadeloupe.
Par un triste retour des choses d'ici-bas,
le malheur pénétre plus profondément dans
ces terres richement et spontanément ferti-
les que dans notre sol d'Europe où l'homme
peine pour gagner durement son pain.
Du fait des éléments, les bourrasques y
sont des cyclones, et les sinistres y prennent
toujours l'aspect de catastrophes.
Cette fois, la Martinique demeure presque
en marge du fléau, et c'est la Guadeloupe
qui souffre le plus cruellement. La liste des
victimes s'allonge à chaque câble : voilà le
côté le plus tragique de ces drames.
Les Annales Coloniales tiennent à expri-
mer aux vaillantes et fidèles populations an-
tillaises, leur sentiment de solidarité et à
leur envoyer leur réconfort. Déjà, nos amis
Henry Bérenger et Graeve débarquent de-
main du Flandre, à la Pointe-à-Pitre, à
moins que la rade endommagée ne leur per-
mette de descendre qtfà Basse-Terre. Leur
présence dans l'île donnera à l'organisation
des secours, à la réadaptation des services
publics, aux initiatives privées qui doivent
demain faire de l'île d'Emeraude un nou-
veau paradis terrestre, des directives en
rapport avec les progrès de l'agriculture et
de l'industrie modernes.
Tout en saluant respectueusement les
morts au nom de la métropole absente et
présente, MM. Henry Bérenger et Graeve
font un pressant appel à la mère-patrie
pour venir au secours des rescapés. A Paris,
chacun de leur côté, MM. L.-O. Frossard
et Graliett Candace, doublent à Paris l'ef-
fort de leurs collègues déjà sur place .et les
secondent de leur mieux auprès des pouvoirs
publics.
Demain, grâce à l'appui de la France
d Europe y qui est solidaire des Frances des
quatre autres continents et qui a une pré-
dilection marquée pour ses filles antillai-
ses si généreusement dotées par la nature, la
Guadeloupe endeuillée se relèvera plus belle
ef plus prospère.
Le désastre, stimulant quelquefois néces-
saire pour aviver l'activité de l'homme, va
permettre de hàtcr et d'intensifier la fêtlm.
dité d'une terre qui ne demande qu'à donner
à l'homme'
La vie continue.
8..-ee' ..-..el.
La taxe d'iaporlatioa
sur les laines el peaux colMiales
iii
L'Union ovine de l'Afrique du Nord et
l'Union ovine coloniale sont intervenues
il y a quelques semaines auprès du pré-
sident du Conseil, tant au nom des pro-
ducteurs et exportateurs coloniaux qu'au
nom de leurs adhérents métropolitains,
pour confirmer leurs démarches antérieu-
res en vue de la suppression de la taxe
d'importation en France de 2 sur les
laines, cuir et peaux en provenance di-
recte de 1 .Algérie, des colonies françaises
et des pays sous protectorat ou mandat
français. Ces groupements demandent que
l'étude de cette question soit reprise à l'oc-
casion de la prochaine loi de finances.
Dans une note annexée aux lettres d'en-
voi, il est rappelé. que les Chambres de
Commerce et d'Agriculture d'Algérie ont
pris des décisions récentes sollicitant la
suppression de la taxe d'importation pour
les produits agricoles.
En ce qui concerne les luinea, cuirs et
peaux, dont l'industrie a des besoins crois-
sants, il est particulièrement fâcheux de
constater que ces matières premières
d'origine coloniale sont placées sur le
même pied que les produits similaires
d'origine étrangère et ne sont pas encou-
ragés à entrer en France. La suppression
de la taxe d'importation de 2 serait fa-
vorable au développement de la produc-
tion des colonies et de leurs relations com-
merciales avec la métropole mais elle ne
soulèverait pas d'objection dans les mi-
lieux agricoles métropolitains parce que la
production nationale pour les matières
dont il s'agit ne représente qu'un pour-
centage infime (moins de 7 %) de la con-
sommation de l'industrie. En outre cette
suppression n'entraînerait qu'une faible
diminution des recettes budgétaires parce
que les. importations de Laines et peaux
d'origine coloniale sont très faibles par
rapport aux importations totales (en 1927,
G pour les laines et decliets, 27 pour
les peaux et pelleteries brutes).
lin l'étal actuel de la législation, le pro-
ducteur ou l'exportateur colonial est im-
posé deux fois puisque le paiement de la
taxe d'importation n'empêche pas les lai-
nes et peaux coloniales consommées en
France d'acquitter, après leur entrée dans
la métropole, les divers impôts, et notam-
ment la taxe sur le chiffre d'affaires do
2 %, pour les différentes transactions et
transformations dont elles sont t'ohjet.
La Foire- Exposition de Marseille
M. Léon Perricr, ministre des Colonies,
accompagné de M- Fauchet, son officier
(l'orrlonnance, quittera Paris demain, se ren-
dant à Marseille pour procéder à l'inaugura-
tion officielle, dimanche matin, de la Foire-
Exposition de la grande cité phocéenne.
Le ministre des Colonies sera accueilli par
son collègue M. Flaissières, maire de Mat-
seille, et par le Comité d'organisation de la
Foire qui lui offrira un banquet.
Contrairement à ce qui avait été annoncé,
M. Pierre Pasquier, Gouverneur Général de
l'Indochine, retenu à Paris par d'importants
engagements, ne pourra accompagner M.
Léon Verrier dans son voyage.
L'Aviation Coloniale
Maroc
Les autorités maritimes de Casablanca
ont reçu le message suivant émanant du
capitaine du navire Margari :
'*J'«Mnne que, olans le brouillard; j'ai vu, &
15 heures, par 35*59' de latitude nord et 7°42'
de longitude ouest un avion qui paraissait ava-
rié. J'ai procédé a des recherches pendant une
heure sans résultat. J'ai constaté la présence
d'une tache d'huile.
Les autorités maritimes ont donné des or-
dres ipour effectuer de nouvelles recherches.
Le point indiqué se trouve à 18 milles au
sud et à 85 milles à l'ouest de llabut.
Aucune nouvelle n'était parvenue le 18
septembre de cet avion.
D'autre part, le 37° régiment d'aviation
signale qu aucun de ses appareils ne man-
que ; la Compagnie aéro-postale signale
également qu'il ne lui manque aucun appa-
reil.
Les recherches qui continuent ont été
rendues difiieiles la nuit dernière en rai-
son d'une brume intense.
• •
Le capitaine Fargeot et le général Huet,
retenus à Perpignan par le mauvais fonc-
tionnement du moteur de leur avion, sont
partis hier matin à 0 h. 45. à destination
de Casablanca.
L'avion du capitaine Fargeot et du géné-
ral Huct a atterri à Alicante. Il poursui-
vra son voyage vers le Maroc.
Le tour du monde
M Le comte et la comtesse de Sibour effec-
tuant Je tour du monde en avionnette, ont
pu effectuer la réparation de la pompe à
huile de leur avionnette.
Les deux touristes aériens comptent par-
tir dans la journée pour Barcelone sur leur
minuscule avion.
LA USE EN VALEUR DE MADAGASCAR
M. Marcel Olivier, Gouverneur Général
de Madagascar, a présidé la séance d'ou-
verture de la session des délégations écono-
miques et financières. Il a prononcé, à cette
occasion, un très important discours sur la
politique économique à poursuivre, afin de
hâter et d'intensifier la mise en valeur de
l'ilr. (Par dépêche.)
Le nouveau régime
monétaire marocain
Un dahir du 25 juin 1928 avait maintenu
provisoirement lp coun forcé des billets de la
Banque d'Etat et l'ancien régime monétaire
marocain. Il avait pour but de préparer l'ap-
plication au Maroc de la loi monétaire fran-
çaise du 25 juin 1928, en attendant la conclu-
sion de nouvelles conventions avec le Trésor
Français et la Banque d'Etat.
L exposé des motifo du dahir faisait ressortir
que la loi française n'était pas applicable de
piano au Maroc, puisque l'empire chérifien
- son autonomie monétaire.
Le Gouvernement chérifien, après discussion
avec le Ministère des Finances et la Banque
d'Etat s est mis d accord avec eux sur un nou-
veau régime conventionnel destiné à permettre
l'adaptation du régime monétaire marocain au
régime français et la continuation de l'union
entre les deux francs.
Ces négociations ont été conduites sous les
auspices de M. le Ministre des Finances et de
nouvelles conventions ont été signées, l'une
entre la Banque d'Etat du Maroc et le Trésor
Français, l' autre entre la Banque d'Etat et le
Gouvernement marocain.
La convention entre la Banque d'Etat et le
Trésor Français a pour but et pour effet de
maintenir comme par le passé la parité exacte
du franc marocain avec le franc français. Elle
est la reproduction dans ses grandes lignes des
conventions antérieures.
La convention avec la Banque d'Etat du
Maroc est, au contraire, assez sensiblement re-
maniée.
L'Institut d'émission marocain, manifestant
une fois de plus son souci des intérêts géné-
raux du pays et témoignant d'une largeur de
vues dont on avait déjà eu tant de preuves dans
le passé, a consenti à majorer sensiblement les
redevance, versées jusqu'à ce jour en faveur
de la colonisation marocaine.
A vrai dire, la loi française ne lui était pas
applicable, et le Gouvernement français n'avait
pas songé qu'il fût possible d'imposer à un
établissement qui tenait son statut de i'Acte
d Atgésiras des versements analogues à ceux
de la Banque de France ou de la Banque de
l'Algérie.
La Banque a Etat du Maroc n'a pas voulu
se prévaloir d'un semblable avantage sans en
faire bénéficier immédiatement la colonisation
dans la plus large mesure. Les redevances
qu'elle verse annuellement seront donc majo-
rées de 2 à 3 millions. En outre, la Banque va
verser au Gouvernement la totalité des béné-
fices de change réalisés sur les métaux précieux
et les devises étrangères qu' elle possédait pen-
dant le temps où ils ont figuré dans son encaisse
statutaire.
Ces conventions vont être approuvées dans
un nouveau dahir monétaire. Celui-ci définira
le franc marocain comme constitué par un poids
d'or identique à celui du franc français. Les
échanges de billets contre de l' or auront lieu
à Rabat et à Tanger, par quantités minima
de 215.000 francs, let" versements d'or étant
effectués en lingots à Paris.
à Par i s.
Des pièces d argent de 10 et de 20 francs
au sceau du Sultan vont être émises au début
de l'année 1929 et régul ariseront les échanges
avec les indigènes.
La prospérité de la colonisation et des oeu-
vres sociales qui dépendent des avances et re-
devances de la Banque d'Elat du Maroc ne
pourra que se trouver accrue par les heureux
résultats des nouveaux accords.
LA GRAVITÉ DES DERNIERS ORAGES EN ALGÉRIE
#
r saxo -j
Après les désastres de Perrégaux, de Mos-
taganem et de Djillelli, de violents orages ont
éprouvé la région algérienne.
Vendredi et samedi derniers, dans la soirée,
pendant des heures, des éclairs aveuglants zé-
brèrent le ciel. Le tonnerre ne cessa de se
faire entendre.
La pluie se mit de la partie et ce fut comme
un écroulement d'eau des hauteurs entourant
Alger. Elle arrivait en trombes rapides, entraî-
nant terre, pierres, .matériaux de toutes espèces,
le tout envahissant les voies principales et for-
mant des monceaux de boue. Les égouts
étaient obstrués, empêchant la circulation des
tramways durant des heures entières.
A côté des dégâts matériels considérables,
il y a malheureusement à déplorer des pertes
en vies humaines.
A Miramar, un torrent énorme vint s'abattre
contre des murs de soutènement qui s'écroulè-
rent ; puis, rebondissant, écrasa la vérandah
d'une villa surplombant la mer d'une ving-
taine de mètres et appartenant au docteur Mau-
ry, d'Alger, oui s 'y trouvait en compagnie de
Mme et de Mlle Maury, de M. et Mme Elie,
de Damiette.
Le docteur Maury et M. Elie purent éviter
la chute, mais Mme et Mlle Maury et Mme
Elie furent enlevées et précipitées dans le vide.
Des secours furent immédiatement organisés ;
on retrouva bientôt, sur la plage, les corps de
Mmes Maury et Elie recouverts de débris de
toute sorte. EU les étaient mortes toutes deux.
Mlle Maury échappa miraculeusement à la
mort.
A Mustapha Supérieur, à l'extrémité du
boulevard Bru, se trouve la villa Sézini qui
abrite actuellement le Consulat d'Allemagne.
Cette villa est entourée d'un mur qui surplombe
presque à pic les terrains situés en haut du
cimetière musulman du Marabout. Sous la
force de l'eau, un amas considérable de blocs
de pierres se détacha et vint écraser une mai-
sonnette habitée par des indigènes. Des dé-
combres. on retira le cadavre de l'indigène
Blaid ben Ahmed, journalier. Un autre journa-
lier, Yaya Rabah ben Ahmed, fut relevé
blessé de graves contusions au thorax. Deux
femmes araoo, retirées également des décom-
bics, s' en tirèrent sâns trop de mal.
A Pointe-Pescade, après Saint-Eugène,
l'usine des chaux et ciments Portland a subi
un véritable désastre. Bâtie en fond de cuvette,
dominée de tous côtés par de hautes collines.
elle fut assaillie par les eaux qui arrivaient en
cascade, entrainant avec elles dans l' usine des
milliers de tonnes de pierres et de terre.
Si les bâtiments résistèrent, par contre, l'eau
et la boue envahirent machines, moteurs,
broyeurs.
Un approvisionnement de marchandises prê-
tes à être expédiées fut complètement enlisé
sous cinq à six mètres de décombres. C'est un
véritable désastre, d'autant plus grave qu'en-
viron quatre cents ouvriers vont, de ce fait, se
trouver sans travail pendant de longs mois.
Malheureusement, il n' y aurait pas là que des
dégâts matériels. On aurait vu plusieurs ouvriers
emportés par les eaux et entraînés vers la mer.
Sans doute ne sera-t-on fixé que lorsqu'on re-
trouvera les cadavres ! Toutes les communes
des environs d'Alger ont été plus ou moins
atteintes par l'ouragan.
Les cultures maraîchères ont été particulière-
ment abîmées. Des caves inondées, des toits
effondrés, du mobilier et du linge emportés par
les eaux.
L'émotion est grande à Alger et dans les
environs où les dégâts sont considérables.
..8
Dépêches de Undochine
ou
M. Albert Thomas à Tokio
On annonça à Saigon la prochaine visite
à Toliio de M. Albert Thomas qui se propo-
se de parler en laveur de l'unification des
droits des divers partis ouvriers. Un mee-
ting aura lieu vers le milieu d'octobre. Le
président du B. 1. T. est (Issuré, dit-on,
au Japon, dans les milieux intéressés,
d'une réception enthousiaste.
-
Anniversaire
Il y a eu hier trente-six ans que le comman-
dant Fauran et le l ieutenant Badaire, de l'In-
fanterie coloniale, furent tués au violent com-
bat de Dogba, au Dahomey. Le lieutenant
Ferradini, mort récemment comme général de
division à Toulouse, avait été grièvement
blessé au cours de cette affaire de Dogba. qui
mit fin, du reste, à la résistance de Behanzin.
Rappelons que le chef d'état-major du général
Dodds était le commandant Tavema qui fut
plus tard un de nos plus éminents généraux.
Le cyclone des Antilles
-400
CYCLONE
Le régime des vents aux Petites Antilles,
en particulier à la Guadeloupe, est fort ré-
gulier. Placées dans le grand mouvement
des alizés, les îles reçoivent surtout les
courants aériens allant de l'Est à l'Ouest.
Il y a la-bas d'ux expressions pour dési-
gner les degrés de violence du coup de
vent. L'un, le moins dangereux, est appelé
Il bourrasque à bananes » parce qu'il ne ren-
verse ordinairement que cette plante. L'au-
tre, le cyclone, le terrible « ioiiâllou », le
dieu de la tempête des Caraïbes, amoncelle
les ruines en une figure biblique de la fin
du monde.
Journée lourde sous le ciel muet et lou-
che, dans une atmosphère de bain de va-
peur. Le baromètre subit une dépression
anormale, l'aiguille descend. Les vieux
Créoles parlent d'ouragan 1 Il faut, à l'aide
de cibles, consolider si possible les portes
et les fenêtres.
Sur l'eau, dansent encore au rythme ber-
ccur de la mer Caribéennc, les îles heureu-
ses - - Martinique et Guadeloupe. - La tornade
pourtant avance à la vitesse de- deux cents
kilomètres à l'heure, mais avec les ruses
guerrières des hommes-soldats, elle dissi-
mule sa marche dans une sorte de brouil-
lard roux et des nuages tout en draperies
sombres. Soudain, le vent, roulant avec lui
les nuées et la pluie en trombe, déclenche
l'attaque. La Guadeloupe, dont l'horizon se
rétrécit de seconde en seconde, est « prise
à l'abordage », elle entre dans le champ
d'action du cyclone.
L'île entière, tel un grand paquebot, gé-
mit dans la tempête. La route splendide, en
corniche, où flamboie par intervalle le
grand disque turquoise de la mer, et qui
va de la Pointc-à-Pitre à la Basse-Terre,
devient le pont balayé par la tourmente,
par le rat de marée, où se cramponnent,
sans chance de résister, les malheureuses
communes Capcstcrre, Goyave, Bourg, etc.
Avant les cris humains, retentissent les
appels désespérés des grands arbres des
savanes. Le premier S. 0. S. est lancé par
les filaos, les plaintes des branches brisées,
les sanglots de troncs tordus et de racines
soulevées sonnent l'alarme parmi les habi-
tations antillaises.
Mais les maisons, frêles esquifs dans la
tempête, construites mi-partie en maçonne-
rie, mi-partie en bois, ouvertes et ajourées,
taites pour l'ombre et la fraîcheur, sont
sans défense contre l'ouragan. La tornade
mord, déchire, anach", avec des craque-
ments de planches, des grincements de fer-
turcs, des grondements de tôle. Tout le
reste est écroulement, tandis que les tor-
rents de pluie s'engouffrent dans les foyers
sans toitures, sans cloisons, parachevant
cette incarnation de l'épouvante.
La tornade s'acharne. Elle monte les
flancs boisés de la soufrière, Saint-Claude,
paradis de verdure, peuplé de ces habita-
tions créoles, inoubliables pour qui en a
goûté le charme, Saint-Claude tend main-
tenant à la splendeur vite revenue au zé-
nith tropical, un visage défiguré, indescrip-
tible pêlc-mlc de constructions éventrées,
penchées, renversées parmi les hauts pal-
mistes décapités, la tête pendante le long
de leur tronc.
J'imagine aussi ces cases de bambous si
fragiles étagées le long des mornes! Qu'en
reste-t-il ? De navrants débris, parmi les-
quels les travailleurs rescapés glanent les
miettes dispersées de leur pain quotidien.
La vie s'annonce dure pour les sinistrés :
les arbres à pain déracinés, les manguiers
ébranchés. Le long des chemins imprati-
cables, le cyclone n'a même pas épargné
ces minces secours de chômage, alors que
les récoltes sont gravement compromises et
que certaines usines et distilleries sont très
endommagées.
L'angoisse au cœur, les Antillais de Pa-
ris sont condamnés au supplice de l'attente.
Des morts, des ruines!. A toutes les in-
quiétudes répond seulement la brièveté des
communiqués officiels. Je connais des pè-
res, des mères, des épouses, des fils, des
filles que l'anxiété torture. Comment sa-
voir? Comment arracher le secret des noms
à ce chiffre « 660 », total des morts décla-
rés à ce jour ?
Silence ! Des profondeurs de ce silence
s'élève la Pointe-à-Pitre, la capitale du cen-
tre usinier. Voici non loin de la merveil-
leuse rade clôturée d'ilots rustiques, la mai-
son de mes amis, au cceur d'une rue gaie,
tout embrasée de chauds coloris. Entre les
décombres amoncelés, la maion est-elle en-
core debout? Ceux que j'aime sont-ils en-
core vivants? Rien ne répond sous le ciel
de Paris où ne brille pas la Croix du Sud.
A qui réclamer les comptes de tant de
deuils ?
Ce que la haine des hommes avait épar-
gné, tombe sous la rage aveugle des forces
dans l'ile, la Guadeloupe, plus heureuse
que la Martinique, vivait en paix entre les
fumerolles volcaniques de la Soufrière, la
mer et le vent.
Qu'importe, de ses ruines, la Guadeloupe
sortira plus forte, car le génie de l'homme
ne s'engourdit pas à porter ainsi le malheur
en sautoir. Ce que les sinistrés rebâtissent
possède l'incontestable marque d'un pro-
grès. Du chaos de la guerre, les départe-
ments du Nord de la France sont ressus-
< ités, riches, infiniment plus forts, à la taille
des tâches du présent
La vie la plus féconde est une lutte con-
tre la mort! Mais pour vivre, dans l'horrcur
de finii, toutes les forces humaines doivent
se sentir solidaires. Ainsi, la métropole ten-
dra, sans lésiner, à sa vieille colonie
d'Amérique, tous les secours que réclame
sa détresse.
Mar'e-Lou'tlle Slrartf.
A la Guadeloupe
Lo minislrie des Colonies a l'ccn de nou-
velles informations sur les ravages causés
ii la Guadeloupe, par U: cyclone. l,e Gou-
verneur, qui «-si arrivé dans la matinée du
17 à Pointe-à-l'ilre, a constaté que les com-
munes oui beaucoup sotilïerl. Il signale
des morts à Capesterre, Goyave, Bourg,
commune complètement rnsée par un l'a/.
de mare»» Point' Pitre est dévastée. Les
bt\lillll'Ut.o:; administratifs sont, anéantis, les
faubourgs n'existent plus. A Marie-Galante
presque toutes les habitations sont cffon-
drées : encore des morts et des blessés
Grand-liourg, Kaint-1 .ouis, Port-Louis,
Ahymes, Moule, Désirade, Vieux-Habitants,
Haillif, Sainle-Anne, au Gosier, au Lamcn-
tin, A naic-Mahault, Morne ei 1'¡':.HIl, Saint-
François. La campagne a beaucoup souf-
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