Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-17
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 septembre 1928 17 septembre 1928
Description : 1928/09/17 (A29,N140). 1928/09/17 (A29,N140).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451311p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. - N° 140. LE NUMERO : 10 CENTIMES LUNDI SOIR, 17 SEPTEMBRE 19B8.
JOURNAL QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
M, IM «IWM-TUÊK
PARIS an
TÉUtTH. t LOUVMC .17
- IIICHELIKU 87-S4
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Les Annales Coloniales
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VERS LE 1 PACIFIQUE
L'Indochine, le Pacifique ; il n'y a pu un
Français, conscient et organisé, qui sépare au-
jourd'hui ces deux noms. Rapprochement
redoutable. Il a donné naissance à toute une
série d'articles, d'études, de livres où l' on voit
peu à peu les problèmes se préciser et s'élar-
gir : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, les
Etats-Unis et le Japon, l'Europe et r Asie,
rapprochements non moins redoutables. Nuages
lointains, peut-être proches, chargés de tem-
pêtes et de tonnerres. Et nous venons de mettre
ia guerre hors la loi 1
Une étude du « Referee » commentant un
article de M. Albert Sarraut sur « les dange-
les problèmes du Pacifique », dégage ainsi
les données du problème général qui s impose
à r attention de tous ceux qui ne croient plus
que l'Europe est le centre du monde et la
France, le centre de l'Europe.
Premier ordre de faits :
1 0 Les peuples de couleur surpassent en
nombre les blancs dans la -proportion de deux
contre un ;
2° Ils occupent les deux tiers du monde en-
tier ;
3° Ils ont perdu la conviction que le blanc
était un être supérieur et invincible, depuis la
guerre russo-japonaise, et plus encore depuis la
guerre de 1914. ,
Deuxième ordre de faits :
-- --------- ---- -- ..---.
1° La grande majorité des races de couleur
est concentrée en Asie ;
2" Le surplus de cette population ne peut
se réfugier ni dans la vieille Europe surpeu-
plée, ni dans l'Amérique qui prend des pré-
cautions contre l'envahissement, et des précau-
t ions très sévères ;
3° Il ne lui reste plus comme débouché que
les terres dispersées du Pacifique.
Troisième ordre de faits :
1° Au premier rang de ces nations surpeu-
fléeb est le Japon, où la population croit, tous
es ans, de près d'un million d'âmes, et qui ne
dispose que de territoires restreints ; or, au
point de vue de la science et de l'équipement,
le Japon est désonnais l'égal d'une puissance
européenne :
2° La Russie est bolchevisée ; cela signifie
que, sur les 550 millions d'habitants qui cons-
tituent la population de l'Europe, plus de
100 millions sont traîtres à leur couleur, et
apparaissent aux peuples d'Asie non pas com-
me les apôtres d'une doctrine incompréhensi-
ble, mais comme les vengeurs des nations
opprimées par les pays européens.
op De là, deux conséquences :
1° A mesure que le bolchevitme s'infiltrera
'dans toute l'Asie, le nombre des mécontents,
des révoltés se multipliera de jour en jour, et
le moment viendra où le Japon. poussé par la
cause éternelle des grandes guerres : la surpo-
pulation, sera tout naturellement amené à pren-
dre la direction du vaste mouvement qui dres-
sera l'Asie contre ! Europe ;
2° A ce moment, la Russie bolcheviste, très
ouvertement hostile à l'Europe occidentale,
arrêtera toute tentative d'intervention dans le
Pacifique, en attaquant ou en menaçant d'atta-
quer la Pologne, c'est-à-dire en obligeant
1 Europe à défendre chez elle la citadelle de
la civilisation.
Voici donc comment se poserait le problème
du Pacifique: une Asie guidée, équipée, ins-
truite par le Japon, lequel n'a d'autre débouché
que les terres du Pacifique, et faisant porter là
l'effort général contre lequel les Etats-Unis,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande seraient
seuls à lutter, l'Europe ayant assez à faire pour
se garantir contre J'assaut du bolchevisme qui
immobiliserait les forces franco-britanniques.
« L'Asie dirigée par les Mongols - et les
Japonais sont de souche mongole a toujours
été, pour la race blanche, le plus grand des
dangers. Que personne ne soit assez imprudent
pour l'écarter avec mépris. Gengis-Khan fut
Je plus grand des conquérants qui aient jamais
existé, et - il gouvernait une plus grande étendue
de territoire a un seul tenant qu'aucun autre
conquérant n'en a jamais gouverné ni avant,
ni après lui. Attila conduisit ses hordes jus-
qu'au cœur même de la France. C'est désor-
mais dans le Pacifique que devra se livrer la
bataille définitive entre la force née dans le
désert de Gobi et celle qui vit le jour à
Rome. »
Conflit grandiose de deux « forces » que les
siècles précédents ont déjà heurtées l'une
contre l'autre, et qui, cette fois, se choque-
raient dans un duel d'extermination.
A dire vrai, je ne crois pas, pour ma part,
que ces choses colossales soient si simples à
réaliser :
1° L'accord des Asiatiques n'est pas si aisé
qu'on semble le croire. J'ai déjà signalé,
d'après le livre de François de Tessan, les
résultats du Congrès panasiatique du Ier août
1926. Je n'ignore pas que le délégué de la
Chine a proposé de signer l'engagement d'aider
les Indes et les Philippines à reconquérir leur
indépendance ; mais je sais aussi que la pro-
position n'a pas eu de succès et que les Japo-
nais ont nettement protesté. Prudence élémen-
taire, a-t-on dit. Supposons qu'il n'y ait que
cela. Toujours est-il que - pour l'adoption d'un
drapeau commun et d'une langue commune à
toute l'Asie, aucune entente n'a été possible ;
que les Japonais ont fait claquer les portes en
quittant fa salle du Congrès où les Chinois les
avaient accusés d'impérialisme, et que le pré-
sident et un représentant de la Corée ont
échangé des coups de poing, manifestation
sportive à laquelle les Philippins et les Hin-
dous ont dû mettre fin en séparant les boxeurs ;
2° Il ne semble pas davantage que la poli-
tique extérieure du bolchevisme ait réussi plei-
nement dans ses efforts pour constituer un bloc
antieuropéen et antiaméricain' en Asie ; le Ja-
pon, surtout, n'a pas précisément encouragé les
espérances soviétiques, et il a, en plus d'une
circonstance, montré contre la propagande de
Moscou, une poigne vigoureuse ; on se rappelle
la réponse faite par le cabinet de Tokio à la
demande de 1'U.R.S.S. qui désirait obtenir
l'immunité diplomatique pour trente-cinq délé-
gués commerciaux russes, chargés de dévelop-
per les relations d'affaires entre les deux pays ;
des affaires tant que vous voudrez, mais gardez
vos trente-cinq délégués qui feraient au Japon
autre chose que des affaires. Les journaux de
cette semaine publiaient des articles avec des
titres de ce genre : « Le Gouvernement sovié-
tique suscite en Mongolie un mouvement anti-
japonais » ; ce n'est qu'une épisode d'une lon-
gue suite de difficultés entre le bolchevisme
excitateur de guerres et le Japon qui affirme sa
volonté de paix ;
3° Affirmation qui peut laisser quelques dou-
tes dans notre esprit, mai s qui n'en laissait pas
dans l'esprit de M. Albert Sarraut lui-même.
lorsqu à la Chambre des députés il parlait, en
1922, des accords de Washington : u Qu' ajou-
terai-je que nous ne sachions déjà sur la loyauté
des hommes d'Etat japonais ? Je me souviens
encore de l'amiral Kato, aujourd'hui président
du Conseil, sur la figure de qui semble s'in-
carner le Code de l'Honneur japonais. » Ceusr
là seuls verront là des éloges de commande qui
ignorent avec quel beau courage le vicomte
Kato Tomosabuvo a su faire à la cause de la
paix les sacrifices qu'il a estimé nécessaires ;
40 « Et puis, ajoutait encore M. Albert
Sarraut, ne croyez pas qu'on puisse attaquer
1 Indochine si aisément ! C'est notre honneur
d'avoir su créer là-bas un état d'esprit de dé-
fense française, et toute tentative d'invasion
trouverait devant elle non seulement nos forces
militaires, mais tous les indigènes révoltés dans
une guerre de guérillas comme* celle que nous
avons connue il y a trente ans. » Cet état
d'esprit de défense française, de défense euro-
péenne plutôt, il dépend de nous de le rendre
Ius invincible encore ; dans le problème du
Pacifique, 1 Indochine française occupe une
place de premier plan ;
5° Et enfin, je termine par cette phrase du
« Referee lui-même » : « Si la race blanche,
héritière de la civilisation romaine, ne sait pas
s unir, si elle ne veut pas, pendant qu'il en
est encore temps, faire face aux réalités et se
préparer à l'avenir inévitable, cette bataille
entre les deux forces ne pourra avoir qu'une
seule issue. » C'est une menace, mai s aussi
une espérance: la race blanche comprendra
qu'il faut s'unir, et le problème du Pacifique
prendra un autre aspect si nous nous achemi-
nons vers les Etats-Unis d'Europe.
Je n écris pu ce qui précède pour dire qu'il
ne faut pas faire face aux réalités, au contraire ;
regardons vers le Pacifique attentivement, cons-
tamment, et persuadons-nous qu'il en est temps
encore et rapprochons-nous, peuples de race
blanche, non pas pour provoquer la force née
dans le désert de Gobi, mais pour que soit ac-
compli le vœu de M. Yoshitonie exprimé dans
sa thèse sur « Les Conflits nippo-américains et
les Problèmes du Pacifique » :
« Que la Paix règne sur le Pacifique, com-
me son nom 1 indique, et que tous les peuples
du monde, quelle que soit. leur race ou leur
nationalité, puissent vivre en paix dans une
atmosphère amicale ayant à sa base le respect
mutuel, la courtoisie réciproque et un large
esprit de conciliation » - et quelque chose
de plus : le sentiment de leur fraternité.
Utmwêm Rouaian.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Le cyclone sur les Antilles
Voici les informations reçues ce matin au
Ministère des Colonies sur les conséquences du
cyclone signalé ces jours-ci aux Antilles.
Le Gouverneur de la Martinique fait con-
naître que les dégâts dans les campagnes ont
moins graves qu'on aurait pu le redouter. Un
raz de marée a détruit sept petits voiliers et
une quinzaine de pirogues. Trois hommes ont
péri. Les dégâts matériels sont limités à quel -
ques cases détruites dans les communes de Ma-
couba, de la Grande-Rivière, du Prêcheur et
de Basse-Pointe. Les cultures auraient assez
souffert; les routes sont coupées par de nom-
breux éboulements.
A la Guadeloupe, le Gouverneur signale
qu'en moins de deux heures, toutes les com-
munications ont été détruites. A Basse- Terre,
les toitures de presque toutes les habitations
ont été emportées. Il y aurait trois morts et plu-
sieurs blessés. Les appontements ont été em-
portés par la mer. A Sainte-Claude, les dé-
gâts seraient aussi considérables. Les casernes
d'infanterie et de gendarmerie sont fortement
endommagées ; l'hôpital est dévasté, une aile
de l'hôtel du Gouvernement et de nombreuses
maisons sont effondrées. Les routes sont impra-
ticables et encombrées par des arbres abattus.
Etant donné la violence du vent et de la pluie,
on craint que le désastre soit considérable et
que les récoltes soient gravement compromises.
Toutes les dispositions sont priser pour que les
communications soient rétablies dans le moindre
délai.
-00
ÉCOLE DE NAVIGATION D'ALGER
.t.
L'iicolo préparatoire de navigation d'Al-
ler reprendra soa cours dans les premier
jours d'octobre.
L'Ecole est ouverte aux jeunes gens nu-
dessus de 15 ans, de natiowalité française.
L'enseignement est entièrement, gratuit.
Les éléves n'ont iV leur charge que les four-
nitures scolairci et les livres, table de loga-
rithmes .nc('sit'es pour suivre les cours.
Aucun examen d'entrée, aucune pièce ne
sont exiges, sauf l'uutorisntion écrite des
parents de IVléve.
Les Laboureurs de Guinée
Il y a deux semaines, à propos
de l'excellente politique coloniale
qui consiste à « faire du labou-
reur » partout où c'est Pols/ble, je signa*
lais les résultats obtenus dans cet ordre
d'idées par M. Georges Poiret, lieutenant-
gouverneur de la Guinée.
Quels sont ces résultats, qu'il faut bien
exprimer par des chiffres ?
Notons d'abord qu'ils sont d'autant plus
louables que V œuvre du chef de la colonie
a été plus critiquée à son début. L'on ne
croyait pas qu'elle pût réussir. Maintenant,
il faut bien s'incliner devant les faits.
A vrai dire, il n'y a pas vingt ans,
comme un lapsus calami me l'a fait écrire,
mais dix ans que le succès a commencé de
s'alfirmer. le suis cependant convaincu que
M. Poiret n'en dut jamais douter, puisqu'il
a tenu bon contre les critiques et même les
railleries.
En 1918, il avait réussi à persuader neuf
indigènes de la valeur des méthodes agrico-
les modernes. Avec 12 charrues et 129 bœufs
dressés au joug, ces néophytes cultivaient 40
hectares. Ce n'était rien, semblait-il; pour-
tant, le plus fort était fait : l'exemple était
donné.
-
Au début de 1927, les neuf laboureurs
étaient devenus 2. 550 et utilisaient 8.569
bœufs dûment dressés, 3.360 charrues et
2.075 herses. Et la culture à l'européenne
triomphait de la routine millénaire sur
12.490 hectares.
En outre, la ferme cotonniere de Kattkan
s'augmentait d'une école de labourage et une
deuxième école était créée à Bomboli, dans
le FDuta-LJjallon. Et tous les ans, de noirs
laboureurs vont se perfectionner au contact
de certains maîtres incontestables de la cul-
tttre, loin, très loin des tropiques. chez nos
paysans de Dordogne.
Enfin, des Foulahs, curieux représen-
tants, point sots, de haute stature, de type
sémite, et tous musulmans, d'une race desti-
née à l'amour de la terre par sa vocation
pastorale - mais il fallait aider celle-ci à
engendrer celui là - des Foulahs, témoins
des bienfaits de la charrue, apprenaient à
leur tour, de plus en plus nombreux, à la
conduire, s'attachaient au champ rémunéra-
teur et, peut-être à jamais, enterraient en
Moyenne-Guinée, en même temps que les
semences, leur instinct migrateur.
Je ne sais pas de a conte colonial » plus
intéressant que celui-là, qui, au fait, n'est
pas un conte, mais une histoire vraie.
JSetouaret Wron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-président de la Commission
des I)ftanes.
«a$*-
Intérim
'8.
Par décret en date du 12 septembre 1928,
redu sur la proposition du ministre des Colo-
niés, M. Fabre (Louis-Paul), délégué dans les
fonctions de secrétaire général du Gouverne-
ment de La Réunion, a été chargé de l'inté-
rim de ce Gouvernement pendant l'absence du
Gouverneur titulaire, M. Repiquet, autorisé à
rentrer en France.
-
Chemins de fer français
et coloniaux
La Fédération des agents techniques des che-
mins de fer français et. les colonies a tenu hier
une gramdc réunion à Strasbourg.
--
L'Aviation Coloniale
Le tour du monde
L'aviateur vicomte de Sibour, qui effec-
tue avec sa femme le tour du monde en
avion, est arrivé hier à l'aérodrome de
Pcnpinall,
Maroc
Le capitaine Fargcot, accompagné du gé-
néral fluet, est parti hier matin du Bour-
get, à 8 h. 30, à destination du Maroc. Il
compte revenir dans le courant de la se-
maine.
L'avion sanitaire au Tonkin
Un avion sanitaire, piloté par l'adjudant
liriulI, quitta Bach-Mai le matin ii 10 heu-
res a destination de Cao-Bang, où il arriva
1'1. midi, lit il embarqua un malade, un ad-
judant de la légion atteint d'appendicite et
dont l'état nécessitait d'urgence une inter-
vention chirurgicale importante. Il reprit
son vol, transporta le malade il Hanoï et
put atterrir à Bach-Mai à 15 h. io, en pré-
sence du médecin général des troupes co-
loniales et de Mme Guide, et du docteur
Dorolle, qui l'attendaient.
Une auto sanitaire emmena ensuite le
patient à l'hApital de Lunessan, où, iL 11i
nenres, il était opéré.
Cette très intéressante performance a été
établie dans d'excellentes conditions et
sans la moindre difficulté.
M. ANGOULVANT
VICTIME D'UN ACCIDENT
obe-
M. Gabriel Angoulvant, Gouverneur ho-
norait e des Colonies, ancien député des
Etablissements français dans l'Inde, a été
victime hier après-midi d'un accident d'au-
tomobile sur la route de Fontainebleau à
Paris. Sa voiture a été complètement brisée
mais fort heureusement, M. Angoulvant en
I | a été quitte pour quelques contusions sans
gravité.
De piques légers mécomptes
Nous allons parler cette fois de petites, très
petites contrariétés, dont souffrent les Maro-
cains et leurs hôtes. Elles n'ont rien de ter-
rible, soyez-en sûrs à l'avance.
Partout en France, vous voyez affiché, de-
puis les tarifs officiels des marchés jusqu'à
l'éventaire des laitiers : « Œufs du Maroc ».
Etant donné que depuis la guerre, la poule de
France est devenue une poule de luxe, ne pon-
dant par suite que des œufs d'un très grand
prix réservés par conséquent à nos voisins et
amis d'Outre-Manche, mais qui ne sont plus à
la disposition de nos faibles ressources, vous
vous étiez dit sur le paquebot : une fois au
Maroc, je vais me régaler. Dans ce pays grand
producteur d œufs ils sont probablement à bon
compte.
Une fois arrivé, vous demandez donc soit
pour votre petit déjeuner, soit pour votre repas
du matin, un oeuf. Dans votre pensée cela veut
dire une paire ou une couple d'oeufs, ou plus
simplement deux oeufs. Car il est rare pour un
homme à peu près normalement constitué que :
servez-moi un oeuf sur le plat, ne veuille pas
dire, apportez-moi deux oeufs dans un même
plat. Vous demandez donc un oeuf accommodé
d'une façon quelconque. Tout d'abord une
parenthèse. Si vous désirez que ces œufs soient
bervis à la coque, et si vous êtes descendu
dans une maison honnête, on vous répond : Je
ne" conseille pas à Monsieur d'exiger un oeuf
à la coque, nous ne pouvons pas garantir leur
fraîcheur. ainsi averti, après une légère sur-
prise, car tout Français et surtout tout Parisien
qui voyage se croit partout à la campagne, et,
qui dit campagne, dit endroit où les poules
pondent tous les jours : où les œuf s doivent
donc être obl igatoirement frais ; un peu sur-
pris donc, vous vous rabattez sur un autre
mode de cuisson. Quand on vous apporte l'ob-
jet, vous êtes singulièrement étonné de sa pe-
titesse. Vous êtes tenté de dire : « Garçon, je
n'avais pas demandé des œufs de pigeon ».
Mais, enfin, vous avalez vos deux œufs, vous
terminez votre repas, puis vous demandez à
régler l'addition. Ces œufs minuscules sont
portés sur ladite addition sensiblement au
même prix que les plus beaux œuls de France,
ces œufs de luxe dont le prix vous faisait peur
chez vous. Etant, je le suppose du moins, un
homme bien élevé, ennemi de tout scandale
inutile, vous payez. Mais rencontrant une fois
dehors, votre ami Durand, ou votre camarade
Dubois, à moins que ce ne soit ce brave Du-
pont-Durand que vous avez été si heureux de
retrouver au Maroc, vous vous épanchez dans
son tein et le suppliez de vous expliquer le
pourquoi de cet incident qui vous paraît, à pre-
mière vue, inexplicable.
Dupond-Durand-Dubois a tôt fait de vous
éclairer. Le Maroc, vous dit-il, produit énor-
mément d'œufs, c'est vrai, ou plutôt les bonnes
mères poules marocaines sont de magnifiques
pondeuses. Mais ces œufs sont, dès leur venue
au monde, si j'ose m'exprimer ainsi, répartis
obligatoirement en trois catégories. A tel point
que si la poule du Maroc était plus intelli-
gente, on devrait mettre à sa disposition trois
réceptacles différents pour ses œufs avec n° I,
n° 2 et n° 3 écrit en gros caractères sur chaque
boîte : cela faciliterait beaucoup le commerce
des exportateurs. Mais la poule marocaine
n'est pas plus intelligente que sa sœur des
autres pays et ne comprendrait certainement
pas les inscriptions, et puis elle ne sait peut-
être pas toujours elle-même si elle va accoucher
d'un œuf magnifique ou d'un avorton. Il faut
donc que ce soit son patron qui trie les œufs
de ses poules, et il le fait avec plaisir, surtout
torsqu it y en a dans le nombre beaucoup de
gros.
Il les divise en trois classes. La première,
celle qui comprend ces bons gros œufs, sédui-
sants d'aspect, dont il faut deux ou trois au
plus pour faire l'omelette du plus gros man-
geur. sont réservés aux amis que la France
compte, paraît-il, en si grand nombre de
l'autre côté de ses frontières : ils les appré-
cient, ces œufs, il leur en faut beaucoup. Etant
riches, ils ont vite fait d'être bien servis.
La seconde catégorie, déjà moins grosse,
mais assez séduisante encore, est divisée elle-
même en deux ou trois sous-genres et est expé-
diée en France. Elle vient suppléer à l'insuffi-
sante production de nos poules de !uxe : c esf
elle qui est cotée officiellement dans les sta-
tistiques, et que vous voyez affichée à diffé-
rents prix, selon sa grosseur, chez le crémier
du coin.
Reste ce que l'on consent à laisser à la
consommation locale. Celle-ci étant servie
après les gros mangeurs anglais et les consom-
mateurs affamés de France, il s'en suit que
l'infortuné Marocain, celui qui, n'ayant pas
de basse-cour à lui, ne peut ni alimenter les
consommateurs n° 1 et n° 2, ni mettre de côté
pour son usage personnel quelques produits de
choix, il s'en suit que ce malheureux n'a plus
pour apaiser sa fringale que les tout petits ri-
quiquis d oeufs, ceux dont on n'a pas voulu
ou osé faire l'expédition de l'autre côté de la
mare aux harengs.
Ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, ces pe-
tits dédaignés d'être fort bons lorsqu'ils sont
frais. On en est quitte pour en avaler trois ou
quatre au lieu de deux. Cela coûte plus cher,
mais au point de vue nourriture votre estomac
n'est pas trop chargé, et c' est déjà quelque
chose.
"pords Le llarWer.
Au Ministère de l'air
M. Laurent-Eynac, ministre de l'Air, a
constitué son cabinet comme il suit :
Directeur du cabinet : M. Louis Couhé.
Chef du secrétariat particulier : M. Voile.
Attaché au cabinet : M. Baron.
L'Islii el II diilisiiie irwilî!
L'étude du droit musulman à laquelle sont
astreints peu ou prou ceux qui ont à adminis-
trer les indigènes musulmans, leur a déjà mon-
tré combien le Coran est loin d'être un obs-
tacle à l' acknission des musulmans dans la
famille française.
Les Annales Coloniales citaient dernière-
ment à propos du décès d'un grand marabout
de Bou Saada, chef de la Zaouïa d'El Ha-
mel, de nombreuses preuves irréfutables du
loyalisme que nous donnent nos' sujets Indl.
gènes, cependant profondément imbus ces
principes de l'Islam.
Aussi, la brochure de M. Jean Mélia, le
Coran pour la France, éditée par la Ligue fran-
çaise en faveur des Musulmans d'Algérie, ne
fait-elle, pour ainsi dire, que nous confirmer
dans cette idée que l'Islam n'est pas, dans
nos possessions d'outre-mer, un danger pour
notre œuvre colonisatrice.
Il est néanmoins fort intéressant de suivre
M. Jean Mélia dans son étude attentive des
versets du Coran qui nous montre que l'Islam
est une religion de respect, de tendresse et
d'amour, et que tous les fils de la terre étant
frères, ils doivent se montrer justes et bons les
um envers les autres et généreux envers les
faibles, secourables envers les pauvres, res-
pectueux envers - -- les - femmes. -- Voulant aboutir
à la perfection de 1 homme, le Coran recom-
mande l'instruction comme la voie la plus sûre
pour arriver au paradis. « Recherchez l'ins-
truction, a dit Mahomet. Cultiver l'étude est
une action méritoire aux yeux de Dieu, répan-
dre la science est une prière, la rechercher est
une lutte sainte ; la communiquer aux autres
est une charité, la dispenser à ceux qui en sont
dignes est une bonne œuvre. »
Quoi qu'on en ait prétendu, nulle religion
n'est plus tolérante que l'Islam.
Au Soudan français, par exemple, l'état
d'esprit des Musulmans ne paraît pas opposé à
notre - civilisation. Si certains partis nous ont
fait de l'opposition, ce n'est pas parce que
nous sommes des « roumis », mais simplement
parce que notre action a menacé l'indépen-
dance jusqu'ici absolue de chefs turbulents
ou de tribus pillardes ; que ces chefs ou ceux
qui cherchent à sdlilever ces tribus mettent en
avant la question religieuse et prêchent la
guerre sainte contre les infidèles rien de plus
naturel ; mais la religion est ici un masque et
non une cause, et le Sultan du Maroc cher-
cherait à établir sa domination sur la Mauri-
tanie qu'il rencontrerait tout autant d'hostilité
que la France, sinon plus.
Quoi qu'en discutent ceux pour qui l'islamo-
phobie est un principe d'administration indi-
gène, la France n'a rien de plus à craindre
des Musulmans au Soudan que des non Mu-
sulmans.
Au cours de mes pérégrinations en pays mu-
sulman, j'ai pu constater que là où elle s est
implantée, la religion de Mahomet a produit
des résultats indéniables en ce qui concerne
la civilisation extérieure et matérielle.
Si les Musulmans sont en général plus affinés
que les autres, cela tient à leur éducation supé-
rieure, à leur groupement en centres plus consi-
dérables et à leurs déplacements plus fréquents
et plus lointains.
Il est parfois préférable, surtout au début de
l' occupation d'un pays. d'avoir affaire à des
Musulmans plutôt qu'à des arrivistes.
Le loyalisme des grands marabouts de Mau-
ritanie en 1914, de Cheikh Sidier, en particu-
lier, a évité le soulèvement qu' escomptaient nos
ennemis. Il en fut de même en Afrique du
Nord. Pendant quatre années consécutives pas-
sées tant au Sénégal qu'en Mauritanie, et sans
cesse en relations suivies avec les Musulmans,
je n'ai pu que constater combien ma connais-
sance des choses de l'Islam facilitait ma tâche
d'administrateur.
Avec M. Jean Mélia, je conclus volontiers
que le Coran, avec son soi-disant fanatisme et
son idée de guerre sainte, a été détourné de
son sens exact par ceux-là seuls qui ne désirent
pas notre rapprochement absolu, et sans arrière-
pensée, avec l'Islam.
Lisons la brochure de M. Jean Mélia. et
bien de nos préjugés tomberont, pour le plus
grand bien des relations franco-musulmanes.
fiwgéne nevtstsxr,
««*.
Cinéma Colonial
>♦<
« Allah est grand 1 »
T.a réalisation iV Allah- est grand/ film
nord-africain tiré du roman de M. Lély-
Combière, a été confire à M. Maurice
Gleize.
M. Maurice Gleize a rommrnré son dé-
coupage. Les extérieurs seront tournés en
Algérie et au Maroc.
Les vins Tunisiens
Les quantités de vins de raisin frais dont le
titre aleoolique ne dépasse pas 14 degrés,
provenant de Tunisie, et importées en franchise
douanière en France et en Algérie, pendant
la troisième décade du mois d'août 1928, se
montent à 7.645 hectolitres.
Un monument à Jean Dupuis
Le Conseil général de la Loire a voté une
importante subvention pour l'érection à
Saint-Juste la Pondue d'une statue à l'ex-
plorateur Jean Dupuis, un des premiers
pionniers de la conquête du Tohkin. La
Chambre de commerce de Roanne s'est ins-
crite pour 1.000 francs
L'inauguration de ce monument aura lieu
cette année.
Pour faire du papier
̃ «1
Pour faire du papier, il faut de la celluloee,
Et pour avoir de la cellulose en abondance,
il faut exploiter les forêts équatoriales qui en
contiennent des quantités incroyables sous
forme d'arbres lents à ressusciter des coupes,
même méthodiques, qu'on en fait, et sous
forme de plantes qui se reconstituent avec une
grande rapidité.
C'est naturellement vers ces dernières que se
porte plus spécialement l'attention de l'indus-
trie papetière.
Or, le papyrus et le ravelana de Mada-
gascar, très riches en fibres utilisables, se dis-
tinguent, en outre, par une « repousse » accé-
lérée.
On sait que le papyrus est utilisé depuis
des siècles. Les Suédois, qui vont construire
une usine modèle au Natal pour tirer de ce
végétal, sur place, de la pâte chimique ; les
Belges, qui viennent d'obtenir dans la région
d'Elisabethville une importante concession de
papyrus, s'ils sont de très avisés industriels,
n'ont en somme rien inventé.
Mais il n' y a pas très longtemps que l' on
s'est aperçu que le ravelana, ou arbre du voya-
geur, était aussi pour les fabricants de papier
une matière première fort intéressante.
Le ravelana abonde sur la côte Est de la
Grande lie. Le tout est d'en tirer parti écono-
miquement, et si les questions de fret, de main-
d' œuvre et d'organisation industrielle se posent
là comme dans toutes les colonies, les deux
dernières n'y ont peut-être pas la même gra-
vité Qu'ailleurs.
La côte Est, en effet. est relativement pri-
vilégiée. Les communications y sont, en som-
me, assez satisfaisantes, les matériaux de cons-
truction ne font pas défaut, et d'une façon
générale, les indigènes de Madagascar, bien
dirigés, peuvent devenir d'adroits mécaniciens.
Quant à la récolte des feuilles, une suffisante
densité des peuplements la rend assez aisée.
Il ressort des études faites par les spécialistes
que la fibre de ravenala Deut fournir une excel-
lente pâte susceptible d'entrer dans la fabri-
cation des papiers fins.
Tout en se gardant d'illusions exagérées,
on peut au moins affirmer que l'industrie de
la pâte de ravenala a de sérieuses chances de
prospérité à Madagascar.
--ie. N
Le Transsaharien
La conclusion d'un article du Gionarle
d'italia sur le projet français de transsaha-
rien mérite d'être retenue, car elle exprime
exactement une opinion des plus répandues
dans l'Italie. La voici in extenso :
La Franco se rond compte que son avenir se
joue en Afrique. Ayant sur son Utuic deux na-
tions, l'allemande et l'italienne, qui chaque an-
aiée s'accroissent respectivement de &W).(XJ0 et
.Í,.oon individus, elle contemple avec une ter-
reur légitime l'état stationnaire do su popula-
tion. Dans la période cruciale qui va de I1M6 à
l'.CV.i, la courbe de sa natalité, con'espoiulant
nu\ perlas de ses années pour l'extivine limite do sa descente. Si, a cette
;'JlIHI'It', disent les iïninçais, nous devons subir
une agression, nous n'aurons a lui apposer que
des ressources humiiiins extivnienicnt faibles.
Il convient doue de faire vite et créer lélirile-
1 lient en Afrique un réel point d'appui qui con-
tiv-biihince notre faiblesse en Kurope. Les
Afriniins français eoiis.drrent I Italie avec gran-
de suspicion, l/éventuelle construction d'une
litiiie lripoli-le-lVliad, qui irait se greffer à la
ligue du Cap, c'est-à-dire a la plus grande al-
téré africaine et desimée à devenir d'impor-
tance mondiale, enlèverait au Transsaharien
une grande partie de ses avantages économi-
ques et en limiterait l'importance sta^étique. La
grande erainte des Fiançais est qu'un accord
iiiit-
l'Angleterre. Quoi qu'il en soit, il est certain que
dans une cinquantaine d'années P- continent
noir ne sera plus recomiaissahle. 11 sera IlIt
champ de formidables el d'inéluctables compé-
titions européennes qui donneront la mesure de
la force et de la vitalité de chaque puissance.
41 veiller et
de se préparer a temps.
-– e..
Conseil supérieur des colonies
Election d'un Délégué de l'Afrique
Equatoriale Française
M. Charles Debierre, membre de l'Acadé-
mie de Médecine, professeur d'anatomie à la
Faculté de Lille, sénateur du Nord, membre
des Commissions sénatoriales des Finances et
des Affaires étrangères, a déclaré être candidat
à la délégation de l'A.L.F. au Conseil supé-
rieur des Colonies, en vue de l'élection du
délégué fixée au 7 octobre prochain par arrêté
ministériel du 3 décembre 1927.
Voici, d'ai lleurs la profession de foi
qu'adresse aux électeurs notre ami et distingué
collaborateur, M. le Sénateur Charles De-
bierre :
l'tl/'i,'. I"r août 102S.
Mes chers Concitoyens,
l'.n P.lit. je désirais déjà solliciter vos suf-
frages, niais un l'clarll de couriier n'a pas per-
uns a nies prolessions de foi et a mes bulletins
«le vote d'être distribues en temps utile.
Depuis celte epoque, je me. suis toujours pré-
occupe des multiples questions intéressant la vie.
de noliv 'grande colonie, ^<,it parlemeii-
laére soitcoinnie collaborateur aux .Inualcs < 0-
luniales et j'ai suivi avec le plus vif intérêt tous
les efforts fait.s pour permettre à \,,\, lv l", de,
se développer el do faire ligure, parmi les gran-
des possessions de notre empire colonial.
Le problème primonPal pour notre Congo,
c'est, la inuin-d'o'iivre et le développement, du
i apilal humain. Lutter contre les iléaux el, les
maladies qui déciment, les malheureuses popu-
lations indigènes de la Colonie, c'e.-t la première
partie de mon programme, et les études que
• 'ai poursui\ies de longues uiives me permet-
tent d'apporter la question des solutions ra-
pides, aussi bien au point de vue de. l'assistance
médicale indigène et du recrutement, dus méde-
cin s. Pour les cultures \¡'i\irii'rns, le développe-
ment doit en être poursuivi sans relâche pour
fournir à l'indigène, les subsistances qui Illi man-
quent.
L'omvre française, là-bas. s'appuie sur un
corps de fonctionnaires dont, l'éloge n'est plus
à faire, mais qui, malheureusement, est trop
peu nombreux, ('.est. pourquoi M. le (ionvernour
Céneril Antonetti a été bien inspiré en recru-
tant des agents sur contrats. Ils appartiennent.
JOURNAL QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
M, IM «IWM-TUÊK
PARIS an
TÉUtTH. t LOUVMC .17
- IIICHELIKU 87-S4
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Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du iournal.
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Tous les articles publias dans notre journal ne peuvent
être reproduits nuen citant les ANNALES COLONIALES.
ABONNEiENTS
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France et 1
Colonies 120» 669 Mt
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On s'abonne sans frais datis
tous les bureaux de poste.
VERS LE 1 PACIFIQUE
L'Indochine, le Pacifique ; il n'y a pu un
Français, conscient et organisé, qui sépare au-
jourd'hui ces deux noms. Rapprochement
redoutable. Il a donné naissance à toute une
série d'articles, d'études, de livres où l' on voit
peu à peu les problèmes se préciser et s'élar-
gir : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, les
Etats-Unis et le Japon, l'Europe et r Asie,
rapprochements non moins redoutables. Nuages
lointains, peut-être proches, chargés de tem-
pêtes et de tonnerres. Et nous venons de mettre
ia guerre hors la loi 1
Une étude du « Referee » commentant un
article de M. Albert Sarraut sur « les dange-
les problèmes du Pacifique », dégage ainsi
les données du problème général qui s impose
à r attention de tous ceux qui ne croient plus
que l'Europe est le centre du monde et la
France, le centre de l'Europe.
Premier ordre de faits :
1 0 Les peuples de couleur surpassent en
nombre les blancs dans la -proportion de deux
contre un ;
2° Ils occupent les deux tiers du monde en-
tier ;
3° Ils ont perdu la conviction que le blanc
était un être supérieur et invincible, depuis la
guerre russo-japonaise, et plus encore depuis la
guerre de 1914. ,
Deuxième ordre de faits :
-- --------- ---- -- ..---.
1° La grande majorité des races de couleur
est concentrée en Asie ;
2" Le surplus de cette population ne peut
se réfugier ni dans la vieille Europe surpeu-
plée, ni dans l'Amérique qui prend des pré-
cautions contre l'envahissement, et des précau-
t ions très sévères ;
3° Il ne lui reste plus comme débouché que
les terres dispersées du Pacifique.
Troisième ordre de faits :
1° Au premier rang de ces nations surpeu-
fléeb est le Japon, où la population croit, tous
es ans, de près d'un million d'âmes, et qui ne
dispose que de territoires restreints ; or, au
point de vue de la science et de l'équipement,
le Japon est désonnais l'égal d'une puissance
européenne :
2° La Russie est bolchevisée ; cela signifie
que, sur les 550 millions d'habitants qui cons-
tituent la population de l'Europe, plus de
100 millions sont traîtres à leur couleur, et
apparaissent aux peuples d'Asie non pas com-
me les apôtres d'une doctrine incompréhensi-
ble, mais comme les vengeurs des nations
opprimées par les pays européens.
op De là, deux conséquences :
1° A mesure que le bolchevitme s'infiltrera
'dans toute l'Asie, le nombre des mécontents,
des révoltés se multipliera de jour en jour, et
le moment viendra où le Japon. poussé par la
cause éternelle des grandes guerres : la surpo-
pulation, sera tout naturellement amené à pren-
dre la direction du vaste mouvement qui dres-
sera l'Asie contre ! Europe ;
2° A ce moment, la Russie bolcheviste, très
ouvertement hostile à l'Europe occidentale,
arrêtera toute tentative d'intervention dans le
Pacifique, en attaquant ou en menaçant d'atta-
quer la Pologne, c'est-à-dire en obligeant
1 Europe à défendre chez elle la citadelle de
la civilisation.
Voici donc comment se poserait le problème
du Pacifique: une Asie guidée, équipée, ins-
truite par le Japon, lequel n'a d'autre débouché
que les terres du Pacifique, et faisant porter là
l'effort général contre lequel les Etats-Unis,
l'Australie et la Nouvelle-Zélande seraient
seuls à lutter, l'Europe ayant assez à faire pour
se garantir contre J'assaut du bolchevisme qui
immobiliserait les forces franco-britanniques.
« L'Asie dirigée par les Mongols - et les
Japonais sont de souche mongole a toujours
été, pour la race blanche, le plus grand des
dangers. Que personne ne soit assez imprudent
pour l'écarter avec mépris. Gengis-Khan fut
Je plus grand des conquérants qui aient jamais
existé, et - il gouvernait une plus grande étendue
de territoire a un seul tenant qu'aucun autre
conquérant n'en a jamais gouverné ni avant,
ni après lui. Attila conduisit ses hordes jus-
qu'au cœur même de la France. C'est désor-
mais dans le Pacifique que devra se livrer la
bataille définitive entre la force née dans le
désert de Gobi et celle qui vit le jour à
Rome. »
Conflit grandiose de deux « forces » que les
siècles précédents ont déjà heurtées l'une
contre l'autre, et qui, cette fois, se choque-
raient dans un duel d'extermination.
A dire vrai, je ne crois pas, pour ma part,
que ces choses colossales soient si simples à
réaliser :
1° L'accord des Asiatiques n'est pas si aisé
qu'on semble le croire. J'ai déjà signalé,
d'après le livre de François de Tessan, les
résultats du Congrès panasiatique du Ier août
1926. Je n'ignore pas que le délégué de la
Chine a proposé de signer l'engagement d'aider
les Indes et les Philippines à reconquérir leur
indépendance ; mais je sais aussi que la pro-
position n'a pas eu de succès et que les Japo-
nais ont nettement protesté. Prudence élémen-
taire, a-t-on dit. Supposons qu'il n'y ait que
cela. Toujours est-il que - pour l'adoption d'un
drapeau commun et d'une langue commune à
toute l'Asie, aucune entente n'a été possible ;
que les Japonais ont fait claquer les portes en
quittant fa salle du Congrès où les Chinois les
avaient accusés d'impérialisme, et que le pré-
sident et un représentant de la Corée ont
échangé des coups de poing, manifestation
sportive à laquelle les Philippins et les Hin-
dous ont dû mettre fin en séparant les boxeurs ;
2° Il ne semble pas davantage que la poli-
tique extérieure du bolchevisme ait réussi plei-
nement dans ses efforts pour constituer un bloc
antieuropéen et antiaméricain' en Asie ; le Ja-
pon, surtout, n'a pas précisément encouragé les
espérances soviétiques, et il a, en plus d'une
circonstance, montré contre la propagande de
Moscou, une poigne vigoureuse ; on se rappelle
la réponse faite par le cabinet de Tokio à la
demande de 1'U.R.S.S. qui désirait obtenir
l'immunité diplomatique pour trente-cinq délé-
gués commerciaux russes, chargés de dévelop-
per les relations d'affaires entre les deux pays ;
des affaires tant que vous voudrez, mais gardez
vos trente-cinq délégués qui feraient au Japon
autre chose que des affaires. Les journaux de
cette semaine publiaient des articles avec des
titres de ce genre : « Le Gouvernement sovié-
tique suscite en Mongolie un mouvement anti-
japonais » ; ce n'est qu'une épisode d'une lon-
gue suite de difficultés entre le bolchevisme
excitateur de guerres et le Japon qui affirme sa
volonté de paix ;
3° Affirmation qui peut laisser quelques dou-
tes dans notre esprit, mai s qui n'en laissait pas
dans l'esprit de M. Albert Sarraut lui-même.
lorsqu à la Chambre des députés il parlait, en
1922, des accords de Washington : u Qu' ajou-
terai-je que nous ne sachions déjà sur la loyauté
des hommes d'Etat japonais ? Je me souviens
encore de l'amiral Kato, aujourd'hui président
du Conseil, sur la figure de qui semble s'in-
carner le Code de l'Honneur japonais. » Ceusr
là seuls verront là des éloges de commande qui
ignorent avec quel beau courage le vicomte
Kato Tomosabuvo a su faire à la cause de la
paix les sacrifices qu'il a estimé nécessaires ;
40 « Et puis, ajoutait encore M. Albert
Sarraut, ne croyez pas qu'on puisse attaquer
1 Indochine si aisément ! C'est notre honneur
d'avoir su créer là-bas un état d'esprit de dé-
fense française, et toute tentative d'invasion
trouverait devant elle non seulement nos forces
militaires, mais tous les indigènes révoltés dans
une guerre de guérillas comme* celle que nous
avons connue il y a trente ans. » Cet état
d'esprit de défense française, de défense euro-
péenne plutôt, il dépend de nous de le rendre
Ius invincible encore ; dans le problème du
Pacifique, 1 Indochine française occupe une
place de premier plan ;
5° Et enfin, je termine par cette phrase du
« Referee lui-même » : « Si la race blanche,
héritière de la civilisation romaine, ne sait pas
s unir, si elle ne veut pas, pendant qu'il en
est encore temps, faire face aux réalités et se
préparer à l'avenir inévitable, cette bataille
entre les deux forces ne pourra avoir qu'une
seule issue. » C'est une menace, mai s aussi
une espérance: la race blanche comprendra
qu'il faut s'unir, et le problème du Pacifique
prendra un autre aspect si nous nous achemi-
nons vers les Etats-Unis d'Europe.
Je n écris pu ce qui précède pour dire qu'il
ne faut pas faire face aux réalités, au contraire ;
regardons vers le Pacifique attentivement, cons-
tamment, et persuadons-nous qu'il en est temps
encore et rapprochons-nous, peuples de race
blanche, non pas pour provoquer la force née
dans le désert de Gobi, mais pour que soit ac-
compli le vœu de M. Yoshitonie exprimé dans
sa thèse sur « Les Conflits nippo-américains et
les Problèmes du Pacifique » :
« Que la Paix règne sur le Pacifique, com-
me son nom 1 indique, et que tous les peuples
du monde, quelle que soit. leur race ou leur
nationalité, puissent vivre en paix dans une
atmosphère amicale ayant à sa base le respect
mutuel, la courtoisie réciproque et un large
esprit de conciliation » - et quelque chose
de plus : le sentiment de leur fraternité.
Utmwêm Rouaian.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Le cyclone sur les Antilles
Voici les informations reçues ce matin au
Ministère des Colonies sur les conséquences du
cyclone signalé ces jours-ci aux Antilles.
Le Gouverneur de la Martinique fait con-
naître que les dégâts dans les campagnes ont
moins graves qu'on aurait pu le redouter. Un
raz de marée a détruit sept petits voiliers et
une quinzaine de pirogues. Trois hommes ont
péri. Les dégâts matériels sont limités à quel -
ques cases détruites dans les communes de Ma-
couba, de la Grande-Rivière, du Prêcheur et
de Basse-Pointe. Les cultures auraient assez
souffert; les routes sont coupées par de nom-
breux éboulements.
A la Guadeloupe, le Gouverneur signale
qu'en moins de deux heures, toutes les com-
munications ont été détruites. A Basse- Terre,
les toitures de presque toutes les habitations
ont été emportées. Il y aurait trois morts et plu-
sieurs blessés. Les appontements ont été em-
portés par la mer. A Sainte-Claude, les dé-
gâts seraient aussi considérables. Les casernes
d'infanterie et de gendarmerie sont fortement
endommagées ; l'hôpital est dévasté, une aile
de l'hôtel du Gouvernement et de nombreuses
maisons sont effondrées. Les routes sont impra-
ticables et encombrées par des arbres abattus.
Etant donné la violence du vent et de la pluie,
on craint que le désastre soit considérable et
que les récoltes soient gravement compromises.
Toutes les dispositions sont priser pour que les
communications soient rétablies dans le moindre
délai.
-00
ÉCOLE DE NAVIGATION D'ALGER
.t.
L'iicolo préparatoire de navigation d'Al-
ler reprendra soa cours dans les premier
jours d'octobre.
L'Ecole est ouverte aux jeunes gens nu-
dessus de 15 ans, de natiowalité française.
L'enseignement est entièrement, gratuit.
Les éléves n'ont iV leur charge que les four-
nitures scolairci et les livres, table de loga-
rithmes .nc('sit'es pour suivre les cours.
Aucun examen d'entrée, aucune pièce ne
sont exiges, sauf l'uutorisntion écrite des
parents de IVléve.
Les Laboureurs de Guinée
Il y a deux semaines, à propos
de l'excellente politique coloniale
qui consiste à « faire du labou-
reur » partout où c'est Pols/ble, je signa*
lais les résultats obtenus dans cet ordre
d'idées par M. Georges Poiret, lieutenant-
gouverneur de la Guinée.
Quels sont ces résultats, qu'il faut bien
exprimer par des chiffres ?
Notons d'abord qu'ils sont d'autant plus
louables que V œuvre du chef de la colonie
a été plus critiquée à son début. L'on ne
croyait pas qu'elle pût réussir. Maintenant,
il faut bien s'incliner devant les faits.
A vrai dire, il n'y a pas vingt ans,
comme un lapsus calami me l'a fait écrire,
mais dix ans que le succès a commencé de
s'alfirmer. le suis cependant convaincu que
M. Poiret n'en dut jamais douter, puisqu'il
a tenu bon contre les critiques et même les
railleries.
En 1918, il avait réussi à persuader neuf
indigènes de la valeur des méthodes agrico-
les modernes. Avec 12 charrues et 129 bœufs
dressés au joug, ces néophytes cultivaient 40
hectares. Ce n'était rien, semblait-il; pour-
tant, le plus fort était fait : l'exemple était
donné.
-
Au début de 1927, les neuf laboureurs
étaient devenus 2. 550 et utilisaient 8.569
bœufs dûment dressés, 3.360 charrues et
2.075 herses. Et la culture à l'européenne
triomphait de la routine millénaire sur
12.490 hectares.
En outre, la ferme cotonniere de Kattkan
s'augmentait d'une école de labourage et une
deuxième école était créée à Bomboli, dans
le FDuta-LJjallon. Et tous les ans, de noirs
laboureurs vont se perfectionner au contact
de certains maîtres incontestables de la cul-
tttre, loin, très loin des tropiques. chez nos
paysans de Dordogne.
Enfin, des Foulahs, curieux représen-
tants, point sots, de haute stature, de type
sémite, et tous musulmans, d'une race desti-
née à l'amour de la terre par sa vocation
pastorale - mais il fallait aider celle-ci à
engendrer celui là - des Foulahs, témoins
des bienfaits de la charrue, apprenaient à
leur tour, de plus en plus nombreux, à la
conduire, s'attachaient au champ rémunéra-
teur et, peut-être à jamais, enterraient en
Moyenne-Guinée, en même temps que les
semences, leur instinct migrateur.
Je ne sais pas de a conte colonial » plus
intéressant que celui-là, qui, au fait, n'est
pas un conte, mais une histoire vraie.
JSetouaret Wron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-président de la Commission
des I)ftanes.
«a$*-
Intérim
'8.
Par décret en date du 12 septembre 1928,
redu sur la proposition du ministre des Colo-
niés, M. Fabre (Louis-Paul), délégué dans les
fonctions de secrétaire général du Gouverne-
ment de La Réunion, a été chargé de l'inté-
rim de ce Gouvernement pendant l'absence du
Gouverneur titulaire, M. Repiquet, autorisé à
rentrer en France.
-
Chemins de fer français
et coloniaux
La Fédération des agents techniques des che-
mins de fer français et. les colonies a tenu hier
une gramdc réunion à Strasbourg.
--
L'Aviation Coloniale
Le tour du monde
L'aviateur vicomte de Sibour, qui effec-
tue avec sa femme le tour du monde en
avion, est arrivé hier à l'aérodrome de
Pcnpinall,
Maroc
Le capitaine Fargcot, accompagné du gé-
néral fluet, est parti hier matin du Bour-
get, à 8 h. 30, à destination du Maroc. Il
compte revenir dans le courant de la se-
maine.
L'avion sanitaire au Tonkin
Un avion sanitaire, piloté par l'adjudant
liriulI, quitta Bach-Mai le matin ii 10 heu-
res a destination de Cao-Bang, où il arriva
1'1. midi, lit il embarqua un malade, un ad-
judant de la légion atteint d'appendicite et
dont l'état nécessitait d'urgence une inter-
vention chirurgicale importante. Il reprit
son vol, transporta le malade il Hanoï et
put atterrir à Bach-Mai à 15 h. io, en pré-
sence du médecin général des troupes co-
loniales et de Mme Guide, et du docteur
Dorolle, qui l'attendaient.
Une auto sanitaire emmena ensuite le
patient à l'hApital de Lunessan, où, iL 11i
nenres, il était opéré.
Cette très intéressante performance a été
établie dans d'excellentes conditions et
sans la moindre difficulté.
M. ANGOULVANT
VICTIME D'UN ACCIDENT
obe-
M. Gabriel Angoulvant, Gouverneur ho-
norait e des Colonies, ancien député des
Etablissements français dans l'Inde, a été
victime hier après-midi d'un accident d'au-
tomobile sur la route de Fontainebleau à
Paris. Sa voiture a été complètement brisée
mais fort heureusement, M. Angoulvant en
I | a été quitte pour quelques contusions sans
gravité.
De piques légers mécomptes
Nous allons parler cette fois de petites, très
petites contrariétés, dont souffrent les Maro-
cains et leurs hôtes. Elles n'ont rien de ter-
rible, soyez-en sûrs à l'avance.
Partout en France, vous voyez affiché, de-
puis les tarifs officiels des marchés jusqu'à
l'éventaire des laitiers : « Œufs du Maroc ».
Etant donné que depuis la guerre, la poule de
France est devenue une poule de luxe, ne pon-
dant par suite que des œufs d'un très grand
prix réservés par conséquent à nos voisins et
amis d'Outre-Manche, mais qui ne sont plus à
la disposition de nos faibles ressources, vous
vous étiez dit sur le paquebot : une fois au
Maroc, je vais me régaler. Dans ce pays grand
producteur d œufs ils sont probablement à bon
compte.
Une fois arrivé, vous demandez donc soit
pour votre petit déjeuner, soit pour votre repas
du matin, un oeuf. Dans votre pensée cela veut
dire une paire ou une couple d'oeufs, ou plus
simplement deux oeufs. Car il est rare pour un
homme à peu près normalement constitué que :
servez-moi un oeuf sur le plat, ne veuille pas
dire, apportez-moi deux oeufs dans un même
plat. Vous demandez donc un oeuf accommodé
d'une façon quelconque. Tout d'abord une
parenthèse. Si vous désirez que ces œufs soient
bervis à la coque, et si vous êtes descendu
dans une maison honnête, on vous répond : Je
ne" conseille pas à Monsieur d'exiger un oeuf
à la coque, nous ne pouvons pas garantir leur
fraîcheur. ainsi averti, après une légère sur-
prise, car tout Français et surtout tout Parisien
qui voyage se croit partout à la campagne, et,
qui dit campagne, dit endroit où les poules
pondent tous les jours : où les œuf s doivent
donc être obl igatoirement frais ; un peu sur-
pris donc, vous vous rabattez sur un autre
mode de cuisson. Quand on vous apporte l'ob-
jet, vous êtes singulièrement étonné de sa pe-
titesse. Vous êtes tenté de dire : « Garçon, je
n'avais pas demandé des œufs de pigeon ».
Mais, enfin, vous avalez vos deux œufs, vous
terminez votre repas, puis vous demandez à
régler l'addition. Ces œufs minuscules sont
portés sur ladite addition sensiblement au
même prix que les plus beaux œuls de France,
ces œufs de luxe dont le prix vous faisait peur
chez vous. Etant, je le suppose du moins, un
homme bien élevé, ennemi de tout scandale
inutile, vous payez. Mais rencontrant une fois
dehors, votre ami Durand, ou votre camarade
Dubois, à moins que ce ne soit ce brave Du-
pont-Durand que vous avez été si heureux de
retrouver au Maroc, vous vous épanchez dans
son tein et le suppliez de vous expliquer le
pourquoi de cet incident qui vous paraît, à pre-
mière vue, inexplicable.
Dupond-Durand-Dubois a tôt fait de vous
éclairer. Le Maroc, vous dit-il, produit énor-
mément d'œufs, c'est vrai, ou plutôt les bonnes
mères poules marocaines sont de magnifiques
pondeuses. Mais ces œufs sont, dès leur venue
au monde, si j'ose m'exprimer ainsi, répartis
obligatoirement en trois catégories. A tel point
que si la poule du Maroc était plus intelli-
gente, on devrait mettre à sa disposition trois
réceptacles différents pour ses œufs avec n° I,
n° 2 et n° 3 écrit en gros caractères sur chaque
boîte : cela faciliterait beaucoup le commerce
des exportateurs. Mais la poule marocaine
n'est pas plus intelligente que sa sœur des
autres pays et ne comprendrait certainement
pas les inscriptions, et puis elle ne sait peut-
être pas toujours elle-même si elle va accoucher
d'un œuf magnifique ou d'un avorton. Il faut
donc que ce soit son patron qui trie les œufs
de ses poules, et il le fait avec plaisir, surtout
torsqu it y en a dans le nombre beaucoup de
gros.
Il les divise en trois classes. La première,
celle qui comprend ces bons gros œufs, sédui-
sants d'aspect, dont il faut deux ou trois au
plus pour faire l'omelette du plus gros man-
geur. sont réservés aux amis que la France
compte, paraît-il, en si grand nombre de
l'autre côté de ses frontières : ils les appré-
cient, ces œufs, il leur en faut beaucoup. Etant
riches, ils ont vite fait d'être bien servis.
La seconde catégorie, déjà moins grosse,
mais assez séduisante encore, est divisée elle-
même en deux ou trois sous-genres et est expé-
diée en France. Elle vient suppléer à l'insuffi-
sante production de nos poules de !uxe : c esf
elle qui est cotée officiellement dans les sta-
tistiques, et que vous voyez affichée à diffé-
rents prix, selon sa grosseur, chez le crémier
du coin.
Reste ce que l'on consent à laisser à la
consommation locale. Celle-ci étant servie
après les gros mangeurs anglais et les consom-
mateurs affamés de France, il s'en suit que
l'infortuné Marocain, celui qui, n'ayant pas
de basse-cour à lui, ne peut ni alimenter les
consommateurs n° 1 et n° 2, ni mettre de côté
pour son usage personnel quelques produits de
choix, il s'en suit que ce malheureux n'a plus
pour apaiser sa fringale que les tout petits ri-
quiquis d oeufs, ceux dont on n'a pas voulu
ou osé faire l'expédition de l'autre côté de la
mare aux harengs.
Ce qui n'empêche pas, d'ailleurs, ces pe-
tits dédaignés d'être fort bons lorsqu'ils sont
frais. On en est quitte pour en avaler trois ou
quatre au lieu de deux. Cela coûte plus cher,
mais au point de vue nourriture votre estomac
n'est pas trop chargé, et c' est déjà quelque
chose.
"pords Le llarWer.
Au Ministère de l'air
M. Laurent-Eynac, ministre de l'Air, a
constitué son cabinet comme il suit :
Directeur du cabinet : M. Louis Couhé.
Chef du secrétariat particulier : M. Voile.
Attaché au cabinet : M. Baron.
L'Islii el II diilisiiie irwilî!
L'étude du droit musulman à laquelle sont
astreints peu ou prou ceux qui ont à adminis-
trer les indigènes musulmans, leur a déjà mon-
tré combien le Coran est loin d'être un obs-
tacle à l' acknission des musulmans dans la
famille française.
Les Annales Coloniales citaient dernière-
ment à propos du décès d'un grand marabout
de Bou Saada, chef de la Zaouïa d'El Ha-
mel, de nombreuses preuves irréfutables du
loyalisme que nous donnent nos' sujets Indl.
gènes, cependant profondément imbus ces
principes de l'Islam.
Aussi, la brochure de M. Jean Mélia, le
Coran pour la France, éditée par la Ligue fran-
çaise en faveur des Musulmans d'Algérie, ne
fait-elle, pour ainsi dire, que nous confirmer
dans cette idée que l'Islam n'est pas, dans
nos possessions d'outre-mer, un danger pour
notre œuvre colonisatrice.
Il est néanmoins fort intéressant de suivre
M. Jean Mélia dans son étude attentive des
versets du Coran qui nous montre que l'Islam
est une religion de respect, de tendresse et
d'amour, et que tous les fils de la terre étant
frères, ils doivent se montrer justes et bons les
um envers les autres et généreux envers les
faibles, secourables envers les pauvres, res-
pectueux envers - -- les - femmes. -- Voulant aboutir
à la perfection de 1 homme, le Coran recom-
mande l'instruction comme la voie la plus sûre
pour arriver au paradis. « Recherchez l'ins-
truction, a dit Mahomet. Cultiver l'étude est
une action méritoire aux yeux de Dieu, répan-
dre la science est une prière, la rechercher est
une lutte sainte ; la communiquer aux autres
est une charité, la dispenser à ceux qui en sont
dignes est une bonne œuvre. »
Quoi qu'on en ait prétendu, nulle religion
n'est plus tolérante que l'Islam.
Au Soudan français, par exemple, l'état
d'esprit des Musulmans ne paraît pas opposé à
notre - civilisation. Si certains partis nous ont
fait de l'opposition, ce n'est pas parce que
nous sommes des « roumis », mais simplement
parce que notre action a menacé l'indépen-
dance jusqu'ici absolue de chefs turbulents
ou de tribus pillardes ; que ces chefs ou ceux
qui cherchent à sdlilever ces tribus mettent en
avant la question religieuse et prêchent la
guerre sainte contre les infidèles rien de plus
naturel ; mais la religion est ici un masque et
non une cause, et le Sultan du Maroc cher-
cherait à établir sa domination sur la Mauri-
tanie qu'il rencontrerait tout autant d'hostilité
que la France, sinon plus.
Quoi qu'en discutent ceux pour qui l'islamo-
phobie est un principe d'administration indi-
gène, la France n'a rien de plus à craindre
des Musulmans au Soudan que des non Mu-
sulmans.
Au cours de mes pérégrinations en pays mu-
sulman, j'ai pu constater que là où elle s est
implantée, la religion de Mahomet a produit
des résultats indéniables en ce qui concerne
la civilisation extérieure et matérielle.
Si les Musulmans sont en général plus affinés
que les autres, cela tient à leur éducation supé-
rieure, à leur groupement en centres plus consi-
dérables et à leurs déplacements plus fréquents
et plus lointains.
Il est parfois préférable, surtout au début de
l' occupation d'un pays. d'avoir affaire à des
Musulmans plutôt qu'à des arrivistes.
Le loyalisme des grands marabouts de Mau-
ritanie en 1914, de Cheikh Sidier, en particu-
lier, a évité le soulèvement qu' escomptaient nos
ennemis. Il en fut de même en Afrique du
Nord. Pendant quatre années consécutives pas-
sées tant au Sénégal qu'en Mauritanie, et sans
cesse en relations suivies avec les Musulmans,
je n'ai pu que constater combien ma connais-
sance des choses de l'Islam facilitait ma tâche
d'administrateur.
Avec M. Jean Mélia, je conclus volontiers
que le Coran, avec son soi-disant fanatisme et
son idée de guerre sainte, a été détourné de
son sens exact par ceux-là seuls qui ne désirent
pas notre rapprochement absolu, et sans arrière-
pensée, avec l'Islam.
Lisons la brochure de M. Jean Mélia. et
bien de nos préjugés tomberont, pour le plus
grand bien des relations franco-musulmanes.
fiwgéne nevtstsxr,
««*.
Cinéma Colonial
>♦<
« Allah est grand 1 »
T.a réalisation iV Allah- est grand/ film
nord-africain tiré du roman de M. Lély-
Combière, a été confire à M. Maurice
Gleize.
M. Maurice Gleize a rommrnré son dé-
coupage. Les extérieurs seront tournés en
Algérie et au Maroc.
Les vins Tunisiens
Les quantités de vins de raisin frais dont le
titre aleoolique ne dépasse pas 14 degrés,
provenant de Tunisie, et importées en franchise
douanière en France et en Algérie, pendant
la troisième décade du mois d'août 1928, se
montent à 7.645 hectolitres.
Un monument à Jean Dupuis
Le Conseil général de la Loire a voté une
importante subvention pour l'érection à
Saint-Juste la Pondue d'une statue à l'ex-
plorateur Jean Dupuis, un des premiers
pionniers de la conquête du Tohkin. La
Chambre de commerce de Roanne s'est ins-
crite pour 1.000 francs
L'inauguration de ce monument aura lieu
cette année.
Pour faire du papier
̃ «1
Pour faire du papier, il faut de la celluloee,
Et pour avoir de la cellulose en abondance,
il faut exploiter les forêts équatoriales qui en
contiennent des quantités incroyables sous
forme d'arbres lents à ressusciter des coupes,
même méthodiques, qu'on en fait, et sous
forme de plantes qui se reconstituent avec une
grande rapidité.
C'est naturellement vers ces dernières que se
porte plus spécialement l'attention de l'indus-
trie papetière.
Or, le papyrus et le ravelana de Mada-
gascar, très riches en fibres utilisables, se dis-
tinguent, en outre, par une « repousse » accé-
lérée.
On sait que le papyrus est utilisé depuis
des siècles. Les Suédois, qui vont construire
une usine modèle au Natal pour tirer de ce
végétal, sur place, de la pâte chimique ; les
Belges, qui viennent d'obtenir dans la région
d'Elisabethville une importante concession de
papyrus, s'ils sont de très avisés industriels,
n'ont en somme rien inventé.
Mais il n' y a pas très longtemps que l' on
s'est aperçu que le ravelana, ou arbre du voya-
geur, était aussi pour les fabricants de papier
une matière première fort intéressante.
Le ravelana abonde sur la côte Est de la
Grande lie. Le tout est d'en tirer parti écono-
miquement, et si les questions de fret, de main-
d' œuvre et d'organisation industrielle se posent
là comme dans toutes les colonies, les deux
dernières n'y ont peut-être pas la même gra-
vité Qu'ailleurs.
La côte Est, en effet. est relativement pri-
vilégiée. Les communications y sont, en som-
me, assez satisfaisantes, les matériaux de cons-
truction ne font pas défaut, et d'une façon
générale, les indigènes de Madagascar, bien
dirigés, peuvent devenir d'adroits mécaniciens.
Quant à la récolte des feuilles, une suffisante
densité des peuplements la rend assez aisée.
Il ressort des études faites par les spécialistes
que la fibre de ravenala Deut fournir une excel-
lente pâte susceptible d'entrer dans la fabri-
cation des papiers fins.
Tout en se gardant d'illusions exagérées,
on peut au moins affirmer que l'industrie de
la pâte de ravenala a de sérieuses chances de
prospérité à Madagascar.
--ie. N
Le Transsaharien
La conclusion d'un article du Gionarle
d'italia sur le projet français de transsaha-
rien mérite d'être retenue, car elle exprime
exactement une opinion des plus répandues
dans l'Italie. La voici in extenso :
La Franco se rond compte que son avenir se
joue en Afrique. Ayant sur son Utuic deux na-
tions, l'allemande et l'italienne, qui chaque an-
aiée s'accroissent respectivement de &W).(XJ0 et
.Í,.oon individus, elle contemple avec une ter-
reur légitime l'état stationnaire do su popula-
tion. Dans la période cruciale qui va de I1M6 à
l'.CV.i, la courbe de sa natalité, con'espoiulant
nu\ perlas de ses années
;'JlIHI'It', disent les iïninçais, nous devons subir
une agression, nous n'aurons a lui apposer que
des ressources humiiiins extivnienicnt faibles.
Il convient doue de faire vite et créer lélirile-
1 lient en Afrique un réel point d'appui qui con-
tiv-biihince notre faiblesse en Kurope. Les
Afriniins français eoiis.drrent I Italie avec gran-
de suspicion, l/éventuelle construction d'une
litiiie lripoli-le-lVliad, qui irait se greffer à la
ligue du Cap, c'est-à-dire a la plus grande al-
téré africaine et desimée à devenir d'impor-
tance mondiale, enlèverait au Transsaharien
une grande partie de ses avantages économi-
ques et en limiterait l'importance sta^étique. La
grande erainte des Fiançais est qu'un accord
iiiit-
l'Angleterre. Quoi qu'il en soit, il est certain que
dans une cinquantaine d'années P- continent
noir ne sera plus recomiaissahle. 11 sera IlIt
champ de formidables el d'inéluctables compé-
titions européennes qui donneront la mesure de
la force et de la vitalité de chaque puissance.
41 veiller et
de se préparer a temps.
-– e..
Conseil supérieur des colonies
Election d'un Délégué de l'Afrique
Equatoriale Française
M. Charles Debierre, membre de l'Acadé-
mie de Médecine, professeur d'anatomie à la
Faculté de Lille, sénateur du Nord, membre
des Commissions sénatoriales des Finances et
des Affaires étrangères, a déclaré être candidat
à la délégation de l'A.L.F. au Conseil supé-
rieur des Colonies, en vue de l'élection du
délégué fixée au 7 octobre prochain par arrêté
ministériel du 3 décembre 1927.
Voici, d'ai lleurs la profession de foi
qu'adresse aux électeurs notre ami et distingué
collaborateur, M. le Sénateur Charles De-
bierre :
l'tl/'i,'. I"r août 102S.
Mes chers Concitoyens,
l'.n P.lit. je désirais déjà solliciter vos suf-
frages, niais un l'clarll de couriier n'a pas per-
uns a nies prolessions de foi et a mes bulletins
«le vote d'être distribues en temps utile.
Depuis celte epoque, je me. suis toujours pré-
occupe des multiples questions intéressant la vie.
de noliv 'grande colonie, ^<,it
laére soitcoinnie collaborateur aux .Inualcs < 0-
luniales et j'ai suivi avec le plus vif intérêt tous
les efforts fait.s pour permettre à \,,\, lv l", de,
se développer el do faire ligure, parmi les gran-
des possessions de notre empire colonial.
Le problème primonPal pour notre Congo,
c'est, la inuin-d'o'iivre et le développement, du
i apilal humain. Lutter contre les iléaux el, les
maladies qui déciment, les malheureuses popu-
lations indigènes de la Colonie, c'e.-t la première
partie de mon programme, et les études que
• 'ai poursui\ies de longues uiives me permet-
tent d'apporter la question des solutions ra-
pides, aussi bien au point de vue de. l'assistance
médicale indigène et du recrutement, dus méde-
cin s. Pour les cultures \¡'i\irii'rns, le développe-
ment doit en être poursuivi sans relâche pour
fournir à l'indigène, les subsistances qui Illi man-
quent.
L'omvre française, là-bas. s'appuie sur un
corps de fonctionnaires dont, l'éloge n'est plus
à faire, mais qui, malheureusement, est trop
peu nombreux, ('.est. pourquoi M. le (ionvernour
Céneril Antonetti a été bien inspiré en recru-
tant des agents sur contrats. Ils appartiennent.
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