Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1928 15 septembre 1928
Description : 1928/09/15 (A29,N139). 1928/09/15 (A29,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64513108
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. - N* 1»
CS NUMERO : 30 CBNTJMU
SAMEDI SOIR, 15 SEPTEMBRE 1928
JOUMAIJUQTIDIEII
Rédaction & Administration :
m, m n Mt-mur
PARIS AN
- 1 LOUVM 19-37
RI6HBUBUIT-H
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
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DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publias dans notre tournai ne peuvent
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avec le supplément illustré:
Un ib 6 Moie S Mili
France et
Coloni. 120 » 66 » 81.
Etranger.. 180. 100. 50.
On s'abonne sans trais dao»
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POUR NOS FORTS COLONIAUX
Cela a été tellement dit, répété, reuallé
qu'on a détonnais presque honte de l'écrire :
la politique coloniale est, avant tout, une po-
litique , des porta. Où en sommes-nous ? Oh !
il ne s'agit pas d'incriminer qui que ce soit !
Partons de cette idée, plus juste encore que
bienveillante : chacun a fait jusqu'ici de son
mieux et danb la limite de ses ressources, et
nous serons plus A l'aise pour déclarer : ce que
chacun a fait jusqu'ici est tnsuftisant, si insuffi-
sant qu'il faut se hâter et, par tous les moyens.
de faire davantage.
Dans la lonaue enquête, minutieuse, pa-
tiente, que j'ai entreprise sur nos ports colo-
niaux, il n'est pas rare que je lise des phrases
de ce genre : « La rade de. dispose d'une
jetée en maçonnerie et d'un wharf appartenant
à la Compagnie X., mais l'un et 1 autre sont
inaccessibles même aux navires de tout petit
tonnage. » Voilà les chargeurs bien lotis 1
« L'entrée de la rade n'est praticable que de
jour, encore faut-il que le temps soit parfaite-
ment clair et est-il indispensable de se méfier
des bouées qui ne restent jamais à la même
place ». C'est tout à fait rassurant.
« Le chargement des navires se fait à 2, 3,
4.000 mètres du rivage. » Agréable penpeç-
tive pour les expéditeurs ! « A l'extrémité de
cette jetée il y a bien une grue à va peur mon-
tée sur rails, mais elle ne peut être d aucun se.
cours parce qu'il est impossible d'y accéder
avec un chaland. » Nouveau chapitte à ajouter
au gros volume des précautions inutiles, etc.
On n'en finirait plus si on se laissait entraîner
de citations en citations.
Et voici que, poursuivant dans I Exportateur
Français la série de ses études sur les ports de
Madagascar qu'il a consciencieusement visités,
M. Arnold Bonnet déclare, avec une franchise
quelque peu brutale, que non seulement il n y
a pas trouvé cet outillage moderne désormais
indispensable aux opérations des navires, mais
qu'il n'a pas rencontré de ports dignes de ce
nom. « J entends par port, dit-il, un abri où
des bateaux d'un tirant d'eau moyen peuvent
accoster et décharger à quai leur cargaison. Je
puis dire que j'ai fait toutes les stations (à une
ou deux près) où les cargos vont chercher leurs
marchandileS. Nulle part. je n'ai rencontré de
u ports », mais des rades foraines plus ou
moins bien garanties. » C'est encore quelque
chose quand c'est plus ! Mais quand c est
moins !.
Eh quoi 1 Même Tamatave n'a pas trouvé
grftoe devant notre voyageur ? Certes, ce der-
aie lecdtanalt les avantages do cette rade, avan-
tages d'autax Pliums appréciables que les autres
rades sont plus défectueuses ; mais il explique
comment, par vent du large, principalement par
vent d'est et aud-eat, les opérations destinées à
charger sur chalands deviennent impossibles, et
combien cette double manipulation : débarque-
ment sur chalaad. débarquement à terre, est la
cause d avaries regrettables, de manquants nom-
breux, de dépenses fâcheuses de temps et de
main-d' œuvre. Les travaux accomplis depuis le
cyclone ne constituent que des mesures transi-
toires. M. Arnold Bonnet indique par quels
moyens 4h arriverait à boucher la petite passe,
à élever Aine digue se prolongeant sur le Grand
Récif, à aménager des quais pour couniers et
cargos, à y poser des voies de chemins de fer
et des appareils de levage à vapeur. Je le laisse
en tête à tête avec les spécialistes. Mais je suis
pleinement d accord avec lui quand il ajoute :
« Ce serait un tout petit travail lorsque l'on
considère ceux qui ont été entrepris en Hol-
lande, voire même au Maroc, et cela mettrait
Tamatave à l'abri. » Il a raison. Le génie et
l'activité de l'homme ont fait des travaux d'une
tout autre envergure, et à côté desauels ceux-
ci paraissent œuvres de pygmée. N'objectez
pas à notre voyageur la question d argent. Il
n'y a visiblement pas songé, et il se trouve
qu il n*a pas eu toit. Je montrerai dans un ins-
tant qu'elle n'est pas un obstacle infranchissa-
ble.
Suivons-le dans ses pérégrinations : Vato-
maadry, Mahanao, Mananjary, Manakara.
Farafangana, etc., etc. On se doute bien que
ces « rades foraines » ne sont pu précisément
dotées du confort modeme, si j ose m'exprimer
ig ose m ex
ainsi. Arrêtons-nous avec notre guide à Manan-
jary. Suivant la règle, on mouille à 2 milles
de la tene eDYÙaD, Le Président de la Société
de Batelage du port explique au nouveau dé-
barqué que, depuis plus d'un an, la met a en-
levé une partie des quais, y compris la vue
qui servait à décharger les colis de poids. On
a bien récupéré la mue. mais on n a pas re-
construit les quais; la diaue ayant disparu, le
port s'ensable rapidement : toutes les joies en-
semble.
A ManaUr., on mouille à 2 nulles 1/2;
barre de rochers fermant l'entrée comme à
Mananjary, mais trois radeaux à passer, au
lieu d'un ; résultat : 3 heures pour aller du ba-
teau jusqu'à terre. Ici, cela coûtera cher, très
cher. J'y reviewkai.
A Fort Dauphin, aucun moyen pratiaue de
débarquement : notre voyageur amteaple des
hommes qui entrent dam Veau jusqu aux cuisses
et transportent sur leur tête des sacs de ma-
nioc ou des colis de peaux : sacs et peaux
tombent parfois à la mer, et y testent. D une
façon générale, sur la côte Est, les levées de
2 et 3 mètres le Ions du bord ne sont pas rares
avec la boule: « Il arrive encore assez fré.
mummag. le cas s'est présenté trois fois pen-
dant une journée, qu'au moment où 1 on des-
cead une palanquée de marchandises lourdes
(rails, concasseurs, etc.), une lame soulève le
chaland. Si le chef de au et le treuil-
liite ne sont pu assez rapides dans leur ma-
noeuvre, le chaland vient se défoncer contre la
palMqoée et coule, souvent avec la maichan-
.»
Dodblom le cap. Sainte Marie, et pénétrons
dl. T". le centre de lexportrtw
pois du Cap et des charbons. On cunsliuit
une digue, et, comme dam plus d'un endroit
que je connais bien, elle a pour résultat de eon.
trarier l'écoulement des eaux de la rivière et
d'ensabler la rade. Ce sont des goélettes qui
font le va et vient jusqu'au bateau ; à leur re-
tour, elles s'échouent sur le sable où des char-
rettes à bœufs établissent - la liaison avec la
terre après avoir traversé près de OUU métrés
de vase ou d'eau peu profonde. Charmant
pays ! Autre désavantage quand, par suite de
la marée, les goélettes sont forcées de mouiller
au large avec leur cargaison, la curée s'orga-
nise ; les Gâches traitent la marchandise comme
un butin dans un pays conquis.
Majunga est une rade spacieuse et assez
bien protClée, mais il y faut réaliser de gros
travaux pour avoir un vrai « port à navires ».
La rade la mieux garantie est celle d'Hell-
ville à Nossi Bé ; maia c'est à la Mahavava
qu'on mouille, à 3 milles 1/2 de la terre
terme, u et à des distances de 6 à 8 milles res-
pectivement des taffias d'où partent les cha-
lands nous apportant des sacs de manioc ».
Seule, la rade d'Antisrane permet de se ra-
vitailler en eau et en charbon (Majunga ne
fournit que de l'eau). Faut-il ajouter que le
service d'hydrographie et des cartes est inexis-
tant, que la plupart des rades et mouillages
sont indiqués sur les livres officiels par le
cocotier -ou le filao remarquab w pu. le- toit de.
la résidence. et que si le cocotier ou le toit
disparaissent on n' a plus d indication ; que si
une balise est emportée un premier commis des
Ponts et Chaussées la rétablit. à l'endroit où
il la trouve, etc., etc.?
Et M. Arnold Bonnet termine en souhai-
tant une campagne activement menée pour que
cette riche colonie soit pourvue de ports, outil-
lés, équipés à la moderne. J'en t vient, moi-
même à la question d'argent. J ai sous les
yeux un tableau que je sais exact de la na-
ture des travaux en cours ou projetés à Mada-
gascar :
Tamatave, établissement d un grand port,
dragages, construction de terre-pleins, d une di-
gue de protection de la rade, de quais, d'un
mur de protection des terre-pleins, d'un môle
d accostage pour les navires ;
Manakara, amélioration du port de batelage,
construction de quais, dtagages de la passe,
balisage ;
Majunga, amélioration du port de batelaae,
construction de quais et d'une jetée de protee.
tion, dragages.
C'est tout ? Oui, c est tout, mais ce serait
déjà quelque choee. Coût présumé : 130 mil-
lions. On ne fait pas grand chose avec si peu
d'argent, pensera M. Bonnet qui rappelle qu à
Manajary la mise en adjudication des travaux
indispensables, pour lesquels 8 à 10 millions
auraient suffi avant la guerre, prévoyait 75 mil-
lions de francs, qu' une offre unique avait été
faite à 185 millions, et qu'elle n'avait pas été
maintenue. Voilà de quoi nous faire réfléchir
et nous empêcher de lancer trop de pierres
dans les résidences générales. Obstacle sérieux.
mais, ie le répète, non infranchissable : et il y
a le plan Dawes.
Mmwtm ttouatesn,
Sénateur de t'ilérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
oduatormu des Colonies.
.1.
Cinéma Colonial
It.
« L'Occident »
Incessamment aura lieu la présentation de
l'Occident, le film réalisé d'après l'œuvre
célèbre de Henry Kistemaeckers.
Les répétitions d'orchestre ont commencé
car le film va bénéficier d'une adaptation
musicale particulièrement soignée, Les œu-
vres symphoniques qui accompagneront le
film ont été soigneusement sélectionnées ;
des bruits synchronisés viendront souligner
- les passages des batailles.
Il y aura deux présentations de l'Occident,
l'une strictement réservée à la corporation,
l'autre de gala qui constituera la première à
bureaux fermés de cette grande œuvre inter-
prétée par Claudia Victrix, Jacques Cate-
lain, Lucien Dalsace et H. de Bagratide.
Hommage au Docteur Loir
- L
Le docteur Loir, neveu et élève de Pasteur
vient de recevoir de l'Université de Glasgow
(Ecosse) le titre de docteur de l'Association
Britannique.
Parmi les Instituts Pasteur créés par ce
distingué propagateur de la médecine pré-
ventive, nous devons citer celui de Tunis.
Voyage princier en Afrique
Le prince de Galles et le duc de Glouccs-
ter se sont embarqués à Ismaïlia à bord
du vapcur Jualda, à destination de l'Afrique
orientale.
un cydrae - les Antilles
l" -
Le ministère des Colonies a reçu tin c4-
biogramme du Gouverneur de la Martinique,
lui faisant part qu'un cyclone se dirigeant
ie l'est vers V ouest, aurait touché le 12 se"
tembre à 10 heures, Vile de la Martinique.
Un deuxième câblograntmc, du même
fonctionnaire, parvenu ce. matin, indique que
le centre de la perturbation atmosphérique
était situé à la Dé sir ode.
Heureusement, dams notre colonie ie la
Martinique, nous n'avons que quelques dé-
gâts matériels à F0rt-ie*France.
Le cyclone, d'après les dépêches d'agen-
ces, aurait dévasté Saint-Domingue, les lies
sous U Vent et Porto-Rice.
'I-II Ilrs Il Rotins
ma* te Intel ,
Depuis la guerre, on assiste à - un
regain de l'instinct des nationalités.
Non seulement la guerre - n'a pas
étant le sentiment ethnique, le sentiment
national, elle l'a, an contraire, exacerbé.
C'est Veffondrement de Vinternationalisme,
tandis que les socialistes s'y accrochent ail-
tant que la a phynance ». Singulier para-
doxe.
En Chine, les nationalistes dénoncent les
traités inégaux, il s'agit pour eux de recons-
tituer le grand Empire chinois d'autrefois
qui comprenait, outre la Chine actuelle, dé-
barrassée des concessions et des possessions
étrangères, la Mandchourie, la Mongolie, le
Turkestan chinois, le Tlribtl, jusqu'au jour
où la Corée, la Birmanie, VAnnam, le Cam-
bodge deviendront des Etats libres incorpo.
rés à la Chine. En Europe, le traité de Ver-
sailles a ressuscité des nations mortes, la
Pologne, la Bollbm; disloqué Vempire aus-
tro-hongrois; créé dans les Balkans des lIa-
tions nouvelles. Il se peut que ces petites
nationalités ne résistent pas au temps. Elles
ont cependant leur originalité, leurs mirrirs,
leur mentalité particulière. La Pologne, la
Lit huante, la Bohême nous ramènent au dé-
but du moyen-âge. La Yougoslavie est. tqi
creuset où se fondent 6 millions de Serbes,
2.500.000 Slovènes, 550.000 Macédoniens,
450.000 Magyars, 250.000 Albanais,
625.000 Musulmans, 150.000 Roumains et
450.000 Allemands. La Tchécoslovaquie
comprend non seulement des J chequcs et des
Slovaques, mais encore des Allemands, des
iJ/agyars, des Roumains.
La tendance historique est cependant à la
contraction. C'est par un amalgame de pe-
tits Etats que la Grande-Bretagne, la Rus-
sie, l'Italie et même les Etats-Unis d'Amé-
rique sont devenus de grandes puissances.
/.iI France est le résultat de l union de ses
(mcitfllus provinces. Le même phénomène
s'est passé en Allemagne. En s'attachant à
l'Anschluss. les Allemands continuent la
tendance à la concentration et l'unité.
N'ex;stc:-t-il pas déjà en Europe une ten-
dance vers l'absorption des petites unités
par !es grandes, par voie de conquête ou de
confédération? Le phénomène est manifeste.
Mais sans aller jusquit l'unité, ne peut-on
entrevoir des Etats-Unis d'Europe, c'est-à-
dire une union fédérale comme aux Etats-
Unis d'Amériquef Malgré leurs origines et
leurs mœurs différentes, malgré leur état
d'âme particulier, les nations européennes,
grandes ou petites, ne pourraient-elles un
jour constituer, guidées d'abord par les inté-
rèts économiques, une union fédérale i Nous
n'en sommes pas là, mais la structure de
l'Europe n'est certainement pas dé/itritive.
Dans le Proche-Orient, que vo)'ons-mms?
La tentative de la reconstitution d'un
royaume arabe. Le a Jountal de Bagdad.
demande aux Syriens, en voie d'union, de
se mettre d'accord sur un des fils de Hus-
sein pour le trône de Syrie indépendante-
La Mésopotamie a- donné l'exemple en appe-
lant au trône de l'Irak, FaYfal. Avec le roi
FaYfal en Irak, l'émir Abdallah en Tran-
jordanic, un roi en Syrie, un grand tas se-
rait fait par les Arabes vers la réalisation
de la communauté arabe. Des traités ami-
caux, conclus entre la Syrie, l'Irak, la
Transjordanie et la Palestine, resserreraient
encore la liaison arabe. Al Irak estime que
les Arabes ne sont pas préparés au
régime républicain des peuples d'Occident.
Envisageant la Turquie, il pense que le ré-
gime républicain, malgré l'éclatante révolu-
tion kémaliste, n'est qu'une expérience et
que le peuple turc, s'il a accepté de se dé-
barrasser de la tyrannie des Osmanlis, n'est
pas assez émancipé pour 71'avoir pas besoin
de la crainte du « Prophète P.
Dans tous les cas, on assiste en Asie Mi-
neure à un mouvement arabe qui peut - re-
tentir sur les Arabes de l Afrique du Nord
et ne doit pas être négligé des Européens, en
particulier de la France.
CH. ®eW«rrei
Sénateur du Nord, membre
Un la Commission des Affaires
étrangères.
Le Cabinet Poincaré complété
'- 8l
M. Raymond Poincaré, président du Con-
seil, a fait signer au Conseil des Ministres tenu
hier à Rambouillet la nomination de M. Henry
Chéron, sénateur du Calvados, rapporteur gé-
néral du budget, comme ministre du Commerce,
de l'Industrie et des P.T.T., et celle de M.
Laurent Eynac, député de la Haute-Loire,
comme ministre de l'air. La création de ce
6 - -. -
nouvel organisme ministériel, qui existe dans
maints autres pays, était vivement réclamée
dans le nôtre depuis plusieurs années,
Au point de vue politique, après la nomi-
nation de M. Obeftirch, député du Bas-Rhin
(Union républicaine démocratique) comme
sous-secrétaire d'Etat au Treveil et à l rty-
aiène, ces deux nouveaux choix renforcent
l'aile droite de 1 équipe ministérielle, M.
Henry Chéron appartenant au centre droit de
la Haute Assemblée (Union républicaine), et
M. Laurent Eynac (gauche radicale) au centre
de la Chambre dont le précieux concours n a
jamai s manqué au cabinet de M. Raymond
Poincaré.
8'.
M. André Hesse
est élu maire de La Rochelle
M. André Hesse, député, ancien ministre
des Colonies, a été élu par 20 voix màire de
la Rochelle, en remplacement de M. Per-
reau, sénateur, démissionnaire.
NOIR SUR BLANC
0
Du - - courage, - -- Colonel !
-
Au jour où M. Maurice Bokanowski,
mort tragiquement, est remplacé, il me sera
permis de souligner la différence qui existe
entre le caractère de deux hommes que
l'on pouvait rapprocher pour plus d'une rai-
son.
M- Maurice Bokanowski, ministre de
l'Air, est mort en combattant, victime des
appareils dont il avait la garde et le soin
pour la France.
Le colonel Bernard, chevalier de la triste
figure, assume en Cochinchine de lourdes
responsabilités. 11 tue à raftiots que veux-tu
les malheureux qui commettent l'imprudence
folle de lui confier leur vie.
Après les assassinats du Trcntinian, tou-
jours impunis, et il faudra pourtant qu'un
jour justice soit faite, le colonel Bernard
pouvait, comme Bokanowski, avoir le beau
geste, et dire : « On meurt sur mes infâmes
chaloupes, niais moi je n'ai pas peur, je
pars pour Saigon et remonterai le Mé-
kong ! »
Quelle naïveté :
Le colonel Bernard, fort de l'appui de
M. Monguillot, goiiyerneur génréal p. i.,
qui a fait, aurait-il dit, étouffer l'affaire en
vertu d'une solidarité d'école, qui n'a rien à
voir avec la solidarité humaine, est resté
tranquillement à Paris et, à défaut de ma-
nœuvres de bord, a fait de savantes manœu-
vres sous les colonnades de la Bourse à Pa-
ris pour faire monter les titres de ses deux
Sociétés (les Messageries Fluviales de Co-
chinchine et la Compagnie Saigonnaise de
Navigation et de Transport), pendant qu'il
faisait descendre au fond des eaux du Mé-
kong une foule de braves gens.
Bernard Lazare peut être fier dans son
tombeau de son coreligionnaire Bokanowski
qui avait des défauts, mais savait les risques
de son métier de ministre et les courait.
Je ne doute pas que la voix vengeresse du
vigoureux polémiste hante les nuits du lieu-
tenant-colonel, et il me semble l'entendre
inlassablement répéter :
« Frère ! Embarque-toi. tes sabots.
Frère ! du courage ! Frère ! rrère ! il faut
mourir ! »
L'ilnflélf.
Dépêches de l'Indochine
Recettes ferroviaires
Les recettes brutes des réseaux des che-
mins de fer exploités par la colonie du
1er janvier à La fin de juillet 1928, se sont
flevées en chiffres ronds à 2.833.000 pias-
tres, faisant ressortir une augmentation de
394,800 piastres sur la même période de
1927 et une augmentatiou moyenne du ren-
dement kilométrique de 16,19 %, allant de
2,09 pour la ligne Hanoï-Nucltam, à
3,02 pour la ligne Vinh-Huê,
Les recettes brutes de la ligne llaïplwug-
Yunnanfou se sont élcvées à 2.864.500
piastres, soit une diminution de 7.700 pias-
tres sur la même période de 1927, et une
diminution du rendement kilométrique de
0,20,
-
TAUX DE LA PIASTRE
Le gouverneur général de l'Indochine vient
do faire connaître un ministre des colonies
qu'à la date du 12 septembre 1928, le taux Gin-
ciel do la piastre était de 12 fr. 3;).
6
L'Aviation Coloniale
–-
Sur la ligne France-Amérique du Sud
Poursuivant la réalisation de son pro-
gramme de liaison aérienne entre les dil.
Jérents Etats de l'Amérique du Sud, la
Compagnie Générale Aéropostale vient de
relier pour la première fois Buenos-Ayres à
Asuncion (Paraguay).
Un appareil de cette Compagnie, piloté
par l'aviateur Mermoz, un des as de notre
aviation commerciale, et ayant à bord le
capitaine Almonacid et M. Pranviue, di-
recteur de l'Aéropostale, parti de Buenos-
Ayres le le septembre, à 7 h. 40, est en
eliet parvenu à Asuncion le même jour a
16 h. 15.
Malgré une pluie torrentielle, la distance
de 1.300 kms. qui sépare la capitale de
l'Argentine de celle du Paraguay a été cou-
verte en 8 h, 55 soit une moyenne ho-
raire supérieure fi. 150 kms.
Le raid Assolant-Leièvre
Le servent aviateur Lefèvre de l'équipage
de l'avion « Oiseau-Canari », s'est embar-
qué aujourd'hui pour la France, à bord du
courrier de Marseille.
Assolant participe aux manœuvres aé-
riennes, L'autorité militaire arrête le raid
pour cette année.
Les captifs des Maures
On signale que les prétentions des Mau-
res ont été ramenées à des proportions plus
raisonnables en ce qui concerne les armet
et les munitions demandées tout d'abord,
et on espère que la mission de l'adminis-
tiateur Tête dont nous avons annoncé le
départ pour Villa Cisneros, arrivera à une
entente.
Le Tour du monde
Le vicomte de Sibour et sa femme, qui
ont entrepris de faire le tour du monde à
bord de leur avionnette biplan munie d'un
moteur de 70 CV ont quitté Londres hior
après-midi, à 14 heures, et, après avoir toi
escale a 1 aérodrome anglais de Lympno,
ont atterri au Bourget. 17 heures.
Leur intention n'est pas d'aller vite ; ils
resteront un mois en Egypte, trois semai-
nes à Pékin, sans compter les cours 1"
jours de deux, quatre et huit jours qu'ils
feront au gré de leur désir.
PHILATÉLIE
Tunisie
L'Office Postal Tunisien va procéder en
septembre, au retrait total des figurines des
anciennes émissions.
Le stock restant ne se compose d'ailleurs
plus que de timbres à 0,01, 0,02, 0,03 du
type Mosquée, et des timbres colis postaux
à 0,25, 0,40, 0,75.
Mauritanie
La Mauritanie date, au point de vue phila-
télique, de 1906 seulement.
Elle débute par la série du type omnibus
des « Palmiers » et tient la vedette parmi
ses sœurs, en cotant le plus haut prix.
Elle comprend IÓ timbres :
1 c. gris .val. cnv. L 50
z c. urun ",. 2 >1
4 c. brun violet 3 50
5 c. vert 4 Il
10 c. carmin 5 Il
20 c. noir sur bleu. 100 »
25 c. blcu sur rose. 15 Il
30 c. brun sur rose. 400 »
35 c. noir sur jaune. 15 »
40 c. carmin sur bleu. 15 »
45 c. brun sur vert. 15 »
50 t. violet 20 »
75 c. vert sur jaunc. 40 »
1 fr. noir sur bleu 125 »
2 fr. bleu sur rose 125 JI
5 fr. carmin sur jaune. 400 »
Les 20 et 30 c. sont des timbres vraiment
rares et il est stupéfiant de constater qu'en
1912 la valeur qui leur était attribuée s'éle-
vait respectivement à 2 fr. et à 6 fr. 50.
Le 35 c. noir sur jaune est connu avec im-
pression double du mot « Mauritanie ».
m
et
En 1913, la Mauritanie reçoit ses timbres
spéciaux, présentant une vue du désert ; ce
sont :
1 c. violet et brun. val. env. o 02
2 c. noir et bleu o 03
4 c. violet et noir o 05
5 c. vert et vert foncé. 2 »
10 c. rouge et orange. 4"
15 c. brun et noir. o 20
20 c. brun et orange o 25
25 c. bleu et bleu pâle 25 »
30 c. vert et carmin. 15 »
35 c. brun et violet o 40
40 c. gris et vert o 45
45 c. orange et brun. o 50
50 c. violet et carmin. 10 >»
75 c. bleu ciel et brun. o 90
1 fr. carmin et noir. Ils
2 fr. orange et violet 2 30
5 fr. violet et bleu. 0 ta
En igi5, les 10 et 15 c. sont surchargés
d'une croix rouge et de l'indication 5 c.,
montant de la surtaxe perçue au bénéfice de
cette oeuvre. Ces deux timbres spéciaux, ti-
rés à une centaine de mille exemplaires cha-
cun, valent environ 1 fr. 50 neufs et 2 francs
oblitérés. Ils sont beaucoup plus rares obli-
térés et devraient dans cet état valoir bien
davantage que neufs, naturellement, sur
lettre avec cachet de départ et d'arrivée.
On offre des 10 c. plus 5 c. avec double
surcharge. Ces timbres sont des irréguliers,
d'origine clandestine.
* *
De 1922 à 1926, un certain nombre de tim-
bres de la sétie 1913 changent de couleur,
conformément aux conventions qui régissent
l'Union postale universelle et quelques sur-
charges tont leur apparition. Ce sont :
5 c. brun et carniin. vaieur env. o 10
10 c. vert et vert foncé. 2 ni
io c. violet sur blcutc o *5
25 c. vert et rose o 30
30 c. carmin et rouge. 4 »
30 c. noir et jaune o 35
50 c. bleu et bleu pâle. s »
50 c. vert et bleu o 60
Do c. violet sur rose 2 »
65 c. brun et bleu o 75
85 c. vert et brun. 1 »
25 c. sur 2 fr. orange et violet. 7 »
60 c. sur 75 c. violet et rose 2 50
65 c. sur 15 c. brun et noir. 1 50
85 c. sur 75 c. bleu et brun. 2 »
1 fr. 2 s sur 1 fr. bleu et bleu foncé 4 »
On offre une série de timbres-taxe de Mau-
ritanie, comprenant les 5, io, 20, 25, 30, 40,
50 centimes et 1 franc, type « Palmiers »
surchargés en bleu d'un grand T dans un
triangle renversé. 11 s'agit d'une fantaisie,
sans aucun caractère officiel. Le prix de-
mandé pour ladite série est encore plus fan-
taisiste et varie entre 400 et 700 fr.
Vers Alger
Le navire éc^le* soviétique « Yegu Il n'ayant
pas obtenu pour son équipage, l'autorisation de
descendre d terre à Gibraltar, a poursuivi sa
route vers Alger. Le capitaine Kovovanof com-
mandant ce navire a protesté contre cette inter-
diction.
le
Les navires russes à Bizerte
.,.
Le Gouvernement soviétique vient de faire
une nouvelle démarche au Quai d'Orsay au
sujet des navires russes de l'armée Wrangel
qui sont à Bizerte.
Le total de ces navires est de 19; parmi
eux, 7 avaient déjà perdu, en 1925, environ
50 pour 100 de leur valeur navigable. Ces
navires sont pour la plupart des navires auxi-
liaires : navires de surveillance, de trans-
ports, etc. En ce qui concerne les navires de
guerre proprement dit, ces derniers se trou-
vaient en 1925-26, dans un état plus ou moins
passable. Quand la Commission russe a ins-
pecté les navires, il fut établi que les frais
de réparations se monteraient à 5 ou 6 mil-
lions de roubles.
Le Gouvernement russe prétend que si la
France ne les lui rend pas dans les jours
les plus proches, leur restitution deviendra
inutile.
Le Gouvernement français n'a prévu au-
cune somme pour leur entretien, c'est pour-
quoi ils deviennent peu à peu inutilisables.
DBPART
., 1
Mgr Fourcadier, évêque titulaire d'Hippone-
Zarythe et vicaire apostolique de Tananarive
vient de s'embarquer à bord du Chambord à
destination de Madagascar où il va prendre
possession de son siège épiscopal.
n est accompagné de cinq nouveaux miniOB-
naires de la Compagnie de Jésus, les RR. PP.
Del peut, Berrut, Bossard, Puis et du Frère
David.
LE CODERCE AOKOUANG-TCHEOU-WAN
Les tableaux des exportations et des impor-
tations établis en fin d'année par le président
de la Chambre de commerce de Tchékam,
font ressortir pour 1927 un mouvement d'af-
faires évalué à 25.950.000 piastres canton-
naises dont le cours moyen rut pendant l'an-
née envisagée de 10 francs.
Le total des importations de la ville de
Tchékam a atteint près de 18 millions de
piastres chinoises.
Ce commerce porte notamment sur la bim-
beloterie, les automobiles, l'outillage, les
conserves alimentaires, les vins et liqueurs,
les tissus de laine, les soies, les toiles pures
ou métisses, les cotonnades et les filés de
coton.
Ce commerce est susceptible, au cours dc-
années à venir, d'un très rapide accroisse-
ment.
Encore un mot sur le sisal
en Algérie et au Maroc
Par Louis LE BARBIER
La situation au iviaroc est toute autre qu en
Aigene. On se trouve dans le protectorat en
iacc u une culture entièrement nouvelle et qu il
taut implanter de toutes pieces. Alors que de-
puis quinze ou vingt ans, le Disal a ete cultivé
en A18e11e et en Atnque Occidentale avec
succès, que 1 on a créé des vanetes propres à
ciiacun de ces deux deniers pays, au Maroc
est loin de compte :
11 taut donc agir avec une extrême prudence,
déterminer par selections la variété de sisal
qui conviendra au sel et au climat, et procéder
avec circonspection sur des terrains SOISOeuse-
ment choisis pour leur nature, leur clunat, leur
nygrometne et leur situation à proximité de
points d évacuation.
Oc programme est celui que nous préconisons
pour notre compte, et celui que suivra, avec
raison, croyona-nous" le groupe qui a bien voulu
nous faire conhance.
Mais tout le monde ne procède pas avec
cette prudence. Il y a des hommes plus har-
dis, plus audacieux, pour lesquels ces réserves,
ces craintes semblent vieux jeu. 11, sont pressés,
voient grand, et tel lausman, ne connaissent
pas d' ostacles. Les froidures de l'hiver, le
manque d eau, la pénurie de main-d'œuvre lo-
cale, l'éloignement des voies de sortie, bien
d'autres obstacles encore ne les effraient pas.
Ils brûlent d'égaler les précurseurs qui ont bien
réussi dans d autres pays et croient que leur
volonté seule sera assez forte pour surmonter
tous les obstacles.
Souhaitons que nos frayeurs soient vaines,
que les précautions dont nous nous entourons
soient inutiles, que le résultat final vienne prou-
ver que nous étions trop timorés. Néanmoins, ce
n'est pas sans une certaine appréhension que
nous assistons à leur galop d'essai.
Car, en vérité, il serait désolant de voir
l'effort tenté en ce moment aboutir, sur un point
ou sur un autre, à un échec, même relatif.
Il serait très intéressant, très utile même pour
le Maroc qui, depuis deux ou trois campagnes,
n'a pas eu en matière de culture de céréales
tout le succès que méritaient les efforts de ses
colons, de pouvoir s' orienter vers des cultures
industrielles raisonnées et ixofitables. Or, celle
du sisal peut être du nombre.
Mais pour réussir, selon nous, il faut être
décidé à s'imposer des sacrifices, savoir atten-
dre des résultats d'études longues et cooteusea,
éviter toutes spéculations hâtives, s'entourer, en
un mot, de toutes les précautions indispensables
que nous indiquions dans un de nos précédents
articles.
Or, malheureusement, le sisal, par cela
même qu'il a donné un peu partout, jusqu'à ce
jour, de magnifiques fésultats, n incite que trop
les gens qui voient grand et sont pressés à tâcher
de réaliser immédiatement des bénéfices pré-
maturés et excessifs.
N' est-il pas fâcheux, par exemple, de voir
une grande maison de commerce offrir à 220 fr.
du mille les bulbilles qu'elle obtient parfois
gratuitement et plus souvent aux environs de
20 francs du mille, de la gracieuseté des ser-
vices officiels de certains pays français de
l'Afrique du Nord.
Ne serait-il pas plus abusif encore, si la chose
est vraie, comme on nous l'a dit (mais nous
n'en avons pa& eu la preuve matérielle sous
les yeux) de voir le promoteur d'une affaire
apporter à ses actionnaires ces mêmes bulbilles
à raison de 1 franc pièce. et il en apporterait
près d'un million.
Certes, à notre époque, la vie est chère et
les frais généraux sont élevés. Toutefois, il
doit - y avoir une limite aux appétits mêmes les
plus justifiés en théorie. Ne risque-t-on pas -
c'est là ce qui nous touche le plus car, après
tout, achète qui veut des bulbilles à 220 fr.
lo mille, et souscrit qui veut dans les sociétés
dont les apporteurs sont aussi gourmands ne
risque-t-on pas, disons-nous, en chargeant d'un
tel poids lourd au départ une affaire qui ne
rapportera pas du jour au lendemain, de para-
lyser son essor et de la tuer.
Or, c'est là" nous le répétons, ce qu'il faut
éviter à tout prix. Il faut que, dans ces pays
de l'Afrique du Nord, où le sol calcaire, le
climat, t "ensemble des conditions générales
semble parfaitement convenir à cette culture, le
sisal vienne et vicane bien.
Pour cela, il faut que toutes les tentatives
honnêtes soient encouragées, qu'on ne fasse pas
de passe-droits, mais qu'on accorde à ceux qui
méritent confiance ce qu'ils demandent quand
leur demande ne lèse aucun droit acquis.
Il importe de ne pas rencontrer des obstacle.
autres que naturels.
Ce serait le cas, par exemple, si l'on vou-
lait subordonner l'octroi d'une concession dan
le Maroc du Sud à l'attente de résultats pro-
blématiques à obtenir. dans le protectorat du
Nord, sur des terres situées à des centaines
et des centainet de kilomètres de distance, aou:
un climat, sur un sol dans des conditions océ.
CS NUMERO : 30 CBNTJMU
SAMEDI SOIR, 15 SEPTEMBRE 1928
JOUMAIJUQTIDIEII
Rédaction & Administration :
m, m n Mt-mur
PARIS AN
- 1 LOUVM 19-37
RI6HBUBUIT-H
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du iournal.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publias dans notre tournai ne peuvent
cire rr/tradnils ,,,"cn cilanl les ANNAI.ES CIJI.QSIAU.S.
ABOMEiERTS
avec le supplément illustré:
Un ib 6 Moie S Mili
France et
Coloni. 120 » 66 » 81.
Etranger.. 180. 100. 50.
On s'abonne sans trais dao»
tous les bureaux de poste.
POUR NOS FORTS COLONIAUX
Cela a été tellement dit, répété, reuallé
qu'on a détonnais presque honte de l'écrire :
la politique coloniale est, avant tout, une po-
litique , des porta. Où en sommes-nous ? Oh !
il ne s'agit pas d'incriminer qui que ce soit !
Partons de cette idée, plus juste encore que
bienveillante : chacun a fait jusqu'ici de son
mieux et danb la limite de ses ressources, et
nous serons plus A l'aise pour déclarer : ce que
chacun a fait jusqu'ici est tnsuftisant, si insuffi-
sant qu'il faut se hâter et, par tous les moyens.
de faire davantage.
Dans la lonaue enquête, minutieuse, pa-
tiente, que j'ai entreprise sur nos ports colo-
niaux, il n'est pas rare que je lise des phrases
de ce genre : « La rade de. dispose d'une
jetée en maçonnerie et d'un wharf appartenant
à la Compagnie X., mais l'un et 1 autre sont
inaccessibles même aux navires de tout petit
tonnage. » Voilà les chargeurs bien lotis 1
« L'entrée de la rade n'est praticable que de
jour, encore faut-il que le temps soit parfaite-
ment clair et est-il indispensable de se méfier
des bouées qui ne restent jamais à la même
place ». C'est tout à fait rassurant.
« Le chargement des navires se fait à 2, 3,
4.000 mètres du rivage. » Agréable penpeç-
tive pour les expéditeurs ! « A l'extrémité de
cette jetée il y a bien une grue à va peur mon-
tée sur rails, mais elle ne peut être d aucun se.
cours parce qu'il est impossible d'y accéder
avec un chaland. » Nouveau chapitte à ajouter
au gros volume des précautions inutiles, etc.
On n'en finirait plus si on se laissait entraîner
de citations en citations.
Et voici que, poursuivant dans I Exportateur
Français la série de ses études sur les ports de
Madagascar qu'il a consciencieusement visités,
M. Arnold Bonnet déclare, avec une franchise
quelque peu brutale, que non seulement il n y
a pas trouvé cet outillage moderne désormais
indispensable aux opérations des navires, mais
qu'il n'a pas rencontré de ports dignes de ce
nom. « J entends par port, dit-il, un abri où
des bateaux d'un tirant d'eau moyen peuvent
accoster et décharger à quai leur cargaison. Je
puis dire que j'ai fait toutes les stations (à une
ou deux près) où les cargos vont chercher leurs
marchandileS. Nulle part. je n'ai rencontré de
u ports », mais des rades foraines plus ou
moins bien garanties. » C'est encore quelque
chose quand c'est plus ! Mais quand c est
moins !.
Eh quoi 1 Même Tamatave n'a pas trouvé
grftoe devant notre voyageur ? Certes, ce der-
aie lecdtanalt les avantages do cette rade, avan-
tages d'autax Pliums appréciables que les autres
rades sont plus défectueuses ; mais il explique
comment, par vent du large, principalement par
vent d'est et aud-eat, les opérations destinées à
charger sur chalands deviennent impossibles, et
combien cette double manipulation : débarque-
ment sur chalaad. débarquement à terre, est la
cause d avaries regrettables, de manquants nom-
breux, de dépenses fâcheuses de temps et de
main-d' œuvre. Les travaux accomplis depuis le
cyclone ne constituent que des mesures transi-
toires. M. Arnold Bonnet indique par quels
moyens 4h arriverait à boucher la petite passe,
à élever Aine digue se prolongeant sur le Grand
Récif, à aménager des quais pour couniers et
cargos, à y poser des voies de chemins de fer
et des appareils de levage à vapeur. Je le laisse
en tête à tête avec les spécialistes. Mais je suis
pleinement d accord avec lui quand il ajoute :
« Ce serait un tout petit travail lorsque l'on
considère ceux qui ont été entrepris en Hol-
lande, voire même au Maroc, et cela mettrait
Tamatave à l'abri. » Il a raison. Le génie et
l'activité de l'homme ont fait des travaux d'une
tout autre envergure, et à côté desauels ceux-
ci paraissent œuvres de pygmée. N'objectez
pas à notre voyageur la question d argent. Il
n'y a visiblement pas songé, et il se trouve
qu il n*a pas eu toit. Je montrerai dans un ins-
tant qu'elle n'est pas un obstacle infranchissa-
ble.
Suivons-le dans ses pérégrinations : Vato-
maadry, Mahanao, Mananjary, Manakara.
Farafangana, etc., etc. On se doute bien que
ces « rades foraines » ne sont pu précisément
dotées du confort modeme, si j ose m'exprimer
ig ose m ex
ainsi. Arrêtons-nous avec notre guide à Manan-
jary. Suivant la règle, on mouille à 2 milles
de la tene eDYÙaD, Le Président de la Société
de Batelage du port explique au nouveau dé-
barqué que, depuis plus d'un an, la met a en-
levé une partie des quais, y compris la vue
qui servait à décharger les colis de poids. On
a bien récupéré la mue. mais on n a pas re-
construit les quais; la diaue ayant disparu, le
port s'ensable rapidement : toutes les joies en-
semble.
A ManaUr., on mouille à 2 nulles 1/2;
barre de rochers fermant l'entrée comme à
Mananjary, mais trois radeaux à passer, au
lieu d'un ; résultat : 3 heures pour aller du ba-
teau jusqu'à terre. Ici, cela coûtera cher, très
cher. J'y reviewkai.
A Fort Dauphin, aucun moyen pratiaue de
débarquement : notre voyageur amteaple des
hommes qui entrent dam Veau jusqu aux cuisses
et transportent sur leur tête des sacs de ma-
nioc ou des colis de peaux : sacs et peaux
tombent parfois à la mer, et y testent. D une
façon générale, sur la côte Est, les levées de
2 et 3 mètres le Ions du bord ne sont pas rares
avec la boule: « Il arrive encore assez fré.
mummag. le cas s'est présenté trois fois pen-
dant une journée, qu'au moment où 1 on des-
cead une palanquée de marchandises lourdes
(rails, concasseurs, etc.), une lame soulève le
chaland. Si le chef de au et le treuil-
liite ne sont pu assez rapides dans leur ma-
noeuvre, le chaland vient se défoncer contre la
palMqoée et coule, souvent avec la maichan-
.»
Dodblom le cap. Sainte Marie, et pénétrons
dl. T". le centre de lexportrtw
pois du Cap et des charbons. On cunsliuit
une digue, et, comme dam plus d'un endroit
que je connais bien, elle a pour résultat de eon.
trarier l'écoulement des eaux de la rivière et
d'ensabler la rade. Ce sont des goélettes qui
font le va et vient jusqu'au bateau ; à leur re-
tour, elles s'échouent sur le sable où des char-
rettes à bœufs établissent - la liaison avec la
terre après avoir traversé près de OUU métrés
de vase ou d'eau peu profonde. Charmant
pays ! Autre désavantage quand, par suite de
la marée, les goélettes sont forcées de mouiller
au large avec leur cargaison, la curée s'orga-
nise ; les Gâches traitent la marchandise comme
un butin dans un pays conquis.
Majunga est une rade spacieuse et assez
bien protClée, mais il y faut réaliser de gros
travaux pour avoir un vrai « port à navires ».
La rade la mieux garantie est celle d'Hell-
ville à Nossi Bé ; maia c'est à la Mahavava
qu'on mouille, à 3 milles 1/2 de la terre
terme, u et à des distances de 6 à 8 milles res-
pectivement des taffias d'où partent les cha-
lands nous apportant des sacs de manioc ».
Seule, la rade d'Antisrane permet de se ra-
vitailler en eau et en charbon (Majunga ne
fournit que de l'eau). Faut-il ajouter que le
service d'hydrographie et des cartes est inexis-
tant, que la plupart des rades et mouillages
sont indiqués sur les livres officiels par le
cocotier -ou le filao remarquab w pu. le- toit de.
la résidence. et que si le cocotier ou le toit
disparaissent on n' a plus d indication ; que si
une balise est emportée un premier commis des
Ponts et Chaussées la rétablit. à l'endroit où
il la trouve, etc., etc.?
Et M. Arnold Bonnet termine en souhai-
tant une campagne activement menée pour que
cette riche colonie soit pourvue de ports, outil-
lés, équipés à la moderne. J'en t vient, moi-
même à la question d'argent. J ai sous les
yeux un tableau que je sais exact de la na-
ture des travaux en cours ou projetés à Mada-
gascar :
Tamatave, établissement d un grand port,
dragages, construction de terre-pleins, d une di-
gue de protection de la rade, de quais, d'un
mur de protection des terre-pleins, d'un môle
d accostage pour les navires ;
Manakara, amélioration du port de batelage,
construction de quais, dtagages de la passe,
balisage ;
Majunga, amélioration du port de batelaae,
construction de quais et d'une jetée de protee.
tion, dragages.
C'est tout ? Oui, c est tout, mais ce serait
déjà quelque choee. Coût présumé : 130 mil-
lions. On ne fait pas grand chose avec si peu
d'argent, pensera M. Bonnet qui rappelle qu à
Manajary la mise en adjudication des travaux
indispensables, pour lesquels 8 à 10 millions
auraient suffi avant la guerre, prévoyait 75 mil-
lions de francs, qu' une offre unique avait été
faite à 185 millions, et qu'elle n'avait pas été
maintenue. Voilà de quoi nous faire réfléchir
et nous empêcher de lancer trop de pierres
dans les résidences générales. Obstacle sérieux.
mais, ie le répète, non infranchissable : et il y
a le plan Dawes.
Mmwtm ttouatesn,
Sénateur de t'ilérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
oduatormu des Colonies.
.1.
Cinéma Colonial
It.
« L'Occident »
Incessamment aura lieu la présentation de
l'Occident, le film réalisé d'après l'œuvre
célèbre de Henry Kistemaeckers.
Les répétitions d'orchestre ont commencé
car le film va bénéficier d'une adaptation
musicale particulièrement soignée, Les œu-
vres symphoniques qui accompagneront le
film ont été soigneusement sélectionnées ;
des bruits synchronisés viendront souligner
- les passages des batailles.
Il y aura deux présentations de l'Occident,
l'une strictement réservée à la corporation,
l'autre de gala qui constituera la première à
bureaux fermés de cette grande œuvre inter-
prétée par Claudia Victrix, Jacques Cate-
lain, Lucien Dalsace et H. de Bagratide.
Hommage au Docteur Loir
- L
Le docteur Loir, neveu et élève de Pasteur
vient de recevoir de l'Université de Glasgow
(Ecosse) le titre de docteur de l'Association
Britannique.
Parmi les Instituts Pasteur créés par ce
distingué propagateur de la médecine pré-
ventive, nous devons citer celui de Tunis.
Voyage princier en Afrique
Le prince de Galles et le duc de Glouccs-
ter se sont embarqués à Ismaïlia à bord
du vapcur Jualda, à destination de l'Afrique
orientale.
un cydrae - les Antilles
l" -
Le ministère des Colonies a reçu tin c4-
biogramme du Gouverneur de la Martinique,
lui faisant part qu'un cyclone se dirigeant
ie l'est vers V ouest, aurait touché le 12 se"
tembre à 10 heures, Vile de la Martinique.
Un deuxième câblograntmc, du même
fonctionnaire, parvenu ce. matin, indique que
le centre de la perturbation atmosphérique
était situé à la Dé sir ode.
Heureusement, dams notre colonie ie la
Martinique, nous n'avons que quelques dé-
gâts matériels à F0rt-ie*France.
Le cyclone, d'après les dépêches d'agen-
ces, aurait dévasté Saint-Domingue, les lies
sous U Vent et Porto-Rice.
'I-II Ilrs Il Rotins
ma* te Intel ,
Depuis la guerre, on assiste à - un
regain de l'instinct des nationalités.
Non seulement la guerre - n'a pas
étant le sentiment ethnique, le sentiment
national, elle l'a, an contraire, exacerbé.
C'est Veffondrement de Vinternationalisme,
tandis que les socialistes s'y accrochent ail-
tant que la a phynance ». Singulier para-
doxe.
En Chine, les nationalistes dénoncent les
traités inégaux, il s'agit pour eux de recons-
tituer le grand Empire chinois d'autrefois
qui comprenait, outre la Chine actuelle, dé-
barrassée des concessions et des possessions
étrangères, la Mandchourie, la Mongolie, le
Turkestan chinois, le Tlribtl, jusqu'au jour
où la Corée, la Birmanie, VAnnam, le Cam-
bodge deviendront des Etats libres incorpo.
rés à la Chine. En Europe, le traité de Ver-
sailles a ressuscité des nations mortes, la
Pologne, la Bollbm; disloqué Vempire aus-
tro-hongrois; créé dans les Balkans des lIa-
tions nouvelles. Il se peut que ces petites
nationalités ne résistent pas au temps. Elles
ont cependant leur originalité, leurs mirrirs,
leur mentalité particulière. La Pologne, la
Lit huante, la Bohême nous ramènent au dé-
but du moyen-âge. La Yougoslavie est. tqi
creuset où se fondent 6 millions de Serbes,
2.500.000 Slovènes, 550.000 Macédoniens,
450.000 Magyars, 250.000 Albanais,
625.000 Musulmans, 150.000 Roumains et
450.000 Allemands. La Tchécoslovaquie
comprend non seulement des J chequcs et des
Slovaques, mais encore des Allemands, des
iJ/agyars, des Roumains.
La tendance historique est cependant à la
contraction. C'est par un amalgame de pe-
tits Etats que la Grande-Bretagne, la Rus-
sie, l'Italie et même les Etats-Unis d'Amé-
rique sont devenus de grandes puissances.
/.iI France est le résultat de l union de ses
(mcitfllus provinces. Le même phénomène
s'est passé en Allemagne. En s'attachant à
l'Anschluss. les Allemands continuent la
tendance à la concentration et l'unité.
N'ex;stc:-t-il pas déjà en Europe une ten-
dance vers l'absorption des petites unités
par !es grandes, par voie de conquête ou de
confédération? Le phénomène est manifeste.
Mais sans aller jusquit l'unité, ne peut-on
entrevoir des Etats-Unis d'Europe, c'est-à-
dire une union fédérale comme aux Etats-
Unis d'Amériquef Malgré leurs origines et
leurs mœurs différentes, malgré leur état
d'âme particulier, les nations européennes,
grandes ou petites, ne pourraient-elles un
jour constituer, guidées d'abord par les inté-
rèts économiques, une union fédérale i Nous
n'en sommes pas là, mais la structure de
l'Europe n'est certainement pas dé/itritive.
Dans le Proche-Orient, que vo)'ons-mms?
La tentative de la reconstitution d'un
royaume arabe. Le a Jountal de Bagdad.
demande aux Syriens, en voie d'union, de
se mettre d'accord sur un des fils de Hus-
sein pour le trône de Syrie indépendante-
La Mésopotamie a- donné l'exemple en appe-
lant au trône de l'Irak, FaYfal. Avec le roi
FaYfal en Irak, l'émir Abdallah en Tran-
jordanic, un roi en Syrie, un grand tas se-
rait fait par les Arabes vers la réalisation
de la communauté arabe. Des traités ami-
caux, conclus entre la Syrie, l'Irak, la
Transjordanie et la Palestine, resserreraient
encore la liaison arabe. Al Irak estime que
les Arabes ne sont pas préparés au
régime républicain des peuples d'Occident.
Envisageant la Turquie, il pense que le ré-
gime républicain, malgré l'éclatante révolu-
tion kémaliste, n'est qu'une expérience et
que le peuple turc, s'il a accepté de se dé-
barrasser de la tyrannie des Osmanlis, n'est
pas assez émancipé pour 71'avoir pas besoin
de la crainte du « Prophète P.
Dans tous les cas, on assiste en Asie Mi-
neure à un mouvement arabe qui peut - re-
tentir sur les Arabes de l Afrique du Nord
et ne doit pas être négligé des Européens, en
particulier de la France.
CH. ®eW«rrei
Sénateur du Nord, membre
Un la Commission des Affaires
étrangères.
Le Cabinet Poincaré complété
'- 8l
M. Raymond Poincaré, président du Con-
seil, a fait signer au Conseil des Ministres tenu
hier à Rambouillet la nomination de M. Henry
Chéron, sénateur du Calvados, rapporteur gé-
néral du budget, comme ministre du Commerce,
de l'Industrie et des P.T.T., et celle de M.
Laurent Eynac, député de la Haute-Loire,
comme ministre de l'air. La création de ce
6 - -. -
nouvel organisme ministériel, qui existe dans
maints autres pays, était vivement réclamée
dans le nôtre depuis plusieurs années,
Au point de vue politique, après la nomi-
nation de M. Obeftirch, député du Bas-Rhin
(Union républicaine démocratique) comme
sous-secrétaire d'Etat au Treveil et à l rty-
aiène, ces deux nouveaux choix renforcent
l'aile droite de 1 équipe ministérielle, M.
Henry Chéron appartenant au centre droit de
la Haute Assemblée (Union républicaine), et
M. Laurent Eynac (gauche radicale) au centre
de la Chambre dont le précieux concours n a
jamai s manqué au cabinet de M. Raymond
Poincaré.
8'.
M. André Hesse
est élu maire de La Rochelle
M. André Hesse, député, ancien ministre
des Colonies, a été élu par 20 voix màire de
la Rochelle, en remplacement de M. Per-
reau, sénateur, démissionnaire.
NOIR SUR BLANC
0
Du - - courage, - -- Colonel !
-
Au jour où M. Maurice Bokanowski,
mort tragiquement, est remplacé, il me sera
permis de souligner la différence qui existe
entre le caractère de deux hommes que
l'on pouvait rapprocher pour plus d'une rai-
son.
M- Maurice Bokanowski, ministre de
l'Air, est mort en combattant, victime des
appareils dont il avait la garde et le soin
pour la France.
Le colonel Bernard, chevalier de la triste
figure, assume en Cochinchine de lourdes
responsabilités. 11 tue à raftiots que veux-tu
les malheureux qui commettent l'imprudence
folle de lui confier leur vie.
Après les assassinats du Trcntinian, tou-
jours impunis, et il faudra pourtant qu'un
jour justice soit faite, le colonel Bernard
pouvait, comme Bokanowski, avoir le beau
geste, et dire : « On meurt sur mes infâmes
chaloupes, niais moi je n'ai pas peur, je
pars pour Saigon et remonterai le Mé-
kong ! »
Quelle naïveté :
Le colonel Bernard, fort de l'appui de
M. Monguillot, goiiyerneur génréal p. i.,
qui a fait, aurait-il dit, étouffer l'affaire en
vertu d'une solidarité d'école, qui n'a rien à
voir avec la solidarité humaine, est resté
tranquillement à Paris et, à défaut de ma-
nœuvres de bord, a fait de savantes manœu-
vres sous les colonnades de la Bourse à Pa-
ris pour faire monter les titres de ses deux
Sociétés (les Messageries Fluviales de Co-
chinchine et la Compagnie Saigonnaise de
Navigation et de Transport), pendant qu'il
faisait descendre au fond des eaux du Mé-
kong une foule de braves gens.
Bernard Lazare peut être fier dans son
tombeau de son coreligionnaire Bokanowski
qui avait des défauts, mais savait les risques
de son métier de ministre et les courait.
Je ne doute pas que la voix vengeresse du
vigoureux polémiste hante les nuits du lieu-
tenant-colonel, et il me semble l'entendre
inlassablement répéter :
« Frère ! Embarque-toi. tes sabots.
Frère ! du courage ! Frère ! rrère ! il faut
mourir ! »
L'ilnflélf.
Dépêches de l'Indochine
Recettes ferroviaires
Les recettes brutes des réseaux des che-
mins de fer exploités par la colonie du
1er janvier à La fin de juillet 1928, se sont
flevées en chiffres ronds à 2.833.000 pias-
tres, faisant ressortir une augmentation de
394,800 piastres sur la même période de
1927 et une augmentatiou moyenne du ren-
dement kilométrique de 16,19 %, allant de
2,09 pour la ligne Hanoï-Nucltam, à
3,02 pour la ligne Vinh-Huê,
Les recettes brutes de la ligne llaïplwug-
Yunnanfou se sont élcvées à 2.864.500
piastres, soit une diminution de 7.700 pias-
tres sur la même période de 1927, et une
diminution du rendement kilométrique de
0,20,
-
TAUX DE LA PIASTRE
Le gouverneur général de l'Indochine vient
do faire connaître un ministre des colonies
qu'à la date du 12 septembre 1928, le taux Gin-
ciel do la piastre était de 12 fr. 3;).
6
L'Aviation Coloniale
–-
Sur la ligne France-Amérique du Sud
Poursuivant la réalisation de son pro-
gramme de liaison aérienne entre les dil.
Jérents Etats de l'Amérique du Sud, la
Compagnie Générale Aéropostale vient de
relier pour la première fois Buenos-Ayres à
Asuncion (Paraguay).
Un appareil de cette Compagnie, piloté
par l'aviateur Mermoz, un des as de notre
aviation commerciale, et ayant à bord le
capitaine Almonacid et M. Pranviue, di-
recteur de l'Aéropostale, parti de Buenos-
Ayres le le septembre, à 7 h. 40, est en
eliet parvenu à Asuncion le même jour a
16 h. 15.
Malgré une pluie torrentielle, la distance
de 1.300 kms. qui sépare la capitale de
l'Argentine de celle du Paraguay a été cou-
verte en 8 h, 55 soit une moyenne ho-
raire supérieure fi. 150 kms.
Le raid Assolant-Leièvre
Le servent aviateur Lefèvre de l'équipage
de l'avion « Oiseau-Canari », s'est embar-
qué aujourd'hui pour la France, à bord du
courrier de Marseille.
Assolant participe aux manœuvres aé-
riennes, L'autorité militaire arrête le raid
pour cette année.
Les captifs des Maures
On signale que les prétentions des Mau-
res ont été ramenées à des proportions plus
raisonnables en ce qui concerne les armet
et les munitions demandées tout d'abord,
et on espère que la mission de l'adminis-
tiateur Tête dont nous avons annoncé le
départ pour Villa Cisneros, arrivera à une
entente.
Le Tour du monde
Le vicomte de Sibour et sa femme, qui
ont entrepris de faire le tour du monde à
bord de leur avionnette biplan munie d'un
moteur de 70 CV ont quitté Londres hior
après-midi, à 14 heures, et, après avoir toi
escale a 1 aérodrome anglais de Lympno,
ont atterri au Bourget. 17 heures.
Leur intention n'est pas d'aller vite ; ils
resteront un mois en Egypte, trois semai-
nes à Pékin, sans compter les cours 1"
jours de deux, quatre et huit jours qu'ils
feront au gré de leur désir.
PHILATÉLIE
Tunisie
L'Office Postal Tunisien va procéder en
septembre, au retrait total des figurines des
anciennes émissions.
Le stock restant ne se compose d'ailleurs
plus que de timbres à 0,01, 0,02, 0,03 du
type Mosquée, et des timbres colis postaux
à 0,25, 0,40, 0,75.
Mauritanie
La Mauritanie date, au point de vue phila-
télique, de 1906 seulement.
Elle débute par la série du type omnibus
des « Palmiers » et tient la vedette parmi
ses sœurs, en cotant le plus haut prix.
Elle comprend IÓ timbres :
1 c. gris .val. cnv. L 50
z c. urun ",. 2 >1
4 c. brun violet 3 50
5 c. vert 4 Il
10 c. carmin 5 Il
20 c. noir sur bleu. 100 »
25 c. blcu sur rose. 15 Il
30 c. brun sur rose. 400 »
35 c. noir sur jaune. 15 »
40 c. carmin sur bleu. 15 »
45 c. brun sur vert. 15 »
50 t. violet 20 »
75 c. vert sur jaunc. 40 »
1 fr. noir sur bleu 125 »
2 fr. bleu sur rose 125 JI
5 fr. carmin sur jaune. 400 »
Les 20 et 30 c. sont des timbres vraiment
rares et il est stupéfiant de constater qu'en
1912 la valeur qui leur était attribuée s'éle-
vait respectivement à 2 fr. et à 6 fr. 50.
Le 35 c. noir sur jaune est connu avec im-
pression double du mot « Mauritanie ».
m
et
En 1913, la Mauritanie reçoit ses timbres
spéciaux, présentant une vue du désert ; ce
sont :
1 c. violet et brun. val. env. o 02
2 c. noir et bleu o 03
4 c. violet et noir o 05
5 c. vert et vert foncé. 2 »
10 c. rouge et orange. 4"
15 c. brun et noir. o 20
20 c. brun et orange o 25
25 c. bleu et bleu pâle 25 »
30 c. vert et carmin. 15 »
35 c. brun et violet o 40
40 c. gris et vert o 45
45 c. orange et brun. o 50
50 c. violet et carmin. 10 >»
75 c. bleu ciel et brun. o 90
1 fr. carmin et noir. Ils
2 fr. orange et violet 2 30
5 fr. violet et bleu. 0 ta
En igi5, les 10 et 15 c. sont surchargés
d'une croix rouge et de l'indication 5 c.,
montant de la surtaxe perçue au bénéfice de
cette oeuvre. Ces deux timbres spéciaux, ti-
rés à une centaine de mille exemplaires cha-
cun, valent environ 1 fr. 50 neufs et 2 francs
oblitérés. Ils sont beaucoup plus rares obli-
térés et devraient dans cet état valoir bien
davantage que neufs, naturellement, sur
lettre avec cachet de départ et d'arrivée.
On offre des 10 c. plus 5 c. avec double
surcharge. Ces timbres sont des irréguliers,
d'origine clandestine.
* *
De 1922 à 1926, un certain nombre de tim-
bres de la sétie 1913 changent de couleur,
conformément aux conventions qui régissent
l'Union postale universelle et quelques sur-
charges tont leur apparition. Ce sont :
5 c. brun et carniin. vaieur env. o 10
10 c. vert et vert foncé. 2 ni
io c. violet sur blcutc o *5
25 c. vert et rose o 30
30 c. carmin et rouge. 4 »
30 c. noir et jaune o 35
50 c. bleu et bleu pâle. s »
50 c. vert et bleu o 60
Do c. violet sur rose 2 »
65 c. brun et bleu o 75
85 c. vert et brun. 1 »
25 c. sur 2 fr. orange et violet. 7 »
60 c. sur 75 c. violet et rose 2 50
65 c. sur 15 c. brun et noir. 1 50
85 c. sur 75 c. bleu et brun. 2 »
1 fr. 2 s sur 1 fr. bleu et bleu foncé 4 »
On offre une série de timbres-taxe de Mau-
ritanie, comprenant les 5, io, 20, 25, 30, 40,
50 centimes et 1 franc, type « Palmiers »
surchargés en bleu d'un grand T dans un
triangle renversé. 11 s'agit d'une fantaisie,
sans aucun caractère officiel. Le prix de-
mandé pour ladite série est encore plus fan-
taisiste et varie entre 400 et 700 fr.
Vers Alger
Le navire éc^le* soviétique « Yegu Il n'ayant
pas obtenu pour son équipage, l'autorisation de
descendre d terre à Gibraltar, a poursuivi sa
route vers Alger. Le capitaine Kovovanof com-
mandant ce navire a protesté contre cette inter-
diction.
le
Les navires russes à Bizerte
.,.
Le Gouvernement soviétique vient de faire
une nouvelle démarche au Quai d'Orsay au
sujet des navires russes de l'armée Wrangel
qui sont à Bizerte.
Le total de ces navires est de 19; parmi
eux, 7 avaient déjà perdu, en 1925, environ
50 pour 100 de leur valeur navigable. Ces
navires sont pour la plupart des navires auxi-
liaires : navires de surveillance, de trans-
ports, etc. En ce qui concerne les navires de
guerre proprement dit, ces derniers se trou-
vaient en 1925-26, dans un état plus ou moins
passable. Quand la Commission russe a ins-
pecté les navires, il fut établi que les frais
de réparations se monteraient à 5 ou 6 mil-
lions de roubles.
Le Gouvernement russe prétend que si la
France ne les lui rend pas dans les jours
les plus proches, leur restitution deviendra
inutile.
Le Gouvernement français n'a prévu au-
cune somme pour leur entretien, c'est pour-
quoi ils deviennent peu à peu inutilisables.
DBPART
., 1
Mgr Fourcadier, évêque titulaire d'Hippone-
Zarythe et vicaire apostolique de Tananarive
vient de s'embarquer à bord du Chambord à
destination de Madagascar où il va prendre
possession de son siège épiscopal.
n est accompagné de cinq nouveaux miniOB-
naires de la Compagnie de Jésus, les RR. PP.
Del peut, Berrut, Bossard, Puis et du Frère
David.
LE CODERCE AOKOUANG-TCHEOU-WAN
Les tableaux des exportations et des impor-
tations établis en fin d'année par le président
de la Chambre de commerce de Tchékam,
font ressortir pour 1927 un mouvement d'af-
faires évalué à 25.950.000 piastres canton-
naises dont le cours moyen rut pendant l'an-
née envisagée de 10 francs.
Le total des importations de la ville de
Tchékam a atteint près de 18 millions de
piastres chinoises.
Ce commerce porte notamment sur la bim-
beloterie, les automobiles, l'outillage, les
conserves alimentaires, les vins et liqueurs,
les tissus de laine, les soies, les toiles pures
ou métisses, les cotonnades et les filés de
coton.
Ce commerce est susceptible, au cours dc-
années à venir, d'un très rapide accroisse-
ment.
Encore un mot sur le sisal
en Algérie et au Maroc
Par Louis LE BARBIER
La situation au iviaroc est toute autre qu en
Aigene. On se trouve dans le protectorat en
iacc u une culture entièrement nouvelle et qu il
taut implanter de toutes pieces. Alors que de-
puis quinze ou vingt ans, le Disal a ete cultivé
en A18e11e et en Atnque Occidentale avec
succès, que 1 on a créé des vanetes propres à
ciiacun de ces deux deniers pays, au Maroc
est loin de compte :
11 taut donc agir avec une extrême prudence,
déterminer par selections la variété de sisal
qui conviendra au sel et au climat, et procéder
avec circonspection sur des terrains SOISOeuse-
ment choisis pour leur nature, leur clunat, leur
nygrometne et leur situation à proximité de
points d évacuation.
Oc programme est celui que nous préconisons
pour notre compte, et celui que suivra, avec
raison, croyona-nous" le groupe qui a bien voulu
nous faire conhance.
Mais tout le monde ne procède pas avec
cette prudence. Il y a des hommes plus har-
dis, plus audacieux, pour lesquels ces réserves,
ces craintes semblent vieux jeu. 11, sont pressés,
voient grand, et tel lausman, ne connaissent
pas d' ostacles. Les froidures de l'hiver, le
manque d eau, la pénurie de main-d'œuvre lo-
cale, l'éloignement des voies de sortie, bien
d'autres obstacles encore ne les effraient pas.
Ils brûlent d'égaler les précurseurs qui ont bien
réussi dans d autres pays et croient que leur
volonté seule sera assez forte pour surmonter
tous les obstacles.
Souhaitons que nos frayeurs soient vaines,
que les précautions dont nous nous entourons
soient inutiles, que le résultat final vienne prou-
ver que nous étions trop timorés. Néanmoins, ce
n'est pas sans une certaine appréhension que
nous assistons à leur galop d'essai.
Car, en vérité, il serait désolant de voir
l'effort tenté en ce moment aboutir, sur un point
ou sur un autre, à un échec, même relatif.
Il serait très intéressant, très utile même pour
le Maroc qui, depuis deux ou trois campagnes,
n'a pas eu en matière de culture de céréales
tout le succès que méritaient les efforts de ses
colons, de pouvoir s' orienter vers des cultures
industrielles raisonnées et ixofitables. Or, celle
du sisal peut être du nombre.
Mais pour réussir, selon nous, il faut être
décidé à s'imposer des sacrifices, savoir atten-
dre des résultats d'études longues et cooteusea,
éviter toutes spéculations hâtives, s'entourer, en
un mot, de toutes les précautions indispensables
que nous indiquions dans un de nos précédents
articles.
Or, malheureusement, le sisal, par cela
même qu'il a donné un peu partout, jusqu'à ce
jour, de magnifiques fésultats, n incite que trop
les gens qui voient grand et sont pressés à tâcher
de réaliser immédiatement des bénéfices pré-
maturés et excessifs.
N' est-il pas fâcheux, par exemple, de voir
une grande maison de commerce offrir à 220 fr.
du mille les bulbilles qu'elle obtient parfois
gratuitement et plus souvent aux environs de
20 francs du mille, de la gracieuseté des ser-
vices officiels de certains pays français de
l'Afrique du Nord.
Ne serait-il pas plus abusif encore, si la chose
est vraie, comme on nous l'a dit (mais nous
n'en avons pa& eu la preuve matérielle sous
les yeux) de voir le promoteur d'une affaire
apporter à ses actionnaires ces mêmes bulbilles
à raison de 1 franc pièce. et il en apporterait
près d'un million.
Certes, à notre époque, la vie est chère et
les frais généraux sont élevés. Toutefois, il
doit - y avoir une limite aux appétits mêmes les
plus justifiés en théorie. Ne risque-t-on pas -
c'est là ce qui nous touche le plus car, après
tout, achète qui veut des bulbilles à 220 fr.
lo mille, et souscrit qui veut dans les sociétés
dont les apporteurs sont aussi gourmands ne
risque-t-on pas, disons-nous, en chargeant d'un
tel poids lourd au départ une affaire qui ne
rapportera pas du jour au lendemain, de para-
lyser son essor et de la tuer.
Or, c'est là" nous le répétons, ce qu'il faut
éviter à tout prix. Il faut que, dans ces pays
de l'Afrique du Nord, où le sol calcaire, le
climat, t "ensemble des conditions générales
semble parfaitement convenir à cette culture, le
sisal vienne et vicane bien.
Pour cela, il faut que toutes les tentatives
honnêtes soient encouragées, qu'on ne fasse pas
de passe-droits, mais qu'on accorde à ceux qui
méritent confiance ce qu'ils demandent quand
leur demande ne lèse aucun droit acquis.
Il importe de ne pas rencontrer des obstacle.
autres que naturels.
Ce serait le cas, par exemple, si l'on vou-
lait subordonner l'octroi d'une concession dan
le Maroc du Sud à l'attente de résultats pro-
blématiques à obtenir. dans le protectorat du
Nord, sur des terres situées à des centaines
et des centainet de kilomètres de distance, aou:
un climat, sur un sol dans des conditions océ.
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