Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-07-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 juillet 1928 03 juillet 1928
Description : 1928/07/03 (A29,N103). 1928/07/03 (A29,N103).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451279x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINiT-NElJVUME ANNEE. N° 103.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
MAHDI SOIM, :î .Jl'lLLRT lihM.
JOUR IlL QUOTIDIEI
Rédaction & Administration :
84, MM II ̃Mt-TtoMr
PARIS O")
TÉLÉPH. 1 LOUVRE 19-37
- RICHBUBU 97-S4
Les Annales Coloniales
[--, d es i7iia a
Les annonces et réclames sont reçues au
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France et
Colonies 120 Q 65. 35 »
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L'eliorl militaire de l'Alrique occiellale alpile
- c:- "1:' ,,-----.:a
La question du Transsaharien a appelé no-
tre attention sur l'importance de l'effort mi-
litaire pouvant être fourni par le groupe de no*
colonies de l'Afrique Occidentale.
Nous pourrions nous demander tout d'abord
si en droit nous pouvons imposer à ces colo-
nies un effort militaire important et même si
tout simplement nous sommes fondés à impo-
ser aux indigènes des obligations militaires
quelconques.
On serait tenté de répondre non, si on con-
sidère que l'impôt du sang doit être librement
consenti, que ceux qui y sont soumis doivent
avoir, plus ou moins directement, voix délibé-
rative dans les assemblées qui l'instituent et
rat i ve dans les asbem b lées t'imp8t du $mg
qui en fixent les modalités. L'impôt du sang
doit avoir obligatoirement comme contre-partie
l'exercice de certains droits, sans cela les mots
de Patrie et de Défense nationale sont vides
de sens. N' oublions pas que la Patrie fran-
çai se n'a vraiment commencé d'exister que le
jour où les Français sont devenus des citoyens.
Ne nous dissimulons pas qu'il ne peut y
avoir chez nos sujets coloniaux de loyalisme
durable qu'autant qu'ils cesseront d'être des tu-
jets, qu autant qu'il existera un égalité civique,
tout au moins relative entre tous ceux, blancs,
noirs ou jaunes, qui sont appelés à verser leur
sang pour la même cause. Qu'on y prenne
gar : l'idée de l'égalité des races chemine
tians notre empire colonial et peut-être qu'un
jour viendra où nos troupes noires ne serviront
pis avec le même entrain que celles qui de
1914 à 1918 se sont fait héroïquement déci-
mer des Dardanelles à Verdun.
Si la France ne se hâte pas, tout en élevant
le niveau moral et intellectuel des peuples
qu'elle a conquis, de leur octroyer des droits
et dts libertés, il sera peut-être &age, au jour
d'un conflit européen, de ne pas embarquer
dans le futur Transsaharien nos contingents co.
loniaux.
Ces considérations générales développées,
l'etons un coup d'oeil sur le statut militaire de
'Afrique Occidentale,
Il a été fixé par le décret du 30 juillet 1919
sur le recrutement des militaires indigènes en
A.O.F. et en A.E.F. Ses principales dispo-
sitions sont les suivantes :
Il pose le principe du service militaire obli.
gatoire en temps de paix, comme en temps de
guerre, sauf à lui faire subir de fréquentes dé-
rogations dam la pratique. u
Le contingent annuel recruté par voie d ap-
pel est divisé en deux portions par tirage au
sort. La première portion est seule incorporée
et la durée du service militaire est de troi. aIII.
Les homma de la deuxième portion lestent
dans leurs foye" à la disposition de l'autorité
militaire pendant trois ans. Ils peuvent être ap-
pelés pendant cette période par décision du
ministre des Colonies, dans le cas d'expédi-
tion ou de mobilisation générale.
Outre le recrutement par voie d'appel, le
décret prévoit le recrutement par rengagements
de 3, 4, 5 ans et engagements de 4, 5 et 6
ans.
Il affirme le principe de Tenvoi des indi-
gènes à l'extérieur de leur pays d'origine, se-
lon les besoins du commandement en temps de
paix comme en temps de guerre.
Il impose enfin aux militaires indigènes des
deux portions un service dans la réserve égale
à la différence entre 15 ans et la durée du
service - actif qu'ils ont accompli.
L'application de ce décret doit permettre de
maintenir au voisinage de 50.000 l'effectif des
troupes noires originaires de l' A. O. F. Le ren-
dement normal d'une classe est évalué à
27.000 hommes dont 15.000 à classer dans la
première portion et 12.000 dans la deuxième.
Les effectifs entretenus à l'extérieur en 1927
forment un total de 26.232 hommes, tandis
que les effectifs entretenus en A.O.F. pen-
dant la même année s'élèvent à 20.000 hom-
mes.
Les chiffres que nous venons de citer mon-
trent qu'avec ses 13 millions d'habitants, r Afri
que Occidentale fournit un effort militaire
beaucoup plus faible que celui qui est fourni
par les 40 millions d habitants de la métro-
pole.
A notre avis, cet effort est considérable : il
constitue un grand maximum, et pour des rai-
sons d'ordre politique, économique et physiolo-
gique, il conviendrait de le limiter encore plus
étroitement.
Au point de vue politique, nous devons faire
que l'impôt du sang pèse beaucoup moins lour-
dement sur nos sujets coloniaux que sur les
citoyens français, non seulement pour les rai-
sons générales énoncées plus haut, mais aussi
parce que des charges trop lourdes ont comme
conséquence des émigrations dans les colonies
étrangères voisines toujours accueillantes (Ni-
Sria, Libéria, Sieua-Leone, Soudan égyptien,
Gold-Coast, etc.).
Ceci nous amène à regretter deux disposi-
tions extrêmement fâcheuses du décret du 30
juillet 1919 : il fixe à trois ans la durée du
service militaire pour les indigènes appelés al on
que les Français vont se voir appliquer le ser-
vice d'un an ; il normalise l'envoi des indigènes
à l'extérieur de leur pays, alors que la nou-
velle réorganisation de notre armée coloniale
en exclut les appelés métropolitains.
Lorsque nos indigènes pourront comparer la
législation militaire qui les régit avec celle
dont nous allons être dotés, leur enthousiasme
pour la plus grande France sera légèrement
douché.
Du point de vue économique, ce serait une
très grande faute que d'intensifier en A.O.F.
le recrutement, cette colonie disposant à grand
peine de la main-d' œuvre qui est nécessaire
pour sa mise en valeur. C'est déjà trop que la
-- moitié du contingent soit chaque année appelée
sous les Aapeaun. Si nous voulons tirer de
notre colonie le maximum de ressources de tou-
tes sortes, laissons à la tene le plus de noirs
possible, laissons-y surtout les plus farts, lei
plus solides, les plus vigoureux. Ce ne semble
pas le moment, en temps de guene, au moment
où nous aurons le plus besoin de l'appoiftt de
nos produits coloniaux, de priver nos posses-
sions du personnel nécessaire à leur exploita-
tion.
Des raisons d'ordre physiologique limitent,
d'autre part, le rendement militaire de nos
d'autre de l'Afrique Occidentale française.
co l on i es de
Malgré les progrès de l'hygiène, l'état physio-
logique des divenes races qui peuplent nos
possessions restreint beaucoup la proportion des
hommes aptes à combattre en Europe. D'un
autre côté, contrairement à une opinion cou-
rante, le jeune noir ne se développe en général
qu'assez tard, et beaucoup de médecins esti-
ment que l'âge de l'incorporation devrait être
reporté à 22 et même à 25 ans, au lieu d'être
fixé à 19 ans, comme il l'est aujourd'hui. Mais
alors peut-on raisonnablement garder pendant
trois années sous les drapeaux des hommes in-
corporés a 25 ans ?
Enfin, le caractère nomade ou semi nomade
d'une partie assez importante de la population
de l'A.O.F. lui fait apparaître comme odieuse
la vie de caserne et la rend à peu près impropre
au service militaire en Europe.
Il semble donc bien que la France ne peut
trouver en Afrique Occidentale un très large
concours militaire, comme certains ont voulu
le faire croire en publiant à ce sujet des ou.
vrages retentissants, ou comme le croient les
apôtres du Transsaharien,
Elle ne peut solliciter un concours limité
qu'avec la plus grande mesure et la plus
extrême prudence. Si elle agissait autrement,
elle détruirait toutes les larges possibilités de
développement économique de ce beau do-
maine colonial et elle n. accroîtrait pas d'une
façon sensible la sécurité de la métropole.
Oeeryea ATonefle,
Député de Saône-et-Loire,
Vice-président de la Commission
des Colonies,
Membre de la Commission des Mines.
LE LIEUTENANT DE SÈZE
GRAND NOMADE
-
DE SÈZE (Aurélien-Roser-Marie), lieute-
nant au bataillon de tirailleurs sénégalaiste2
(groupe nomade d'Araouan).
« Blessé très grièvement en aUaauant à la
tête de ses tirailleurs, le Ipar du chef récolté
de Taodéni, a refusé de quitter le terrain de
combat, sans plainte et sans souci de ses souf-
franc, a conservé ensuite le commandement
Je l'A zalaï rentrant à Tombouctou. Après huit
jours de douloureux transport en brouad, en
pleine région désertique, après avoir doflfié tes
ordres pour récompenser ses compagnons et
dicté ses adieux inspirés du plus pur iJûl, est
mort comme un pieux chevalier J'antan, sans
peur, et sans reproche. »
Sur la mott du jeune lieutenant de Sèze
(il n' avait que vingt-six ans), nous n'avions
que de vagues renaeipementa; son camarade
de promotion, le lieutenant Domergue, mé h a-
riste étlalemeat, vient de publier dans le bul-
letin de l leur promotion, La Victoire, des dé-
tails qui justifient la belle citation à l'ordre
de l'armée reproduite ci-dessus et qui confir-
ment ceux que les Annales Coloniales avaient
reçus de leur correspondant particulier de Tom-
bouctou.
Comme commandant du groupe nomade
d'Araouan, le lieutenant de Sèze s'était rendu
pour la deuxième fois à Taodeni en escorte
de l'Azalal (caravane de Sel). Le chef, El
Moktar Regueibat, qui, jusqu'alors, nous
avait bien servi, n'obéissait plus. Un fait a
lieu qui échappe, on ne peut que constater
- ces -- faits (nous avons - - su, par ailleurs, que de
Sèze avait eu quelques difficultés avec El
Moktar lors de la précédente Azalaï)
Quoi qu'il en soit, El Moktar, ne voulant
pas se rendre auprès du lieutenant, celui-ci,
après un entretien d' une heure à travers la
porte de la case du caïd, fit défoncer la porte
et entra dans la cour du ksar. Une fusillade
t'accueutit.
De Sèze se retira pour aller chercher du
renfort, et le siège de la case où Moktar se
trouvait avec deux de ses parents commença.
Par des meurtrières, les rebelles tiraient à
coup sûr et blessèrent des tirailleurs et des
caravaniers. Le lendemain, 1er décembre, le
lieutenant de Sèze s' occupa de l' Azalaï, et
le 2 décembre, avec trente tirailleurs, il alla
attaquer Moktar : revolver au poing, à la tête
de quelques tirailleurs et goumiers, il pénétra
dans la case de Moktar. Un coup do feu le
coucha à terre. Les goumiers qu'il avait tant
aimés s'enfuirent, seu l un tirailleur resta près
de lui et un sergent européen l'entraîna à
l'abri, et l'on constata qu'il avait le bras tra-
versé, la poitrine traversée de part en part.
L'adjudant du peloton fit ipettre le feu à la
case des rebelles qui furent tués à coups de
baïonnette quand ils tentèrent de s'enfuir de
la fournaise.
La caravane se remit en route, emmenant
de Sèze sur un brancard pour essayer de le
conduire à Araouan (500 kilomètres), où un
avion devait l'amener à Tombouctou. A un
jour et demi d'Araouan, le 12 décembre, à
17 heures, le lieutenant de Sèze rendit le
dernier soupir, après s'être rendu compte de
son état, avoir pensé à tous les siens et fait
le sacrifice de sa vie. Il est mort très coura-
geusement, écrit le lieutenant Domemie, et
a fait l'admiration de tous par son calme et
son sang-froid devant la 1ftOIt.
cé Quant au lieutenant Domergue, i a suc-
, tU, i a SUC-
cédé à de Sèze au groupe noma de d Araouan,
il a été décoré le 28 décembre 1924 pour
avoir détruit un rezzou après une poursuite de
sept jours (600 kilomètres sans arrêt) et avoir
fait preuve des plus belles qualités militailes
d'endurance et de ténacité.
L'A.O.F. peut être MIe de ses méharistes
qui ne cessent de battre l'estrade sur ses con-
fins, do Rio de Oro an Tibesti.
AVIATION COLONIALE
On a tout dit sur la nécessité de 1
relier les colonies françaises à la
métropole Par des li en es aériennes.
Ne recommençons pas. N'ajoutons pas de
nouveaux développements sur des thèmes
identiques. Acta, non verba. Il est temps
de passer aux actes. Différents journaux
nous annoncent que les actes sont proches.
Le programme est tracé.
Il s'agit, on le comprend bien, de pro-
longer les lignes aériennes déjà existantes :
travail de prolongement et il' adaptation, dont
voici les points essentiels :
10 France-Indochine : Vaviation française
assurera le service de Rangoon à Hanoi. La
ligne Paris-Bagdad empruntera soit le tracé
Prague-Constantinople-Alep, soit le tracé
Marseillc-Tunis-Le Caire-Beyrouth. De Bag-
dad à Rangoon, l'aviation britannique assu-
rera le service par Bassora-Bender-Abbas-
Karac lii- Calcutta. Ainsi, collaboration de
Vaviation française et anglaise. On compte
sur la collaboration de l'aviation japonaise
pour prolonger la ligne par Hong-Kong et
Changhaï jusqu'à Tokio. Paris-Hanoi-Tokio,
voilà un parcours d'importance. Mais l'ai
promis de ne pas mêler des considérations
de quelque nature qu'elles soient au tracé du
programme. l'ajoute que tout ce qui a trait
à l'aviation indochinoise, tant au point de
vue des relations extérieures que des rela-
tions intérieures a été arrêté, d'accord avec
le gouvernement général de F Indochine par
le directeur du contrôle au service de la na-
vigation aérienne, M. Pierre Brunat.
20 Fra"u-A.E.F.-Al ado«(ascar. Trois li-
gnes à l'heure actuelle : Paris-Marseille-Tu-
nis ; Paris-M arscillc-les Balcares-Alger, qui
va être bientôt en exploitation ; Paris Mar-
srille-(ToulotlJe)-Pupignan-CasablancQ - Da-
kar. Le hasard m'a fait rencontrer un voya-
geur qui, parti de Marseille, avait pris cette
dernière ligne : il faut à peine 36 heures
pour aller de Toulouse à Dakar.
Sur ces trois grandes artères se grefferont
les lignes qui joindront la France et la Bel-
gique avec le Congo belge et Madagascar :
ligne Dakar-golfe de Guinée-Camcroun-Têo-
poldville ; ligne Dakar-Gao (Niger) ; ligne
Alger-tn-Salah-Gao-le lae Tchad-Bangui-
Zissala-Zéopoldidlle. A ce point, collabora-
tion de l'aviation belge Tèopoldville-Elisa-
betîtville ; à partir du terminus de ce sec-
teur, ligne française Elisabethoille-Tanana-
rive pour atteindre Madagascar par le Zam-
bèze et Mozambique.
3° Paris à New-York et aux Antilles, par
les Açores.
Tel est le 'programme. M. Ricard, ancien
ministre, président de la c Radio Agricole
Française 9, écrivait un jour que la plut
grande France constituant un territoire mor-
celé, dispersé sur tous les continents, avait
besoin, plus que toute autre nation, d'un
vaste plan de liaisons constantes et rapides,
et qu'une fois ces liaisons établies, il serait
possible d'avoir enfin une politique économi-
que bien ajustée entre la métropole et nos
provinces lointaines. De jour en jour s'at-
ténue le danger de ce qu'on appelle, de ce
qu'il a appelé lui-même F isolement colonial.
Je ne veux pas, encore une fois, manquer à
ma promesse de ne pas recommencer à répé-
ter, plus mal que d'autres, ce que d'autres
ont dit excellemment. Ces quelques mots suf-
firont à montrer l'importance capitale du
problème et à faire comprendre qu'on ne
saurait plus- longtemps en différer la solu-
tion.
Mmrie» Itawagau.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cdtontes.
BROUSSES
& BROUTILLES
«•»
L'arabe et les tableaux
Comme on procédait à des réparations,
dans une maison de Constantine, l'Arabe
chargé d'évacuer les déblais les déchargea
au dehors, sous la pluie, pêle-mêle avec des
objets hors d'usage et deux tableaux d'aussi
peu de valeur, à ses yeux, qu'un Jean-Paul
Laurens aux regards de nos cubistes.
Un passant, ayant scruté le tas de décom-
bres, reconnut dans les tableaux deux oeu-
vres de Louise Abbema, fille d'un fonction-
- naire qui habitait Constantine il y a quelque
cinquante ans.
Mais il était trop tard. La pluie, des gra-
vats et des plâtras, également injurieux,
avaient abîmé sans remède la peinture.
Triste, triste ! Et nous n'aurons pas lai
veine que les chefs-d'œuvre de X. Y. et
7. (nommez vous-mêmes quelques chers
maîtres modernes : il n'y a que l'embarras
du choix) subissent pareils avatars.
itxrflon.
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
»♦»
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain à
17 h. 3e.
A l'ordre du jour figure l'audition d'une
délégation de l'Union Coloniale Française,
qui doit entretenir la Commission de la si-
tuation en Indochine.
Souhaitons pour l'Union Coloniale - qui
en serait diminuée - et pour la Commission
des Colonies ---. qui en serait fatiguée - que
ne figure pas dans la délégation le lieute-
nant-colonel Bernard, cet officier qui n'est
qu'un chevalier de la triste figure. On sait
que ce Maître- J acques des Messageries Flu-
viales de Cochinchine fait la terreur aussi
bien de toutes les parkrttes coloniales que
des malheureux qui sont obligés de voyager
sur le Mékong. avec cette différence que
les auditeurs peuvent se sauver. tandis que
les passagers.
La Conférençe Nord-Africaine
.,.
Au cours de la cinquième conférence nord-
africaine qui commencera ses travaux demain
à Casablanca, de nombreuses questions sont à
l'ordre du jour, se rapportant aux travaux
scientifiques, aux recherches météorol o * m
^Industrielles et minières, ainsi qu'à l'agricul-
ture et à l'amélioration des espèces chevaline,
ovine et bovine.
L'un des principaux soucis des membres de
la conférence sera l'organisation des commu-
nications, car le transit va augmenter entre le
Maroc et l'Algérie, par buite de la mise en
service de la ligne Fez-Oudjda.
Toutes ces questions, ainsi que l améliora-
tion des communications postales et la création
des lignes aériennes, se posent pour les quatre
colonies. Afin de le* résoudre, une collabo-
ration étroite entre les quatre gouvernements
est assurée.
La Toiisic, Initier de la Fralce
1 t 1
Les raisins de table
On sait que la Compagnie Fermière des
Chemins de fer tunisiens fait un gros effort
pour suivre de près le développement des
cultures maraîchères et fruitières de la Ré-
gence. Cette étroite collaboration avec le
producteur est d'un intérêt capital pour les
exportateurs tunisiens.
La Tunisie possède d'excellents raisins
d'exportatians, les Razegui, Malvoisie des
Chartreux, Taphly, Muscats, Drodelabi, Té-
tons de négreese ont fait leurs preuves.
Les Chasselas n'ont aucune raison d'être
inf érieurs à ceux de l'Algérie.
On peut pousser aussi à la plantation de
Valensi qui donnent d'excellents résultats en
Oranie notament.
L'expérience de l'Algérie nous a appris
, l ia à adopter, il
quels étaient les emballages à adopter, il
reste maintenant à dresser une main-d'œuvre
pour les utiliser.
Les grands marchés français, Paris, Lyon,
Marseille, les villes d'eaux, Vichy, notam-
ment, offrent à nos raisins primeurs et tar-
difs, un débouché certain et la Suisse est
capable d'absorber tout ce que nous pour-
rions lui envoyer en toutes catégories.
Des emballages extrêmement soignés sont
donc indispensables au commerce - des rai-
sins. A ce propos, le Congrès récemment
tenu à Agen, a éclairé utilement les expor-
tateurs.
Après les éliminations nécessitées par le
mauvais état de quelques caisses, il restait
au Stand Tunisien 24 caissettes de beaux
fruits étiquetés avec soin et qui, présentés
dans l'ordre approximatif de maturité ont
remporte un gros succès auprès des amateurs
de ces dégustateurs.
L'expédition comportait 39 caisses. Les éli-
minations furent de 15. Il restait donc ex-
posé : -
9 caisges bonnes ; 6 caisses très bonnes ;
9 caisses remarquables. Au total : 24.
Le déchet de 15 sur 32, soit 36 %, paraît
énorme. Il convient de remarquer qu'il porte
sur 10 unités sur les raisins fragiles de
Beldi, Sultanine, Paradizia, ce qui réduit
sensiblement à 18 la perte sur les autres
variétés.
Les variétés : Rasegui blanc, Malvoisie
des Chartreux, Taphly, muscats divers se
sont montrées incontestablement supérieuree
comme résistance au transport, comme pré-
sentation et qualité.
Mais, comme on ne l'ignore pas, le raisin
destiné à l'expédition doit être cueilli le ma-
tin et transporté de suite au local d'embal-
lage sans avoir eu le temps d'être réchauffé
par le soleil et en évitant de le meurtrir. Or,
tous les raisins qui ont été remis à là Com-
pagnie Fermière pour être exposé à Agen
ont eu à subir un transport plus ou moins
long en voiture ou en auto ; de 5 à 20 kilo-
mètres et sont arrivés à un moment où la
chaleur était déjà très forte.
De plus, le choix des produits avait, sem.
ble-t-iî, été plutôt fait dans le but de briller
à un concours agricole que dans celui de
faire une expédition commerciale, et en choi-
sissant leurs plus belles grappe*, les expédi.
teurs négligèrent peut-être de se rendre
compte si les voisines, un peu moins belles,
n'étaient pas plus aptes à supporter le
voyage. -
Cependant expérience faite, il ne sera
nullement impossible aux producteurs tuni-
siens d'améliorer ces exportations puis-
qu'après tout : » Présenter c'est vendre. »
L'Aviation Coloniale
Sur la ligne France-Amérique.
Le pilote aviateur Reine, assurant la liai-
son postale aérienne de la ligne France-
Amérique du Sud, sur le tronçon Jaiby-Ca-
sablancu, parti samedi matin du Cap Juby
pour le Maroc n'est pas encore arrivé à
destination, On redoute que Heine ait été
contraint de se poser, a la suite d'une pan-
ne, sur le territoire occupé par les Maures
dissidents.
Ce serait la seconde fois que pareille
aventure adviendrait a Heine. Précédem-
ment, cet excellent pilote resta prisonnier
des Maures pendant une semaine : il ne fut
libéré qu'après le paiement d'une rançon
importante.
France-Afrique Equatoriale
La mission composée de deux avions,
organisée par la Compagnie générale aéro-
postale à l'effet d'étudier l'organisation des
liaisons aériennes entre la Franiee et ses
colonies de l'Afrique Equat(>rialc et du
Congo, poursuit méthodiquement le dévelop-
pement de son programme.
L'aviateur Collet, chef de mission, qui,
parti de Daknr, avait précédemment fait
escale Tombouctou, est parvenir, lo same-
di 30 juin, A 10 heures, à Cotonou.
A IlÉcole Coloniale
Par arrêté ministériel on date du 21 juin
1928, la chaire de langue allemande de
l'Ecole Coloniale est déclarée vacante.
Un délai de vingt ,jours, A partir de la
publication dudit arrêté, est accordé aux
candidats pour faire vnloir leurs titres.
Les demandes -des candidats et pièces
annexes doivent être odressées au direc-
teur de l'Ecole Coloniale, 2, avenue do
l'Observatoire, Paris (6*).
DESSERT DE ROI, ALIMENT
DE PERROQUET
COURONNEMENT DE NOS REPAS
---<)-0-
L'ANANAS
.,.
L'ananas fut importé du Brésil, en Europe
par le Français Jean de Léry en 1855. Le jar.
dinier Rose l'importa, à son tour, en Angle-
terre, sous le règne de Charles VII et, bien
longtemps après, on l'introduisit en France.
Les deux premiers fruits ayant mûri sous
notre climat, furent présentés à la table de
Louis XV à Versailles,
Voilà seulement vingt ans, on le donnait en
France, en repas, aux perroquets.
Les marchands d'oiseaux ne manquaient pas
de recommander cet aliment de c hoix aux
acheteurs.
Aujourd'hui il est dessert courant sur tou-
tes les tables même modestes.
L'ananas est le plus souvent cultivé en ser-
res chaudes. L'espèce de Cayenne à feuilles
lisses, s'y prête particulièrement bien.
Plusieurs de nos colonies produisent et ex-
portent des ananas, mais dans la plupart, à la
Guadeloupe en particulier, l'exploitation de
ce fruit succulent pourrait et devrait être faite
sur une échelle beaucoup plus vaste. Autre-
fois elle fit la richesse de la région de Saint-
Barthelemy. mais depuis a grandement été dé-
laissée par les colons.
Cependant une importante usine de conser-
ves d'ananas vient d'être créée à Pointe à Pi-
tre.
Espérons que grice à sa production, l'ana-
nas abondera de plus en plus sur nos tables
trop encore parcimonieuses de ce délicieux
dessert.
8.a
L'élection sénatoriale de la Réunion
Nous croyons savoir que M. Léonus Bé-
nard, président de la Chambre de Commerce
de Saint-Denis de La Réunion, qui joue un
rôle si important dans le développement éco-
nomique de cette belle colonie, sera seul can-
didat à l'élection sénatoriale prochaine qui
aura lieu le 19 août.
De toute façon, son élection est assurée.
L'actirité intellectielle française
en Extrême-Orient
i ,
M. Aurousseau, directeur de l'Ecole fran-
çaise d'Extrême-Orient et chargé de mission
par le Gouvernement, a inauguré la semaine
dernière à Londres la série de conférences
qu'il est appelé à donner en Europe et en
Amérique sur les principaux résultats de l'acti-
vité intellectuelle française en Indochine et en
Extrême-Orient. Dans sa première conférence,
qui a été faite le 28 juin en langue anglaise,
sous les auspices de 1 India Society, M. Au-
rousseau a traité des arts indochinois d'origine
indienne. Il a pu. d'autre part, conclure avee
l'India Society une entente permanente qui per-
mettra de faire mieux connaître en Angleterre
les travaux de l'école française d'Extrême-
Orient, ainsi que les efforts remarquables ac-
complis en Indochine pour organiser le grand
tourisme artistique et archéologique.
.,.
Dépêches de l'Indochine
060
Le raid Saigon-Paris
Les automobilistes français Abadie et
Voirat, poursuivant leur raid automobile
Saïffon-Paris, ont quitta vendredi Kyob
pour Monlmein. Depuis, on est sans nou-
velles.
LFEIPLOITATION DES SALINES
EN INDOCHINE 1
La production et la vente du sel sont,
comme on le sait, organisées en régie en Indo-
chine.
La régie achète la production des sauniers,
elle emmagasine le sel produit dans des maga-
sins généraux où il peut être acheté par des
particuliers ou commerçants qui en font la re-
vente. Le commerce du sel. à ce moment, de-
vient libre.
La véritable ressource sal icole d'Indochine
est constituée par la production des salines du
Sud-Annam et de Cochinchine.
Le Tonkin est moins propice à l' extraction
du sel en raison de l'humidité de son atmo-
sphère.
Les groupes sauniers les plus actifs se trou-
vent dans les régions de Baria, de Bac-Lieu,
en Cochinchine, et sur la côte du Sud-Annam,
à Nhatrang, Pharang et Phanthiet.
On évalue approximativement la récolte an-
nuelle du. sel marin à 160.000 tonnes pour une
superficie de 2.430 hectares, alors que celle
des puits salifères du Haut-Laos ne dépasse
guère 100.000 kilos de sel gemme.
Un gros effort a été réalisé pour intensifier
le rendement et l' exploitation des salines. A
l' heure actuelle, l'Indochine fournit à l'expor-
tation une certaine quantité de son sel marin.
Dans les dernières statistiques, ce mouvement
commercial d'exportation se chiffrait, pour l'an-
née 1926, par 20.481 tonnes pour 834 impor-
tées au cours de la même année.
Résultats éloquents qui prouvent assez la
vitalité des entreprises salicol es et la prospérité
de cette grande branche de l'industrie indochî-
noise qui se développera certainement encore
dans l'avenir.
Pas d'audience demain
M. Léon Pmier, étant retenu au Havre par
les fêtes maritimes, ne recevra pas demain
mercredi matin.
IN MÉMORIAM.
Entre le 15 et le 20 de ce mois, une céré-
monie commémorative sera célébrée dans la
forêt de Compiègne pour honorer la mémoire
du regretté J. Van Vollenhoven, Gouverneur
Généra) des Colonies, qui fut tué le 19 juil-
let 1918 près de Longpont. Un certain nombre
de personnalités politiques et coloniales doi*
vent honorer de leur présence cette manifesta.
tion.
M. Albert Sarraut, dont on connaît la piété
filiale pour M. Georges Cl émenceau, y repré.
sentera sans doute son chef, qui devrait cepen-
dant bien venir lui-même faire un acte de
contrition sur la tombe de ce grand Français
que le Tigre traitait au Conseil des ministres
de 1918 des noms les plus grossiers, malgré
les protestations de ses collègues. Albert Le-
brun et Etienne Glémentel.
La postérité remet à sa place d honneur
Jost Van Vollenhoven.
L'histoire se chargera de remettre à la sienne
M. Clemenceau.
AU CONSEIL COLONIAL
DU SÉNÉGAL
En ouvrant la. session ordinaire du Con-
seil colonial du mois de juin 1928, M. le
Gouverneur des Colonies Jore, Lieutenant-
Gouverneur de la Colonie, a tout d'abord
salué en termes émus la mémoire de Jules
Sergent, doyen d'âge, dont le nom restera
attaché à la vie de la colonie; puis celle
d'Ambroise Mendy, secrétaire du bureau du
Conseil colonial, et adjoint au Maire de
Dakar.
Le brave et honnête Pierie Chimère ne
fut pas oublié, sa vie peut être titée en
exemple aux jeunes générations.
Après avoir félicité les nouveaux élus :
MM. Saér N Diaye Bakary et Aliouve
Sylla, M. Jore rend hommage aux électeurs
du Sénégal qui ont affirmé leur volonté en
toute indépendance, malgré des allégations
purement gratuites L'Administration locale
ayant, par son libéralisme, fourni la preuve
évidente de sa neutralité.
Le recrutement de 1.350 hommes aug-
menté de 500 hommes de la 2° portion
du contingent (main-d'œuvre des grands tra-
vaux) s'est effectué sans aucune protesta-
tion.
C'est qu'aussi bien, dit M. lore, nos po-
pulations sénégalaises savent se rendra
compte qu'en compensation des lourdes
charges qui leur sont illl posées, le législa-
teur s'attache à accroître certains avantages
en leur faveur.
Organisation territoriale
L'organisation territoriale de la Colonie a
subi quelques modifications. Un arrêtf) en
date du 30 décembre dernier, a détaché l'es,
cale de Khombole et les cantons de Diack
et de Fandène du cercle du Baol pour les
rattacher au cercle de Thiès. Cette modifi-
cation répond pleinement aux vœuv des po-
pulations intéressées.
De plus, devant les besoins nouveaux créés
aussi bien par la construction dit chemin de
ln de Louga il Linguere que par l'évolution
de la Colonie, j'ai été amené à proposer
à M. le Gouverneur Général, après avis
du Conseil privé) la création d'un nou-
veau cercle, celui du njolotf, ayant son
chef-lieu à Ltnguèrc et le rétablissement de
l ancien cercle de Saint-Louis.
Les cercles du Cayor et de Dagana seront
supprimés, les cantons relevant de leur res-
sort territorial placés sous l'autorité des
Administrateurs de Podor, LOUgtl, Thiés, et
des Administrateurs de Saint-Louis et Lill-
guère.
L'économie générale de la réorganisation
envisagée a esscntiellemen pour but de fa-
ciliter les rapports entre les populations et
les services administratifs, en situant ces
derniers dans les centres principaux d'at-
trtletion commerciale et en donnant une con-
figuration Plus appropriée aux circonscrip-
tions administratives. Fil d'autres termes,
elle tend à rétablir entre la situation écono-
mique actuelle et une organisation admi-
nistrative, datant d'une trentaine d'années,
une harmonie en partie rompue par les
transformations de tous ordres qui se sont
produites pendant cette longue période.
Les services municipaux
Sur certains a bus constatés dans des ser-
vices municipaux, le lieutenant-gouverneur
déclare :
Il convietidra qur. les communes s'atta-
citent sérieusement, passant outre à certai-
nes contingences politiques, à effectuer des
compressions et à ne recruter désormais que
le personnel administratif ou technique qui
leur est strictement indispensable, compte
tenu uniquement des qualités profession-
nelles des candidats. Exerçant sur elles Sil
tutelle bienveillante, mais ferme, l'Admi-
nistration leur prêtera son entier concours
pour procéder à ces réformes deut je souli-
gne le caractère urgent.
Questions économiques
L'Administration ne pouvant être indiffé-
rente à la prospérité d'un produit qui lui
procure direc tement la moitié des ressour-
ces de son budget veille tout particulière-
ment à la selection des graines d'arachide
pour que cesse le discrédit que les rivaux
étrangers avaient jeté au commencement de
la traite sur les arachides sénégalaises et
sur celles de Kaolack en particulier.
L.'amélioration des modalités de la culture
et celle de la productivité des semences sont
les deux moyens de mener à bien cette en.
treprise.
Croyez bien. Messieurs, que ces deux pro-
blèmes ont retenu toute notre attention. Le
service de l'agriculture après de minutieuses
recherches, a établi toi modèle d'hilaire.
montée sur roues qui, indépendamment de
son adaptation parfaite aux exign/ces de
l'arachide, offre, en outre, l'avantage d'être
peu coûteux, robuste et lécer.
T.I' service des Travaux Publics a fait de
grands efforts au cours d.' l'année dernière
et ce service, si décrié au moment de l'arri-
vée du Gouverneur fore dans la Colonie
fonctionne maintenant dans les conditions
les plus satisfaisantes.
Les services postaux automobiles de la
Colonie étendent leur rayon d'action; l'an.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
MAHDI SOIM, :î .Jl'lLLRT lihM.
JOUR IlL QUOTIDIEI
Rédaction & Administration :
84, MM II ̃Mt-TtoMr
PARIS O")
TÉLÉPH. 1 LOUVRE 19-37
- RICHBUBU 97-S4
Les Annales Coloniales
[--, d es i7iia a
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du iournaL.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés dans nnlrc iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré;
Un au 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 120 Q 65. 35 »
Etranger.. IMt 100» 60»
On s'abonne sans frais daim
tous les bureaux de poste.
L'eliorl militaire de l'Alrique occiellale alpile
- c:- "1:' ,,-----.:a
La question du Transsaharien a appelé no-
tre attention sur l'importance de l'effort mi-
litaire pouvant être fourni par le groupe de no*
colonies de l'Afrique Occidentale.
Nous pourrions nous demander tout d'abord
si en droit nous pouvons imposer à ces colo-
nies un effort militaire important et même si
tout simplement nous sommes fondés à impo-
ser aux indigènes des obligations militaires
quelconques.
On serait tenté de répondre non, si on con-
sidère que l'impôt du sang doit être librement
consenti, que ceux qui y sont soumis doivent
avoir, plus ou moins directement, voix délibé-
rative dans les assemblées qui l'instituent et
rat i ve dans les asbem b lées t'imp8t du $mg
qui en fixent les modalités. L'impôt du sang
doit avoir obligatoirement comme contre-partie
l'exercice de certains droits, sans cela les mots
de Patrie et de Défense nationale sont vides
de sens. N' oublions pas que la Patrie fran-
çai se n'a vraiment commencé d'exister que le
jour où les Français sont devenus des citoyens.
Ne nous dissimulons pas qu'il ne peut y
avoir chez nos sujets coloniaux de loyalisme
durable qu'autant qu'ils cesseront d'être des tu-
jets, qu autant qu'il existera un égalité civique,
tout au moins relative entre tous ceux, blancs,
noirs ou jaunes, qui sont appelés à verser leur
sang pour la même cause. Qu'on y prenne
gar : l'idée de l'égalité des races chemine
tians notre empire colonial et peut-être qu'un
jour viendra où nos troupes noires ne serviront
pis avec le même entrain que celles qui de
1914 à 1918 se sont fait héroïquement déci-
mer des Dardanelles à Verdun.
Si la France ne se hâte pas, tout en élevant
le niveau moral et intellectuel des peuples
qu'elle a conquis, de leur octroyer des droits
et dts libertés, il sera peut-être &age, au jour
d'un conflit européen, de ne pas embarquer
dans le futur Transsaharien nos contingents co.
loniaux.
Ces considérations générales développées,
l'etons un coup d'oeil sur le statut militaire de
'Afrique Occidentale,
Il a été fixé par le décret du 30 juillet 1919
sur le recrutement des militaires indigènes en
A.O.F. et en A.E.F. Ses principales dispo-
sitions sont les suivantes :
Il pose le principe du service militaire obli.
gatoire en temps de paix, comme en temps de
guerre, sauf à lui faire subir de fréquentes dé-
rogations dam la pratique. u
Le contingent annuel recruté par voie d ap-
pel est divisé en deux portions par tirage au
sort. La première portion est seule incorporée
et la durée du service militaire est de troi. aIII.
Les homma de la deuxième portion lestent
dans leurs foye" à la disposition de l'autorité
militaire pendant trois ans. Ils peuvent être ap-
pelés pendant cette période par décision du
ministre des Colonies, dans le cas d'expédi-
tion ou de mobilisation générale.
Outre le recrutement par voie d'appel, le
décret prévoit le recrutement par rengagements
de 3, 4, 5 ans et engagements de 4, 5 et 6
ans.
Il affirme le principe de Tenvoi des indi-
gènes à l'extérieur de leur pays d'origine, se-
lon les besoins du commandement en temps de
paix comme en temps de guerre.
Il impose enfin aux militaires indigènes des
deux portions un service dans la réserve égale
à la différence entre 15 ans et la durée du
service - actif qu'ils ont accompli.
L'application de ce décret doit permettre de
maintenir au voisinage de 50.000 l'effectif des
troupes noires originaires de l' A. O. F. Le ren-
dement normal d'une classe est évalué à
27.000 hommes dont 15.000 à classer dans la
première portion et 12.000 dans la deuxième.
Les effectifs entretenus à l'extérieur en 1927
forment un total de 26.232 hommes, tandis
que les effectifs entretenus en A.O.F. pen-
dant la même année s'élèvent à 20.000 hom-
mes.
Les chiffres que nous venons de citer mon-
trent qu'avec ses 13 millions d'habitants, r Afri
que Occidentale fournit un effort militaire
beaucoup plus faible que celui qui est fourni
par les 40 millions d habitants de la métro-
pole.
A notre avis, cet effort est considérable : il
constitue un grand maximum, et pour des rai-
sons d'ordre politique, économique et physiolo-
gique, il conviendrait de le limiter encore plus
étroitement.
Au point de vue politique, nous devons faire
que l'impôt du sang pèse beaucoup moins lour-
dement sur nos sujets coloniaux que sur les
citoyens français, non seulement pour les rai-
sons générales énoncées plus haut, mais aussi
parce que des charges trop lourdes ont comme
conséquence des émigrations dans les colonies
étrangères voisines toujours accueillantes (Ni-
Sria, Libéria, Sieua-Leone, Soudan égyptien,
Gold-Coast, etc.).
Ceci nous amène à regretter deux disposi-
tions extrêmement fâcheuses du décret du 30
juillet 1919 : il fixe à trois ans la durée du
service militaire pour les indigènes appelés al on
que les Français vont se voir appliquer le ser-
vice d'un an ; il normalise l'envoi des indigènes
à l'extérieur de leur pays, alors que la nou-
velle réorganisation de notre armée coloniale
en exclut les appelés métropolitains.
Lorsque nos indigènes pourront comparer la
législation militaire qui les régit avec celle
dont nous allons être dotés, leur enthousiasme
pour la plus grande France sera légèrement
douché.
Du point de vue économique, ce serait une
très grande faute que d'intensifier en A.O.F.
le recrutement, cette colonie disposant à grand
peine de la main-d' œuvre qui est nécessaire
pour sa mise en valeur. C'est déjà trop que la
-- moitié du contingent soit chaque année appelée
sous les Aapeaun. Si nous voulons tirer de
notre colonie le maximum de ressources de tou-
tes sortes, laissons à la tene le plus de noirs
possible, laissons-y surtout les plus farts, lei
plus solides, les plus vigoureux. Ce ne semble
pas le moment, en temps de guene, au moment
où nous aurons le plus besoin de l'appoiftt de
nos produits coloniaux, de priver nos posses-
sions du personnel nécessaire à leur exploita-
tion.
Des raisons d'ordre physiologique limitent,
d'autre part, le rendement militaire de nos
d'autre de l'Afrique Occidentale française.
co l on i es de
Malgré les progrès de l'hygiène, l'état physio-
logique des divenes races qui peuplent nos
possessions restreint beaucoup la proportion des
hommes aptes à combattre en Europe. D'un
autre côté, contrairement à une opinion cou-
rante, le jeune noir ne se développe en général
qu'assez tard, et beaucoup de médecins esti-
ment que l'âge de l'incorporation devrait être
reporté à 22 et même à 25 ans, au lieu d'être
fixé à 19 ans, comme il l'est aujourd'hui. Mais
alors peut-on raisonnablement garder pendant
trois années sous les drapeaux des hommes in-
corporés a 25 ans ?
Enfin, le caractère nomade ou semi nomade
d'une partie assez importante de la population
de l'A.O.F. lui fait apparaître comme odieuse
la vie de caserne et la rend à peu près impropre
au service militaire en Europe.
Il semble donc bien que la France ne peut
trouver en Afrique Occidentale un très large
concours militaire, comme certains ont voulu
le faire croire en publiant à ce sujet des ou.
vrages retentissants, ou comme le croient les
apôtres du Transsaharien,
Elle ne peut solliciter un concours limité
qu'avec la plus grande mesure et la plus
extrême prudence. Si elle agissait autrement,
elle détruirait toutes les larges possibilités de
développement économique de ce beau do-
maine colonial et elle n. accroîtrait pas d'une
façon sensible la sécurité de la métropole.
Oeeryea ATonefle,
Député de Saône-et-Loire,
Vice-président de la Commission
des Colonies,
Membre de la Commission des Mines.
LE LIEUTENANT DE SÈZE
GRAND NOMADE
-
DE SÈZE (Aurélien-Roser-Marie), lieute-
nant au bataillon de tirailleurs sénégalaiste2
(groupe nomade d'Araouan).
« Blessé très grièvement en aUaauant à la
tête de ses tirailleurs, le Ipar du chef récolté
de Taodéni, a refusé de quitter le terrain de
combat, sans plainte et sans souci de ses souf-
franc, a conservé ensuite le commandement
Je l'A zalaï rentrant à Tombouctou. Après huit
jours de douloureux transport en brouad, en
pleine région désertique, après avoir doflfié tes
ordres pour récompenser ses compagnons et
dicté ses adieux inspirés du plus pur iJûl, est
mort comme un pieux chevalier J'antan, sans
peur, et sans reproche. »
Sur la mott du jeune lieutenant de Sèze
(il n' avait que vingt-six ans), nous n'avions
que de vagues renaeipementa; son camarade
de promotion, le lieutenant Domergue, mé h a-
riste étlalemeat, vient de publier dans le bul-
letin de l leur promotion, La Victoire, des dé-
tails qui justifient la belle citation à l'ordre
de l'armée reproduite ci-dessus et qui confir-
ment ceux que les Annales Coloniales avaient
reçus de leur correspondant particulier de Tom-
bouctou.
Comme commandant du groupe nomade
d'Araouan, le lieutenant de Sèze s'était rendu
pour la deuxième fois à Taodeni en escorte
de l'Azalal (caravane de Sel). Le chef, El
Moktar Regueibat, qui, jusqu'alors, nous
avait bien servi, n'obéissait plus. Un fait a
lieu qui échappe, on ne peut que constater
- ces -- faits (nous avons - - su, par ailleurs, que de
Sèze avait eu quelques difficultés avec El
Moktar lors de la précédente Azalaï)
Quoi qu'il en soit, El Moktar, ne voulant
pas se rendre auprès du lieutenant, celui-ci,
après un entretien d' une heure à travers la
porte de la case du caïd, fit défoncer la porte
et entra dans la cour du ksar. Une fusillade
t'accueutit.
De Sèze se retira pour aller chercher du
renfort, et le siège de la case où Moktar se
trouvait avec deux de ses parents commença.
Par des meurtrières, les rebelles tiraient à
coup sûr et blessèrent des tirailleurs et des
caravaniers. Le lendemain, 1er décembre, le
lieutenant de Sèze s' occupa de l' Azalaï, et
le 2 décembre, avec trente tirailleurs, il alla
attaquer Moktar : revolver au poing, à la tête
de quelques tirailleurs et goumiers, il pénétra
dans la case de Moktar. Un coup do feu le
coucha à terre. Les goumiers qu'il avait tant
aimés s'enfuirent, seu l un tirailleur resta près
de lui et un sergent européen l'entraîna à
l'abri, et l'on constata qu'il avait le bras tra-
versé, la poitrine traversée de part en part.
L'adjudant du peloton fit ipettre le feu à la
case des rebelles qui furent tués à coups de
baïonnette quand ils tentèrent de s'enfuir de
la fournaise.
La caravane se remit en route, emmenant
de Sèze sur un brancard pour essayer de le
conduire à Araouan (500 kilomètres), où un
avion devait l'amener à Tombouctou. A un
jour et demi d'Araouan, le 12 décembre, à
17 heures, le lieutenant de Sèze rendit le
dernier soupir, après s'être rendu compte de
son état, avoir pensé à tous les siens et fait
le sacrifice de sa vie. Il est mort très coura-
geusement, écrit le lieutenant Domemie, et
a fait l'admiration de tous par son calme et
son sang-froid devant la 1ftOIt.
cé Quant au lieutenant Domergue, i a suc-
, tU, i a SUC-
cédé à de Sèze au groupe noma de d Araouan,
il a été décoré le 28 décembre 1924 pour
avoir détruit un rezzou après une poursuite de
sept jours (600 kilomètres sans arrêt) et avoir
fait preuve des plus belles qualités militailes
d'endurance et de ténacité.
L'A.O.F. peut être MIe de ses méharistes
qui ne cessent de battre l'estrade sur ses con-
fins, do Rio de Oro an Tibesti.
AVIATION COLONIALE
On a tout dit sur la nécessité de 1
relier les colonies françaises à la
métropole Par des li en es aériennes.
Ne recommençons pas. N'ajoutons pas de
nouveaux développements sur des thèmes
identiques. Acta, non verba. Il est temps
de passer aux actes. Différents journaux
nous annoncent que les actes sont proches.
Le programme est tracé.
Il s'agit, on le comprend bien, de pro-
longer les lignes aériennes déjà existantes :
travail de prolongement et il' adaptation, dont
voici les points essentiels :
10 France-Indochine : Vaviation française
assurera le service de Rangoon à Hanoi. La
ligne Paris-Bagdad empruntera soit le tracé
Prague-Constantinople-Alep, soit le tracé
Marseillc-Tunis-Le Caire-Beyrouth. De Bag-
dad à Rangoon, l'aviation britannique assu-
rera le service par Bassora-Bender-Abbas-
Karac lii- Calcutta. Ainsi, collaboration de
Vaviation française et anglaise. On compte
sur la collaboration de l'aviation japonaise
pour prolonger la ligne par Hong-Kong et
Changhaï jusqu'à Tokio. Paris-Hanoi-Tokio,
voilà un parcours d'importance. Mais l'ai
promis de ne pas mêler des considérations
de quelque nature qu'elles soient au tracé du
programme. l'ajoute que tout ce qui a trait
à l'aviation indochinoise, tant au point de
vue des relations extérieures que des rela-
tions intérieures a été arrêté, d'accord avec
le gouvernement général de F Indochine par
le directeur du contrôle au service de la na-
vigation aérienne, M. Pierre Brunat.
20 Fra"u-A.E.F.-Al ado«(ascar. Trois li-
gnes à l'heure actuelle : Paris-Marseille-Tu-
nis ; Paris-M arscillc-les Balcares-Alger, qui
va être bientôt en exploitation ; Paris Mar-
srille-(ToulotlJe)-Pupignan-CasablancQ - Da-
kar. Le hasard m'a fait rencontrer un voya-
geur qui, parti de Marseille, avait pris cette
dernière ligne : il faut à peine 36 heures
pour aller de Toulouse à Dakar.
Sur ces trois grandes artères se grefferont
les lignes qui joindront la France et la Bel-
gique avec le Congo belge et Madagascar :
ligne Dakar-golfe de Guinée-Camcroun-Têo-
poldville ; ligne Dakar-Gao (Niger) ; ligne
Alger-tn-Salah-Gao-le lae Tchad-Bangui-
Zissala-Zéopoldidlle. A ce point, collabora-
tion de l'aviation belge Tèopoldville-Elisa-
betîtville ; à partir du terminus de ce sec-
teur, ligne française Elisabethoille-Tanana-
rive pour atteindre Madagascar par le Zam-
bèze et Mozambique.
3° Paris à New-York et aux Antilles, par
les Açores.
Tel est le 'programme. M. Ricard, ancien
ministre, président de la c Radio Agricole
Française 9, écrivait un jour que la plut
grande France constituant un territoire mor-
celé, dispersé sur tous les continents, avait
besoin, plus que toute autre nation, d'un
vaste plan de liaisons constantes et rapides,
et qu'une fois ces liaisons établies, il serait
possible d'avoir enfin une politique économi-
que bien ajustée entre la métropole et nos
provinces lointaines. De jour en jour s'at-
ténue le danger de ce qu'on appelle, de ce
qu'il a appelé lui-même F isolement colonial.
Je ne veux pas, encore une fois, manquer à
ma promesse de ne pas recommencer à répé-
ter, plus mal que d'autres, ce que d'autres
ont dit excellemment. Ces quelques mots suf-
firont à montrer l'importance capitale du
problème et à faire comprendre qu'on ne
saurait plus- longtemps en différer la solu-
tion.
Mmrie» Itawagau.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cdtontes.
BROUSSES
& BROUTILLES
«•»
L'arabe et les tableaux
Comme on procédait à des réparations,
dans une maison de Constantine, l'Arabe
chargé d'évacuer les déblais les déchargea
au dehors, sous la pluie, pêle-mêle avec des
objets hors d'usage et deux tableaux d'aussi
peu de valeur, à ses yeux, qu'un Jean-Paul
Laurens aux regards de nos cubistes.
Un passant, ayant scruté le tas de décom-
bres, reconnut dans les tableaux deux oeu-
vres de Louise Abbema, fille d'un fonction-
- naire qui habitait Constantine il y a quelque
cinquante ans.
Mais il était trop tard. La pluie, des gra-
vats et des plâtras, également injurieux,
avaient abîmé sans remède la peinture.
Triste, triste ! Et nous n'aurons pas lai
veine que les chefs-d'œuvre de X. Y. et
7. (nommez vous-mêmes quelques chers
maîtres modernes : il n'y a que l'embarras
du choix) subissent pareils avatars.
itxrflon.
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
»♦»
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain à
17 h. 3e.
A l'ordre du jour figure l'audition d'une
délégation de l'Union Coloniale Française,
qui doit entretenir la Commission de la si-
tuation en Indochine.
Souhaitons pour l'Union Coloniale - qui
en serait diminuée - et pour la Commission
des Colonies ---. qui en serait fatiguée - que
ne figure pas dans la délégation le lieute-
nant-colonel Bernard, cet officier qui n'est
qu'un chevalier de la triste figure. On sait
que ce Maître- J acques des Messageries Flu-
viales de Cochinchine fait la terreur aussi
bien de toutes les parkrttes coloniales que
des malheureux qui sont obligés de voyager
sur le Mékong. avec cette différence que
les auditeurs peuvent se sauver. tandis que
les passagers.
La Conférençe Nord-Africaine
.,.
Au cours de la cinquième conférence nord-
africaine qui commencera ses travaux demain
à Casablanca, de nombreuses questions sont à
l'ordre du jour, se rapportant aux travaux
scientifiques, aux recherches météorol o * m
^Industrielles et minières, ainsi qu'à l'agricul-
ture et à l'amélioration des espèces chevaline,
ovine et bovine.
L'un des principaux soucis des membres de
la conférence sera l'organisation des commu-
nications, car le transit va augmenter entre le
Maroc et l'Algérie, par buite de la mise en
service de la ligne Fez-Oudjda.
Toutes ces questions, ainsi que l améliora-
tion des communications postales et la création
des lignes aériennes, se posent pour les quatre
colonies. Afin de le* résoudre, une collabo-
ration étroite entre les quatre gouvernements
est assurée.
La Toiisic, Initier de la Fralce
1 t 1
Les raisins de table
On sait que la Compagnie Fermière des
Chemins de fer tunisiens fait un gros effort
pour suivre de près le développement des
cultures maraîchères et fruitières de la Ré-
gence. Cette étroite collaboration avec le
producteur est d'un intérêt capital pour les
exportateurs tunisiens.
La Tunisie possède d'excellents raisins
d'exportatians, les Razegui, Malvoisie des
Chartreux, Taphly, Muscats, Drodelabi, Té-
tons de négreese ont fait leurs preuves.
Les Chasselas n'ont aucune raison d'être
inf érieurs à ceux de l'Algérie.
On peut pousser aussi à la plantation de
Valensi qui donnent d'excellents résultats en
Oranie notament.
L'expérience de l'Algérie nous a appris
, l ia à adopter, il
quels étaient les emballages à adopter, il
reste maintenant à dresser une main-d'œuvre
pour les utiliser.
Les grands marchés français, Paris, Lyon,
Marseille, les villes d'eaux, Vichy, notam-
ment, offrent à nos raisins primeurs et tar-
difs, un débouché certain et la Suisse est
capable d'absorber tout ce que nous pour-
rions lui envoyer en toutes catégories.
Des emballages extrêmement soignés sont
donc indispensables au commerce - des rai-
sins. A ce propos, le Congrès récemment
tenu à Agen, a éclairé utilement les expor-
tateurs.
Après les éliminations nécessitées par le
mauvais état de quelques caisses, il restait
au Stand Tunisien 24 caissettes de beaux
fruits étiquetés avec soin et qui, présentés
dans l'ordre approximatif de maturité ont
remporte un gros succès auprès des amateurs
de ces dégustateurs.
L'expédition comportait 39 caisses. Les éli-
minations furent de 15. Il restait donc ex-
posé : -
9 caisges bonnes ; 6 caisses très bonnes ;
9 caisses remarquables. Au total : 24.
Le déchet de 15 sur 32, soit 36 %, paraît
énorme. Il convient de remarquer qu'il porte
sur 10 unités sur les raisins fragiles de
Beldi, Sultanine, Paradizia, ce qui réduit
sensiblement à 18 la perte sur les autres
variétés.
Les variétés : Rasegui blanc, Malvoisie
des Chartreux, Taphly, muscats divers se
sont montrées incontestablement supérieuree
comme résistance au transport, comme pré-
sentation et qualité.
Mais, comme on ne l'ignore pas, le raisin
destiné à l'expédition doit être cueilli le ma-
tin et transporté de suite au local d'embal-
lage sans avoir eu le temps d'être réchauffé
par le soleil et en évitant de le meurtrir. Or,
tous les raisins qui ont été remis à là Com-
pagnie Fermière pour être exposé à Agen
ont eu à subir un transport plus ou moins
long en voiture ou en auto ; de 5 à 20 kilo-
mètres et sont arrivés à un moment où la
chaleur était déjà très forte.
De plus, le choix des produits avait, sem.
ble-t-iî, été plutôt fait dans le but de briller
à un concours agricole que dans celui de
faire une expédition commerciale, et en choi-
sissant leurs plus belles grappe*, les expédi.
teurs négligèrent peut-être de se rendre
compte si les voisines, un peu moins belles,
n'étaient pas plus aptes à supporter le
voyage. -
Cependant expérience faite, il ne sera
nullement impossible aux producteurs tuni-
siens d'améliorer ces exportations puis-
qu'après tout : » Présenter c'est vendre. »
L'Aviation Coloniale
Sur la ligne France-Amérique.
Le pilote aviateur Reine, assurant la liai-
son postale aérienne de la ligne France-
Amérique du Sud, sur le tronçon Jaiby-Ca-
sablancu, parti samedi matin du Cap Juby
pour le Maroc n'est pas encore arrivé à
destination, On redoute que Heine ait été
contraint de se poser, a la suite d'une pan-
ne, sur le territoire occupé par les Maures
dissidents.
Ce serait la seconde fois que pareille
aventure adviendrait a Heine. Précédem-
ment, cet excellent pilote resta prisonnier
des Maures pendant une semaine : il ne fut
libéré qu'après le paiement d'une rançon
importante.
France-Afrique Equatoriale
La mission composée de deux avions,
organisée par la Compagnie générale aéro-
postale à l'effet d'étudier l'organisation des
liaisons aériennes entre la Franiee et ses
colonies de l'Afrique Equat(>rialc et du
Congo, poursuit méthodiquement le dévelop-
pement de son programme.
L'aviateur Collet, chef de mission, qui,
parti de Daknr, avait précédemment fait
escale Tombouctou, est parvenir, lo same-
di 30 juin, A 10 heures, à Cotonou.
A IlÉcole Coloniale
Par arrêté ministériel on date du 21 juin
1928, la chaire de langue allemande de
l'Ecole Coloniale est déclarée vacante.
Un délai de vingt ,jours, A partir de la
publication dudit arrêté, est accordé aux
candidats pour faire vnloir leurs titres.
Les demandes -des candidats et pièces
annexes doivent être odressées au direc-
teur de l'Ecole Coloniale, 2, avenue do
l'Observatoire, Paris (6*).
DESSERT DE ROI, ALIMENT
DE PERROQUET
COURONNEMENT DE NOS REPAS
---<)-0-
L'ANANAS
.,.
L'ananas fut importé du Brésil, en Europe
par le Français Jean de Léry en 1855. Le jar.
dinier Rose l'importa, à son tour, en Angle-
terre, sous le règne de Charles VII et, bien
longtemps après, on l'introduisit en France.
Les deux premiers fruits ayant mûri sous
notre climat, furent présentés à la table de
Louis XV à Versailles,
Voilà seulement vingt ans, on le donnait en
France, en repas, aux perroquets.
Les marchands d'oiseaux ne manquaient pas
de recommander cet aliment de c hoix aux
acheteurs.
Aujourd'hui il est dessert courant sur tou-
tes les tables même modestes.
L'ananas est le plus souvent cultivé en ser-
res chaudes. L'espèce de Cayenne à feuilles
lisses, s'y prête particulièrement bien.
Plusieurs de nos colonies produisent et ex-
portent des ananas, mais dans la plupart, à la
Guadeloupe en particulier, l'exploitation de
ce fruit succulent pourrait et devrait être faite
sur une échelle beaucoup plus vaste. Autre-
fois elle fit la richesse de la région de Saint-
Barthelemy. mais depuis a grandement été dé-
laissée par les colons.
Cependant une importante usine de conser-
ves d'ananas vient d'être créée à Pointe à Pi-
tre.
Espérons que grice à sa production, l'ana-
nas abondera de plus en plus sur nos tables
trop encore parcimonieuses de ce délicieux
dessert.
8.a
L'élection sénatoriale de la Réunion
Nous croyons savoir que M. Léonus Bé-
nard, président de la Chambre de Commerce
de Saint-Denis de La Réunion, qui joue un
rôle si important dans le développement éco-
nomique de cette belle colonie, sera seul can-
didat à l'élection sénatoriale prochaine qui
aura lieu le 19 août.
De toute façon, son élection est assurée.
L'actirité intellectielle française
en Extrême-Orient
i ,
M. Aurousseau, directeur de l'Ecole fran-
çaise d'Extrême-Orient et chargé de mission
par le Gouvernement, a inauguré la semaine
dernière à Londres la série de conférences
qu'il est appelé à donner en Europe et en
Amérique sur les principaux résultats de l'acti-
vité intellectuelle française en Indochine et en
Extrême-Orient. Dans sa première conférence,
qui a été faite le 28 juin en langue anglaise,
sous les auspices de 1 India Society, M. Au-
rousseau a traité des arts indochinois d'origine
indienne. Il a pu. d'autre part, conclure avee
l'India Society une entente permanente qui per-
mettra de faire mieux connaître en Angleterre
les travaux de l'école française d'Extrême-
Orient, ainsi que les efforts remarquables ac-
complis en Indochine pour organiser le grand
tourisme artistique et archéologique.
.,.
Dépêches de l'Indochine
060
Le raid Saigon-Paris
Les automobilistes français Abadie et
Voirat, poursuivant leur raid automobile
Saïffon-Paris, ont quitta vendredi Kyob
pour Monlmein. Depuis, on est sans nou-
velles.
LFEIPLOITATION DES SALINES
EN INDOCHINE 1
La production et la vente du sel sont,
comme on le sait, organisées en régie en Indo-
chine.
La régie achète la production des sauniers,
elle emmagasine le sel produit dans des maga-
sins généraux où il peut être acheté par des
particuliers ou commerçants qui en font la re-
vente. Le commerce du sel. à ce moment, de-
vient libre.
La véritable ressource sal icole d'Indochine
est constituée par la production des salines du
Sud-Annam et de Cochinchine.
Le Tonkin est moins propice à l' extraction
du sel en raison de l'humidité de son atmo-
sphère.
Les groupes sauniers les plus actifs se trou-
vent dans les régions de Baria, de Bac-Lieu,
en Cochinchine, et sur la côte du Sud-Annam,
à Nhatrang, Pharang et Phanthiet.
On évalue approximativement la récolte an-
nuelle du. sel marin à 160.000 tonnes pour une
superficie de 2.430 hectares, alors que celle
des puits salifères du Haut-Laos ne dépasse
guère 100.000 kilos de sel gemme.
Un gros effort a été réalisé pour intensifier
le rendement et l' exploitation des salines. A
l' heure actuelle, l'Indochine fournit à l'expor-
tation une certaine quantité de son sel marin.
Dans les dernières statistiques, ce mouvement
commercial d'exportation se chiffrait, pour l'an-
née 1926, par 20.481 tonnes pour 834 impor-
tées au cours de la même année.
Résultats éloquents qui prouvent assez la
vitalité des entreprises salicol es et la prospérité
de cette grande branche de l'industrie indochî-
noise qui se développera certainement encore
dans l'avenir.
Pas d'audience demain
M. Léon Pmier, étant retenu au Havre par
les fêtes maritimes, ne recevra pas demain
mercredi matin.
IN MÉMORIAM.
Entre le 15 et le 20 de ce mois, une céré-
monie commémorative sera célébrée dans la
forêt de Compiègne pour honorer la mémoire
du regretté J. Van Vollenhoven, Gouverneur
Généra) des Colonies, qui fut tué le 19 juil-
let 1918 près de Longpont. Un certain nombre
de personnalités politiques et coloniales doi*
vent honorer de leur présence cette manifesta.
tion.
M. Albert Sarraut, dont on connaît la piété
filiale pour M. Georges Cl émenceau, y repré.
sentera sans doute son chef, qui devrait cepen-
dant bien venir lui-même faire un acte de
contrition sur la tombe de ce grand Français
que le Tigre traitait au Conseil des ministres
de 1918 des noms les plus grossiers, malgré
les protestations de ses collègues. Albert Le-
brun et Etienne Glémentel.
La postérité remet à sa place d honneur
Jost Van Vollenhoven.
L'histoire se chargera de remettre à la sienne
M. Clemenceau.
AU CONSEIL COLONIAL
DU SÉNÉGAL
En ouvrant la. session ordinaire du Con-
seil colonial du mois de juin 1928, M. le
Gouverneur des Colonies Jore, Lieutenant-
Gouverneur de la Colonie, a tout d'abord
salué en termes émus la mémoire de Jules
Sergent, doyen d'âge, dont le nom restera
attaché à la vie de la colonie; puis celle
d'Ambroise Mendy, secrétaire du bureau du
Conseil colonial, et adjoint au Maire de
Dakar.
Le brave et honnête Pierie Chimère ne
fut pas oublié, sa vie peut être titée en
exemple aux jeunes générations.
Après avoir félicité les nouveaux élus :
MM. Saér N Diaye Bakary et Aliouve
Sylla, M. Jore rend hommage aux électeurs
du Sénégal qui ont affirmé leur volonté en
toute indépendance, malgré des allégations
purement gratuites L'Administration locale
ayant, par son libéralisme, fourni la preuve
évidente de sa neutralité.
Le recrutement de 1.350 hommes aug-
menté de 500 hommes de la 2° portion
du contingent (main-d'œuvre des grands tra-
vaux) s'est effectué sans aucune protesta-
tion.
C'est qu'aussi bien, dit M. lore, nos po-
pulations sénégalaises savent se rendra
compte qu'en compensation des lourdes
charges qui leur sont illl posées, le législa-
teur s'attache à accroître certains avantages
en leur faveur.
Organisation territoriale
L'organisation territoriale de la Colonie a
subi quelques modifications. Un arrêtf) en
date du 30 décembre dernier, a détaché l'es,
cale de Khombole et les cantons de Diack
et de Fandène du cercle du Baol pour les
rattacher au cercle de Thiès. Cette modifi-
cation répond pleinement aux vœuv des po-
pulations intéressées.
De plus, devant les besoins nouveaux créés
aussi bien par la construction dit chemin de
ln de Louga il Linguere que par l'évolution
de la Colonie, j'ai été amené à proposer
à M. le Gouverneur Général, après avis
du Conseil privé) la création d'un nou-
veau cercle, celui du njolotf, ayant son
chef-lieu à Ltnguèrc et le rétablissement de
l ancien cercle de Saint-Louis.
Les cercles du Cayor et de Dagana seront
supprimés, les cantons relevant de leur res-
sort territorial placés sous l'autorité des
Administrateurs de Podor, LOUgtl, Thiés, et
des Administrateurs de Saint-Louis et Lill-
guère.
L'économie générale de la réorganisation
envisagée a esscntiellemen pour but de fa-
ciliter les rapports entre les populations et
les services administratifs, en situant ces
derniers dans les centres principaux d'at-
trtletion commerciale et en donnant une con-
figuration Plus appropriée aux circonscrip-
tions administratives. Fil d'autres termes,
elle tend à rétablir entre la situation écono-
mique actuelle et une organisation admi-
nistrative, datant d'une trentaine d'années,
une harmonie en partie rompue par les
transformations de tous ordres qui se sont
produites pendant cette longue période.
Les services municipaux
Sur certains a bus constatés dans des ser-
vices municipaux, le lieutenant-gouverneur
déclare :
Il convietidra qur. les communes s'atta-
citent sérieusement, passant outre à certai-
nes contingences politiques, à effectuer des
compressions et à ne recruter désormais que
le personnel administratif ou technique qui
leur est strictement indispensable, compte
tenu uniquement des qualités profession-
nelles des candidats. Exerçant sur elles Sil
tutelle bienveillante, mais ferme, l'Admi-
nistration leur prêtera son entier concours
pour procéder à ces réformes deut je souli-
gne le caractère urgent.
Questions économiques
L'Administration ne pouvant être indiffé-
rente à la prospérité d'un produit qui lui
procure direc tement la moitié des ressour-
ces de son budget veille tout particulière-
ment à la selection des graines d'arachide
pour que cesse le discrédit que les rivaux
étrangers avaient jeté au commencement de
la traite sur les arachides sénégalaises et
sur celles de Kaolack en particulier.
L.'amélioration des modalités de la culture
et celle de la productivité des semences sont
les deux moyens de mener à bien cette en.
treprise.
Croyez bien. Messieurs, que ces deux pro-
blèmes ont retenu toute notre attention. Le
service de l'agriculture après de minutieuses
recherches, a établi toi modèle d'hilaire.
montée sur roues qui, indépendamment de
son adaptation parfaite aux exign/ces de
l'arachide, offre, en outre, l'avantage d'être
peu coûteux, robuste et lécer.
T.I' service des Travaux Publics a fait de
grands efforts au cours d.' l'année dernière
et ce service, si décrié au moment de l'arri-
vée du Gouverneur fore dans la Colonie
fonctionne maintenant dans les conditions
les plus satisfaisantes.
Les services postaux automobiles de la
Colonie étendent leur rayon d'action; l'an.
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