Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-02-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1928 21 février 1928
Description : 1928/02/21 (A29,N30). 1928/02/21 (A29,N30).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451217t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Coloniales
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Dimctiurs < Mtretl RUEDEL et L.-ca. THÉBAULT
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des Hiêdto, qui sont leur propriété exclusive.
JOURlll GUOTIDIEI
Rédaction & Administration :
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PARIS a*>
TtLaPH. 1 iouvmiMy
ItICMaL..U 97-94
ABONNEMENTS
aun le supplément ilitistré:
Un et 6 Mois 3 Mois
France .,
Monta tZO. -65 > 35 e
Etranger 1t0 » 100 > 60 >
On t'tbeaM uni frais da88
ton les baPM«x de poste.
- 0
L'action administrative à Madagascar
Les a d'autorité de Madagatcâr
, «anifeitcnt ua càtaio émoi et ( te plaignent
qu'il n existe plus entre eux et l'autorité supé-
rieure une communauté de pensée et d'adion
indispensables au succès de leurs efforts. Par
un récent courrier, j'ai reçu les doléances de
divers fonctionnaires, dont certains ont un long
et brillant service dans la Grande lie. Sans
s'exagérer le danger, il y a lieu de voir quels
remèdes apporter.
M. Marcel Olivier, le distingué Gouver-
neur Général de la Grande Ile, a une très
haute conscience de son rôle et tous ses colla-
borateurs se plaisent à le reconnaître, mais il
continue à régner dans la Grande lie une cen-
tralisation outraDtÏère.
Les vieux fonctionnaires expérimentés quit-
tent l'administration. Et ceux qui les rempla-
cent, devant une carrière encore longue. se
sentant impuissants à réagir comme leurs aînés,
se résignant à ne plus être autre chose que des
agents exacts et scrupuleux. D'où le repro-
che d'apathie qui leur est souvent fait.
Lorsque le général Galliéni est arrivé là-
bas, il a trouvé une Société bien assise sur des
principes rigoureux d'autorité. Des ministres
au plus humble m'piadidy (chef de quartier),
v l'autorité royale était connue et respectée. A
cette grande force, le grand administrateur
n'eût garde de toucher. Il la rendit légale tout
en adoucissant certaines lois nées de nécessités
locales, mais un peu excessives à notre men-
talité européenne. Tous ceux qui ont étudié
les codes et les lois coutumières des hovas ont
remarqué leur caractère « humain ». Ici, la loi
ne prévoyait-elle pas « que celui qui votait.
poussé par la faim, n'était pas punissable ».
Sous le gouvernement de M. Augagneur,
il fut souvent question de droits des indigènes.
Ce fut l'époque où nulle circulaire ne se ter-
minait sans menaces de sanctions. Cette poli-
tique s' est poursui v ie jusqu' en 1910. Son suc-
cesseur dut constater combien la Société malga-
che avait regressé. Incapable de comprendre
des enseignements fermés à bien des Français
eux-mêmes, le malgache perdit peu à peu ses
vertus ancestrales sans en acquérir d'autres.
Le respect de l' autorité, le culte des ancêtres,
le devoir d' assistance, la politesse séculaire, un
peu orientale de ce peuple se dissolvaient, et
devant le gouffre ainsi creusé dans sa mentalité.
notre enseignement ne mit rien.
M. Picquié, Gouverneur Général, fut, dans
ce cas comme dans tous les autres, incapable
en l' espèce, impuissant à réparer le mal, et
l' ccuvre ce désagrégation moral. fut reprise
avec son successeur. Et cependant, le malga-
che avait une trop longue habitude de l'auto-
rité pour que le mal eût de profondes racines.
Pendant la guerre, alors que plus rien n'exis-
tait que la volonté de sauver la France par
la victoire, le peuple malgache se soumit à
toutes les exigences des autorités. Mais alors
on ne fit plus de politique.
L'après-guerre, hélas ! remit tout en ques-
tion.. --'- - -
Cette situation, M. Olivier ne l'a pas igno-
rée, et dans ses discours comme dans certaines
de ses circulaires il l'a évoquée, se promettant
de réagir.
En résumé, jusqu'en 1903 l'autorité du
« Fanjakana » et de ses représentants fut
maintenue très exactement. Depuis et jusqu'à
la guerre, les autorités supérieures de la colo-
nie ont vu s'affaiblir cette vertu essentielle de
la race.
Ces - ravages dans l'espiit des masses indi-
gènes sont très réels, mais il ne faut pas pour
cela abandonner tout espoir de redressement.
Pour obtenir ce rélultat, il suffirait d' une
Silitique ferme, un peu stricte, dans les débuts.
Devant cette rénovation d'une autorité légitime
sans faiblesse, nécessaire pour l'exercice de
notre tutelle administrative, le malgache s' in-
clinera avec bonne grâce, car son insouciance
naturelle s'accommodeffort bien d'un régime
qui lui assure la sécurité dans sa personne et
ses biens et une prospérité sans cesse accrue.
J en viens maintenant aux causes secondaires
et uniquement locales. Il semble bien qu'il n'y
a plus une collaboration intime, faite de con-
fiance, entre les fonctionnaires de Madagascar
qui travaillent tous, à quelque degré de niérar-
chie que ce soit, à la même oeuvre. Quand on
lit les journaux officiels publiés sous le gouver-
nement du général Galliéni, on est frappé
par les nombreuses instructions qu'il adressait
aux officiers et fonctionnaires sous ses ordres.
Sa pensée était, sur tous les sujets, longue-
ment exposée et suivie ces instructions lui pa-
raissant propres à obtenir le résultat recherché.
Ainsi, ces dernières étaient fortement éclairées
par son exposé. De plus, les personnalités
auxquelles il s'adressait n'étaient pas seules
confidentes de ses pensées. Tous. colons et
fonctionnaires, la connaissaient.
MM. Martial Merlih, Guyon, Auguste Bru-
net sentirent la nécessité de suivre l'exemple de
leur illustre devancier. Mais à de très rues
exceptions, leurs instructions ne furent pas insé-
rées au Journal officiel, donc restèrent ignorées
d'un grand nombre de fonctionnaires. Et c'est
ainsi que la pensée directrice, celle qui doit
animer toute la machine administrative, et dont
l'importance était d'autant plus grande après-
guerre que les esprits étaient plus troublés, cette
pensée directrice a fait défaut. -
Voyons les conséquences de cet état de
choses dans le Gouvernement Général : Le
directeur de l' Enseignement a conçu un pro-
gramme d'enseignement professionnel étendu.
Pour la réalisation de ce programme, il faut
de l'argent qu' on demande naturellement à
l'impôt. Là encore, il eût été utile d'indiquer
les moyens aux autorités locales de renseigner
les contribuables, et cependant rien n'a été fait.
Cette absence de directives, nous les trou-
vons presque dans tous les domaines, sauf de
rares exceptions. Cependant, M, Marcel Oli-
vier. d.ns son récent discours aux Délégations
financières, préconise des « Kabqnr fréquents
où r«lwniun - l'autorité doit t allier à la
bienveillance l, Si, rar certaine* utaliftica les
conseils à donner aux populations sont connus
et toujours les mêmes, émi ! depuis 30 ans,
encore faut-il que, sur certaines questions, et
justement les plus importantel, nos administra-
teun connaissent la pensée du Fanjakana. Us
ne peuvent improviser.
Quant aux relations entre les autorités ac-
tives et les services, elles seraient non seule.
ment inexistantes, mais sous cette négation se
cacherait une dualité fâcheuse. Les fonction-
naires actifs accusent les services de n'accueil-
lir aucun de leurs projets, aucune de leurs
suggestions, d'opposer un silence systématique
à tout ce qui n'a pas été élaboré dans leurs
-- bureaux. Et c'est ainsi que beaucoup d'entre
eux, disposés à faire preuve d'initiative, mais
rebutés par l'absence de toutes informations
sur le sort fait à leurs propositions, se replient
sur eux-mêmes èt sen =it t i ons, se rep l ient
sur eux-mêmea et se bornent à exécuter les
ordres donnés.
Certains amis de la paperasse voudraient
même que tout travail, même du plus humble
des fonctionnaires, fasse l'objet d'un accusé
de réception. Cela flatterait l'auteur et l'en-
couragerait à agir en vue de l'amélioration des
services qu'il dirige. Je n'irai pas jusque-là :
ce serait un peu puéril.
Maurice Bouilloux-Lafont,
Kpstf au FénUtêrn.
Vteu-fflefdew dp la Chambre.
«0.-
BROUSSES
4k BROUTILLES
-,
Notions à reviser
L'on croyait jusqu'à présent que l'Afrique
tropicale était l'habitat de prédilection des
autruches.
A vrai dire, ces oiseaux ne jouissaient pas
d'une santé parfaite dans leur pays d'ori-
gine. Ils y étaient sujets à des maux diyers
allant du simple malaise (cet état que nos
grand'mères appelaient « vapeurs n) à la ma-
ladie mortelle.
Mais on se disait, par une tri's antique
superstition, que la nature savait bien ce
qu'elle faisait et que,, faisant naître les au-
truches au Soudan, à Madagascar et au Cap,
elle montrait sans doute par là, une fois de
plus, son infaillible sagesse.
Voilà que les Soviets bouleversent nos plus
sacrées croyances. Les bolcheviks ne respec-
tent rien, pas même la nature. Au Jardin
Zoologique de Moscou, ils vous ont logé un
lot d'autruches dans un local dépourvu de
tout chauffage. Lorsqu'elles en sortent, c'est
pour se promener sur la neige, allègres et
alertes comme garçonnes sportives à Saint-
Moritz. Et l'on a constaté qu'elles n'avaient
jamais été aussi bien portantes. Elles se
conservent admirablement au sein des gla-
ces, comme Joséphine Baker parmi les cou-
rants d'air polaires du music-hall. Peut-être
qu'un bouquet de plumes au croupion, cela
tient chaud à tout le corps. Mais je ciois
plutôt que beaucoup de nos idées sur les ani-
maux exotiques (je ne dis pas cela pour
Joséphine) sont à réviser.
-- Audion --
Glozel et le Maroc
--<'.0-
Le docteur Russo, pour mettre au point
ses récentes déclarations que certains sem-
blent avoir mal interprétées, a déclaré au
correspondant du cc Matin » il Rabat :
On prétend que j'ai dit : le Maroc a son
Glozel. Non, ,le Maroc n'a pas son Glozel. A
Glozel on a trouvé des poteries' et inscriptions
sur pierres et briques enfoncées dans le sol
et dont l'authenticité est violemment discutée.
Au Maroc on a trouvé sur des rochers, nu grand
soleil sahArien, des dessins de grands animaux
et des signes creusés au voisinage, dont nul n'a
jamais contesté la parfaite authenticité.
« Je ne suis ni glozelien ni antiglozelicn,
je remarque simplement que (Ic.c; signes com-
muns entre le Sahara et Glozel existent. Or si
Glozel est authentique, cela montre la parenté
qui existe entre la-rive nord et la. rive sud de
la Méditerranée. S'il est truqué, cela prouve
encore cette parenté.
ft En effet, d'après l'argumentation de M. Dus-
soud, les signes alozeliens sont empruntés en
partie aux caractères des galets d'Mvao, en
Portugal.
« n'nutre part, on sait que dans les inscrip-
Uons rupestres des Alpes maritimes e retrou-
vent encore certains signes apparentés à ceux
des rupestres' sahariens et à ceux de Glozel. On
voit donc bien qu'il ne s'agit nullement d'au-
thentifier ou de ne pas authentifier Glozel, mais
A l'occasion du bruat fait autour de Glozel, d'at-
tirer l'attention sur cette question autrement im-
portante dans ses conséquences qu'une simple
constatation locale. Les populations de la Médi-
terranée occidentale sont-elles, sur l'une et l'au-
tre rive, de la même culture originelle, ou fon-
cièrement étrangère ?
Le statut de Tanger
On prétend (on l'a déjà prétendu maintes
fois), que l'accord est fait entre la France
et l'Espagne sur le statut de Tanger.
il ne s agissait aucunement, ainsi que
nous l'avons signalé, d'un remaniement
capital du statut en vigueur, mais de sim-
ples retouches susceptibles de donner à
Espagne une participation plus large à la
police et it l'administration du territoire et
de la ville de Tanger. Dans un louable es-
prit de conciliation, les négociateurs fran-
çais ne se sont pas refusés h ces retouches
et, d'autre part, le gouvernement espagnol
tout d'abord fort exigeant et ne recher-
chant rien moins qu'une sorte d'espagnoli-
snlion de la one internationale du Maroc,
a réduit finalement, il est vrai, après de
longs mois de pourparlers, ses desiderata
à la portion raisonnable.
L'accord actuel ne constituant pas à pro.
prement parler un acte diplomatique, mais
un arrangement à l'amiable entre la Fran-
ce et l'Espagne, qui devra être également
étudié par la Grande-Bretagne et l'Italie, il
nte sera revêtu d'aucune signature, lu
moins pour le moment, et la conversation
commencée à deux se poursuivra doréna-
vant à quatre.
Faits divers
Je m'affile dans la lecture du
journal que. je tiens..
Il y a deux ou trois jours, '¡a"'
lItUN Atiemx iycée- taW .Hrt.,.,..
mon cher camarade RuedeV ?) un intime,
un élève de suol/dt, né en Cochinchinc, se
réfugiait dans une classe de dessin et se
tirait une balte de revolver dans la région
du cœur.
̃On l'a transporté à hôpital Cochin :
fignore, à cette ItCllft:, si son état, qui ins-
pirait de vives inquiétudes, s'est amfhort.
1.'enquête conduite par le commissaire de
police de la Sorbcnnc indique comme cause
première de cet acte désespéré. la nos/algie
le regret du pays natal, à l'ombre de la tour
Clovis battue par la pluie. Et PUIS. notre
lycéen avait fait ail quartier la connaissance
d'une jeune personne dont il avait perdu les
faveurs aussi facilement qu'il les avait ob-
tenues.
C'est la réplique de la chanson-scie d'an
trefois :
Je suis aimé d'une petite
C'est une Anna, c'est une Anna, une Annamite.
Mais cela ne devait pas finir par des
chansons. Xotre jeune homme aurait Pli dire
comme le Petit Chose :
Moi, je crois ti l'amour ('OllIllIP l'on croit en
(Dieu;
A os jeuiies geus J au jour d'hui tint des
croyances moins profondes et moins candides
dans la solidité des tendresses ainsi rencon-
trées. Le lycéen d'Henri IY, nous dit-ct,
en était encore là. Rupture, désespoir, ag-
gravation de la nostalgie, suicide
(ht pourrait philosopher à perte de vue.
Je me contente de répéter les paroles
d'Alexandre Yarenne dans ce discours du
2i octobre 19.17, dent j'ai déjà rendu
compte :
« Puissions nous voir bientôt. par i allé
riment des programmes scol aires, par la
création d'un enseignement indochinois oui
011 rira toutes les carrières, disparaître, parre
qu'il n'aura plus de raison ni même de pré-
texte, l'exode vers 1rs lycées de France de
tant de jeunes gens, des enfants de douze
ans arrachés à l'influence de leur famille,
b'untôt pipés à l'appât de fausses formules
d'émanci pation, égarés an hasard des ren-
COli/US. exposés à renier leurs traditionî dt
race pour n'adopter que les réactions alté-
rées on contrefaites d'une mentalité êtr-»t-
gère. »
Egarés titI hasard des rencontres, pipis à.
V appât de conquêtes rapides que le des ! qui-
libu des. budgets particulic/s. a~x.it c tram-
formées en défaites, ces, jeunes ficus. Vienne fit
trop tôt dans un monde trop vieux et qui à,
di puis longtemps, relégué a/u milieu des
refrains archaïques et invraisemblables, celui
au'ont chanté nos grands-pères. •
Dans un grenier qu'on est bien A vingt mis 1
Et je me rappelle tlllui un texte Itll;" que
nous expliquions dans le même lycée
fleuri /Y, une lettre de Fline à Tacite. Pline
le jeune ayant rencontré dans sa chère ville
de Côme un jeune homme, revêtu de la robe
bordée de pourpre que les enfants des fa-
milles distinguées portaient jusqu'à 14 ans :
« Où fais-tu tes études 1 » lui demandait il.
« A Alila" 9, répondait l'auire. Et, comme
le père était là, Pline déclarait à ce dernier :
a Eh quoi 1 Est-ce qu'il ne serait pas porr
vous, pères de famille, indispensable que
vos enfants fussent instruits ici et non air-
leurs ? Où donc troiroeraient-ils un séjour
plus agréable que dans leur patrie ? Où se-
raient-ils moralement mieux élevés que sous
les yeux de leurs parents, ct avec moins (le
dépenses qu'à la maison 7. Qu'ils soient
élevés ici, ceux qui sont nés ici et que, dès
leur enfance, ils apprennent à s'attacher au
sol natal. »
Peut-être notre lycéen a-t-il entendu quel-
que jour un de ses maîtres commenter ce
passage. Son exemple est de ceux qui dé-
montrent la vérité de ce que disait Alexan-
dre Yarenne.
Qu'on y prenne garde : ne rions pas de
faits divers de ce genre ; la question est
grave : ré fléchissons, ;v
Mario Roustan,
Sénateur de l'Ilêrault, ancien ministre
Vice-Président de ta CommUtion
sénatoriale des Colonies.
Naiuance de l'imprimerie
en Extrême-Orient
0-0-
L'impression xylographique a-t-elle com-
mencé en Allemagne ou en France vers 1400?
C'est la discussion du moment. Ce qui est
certain, c'est au'elle existait depuis sept siècles
en Chine, à l'époque. L'imprimerie fut un
substitut bon marché du manuscrit. Il fallait
donc inventer le papier.
Les Chinois ont inventé le papier en 105
de notre ère, alors que sa fabrication n'a passé
de Chine à Samarkand qu'au milieu du Vllt
siècle, puis de l'Orient méditerranéen au Ma.
roc, chez les Maures d'Espagne, enfin dans le
Midi de la France, en 1189.
La véritable impression xylographique en
est née spontanément, insensiblement, pour sa-
tisfaire les besoins religieux du peuple.
C'est ce que démontrent les plus anciens
textes relatifs à l'impression xylographique et
les plus anciens imprimés conservés tel que le
» million de formules bouddhiques » imprimé
au Japon en -- 764-770. ----
L*AviaHmi CeUmiik
Ll81101me-CJoa
L'«viateur portugais Carlos Bleck, qui
tente le raid Liabonne-Goa (Indes portugai*
ses), est arrivé le 19 février à midi à Hélio-
polis, venant de Trtpoli. ,
Bagdad sera sa prochaine eaeale,
Voyage aux Antilles
-0
La Pointe-à-PItre
! 00
_6 a -
t:. Cette fots-a, je ne crie pas : 8 Terrel 9
mats : « Soltill a dans un cctfttHchccmenl
d'hymne. Sons nue éblouissante averse de
lumière tropicale, je découvre la Guade-
loupe, la Grande-Terre et la Hasse-Terre,
avet leurs extravagances déchiquetées de ter
rcs volcaniques ci de grands bois lointains
dont je devine jusqu'au bord de la mer le
cerne immense.
La Pointe-à-Pitre, première escale qui 1
sème quelques passagers, puis, le paquebot,
après un arrêt à la Basse- Terre, reprendra
sa route pour la Martinique, Panama, vers
ce large oit la planète semble sans fin.
Un peu de mélancolie m'étreiut en serrant
les mains qui se tendent une dernière fois ;
les visages connus pendant quelques jours
vont s'effacer.
(hl de mes compagnons de route me tend
une frêle orchidée :
« Yous pouvez accepter, nous ne nous te
verrons peut-être jamais. »
Je PitJllf à mon sivcatcr la fleur à peine
rosée. « Jamais l, rendez-vous où nul ne
sera (xad.
le me tourne vers l'île revêtue d'or.
Vnc végétation luxuriante enserre la Poin-
te-à-Pitre, continuée jusque dans la mer par
des tlcts fleuris qui ceinturent une rade ad-
mirable. la vie des hommes apparaît en
face de mot : quais, entrepôts encombrés,
III' clocher, des formes de cités européennes.
Seulement, sur les habitations antillaises p:"
élevées, l'absence lot aie de cheminées an
nonce l'éternel printemps.
« Ftr grand ville, avec le banc h et les
miousées D. précise ma compagne anglaise
qui n'a abandonné ses couvertures que pour
s'armer d'un guide de poche. Elle continue :
« -*7.679 habitants, tribiounal. lycées des
gaiçonnes et des jointes filles. Nlln belles
et gracious'i tirées au cordeau. » Et, tan-
dis qu'elle se perd dans un dictionnaire à
la recherche du mot cordeau, je distingue
des élancements de palmiers : les tins se
dressent droits comme des mâts, d' autres se
courbent, danseurs contorsionnés pour une
ronde fantastique on te vint doit prendre
dec rythmes de tamtam. Vu, enfin, solitaire,
ondule des racines au faite, tomme ut»
serpent monstrueux posé sur sa queue. Sym
bole peut-être d'une antique divinité caraïbe,
u)l,fpeu de l'âme sauvage de l'ifc civilisée.
; lt. punt du paquebot ressemble à la bou-
t/'que d'un oiseleur. Impossible de s'enten-
dre. Tout le monde s'interpelle dam sa lan
gue maternelle, et des négresses, de leurs pe-
tits ),,;tftl/(A' plats qui flottent autour du
géant, offrent des fruits aux passagers :
Ca qui vlé cocos à l'eau, banane.-., /'ananas?
..Mi ces dames-là moin tini belles /'oranges!
•. Les traits, grands plateaux à bords, w
tendent, chargés de fruits dont les teintes
s enflamment sous le zénith.
Tout en dégustant une délicieuse mangue,
je rattrape un grand nègre qui em porte mes
h <2 gage s ; d'un bras robuste, il m'enlève au
bas de l'éclldlc de fer et je me retrouve dans
un canot, calée entre mes valises, tout près
de cette eau bleue, tilde:, que j'effleure du
bout des doigts, mouvement nostalgique
peut-être ?. fe cherche, à 1.800 lictlcs, un
remous connu de flots bretons.
Et je débarque, en plein quartier des
allairfs, Ici palpitent les cours dit SI/CU,
du café, du cacao, surtout le cours précieux
de Sa Majesté « le Rhum », grande vedette
d, la richesse économique des Antilles.
Soudain, je me rappelle la fièvre, les vo-
ciférations de la Roursc de Paris !. Ainsi,
e sont des actions, des parts de fondateurs
1 il b..
d'usines et de banques que représentent ces
barriques de sucre, ces tonneaux de rhum
qui attendent, à quais le passage d'un cargo.
T. es porltllrs noirs aux torses nus et puis-
sallts, insoucieux des 'l,icissitlltfOi du lende-
main, rient, avec des dents et des veux qui
gardent le reflet des fastes du soleil.
Toute cette vie entrevue de l'île au tra-
vail contraste singulièrement avec l'image
chétive que beaucoup de Français se font
de leurs possessions alltillaises, qu'ils rétflli-
sent à Vimportance d'une île de la Jatte
échouée sous le Tropique.
Il est midi. Malgré la chaleur accablante
qui tombe d'un ciel couleur de Fête-Dieu,
je sens que je vais faire honneur à l'invita-
tion de mes amis ; ils m'ont promis un repas
cléole. Je pars à la découverte du vrai ca-
lalou, d'uh court-bouillon de poisson aiithepi-
tique avec du piment, et de la farine de
manioc. J'ai faim, de tortue en fricassée et
de. salade de choux-palmistes.
Marie-Louise Sicard
1
.;.: L'alcool et le pétrole
de nos colonies
Le Conseil d'administration de l'Office Na-
tiopal des combustibles liquides, réuni sous
la 'présidence de M. Loucheur, a poursuivi
son étude sur la production d'alcool colonial
provenant de la distillation de l' « agave »
et d'autres plantes alcooligènes. 11 a adopté
les conclusions du rapport du Comité scien-
tifique du pétrole sur les missions effectuées
.i ce sujet par M. Fouque, au Sénégal.
De Belrlque au Conro à pied
--0-0.-.
Deux juenes gens du pays de Ciiarlerol, M. Ni-
colas Georges de Hansnrt et M. Orner lietrootte
de tadeliasnrt, viennent de quitter Ctmfteroi il
destination du Congo. Il fmraft qtfon leur a
promis 25.000 francs pour mire 'VMIL'- « pe-
dibus cum Jambis Il, Us. vont par la FYance,
l'Italie. In Yoligo-glavle, la Rulfrarfe. la Turquie,
l'Egypte la vsllée du Nil à Stanleyvllle.
NOIR SUR BLANC
-0
DES NAUFRAGEURS
---0-<>-
Des tinettes, les sabots des « Fluviales »,
mais c'est leur faire beaucoup d'honneur. On
vide et on nettoie généralement tous les récep-
tacles à ordures, tandis que les bateaux de
nos flibustiers gardent et garderont éternelle-
ment leur infection.
Ces lignes étaient écrites naguère par un des
malheureux usagers obligatoires des Fluviales
au vieux polémiste Vigné d'Octon dont. l'âge
n'a pas abattu les ardeurs. Il reprend d'une
plume vigoureuse quelques-uns des arguments
contre la Compagnie des Messageries Flu-
viales de l' Indochine.
Il y aurait un volume à publier. Nous en
donnerons les chapitres les plus édifiants au
jour le jour.
Pour l'heure, contentons-nous de constater
qu'aucune dépêche d Indochine ne nous an-
nonce les premiers résultats de l'information
judiciaire qui a dû être ouverte contre les cri-
minels. Un silence de mort enveloppe la.
catastrophe du Trentinian. Une information pu-
bliée dans notre confrère l'Indochine d'hier 20
février annonce seulement qu'au lieu de garder
r argent pour indemniser les familles des vic-
times. on va se le partager joyeusement.
Les « Messageries Fluviales de Cochin-
chine » ont dépassé le cours de 3.000 Ir.
la distribution des actions gratuites et
des parts étant maintenant prochaine.
Plus on tue de monde, plus le titre monte,
plus les bénéfices sont grands.
Seuls dans la nuit. privée de justice, les hut-
lulements des chacals de la Bourse annoncent
le gai festin des bêtes de proie, sur les rares
cadavres retrouvés devant le deuil des victimes.
Cela ne peut durer.
Répétons au colonel Bernard naufrageur la
phrase vengeresse de son illustre frère Bernard
Lazare :
La V bilé est en marche.
U Angély
DEPECHES BE L inBOtnillE
Sir Cliiford à Saigon
Sir Clif(ord al M. "ralf"rfotl" ministre bri-
tannique au sont arrives ù Saigon
vendredi duns la soin'r. Samedi matin,
MM. Cliffnrd- rl WaUrrlow, accompagnas
du Consul d'Angleterre. A Saïgon et des
principales personnalités de ln colonie an-
glaise, ont rendu visite (lU gouverneur de
Cochinchinc Blanchard de la Urosse, puis
fis ont <'tf! reçus <) Vlîôlcl de Ville par f''
maire anlourâ du Conseil municipal. Ils ont
ensuite rendu visite à l'amiral Sfotz à bord
du .Îulfs-Mirlif'lot.
(IndonarifU
TAUX DE LA PIASTRE
î.o fîouvrrTH'Ui' yt'-u.'-rnl île l'indo 'liine vient
d»1 fniro connaître nu ministre des Oilonios qu'à
lu date du 10 février lOi'S. le tnux officiel de la
piastre était do 13 fr. K-t.
Les Annales Coloniales publieront de-
main la suite des débats à la Chambre sur
le Projet de loi concernant le renouvelle-
ment du privilège de la Banque de l'Afri-
que Occidentale.
I.IRK EN SECONDE PAGE : PlllLA-
THKIAE.
1
Le port de Saïgon
Parmi les grands ports indoi-huiois, le puit
de Saïgon-Cholon est le plus actif.
Situé en bordure de la rivière de Saigon,
affluent du Donnai, il se trouve au point
précis où la navigation maritime s'arrête et
où commence la navigation intérieure.
Les grands paquebots des Messageries. Por.
thos, d'Artagnan, Paul-Lecat, André-Lebolt
(ce dernier ayant un tonnage de déplacement
de 19.260 tonnes) fréquentent ses eaux régu-
lièrement et sans difficulté.
, Le port de commerce de Saigon comprend
deux parties : le port maritime et Je port
fluvial. Le premier s'étend en aval du port
de guerre, à partir de la place Rigault-de-
Genouilly. Le port de Cholon a été ratta-
ché au port de Saigon, ainsi que les canaux
reliant les deux ports.
Investi de la personnalité civile depuis
qu'il a été constitué en établissement pu-
blic, le port est géré par un Conseil d'ad-
ministration, dans des conditions semblables
à celles fixées pour les ports maritimes de
la - métropole.
Les ouvrages d accostage des navires se
sont développés en rivière de Saigon à par-
tir du port de guerre, sur une longueur de
CI kilomètres.
La largeur moyenne de la rivière est, dans
cette zone, de 300 mètres environ ; la surface
d'eau du port maritime mesurée au niveau
des hautes mers est de 180 hectares environ.
Les installations du port comprennent un
quai en maçonnerie de plus de 1.000 mètrcs,
desservi par une voie ferrée, une quaran-
taine de postes d'amarrage, et en outre six
postes particuliers, dont trois aux apponte-
ments de la Compagnie des Messageries Ma-
litimes, Actuellement, quarante-cinq grands
navires peuvent mouiller ensemble dans le
port et y effectuer leurs opérations en toute
sécurité.
L'outillage flottant se compose d'un re-
morqueur de 500 CV, de deux remorqueurs
de 300 CV, de quatre de Inn C\', de cha-
loupes. d'un ponton-bigue de 50 tonnes et
d'un divers arsenal pour les besoins mari-
times.
Il se fait au port de Saigon-Chulull un
mouvement total de 8 millions de tonnes
par an. Le port de Saïgon-Cholon se classe
donc parmi les plus importants des grands
ports français.
La flibuste coloniale
on
Le Petit Bleu public l'information suivante :
Charbonnages de Nirih-Binh
Une fleur du hors-cote dont les promoteurs
ne semblent guère gênés par les contradictions.
Ne font-ils pas annoncer, en effet, que d'im-
portants contrats, notamment avec les Chemins
de fer d' Indochine, ont été conclus pour la
vente des charbons de la Société dont la pro-
duction « pourra » atteindre 30.000 tonnes en
1928. On peut, en effet, se demander com-
ment une production aussi faible et encore
n'est-ce qu'une prévision ! qui ne suffira
même pas à couvrir les frais généraux, peut
donner lieu à d'importants contrats de vente,
mais sans doute les promoteurs sont-ils plus
préoccupés de vendre leurs actions à 220 francs
et leurs parts à 1.650, que de se mettre d'ac-
cord avec la logique.
Complétons l'information du Petit Bleu en
indiquant d'après 1 Annuaire des Entreprise*
coloniales édité 17, rue d'Anjou, édition 1927,
que le président de la Société des Charbon-
nages de Ninh-Binh est M. Yves Le Troc-
quer, ancien ministre, et l'administrateur délé-
gué M. G. de Fommervault.
Le renouvellement du Privilège
de la Banque de l'Afrique Occidentale
1 devant la Chambre
.1.
La séance est ouverte à. 9 h. 1/2 sous la
piésidence de M. Henri l'até, vice-prési-
dent.
Au banc des ministres, M. Léon Perrier,
ministre des Colonies, entouré des divers
directeurs du ministère des Colonies, en
qualité de commissaires du Gouvernement.
Peu de députés en séance et pourtant le
débat est de grande importance puisque
l'ordre du jour appelle le renouvellement
pour 20 ans, du privilège de la Manque de
l'Afrique Occidontale.
Cet Etablissement d'émission qui a pris
la suite de l'ancienne Banque du Sénégal,
a été organisé par décret du 29 juin 1901 et
est venu à échéance en 19^1 au 31 décem-
bre.
Question préalable
M, ANDHE 13EHTHON, conformément à
l'article 49 du règlement, pose la question
préalable au nom de la traction commu-
niste.
Le privilège légal est expiré depuis 1921,
mais il a été prorogé quatre fois par dé-
crets : la législature précédente s'est pour-
suivie sans qu'on ail songé on osé en de-
mander le renouvellement. C'est i1» quel-
ques semaines de la consultation électorale
qu'on demande aujourd'hui ¡) la Chambre
de prendre cette responsabilité, et le député
communiste de la Seine s'élève avec véhé-
mence contre le droit d'émission conféré iS
un établissement privé, en engageant h*
pays dans des conditions trop longues.
Comme eelui de la Manque d<' l'A. (>.,
le privilège d.- la Manque de l'Iiidn-Cbine
est expiré depuis sept ans, et le Mloc des
gauches a agi exactement connue le Bloc,
national : il a renouvelé ces privilèges par
décrets. l,e résultat, : M millions «'e néné*
flccs en une année pour la s' nie Manque
de l'A. O. pour un capital d'un million
et demi. Voilà ce que» certains (lnt gagné et
ce que la nation a prdu:
Maintenant, il est trop lM, I.U dop lard
pour discuter un semblable projet de lni.
ans quelques semaines, on va tendre des
comptes et probablemeu* des comptes sévè-
res. Il appartiendra il la majorité nouvelle
de prendre ses responsabilités, eu bien elle
renforcera le système capitaliste ou bien
elle prononcera la nationalisation des ban-
ques, possibilité qu'il convient (le lui réser.
ver.
M. de TIN GUY du POUET combat la
question préalable. M. André Berthon a dit
que la Banque de l'A. 0. réalise des
bénéfices scandaleux : précisément le pro-
jet aura pour but de mettre lin à cette si-
tuation.
A la majorité de 283 voix contre 12"), sur
408 volants, la motion de M. André Mer-
thon, posant la question préalable, n'est
pas adoptée.
Motion d'ajournement
Al. ANDRE BEBTllON développe ensuite
une motion d'ajournement. Il convient
dit-il, de surseoir a tout débat jusqu'au
jour où la Chambre aura voté les lois qui
donnent aux indigènes les droits constitu-
tionnels et. des libertés qui leur manquent.
Nos colonies vivent sous un régime napo-
léonien qui permet d'étouffer des scandales :
pas de liberté de presse, pas de liberté syn-
dicale, pas de liberté individuelle.
Tous ces droits ont été demandés par la
gauche de la Chambre : quand les a-t-elle
exigés, alors qu'elle avait le pouvoir ? M.
Slceg a notamment écrit une condamnation
délinitive île l'indigénal, qui subsiste cepen-
dant.
M. M< »I*IN A1 I ». L'indigénal n'existe
plus en Algérie depuis la tin de 1D27.
M. A\1»ME MKHTllON aflirnie ensuite
qu'il a dé seulement atténué.
Il v a donc quelque chose do plus urgent
que les projets propres ei augmenter les
bénéfices des banques : les réformes rela-
tives aux (troits civils et politiques des in-
digènes.
D'antre paît, il est scandaleux, répète
î'? oralour, (pie la Chambre repousse un¡
occasion splendide de récupérer des mil-
lions. puisque le privilège est maintenant
expiré.
M. LEON PERHIEH, ministre des Colo-
M WUMWMO : m -
*
MAM|»| mi|H, Vi !• !-.\ ItikH W!tI
Les Annales Coloniales
tu mnonctt la réelMmt* mnbI rqm m
taNM êm Journal.
Dimctiurs < Mtretl RUEDEL et L.-ca. THÉBAULT
Lm ABu.. COMMtMUM ne publient eut de» arll»
des Hiêdto, qui sont leur propriété exclusive.
JOURlll GUOTIDIEI
Rédaction & Administration :
14, ne ce mem-TUW
PARIS a*>
TtLaPH. 1 iouvmiMy
ItICMaL..U 97-94
ABONNEMENTS
aun le supplément ilitistré:
Un et 6 Mois 3 Mois
France .,
Monta tZO. -65 > 35 e
Etranger 1t0 » 100 > 60 >
On t'tbeaM uni frais da88
ton les baPM«x de poste.
- 0
L'action administrative à Madagascar
Les a d'autorité de Madagatcâr
, «anifeitcnt ua càtaio émoi et ( te plaignent
qu'il n existe plus entre eux et l'autorité supé-
rieure une communauté de pensée et d'adion
indispensables au succès de leurs efforts. Par
un récent courrier, j'ai reçu les doléances de
divers fonctionnaires, dont certains ont un long
et brillant service dans la Grande lie. Sans
s'exagérer le danger, il y a lieu de voir quels
remèdes apporter.
M. Marcel Olivier, le distingué Gouver-
neur Général de la Grande Ile, a une très
haute conscience de son rôle et tous ses colla-
borateurs se plaisent à le reconnaître, mais il
continue à régner dans la Grande lie une cen-
tralisation outraDtÏère.
Les vieux fonctionnaires expérimentés quit-
tent l'administration. Et ceux qui les rempla-
cent, devant une carrière encore longue. se
sentant impuissants à réagir comme leurs aînés,
se résignant à ne plus être autre chose que des
agents exacts et scrupuleux. D'où le repro-
che d'apathie qui leur est souvent fait.
Lorsque le général Galliéni est arrivé là-
bas, il a trouvé une Société bien assise sur des
principes rigoureux d'autorité. Des ministres
au plus humble m'piadidy (chef de quartier),
v l'autorité royale était connue et respectée. A
cette grande force, le grand administrateur
n'eût garde de toucher. Il la rendit légale tout
en adoucissant certaines lois nées de nécessités
locales, mais un peu excessives à notre men-
talité européenne. Tous ceux qui ont étudié
les codes et les lois coutumières des hovas ont
remarqué leur caractère « humain ». Ici, la loi
ne prévoyait-elle pas « que celui qui votait.
poussé par la faim, n'était pas punissable ».
Sous le gouvernement de M. Augagneur,
il fut souvent question de droits des indigènes.
Ce fut l'époque où nulle circulaire ne se ter-
minait sans menaces de sanctions. Cette poli-
tique s' est poursui v ie jusqu' en 1910. Son suc-
cesseur dut constater combien la Société malga-
che avait regressé. Incapable de comprendre
des enseignements fermés à bien des Français
eux-mêmes, le malgache perdit peu à peu ses
vertus ancestrales sans en acquérir d'autres.
Le respect de l' autorité, le culte des ancêtres,
le devoir d' assistance, la politesse séculaire, un
peu orientale de ce peuple se dissolvaient, et
devant le gouffre ainsi creusé dans sa mentalité.
notre enseignement ne mit rien.
M. Picquié, Gouverneur Général, fut, dans
ce cas comme dans tous les autres, incapable
en l' espèce, impuissant à réparer le mal, et
l' ccuvre ce désagrégation moral. fut reprise
avec son successeur. Et cependant, le malga-
che avait une trop longue habitude de l'auto-
rité pour que le mal eût de profondes racines.
Pendant la guerre, alors que plus rien n'exis-
tait que la volonté de sauver la France par
la victoire, le peuple malgache se soumit à
toutes les exigences des autorités. Mais alors
on ne fit plus de politique.
L'après-guerre, hélas ! remit tout en ques-
tion.. --'- - -
Cette situation, M. Olivier ne l'a pas igno-
rée, et dans ses discours comme dans certaines
de ses circulaires il l'a évoquée, se promettant
de réagir.
En résumé, jusqu'en 1903 l'autorité du
« Fanjakana » et de ses représentants fut
maintenue très exactement. Depuis et jusqu'à
la guerre, les autorités supérieures de la colo-
nie ont vu s'affaiblir cette vertu essentielle de
la race.
Ces - ravages dans l'espiit des masses indi-
gènes sont très réels, mais il ne faut pas pour
cela abandonner tout espoir de redressement.
Pour obtenir ce rélultat, il suffirait d' une
Silitique ferme, un peu stricte, dans les débuts.
Devant cette rénovation d'une autorité légitime
sans faiblesse, nécessaire pour l'exercice de
notre tutelle administrative, le malgache s' in-
clinera avec bonne grâce, car son insouciance
naturelle s'accommodeffort bien d'un régime
qui lui assure la sécurité dans sa personne et
ses biens et une prospérité sans cesse accrue.
J en viens maintenant aux causes secondaires
et uniquement locales. Il semble bien qu'il n'y
a plus une collaboration intime, faite de con-
fiance, entre les fonctionnaires de Madagascar
qui travaillent tous, à quelque degré de niérar-
chie que ce soit, à la même oeuvre. Quand on
lit les journaux officiels publiés sous le gouver-
nement du général Galliéni, on est frappé
par les nombreuses instructions qu'il adressait
aux officiers et fonctionnaires sous ses ordres.
Sa pensée était, sur tous les sujets, longue-
ment exposée et suivie ces instructions lui pa-
raissant propres à obtenir le résultat recherché.
Ainsi, ces dernières étaient fortement éclairées
par son exposé. De plus, les personnalités
auxquelles il s'adressait n'étaient pas seules
confidentes de ses pensées. Tous. colons et
fonctionnaires, la connaissaient.
MM. Martial Merlih, Guyon, Auguste Bru-
net sentirent la nécessité de suivre l'exemple de
leur illustre devancier. Mais à de très rues
exceptions, leurs instructions ne furent pas insé-
rées au Journal officiel, donc restèrent ignorées
d'un grand nombre de fonctionnaires. Et c'est
ainsi que la pensée directrice, celle qui doit
animer toute la machine administrative, et dont
l'importance était d'autant plus grande après-
guerre que les esprits étaient plus troublés, cette
pensée directrice a fait défaut. -
Voyons les conséquences de cet état de
choses dans le Gouvernement Général : Le
directeur de l' Enseignement a conçu un pro-
gramme d'enseignement professionnel étendu.
Pour la réalisation de ce programme, il faut
de l'argent qu' on demande naturellement à
l'impôt. Là encore, il eût été utile d'indiquer
les moyens aux autorités locales de renseigner
les contribuables, et cependant rien n'a été fait.
Cette absence de directives, nous les trou-
vons presque dans tous les domaines, sauf de
rares exceptions. Cependant, M, Marcel Oli-
vier. d.ns son récent discours aux Délégations
financières, préconise des « Kabqnr fréquents
où r«lwniun - l'autorité doit t allier à la
bienveillance l, Si, rar certaine* utaliftica les
conseils à donner aux populations sont connus
et toujours les mêmes, émi ! depuis 30 ans,
encore faut-il que, sur certaines questions, et
justement les plus importantel, nos administra-
teun connaissent la pensée du Fanjakana. Us
ne peuvent improviser.
Quant aux relations entre les autorités ac-
tives et les services, elles seraient non seule.
ment inexistantes, mais sous cette négation se
cacherait une dualité fâcheuse. Les fonction-
naires actifs accusent les services de n'accueil-
lir aucun de leurs projets, aucune de leurs
suggestions, d'opposer un silence systématique
à tout ce qui n'a pas été élaboré dans leurs
-- bureaux. Et c'est ainsi que beaucoup d'entre
eux, disposés à faire preuve d'initiative, mais
rebutés par l'absence de toutes informations
sur le sort fait à leurs propositions, se replient
sur eux-mêmes èt sen =it t i ons, se rep l ient
sur eux-mêmea et se bornent à exécuter les
ordres donnés.
Certains amis de la paperasse voudraient
même que tout travail, même du plus humble
des fonctionnaires, fasse l'objet d'un accusé
de réception. Cela flatterait l'auteur et l'en-
couragerait à agir en vue de l'amélioration des
services qu'il dirige. Je n'irai pas jusque-là :
ce serait un peu puéril.
Maurice Bouilloux-Lafont,
Kpstf au FénUtêrn.
Vteu-fflefdew dp la Chambre.
«0.-
BROUSSES
4k BROUTILLES
-,
Notions à reviser
L'on croyait jusqu'à présent que l'Afrique
tropicale était l'habitat de prédilection des
autruches.
A vrai dire, ces oiseaux ne jouissaient pas
d'une santé parfaite dans leur pays d'ori-
gine. Ils y étaient sujets à des maux diyers
allant du simple malaise (cet état que nos
grand'mères appelaient « vapeurs n) à la ma-
ladie mortelle.
Mais on se disait, par une tri's antique
superstition, que la nature savait bien ce
qu'elle faisait et que,, faisant naître les au-
truches au Soudan, à Madagascar et au Cap,
elle montrait sans doute par là, une fois de
plus, son infaillible sagesse.
Voilà que les Soviets bouleversent nos plus
sacrées croyances. Les bolcheviks ne respec-
tent rien, pas même la nature. Au Jardin
Zoologique de Moscou, ils vous ont logé un
lot d'autruches dans un local dépourvu de
tout chauffage. Lorsqu'elles en sortent, c'est
pour se promener sur la neige, allègres et
alertes comme garçonnes sportives à Saint-
Moritz. Et l'on a constaté qu'elles n'avaient
jamais été aussi bien portantes. Elles se
conservent admirablement au sein des gla-
ces, comme Joséphine Baker parmi les cou-
rants d'air polaires du music-hall. Peut-être
qu'un bouquet de plumes au croupion, cela
tient chaud à tout le corps. Mais je ciois
plutôt que beaucoup de nos idées sur les ani-
maux exotiques (je ne dis pas cela pour
Joséphine) sont à réviser.
-- Audion --
Glozel et le Maroc
--<'.0-
Le docteur Russo, pour mettre au point
ses récentes déclarations que certains sem-
blent avoir mal interprétées, a déclaré au
correspondant du cc Matin » il Rabat :
On prétend que j'ai dit : le Maroc a son
Glozel. Non, ,le Maroc n'a pas son Glozel. A
Glozel on a trouvé des poteries' et inscriptions
sur pierres et briques enfoncées dans le sol
et dont l'authenticité est violemment discutée.
Au Maroc on a trouvé sur des rochers, nu grand
soleil sahArien, des dessins de grands animaux
et des signes creusés au voisinage, dont nul n'a
jamais contesté la parfaite authenticité.
« Je ne suis ni glozelien ni antiglozelicn,
je remarque simplement que (Ic.c; signes com-
muns entre le Sahara et Glozel existent. Or si
Glozel est authentique, cela montre la parenté
qui existe entre la-rive nord et la. rive sud de
la Méditerranée. S'il est truqué, cela prouve
encore cette parenté.
ft En effet, d'après l'argumentation de M. Dus-
soud, les signes alozeliens sont empruntés en
partie aux caractères des galets d'Mvao, en
Portugal.
« n'nutre part, on sait que dans les inscrip-
Uons rupestres des Alpes maritimes e retrou-
vent encore certains signes apparentés à ceux
des rupestres' sahariens et à ceux de Glozel. On
voit donc bien qu'il ne s'agit nullement d'au-
thentifier ou de ne pas authentifier Glozel, mais
A l'occasion du bruat fait autour de Glozel, d'at-
tirer l'attention sur cette question autrement im-
portante dans ses conséquences qu'une simple
constatation locale. Les populations de la Médi-
terranée occidentale sont-elles, sur l'une et l'au-
tre rive, de la même culture originelle, ou fon-
cièrement étrangère ?
Le statut de Tanger
On prétend (on l'a déjà prétendu maintes
fois), que l'accord est fait entre la France
et l'Espagne sur le statut de Tanger.
il ne s agissait aucunement, ainsi que
nous l'avons signalé, d'un remaniement
capital du statut en vigueur, mais de sim-
ples retouches susceptibles de donner à
Espagne une participation plus large à la
police et it l'administration du territoire et
de la ville de Tanger. Dans un louable es-
prit de conciliation, les négociateurs fran-
çais ne se sont pas refusés h ces retouches
et, d'autre part, le gouvernement espagnol
tout d'abord fort exigeant et ne recher-
chant rien moins qu'une sorte d'espagnoli-
snlion de la one internationale du Maroc,
a réduit finalement, il est vrai, après de
longs mois de pourparlers, ses desiderata
à la portion raisonnable.
L'accord actuel ne constituant pas à pro.
prement parler un acte diplomatique, mais
un arrangement à l'amiable entre la Fran-
ce et l'Espagne, qui devra être également
étudié par la Grande-Bretagne et l'Italie, il
nte sera revêtu d'aucune signature, lu
moins pour le moment, et la conversation
commencée à deux se poursuivra doréna-
vant à quatre.
Faits divers
Je m'affile dans la lecture du
journal que. je tiens..
Il y a deux ou trois jours, '¡a"'
lItUN Atiemx iycée- taW .Hrt.,.,..
mon cher camarade RuedeV ?) un intime,
un élève de suol/dt, né en Cochinchinc, se
réfugiait dans une classe de dessin et se
tirait une balte de revolver dans la région
du cœur.
̃On l'a transporté à hôpital Cochin :
fignore, à cette ItCllft:, si son état, qui ins-
pirait de vives inquiétudes, s'est amfhort.
1.'enquête conduite par le commissaire de
police de la Sorbcnnc indique comme cause
première de cet acte désespéré. la nos/algie
le regret du pays natal, à l'ombre de la tour
Clovis battue par la pluie. Et PUIS. notre
lycéen avait fait ail quartier la connaissance
d'une jeune personne dont il avait perdu les
faveurs aussi facilement qu'il les avait ob-
tenues.
C'est la réplique de la chanson-scie d'an
trefois :
Je suis aimé d'une petite
C'est une Anna, c'est une Anna, une Annamite.
Mais cela ne devait pas finir par des
chansons. Xotre jeune homme aurait Pli dire
comme le Petit Chose :
Moi, je crois ti l'amour ('OllIllIP l'on croit en
(Dieu;
A os jeuiies geus J au jour d'hui tint des
croyances moins profondes et moins candides
dans la solidité des tendresses ainsi rencon-
trées. Le lycéen d'Henri IY, nous dit-ct,
en était encore là. Rupture, désespoir, ag-
gravation de la nostalgie, suicide
(ht pourrait philosopher à perte de vue.
Je me contente de répéter les paroles
d'Alexandre Yarenne dans ce discours du
2i octobre 19.17, dent j'ai déjà rendu
compte :
« Puissions nous voir bientôt. par i allé
riment des programmes scol aires, par la
création d'un enseignement indochinois oui
011 rira toutes les carrières, disparaître, parre
qu'il n'aura plus de raison ni même de pré-
texte, l'exode vers 1rs lycées de France de
tant de jeunes gens, des enfants de douze
ans arrachés à l'influence de leur famille,
b'untôt pipés à l'appât de fausses formules
d'émanci pation, égarés an hasard des ren-
COli/US. exposés à renier leurs traditionî dt
race pour n'adopter que les réactions alté-
rées on contrefaites d'une mentalité êtr-»t-
gère. »
Egarés titI hasard des rencontres, pipis à.
V appât de conquêtes rapides que le des ! qui-
libu des. budgets particulic/s. a~x.it c tram-
formées en défaites, ces, jeunes ficus. Vienne fit
trop tôt dans un monde trop vieux et qui à,
di puis longtemps, relégué a/u milieu des
refrains archaïques et invraisemblables, celui
au'ont chanté nos grands-pères. •
Dans un grenier qu'on est bien A vingt mis 1
Et je me rappelle tlllui un texte Itll;" que
nous expliquions dans le même lycée
fleuri /Y, une lettre de Fline à Tacite. Pline
le jeune ayant rencontré dans sa chère ville
de Côme un jeune homme, revêtu de la robe
bordée de pourpre que les enfants des fa-
milles distinguées portaient jusqu'à 14 ans :
« Où fais-tu tes études 1 » lui demandait il.
« A Alila" 9, répondait l'auire. Et, comme
le père était là, Pline déclarait à ce dernier :
a Eh quoi 1 Est-ce qu'il ne serait pas porr
vous, pères de famille, indispensable que
vos enfants fussent instruits ici et non air-
leurs ? Où donc troiroeraient-ils un séjour
plus agréable que dans leur patrie ? Où se-
raient-ils moralement mieux élevés que sous
les yeux de leurs parents, ct avec moins (le
dépenses qu'à la maison 7. Qu'ils soient
élevés ici, ceux qui sont nés ici et que, dès
leur enfance, ils apprennent à s'attacher au
sol natal. »
Peut-être notre lycéen a-t-il entendu quel-
que jour un de ses maîtres commenter ce
passage. Son exemple est de ceux qui dé-
montrent la vérité de ce que disait Alexan-
dre Yarenne.
Qu'on y prenne garde : ne rions pas de
faits divers de ce genre ; la question est
grave : ré fléchissons, ;v
Mario Roustan,
Sénateur de l'Ilêrault, ancien ministre
Vice-Président de ta CommUtion
sénatoriale des Colonies.
Naiuance de l'imprimerie
en Extrême-Orient
0-0-
L'impression xylographique a-t-elle com-
mencé en Allemagne ou en France vers 1400?
C'est la discussion du moment. Ce qui est
certain, c'est au'elle existait depuis sept siècles
en Chine, à l'époque. L'imprimerie fut un
substitut bon marché du manuscrit. Il fallait
donc inventer le papier.
Les Chinois ont inventé le papier en 105
de notre ère, alors que sa fabrication n'a passé
de Chine à Samarkand qu'au milieu du Vllt
siècle, puis de l'Orient méditerranéen au Ma.
roc, chez les Maures d'Espagne, enfin dans le
Midi de la France, en 1189.
La véritable impression xylographique en
est née spontanément, insensiblement, pour sa-
tisfaire les besoins religieux du peuple.
C'est ce que démontrent les plus anciens
textes relatifs à l'impression xylographique et
les plus anciens imprimés conservés tel que le
» million de formules bouddhiques » imprimé
au Japon en -- 764-770. ----
L*AviaHmi CeUmiik
Ll81101me-CJoa
L'«viateur portugais Carlos Bleck, qui
tente le raid Liabonne-Goa (Indes portugai*
ses), est arrivé le 19 février à midi à Hélio-
polis, venant de Trtpoli. ,
Bagdad sera sa prochaine eaeale,
Voyage aux Antilles
-0
La Pointe-à-PItre
! 00
_6 a -
t:. Cette fots-a, je ne crie pas : 8 Terrel 9
mats : « Soltill a dans un cctfttHchccmenl
d'hymne. Sons nue éblouissante averse de
lumière tropicale, je découvre la Guade-
loupe, la Grande-Terre et la Hasse-Terre,
avet leurs extravagances déchiquetées de ter
rcs volcaniques ci de grands bois lointains
dont je devine jusqu'au bord de la mer le
cerne immense.
La Pointe-à-Pitre, première escale qui 1
sème quelques passagers, puis, le paquebot,
après un arrêt à la Basse- Terre, reprendra
sa route pour la Martinique, Panama, vers
ce large oit la planète semble sans fin.
Un peu de mélancolie m'étreiut en serrant
les mains qui se tendent une dernière fois ;
les visages connus pendant quelques jours
vont s'effacer.
(hl de mes compagnons de route me tend
une frêle orchidée :
« Yous pouvez accepter, nous ne nous te
verrons peut-être jamais. »
Je PitJllf à mon sivcatcr la fleur à peine
rosée. « Jamais l, rendez-vous où nul ne
sera (xad.
le me tourne vers l'île revêtue d'or.
Vnc végétation luxuriante enserre la Poin-
te-à-Pitre, continuée jusque dans la mer par
des tlcts fleuris qui ceinturent une rade ad-
mirable. la vie des hommes apparaît en
face de mot : quais, entrepôts encombrés,
III' clocher, des formes de cités européennes.
Seulement, sur les habitations antillaises p:"
élevées, l'absence lot aie de cheminées an
nonce l'éternel printemps.
« Ftr grand ville, avec le banc h et les
miousées D. précise ma compagne anglaise
qui n'a abandonné ses couvertures que pour
s'armer d'un guide de poche. Elle continue :
« -*7.679 habitants, tribiounal. lycées des
gaiçonnes et des jointes filles. Nlln belles
et gracious'i tirées au cordeau. » Et, tan-
dis qu'elle se perd dans un dictionnaire à
la recherche du mot cordeau, je distingue
des élancements de palmiers : les tins se
dressent droits comme des mâts, d' autres se
courbent, danseurs contorsionnés pour une
ronde fantastique on te vint doit prendre
dec rythmes de tamtam. Vu, enfin, solitaire,
ondule des racines au faite, tomme ut»
serpent monstrueux posé sur sa queue. Sym
bole peut-être d'une antique divinité caraïbe,
u)l,fpeu de l'âme sauvage de l'ifc civilisée.
; lt. punt du paquebot ressemble à la bou-
t/'que d'un oiseleur. Impossible de s'enten-
dre. Tout le monde s'interpelle dam sa lan
gue maternelle, et des négresses, de leurs pe-
tits ),,;tftl/(A' plats qui flottent autour du
géant, offrent des fruits aux passagers :
Ca qui vlé cocos à l'eau, banane.-., /'ananas?
..Mi ces dames-là moin tini belles /'oranges!
•. Les traits, grands plateaux à bords, w
tendent, chargés de fruits dont les teintes
s enflamment sous le zénith.
Tout en dégustant une délicieuse mangue,
je rattrape un grand nègre qui em porte mes
h <2 gage s ; d'un bras robuste, il m'enlève au
bas de l'éclldlc de fer et je me retrouve dans
un canot, calée entre mes valises, tout près
de cette eau bleue, tilde:, que j'effleure du
bout des doigts, mouvement nostalgique
peut-être ?. fe cherche, à 1.800 lictlcs, un
remous connu de flots bretons.
Et je débarque, en plein quartier des
allairfs, Ici palpitent les cours dit SI/CU,
du café, du cacao, surtout le cours précieux
de Sa Majesté « le Rhum », grande vedette
d, la richesse économique des Antilles.
Soudain, je me rappelle la fièvre, les vo-
ciférations de la Roursc de Paris !. Ainsi,
e sont des actions, des parts de fondateurs
1 il b..
d'usines et de banques que représentent ces
barriques de sucre, ces tonneaux de rhum
qui attendent, à quais le passage d'un cargo.
T. es porltllrs noirs aux torses nus et puis-
sallts, insoucieux des 'l,icissitlltfOi du lende-
main, rient, avec des dents et des veux qui
gardent le reflet des fastes du soleil.
Toute cette vie entrevue de l'île au tra-
vail contraste singulièrement avec l'image
chétive que beaucoup de Français se font
de leurs possessions alltillaises, qu'ils rétflli-
sent à Vimportance d'une île de la Jatte
échouée sous le Tropique.
Il est midi. Malgré la chaleur accablante
qui tombe d'un ciel couleur de Fête-Dieu,
je sens que je vais faire honneur à l'invita-
tion de mes amis ; ils m'ont promis un repas
cléole. Je pars à la découverte du vrai ca-
lalou, d'uh court-bouillon de poisson aiithepi-
tique avec du piment, et de la farine de
manioc. J'ai faim, de tortue en fricassée et
de. salade de choux-palmistes.
Marie-Louise Sicard
1
.;.: L'alcool et le pétrole
de nos colonies
Le Conseil d'administration de l'Office Na-
tiopal des combustibles liquides, réuni sous
la 'présidence de M. Loucheur, a poursuivi
son étude sur la production d'alcool colonial
provenant de la distillation de l' « agave »
et d'autres plantes alcooligènes. 11 a adopté
les conclusions du rapport du Comité scien-
tifique du pétrole sur les missions effectuées
.i ce sujet par M. Fouque, au Sénégal.
De Belrlque au Conro à pied
--0-0.-.
Deux juenes gens du pays de Ciiarlerol, M. Ni-
colas Georges de Hansnrt et M. Orner lietrootte
de tadeliasnrt, viennent de quitter Ctmfteroi il
destination du Congo. Il fmraft qtfon leur a
promis 25.000 francs pour mire 'VMIL'- « pe-
dibus cum Jambis Il, Us. vont par la FYance,
l'Italie. In Yoligo-glavle, la Rulfrarfe. la Turquie,
l'Egypte la vsllée du Nil à Stanleyvllle.
NOIR SUR BLANC
-0
DES NAUFRAGEURS
---0-<>-
Des tinettes, les sabots des « Fluviales »,
mais c'est leur faire beaucoup d'honneur. On
vide et on nettoie généralement tous les récep-
tacles à ordures, tandis que les bateaux de
nos flibustiers gardent et garderont éternelle-
ment leur infection.
Ces lignes étaient écrites naguère par un des
malheureux usagers obligatoires des Fluviales
au vieux polémiste Vigné d'Octon dont. l'âge
n'a pas abattu les ardeurs. Il reprend d'une
plume vigoureuse quelques-uns des arguments
contre la Compagnie des Messageries Flu-
viales de l' Indochine.
Il y aurait un volume à publier. Nous en
donnerons les chapitres les plus édifiants au
jour le jour.
Pour l'heure, contentons-nous de constater
qu'aucune dépêche d Indochine ne nous an-
nonce les premiers résultats de l'information
judiciaire qui a dû être ouverte contre les cri-
minels. Un silence de mort enveloppe la.
catastrophe du Trentinian. Une information pu-
bliée dans notre confrère l'Indochine d'hier 20
février annonce seulement qu'au lieu de garder
r argent pour indemniser les familles des vic-
times. on va se le partager joyeusement.
Les « Messageries Fluviales de Cochin-
chine » ont dépassé le cours de 3.000 Ir.
la distribution des actions gratuites et
des parts étant maintenant prochaine.
Plus on tue de monde, plus le titre monte,
plus les bénéfices sont grands.
Seuls dans la nuit. privée de justice, les hut-
lulements des chacals de la Bourse annoncent
le gai festin des bêtes de proie, sur les rares
cadavres retrouvés devant le deuil des victimes.
Cela ne peut durer.
Répétons au colonel Bernard naufrageur la
phrase vengeresse de son illustre frère Bernard
Lazare :
La V bilé est en marche.
U Angély
DEPECHES BE L inBOtnillE
Sir Cliiford à Saigon
Sir Clif(ord al M. "ralf"rfotl" ministre bri-
tannique au sont arrives ù Saigon
vendredi duns la soin'r. Samedi matin,
MM. Cliffnrd- rl WaUrrlow, accompagnas
du Consul d'Angleterre. A Saïgon et des
principales personnalités de ln colonie an-
glaise, ont rendu visite (lU gouverneur de
Cochinchinc Blanchard de la Urosse, puis
fis ont <'tf! reçus <) Vlîôlcl de Ville par f''
maire anlourâ du Conseil municipal. Ils ont
ensuite rendu visite à l'amiral Sfotz à bord
du .Îulfs-Mirlif'lot.
(IndonarifU
TAUX DE LA PIASTRE
î.o fîouvrrTH'Ui' yt'-u.'-rnl île l'indo 'liine vient
d»1 fniro connaître nu ministre des Oilonios qu'à
lu date du 10 février lOi'S. le tnux officiel de la
piastre était do 13 fr. K-t.
Les Annales Coloniales publieront de-
main la suite des débats à la Chambre sur
le Projet de loi concernant le renouvelle-
ment du privilège de la Banque de l'Afri-
que Occidentale.
I.IRK EN SECONDE PAGE : PlllLA-
THKIAE.
1
Le port de Saïgon
Parmi les grands ports indoi-huiois, le puit
de Saïgon-Cholon est le plus actif.
Situé en bordure de la rivière de Saigon,
affluent du Donnai, il se trouve au point
précis où la navigation maritime s'arrête et
où commence la navigation intérieure.
Les grands paquebots des Messageries. Por.
thos, d'Artagnan, Paul-Lecat, André-Lebolt
(ce dernier ayant un tonnage de déplacement
de 19.260 tonnes) fréquentent ses eaux régu-
lièrement et sans difficulté.
, Le port de commerce de Saigon comprend
deux parties : le port maritime et Je port
fluvial. Le premier s'étend en aval du port
de guerre, à partir de la place Rigault-de-
Genouilly. Le port de Cholon a été ratta-
ché au port de Saigon, ainsi que les canaux
reliant les deux ports.
Investi de la personnalité civile depuis
qu'il a été constitué en établissement pu-
blic, le port est géré par un Conseil d'ad-
ministration, dans des conditions semblables
à celles fixées pour les ports maritimes de
la - métropole.
Les ouvrages d accostage des navires se
sont développés en rivière de Saigon à par-
tir du port de guerre, sur une longueur de
CI kilomètres.
La largeur moyenne de la rivière est, dans
cette zone, de 300 mètres environ ; la surface
d'eau du port maritime mesurée au niveau
des hautes mers est de 180 hectares environ.
Les installations du port comprennent un
quai en maçonnerie de plus de 1.000 mètrcs,
desservi par une voie ferrée, une quaran-
taine de postes d'amarrage, et en outre six
postes particuliers, dont trois aux apponte-
ments de la Compagnie des Messageries Ma-
litimes, Actuellement, quarante-cinq grands
navires peuvent mouiller ensemble dans le
port et y effectuer leurs opérations en toute
sécurité.
L'outillage flottant se compose d'un re-
morqueur de 500 CV, de deux remorqueurs
de 300 CV, de quatre de Inn C\', de cha-
loupes. d'un ponton-bigue de 50 tonnes et
d'un divers arsenal pour les besoins mari-
times.
Il se fait au port de Saigon-Chulull un
mouvement total de 8 millions de tonnes
par an. Le port de Saïgon-Cholon se classe
donc parmi les plus importants des grands
ports français.
La flibuste coloniale
on
Le Petit Bleu public l'information suivante :
Charbonnages de Nirih-Binh
Une fleur du hors-cote dont les promoteurs
ne semblent guère gênés par les contradictions.
Ne font-ils pas annoncer, en effet, que d'im-
portants contrats, notamment avec les Chemins
de fer d' Indochine, ont été conclus pour la
vente des charbons de la Société dont la pro-
duction « pourra » atteindre 30.000 tonnes en
1928. On peut, en effet, se demander com-
ment une production aussi faible et encore
n'est-ce qu'une prévision ! qui ne suffira
même pas à couvrir les frais généraux, peut
donner lieu à d'importants contrats de vente,
mais sans doute les promoteurs sont-ils plus
préoccupés de vendre leurs actions à 220 francs
et leurs parts à 1.650, que de se mettre d'ac-
cord avec la logique.
Complétons l'information du Petit Bleu en
indiquant d'après 1 Annuaire des Entreprise*
coloniales édité 17, rue d'Anjou, édition 1927,
que le président de la Société des Charbon-
nages de Ninh-Binh est M. Yves Le Troc-
quer, ancien ministre, et l'administrateur délé-
gué M. G. de Fommervault.
Le renouvellement du Privilège
de la Banque de l'Afrique Occidentale
1 devant la Chambre
.1.
La séance est ouverte à. 9 h. 1/2 sous la
piésidence de M. Henri l'até, vice-prési-
dent.
Au banc des ministres, M. Léon Perrier,
ministre des Colonies, entouré des divers
directeurs du ministère des Colonies, en
qualité de commissaires du Gouvernement.
Peu de députés en séance et pourtant le
débat est de grande importance puisque
l'ordre du jour appelle le renouvellement
pour 20 ans, du privilège de la Manque de
l'Afrique Occidontale.
Cet Etablissement d'émission qui a pris
la suite de l'ancienne Banque du Sénégal,
a été organisé par décret du 29 juin 1901 et
est venu à échéance en 19^1 au 31 décem-
bre.
Question préalable
M, ANDHE 13EHTHON, conformément à
l'article 49 du règlement, pose la question
préalable au nom de la traction commu-
niste.
Le privilège légal est expiré depuis 1921,
mais il a été prorogé quatre fois par dé-
crets : la législature précédente s'est pour-
suivie sans qu'on ail songé on osé en de-
mander le renouvellement. C'est i1» quel-
ques semaines de la consultation électorale
qu'on demande aujourd'hui ¡) la Chambre
de prendre cette responsabilité, et le député
communiste de la Seine s'élève avec véhé-
mence contre le droit d'émission conféré iS
un établissement privé, en engageant h*
pays dans des conditions trop longues.
Comme eelui de la Manque d<' l'A. (>.,
le privilège d.- la Manque de l'Iiidn-Cbine
est expiré depuis sept ans, et le Mloc des
gauches a agi exactement connue le Bloc,
national : il a renouvelé ces privilèges par
décrets. l,e résultat, : M millions «'e néné*
flccs en une année pour la s' nie Manque
de l'A. O. pour un capital d'un million
et demi. Voilà ce que» certains (lnt gagné et
ce que la nation a prdu:
Maintenant, il est trop lM, I.U dop lard
pour discuter un semblable projet de lni.
ans quelques semaines, on va tendre des
comptes et probablemeu* des comptes sévè-
res. Il appartiendra il la majorité nouvelle
de prendre ses responsabilités, eu bien elle
renforcera le système capitaliste ou bien
elle prononcera la nationalisation des ban-
ques, possibilité qu'il convient (le lui réser.
ver.
M. de TIN GUY du POUET combat la
question préalable. M. André Berthon a dit
que la Banque de l'A. 0. réalise des
bénéfices scandaleux : précisément le pro-
jet aura pour but de mettre lin à cette si-
tuation.
A la majorité de 283 voix contre 12"), sur
408 volants, la motion de M. André Mer-
thon, posant la question préalable, n'est
pas adoptée.
Motion d'ajournement
Al. ANDRE BEBTllON développe ensuite
une motion d'ajournement. Il convient
dit-il, de surseoir a tout débat jusqu'au
jour où la Chambre aura voté les lois qui
donnent aux indigènes les droits constitu-
tionnels et. des libertés qui leur manquent.
Nos colonies vivent sous un régime napo-
léonien qui permet d'étouffer des scandales :
pas de liberté de presse, pas de liberté syn-
dicale, pas de liberté individuelle.
Tous ces droits ont été demandés par la
gauche de la Chambre : quand les a-t-elle
exigés, alors qu'elle avait le pouvoir ? M.
Slceg a notamment écrit une condamnation
délinitive île l'indigénal, qui subsiste cepen-
dant.
M. M< »I*IN A1 I ». L'indigénal n'existe
plus en Algérie depuis la tin de 1D27.
M. A\1»ME MKHTllON aflirnie ensuite
qu'il a dé seulement atténué.
Il v a donc quelque chose do plus urgent
que les projets propres ei augmenter les
bénéfices des banques : les réformes rela-
tives aux (troits civils et politiques des in-
digènes.
D'antre paît, il est scandaleux, répète
î'? oralour, (pie la Chambre repousse un¡
occasion splendide de récupérer des mil-
lions. puisque le privilège est maintenant
expiré.
M. LEON PERHIEH, ministre des Colo-
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