Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 avril 1926 08 avril 1926
Description : 1926/04/08 (A27,N54). 1926/04/08 (A27,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397101b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
- VINGT-SEPT!»» ANNBBL -- - '- -. - - -- : rJÏ AUMBRO : 80 GBNTtMBS JEUDI SOIR, 8 AVRIL 1986
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Les Annales d' Colonialesy
JOURNAL QUOTIDIEN ,'
LU AltTKtJU fUILIâ PAB "LES ANNALSS COLONIALES* SONT LA HtonitTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
tm ifamnmilfflffaiminlfiinifniitPirtufr fr-i–r'rf J~rf~ *\
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France et Colonies. 80 » 45 1 25 a
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Pourquoi colonisons-nous 1
- cotonisons-nous ?
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
técemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne, Gouverneur Général de
l'Indochine. -
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi lqs solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par lancten am-
bassadeur de France, à Tokio, Jules Har-
mand, à. savoir que l'Indochine se passerait
M iour de la tutelle française, mais n'cil
«erait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'atlection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à - ce but? "',
Quelques polémistes, parmi lesquels ivi.
Claude Farrere, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX. siècle on
suisse abandonner contre espèces sonnantei
Ses Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civilise.,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu un
iour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par
cet l es du monde où flottent les irégates de
France comme des membres d'un mémo
corps ayant les mêmes aspirations, le même
, icNàIl
Telles tout les questions que nous aVoni;
• potées à un certain nombre de personnalités.
Les premières réponses ont paru dans notre
-nuteéro du i* avril. £ n voici d'autres
- M. Raymond Poincnré
M. Raymond Poincaré est à son habitude
tut. précis, catégorique. Quoi qu'il ne se
soit jamais spécialisé dans les questions co-
loniales, ses multiples passages ait pouvoir,
sa présence à VElysée pendant sept ans, l'ont
ittitié aux grands problèmes qui sollicitent
fa. France au delà dès mers, son opinion est
à retenir.
Monsieur le Directeur,
Je suis personnel lement tout à fait opposé
à la cession de l'une quelconque de nos co-
lonies. Une nation comme la nôtre, qui a
autrefois proclamé les droits de l'homme,
ne vend pas des hommes.
Elle ne peut ni abandonner des Français
qui sont allés porter sa civilisation au de-
hors, ni trahir des populations auxquelles
elle a promis son appui et dont elle doit
chercher à faire, de plus en plus, des asso-
ciés et des collaborateurs.
Recevez l'assurance de mes sentiments
distingués.
R. Poincaré.
M. Aimé Berthod
Député du Jura, ancien sous-secrétaire d'Etat
Nos lecteurs connaissent Aimé Berthod,
èien que sa collaboration aux Annales Co-
loniales y soit trop rare. Agrégé de VUniver-
sité, ayant rempli plusieurs missions impor-
tantes au ministère des Affaires étrangères,
Aimé Berthod est entré au Parlement au
̃ l' mai dernier. Il y avait déjà siégé de 1911
à 1914. Après avoir marqué sa place à la
Commission des Affaires étrangères et à la
tribune dans plusieurs débats importants, no-
tre ami a été appelé par M. Paul Painlevé
dams Il précédant Cabinet au sous-secrétariat
£ Etmt à la présidence du Conseil. Nul doute
8fil revienne bientôt dans le* Conseils du
ouvemement.
Mon cher Directeur,
Que reproche-t-on au discours de Varenne?
Une lointaine « anticipation. ou l'affinna-
tion d'une méthode pour le présent? Ou l'an-
ticipation n'a-t-elle paru à certains détesta-
ble que parce qu'elle n'était qu'une poétique
illustration de la méthode? A mon avis la
méthode est bonne. Nous ne pouvons, sans
manquer à nos principes, adopter à l'égard
des indigènes une autre attitude que celle
d'éducateurs, soucieux « de les aider, comme
dit Varenne, à accéder aux sommets de la ci-
vilisation et par là de - leur -- faire - aimer -- la
France ». Au surplus, l'espoir serait vain de
maintenir indéfiniment notre domination sur
ces lointaines régions par la seule force de
nos armes, entre elles et nous il nous faut
créer des liens plus solides et plus durables,
à la fois économiques et moraux, susceptibles
de remplacer un jour les rapports de subor-
dination créés par la conquête.
Je suis avisé de bonne source que ces idées
sont appréciées des indigènes mais qu'elles
plaisent moins à certains administrateurs,
qui trouvent plus simple de commander que
de collaborer et par certains colons qui re-
doutent de voir réfrénés leurs appétits. C'est
une raison de plus pour que nous les défen-
dions.
Vous m'interrogez également sur la vente
possible de telle ou telle colonie. La question
ne me parait pas simple. Il est très exact que
nous n'avons pas le droit de traiter comme
vils troupeaux des populations qui comptent
sur notre protection et nous ont donné leur
cœur. Mais dans notre vaste empire il n'est
pas que de ces populations là, et l'on trou-
verait, je crois, des territoires qui pourraient,
sans que les indigènes s'en plaignent, nous
fournir les éléments de profitables négocia-
tions. Dans la situation actuelle de nos finan-
ces cette idée n'est pas à écarter sans examen.
Veuillez croire, mon cher Directeur, à mes
meilleurs sentiments.
Aimé Berthod)
M. B. Diagne
Député du Sénégal
AI. Biaise Diagne, député depuis 1914, et
constamment réélu depuis a su conquérir
une place de choix au firmament parlemen-
taire. Pendant la guerre, il fut commissaire
aux troupes noires et en 1924 la commission
des colonies de la Chambre en a fait son
président. Très intelligent, très souple, il di-
rige les débats de la commission avec auto-
rité et son mis est toujours écouté avec fa-
veur aussi bien là que dans les débats im-
blics.
Mon cher directeur,
Vous voulez bien 11e demande! mon sen-
timent personnel sur l'avenir de la coloni-
sation française au regard des deux conclu-
sions qui tendent, l'une à l'indépendance un
jour des colonies, l'autre à la vente de tout
ou partie de nos possessions d'outre-mer.
Aucune de ces conclusions ne me parait
relever d'une idée juste, dans l'intérêt même
des colonies.
La politujue coloniale française loin de
vouloir tendre à dissocier un jour les intérêts
respectifs de la France d'avec ceux des co-
lonies, a toujours cherché au contraire à les
unir sans cesse, et pour un profit commun.
C'est cette communauté d'intérêts, dans
le plein développement moral, intellectuel
et socia l des colonies (lui est la conclusion
nécessaire de l'œuvre de colonisation.
Traduire cet idéal autrement, c'est mécon-
naître tout le passé colonial de la France qui
n'il rien de commun, dans ce domaine, avec
celui des autres nations colonisatrices.
Sans doute, l'avenir verra-t-il surair
outre-mer les grands dominions français. Ils
auront cette différence essentielle avec les
dominions anglais, que, loin d'y rencontrer
des intérêts et une orientation politique
parfois en contradiction avec ceux de la
Métropole, nous y verrons, nous, l'unique
souci de marquer l'unité profonde de la plus
grande France.
̃ l.es causes d'un tel état ue choses pren-
nent et prendront leur source dans ce fait
que la colonisation française ne repose sur
aucun égjoïsme. Elle a toujours été com-
mandée par un double sentiment du cœur
et de la raison.
Aucun autre peuple colonisateur n'en peut
dire autant.
Bien cordialement vôtre.
DIagne,
Député du Sénégal,
Président de la Commission des Colonies.
Le docteur Marchoux
Membre de l'Académie de Médecine
C'est plutôt le professeur Marchoux que
nous devrions écrire, car c'est en qualité
de professeur à VInstitut Pasteur que l'émi-
nent spécialiste des. maladies paludéennes
rend chaque jour à là science et à l'huma-
nité, des services de Plus en plus grands.
M. Marchoux, membre de l'Académie de
médecine, a fait de longs et fructueux sé-
jours aux Colonies, et il s'est adonné tout
Particulièrement à la lutte contre la fièvre
jaune qui causa de si grands dommages au
Sénégal, en 1900. M. Marchoux ne pouvait
que s'intéresser à cette question de la colo-
nisation française, à laquelle il a pris une
si grande flart. Tout en n'étant pas tout à
fait de son avis"en ce qui concerne la con-
naissance, qui nous parait nécessaire, des
langues indigènes, nous avons trouvé dans
sa réponse à notre enquête, une compréhen-
sion parfaite du rôle colonisateur de la
France.
Cher Monsieur,
Vous me posez là des questions qui deman-
deraient pour y répondre, plus de dévelop-
pement que je n'en puis donner à cette
lettre.
Certes, je considère comme une éventua-
lité fatale qu'un jour nos colonies se sépa-
rent de la Métrooole ouand elles auront suf-
fisamment évolué et qu'elles seront à même
de se gouverner sagement sans tutelle, mais
non point dans un avenir prochain, comme
seraient enclins à le désirer certains ambi-
tieux indigènes qui mettent la satisfaètion de
leurs appétits au-dessus de l'intérêt de leur
pays.
Je crois que notre devoir est de préparer
par de bonnes mesures cette transformation
lointaine. C'est là une politique qu'a prati-
quée avec avantage l'Angleterre et d'où sont
nés ses dominions. La préparation de cet
avenir consiste en même temps qu'on déve-
loppe la civilisation, la prospérité écono-
mique, sanitaire et sociale, à créer, avec nos
colonies, des liens indissolubles. Ceux-ci,
quoi qu'on en puisse penser, on ne les trou-
vera pas dans l'ordre sentimental ou intel-
lectuel mais seulement dans la communauté
de langage. Aussi, je ne saurais trop regret-
ter le maintien des méthodes actuelles, certes
très généreuses, mais un peu naïves, qui im-
posent aux administrateurs l'usage des lan-
gues indigènes, alors que nous devrions nous
efforcer de les faire disparaître et de les rem-
placer par le français. Entre la péninsule
Ibérique et l'Amérique latine, entre l'An-
gleterre, les Etats-Unis et les Dominions,
que resta-t-il ? La communauté de langue, la
facilité des relations intellectuelles, sociales
et économiques.
Quant à la vente de nos colonies, nous ne
sonunes pas des marchands d'hommes.
Ceux qui ont parlé de la possibilité d'un
tel marché ne connaissent pas assez nos co-
lonies. Ils ne savent pas qu'elles consti-
tuent un des éléments les plus considérables
de la fortune publique de la France, et que
tout en profitant pour elles du développe-
ment qui s'y manifeste de plus en plus, elles
nous permettront la liquidation de nos dettes,
dettes d'ailleurs moins fortes que nos ex-
alliés tendraient à le faire croire et que
M. Piétri a ramenées à leur juste valeur. Ce
n'est pas en se ruinant qu'on s'enrichit ni
qu'on enrichit ses créanciers.
Votre dévoué, llarchoux.
M. Fernand Laudet
Membre de l'Institut
M. Fernand Laudet, membre de l'Institut,
a appartenu à la diplomatie avant de diriger
des publications littéraires qu'il a portées- à
un haut degré de prospérité. Il réfrouve 'éga-
iement la politique de vente des colonies qu':,
préconisée M. Claude Farrère, et qui semble
plaire à MM. Louis Bertrand et Marcel Bou-
langer, il réprouve leur émancipation pré-
maturée dont l'hypothèse avait été émise par
MM. Albert Sarraut, Beau et Htzrmantl.
Monsieur le Directeur et cher confrère,
A l'occasion du récent discours de M.
Alexandre Varenne, gouverneur général de
t* Indo-Chine, qui a cru plaire à ses nouveaux
administrés et peut-être davantage à ses
amis politiques, en disant dans notre colonie
que l'Incto-Chine se passerait un jour de la
tutelle française, vous ouvrez une enquête &
laquelle vous voulez bien me convier « sur
le but final de la colonisation ib.
Grave question. Peuvent seuls y répondre
avec autorité ceux qui, depuis longtemps, ont
suivi de près et de loin, et surtout de près,
la vie coloniale.
Veuillez donc comprendre que je m'excuse
de ne pouvoir donner à votre enquête la con-
tribution qu'elle mérite. Tout au plus puis
je me faire l'interprète de certaines impres-
sions communes à bien des Français.
Beaucoup d'entre nous ont, dans leur fa-
mille, des points de-contact avec les colo-
nies.
Pour ma part, arrière petit-fils d un Gas-
con entreprenant qui partit à la fin du
XVIIe siècle pour les Antilles et qui y fit
une laborieuse et courageuse carrière, j'ai
été élevé dans t'estime de nos colonies et dans
la fierté de notre seconde France. Puis,
quand j'ai fait mes études j'ai rencontré des
maîtres qui ont accentué ces inclinations ; en-
suite, étant entré au quai d'Orsay. ce n'est
pas là, vous le pensez, que- j'ai pu apprendre
l'avantage de l'abandon de nos possessions.
En résumé, on m'a enseigné dans ma fa-
mille, au collège et dans ma carrière, et ) ai
vérifié ensuite par mes propres études, que
les colonies servaient à quelque chose, qu'il
était utile d'en avoir, et qu'elles valaient ce
qu'elles avaient qoûté, à condition d'être
bien administrées et de ne pas tomber entre
les mains de politiciens intéressés ou uto-
pistes.
Et c'est parce qu'elles avaient beaucoup
coûté qu'il n'était pas question jadis que la
France puisse s'enrichir en vendant, c'est-à-
dire en abandonnant des nationaux établis
sur ses conquêtes ou des indigènes qu'elle
avait civilisés et qui en retour l'avaient sou-
vent héroïquement aidée. On croyait aussi,
l'intérêt se joignant à l'honneur, qu'un grand
pays comme le nôtre avait besoin de débou-
chés et de clients éprouvés. On attachait un
prix considérable à cette France coloniale
qui mesurait plus de 12 millions de kilomè-
tres carrés et contenait une population de 60
millions d'habitants. Excusez-moi de rap-
peler ces banalités que j'évoque pour plai-
der la garde et la défense de nos colonies.
Mais nous sommes à une époque brumeuse
où il importe de soutenir avec la simplicité
la plus limpide la patrie, la famille et, d'une
manière générale, l'ordre moral.
Dans les siècles des siècles, il viendra
peut-être un jour, lorsque la civilisation aura
été généralisée, et que peut-être les Etats-
Unis du monde seront établis, où, pour au-
cun neuole. les colonies n'auront plus leur
raison d'être, mais nous n'en sommes pas
encore à ce temps rêvé. Pour l'instant, les
colonies que nous perdrions seraient gagnées
par d'autres, et il ne nous resterait plus que
le discours de M. Alexandre Varenne qui est
une pauvre chose.
Fernand Laudet.
Exposition coloniale de Metz
Le maréchal Foch vient d'accepter
d'inaugurer le 25 avril l'Exposition colo-
niale organisée dans la coquette capitale
de la Moselle par la Société des médaillés
mililairts, sous le haut patronage du Gou-
vernement et du ministre des Colonies.
Le même jour, la municipalité de Metz,
et son maire M. Vautrin, - ont décidé df"
conférer solennellement le titre de citoyen
d'honneur de la cité du général Faber à
r illustre ancien généralissime des armées
alliées.
A L'AGENCE ECONOMIQUE
DE L'A. E. P.
--10-
M. Buliot-l.ftunav (Emile), administrateur en
chef deiq eeaqq, est détaché à l'Agence écono-
mique de *®. F.
Développement économique
du Cameroun ';:
--0-0--
A
Les Annales Coloniales fiigna-
laient récemment les résultats obte-
nus au Sénégal où la production et
les exportations a arachides auus-ent, four
Vannée 1925, une augmtlltatio" de tonnage
de Près de 40 sur les chiffres de Vannée
précédente, laquelle était elle-même en
avance sensible sur la mo rallie des années
antérieures. • *
Un résultat analogue, plus appréciaolc
même, a été obtenu cette même unnée au Ca-
meroun, où le tonnage tolal, exporté par la
colonie est, dans son ensemble. de 45 su-
périeur à celui qui avait été enregistre en
1924.
Tous les principaux produits, bois d'ebé-
nisicrie et bois communs, huile et amandes
de palme, cacao, sont fil augmentation très
sensible. C'est ainsi que les bois se chiffrent
au total par 37.912 tonnes. dont 17.806 ton- J
mes de bois d'ébênisteric, 10.772 tonnes de
bois communs en grumes, 9.684 tonnes de
traverses de chemin de fer et 90 tonnes de
merratns, contre 7.342 tonnes de bois dëhé-
nisteric et 14.249 tonnes de bois divers au-
tres, bruts ou débités en 192.1. Les sorties de
traverses de chemin de fer et de nterrains
de palétuviers sont partieu/icrcment intéres-
santes.
Les amandes de palme se chiffrent, cf all-
tre part par 36.422 tonnes, contre 28.779
tonnes en 1924; les huiles de palme par
6.274 tonnes contre 4.275; le cacao par
4.917 tonnes contre 4.494.
Ces résultats font honneur au Gouverneur
Marchand et à Vadministration française du
Cameroun. On ne peut qu en souhaiter la con-
finuilr.
Le Commissaire de la République pour-
suit inlassablement fœuvrc entre prise au Ca-
meroun par son prédécesseur, M. le Gouver-
neur Général Carde. Favorisé par la pré-
sence d'une main-doeuvre relativement abon-
demlc, le pays a pris, depuis la guerre. un
essor économique remarquable et le Plus bel
avenir lui parait réservé.
La forêt couvre une grande partie du ter-
rttoire. Elle est sensiblement moins riclu eu
essences précieuses que celle du Gabon ou de
la Côte d'Ivoire. Par contre, Vexploitation
des bois communs prend, dans toute la zone
côlière. une extension intéressante. Plusieurs
scieries fonctionnent déjà à plein rendement,
tant pour les besoins locaux que pour Vexpor-
tation.
Les conditions d'embarquement sont éga-
lement meilleures au Cameroun qu'à la Côte
tl'/voire ou au Gabon et jCl'l-'orisent davan-
tage que dans ces dernières colonies, Vins-
talla/joll ou le développement d'industries
du bois.
M. Marchand a soumis récemment au dé-
partement un projet de réglementation fores-
tière présentant de nombreux avantages sur
Vorganisation existant actuellement. Exploi-
tants et Administration locale trouveront leur
compte a l'application d'un texte souple et
bien adapté aux conditions spéciales du Pavs.
On sait d'autre part que les plus belles
plantations de cacaoyers entreprises sous
l'administratjoll allemande se trouvaient dans
la zone placée sous mandat anglais et rat-
tachée à la Nigéria. De gros ef forts sont
tentés depuis 1919 pour développer cette cul-
ture dans la zone qui nous a été dévolue t/
il y a tout lieu d'espérer qu'ils seront COIt-
ronnés de succès.
Pierre Valude.
Député du eh".
moeco
LE ROI
--()-o---
Le duc de Guise a fait décidément acte
de prétendant par la lettre suivante, adressée
« A tous les amis de Mgr le duc d'Orléans » :
Chef de la Maison de France par la mort
de Mgr le duc d'Orléans. j'en revendique tous
les droits, j'en assume toutes les responsabilités,
j'en accepte tous les devoirs.
Je remercie tous ceux dont l'affection et le
dévouement ont adouci les quarante années
d'exil de celui que Dieu vient de rappeler à
lui.
Exilé moi-même à mon tour, ainsi que mon
fils, je leur demande de reporter sur nous leur
fidélité et leur attachement.
Je compte sur la discipline de chacun pour
atteindre le but de tout Français : la grandeur
et la prospérité de notre chère patrie.
JEAN.
Ayant dit. le duc de Guise va se retirer
avec son fils dans le domaine de Larache, qu'il
habitait déjà avant d'être « chef de la Maison
de France », c'est-à-dire Roi, à ne considérer
que le droit divin.
Mais comme il est impossible de tenir pour
nul et non avenu certain état de fait, le duc
se bornera sans doute, en ce lieu africain, à
pratiquer le fin du fin de la sagesse, qui est,
comme chacun sait, de cultiver son jardin.
Disons-le en toute sincérité, sans aucune
ironie : nous plaignons le duc de Guise ! Si
belles, si riches, si ensoleillées que soient ses
terres hispano-marocaines. il y éprouvera et
ce doit être terrible la nostalgie du ciel de
France. Et ce ne sont pas les articles de M.
Charles Maurras qui pourront égayer sa mé-
lancolie.
R. B. de Laromiguière
Incurie d'une compagnie
* de navigation
--0-0--
Sur le vapeur Saint-Octave. qui appartient à
la Société Navale de rOuest, il s'est produit
un incident qui démontre bien le peu de cas
que font les armateurs de la vie des marins.
:¡ « Pendant son dernier voyage, lisons-nous
an5 l'Humanité, le Saint-Octave est venu de
Douala à Dakar dans un état lamentable.
Durant ce trajet, qui est d'environ quarante
jours, la dynamo n'a pas marché une seule mi-
nute. Pas de lumière dans les chaufferies et
compartiments. L une des chaudières avait une
fuite de vapeur inondant constamment les ma-
chines et obstruant l'entrée des chaufferies.
Naturellement, la 1. S. F. se trouvait inu-
tilisable par suite de I a:-»t de la dynarr.o. Les
accumulateurs destinés à actionner le poste secours n' étaient pas chargés.
Ce n'est pas tout : le servo-moteur qui ac-
tionne le gouvernail se trouvait également en
avarie, on dut manœuvrer le gouvernail.. au
moyen de palans. »
Notre confrère se demande ce qu'il faut pen-
scr d'un capitaine qui. au lieu de faire réparer
son navire, part en mer dans un état de navi-
gabilité aussi déplorable. Fort heureusement.
la mer fut calme durant ce voyage, ce qui est
encore assez rare en cette saison. Il est proba-
ble que si elle avait été mauvaise, nous aurions
à déplorer aujourd'hui la mort de l'équipage
du Saint-Octave.
En arrivant à Dakar, il fallut une reclami-
tion énergique de l'équipage à l'Inscription Ma-
ritime pour que les réparations les plus urgentes
soient faites dans ce port. A noter que le capi-
taine est prêt à continuer le voyage dans les
mêmes conditions.
Il est à sduhaiter que la Société Navale de
l'Ouest assure une plus grande sécurité sur ses
navires, car. avec les bénéfices considérables
QU. elle tire de son cabotage sur la côte occi-
dentale d'Afrique, elle. certainement le moyen
de faire les réparationb nécessaires sur ses
bâtiments.
JMm'HQNCOLONIALE
Madrid-Philippines
Les trois aviateurs espagnols, qui étaient
arrivés avant-hier il Alger, venant de Ma-
drid, ont quitté l'aérodrome de la Maison-
Blanche, à 9 heures, le Ipntlemnin matin.
Ils ont pris la direction de l'Est.
Le capitaine Esteves, qui commande
l'escadrille, a atterri Je (premier à 13 h. 59,
à l'aéroport de Tunis. T.es deux autres
appareils, pilotés ïwir MM. Loriga et Gal-
larsa, - sont arrivés directement sur Tri-
-- - - -
poli, ou ils ont atterri, après avoir couvert,
en cinq heures, la distance Alger-Tripoli.
lies trois aviateurs espagnols qui avaient
fait escale, le capitaine Ilcvcz, qui com-
mande l'escadrille à l'fllroporl de Tunis,
et les deux autres, Loriga et Gallorsa, à
Tripoli ont poursuivi leur route hier.
Gs deux derniers aviateurs, partis le
matin A R h. 30, sont arrivés l'un et l'au-
tre, A 13 h. ao, à Hengasi (Cvrénaïque),
on Ils ont été reçus par le Gouverneur.
Quant, au capitaine Kslevez, il est arrivé
sans incident, à Tripoli, d'où il est reparti
aujourd'hui pour rejoindre ses compa-
gnons..
De Hennasi. les aviateurs se dirigeront
vers le Caire.
Congo-Bruxelles
l/cs aviateurs devaient quitter hier Athè-
nes pour effectuer l'étape de Belgrade.
Mais ils ont télégraphié qu'ils étaient rete-
nus à Athènes par suite d'une panne de
carburateur.
De Zurich au Cap
Le lieutenant Mittelholzer qui accomplit
en hiver ll>2i le vol Zurich-Téhéran sur le
monoplan Switzei land va partir de Zurich
avec le lieutenant-colonel fîarzy comme
passager, pour Lado gii-i- le Nil en passant
et le
De Lido, Mittelholzer et le colonel Cmu/y
survoleront du nord au sud la région des
grands lat's,pour gagner Zarnbèze, puis le
Cap.
Le but. principal do cette expédition, orga-
nisée exclusivement par des Suisses, l'ap-
pareil par autorisation spéciale jvirlera la
corcarde rouge à croix blanche) n'est pas
seulement d'accomplir un nouveau raid
aérien ; il s'agit avant, tout, a côté du but
évidemment nationa). tll' recueillir uni»
documentation :V ient iiiquc, nota m nient
ethnographique, par la [diotographie et la
cinématevgraphie.
A TIRE D'AILE
--0-0-
De Viborg à Saint-Denis-du-Sig
Ceci n'appartient pas fi la rubrique do
l'Avintioii coloniale ,' Il s'agit d'une cigo-
gne qui, partie de Viborg (Danemark), comme
en témoigne une hngiic ¡\ sa patte, n atterri sur
la propriété de M. Kios, i\ Hou-Adjemi (p's St-
D('nisl\l-Sig',
Le. bel oiseau porto-bonheur, choyé d caressé
nttend dans le jardin de la ferme que son pro-
priétaire lo réclame.
L'EMPEREUR JTANNjjM EN FRANCE
q)
L'empereur d'Annam, voyageant inco-
gnito sous le titre de prince Vinh Thuy, est
arrivé à Prades, accompagné de son pré-
cepteur M. Charles ; il séj ournera quelques
jours à Prades.
Rubrique coloniale
--o- -
Nos ressources coloniales sont considéra-
bles, on commence à s'en douter en France,
mais on manquait, chez le commun des mor-
tels, tout au moins, de renseignements pré-
cis. C'est pour remédier à cet inconvénient
que notre confrère VIntransigeant vient d'ou-
vrir une rubrique quotidienne sur « nos res-
sources Coloniales ».
En quelque quinze ou vingt lignes, les in-
ncmbrables lecteurs de nlntre confrère du
soir savent d'où viennent le iiipliia, le mica,
le nickel, la banane, etc. et quels sont les
moyens de les faire venir, de les acheter et
de les utiliser pour le plus grand bien de
notre change, puisque nous n'aurons plus à
les recevoir des pays à change élevé.
Nos compliments à notre ami Léon Bailby
qui s'affirme si soucieux de notre expansion
coloniale sa campagne en faveur de l'ex-
position coloniale de Vincennes a été très
remarquée. Il a adopté là à notre avis pour
les quotidiens d'informations la mcilleute
formule de propagande coloniale.
V Angily
Pantagruel au Maroc
Voici le menu d'un repas de huit person-
nes. offert par un grand chef marocain, au-
auel Pantagruel se serait sans doute rangé
de bonne grâce :
On servit d'abord des centaines de petits
gâteaux à la semoule, frits à l'huile, décou-
pés en losanges réguliers et dont tous choi-
sirent, pour les croquer, les plus dorés de
croûte. Deux moutons rôtis leur succédèrent
presque aussitôt, partagés en quartiers énor-
mes ensevelis à demi sous des .amonccUr-
ments de pommes de terre encore tout humi.
des de graisse chaude.
Vinrent ensuite quarante-huit pigeons far-
cis aux herbes, trois pyramides de petits pois
dissimulant des membiJs de poulets, des to-
mates préparées à la gomme, une cinquan-
taine de pâtés de farce, et seize poulets rôtis,
assaisonnés de sariette.
Pour boissons, des carafes de cristal con-
tenaient du jus de raisin sec et du lait
d'nmandes.
On contiuua d'apporters des mets.
Les tables se trouvèrent bientôt chargées
de plats de concombres, do hetteraves, de ra-
dis, de purée de pommes, de corottes cou-
pées en rondelles fines.
Mais les hôtes n'y goûtèrent pas.
On les remplaça alprs aussitôt par de la
compote de piments verts et de la salade
cuite, dont ilS se régalèrent, ruis on servit
encore des montagnes de cerises et de mira-
belles, de la confiture d'orange, de la crème,
durcie, des pâtés d'amandes, des dattes ;
enfin, des gâteaux à la graisse et au miel, et
des cornes de gazelle.
Une petite esclave vint apporter une ai-
guière pour le lavage des mains.
C'était le signe de la fin du repas, auquel
un de nos confrères parisiens eut la bonne
fortune d'assister.
-00- –-
La discipline au Maroc
--ô-O--
En prenant le commandement du groupe-
ment de Fez, le jeune général Duffieu, an-
cien commandant de l'Ecole de guerre, a
songé tout d'abord à rétablir parmi ses trou-
pes la discipline qui, quoi qu'on en puisse
penser, fait toujours et Plus que jamais, la
force principale des armées, et j'ajouterai:
surtout des armées en campagne.
De cette discipline, en effet, dépend l'exé-
cution intégrale des ordres du commande-
ment, et comme ce dernier est le seul res-
ponsable, il "tait de toute logique qu'un offi-
cier général de la valeur du général Duffieu
.inaugure sa prise de commandement par une
directive semblable, dont je conseilfe l'em-
ploi à ceux qui ont sur tout notre territoire
métropolitain et colonial la responsabilité de
la préparation de nos soldats à leur rôle
éventuel.
Cette circulaire rappelle qu'il existe une
tenue réglementaire, ce dont on ne se doute
guère quand on rencontre dans la rue le..,
tenues disparates et hétéroclites des permis-
sionnaires, car dans Paris, les généraux
Gouraud et Charpy ont obtenu quelques amé-
liorations dont il faut les complimenter.
« Le premier devoir des cadres est de donner
l'exemple », écrit le général Duffieu. Puis il
aioute :
« Le général commandant le groupement
compte sur l'intelligence et le bon esprit de
tous pour comprendre que les individus
comme les collectivités s'honorent en ayant
le respect de leur dignité et de leur bonne
apparence extérieure aux yeux des popula-
tions. De ce point de vue, les beuveries in-
considérées, les manifestations bruyantes et
le débraillé du langage ou de la tenue dans
les établissements publics doivent être pros-
crits et, quand il y a lieu, vigoureusement
relevés par tous même à grade égal ; c'est
lît que se manifeste la vraie camaraderie
d'un eprps qui se respecte.
En renvoyant mes camarades à la France
Militaire du 3 avril 1926, qui publie la cir-
culaire en question, je terminerai par cette
conclusion ne son auteur :
Une forte discipline, ancrée dans les es-
prits, dans les cœurs et dans les hahitudcs,
n'est pas une charge de plomb; c'est, au
contraire, un allégement, ptlrce que chacun
est toujours à sa place et a la fierté de sa
besogne et de son rang.
Il est à remarquer que bien de noî jeunes
soldats que nous rencontrons débraillés s'ha-
billent correctement et sont fort polis dans
ta vie civile. Il ne peut donc leur en coûter
heaucoun d'en - faire autant nuand ils sont
revêtus de l'uniforme qui, - hors de France
surtout, représente leur pays.
Eugène Devaux
TAUX DE LA PIASTRE
0
la date du 7 avril 1^26, le taux officiel de
la piastre A Saison était de 16 fr. 45.
., ,1) "",
Les Annales d' Colonialesy
JOURNAL QUOTIDIEN ,'
LU AltTKtJU fUILIâ PAB "LES ANNALSS COLONIALES* SONT LA HtonitTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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France et Colonies. 80 » 45 1 25 a
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On t'abonne desù tout lté Bureaux de poste et ehes les principaux librair.
Pourquoi colonisons-nous 1
- cotonisons-nous ?
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
técemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne, Gouverneur Général de
l'Indochine. -
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi lqs solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par lancten am-
bassadeur de France, à Tokio, Jules Har-
mand, à. savoir que l'Indochine se passerait
M iour de la tutelle française, mais n'cil
«erait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'atlection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à - ce but? "',
Quelques polémistes, parmi lesquels ivi.
Claude Farrere, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX. siècle on
suisse abandonner contre espèces sonnantei
Ses Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civilise.,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu un
iour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par
cet l es du monde où flottent les irégates de
France comme des membres d'un mémo
corps ayant les mêmes aspirations, le même
, icNàIl
Telles tout les questions que nous aVoni;
• potées à un certain nombre de personnalités.
Les premières réponses ont paru dans notre
-nuteéro du i* avril. £ n voici d'autres
- M. Raymond Poincnré
M. Raymond Poincaré est à son habitude
tut. précis, catégorique. Quoi qu'il ne se
soit jamais spécialisé dans les questions co-
loniales, ses multiples passages ait pouvoir,
sa présence à VElysée pendant sept ans, l'ont
ittitié aux grands problèmes qui sollicitent
fa. France au delà dès mers, son opinion est
à retenir.
Monsieur le Directeur,
Je suis personnel lement tout à fait opposé
à la cession de l'une quelconque de nos co-
lonies. Une nation comme la nôtre, qui a
autrefois proclamé les droits de l'homme,
ne vend pas des hommes.
Elle ne peut ni abandonner des Français
qui sont allés porter sa civilisation au de-
hors, ni trahir des populations auxquelles
elle a promis son appui et dont elle doit
chercher à faire, de plus en plus, des asso-
ciés et des collaborateurs.
Recevez l'assurance de mes sentiments
distingués.
R. Poincaré.
M. Aimé Berthod
Député du Jura, ancien sous-secrétaire d'Etat
Nos lecteurs connaissent Aimé Berthod,
èien que sa collaboration aux Annales Co-
loniales y soit trop rare. Agrégé de VUniver-
sité, ayant rempli plusieurs missions impor-
tantes au ministère des Affaires étrangères,
Aimé Berthod est entré au Parlement au
̃ l' mai dernier. Il y avait déjà siégé de 1911
à 1914. Après avoir marqué sa place à la
Commission des Affaires étrangères et à la
tribune dans plusieurs débats importants, no-
tre ami a été appelé par M. Paul Painlevé
dams Il précédant Cabinet au sous-secrétariat
£ Etmt à la présidence du Conseil. Nul doute
8fil revienne bientôt dans le* Conseils du
ouvemement.
Mon cher Directeur,
Que reproche-t-on au discours de Varenne?
Une lointaine « anticipation. ou l'affinna-
tion d'une méthode pour le présent? Ou l'an-
ticipation n'a-t-elle paru à certains détesta-
ble que parce qu'elle n'était qu'une poétique
illustration de la méthode? A mon avis la
méthode est bonne. Nous ne pouvons, sans
manquer à nos principes, adopter à l'égard
des indigènes une autre attitude que celle
d'éducateurs, soucieux « de les aider, comme
dit Varenne, à accéder aux sommets de la ci-
vilisation et par là de - leur -- faire - aimer -- la
France ». Au surplus, l'espoir serait vain de
maintenir indéfiniment notre domination sur
ces lointaines régions par la seule force de
nos armes, entre elles et nous il nous faut
créer des liens plus solides et plus durables,
à la fois économiques et moraux, susceptibles
de remplacer un jour les rapports de subor-
dination créés par la conquête.
Je suis avisé de bonne source que ces idées
sont appréciées des indigènes mais qu'elles
plaisent moins à certains administrateurs,
qui trouvent plus simple de commander que
de collaborer et par certains colons qui re-
doutent de voir réfrénés leurs appétits. C'est
une raison de plus pour que nous les défen-
dions.
Vous m'interrogez également sur la vente
possible de telle ou telle colonie. La question
ne me parait pas simple. Il est très exact que
nous n'avons pas le droit de traiter comme
vils troupeaux des populations qui comptent
sur notre protection et nous ont donné leur
cœur. Mais dans notre vaste empire il n'est
pas que de ces populations là, et l'on trou-
verait, je crois, des territoires qui pourraient,
sans que les indigènes s'en plaignent, nous
fournir les éléments de profitables négocia-
tions. Dans la situation actuelle de nos finan-
ces cette idée n'est pas à écarter sans examen.
Veuillez croire, mon cher Directeur, à mes
meilleurs sentiments.
Aimé Berthod)
M. B. Diagne
Député du Sénégal
AI. Biaise Diagne, député depuis 1914, et
constamment réélu depuis a su conquérir
une place de choix au firmament parlemen-
taire. Pendant la guerre, il fut commissaire
aux troupes noires et en 1924 la commission
des colonies de la Chambre en a fait son
président. Très intelligent, très souple, il di-
rige les débats de la commission avec auto-
rité et son mis est toujours écouté avec fa-
veur aussi bien là que dans les débats im-
blics.
Mon cher directeur,
Vous voulez bien 11e demande! mon sen-
timent personnel sur l'avenir de la coloni-
sation française au regard des deux conclu-
sions qui tendent, l'une à l'indépendance un
jour des colonies, l'autre à la vente de tout
ou partie de nos possessions d'outre-mer.
Aucune de ces conclusions ne me parait
relever d'une idée juste, dans l'intérêt même
des colonies.
La politujue coloniale française loin de
vouloir tendre à dissocier un jour les intérêts
respectifs de la France d'avec ceux des co-
lonies, a toujours cherché au contraire à les
unir sans cesse, et pour un profit commun.
C'est cette communauté d'intérêts, dans
le plein développement moral, intellectuel
et socia l des colonies (lui est la conclusion
nécessaire de l'œuvre de colonisation.
Traduire cet idéal autrement, c'est mécon-
naître tout le passé colonial de la France qui
n'il rien de commun, dans ce domaine, avec
celui des autres nations colonisatrices.
Sans doute, l'avenir verra-t-il surair
outre-mer les grands dominions français. Ils
auront cette différence essentielle avec les
dominions anglais, que, loin d'y rencontrer
des intérêts et une orientation politique
parfois en contradiction avec ceux de la
Métropole, nous y verrons, nous, l'unique
souci de marquer l'unité profonde de la plus
grande France.
̃ l.es causes d'un tel état ue choses pren-
nent et prendront leur source dans ce fait
que la colonisation française ne repose sur
aucun égjoïsme. Elle a toujours été com-
mandée par un double sentiment du cœur
et de la raison.
Aucun autre peuple colonisateur n'en peut
dire autant.
Bien cordialement vôtre.
DIagne,
Député du Sénégal,
Président de la Commission des Colonies.
Le docteur Marchoux
Membre de l'Académie de Médecine
C'est plutôt le professeur Marchoux que
nous devrions écrire, car c'est en qualité
de professeur à VInstitut Pasteur que l'émi-
nent spécialiste des. maladies paludéennes
rend chaque jour à là science et à l'huma-
nité, des services de Plus en plus grands.
M. Marchoux, membre de l'Académie de
médecine, a fait de longs et fructueux sé-
jours aux Colonies, et il s'est adonné tout
Particulièrement à la lutte contre la fièvre
jaune qui causa de si grands dommages au
Sénégal, en 1900. M. Marchoux ne pouvait
que s'intéresser à cette question de la colo-
nisation française, à laquelle il a pris une
si grande flart. Tout en n'étant pas tout à
fait de son avis"en ce qui concerne la con-
naissance, qui nous parait nécessaire, des
langues indigènes, nous avons trouvé dans
sa réponse à notre enquête, une compréhen-
sion parfaite du rôle colonisateur de la
France.
Cher Monsieur,
Vous me posez là des questions qui deman-
deraient pour y répondre, plus de dévelop-
pement que je n'en puis donner à cette
lettre.
Certes, je considère comme une éventua-
lité fatale qu'un jour nos colonies se sépa-
rent de la Métrooole ouand elles auront suf-
fisamment évolué et qu'elles seront à même
de se gouverner sagement sans tutelle, mais
non point dans un avenir prochain, comme
seraient enclins à le désirer certains ambi-
tieux indigènes qui mettent la satisfaètion de
leurs appétits au-dessus de l'intérêt de leur
pays.
Je crois que notre devoir est de préparer
par de bonnes mesures cette transformation
lointaine. C'est là une politique qu'a prati-
quée avec avantage l'Angleterre et d'où sont
nés ses dominions. La préparation de cet
avenir consiste en même temps qu'on déve-
loppe la civilisation, la prospérité écono-
mique, sanitaire et sociale, à créer, avec nos
colonies, des liens indissolubles. Ceux-ci,
quoi qu'on en puisse penser, on ne les trou-
vera pas dans l'ordre sentimental ou intel-
lectuel mais seulement dans la communauté
de langage. Aussi, je ne saurais trop regret-
ter le maintien des méthodes actuelles, certes
très généreuses, mais un peu naïves, qui im-
posent aux administrateurs l'usage des lan-
gues indigènes, alors que nous devrions nous
efforcer de les faire disparaître et de les rem-
placer par le français. Entre la péninsule
Ibérique et l'Amérique latine, entre l'An-
gleterre, les Etats-Unis et les Dominions,
que resta-t-il ? La communauté de langue, la
facilité des relations intellectuelles, sociales
et économiques.
Quant à la vente de nos colonies, nous ne
sonunes pas des marchands d'hommes.
Ceux qui ont parlé de la possibilité d'un
tel marché ne connaissent pas assez nos co-
lonies. Ils ne savent pas qu'elles consti-
tuent un des éléments les plus considérables
de la fortune publique de la France, et que
tout en profitant pour elles du développe-
ment qui s'y manifeste de plus en plus, elles
nous permettront la liquidation de nos dettes,
dettes d'ailleurs moins fortes que nos ex-
alliés tendraient à le faire croire et que
M. Piétri a ramenées à leur juste valeur. Ce
n'est pas en se ruinant qu'on s'enrichit ni
qu'on enrichit ses créanciers.
Votre dévoué, llarchoux.
M. Fernand Laudet
Membre de l'Institut
M. Fernand Laudet, membre de l'Institut,
a appartenu à la diplomatie avant de diriger
des publications littéraires qu'il a portées- à
un haut degré de prospérité. Il réfrouve 'éga-
iement la politique de vente des colonies qu':,
préconisée M. Claude Farrère, et qui semble
plaire à MM. Louis Bertrand et Marcel Bou-
langer, il réprouve leur émancipation pré-
maturée dont l'hypothèse avait été émise par
MM. Albert Sarraut, Beau et Htzrmantl.
Monsieur le Directeur et cher confrère,
A l'occasion du récent discours de M.
Alexandre Varenne, gouverneur général de
t* Indo-Chine, qui a cru plaire à ses nouveaux
administrés et peut-être davantage à ses
amis politiques, en disant dans notre colonie
que l'Incto-Chine se passerait un jour de la
tutelle française, vous ouvrez une enquête &
laquelle vous voulez bien me convier « sur
le but final de la colonisation ib.
Grave question. Peuvent seuls y répondre
avec autorité ceux qui, depuis longtemps, ont
suivi de près et de loin, et surtout de près,
la vie coloniale.
Veuillez donc comprendre que je m'excuse
de ne pouvoir donner à votre enquête la con-
tribution qu'elle mérite. Tout au plus puis
je me faire l'interprète de certaines impres-
sions communes à bien des Français.
Beaucoup d'entre nous ont, dans leur fa-
mille, des points de-contact avec les colo-
nies.
Pour ma part, arrière petit-fils d un Gas-
con entreprenant qui partit à la fin du
XVIIe siècle pour les Antilles et qui y fit
une laborieuse et courageuse carrière, j'ai
été élevé dans t'estime de nos colonies et dans
la fierté de notre seconde France. Puis,
quand j'ai fait mes études j'ai rencontré des
maîtres qui ont accentué ces inclinations ; en-
suite, étant entré au quai d'Orsay. ce n'est
pas là, vous le pensez, que- j'ai pu apprendre
l'avantage de l'abandon de nos possessions.
En résumé, on m'a enseigné dans ma fa-
mille, au collège et dans ma carrière, et ) ai
vérifié ensuite par mes propres études, que
les colonies servaient à quelque chose, qu'il
était utile d'en avoir, et qu'elles valaient ce
qu'elles avaient qoûté, à condition d'être
bien administrées et de ne pas tomber entre
les mains de politiciens intéressés ou uto-
pistes.
Et c'est parce qu'elles avaient beaucoup
coûté qu'il n'était pas question jadis que la
France puisse s'enrichir en vendant, c'est-à-
dire en abandonnant des nationaux établis
sur ses conquêtes ou des indigènes qu'elle
avait civilisés et qui en retour l'avaient sou-
vent héroïquement aidée. On croyait aussi,
l'intérêt se joignant à l'honneur, qu'un grand
pays comme le nôtre avait besoin de débou-
chés et de clients éprouvés. On attachait un
prix considérable à cette France coloniale
qui mesurait plus de 12 millions de kilomè-
tres carrés et contenait une population de 60
millions d'habitants. Excusez-moi de rap-
peler ces banalités que j'évoque pour plai-
der la garde et la défense de nos colonies.
Mais nous sommes à une époque brumeuse
où il importe de soutenir avec la simplicité
la plus limpide la patrie, la famille et, d'une
manière générale, l'ordre moral.
Dans les siècles des siècles, il viendra
peut-être un jour, lorsque la civilisation aura
été généralisée, et que peut-être les Etats-
Unis du monde seront établis, où, pour au-
cun neuole. les colonies n'auront plus leur
raison d'être, mais nous n'en sommes pas
encore à ce temps rêvé. Pour l'instant, les
colonies que nous perdrions seraient gagnées
par d'autres, et il ne nous resterait plus que
le discours de M. Alexandre Varenne qui est
une pauvre chose.
Fernand Laudet.
Exposition coloniale de Metz
Le maréchal Foch vient d'accepter
d'inaugurer le 25 avril l'Exposition colo-
niale organisée dans la coquette capitale
de la Moselle par la Société des médaillés
mililairts, sous le haut patronage du Gou-
vernement et du ministre des Colonies.
Le même jour, la municipalité de Metz,
et son maire M. Vautrin, - ont décidé df"
conférer solennellement le titre de citoyen
d'honneur de la cité du général Faber à
r illustre ancien généralissime des armées
alliées.
A L'AGENCE ECONOMIQUE
DE L'A. E. P.
--10-
M. Buliot-l.ftunav (Emile), administrateur en
chef deiq eeaqq, est détaché à l'Agence écono-
mique de *®. F.
Développement économique
du Cameroun ';:
--0-0--
A
Les Annales Coloniales fiigna-
laient récemment les résultats obte-
nus au Sénégal où la production et
les exportations a arachides auus-ent, four
Vannée 1925, une augmtlltatio" de tonnage
de Près de 40 sur les chiffres de Vannée
précédente, laquelle était elle-même en
avance sensible sur la mo rallie des années
antérieures. • *
Un résultat analogue, plus appréciaolc
même, a été obtenu cette même unnée au Ca-
meroun, où le tonnage tolal, exporté par la
colonie est, dans son ensemble. de 45 su-
périeur à celui qui avait été enregistre en
1924.
Tous les principaux produits, bois d'ebé-
nisicrie et bois communs, huile et amandes
de palme, cacao, sont fil augmentation très
sensible. C'est ainsi que les bois se chiffrent
au total par 37.912 tonnes. dont 17.806 ton- J
mes de bois d'ébênisteric, 10.772 tonnes de
bois communs en grumes, 9.684 tonnes de
traverses de chemin de fer et 90 tonnes de
merratns, contre 7.342 tonnes de bois dëhé-
nisteric et 14.249 tonnes de bois divers au-
tres, bruts ou débités en 192.1. Les sorties de
traverses de chemin de fer et de nterrains
de palétuviers sont partieu/icrcment intéres-
santes.
Les amandes de palme se chiffrent, cf all-
tre part par 36.422 tonnes, contre 28.779
tonnes en 1924; les huiles de palme par
6.274 tonnes contre 4.275; le cacao par
4.917 tonnes contre 4.494.
Ces résultats font honneur au Gouverneur
Marchand et à Vadministration française du
Cameroun. On ne peut qu en souhaiter la con-
finuilr.
Le Commissaire de la République pour-
suit inlassablement fœuvrc entre prise au Ca-
meroun par son prédécesseur, M. le Gouver-
neur Général Carde. Favorisé par la pré-
sence d'une main-doeuvre relativement abon-
demlc, le pays a pris, depuis la guerre. un
essor économique remarquable et le Plus bel
avenir lui parait réservé.
La forêt couvre une grande partie du ter-
rttoire. Elle est sensiblement moins riclu eu
essences précieuses que celle du Gabon ou de
la Côte d'Ivoire. Par contre, Vexploitation
des bois communs prend, dans toute la zone
côlière. une extension intéressante. Plusieurs
scieries fonctionnent déjà à plein rendement,
tant pour les besoins locaux que pour Vexpor-
tation.
Les conditions d'embarquement sont éga-
lement meilleures au Cameroun qu'à la Côte
tl'/voire ou au Gabon et jCl'l-'orisent davan-
tage que dans ces dernières colonies, Vins-
talla/joll ou le développement d'industries
du bois.
M. Marchand a soumis récemment au dé-
partement un projet de réglementation fores-
tière présentant de nombreux avantages sur
Vorganisation existant actuellement. Exploi-
tants et Administration locale trouveront leur
compte a l'application d'un texte souple et
bien adapté aux conditions spéciales du Pavs.
On sait d'autre part que les plus belles
plantations de cacaoyers entreprises sous
l'administratjoll allemande se trouvaient dans
la zone placée sous mandat anglais et rat-
tachée à la Nigéria. De gros ef forts sont
tentés depuis 1919 pour développer cette cul-
ture dans la zone qui nous a été dévolue t/
il y a tout lieu d'espérer qu'ils seront COIt-
ronnés de succès.
Pierre Valude.
Député du eh".
moeco
LE ROI
--()-o---
Le duc de Guise a fait décidément acte
de prétendant par la lettre suivante, adressée
« A tous les amis de Mgr le duc d'Orléans » :
Chef de la Maison de France par la mort
de Mgr le duc d'Orléans. j'en revendique tous
les droits, j'en assume toutes les responsabilités,
j'en accepte tous les devoirs.
Je remercie tous ceux dont l'affection et le
dévouement ont adouci les quarante années
d'exil de celui que Dieu vient de rappeler à
lui.
Exilé moi-même à mon tour, ainsi que mon
fils, je leur demande de reporter sur nous leur
fidélité et leur attachement.
Je compte sur la discipline de chacun pour
atteindre le but de tout Français : la grandeur
et la prospérité de notre chère patrie.
JEAN.
Ayant dit. le duc de Guise va se retirer
avec son fils dans le domaine de Larache, qu'il
habitait déjà avant d'être « chef de la Maison
de France », c'est-à-dire Roi, à ne considérer
que le droit divin.
Mais comme il est impossible de tenir pour
nul et non avenu certain état de fait, le duc
se bornera sans doute, en ce lieu africain, à
pratiquer le fin du fin de la sagesse, qui est,
comme chacun sait, de cultiver son jardin.
Disons-le en toute sincérité, sans aucune
ironie : nous plaignons le duc de Guise ! Si
belles, si riches, si ensoleillées que soient ses
terres hispano-marocaines. il y éprouvera et
ce doit être terrible la nostalgie du ciel de
France. Et ce ne sont pas les articles de M.
Charles Maurras qui pourront égayer sa mé-
lancolie.
R. B. de Laromiguière
Incurie d'une compagnie
* de navigation
--0-0--
Sur le vapeur Saint-Octave. qui appartient à
la Société Navale de rOuest, il s'est produit
un incident qui démontre bien le peu de cas
que font les armateurs de la vie des marins.
:¡ « Pendant son dernier voyage, lisons-nous
an5 l'Humanité, le Saint-Octave est venu de
Douala à Dakar dans un état lamentable.
Durant ce trajet, qui est d'environ quarante
jours, la dynamo n'a pas marché une seule mi-
nute. Pas de lumière dans les chaufferies et
compartiments. L une des chaudières avait une
fuite de vapeur inondant constamment les ma-
chines et obstruant l'entrée des chaufferies.
Naturellement, la 1. S. F. se trouvait inu-
tilisable par suite de I a:-»t de la dynarr.o. Les
accumulateurs destinés à actionner le poste
Ce n'est pas tout : le servo-moteur qui ac-
tionne le gouvernail se trouvait également en
avarie, on dut manœuvrer le gouvernail.. au
moyen de palans. »
Notre confrère se demande ce qu'il faut pen-
scr d'un capitaine qui. au lieu de faire réparer
son navire, part en mer dans un état de navi-
gabilité aussi déplorable. Fort heureusement.
la mer fut calme durant ce voyage, ce qui est
encore assez rare en cette saison. Il est proba-
ble que si elle avait été mauvaise, nous aurions
à déplorer aujourd'hui la mort de l'équipage
du Saint-Octave.
En arrivant à Dakar, il fallut une reclami-
tion énergique de l'équipage à l'Inscription Ma-
ritime pour que les réparations les plus urgentes
soient faites dans ce port. A noter que le capi-
taine est prêt à continuer le voyage dans les
mêmes conditions.
Il est à sduhaiter que la Société Navale de
l'Ouest assure une plus grande sécurité sur ses
navires, car. avec les bénéfices considérables
QU. elle tire de son cabotage sur la côte occi-
dentale d'Afrique, elle. certainement le moyen
de faire les réparationb nécessaires sur ses
bâtiments.
JMm'HQNCOLONIALE
Madrid-Philippines
Les trois aviateurs espagnols, qui étaient
arrivés avant-hier il Alger, venant de Ma-
drid, ont quitté l'aérodrome de la Maison-
Blanche, à 9 heures, le Ipntlemnin matin.
Ils ont pris la direction de l'Est.
Le capitaine Esteves, qui commande
l'escadrille, a atterri Je (premier à 13 h. 59,
à l'aéroport de Tunis. T.es deux autres
appareils, pilotés ïwir MM. Loriga et Gal-
larsa, - sont arrivés directement sur Tri-
-- - - -
poli, ou ils ont atterri, après avoir couvert,
en cinq heures, la distance Alger-Tripoli.
lies trois aviateurs espagnols qui avaient
fait escale, le capitaine Ilcvcz, qui com-
mande l'escadrille à l'fllroporl de Tunis,
et les deux autres, Loriga et Gallorsa, à
Tripoli ont poursuivi leur route hier.
Gs deux derniers aviateurs, partis le
matin A R h. 30, sont arrivés l'un et l'au-
tre, A 13 h. ao, à Hengasi (Cvrénaïque),
on Ils ont été reçus par le Gouverneur.
Quant, au capitaine Kslevez, il est arrivé
sans incident, à Tripoli, d'où il est reparti
aujourd'hui pour rejoindre ses compa-
gnons..
De Hennasi. les aviateurs se dirigeront
vers le Caire.
Congo-Bruxelles
l/cs aviateurs devaient quitter hier Athè-
nes pour effectuer l'étape de Belgrade.
Mais ils ont télégraphié qu'ils étaient rete-
nus à Athènes par suite d'une panne de
carburateur.
De Zurich au Cap
Le lieutenant Mittelholzer qui accomplit
en hiver ll>2i le vol Zurich-Téhéran sur le
monoplan Switzei land va partir de Zurich
avec le lieutenant-colonel fîarzy comme
passager, pour Lado gii-i- le Nil en passant
et le
De Lido, Mittelholzer et le colonel Cmu/y
survoleront du nord au sud la région des
grands lat's,pour gagner Zarnbèze, puis le
Cap.
Le but. principal do cette expédition, orga-
nisée exclusivement par des Suisses, l'ap-
pareil par autorisation spéciale jvirlera la
corcarde rouge à croix blanche) n'est pas
seulement d'accomplir un nouveau raid
aérien ; il s'agit avant, tout, a côté du but
évidemment nationa). tll' recueillir uni»
documentation :V ient iiiquc, nota m nient
ethnographique, par la [diotographie et la
cinématevgraphie.
A TIRE D'AILE
--0-0-
De Viborg à Saint-Denis-du-Sig
Ceci n'appartient pas fi la rubrique do
l'Avintioii coloniale ,' Il s'agit d'une cigo-
gne qui, partie de Viborg (Danemark), comme
en témoigne une hngiic ¡\ sa patte, n atterri sur
la propriété de M. Kios, i\ Hou-Adjemi (p's St-
D('nisl\l-Sig',
Le. bel oiseau porto-bonheur, choyé d caressé
nttend dans le jardin de la ferme que son pro-
priétaire lo réclame.
L'EMPEREUR JTANNjjM EN FRANCE
q)
L'empereur d'Annam, voyageant inco-
gnito sous le titre de prince Vinh Thuy, est
arrivé à Prades, accompagné de son pré-
cepteur M. Charles ; il séj ournera quelques
jours à Prades.
Rubrique coloniale
--o- -
Nos ressources coloniales sont considéra-
bles, on commence à s'en douter en France,
mais on manquait, chez le commun des mor-
tels, tout au moins, de renseignements pré-
cis. C'est pour remédier à cet inconvénient
que notre confrère VIntransigeant vient d'ou-
vrir une rubrique quotidienne sur « nos res-
sources Coloniales ».
En quelque quinze ou vingt lignes, les in-
ncmbrables lecteurs de nlntre confrère du
soir savent d'où viennent le iiipliia, le mica,
le nickel, la banane, etc. et quels sont les
moyens de les faire venir, de les acheter et
de les utiliser pour le plus grand bien de
notre change, puisque nous n'aurons plus à
les recevoir des pays à change élevé.
Nos compliments à notre ami Léon Bailby
qui s'affirme si soucieux de notre expansion
coloniale sa campagne en faveur de l'ex-
position coloniale de Vincennes a été très
remarquée. Il a adopté là à notre avis pour
les quotidiens d'informations la mcilleute
formule de propagande coloniale.
V Angily
Pantagruel au Maroc
Voici le menu d'un repas de huit person-
nes. offert par un grand chef marocain, au-
auel Pantagruel se serait sans doute rangé
de bonne grâce :
On servit d'abord des centaines de petits
gâteaux à la semoule, frits à l'huile, décou-
pés en losanges réguliers et dont tous choi-
sirent, pour les croquer, les plus dorés de
croûte. Deux moutons rôtis leur succédèrent
presque aussitôt, partagés en quartiers énor-
mes ensevelis à demi sous des .amonccUr-
ments de pommes de terre encore tout humi.
des de graisse chaude.
Vinrent ensuite quarante-huit pigeons far-
cis aux herbes, trois pyramides de petits pois
dissimulant des membiJs de poulets, des to-
mates préparées à la gomme, une cinquan-
taine de pâtés de farce, et seize poulets rôtis,
assaisonnés de sariette.
Pour boissons, des carafes de cristal con-
tenaient du jus de raisin sec et du lait
d'nmandes.
On contiuua d'apporters des mets.
Les tables se trouvèrent bientôt chargées
de plats de concombres, do hetteraves, de ra-
dis, de purée de pommes, de corottes cou-
pées en rondelles fines.
Mais les hôtes n'y goûtèrent pas.
On les remplaça alprs aussitôt par de la
compote de piments verts et de la salade
cuite, dont ilS se régalèrent, ruis on servit
encore des montagnes de cerises et de mira-
belles, de la confiture d'orange, de la crème,
durcie, des pâtés d'amandes, des dattes ;
enfin, des gâteaux à la graisse et au miel, et
des cornes de gazelle.
Une petite esclave vint apporter une ai-
guière pour le lavage des mains.
C'était le signe de la fin du repas, auquel
un de nos confrères parisiens eut la bonne
fortune d'assister.
-00- –-
La discipline au Maroc
--ô-O--
En prenant le commandement du groupe-
ment de Fez, le jeune général Duffieu, an-
cien commandant de l'Ecole de guerre, a
songé tout d'abord à rétablir parmi ses trou-
pes la discipline qui, quoi qu'on en puisse
penser, fait toujours et Plus que jamais, la
force principale des armées, et j'ajouterai:
surtout des armées en campagne.
De cette discipline, en effet, dépend l'exé-
cution intégrale des ordres du commande-
ment, et comme ce dernier est le seul res-
ponsable, il "tait de toute logique qu'un offi-
cier général de la valeur du général Duffieu
.inaugure sa prise de commandement par une
directive semblable, dont je conseilfe l'em-
ploi à ceux qui ont sur tout notre territoire
métropolitain et colonial la responsabilité de
la préparation de nos soldats à leur rôle
éventuel.
Cette circulaire rappelle qu'il existe une
tenue réglementaire, ce dont on ne se doute
guère quand on rencontre dans la rue le..,
tenues disparates et hétéroclites des permis-
sionnaires, car dans Paris, les généraux
Gouraud et Charpy ont obtenu quelques amé-
liorations dont il faut les complimenter.
« Le premier devoir des cadres est de donner
l'exemple », écrit le général Duffieu. Puis il
aioute :
« Le général commandant le groupement
compte sur l'intelligence et le bon esprit de
tous pour comprendre que les individus
comme les collectivités s'honorent en ayant
le respect de leur dignité et de leur bonne
apparence extérieure aux yeux des popula-
tions. De ce point de vue, les beuveries in-
considérées, les manifestations bruyantes et
le débraillé du langage ou de la tenue dans
les établissements publics doivent être pros-
crits et, quand il y a lieu, vigoureusement
relevés par tous même à grade égal ; c'est
lît que se manifeste la vraie camaraderie
d'un eprps qui se respecte.
En renvoyant mes camarades à la France
Militaire du 3 avril 1926, qui publie la cir-
culaire en question, je terminerai par cette
conclusion ne son auteur :
Une forte discipline, ancrée dans les es-
prits, dans les cœurs et dans les hahitudcs,
n'est pas une charge de plomb; c'est, au
contraire, un allégement, ptlrce que chacun
est toujours à sa place et a la fierté de sa
besogne et de son rang.
Il est à remarquer que bien de noî jeunes
soldats que nous rencontrons débraillés s'ha-
billent correctement et sont fort polis dans
ta vie civile. Il ne peut donc leur en coûter
heaucoun d'en - faire autant nuand ils sont
revêtus de l'uniforme qui, - hors de France
surtout, représente leur pays.
Eugène Devaux
TAUX DE LA PIASTRE
0
la date du 7 avril 1^26, le taux officiel de
la piastre A Saison était de 16 fr. 45.
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