Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-09-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1925 10 septembre 1925
Description : 1925/09/10 (A26,N134). 1925/09/10 (A26,N134).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396981t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VIN ;T.S'XIEMK ANNEE. - NO 134 LE NUMERO : 20 CENTIMES JEUDI SOIR, 10 SEPTEMBRE 1925 -
0
Les Annales Coloniales
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10 JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS FAB "LES AMMALU COLONIAL!*" IGIII LA KOPRlM
EXCLUSIVE DU JOUKKAL
LmAnn»nce»«lRiclwmnMntiHmm*mxBvttmuémJiwntai4témmlimé4tmtmà*PMklH
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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u 45 M
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Européens ou Asiatiques
0
« A force de déformer la vérité histori-
que, on a llni par faire croire que les
Turcs sont un peuple asiatique. Non,
nous ne l'acceptons pas. La république
que nous avons proclamée dans un ef-
fort enthousiaste et d'après les idées les
plus modernes, est fondée sur les prin-
cipes les plus élevés. Nous ne sommes
pas asiatiques dans le sens que donnent
4 ce mot les Européens. Nous apparte-
nons désormais, nous les Turcs et la
Turquie, au concert européen. C'est
.une vérité que nous crierons de toutes
nos forces jusqu'au jour où nous réus-
sirons à rectifier cette erreur de l'his-
toire 1 »
Cette protestation éloquente se trouve
dans le manifeste du Journal français
qui a paru à Gonstantincple, dès le 6
juillet dernier. Il porte ce titre : La Ré-
publique. Le directeur Younous Nadi le
fait paraître parallèlement au Djura-
houriyct (mot qui signifie aussi : Répu-
blique). La protestation mérite d'être
iignalée.Nous ne sommes pas un peuple
d'Asie, mais d'Europe ; la preuve, c'est
que nous avons créé une république, en
application des idées généreuses de la
toivilisatioii occidentale. Nous ne nous
laisserons pas rejeter parmi les peuples
asiatiqucs ; nous réclamons notre place
dans le concert européen : désormais
elle y est marquée. Voilà ce que nous
(Siserlt les Turcs, en nfflrmant. qu'ils
narlenl an nom de la vérité historique.
Ne vous avisez pas d'ailleurs d'oppo-
jer le présent au passé, et de faire un
jort au mot « désormais » ; ne répli-
quez pas que la civilisation musulmane
j'est, au cours des siècles, dressée en
bataille contre la civilisation du reste de
l'Europe. Ils risposteront qu' « il n'exis-
te pas de civilisation de telle ou telle
religion », ce qui est au moins contesta-
ble,- et que « la religion est un facteur
de conservation et non de civilisation a,
ce qui est sans doute plus vrai mais
en contradiction avec la première par-
tie. Surtout, ils répèleront que l'histoire
de la Turquie, telle qu'on nous l'ensei-
gne, est un mensonge d'un bout à l'au-
tre ; que jamais les Turcs n'ont obéi au
fanatisme religieux, ni levé le croissant
contre la. croix ; qu'ils ont, de tout
temps, pratiqué la tolérance, et que là-
dessus ils s'en rapportent à Lamartine,
dont le •« Voyage en Orient » acquiert du
coup la valeur d'un document. de pre-
mier ordre, que ce sont les sujets chré-
tiens turcs qui ont intrigué contre la
Turquie avec les puissances étrangères
et que la Turquie a bel et bien été mise
dans l'obligation de se défendre.Ce plai-
doyer ne manque pas d'habileté ! Si
nous sommes intervenus dans la grande
guerre, ajoutent les Turcs, c'est que
nous étions les premiers menacés de
mort ; nous y avons joué le plus grand
rôle grâce à la défense des Dardanel-
les, et nous y avons gagné non seule-
ment de vivre mais de liquider l'Em-
pire. Aujourd'hui, nous venons vous
présenter, à vous, Européens, nos let-
tres dr créance ; il vous faut prononcer
le diffnus es intrarc.
Ce n'est, pas là le langage d'un chel
de parti, ni de quelques groupements
politiques avancés. Je n'en veux' pour
preuve que le grand discours prononcé
officiellement par le ministre de l'Ins-
truction Publique à Constantinople, il
y a deux mois environ. llamdullah Sou-
bhi était venu étudier la question des
réformes que réclamait l'Université ;
dans l'ancienne capitale il a jugé bon
de réunir les professeurs et de leur ex-
poser les tendances générales de la. Tur-
quie moderne.
La guerre, a-t-il déclaré, a eu pour ré-
sultat de ruiner ou d'éhranler profon-
dément les empires : l'Allemagne, l'Au-
triche, la Russie, la Chine ont assisté à
la chute des pouvoirs monarchiques ;
l'Italie et l'Espagne ont vu se dresser,
en face du trône, le pouvoir de la dic-
tature. L'Asie est sortie définitivement
de sa torpeur séculaire ; l'Indoustan,
l'Afghanistan, la Perse s'agitent et se
mettent en marche ; l'Egypte lève le
front. « Le monde a de nouveau abattu
ses tentes et a, repris la route ». Ce mot
d'un savant, anglais est d'une vérité ah-
solue. La. Turquie se trouve donc, elle
aussi, par la force des choses, en pré-
sence d'une mission nouvelle : officiers,
d'une part, professeurs, de l'autre, doi-
vent s'unir pour la mener à bonne fin.
Quelle est cette mission ? (C'est ici
la partie la plus importante du dis-
cours, et je cite textuellement). « La
Turquie d'aujourd'hui est le champion
de la civilisation occidentale en
Orient ». On retrouve les idées que j'x-
posais plus haut. Quelle erreur histori-
que de prétendre que la Turquie était
le champion de la civilisation orientale
en Occident ! C'est exactement le con-
traire qu'il faut dire, qu'il faut écrire,
qu'il faut penser, qu'il faut. faire penser
aux peuples d'Europe. On leur démon-
trera que, si la Turquie a fait la guerre,
c'est « pour défendre contre l'Occident
les principes de l'Occident lui-même. »
L'Occident avait perdu ses titres, la
Turquie les lui a rapportés. « Les Euro-
péens ont été vaincus, et le vainqueur,
c'est la civilisation européenne ». ln hoc
signo vinces, les Turcs ont remporté la
victoire sous la bannière des principes
de notre grande Révolution. « Si nous
avions été vaincus, déclarait encore le
ministre de l'Instruction Publique, c'est
l'Asie et la barbarie asiatique qui au-
raient gagné la partie, parce que notre
défaite aurait assuré le triomphe de la
réaction ». La réaction n'a pas désarmé.
C'est elle qui, en collaboration avec les
puissances étrangères, a lancé contre
la république tous ces ennemis qui sont
venus échouer lamentablement, et qui a
fait inutilement couler le sang des
Turcs et celui de leurs adversaires. A
présent, la cause est entendue. La Tur-
quie sait qu'elle doit chercher sa force
dans la réalisation des idées des démo-
craties occidentales : « La Turquie est
forte par les institutions qu'elle a em-
pruntées à l'Occident, telles que ses éco-
les, ses cadres d'officiers, les principes
de son Gouvernement. La Turquie est
faible à cause des institutions qu'elle
n'a pu encore emprunter au même Oc-
cident ou qu'elle n'a pu assimiler ».
Et ce que ne pouvait pas, ce que
n'osait pas ajouter le ministre de l'Ins-
truction Publique, les journaux turcs
qui corn mentaient ces paroles n'ont pas
manqué de l'ajouter pour lui. De l'as-
servissement de l'Asie et de l'Afrique
aux nations d'Europe, lisait-on dans
certains d'entre eux, a jailli cette con-
séquence : l'Orient a tenté de mettre à
profit les avantages de la vieille civili-
sation des peuples colonisateurs. A ce
moment, les Occidentaux ont mis le holà
en prétendant que ce n'était pas nour-
riture pour des estomacs d'Orientaux.
Ainsi un ambassadeur russe faisait en-
tendre des récriminations lorsque a pa-
ru tè premier journal de Smyrne, jour-
nal français qui s'appelait le Spectateur
d'Orient, l'Angleterre elle-même est
'H'j'usée de n'avoir aid3 les progrès des
Turcs qu'en apparence ; on lui repro-
che de n'avoir été guidée que par la
que par li,
pensée de faire pièce à l'Union Sovié-
tique et. d'avoir favorisé la « grande idée
grecque » pour laquelle les Hellènes et
les Grecs de Turquie ont inutilement
amoncelé les morts. Et cela, « dans l'es-
poir de rejeter les Turcs dans la bar-
barie asiatique ». Barbarie asiatique,
ennemis extérieurs, réaction, tout cela
se tient. Civilisation européenne, répu-
blique, voilà les deux faces de la mé-
daille.
Il y aurait beaucoup à dire, évidem-
ment. Mais il y a surtout à réflécjiir :
Un des passages les plus souvent ci-
hs des discours d'Hamdullah Soulhi est
celui où il rappelle à ses auditeurs les
paroles de Moustafa Kemal Pacha : - ̃« Il
y a deux Moustafa Kemal. L'un, celui
qui est assis devant vous, un Moustafa
Kemal en chair et en os, périssable. 11
y en a un autre. Celui-là je ne puis
l'appeler « moi ». - Ce n'est pas moi,
c'est vous qu'il personnifie, vous tous
ici présents, qui allez dans tous les
coins du pays pour porter et défendre
un nouvel idéal, une nouvelle pensée.
Je représente leur rêve. Tout ce que
j'entreprends, c'est pour réaliser leurs
aspirations. »
Ce nouvel idéal, cette nouvelle pen-
sée, nous avons vu quels ils étaient.
Le rêve de la Turquie nouvelle, c'est
de se jeter si résolument loin de la
« lxirbarie asiatique », que les Turcs
soient considérés par les Occidentaux
comme un peuple européen, et, dans
leur ardeur à le réaliser,' il ne faut pas
s'étonner que les Turcs s'irritent con-
tre l'histoire, et qu'ils l'accusent, non
sans quelque parti pris, de mensonge
permanent et de grossière erreur.
Mario Rouet an,
Sénateur de VHérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
N. HERRIOT ET LE MAROC
1
Au cours de la séance du Conseil géné-
ral du Rhône, M. Edouard Herriot, ancien
président du Conseil, a tenu à apporter sur
les origines du conflit marocain, son té-
moignage personnel, celui d'un homme pas-
sionnément attaché à la cause de la paix.
M ne s'agit pas de vouloir la paix pour la
réaliser, a-t-il ajoutÓ.
Vous parlez encore de l'indépendance du Rif.
11 faut hicn faire attention; nous nous trouvons
en face d'un statut international arrété à Maési.
ras. De son abrogation ou de son maintien dé-
pend la guerre ou la poix. Des puissances dit-
tendent dans l'ombre un geste ne-notre part.
Remettre en cause cet aole d'Algésiras, c'est,
pour évioor, sans succès d'ailleurs, les difficul-
tés actuelles, risquer un immense conflit inter-
national qu'il convient de localiser. Dénoncer
cet acte, serait déclencher un danger encore
plus grand : ce serait déclepcher des compéti-
tions internationales dont la guerre sortirait à
peu près sûrement.
LIS irciivis le nos calanles
Dans toute étude d'histoire,
toute affirmation doit pouvoir se
justifier, se contrôler, en fin de
compte, s'appuyer sur une référence d'arcm.
ves.
Il est donc de la Plus haute importance,
afin de fournir à Vhistoire de nos Colonies
une documentation précise, d'entourer de tous
les soins possibles les archives déposées aux
Colonies dans les cercles ou résidences.
Il existe dans la plupart de nos possessions
tropicales et équatoriales des ennemis ter-
ribles pour nos archives. Ce sont les termi-
tes. Ces vers rongeurs, vulgairement appelés
fourmis blanches, se livrent à l'égard des
pièces manuscrites ou imprimées à une véri-
table guerre en dentelle.
Les archives d'un poste sont d'autant plus
précieuses qu'elles n'intéressent pas seule-
ment les historiens, mais aussi et surtout
ceux qui, à un titre quelconque, s'occupent
de l'administration coloniale du territoire.
Il n'existe pas en effet de meilleur moyen de
se mettre au courant des affaires d'une ré-
gion que d'en lire tout d'abord la correspon-
dancey et le journal du poste, s'il a été bien
tenu. constitue pour le fonctionnaire la meil-
leure documentation.
Or, on éprouve souvent une cruelle décep-
tion en constatant que des dossiers quelque-
fois bien classés, tenus à jour, tombent en
poussière au moindre contact :
les archivistes des gouvernements de nos
Colonies eux-mêmes sont souvent embarrassés
quand on poursuit des recherches historiques
dans leurs bibliothèques.
Un ami colonial me confiait récemment
son désappointement de n'avoir pu retrouver
trace des travaux ou entreprises des Anglais
pendant leur occupation de nos comptoirs de
la Cote Occidentale d'Afrique. Leur oeuvre
colonisatrice n'a laissé que peu de traces,
mais il eût été intéressant de connaître les
conditions de leur séjour au Sénégal dont les
seuls vestiges consistent encore dans les con-
sonnances britanniques des noms de certains
mulâtres. Ce même ami me parlait de ses re-
cherches à la Côte-d'Ivoire, dans les archives
de certains postes, pour retrouver la trace
d'un séjour que le général Faidherbe fit en
1853 sur la rive septentrionale de la Lagune
Ebriè, où il était arrivé par Jacqueville
(Great Jack), le plus ancien port de la colo.
nie.
Le développement de l'activité française
dans nos possessions coloniales nous fait un
devoir de sauver ce qui reste de nos archives
officielles. C'est une question qui doit rete-
nir l'attention du ministre des Colonies. Il
lui suffira de prescrire aux Gouverneurs de
prévoir dans leur budget les sommes néces-
saires à cet effet pour installer les documents
dans des armoires métalliques. L'étude du
passé permet et permettra de fixer exacte-
ment l'œuvre civilisatrice exercée par la
France à travers son vaste domaine colonial.
Charles Debierre,
Sénateur, Membre de la Commission
des Finances et des Al/aires étran-
gères.
Mort d'un ami de la France
-0-0---
S. E. Than Tronq Hue, Ministre de la
Guerre et de l'Instruction publique de la
Cour d'Annam à lIué, vient de mourir.
C'était un grand francophile qui ai ait
fait ses études en France.
Avant d'être à la Cour d'Annam, S. E.
Than Trong Hue avait rempli pendant plu-
sieurs années les fonctions de conseiller llU-
près de la Cour d'appel de lItlnoï.
(Par dépêche).
Le Ministère des Colonies
et l'Exposition Nationale du Travail
--0-0---
M. AnAé Hesse, ministre des Colonies, ne
voulant pas que les Colonies restent étrangères
au mouvement récent et si intéressant qui s'est
manifesté dans la Métropole en faveur de
l'Exposition Nationale du Travail, a décidé
qu'il enverrait à la prochaine exposition qui se
tiendra à Paris, fin 1926, un choix Ses oeuvres
de leurs meilleurs ouvriers et artisans.
S. E. El Mokri en France
S. E. El Mokri, grand vizir du sultan du
Maroc, qui se repose actuellement à Nice,
au retour d'une cure à Vichy, a déclaré
que l'on avait appris avec satisfaction au
Maroc le résultat des entretiens du maré-
chal Lyautey avec le Gouvernement. Le
ministre chérifien des Affaires Etrangères
a rendu hommage au (prestige du résident
général parmi les Marocains et il a pleine
confiance dans le succès de nos troupes qui
combattent pour le maintien de l'intégralité
de l'Empire chérifien sous la protection
des puissances protectricco.
A Tanger
--0-0--
Les contre-torpilleurs espagnols « Bus-
tamante » et « Cadarso » sont-arrivés d'Al-
gésiras pour relever le « Laya » et le « Bo-
nifaz ».
La rade de Tanger est toujours garnie
d'avisos français et de destroyers espa-
gnols en surveillance constante.
Lts rapprt: Iruci-jtpiuii
Notre éminent collaiborateur Fdouard
Néron, sénateur et membre de la Commis-
sion des douanes, évoquait ces rapports
dans son article de mardi.
Hier matin, M. Ader, ingénieur en chef
des Ponts et Chaussées, chef de la mission
économique française, retour du Japon,
rendait compte des résultats obtenus au
cours de ce voyage d'études à l'Office Na-
tional du Commerce Extérieur.
Eu dehors des représentants de la presse,
assistaient à cette réunion : MM. de Tarde,
directeur de l'Office ; d'ivry, secrétaire de
la direction ; Jordan, chef de la section de
l'Extrême-Orient à l'Office secrétaire géné-
ral de la mission française.
Cette mission était composée de délégués
français appartenant aux industries fran-
çaises de la métallurgie, de la mécanique,
de l'électricité. de l'automobile, de l'aéro-
nautique, des produits chimiques et des tex-
tiles.
Partout des réceptions enthousiastes tt
brillantes furent réservées à nos compa-
triotes et M. Ader fut reçu, avec le corps
diplomatique par le prince régent et l'impé-
ratrice.
Le travail de la mission fut facilité aussi
par M. Hoyer, attaché commercial de
France à Tokio.
Ajoutons qu'avant de se rendre à Tokio
M. Ader s'était arrêté à Saïgon et avait
rendu visite à M. Martial Merlin, Gouver-
neur général de l'Indochine à HanoT.
M. Merlin avait parcouru le Japon six
mois avant et recevait précisément à ce
moment en Indochine la mission du prince
Yngamata.
Le Gouverneur général de l'Indochine put
fournir de très utiles renseignements a
M. Ader sur les desiderata de J'industrie el
du commerce japonais.
La mission arrivée en avril au JapoTi en
est repartie en juillet et a visité tous les
grands centres du pays.
La situution économique de l'empire du
Soleil Levant se ressent encpre du contre-
coup terrible. survenu A la suite du trem-
blement de terre de septembre 1923, qui fit
196.893 victimes et causa pour 5.500 mil-
lions de yen de dégéts matériels.
Après une période de très grande activité
causée par ia reconstruction des ruines
dues nu cataclysme, période au cours de
laquelle le gouvernement japonais leva les
droits de douane et encouragea les avances
des banques, celui-ci dut revenir sur sa dé-
cision et frapper notamment d'un droit
d'entrée de 100 les articles de luxe. Il
fallut l'intervention de MM. Claudel f.t
Royer pour que certains de nos produits,
les vins et les automobiles, ne subissent
pas ces mesures prohibitives.
le commerce extérieur japonais en 1923
indique aux importations 1.982 millions de
yen et aux exportations 1.447 millions ; en
1924, les importations s'élevèrent à 2.453
millions de yen contre 1.807 millions pour
les exportations. Dans ces résultats, la
part de la France a été la suivante : pour
1923, importations, 22 millions ; exporta-
tiou, 25 millions ; pour 1924, importations,
tions, millions ; exportations, 85 millions. On
32
note l'accroissement très important de nos
exportations durant l'année passée, par
suite des besoins de la reconstitution du
Japon.
La mission s'est employée fort utilement
à développer les achats et les commandes
du Japon en France. Les résultats obtenus
font le plus grand honneur à M. Ader et it
ses collaborateurs.
Au point de vue colonial, il y a lieu de
tenir compte de ces résultats qui pourront.
peser dans les négociations qui vont être
engagées A Paris, par le Ministère des Af-
faires Etrangères au sujet du tarif doua-
nier applicable aux exportations japonaises
en Indochine.
Une mission sanitaire
[de la Société des Nations
en Afrique Centrale
0-0
A la suite de la Conférence Internationale
qui s'est tenue à Londres en juillet dernier,
la Société des Nations a décidé l'envoi en
Afrique Centrale d'une mission scientiti-
que chargée d'étudier quelques points rela-
tifs a la transmission de la trypanosomiase
que les laboratoires ordinaires de recher-
ches ne peuvent pas, faute d'outillage, con-
venablement élucider.
Cette mission est d'un intérêt incontesta-
ble et tous les pays décimés par la maladie
du sommeil en tireront le plus grand pro-
fit. A l'instigation de M. Kndré Hesse, minis-
tre des Colonies, il a été décidé que cette
mission s'installerait en territoire anglais
dans l'Ouganda, où le Gouvernement britan-
nique lui a ouvert le laboratoire d'Entébé.
L'Afrique Equatoriale, après entente avec
le Cameroun a accordé à cette mission une
subvention de 50.000 francs ; un savant
français du Laboratoire du professeur
Brumpt y sera, en outre, détaché pour pren-
dre part aux travaux.
La mission, ainsi comprise, ne peut qu'ai-
der les efforts de nos vaillants médecins
coloniaux et ne doit gêner en rien l'Institut
Pasteur de Brazzaville qui a un service ex-
trêmement chargé et qui poursuit en ce mo-
ment une série de recherches du plus Uaur
intérêt sur les résultats du fameux SMfi
Bayer et du nouveau médicament, le trypar-
samide que l'Institut Hockefeller a très gé-
néreusement mis a sa disposition.
Les relations Algérie Indochine
On étudie en ce moment au Gouvernement
Général la création d'un service maritime 3e
cargos entre Alger et Saigon.
Cette ligne faciliterait le courant d'échanges
jusqu'ici très restreint, entre 1 Afrique du Nord
et nos possessions asiatiques.
Les œuvres de médecine sociale à Tahiti
Le mouvement démographique de Tahiti
s'est manifesté pendant l'année 1924 d'une
façon nettement favorable. A Papeete, chef-
lieu de la colonie (4.000 habitants), 237 nais-
sances ont eu lieu contre 119 décès, et dans
les districts de Tahiti et Mooréa (9.000 ha-
bitants) il a été enregistré 409 naissances et
194 décès. Peu de pays offrent une situa-
tion aussi satisfaisante. Mais il y a lieu
d'espéier encore mieux, car un programme
de réformes, dont le ministre des Colonies
a posé les bases, est en voie d'exécution
et va permettre d'intensifier la lutte contre
les diverses maladies sociales, qui contri-
buent à appauvrir la race.
De nouveaux postes médicaux ont été ins-
tallés et plusieurs infirmeries édifiées dans
les lies. Un corps d'infirmiers indigènes a
été créé pour la surveillance et la vulga-
risation des mesures d'hygiène. Quant aux
médicaments et objets de pansement, l'Ad-
ministration s'est préoccupée tout particu-
lièrement, en raison de l'éloignement de
cette colonie et des ressources relativement
faibles du commerce local en produits phar-
maceutiques, de donner entière satisfac-
tion aux demandes du service médical et
les expéditions sont régulièrement faites
dans le plus court délai possible.
Nos œuvres d'assistance de Papeete, di-
rigées par le docteur Sasportas, ont reçu,
sur l'initiative du chef du Service de Santé
de la colonie, une active impulsion dans le
courant de l'année.
Le dispensaire antivénérien, ouveirt le
1er octobre 1923, est fréquenté par de nom-
breux malades et les résultats qui ont été
rapidement obtenus, sont fort appréciés par
sa clientèle. Pendant l'année, 4,148 consul-
tations y ont été données et 1.587 injections
spécifiques pratiquées. Un second dispen-
saire est prevu à Taravac pour les districts
de la côte ouest de l'île.
La situation des lépreux a été notable-
ment améliorée. Ceux d'entre eux qui pré-
sentent des lésions ouvertes sont isolés
au village de ségrégation d'Orofava, où ils
sont soignés par trois infirmières, sous la
direction du docteur Sasportas. Les lépreux
à lésions fermées non contagieuses sont
laissés en liberté, mais placés sous la sur-
veillance médicale et reçoivent un traite-
ment ambulant au dispensaire.
Une Maternité est en projet et sera or-
ganisée l'an prochain sur un terrain déjà
choisi. Le service de puériculture aura une
section prénatale, où les femmes enceintes
recevront les conseils et les soins nécessai-
res, en particulier ceux concernant la
syphilis. et une section postnatale à la-
quelle les mères seront sollicitées d'amener
- régulièrement les enfants.
Les dames de la colonie vont se consti-
tuer en groupement pour secourir les nou-
venu-nés et créer des Gouttes de lait au
chef-lieu et dans les divers centres des ar-
chipeJ.
L'Education physique scolaire et, .posf-
Scn/aire n'est pas non plus négligée. I 1
création de cours spéciaux est actuellement
à J'étude et un crédit sera inscrit au pro-
chain budget pour cette nouvelle institu-
tion.
L'intensification de ces mesures sanitai-
res sera mahodiquemcnt. poursuivie, sui-
vant le développement des possibilités fi-
nancières de la colonie.
-le.
PARIS-JUNGLE
00
Les passagers de VAsie ont été conduits à
leurs logements du Muséum. L'on va sous peu
les rencontrer partout.
Et ailleurs, ajouterais-je (songeant à une abs-
tinence jusqu'ici réservée aux capitaines au
long-cours). si je ne s?vais ces braves animaux
tout jeunets.
Vous ne voudriez tout de même pas que
Guessé, l'éléphant presque blanc qui tette en-
core, soit déjà en proie aux aiguillons de la
chair !
Ses compagnons ne sont pas moins fleuris
d'innocence. Il suffit à Julien, le lion, de se
sentir souple, fort et bien balancé. Le Chim-
panzé et le babouin connaissent, de naissance,
des petits jeux sans conséquence. Séraphine,
l'hippopotame, a une bouche qui appelle le
baiser, mais pour plus tard. Les mangoustes,
vengeurs de notre mère Eve, font des plans de
campagne à l' encontre du premier reptile qui
tombera sous le rayon de leurs yeux vifs. Les
buffles sont encore émerveillés, mais non trou-
blés d'avoir vu, du train, passer des vaches.
L'antilope est toute virginité. L'ornyctérope,
ah 1 1 ornyctérope n est pas joli, joli. Orné, à
un bout, d'une queue de kangourou, à l' autre
d'une langue filiforme, il est, avec cela, cour-
taud, lourdaud, pataud, fichu comme un cochon
bossu. Il s'en console, à dire d'experts, en
ayant, comme beaucoup de déshérités, une na-
ture tendre et reconnaissante d' un rien. Quant
aux marabouts, forcément frais émoutus, à leur
âge, du séminaire musulman qui leur octroya ce
nom, ils ne cessent de chercher la direction de
la Mecque, ce qui doit rassurer sur leur mora-
lité.
Il y a bien les grues « couronn é es n. Seule-
ment, pour elles, c'est l'inverse. La vertu est
toujours récompensée, mais il faut le temps.
Ces volatiles n'ont pu trouver un destin royal
ou'après de longs services, et elles ont sans
doute l'âge canonique.
En définitive, le lieutenant Girard qui, bien
qu'il ait « -- passé la - main », doit se sentir en-
core un peu responsable de toute cette laune
déracinée, le courageux et sympathique lieute-
nant Girard n'a à craindre pour elle que des
escapades de gamins. 1
Attention*, cependant ! Ces gamins grandi-
ront. encore qu'ils ne puissent provenir d'une
colonie espagnole.
R. de Larcmiguière
Félix Roussel
018
Je regrette que les exigences d'une cure ne
m'aient pas permis d'accompagner hier à m
dernière demeure M. Félix Roussel, président
du Conseil d'acbninistration des Messageriee
Maritimes. La nouvelle de sa mort inattendue
a dû surprendre tous ses amis. On savait sa
santé fragile, on n'avait pas oublié les assauts
terribles qu'elle avait jadis subis. Mais il sa-
vait se ménager, et personne ne s attendait à un
si brusque dénouement.
Félix Roussel, après avoir occupé une place
importante au Pétais et avoir représenté peu.
dant 12 ans le quartier de la Monnaie au Con-
seil municipal de Paris et au Conseil général
d^ la Seine, qu'il présida avec autorité et com-
pétence, avait quitté l'Hôtel de Ville et le
Barreau pour se consacrer excl usivement aux
Messageries Maritimes dont il avait recueilli la
présidence après la démission de M. Amfcé
Lebon.
D'une rare intelligence, d'une indulgente
expérience et d'un talent de parole peu com-
mun, sachant débrouiller rapidement une af-
faire, il avait, au cours de ses seize ans de pré-
sidence, conquis une grande autorité dans le
monde si fermé des armateurs, où tous appré-
ciaient la sûreté de ses jugements et l'aménité
de ses rapports.
C'est une perte pour les Messageries l'vlari
times. et nous prions ses collaborateurs de trou-
ver ici l' expression de notre sympathie et de
nos regrets émus.
M. R.
*
* *
M. Félix Huusscl, président des conseils
d'administration des Messageries Mariti-
mes, ancien président du Conseil général
de la Seine et du Conseil municipal de
Paris était né à Dugnulet (S-me;, le 4 avril
18Û6.
Après du fortes études, devenu entre
temps caipilaine d'artillerie de réserve, il
avait embrassé la profession d'avocat -de
et
s'était fait inscrire a la Cour d'appel de
Paris. 11 plaida dans certains procès impor-
tunts, notamment dans le procès Zola, con-
tants, à l'affaire Dreyfus, et dans l'allaire
nexe
de Panama. Il lut l'un des fondateurs de la
Revue politique et parlementaire qui traite
spécialement de questions intéressant le
Droit public et le travail législatif.
Eu 1900, il entra dans la vie publique.
Elu conseiller municipal de Paris, il re-
présenta jusqu'en 1912 le quartier de la
Monnaie et fut successivement rapporteur
du iperàonnel, présulont de la première
commission, président du Conseil général
(1907-100) et président du Conseil munici-
pal (1911-1912).
A l'ilutcl de Ville, sa cuillère fut iiiar-
quee pruieipaleaneiit par la part pre-poiidô-
runte qu'il prit à l'cLudù du ueux questions
fort importantes, lin colluburuiiun. avec
rêiiunent ingénieur, -M. biejivenue, aujour-
d'hui inspecteur général des l'unta el
Cliausiiees, directeur des services teclmi-
ques du Métropolitain el du port de Ptuia,
resté, dupuiïj, l'un du ses unns intimes, il
u.\<.uL très activement ctudie le projet d'eta-
hlisseniunt du Métropolitain et avait gran-
dement contribué à sa réalisation. Il avait
également suivi, dès le début, la grosse af-
faire de la fourniture de l'electricite a la
Ville de l'a!1 par l'utilisation de l'ëllcrgie
du Hliùne, aux environs de liellegarde.
Comme on le sait, l'abuutisseanent de ce
vaste projet est eri bonne voie.
M. ltoussel, en qualité de conseiller mu-
nicipal, était allé en Amérique etudier di-
verses questions intéressant la Ville de
Pans. Puis, comme président du Conseil
municipal, il s'était îmidu, eu lévrier 1912,
à Moscou, et à Saint-Péters.bourg et, peu
apirès, à Llelgrade, à :::'u\iü. et à Bucarest,
à la tête de missions d'études. Toujours
comme .président du Conseil municipal, il
reçut aussi, à l'llùlel de Ville, la visite of-
ficielle du roi Pierre Pr de Serbie.
Dans ces fonctions délicates, il fit mon-
tre, pour le plus grand bien des intérêts
dont il avait la charge, el, partant, de
ceux du pays, de la plus haute autorité
jointe à imc véritable diplomatie. 11 lui fut
ainsi donné de développer parfaitement ses
grandes qualités de tact, de linesse et d'in-
telligence avertie.
Plus tard, tournant plus particulièrement
son activité vers les ail'aires d'ordre illdus-
triel el commercial, M. l'elix Honsset ap-
porta à divers conseils d'administration le
concours de son expérience, de son juge-
ment sûr et de son parfait non sens, servi
par une pénétration remarquable.
FnLré, en loi;!, au Conseil d'adauinislra-
tio.n des Messageries la.rili,ml', dont il
devint président en Wit, il eut la redouta-
ble charge de faire traverser à cette Com-
pagnie les heures si pénibles du début de
la guerre. Pendant toute la durée des hos-
tilités, il mit, avec l'ardeur de sa foi pa-
triotique, toute l'organisation des Message-
ries Maritimes au service du pays, mais
sans cesser de se préoccuper, au point de
vue des intérêts qui Initiaient, confiés, des
possibilités de développement et d'activité
(Ille réservait l'après-guerre, t'ii s ut que
les espoirs nés de la victoire Tic furent
complètement réalisés dans aucun do-
maine.
Nous signalerons cependant, sans pré-
tendre pouvoir indiquer ici autre chose que
l'essentiel, que c'est sous sa (présidence
qu'une convention passée avec l'Ftat a, en-
fin, établi, sur des bases rationnelles, l'ex-
ploitation des services maritimes postaux
d'intérêt, général. La Ilolite de la Société
des Services Contractuels, chargée de ces
services, a été rénovée et complétée par
l'adjonction de nouveaux et. beaux paque-
bots. La Hotte des navires de charge oea
Messageries Maritimes n. elle aussi, été
complètement réorganisée. M. Félix Rous-
sel aura ainsi laissé, en mourant, ces deux
Sociétés .puissamment outillées et à même
0
Les Annales Coloniales
-.. d d - 'aid 4 c 4
10 JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS FAB "LES AMMALU COLONIAL!*" IGIII LA KOPRlM
EXCLUSIVE DU JOUKKAL
LmAnn»nce»«lRiclwmnMntiHmm*mxBvttmuémJiwntai4témmlimé4tmtmà*PMklH
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Européens ou Asiatiques
0
« A force de déformer la vérité histori-
que, on a llni par faire croire que les
Turcs sont un peuple asiatique. Non,
nous ne l'acceptons pas. La république
que nous avons proclamée dans un ef-
fort enthousiaste et d'après les idées les
plus modernes, est fondée sur les prin-
cipes les plus élevés. Nous ne sommes
pas asiatiques dans le sens que donnent
4 ce mot les Européens. Nous apparte-
nons désormais, nous les Turcs et la
Turquie, au concert européen. C'est
.une vérité que nous crierons de toutes
nos forces jusqu'au jour où nous réus-
sirons à rectifier cette erreur de l'his-
toire 1 »
Cette protestation éloquente se trouve
dans le manifeste du Journal français
qui a paru à Gonstantincple, dès le 6
juillet dernier. Il porte ce titre : La Ré-
publique. Le directeur Younous Nadi le
fait paraître parallèlement au Djura-
houriyct (mot qui signifie aussi : Répu-
blique). La protestation mérite d'être
iignalée.Nous ne sommes pas un peuple
d'Asie, mais d'Europe ; la preuve, c'est
que nous avons créé une république, en
application des idées généreuses de la
toivilisatioii occidentale. Nous ne nous
laisserons pas rejeter parmi les peuples
asiatiqucs ; nous réclamons notre place
dans le concert européen : désormais
elle y est marquée. Voilà ce que nous
(Siserlt les Turcs, en nfflrmant. qu'ils
narlenl an nom de la vérité historique.
Ne vous avisez pas d'ailleurs d'oppo-
jer le présent au passé, et de faire un
jort au mot « désormais » ; ne répli-
quez pas que la civilisation musulmane
j'est, au cours des siècles, dressée en
bataille contre la civilisation du reste de
l'Europe. Ils risposteront qu' « il n'exis-
te pas de civilisation de telle ou telle
religion », ce qui est au moins contesta-
ble,- et que « la religion est un facteur
de conservation et non de civilisation a,
ce qui est sans doute plus vrai mais
en contradiction avec la première par-
tie. Surtout, ils répèleront que l'histoire
de la Turquie, telle qu'on nous l'ensei-
gne, est un mensonge d'un bout à l'au-
tre ; que jamais les Turcs n'ont obéi au
fanatisme religieux, ni levé le croissant
contre la. croix ; qu'ils ont, de tout
temps, pratiqué la tolérance, et que là-
dessus ils s'en rapportent à Lamartine,
dont le •« Voyage en Orient » acquiert du
coup la valeur d'un document. de pre-
mier ordre, que ce sont les sujets chré-
tiens turcs qui ont intrigué contre la
Turquie avec les puissances étrangères
et que la Turquie a bel et bien été mise
dans l'obligation de se défendre.Ce plai-
doyer ne manque pas d'habileté ! Si
nous sommes intervenus dans la grande
guerre, ajoutent les Turcs, c'est que
nous étions les premiers menacés de
mort ; nous y avons joué le plus grand
rôle grâce à la défense des Dardanel-
les, et nous y avons gagné non seule-
ment de vivre mais de liquider l'Em-
pire. Aujourd'hui, nous venons vous
présenter, à vous, Européens, nos let-
tres dr créance ; il vous faut prononcer
le diffnus es intrarc.
Ce n'est, pas là le langage d'un chel
de parti, ni de quelques groupements
politiques avancés. Je n'en veux' pour
preuve que le grand discours prononcé
officiellement par le ministre de l'Ins-
truction Publique à Constantinople, il
y a deux mois environ. llamdullah Sou-
bhi était venu étudier la question des
réformes que réclamait l'Université ;
dans l'ancienne capitale il a jugé bon
de réunir les professeurs et de leur ex-
poser les tendances générales de la. Tur-
quie moderne.
La guerre, a-t-il déclaré, a eu pour ré-
sultat de ruiner ou d'éhranler profon-
dément les empires : l'Allemagne, l'Au-
triche, la Russie, la Chine ont assisté à
la chute des pouvoirs monarchiques ;
l'Italie et l'Espagne ont vu se dresser,
en face du trône, le pouvoir de la dic-
tature. L'Asie est sortie définitivement
de sa torpeur séculaire ; l'Indoustan,
l'Afghanistan, la Perse s'agitent et se
mettent en marche ; l'Egypte lève le
front. « Le monde a de nouveau abattu
ses tentes et a, repris la route ». Ce mot
d'un savant, anglais est d'une vérité ah-
solue. La. Turquie se trouve donc, elle
aussi, par la force des choses, en pré-
sence d'une mission nouvelle : officiers,
d'une part, professeurs, de l'autre, doi-
vent s'unir pour la mener à bonne fin.
Quelle est cette mission ? (C'est ici
la partie la plus importante du dis-
cours, et je cite textuellement). « La
Turquie d'aujourd'hui est le champion
de la civilisation occidentale en
Orient ». On retrouve les idées que j'x-
posais plus haut. Quelle erreur histori-
que de prétendre que la Turquie était
le champion de la civilisation orientale
en Occident ! C'est exactement le con-
traire qu'il faut dire, qu'il faut écrire,
qu'il faut penser, qu'il faut. faire penser
aux peuples d'Europe. On leur démon-
trera que, si la Turquie a fait la guerre,
c'est « pour défendre contre l'Occident
les principes de l'Occident lui-même. »
L'Occident avait perdu ses titres, la
Turquie les lui a rapportés. « Les Euro-
péens ont été vaincus, et le vainqueur,
c'est la civilisation européenne ». ln hoc
signo vinces, les Turcs ont remporté la
victoire sous la bannière des principes
de notre grande Révolution. « Si nous
avions été vaincus, déclarait encore le
ministre de l'Instruction Publique, c'est
l'Asie et la barbarie asiatique qui au-
raient gagné la partie, parce que notre
défaite aurait assuré le triomphe de la
réaction ». La réaction n'a pas désarmé.
C'est elle qui, en collaboration avec les
puissances étrangères, a lancé contre
la république tous ces ennemis qui sont
venus échouer lamentablement, et qui a
fait inutilement couler le sang des
Turcs et celui de leurs adversaires. A
présent, la cause est entendue. La Tur-
quie sait qu'elle doit chercher sa force
dans la réalisation des idées des démo-
craties occidentales : « La Turquie est
forte par les institutions qu'elle a em-
pruntées à l'Occident, telles que ses éco-
les, ses cadres d'officiers, les principes
de son Gouvernement. La Turquie est
faible à cause des institutions qu'elle
n'a pu encore emprunter au même Oc-
cident ou qu'elle n'a pu assimiler ».
Et ce que ne pouvait pas, ce que
n'osait pas ajouter le ministre de l'Ins-
truction Publique, les journaux turcs
qui corn mentaient ces paroles n'ont pas
manqué de l'ajouter pour lui. De l'as-
servissement de l'Asie et de l'Afrique
aux nations d'Europe, lisait-on dans
certains d'entre eux, a jailli cette con-
séquence : l'Orient a tenté de mettre à
profit les avantages de la vieille civili-
sation des peuples colonisateurs. A ce
moment, les Occidentaux ont mis le holà
en prétendant que ce n'était pas nour-
riture pour des estomacs d'Orientaux.
Ainsi un ambassadeur russe faisait en-
tendre des récriminations lorsque a pa-
ru tè premier journal de Smyrne, jour-
nal français qui s'appelait le Spectateur
d'Orient, l'Angleterre elle-même est
'H'j'usée de n'avoir aid3 les progrès des
Turcs qu'en apparence ; on lui repro-
che de n'avoir été guidée que par la
que par li,
pensée de faire pièce à l'Union Sovié-
tique et. d'avoir favorisé la « grande idée
grecque » pour laquelle les Hellènes et
les Grecs de Turquie ont inutilement
amoncelé les morts. Et cela, « dans l'es-
poir de rejeter les Turcs dans la bar-
barie asiatique ». Barbarie asiatique,
ennemis extérieurs, réaction, tout cela
se tient. Civilisation européenne, répu-
blique, voilà les deux faces de la mé-
daille.
Il y aurait beaucoup à dire, évidem-
ment. Mais il y a surtout à réflécjiir :
Un des passages les plus souvent ci-
hs des discours d'Hamdullah Soulhi est
celui où il rappelle à ses auditeurs les
paroles de Moustafa Kemal Pacha : - ̃« Il
y a deux Moustafa Kemal. L'un, celui
qui est assis devant vous, un Moustafa
Kemal en chair et en os, périssable. 11
y en a un autre. Celui-là je ne puis
l'appeler « moi ». - Ce n'est pas moi,
c'est vous qu'il personnifie, vous tous
ici présents, qui allez dans tous les
coins du pays pour porter et défendre
un nouvel idéal, une nouvelle pensée.
Je représente leur rêve. Tout ce que
j'entreprends, c'est pour réaliser leurs
aspirations. »
Ce nouvel idéal, cette nouvelle pen-
sée, nous avons vu quels ils étaient.
Le rêve de la Turquie nouvelle, c'est
de se jeter si résolument loin de la
« lxirbarie asiatique », que les Turcs
soient considérés par les Occidentaux
comme un peuple européen, et, dans
leur ardeur à le réaliser,' il ne faut pas
s'étonner que les Turcs s'irritent con-
tre l'histoire, et qu'ils l'accusent, non
sans quelque parti pris, de mensonge
permanent et de grossière erreur.
Mario Rouet an,
Sénateur de VHérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
N. HERRIOT ET LE MAROC
1
Au cours de la séance du Conseil géné-
ral du Rhône, M. Edouard Herriot, ancien
président du Conseil, a tenu à apporter sur
les origines du conflit marocain, son té-
moignage personnel, celui d'un homme pas-
sionnément attaché à la cause de la paix.
M ne s'agit pas de vouloir la paix pour la
réaliser, a-t-il ajoutÓ.
Vous parlez encore de l'indépendance du Rif.
11 faut hicn faire attention; nous nous trouvons
en face d'un statut international arrété à Maési.
ras. De son abrogation ou de son maintien dé-
pend la guerre ou la poix. Des puissances dit-
tendent dans l'ombre un geste ne-notre part.
Remettre en cause cet aole d'Algésiras, c'est,
pour évioor, sans succès d'ailleurs, les difficul-
tés actuelles, risquer un immense conflit inter-
national qu'il convient de localiser. Dénoncer
cet acte, serait déclencher un danger encore
plus grand : ce serait déclepcher des compéti-
tions internationales dont la guerre sortirait à
peu près sûrement.
LIS irciivis le nos calanles
Dans toute étude d'histoire,
toute affirmation doit pouvoir se
justifier, se contrôler, en fin de
compte, s'appuyer sur une référence d'arcm.
ves.
Il est donc de la Plus haute importance,
afin de fournir à Vhistoire de nos Colonies
une documentation précise, d'entourer de tous
les soins possibles les archives déposées aux
Colonies dans les cercles ou résidences.
Il existe dans la plupart de nos possessions
tropicales et équatoriales des ennemis ter-
ribles pour nos archives. Ce sont les termi-
tes. Ces vers rongeurs, vulgairement appelés
fourmis blanches, se livrent à l'égard des
pièces manuscrites ou imprimées à une véri-
table guerre en dentelle.
Les archives d'un poste sont d'autant plus
précieuses qu'elles n'intéressent pas seule-
ment les historiens, mais aussi et surtout
ceux qui, à un titre quelconque, s'occupent
de l'administration coloniale du territoire.
Il n'existe pas en effet de meilleur moyen de
se mettre au courant des affaires d'une ré-
gion que d'en lire tout d'abord la correspon-
dancey et le journal du poste, s'il a été bien
tenu. constitue pour le fonctionnaire la meil-
leure documentation.
Or, on éprouve souvent une cruelle décep-
tion en constatant que des dossiers quelque-
fois bien classés, tenus à jour, tombent en
poussière au moindre contact :
les archivistes des gouvernements de nos
Colonies eux-mêmes sont souvent embarrassés
quand on poursuit des recherches historiques
dans leurs bibliothèques.
Un ami colonial me confiait récemment
son désappointement de n'avoir pu retrouver
trace des travaux ou entreprises des Anglais
pendant leur occupation de nos comptoirs de
la Cote Occidentale d'Afrique. Leur oeuvre
colonisatrice n'a laissé que peu de traces,
mais il eût été intéressant de connaître les
conditions de leur séjour au Sénégal dont les
seuls vestiges consistent encore dans les con-
sonnances britanniques des noms de certains
mulâtres. Ce même ami me parlait de ses re-
cherches à la Côte-d'Ivoire, dans les archives
de certains postes, pour retrouver la trace
d'un séjour que le général Faidherbe fit en
1853 sur la rive septentrionale de la Lagune
Ebriè, où il était arrivé par Jacqueville
(Great Jack), le plus ancien port de la colo.
nie.
Le développement de l'activité française
dans nos possessions coloniales nous fait un
devoir de sauver ce qui reste de nos archives
officielles. C'est une question qui doit rete-
nir l'attention du ministre des Colonies. Il
lui suffira de prescrire aux Gouverneurs de
prévoir dans leur budget les sommes néces-
saires à cet effet pour installer les documents
dans des armoires métalliques. L'étude du
passé permet et permettra de fixer exacte-
ment l'œuvre civilisatrice exercée par la
France à travers son vaste domaine colonial.
Charles Debierre,
Sénateur, Membre de la Commission
des Finances et des Al/aires étran-
gères.
Mort d'un ami de la France
-0-0---
S. E. Than Tronq Hue, Ministre de la
Guerre et de l'Instruction publique de la
Cour d'Annam à lIué, vient de mourir.
C'était un grand francophile qui ai ait
fait ses études en France.
Avant d'être à la Cour d'Annam, S. E.
Than Trong Hue avait rempli pendant plu-
sieurs années les fonctions de conseiller llU-
près de la Cour d'appel de lItlnoï.
(Par dépêche).
Le Ministère des Colonies
et l'Exposition Nationale du Travail
--0-0---
M. AnAé Hesse, ministre des Colonies, ne
voulant pas que les Colonies restent étrangères
au mouvement récent et si intéressant qui s'est
manifesté dans la Métropole en faveur de
l'Exposition Nationale du Travail, a décidé
qu'il enverrait à la prochaine exposition qui se
tiendra à Paris, fin 1926, un choix Ses oeuvres
de leurs meilleurs ouvriers et artisans.
S. E. El Mokri en France
S. E. El Mokri, grand vizir du sultan du
Maroc, qui se repose actuellement à Nice,
au retour d'une cure à Vichy, a déclaré
que l'on avait appris avec satisfaction au
Maroc le résultat des entretiens du maré-
chal Lyautey avec le Gouvernement. Le
ministre chérifien des Affaires Etrangères
a rendu hommage au (prestige du résident
général parmi les Marocains et il a pleine
confiance dans le succès de nos troupes qui
combattent pour le maintien de l'intégralité
de l'Empire chérifien sous la protection
des puissances protectricco.
A Tanger
--0-0--
Les contre-torpilleurs espagnols « Bus-
tamante » et « Cadarso » sont-arrivés d'Al-
gésiras pour relever le « Laya » et le « Bo-
nifaz ».
La rade de Tanger est toujours garnie
d'avisos français et de destroyers espa-
gnols en surveillance constante.
Lts rapprt: Iruci-jtpiuii
Notre éminent collaiborateur Fdouard
Néron, sénateur et membre de la Commis-
sion des douanes, évoquait ces rapports
dans son article de mardi.
Hier matin, M. Ader, ingénieur en chef
des Ponts et Chaussées, chef de la mission
économique française, retour du Japon,
rendait compte des résultats obtenus au
cours de ce voyage d'études à l'Office Na-
tional du Commerce Extérieur.
Eu dehors des représentants de la presse,
assistaient à cette réunion : MM. de Tarde,
directeur de l'Office ; d'ivry, secrétaire de
la direction ; Jordan, chef de la section de
l'Extrême-Orient à l'Office secrétaire géné-
ral de la mission française.
Cette mission était composée de délégués
français appartenant aux industries fran-
çaises de la métallurgie, de la mécanique,
de l'électricité. de l'automobile, de l'aéro-
nautique, des produits chimiques et des tex-
tiles.
Partout des réceptions enthousiastes tt
brillantes furent réservées à nos compa-
triotes et M. Ader fut reçu, avec le corps
diplomatique par le prince régent et l'impé-
ratrice.
Le travail de la mission fut facilité aussi
par M. Hoyer, attaché commercial de
France à Tokio.
Ajoutons qu'avant de se rendre à Tokio
M. Ader s'était arrêté à Saïgon et avait
rendu visite à M. Martial Merlin, Gouver-
neur général de l'Indochine à HanoT.
M. Merlin avait parcouru le Japon six
mois avant et recevait précisément à ce
moment en Indochine la mission du prince
Yngamata.
Le Gouverneur général de l'Indochine put
fournir de très utiles renseignements a
M. Ader sur les desiderata de J'industrie el
du commerce japonais.
La mission arrivée en avril au JapoTi en
est repartie en juillet et a visité tous les
grands centres du pays.
La situution économique de l'empire du
Soleil Levant se ressent encpre du contre-
coup terrible. survenu A la suite du trem-
blement de terre de septembre 1923, qui fit
196.893 victimes et causa pour 5.500 mil-
lions de yen de dégéts matériels.
Après une période de très grande activité
causée par ia reconstruction des ruines
dues nu cataclysme, période au cours de
laquelle le gouvernement japonais leva les
droits de douane et encouragea les avances
des banques, celui-ci dut revenir sur sa dé-
cision et frapper notamment d'un droit
d'entrée de 100 les articles de luxe. Il
fallut l'intervention de MM. Claudel f.t
Royer pour que certains de nos produits,
les vins et les automobiles, ne subissent
pas ces mesures prohibitives.
le commerce extérieur japonais en 1923
indique aux importations 1.982 millions de
yen et aux exportations 1.447 millions ; en
1924, les importations s'élevèrent à 2.453
millions de yen contre 1.807 millions pour
les exportations. Dans ces résultats, la
part de la France a été la suivante : pour
1923, importations, 22 millions ; exporta-
tiou, 25 millions ; pour 1924, importations,
tions, millions ; exportations, 85 millions. On
32
note l'accroissement très important de nos
exportations durant l'année passée, par
suite des besoins de la reconstitution du
Japon.
La mission s'est employée fort utilement
à développer les achats et les commandes
du Japon en France. Les résultats obtenus
font le plus grand honneur à M. Ader et it
ses collaborateurs.
Au point de vue colonial, il y a lieu de
tenir compte de ces résultats qui pourront.
peser dans les négociations qui vont être
engagées A Paris, par le Ministère des Af-
faires Etrangères au sujet du tarif doua-
nier applicable aux exportations japonaises
en Indochine.
Une mission sanitaire
[de la Société des Nations
en Afrique Centrale
0-0
A la suite de la Conférence Internationale
qui s'est tenue à Londres en juillet dernier,
la Société des Nations a décidé l'envoi en
Afrique Centrale d'une mission scientiti-
que chargée d'étudier quelques points rela-
tifs a la transmission de la trypanosomiase
que les laboratoires ordinaires de recher-
ches ne peuvent pas, faute d'outillage, con-
venablement élucider.
Cette mission est d'un intérêt incontesta-
ble et tous les pays décimés par la maladie
du sommeil en tireront le plus grand pro-
fit. A l'instigation de M. Kndré Hesse, minis-
tre des Colonies, il a été décidé que cette
mission s'installerait en territoire anglais
dans l'Ouganda, où le Gouvernement britan-
nique lui a ouvert le laboratoire d'Entébé.
L'Afrique Equatoriale, après entente avec
le Cameroun a accordé à cette mission une
subvention de 50.000 francs ; un savant
français du Laboratoire du professeur
Brumpt y sera, en outre, détaché pour pren-
dre part aux travaux.
La mission, ainsi comprise, ne peut qu'ai-
der les efforts de nos vaillants médecins
coloniaux et ne doit gêner en rien l'Institut
Pasteur de Brazzaville qui a un service ex-
trêmement chargé et qui poursuit en ce mo-
ment une série de recherches du plus Uaur
intérêt sur les résultats du fameux SMfi
Bayer et du nouveau médicament, le trypar-
samide que l'Institut Hockefeller a très gé-
néreusement mis a sa disposition.
Les relations Algérie Indochine
On étudie en ce moment au Gouvernement
Général la création d'un service maritime 3e
cargos entre Alger et Saigon.
Cette ligne faciliterait le courant d'échanges
jusqu'ici très restreint, entre 1 Afrique du Nord
et nos possessions asiatiques.
Les œuvres de médecine sociale à Tahiti
Le mouvement démographique de Tahiti
s'est manifesté pendant l'année 1924 d'une
façon nettement favorable. A Papeete, chef-
lieu de la colonie (4.000 habitants), 237 nais-
sances ont eu lieu contre 119 décès, et dans
les districts de Tahiti et Mooréa (9.000 ha-
bitants) il a été enregistré 409 naissances et
194 décès. Peu de pays offrent une situa-
tion aussi satisfaisante. Mais il y a lieu
d'espéier encore mieux, car un programme
de réformes, dont le ministre des Colonies
a posé les bases, est en voie d'exécution
et va permettre d'intensifier la lutte contre
les diverses maladies sociales, qui contri-
buent à appauvrir la race.
De nouveaux postes médicaux ont été ins-
tallés et plusieurs infirmeries édifiées dans
les lies. Un corps d'infirmiers indigènes a
été créé pour la surveillance et la vulga-
risation des mesures d'hygiène. Quant aux
médicaments et objets de pansement, l'Ad-
ministration s'est préoccupée tout particu-
lièrement, en raison de l'éloignement de
cette colonie et des ressources relativement
faibles du commerce local en produits phar-
maceutiques, de donner entière satisfac-
tion aux demandes du service médical et
les expéditions sont régulièrement faites
dans le plus court délai possible.
Nos œuvres d'assistance de Papeete, di-
rigées par le docteur Sasportas, ont reçu,
sur l'initiative du chef du Service de Santé
de la colonie, une active impulsion dans le
courant de l'année.
Le dispensaire antivénérien, ouveirt le
1er octobre 1923, est fréquenté par de nom-
breux malades et les résultats qui ont été
rapidement obtenus, sont fort appréciés par
sa clientèle. Pendant l'année, 4,148 consul-
tations y ont été données et 1.587 injections
spécifiques pratiquées. Un second dispen-
saire est prevu à Taravac pour les districts
de la côte ouest de l'île.
La situation des lépreux a été notable-
ment améliorée. Ceux d'entre eux qui pré-
sentent des lésions ouvertes sont isolés
au village de ségrégation d'Orofava, où ils
sont soignés par trois infirmières, sous la
direction du docteur Sasportas. Les lépreux
à lésions fermées non contagieuses sont
laissés en liberté, mais placés sous la sur-
veillance médicale et reçoivent un traite-
ment ambulant au dispensaire.
Une Maternité est en projet et sera or-
ganisée l'an prochain sur un terrain déjà
choisi. Le service de puériculture aura une
section prénatale, où les femmes enceintes
recevront les conseils et les soins nécessai-
res, en particulier ceux concernant la
syphilis. et une section postnatale à la-
quelle les mères seront sollicitées d'amener
- régulièrement les enfants.
Les dames de la colonie vont se consti-
tuer en groupement pour secourir les nou-
venu-nés et créer des Gouttes de lait au
chef-lieu et dans les divers centres des ar-
chipeJ.
L'Education physique scolaire et, .posf-
Scn/aire n'est pas non plus négligée. I 1
création de cours spéciaux est actuellement
à J'étude et un crédit sera inscrit au pro-
chain budget pour cette nouvelle institu-
tion.
L'intensification de ces mesures sanitai-
res sera mahodiquemcnt. poursuivie, sui-
vant le développement des possibilités fi-
nancières de la colonie.
-le.
PARIS-JUNGLE
00
Les passagers de VAsie ont été conduits à
leurs logements du Muséum. L'on va sous peu
les rencontrer partout.
Et ailleurs, ajouterais-je (songeant à une abs-
tinence jusqu'ici réservée aux capitaines au
long-cours). si je ne s?vais ces braves animaux
tout jeunets.
Vous ne voudriez tout de même pas que
Guessé, l'éléphant presque blanc qui tette en-
core, soit déjà en proie aux aiguillons de la
chair !
Ses compagnons ne sont pas moins fleuris
d'innocence. Il suffit à Julien, le lion, de se
sentir souple, fort et bien balancé. Le Chim-
panzé et le babouin connaissent, de naissance,
des petits jeux sans conséquence. Séraphine,
l'hippopotame, a une bouche qui appelle le
baiser, mais pour plus tard. Les mangoustes,
vengeurs de notre mère Eve, font des plans de
campagne à l' encontre du premier reptile qui
tombera sous le rayon de leurs yeux vifs. Les
buffles sont encore émerveillés, mais non trou-
blés d'avoir vu, du train, passer des vaches.
L'antilope est toute virginité. L'ornyctérope,
ah 1 1 ornyctérope n est pas joli, joli. Orné, à
un bout, d'une queue de kangourou, à l' autre
d'une langue filiforme, il est, avec cela, cour-
taud, lourdaud, pataud, fichu comme un cochon
bossu. Il s'en console, à dire d'experts, en
ayant, comme beaucoup de déshérités, une na-
ture tendre et reconnaissante d' un rien. Quant
aux marabouts, forcément frais émoutus, à leur
âge, du séminaire musulman qui leur octroya ce
nom, ils ne cessent de chercher la direction de
la Mecque, ce qui doit rassurer sur leur mora-
lité.
Il y a bien les grues « couronn é es n. Seule-
ment, pour elles, c'est l'inverse. La vertu est
toujours récompensée, mais il faut le temps.
Ces volatiles n'ont pu trouver un destin royal
ou'après de longs services, et elles ont sans
doute l'âge canonique.
En définitive, le lieutenant Girard qui, bien
qu'il ait « -- passé la - main », doit se sentir en-
core un peu responsable de toute cette laune
déracinée, le courageux et sympathique lieute-
nant Girard n'a à craindre pour elle que des
escapades de gamins. 1
Attention*, cependant ! Ces gamins grandi-
ront. encore qu'ils ne puissent provenir d'une
colonie espagnole.
R. de Larcmiguière
Félix Roussel
018
Je regrette que les exigences d'une cure ne
m'aient pas permis d'accompagner hier à m
dernière demeure M. Félix Roussel, président
du Conseil d'acbninistration des Messageriee
Maritimes. La nouvelle de sa mort inattendue
a dû surprendre tous ses amis. On savait sa
santé fragile, on n'avait pas oublié les assauts
terribles qu'elle avait jadis subis. Mais il sa-
vait se ménager, et personne ne s attendait à un
si brusque dénouement.
Félix Roussel, après avoir occupé une place
importante au Pétais et avoir représenté peu.
dant 12 ans le quartier de la Monnaie au Con-
seil municipal de Paris et au Conseil général
d^ la Seine, qu'il présida avec autorité et com-
pétence, avait quitté l'Hôtel de Ville et le
Barreau pour se consacrer excl usivement aux
Messageries Maritimes dont il avait recueilli la
présidence après la démission de M. Amfcé
Lebon.
D'une rare intelligence, d'une indulgente
expérience et d'un talent de parole peu com-
mun, sachant débrouiller rapidement une af-
faire, il avait, au cours de ses seize ans de pré-
sidence, conquis une grande autorité dans le
monde si fermé des armateurs, où tous appré-
ciaient la sûreté de ses jugements et l'aménité
de ses rapports.
C'est une perte pour les Messageries l'vlari
times. et nous prions ses collaborateurs de trou-
ver ici l' expression de notre sympathie et de
nos regrets émus.
M. R.
*
* *
M. Félix Huusscl, président des conseils
d'administration des Messageries Mariti-
mes, ancien président du Conseil général
de la Seine et du Conseil municipal de
Paris était né à Dugnulet (S-me;, le 4 avril
18Û6.
Après du fortes études, devenu entre
temps caipilaine d'artillerie de réserve, il
avait embrassé la profession d'avocat -de
et
s'était fait inscrire a la Cour d'appel de
Paris. 11 plaida dans certains procès impor-
tunts, notamment dans le procès Zola, con-
tants, à l'affaire Dreyfus, et dans l'allaire
nexe
de Panama. Il lut l'un des fondateurs de la
Revue politique et parlementaire qui traite
spécialement de questions intéressant le
Droit public et le travail législatif.
Eu 1900, il entra dans la vie publique.
Elu conseiller municipal de Paris, il re-
présenta jusqu'en 1912 le quartier de la
Monnaie et fut successivement rapporteur
du iperàonnel, présulont de la première
commission, président du Conseil général
(1907-100) et président du Conseil munici-
pal (1911-1912).
A l'ilutcl de Ville, sa cuillère fut iiiar-
quee pruieipaleaneiit par la part pre-poiidô-
runte qu'il prit à l'cLudù du ueux questions
fort importantes, lin colluburuiiun. avec
rêiiunent ingénieur, -M. biejivenue, aujour-
d'hui inspecteur général des l'unta el
Cliausiiees, directeur des services teclmi-
ques du Métropolitain el du port de Ptuia,
resté, dupuiïj, l'un du ses unns intimes, il
u.\<.uL très activement ctudie le projet d'eta-
hlisseniunt du Métropolitain et avait gran-
dement contribué à sa réalisation. Il avait
également suivi, dès le début, la grosse af-
faire de la fourniture de l'electricite a la
Ville de l'a!1 par l'utilisation de l'ëllcrgie
du Hliùne, aux environs de liellegarde.
Comme on le sait, l'abuutisseanent de ce
vaste projet est eri bonne voie.
M. ltoussel, en qualité de conseiller mu-
nicipal, était allé en Amérique etudier di-
verses questions intéressant la Ville de
Pans. Puis, comme président du Conseil
municipal, il s'était îmidu, eu lévrier 1912,
à Moscou, et à Saint-Péters.bourg et, peu
apirès, à Llelgrade, à :::'u\iü. et à Bucarest,
à la tête de missions d'études. Toujours
comme .président du Conseil municipal, il
reçut aussi, à l'llùlel de Ville, la visite of-
ficielle du roi Pierre Pr de Serbie.
Dans ces fonctions délicates, il fit mon-
tre, pour le plus grand bien des intérêts
dont il avait la charge, el, partant, de
ceux du pays, de la plus haute autorité
jointe à imc véritable diplomatie. 11 lui fut
ainsi donné de développer parfaitement ses
grandes qualités de tact, de linesse et d'in-
telligence avertie.
Plus tard, tournant plus particulièrement
son activité vers les ail'aires d'ordre illdus-
triel el commercial, M. l'elix Honsset ap-
porta à divers conseils d'administration le
concours de son expérience, de son juge-
ment sûr et de son parfait non sens, servi
par une pénétration remarquable.
FnLré, en loi;!, au Conseil d'adauinislra-
tio.n des Messageries la.rili,ml', dont il
devint président en Wit, il eut la redouta-
ble charge de faire traverser à cette Com-
pagnie les heures si pénibles du début de
la guerre. Pendant toute la durée des hos-
tilités, il mit, avec l'ardeur de sa foi pa-
triotique, toute l'organisation des Message-
ries Maritimes au service du pays, mais
sans cesser de se préoccuper, au point de
vue des intérêts qui Initiaient, confiés, des
possibilités de développement et d'activité
(Ille réservait l'après-guerre, t'ii s ut que
les espoirs nés de la victoire Tic furent
complètement réalisés dans aucun do-
maine.
Nous signalerons cependant, sans pré-
tendre pouvoir indiquer ici autre chose que
l'essentiel, que c'est sous sa (présidence
qu'une convention passée avec l'Ftat a, en-
fin, établi, sur des bases rationnelles, l'ex-
ploitation des services maritimes postaux
d'intérêt, général. La Ilolite de la Société
des Services Contractuels, chargée de ces
services, a été rénovée et complétée par
l'adjonction de nouveaux et. beaux paque-
bots. La Hotte des navires de charge oea
Messageries Maritimes n. elle aussi, été
complètement réorganisée. M. Félix Rous-
sel aura ainsi laissé, en mourant, ces deux
Sociétés .puissamment outillées et à même
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