Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-07-02
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juillet 1925 02 juillet 1925
Description : 1925/07/02 (A25,N99). 1925/07/02 (A25,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396946c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
- VINGT-CINQUIEME ANNEE. No 00
LE NUMBRO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIR, a JUILLET 1986
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annopeu elRéclama .,,.,. eux Bureaux duJournaldJaru le» Agence» éePublictli
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Rédictlw
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Médecins coloniaux
i»I -
Notre journal a analysé, il y a quelquetf
jours, les instructions données par M. le Mi-
nistre des Colonies aux gouverneurs géné-
raux, gouverneurs et. commissaires de la Ré-
publique, relatives aux bilans démographi-
ques annuels qui doivent être dressés dans
chacune de nos colonies. Il a rappelé, et
c'était justice, les instructions données le
30 décembre 1924 par notre ami Edouard
Daladier sur l'orientation des 'services de
médecine préventive, hygiène et assistance,
qui ont prévu dans nos colonies l'organisa-
tion et le fonctionnement d'un bureau d'hy.
giène et de démographie rattaché à la Direc-
tion du Service de Santé et chargé de suivre
les variations des différents groupements in-
digènes, comme d'étudier les mesures pro-
pres à assurer leur accroissement en nombre
ainsj que leur développement physiologique.
Ainsi se pose, une fois de plus, le pro-
blème du recrutement de nos médecins colo-
niaux. Toutes les instructions ministérielles,
même parées desmeilleures intentions, seront
Ides paroles en l'air, si nous n'avons pas dans
nos provinces lointaines le personnel médical
indispensable. Or, cela a été déclaré le mois
'dernier à l'Académie de Médecine, le nom-
bre des médecins est infime par rapport à
l'étendue de nos possessions.
Je m'en tiendrai aujourd'hui aux médecins
européens. J'ai sous les yeux une statistique
de 1923; je voudrais qu'on fût fondé à m'ar.
rêter immédiatement, et à me dire que les
choses ont bien changé depuis. Il y a des
raisons majeures de croire le contraire. Donc,
en 1923, voici quelques chiffres significatifs :
L'Indo-Chine compte ni médecins euro-
péens pour un territoire de 600.000 kilomè-
tres carrés environ, et 20 millions d'habitant
En Afrique Occidentale, il y en a 99; un bon
tiers est employé aux services généraux, po-
lice sanitaire, Ecole de Médecine, Institut
Pasteur, etc. « le reste, écrit M. le Com-
mandant G. Charbonneau, chef 'de bataillon
breveté de l'infanterie coloniale, représente
en * moyenne un seul médecin pour Un terri-
toire plus grand que la Bretagne ou la Nor-
mandie, et une population de zoo. 000 indi-
gènes. » On trouvera ées dtaill dans le sup-
plément de janvlw i.y«, de là Kcvtnt de
rAUiaèce nationale pôur 'l'accroissement de
la population française.
En Afrique "Equatoriale, il y en a 46 dont
25 au maximum circulent dans la brousse,
soit « une moyenne de un seul médecin pour
100.000 indigènes et une superficie de
100.000 kilomètres carrés, c'est-à-dire un ter-
ritoire équivalent à un cinquième du terri.
toire français, et très supérieur, par consé-
quent, comme étendue, au territoire total de
l'Autriche (78.000 kilomètres carrés) ou de
la Bulgarie (96.500 kilomètres carrés). »
Madagascar compte une cinquantaine de mé-
decins, dont une trentaine rendent des ser-
vices en dehors des centres, c'est-à-dire sur
un espace qui à 1.500 kilomètres de long et
600 de large.
Donc, insuffisance manifeste du nombre;
ajoutez : insuffisance manifeste des voies et
moyens de communication : « Je ne sais ja-
mais pour combien de jours j'en ai, quand je
vais faire une visite dans la brousse, et,
pendant ce temps, mes malades ordinaires
restent sans aucune - espèce de soin » ) ainsi
s'exprime, dans une lettre, un médecin colo-
nial; encore se félicite-t-il de pouvoir uti-
liser une motocyclette; que dire de ceux
qui vont en pirogue, en filanzane,- ou pedibus
'cum jambis, suivant le latin pittoresque de
,Tartarin? «, Quant au malade pour lequel
on m'appelle, il a le temps de claquer vingt
fois 1 » C'est évidemment dix-neuf fois de
trop, et peut-être vingt. On parle de l'em-
ploi d'avions sanitaires. Assurément c'est
une solution, c'est là solution. Mais on en
une solution, difficultés.
aperçoit les difficultés.
Quels sont donc les moyens daugmenter
le nombre des médecins européens aux colo-
nies? On en a indiqué souvent et de très
bons. J'y reviendrai. Pour aujourd'hui, je
m'en tiendrai à ceux que MM. Brumpt et
Joyeux indiquaient devant d'Académie de
Médecine, dans la séance dont j'ai parlé.
Ils ne pensent pas que nos jeunes gens
refusent de s'expatrier ils pensent plutôt
que ceux-ci n'y trouvent pas leur compte. La
preuve en est dans l'exemple de l'Indo-Chine.
Il ne manque pas de candidats qui sollici-
tent des postes d'assistance dans cette colo-
nie, et pourtant elle est plus éloignée que nos
provinces africaines, elle n'est pas plus saine,
elle n'y offre pas moins de fatigues. Pour-
quoi donc y a-t-il des postulants? Parce
qu'ils sont certains d'y être convenablement
payés. Au contraire dans l'Afrique Occiden-
tale et Equatoriale, un médecin se fait dif-
ficilement une situation à peine équivalente
à celle qu'il se créerait dans une ville ordi-
naire, avec moins d'efforts et moins de dan-
gers ; qu'on me permette d'écrire : avec beau-
coup moins de frais de déplacements. Tirez
les conséquences.
On a comparé, devant l'Académie de Mé-
'decine, les soldes en Afrique Equatoriale
aux soldes en Indo-Chine; les premières sont
inférieures et médiocres. « Tous les ans, nos
meilleurs élèves coloniaux sont engagés au
Congo belge, soit par l'Administration soit
par les entreprises nrivées, 11 Cest bien là ce
qui montre que J-. le Tecnrtemént des méde-
cins coloniaux n'est pas uniquement une
question de crédits, c'est, avant tout, une
question de crédits. Ces jeunes gens ne man-
quent pas de vocation, de dévouement, d'es-
prit d'initiative, puisqu'ils entrent dans la
colonie belge. J'ai lu ailleurs que là on leur
accordait des appointements doubles de ceux
de nos médecins militaires coloniaux. (Tout
s'explique.
« Il serait facile cependant, par un sys-
tème de bourses d'études, d'aiguiller un
grand nombre d'étudiants vers le colonies : ils
contracteraient un engagement Be durée va-
riable, suivant l'importance de la bourse ac-
cordée, ainsi que cela se passe pour les colo-
nies hollandaises et portugaises. » Excel-
lente idée à une époque où la cherté des étu-
des médicales est proportionnelle à celle des
petits pois et du rôti de veau ; moyen prati.
que de diriger vers la médecine coloniale
des jeunes gens dont les pères ne se sont
pas enrichis en vendant des obus pour nos
canons et des bretelles pour nos poilus. Mais
après la sortie de l'école, le problème reste
entier t
c Il est absolument indispensable de rele-
ver les soldes; là, comme partout, joue la
loi de l'offre et de la demande; le recrute-
ment des médecins sera facile en Afrique no.
picale lorsqu'on comprendra que, pour les
décider à s'expatrier, il faut leùr offrir des
compensations pécuniaires. La guerre et la
crise économique actuelle ont suffisamment
montTé que la métropole et ses colonies
étaient solidaires, et nous avons trop besoin
des ressources Be nos possessions pour nou&
désintéresser de la façon dont elles sont
mises en valeur. »
A fortiori t pour nous désintéresser de la façon
dont elles échapperont aux dangers de mort
qui menacent leurs habitants, aux maladies
qui ravagent les populations et les déciment.
La liste de ces maladies, endémiques ou
épidémiques, est effroyable. Que-dire de ce
qu'on appelle d'un mot barbare lr morti-
natalité? Dans l'Afrique Occidentale, Aile at-
teint II en 1923, dans l'Afrique Equato-
riale, 18 %; au contraire, dans l'Indo-
Chine, qui paie ses médecins honorablement
et où d'ailleurs le taux de la piastre est élevé,
la mortinatalité est 'de 6,4 à peine supé-
rieure de 2 à celle qu'elle est en France.
Il faut donc payer honorablement les
médecins coloniaux j et qu'un pauvre d'esprit
ne s'avise pas de nous opposer la situation
actuelle qui n'est pas, je l'avoue, très ra8SU
rante; qu'il ne s'écrie pas : « Que diable 1
toujours de l'argent 1 Il semble qu'ils n'aient
autre chose à dire; de l'argent, de rargent,
de l'argent ! 1 La réplique de Valère à Har-
pagon n'est que plaisante : a Pour agir en
habile homme, il faut parler de faire bonne
chère avec peu d'argent. » Elle serait crimi-
nelle en cette circonstance. Passe encore lors-
qu'il s'agit de faire bonne chère ! Mais là il
s'agit de l'existence même de notre plus
grande France : qu'on se serre davantage
la ceinture, s'il le faut, mais qu'on ne la
laisse pas mourir !
Mario Rouit an >
Sénateur de t'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
- gobe-1.
Au Conseil SopMr des Colonies
--0-0---
Au lendemain de sa nomination à la Prési-
dence de la Commission des Affaires Etrangè-
res, notre ami Lucien Hubert avait adressé à
M. Daladier sa démission de Président du
Conseil Supérieur des Colonies.
Sur les instances pressantes du nouveau mi-
nistre des Colonies, le sympathique sénateur
des Ardennes est revenu sur sa décision et a
retiré sa démission à la condition que le mi-
nistre des Colonies procéderait immédiatement
à l'organisation d'un secrétariat permanent du
Conseil Supérieur des Colonies qui pourra fa-
ciliter grandement les travaux des diverses sec-
tions.
La Banque de Madagascar
M. André Hesse, ministre des Colonies,
demandera demain matin au Conseil des mi-
nistres l'autorisation de faire discuter par
la Chambre, avant la séparation du Parle-
ment, le projet de loi portant création d'une
banque d'émission à Madagascar.
On sait que la semaine dernière la Com-
mission des Colonies a fini l'examen du pro-
jet de loi dont le rapport a été confié à notre
éminent ami Henri Michel.
Il est probable que M. André Hesse de-
mandera à la Chambre de siéger exception-
nellement lundi ou mardi matin, pour discu-
ter le texte du projet.
FOIRE DES PRODUITS COLONIAUX
DE LAUSANNE
M. Gaston Joseph, Gouverneur des Colo-
nies, directeur de l'Agence Economique de
l'A. O. F., quittera Paris demain pour se ren-
dre à Lausanne, où il représentera M., André
Hesse, innristre des Colonies, à la Journée
Franco-Suisse qui aura lieu dans cette ville le
4 juilleJ, à roccasion de la Faire internationale
(Iw produits coloniaux.
Des bois coloniaux
9 - e––
On réclame des bois co-
loniaux de toutes parts et
l'on en réclame pour tous
les usages. Architectes,
entrepreneurs, ébénistes,
menuisiers, ctorossiers,
jusqu'aux fabricants de
caisses d'emfyllage, tous
y viennent 1 On son-et
beaucoup moins, à.- contester leurs qualités.
La grande préoccupation, cst d'en trouver.
Il n y a qtià voir avec quelle rapidité sont en,
levés les lots d'okoumé, d'iroko. de bossé,
de makoré, de tiama, de niangon, d'avodiré,
d'ayous, etc., qui parviennent au Havre ou
à Bordeaux 1 Encore sont-ce généralement
des bois en billes, des bois frais; que serait-ce
si l'on offrait à la clientèle des bois débités et
secs ou à peu près secs, en bon état de conser-
vation ? C'est par plusieurs centaines de mil-
liers de mètres cubes qu'on pourrait les écou-
ler dès maintenant en France.
Hélas, à défaut de bois débités, on si
contenterait de bois en grumel mais la plu-
part du temps on ne trouve ni les uns ni
les autres sur le marché et les importateurs
qui détiennent quelques stocks en profitent
pour faire hausser les cours. Certains ache-
teurs sont rebutés par les prix demandés au-
tant que par la difficulté de renouveler leur
approvisionnement.
On se cantonne beaucoup trop, aux colo-
nies, à l'exploitation des bois précieux; de
plus, une trop grande partie des. bois com-
muns exportés surtout au Gabon, s'en va à
l'étranger. L'Allemagne n'a-t-elle pas reçu,
en 1924, plus de 100.000 tonnes d'okoumé
alors que les quantités de cette essence, en-
voyées en France, sont insuffisantes ? Il y a
là un fait un peu paradoxal. Certaines me.
sures devraient sans doute être prises. Certes,
aucun inconvénient à ce que le surplus de
nos besoins, en bois d'ébémsterie notamment,
s'en aille à Hambourg ou'ailleurs; cela faci-
lite le développement des exploitations colo-
niales et améliore notre balance commerciale.
Songeons, en tout cas, à nous assurer les
quantités nécessaires à notre propre consom.
mation.
Il est incontestable que. lai produçtion err
bois des forêts françaises suffit de moins en
moins aux besoins de toutes sortes de notre
pays. Déjà avant la guerre, nous devions
importer plus de trois mil/Jions de tonnes de
l'étranger. D'importants massifs forestiers
ont été détruits par les bombardements, de
1914 à 1918; sur tout le territoire, on 't'M<
dautre part livré, depuis quelques années" à
un: -exploitation intensive des peuPlements,
la crise des changes raréfiant les arrivages
de l'extérieur et favorisant d'autant la coupe
des futaies indigènes. Nos ressources fores-
tières se sont donc sensiblement appauvries ;
les importations, un moment ralenties, aug-
mentent de nouveau et avec une rapidité in-
quiétante.
Nos voisins de l'Europe occidentale et mé-
ridionale ne sont pas mieux favorisés que
nous; il leur faut faire appel, de plus en
plus, aux bois importés du Nord.
Nos colonies forestières ont donc l'occasion
belle pour tirer parti des richesses considéra-
bles qu'elles renferment. Parmi les centai-
nes d'essences qu'elles pourraient nous en-
voyer en grandes quantités, et en dehors des
bois d'ébenisterie actuellement exploités, il
est toute une série de bois. demi-durs-ou ten.
dres qui pourraient remplacer, en menuiserie
et carrosserie notamment, les chêne, hètre,
grisard, tulipier et, pour certains emplois,
les safins et fitchfins. Ces essences trouve..
raient preneurs très facilement, à des cours
avantageux pour les exploitants. Ceux-ci sem-
blent cependant s'en désintéresser, croyant
avoir plus d'avantages à n'exforter que des
essences de prix. Ils comprennent, à notre
avis, très mal leur intérêt, recherchent trop
les profits immédiats. En tout cas, les admi-
nistrations locales, à qui revient la charge de
veiller sur le maintien 'de la richesse des
peuplements, peuvent parfaitement impose,
V exploitation des bois communs aux exploi-
tants des bois dê* luxe. Pas de tous, sam
doute, pour commencer ; il seraitjmême dan.
gereux de vouloir aller trop vite dans cet or.
dre d'idées. Mais progressivement, on devrait
exiger que chaque exploitant de bois précieux
exporte un tonnage de plus en plus élevé de
bois communs. Si l'on songe que Vacajou dont
la Côte d'Ivoire exforte dès maintenant
80.000 tonnes, représente à peine 1 des
essences exploitables, on voit que Veffort à
demander aux exploitants pour obtenir immé-
diatement un tonnage appréciable de bois
communs, ne serait pas très considérable.
L'intérêt de tous, exploitants coloniaux et
consommateurs, fermet d'esfèrer qtCon arri-
vera à ce résultat sans mesures coercitives.
Ernest Haados,
Député de la Mame
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commercinles.
--
EMion fleuris DRnrsms
O"C
M. Pierre Guesde, délégué général aes
Colonies, et Mme Pierre Guesde donneront
une QTŒInte réception vendredi 5 juillet dans
les salons du Pavillon de VlnsoGhine &
12 heures
AU SENAT
0.0
DANS LES COMMISSIONS
L'interpeUation sur le Maroc
La Commission des Affaires étrainigères
et les différents groupes politiques du Sé-
nat se sont préoccupes, hier, de l'interpel-
lation qui doit être développée aujourd'hui
par M. Bluysen, sur les évèn.emeDlbs du Ma-
roc.
Une longue discussion a eu lieu devant
la Commission des Affaires étrangères, à
laqifelle ont pris part MM. Lucien Hubert,
Debierre, tLèmery, Bérenger, Poincaré,
Brangier, Ordinaire, Dausset. Ses membres
donneront leur assentiment à un ordre du
jour envoyant le salut du Parlement à nos
troupes, reconnaissant La nécessité de con-
tinuer les opérations jusqu'à la soumission
d'AM-el-KjTm et exprimant la confiance au
Gouvernement.
A LA CHAMBRE
- DEBATS
Les vins Tunisiens
En fin de séance, M. Caffort a demandé
la parole pour adresser au ministre du
Commerce une question sur la loi de 1890,
qui régit les rapports de la France et de
la Tunisie. Cette loi prévoit un décret cha-
que année, afin de fixer les contingents de
produits tunisiens admis en franchise.
Or, cette année, la crise terrible qui séNtit
sur la viticulture française, le prix déri-
soire auquel se vend le vin à la propriété
ne permettent pas que le Gouvernement
maintienne à 500.000 hectolitres la quantité
de vins tunisiens à admettre en franchise.
L'orateur a demandé, en conséquence, au
Gouvernement de ne pas maintenir, dans le
nouveau décret qui géra pris incessamment,
la base beaucoup trop large de 500.000 hec-
tolitres.
M. Chaumet, ministre du Commerce, a ré-
pondu que M. Caffort ne soupçonnera cer-
tainement pas un sénateur de la Gironde
de vouloir tuer la viticulture française.
L'ensemble de la question sera discuté au
cours de l'interpellation qui est déposée.
Quant au décret fixant à 500.000 hectoli-
tres le contingentement de la Tunisie, il est
déjà signé par les miniptrea compétents et
paraîtra demain.
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Affaires étrangères
M. Aristide Briand a fait hier, devant la
Commission des Affaires étrangères de la
Chambre, un exposé détaillé de la situation
politique générale et a donné, notamment,
des renseignements très complets sur les
événements de Chine et les négociations
relatives au Maroc.
Au sujet des négociations avec l'Espagne,
le ministre des Affaires étrangères a affir-
mé que le Gouvernement désirait la paix
et s'employait à la réaliser.
M. Briand espère, d'ailleurs, que ces ef-
forts aboutiront à bref délai, et que la paix
sera rétablie sous peu de jours.
..a
Congrès douanier colonial
Hier a eu lieu dans la salle des fêtes de
la Chambre de Commerce de Marseille, au
Palais de la Bourse la séance de clôture
du Congrès douanier colonial.
M. Emile Rastoin, président de la Cham-
bre de Commerce présidait, ayant à ses
côtés MM. Flaissières, maire de Marseille,
Adrien Artaud, président de l'Institut Colo-
nial et Ory, .représentant du ministre du
Commerce et de l'Industrie.
M. Flaissières a exposé tout d'intérêt que
Marseille devait tirer du développement de
nos colonies, puis M. Rastoin a indiqué que
la Chambre de Commerce de Marseille qui
vient de recevoir la mission d'études qu'eue
avait envoyée en Algérie, va faire partir
deux nouveilles missions en Tunisie et au
Maroc. M. - Tenthorey, président du Syndi-
cat des Tissages de l'Est a ensuite mani-
festé la satisfaction que lui et ses collègues
emportent du fait des résultats enregistrés
par le Congrès au sujet de la question des
matières premières.
De l'ensemble des vœux adoptés par le
Congrès, il résulte :
Que les anciennes colonies demandent le
maintien du statu quo au point de vue
douanier.
Que les colonies soumises au tarif mé-
tropolitain 'désirent voir aMénuer autant
que possible lies inconvénients de cette as-
similation. D'une façon générale, les repré-
sentants de ces colonies se sont rallies à
la formule heureuse de M. Sambuc, de la
Section indochinoise, tenant compte des)
préoccupations qui se sont fait jour au
cours de la discussion.
-– -
Union floHBiitre avec rfltriqae 10 Nord
coo-
Le Conseil supérieur de la Défense natio-
nale, appelé il examiner incessamment cer-
tains problèmes d'ordre militaire et mari-
time touchant notre situation méditerra-
néenne, sera amené sans doute à en-
visager l'établissement d'une union doua-
nière franco-algéro-tunisienne : question
étudiée depuis quelques années par le Gou-
vernement et par les Administrations et les
Corps élus de l'Algérie et de la Tunisie.
Jusqu'à présent, l'nnipn douanière n'a
été pratiquée qu'entre la France et rAlgê-
rie. En ce qui concerne la Tunisie, r Algè-
rie demande l'unification simultanée des
régimes de navigation et de fiscalité jnté-.
Usure des deux pays limttrophes.
La guerre au Maroc
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis avant-hier à l'Elysée, sous
la présidence de M. Gaston Doumergue.
M. Paul Painlevé, président du Conseil,
a mis les membres du Gouvernement au
courant de la situation au Maroc.
LA MISSION PARLEMENTAIRE
A Marseille
La mission parlementaire est rentrée en
France à bord de l'Abda qui est arrivé
avant-hier à Marseille.
Au représentant de l'Agence Havas, M.
Charles GuiJhaumon, député, chef de la
mission, a fait les déclarations suivantes :
« Nos impressions sont entièrement réconfor-
tantes. La situation qui a été un instant criU-
que et qui reste sérieuse a provoqué un effort
dont l'efficacité se traduira bientôt dans les
faits. Les services sanitaires et de l'intendance
font merveille : le moral des troupes est excel-
lent surtout chez les soldats. Quant à la propa-
gande communiste, -elle ne parait pas avoir,
eu des résultats appréciables.
- « Pour 1 avenir, nous estimons qu'il faut
adapter notre matériel à une guerre toute par-
ticulière, difficile en raison de la nature très
accidentée du pays. Une offensive rapide et har-
die est nécessaire, cor la fidélité des tribus est
fonction des manifestations de notre force.
« J'insiste sur ce point : ta nécessité d'un el-
lort militaire immédiat, car, en octobre, ce
sera le début de laNsaison des pluies qui ren-
dent les pistes impraticables. Il nous faut te-
nir compte de l'état d'esprit des tribus ; notre
inertie équivaudrait à une défaite la moindre
avance est, à leurs yeux, une victoire et un
recul serait pour nous vun péril grave.
« Il ne laut pas laisser augmenter le pres-
tige d'Abd el Krim, sous peine de voir immé-
diatement diminuer le nôtre,
« Je ne puis mieux faire que de vous rap-
porter, à ce propos, ce que me disait le paena
da Fez : « Frappez fort et vite. Celui qui
frappe le premier est le premier vainqueur.
Vous consoliderez vos arrières ensuite. Les tri-
bus sont leevictimes d'Abd el Krim ; dès que
vous les aurez délivrées, eUes vous porteront
sur leurs épaules..
« Ce n'est pas la guerre de 1914, mais ce
n'est pas non plus la guerre telle qu'on l'a faite
en 1832, lors de l'expédition en Algérie. »
La délégation parlementaire est partie le
soir pour Parist
A Paris
Les membres de la mission parlemen-
taire sont arrivés à Paris hier matin.
Deux d'entre eux, MM. GuiJhauman et
Qluzel, étaient venus hier à la Chambre.
Ils étaient très entourés dans les couloirs.
Le choix d'un chef militaire s'impose, décla-
rait M. Guilhaumon. Il doit être désigné en
dehors du maréohal Lyautey. Mais _surtout, que
le Gouvernement ne rappelle pas celui-ci 1 Son
prestige eit inwiense sur les populations Indi-
gènes.
Ce chef militaire doit avoir toute liberté
d'agir.
L'attribution de tels pouvoirs heurtera peut-
être le sentiment de la majorité de la Chambre.
Mais, cependant, il faut en finir avec les Hi-
fains.
Abd-el-Krim dispose d'environ 200.000 hom-
mes. Nbus avons au 'Maroc, en matériel et en
hommes, des forces suflisantes pour mener
une véritable campagne de guerre.
J'ai interrogé de nombreux Français, militai-
res ou colons, de nombreux indigènes 1 do
tous les grades et de toutes les classes.
Tous m'ont affirmé la nécessité d'opérations
militaires de grande envergure.
Si la France n'ariirmait pas nettement sa
supériorité militaire, beaucoup de tribus se-
raient alors disposées à prendre paru contre
nous.
Une offensive rapide et hardie est nécessaire.
Il ne faut pas seulement relouler les inilltra-
tions les Rifains. Il faut les poursuivre et les
réduire avant octobre et la saison des pluies.
A mon avis, la France ne doit pas se sou-
cier de la ligne de cremarcatlon.
Le seul moyen pour vaincre l'effort d'Abd-
el-Krim est de choisir une des « harlfas » les
plus fortes du Rif, et de l'anéantir complète-
ment.
Sinon, la guerre durera cïhq ou dix ans. iil
la France dépensera beaucoup plus d'hommes
dans des combats isolés que dans une offensive
de grande envergure.
M. Cluzel, de son côté, disait :
Les opérations militaires, disait-il, sont en
très bonne voie. Le moral des troupes est excel-
lent. Nous disposons de forces a peu près éga-
les à celles d'Abd-el-Krim. Mais nous avons un
avantage écrasant en matériel.
Les Rifains ne possèdent pas de canons. Mais
tous ont des fusils. Ce sont des tireurs remar-
quables. Une balle sur deux atteint son but.
D'anciens officiers ou soldats allemands les
entraînent ainsi que des déserteurs.
Deux capitaines et 70 hommes de la Légion
,étrangère, dont la Résidence connaît les noms,
sont passés l'année dernière dans l'armée
d'Abd-el-Krim.
Celui-ci paie leurs services 2.000 francs par
mois !
M. Paul Painlevé a reçu, hier après-midi,
M. Guilhaumon, qui lui a fait part des im-
pressions recueillies au cours de son
voyage.
LA COMMISSION D'HYGIENE
La délégation de la commission d'hygiène
de la Chambre des députés, comprenant
MM. les députés Clarou, Gardial et Per-
ronne, est arrivée à Taza.
LES OPERATIONS
Les dépêches de Fez signalaient avant-
hier :
Le nord et l'est d'Ouez.zan sont calmes.
Au sud du Loukkos, des contingents en-
nemis, évalués iL 1.500 fusils, exécutent des
travaux de défense, parallèlement à la li-
gne des postes français, notamment vers
Rihana.
On signale le retour dans leurs villages
de plusieurs fractions Beni Mesguilda-
A l'est de Kalaa des Sless, on signale
quelques infiltrations ennemies, qui ont
fait des tranchées au sud de l'Ouergha.
On ne signale au centre aucune action
des groupes français.
Dans la journée du 29 juin, l'aviation a
bombardé le poste de commandement duf
frère d'Abd-el-Krim, installé à BoueL
A l'est, la pression ennemie dans la di-
rection de Msila s'est accentuée et se heur-
te aux forces françaises, qui occupent les
hauteurs au nord de ce point.
De sérieuses intUtrations, qui se sont pro-
duites dans la région de Dakar sont conte-
nues par des partisans et des forces sup-
plétives.
Une concentration de harkas de Syah et
de Sakka s'effectue à Aln-Zohra et à Mes-
guitten. Il se dégage de l'ensemble des ren-
seignements que l'ennemi développe actuel-
lement une large tentative d'offensive sur,
les secteurs français du centre et de l'est.
A l'extrême sud un djich, comprenant
une vingtaine d'Ait Morghad, a attaqué el
pillé un petit convoi au nord de Rich. Pour-
suivi par les Fezza, il a pu être rejoint.
Dernières dépêches
A l'ouest, rien à signaler. 'Au centre,
d'importants contingents ennemis ont atta-
qué, dans la nuit du 29 au 30 juin, Halima-
et le groupe mobile du Haut-Leben. Ils ont
été repoussés après 'une lutte très vive.
A l'est, une attaque ennemie, au coude
de l'oued Mcoun, a été brillamment repous-
sée par nos partisans, appuyée d'auto-mi-
trailleuses et par un détachement de nos
troupes.
Dans la région d'Ouezzan, nos forces ont
ravitaillé différents postes sans incidents.
Au sud de Kelaa des Slese,, les Rifaine.
multiplient les djouchs pour énerver nos'
tribus. Lis sont contrebattus par la cavale-
rie et des contre-djouohs. Le poste de Bou-
Halima et le groupe du Haut-Leben ont
subi une très violente attaque dont l'effort
principal a été fourni par des groupes de
réguliers rifains.
Dans l'ensemble, nous avons maintenu
nos positions. L'ennemi a subi de très.,
grosses pertes.
Selon les renseignements qui ont été re-
cueillis, l'ennemi avait reçu l'ordre de réoc-
cuper à tout prix les hauteurs situées aul
sud de Bou Halima sous peine des plus sé-
vères sanctions.
Dans la région de Dohar, la pression en-
nemie accentue le flottement chez nos par-
tisane Branes.
Dans la région de l'oued Msoun, l'en-
nemi a prononcé une vive attaqua- sur îft"
front Bouanaad si Dimtoug, à 6 kilomètres
au nord de Bou Meheris. Il a été complète-
ment et rapidement rejeté par un détache-
ment de nos troupes.
Le fait nouveau de l'offensive en cours
est le combat et la marche de imit inusités.
jusqu'alors dans la guerre marocaine, mais
que les harkas rifnines multiplient mainte-
nant par crainte de notre aviation.
CHEZ L'ENNEMI
Les prétentions d'Abd-el-Krim
Ayant perdtu tout espoir d'entrer dans-
Fez * le vendredi 13 juilflet pour la fête de
l'agneau, Nbd-cl-Krim fait dire partout que
ce jour-NI. il aura pris Taza.
Une chute ?
Suivant des nouvelles de MelliJa, Abd-el-
Krim aurait été victime d'un accident. Le
chef rifain, renversé par sa monture qu'ef-
fraya le bruit d'un avion, aurait eu la
jambe fracturée.
La propagande d'Abd-el-Krim
Abd-el-Krim aurait l'intention de lancer
très prochainement une grande proclama-
tion à l'Islam, lui demandant de l'appuyer
et de le considérer comme le défenseur de*
l'idée musulmane. Ahd-al-Krim compterait,.
beaucoup sur l'effet, de cet appel pour obte-
nir des fonds, dont il aurait grand besoin,
et des instructeurs pour ses troupes. I-b
aurait également multiplié ses liaisons avec
les divers partis communistes européens,
dans l'espoir que ceux-ci obligeraient leurs *
gouvernements respectifs ci intervenir en/
sa faveur.
ZONE ESPAGNOLE
Dans la zone occidentale espagnole une-
attaque sur la ligne de Buixa à Tetouan pa-
rait imminente. L'ennemi semble vouloir
couper les communications entre Tanger eb
Arzila et entre Tanger et Tetouan.
Le haut commandement espagnol a faiL
renforcer certaines positions. Les groupes
de manœuvre sont prôts à se porter sur le.,
point menacé.
Ohcz les Andijera, il existe un désa.ccord:"
entre 1rs partisans d'Abd-el-Krim et les tri-
bus fidèles au maklhzen.
LE BLOCUS
Le blocus, des côtes ri-faines a commencé.,
effectivement hier. La notification en est4
faite aujourd'hui à toutes les puissances..
Deux navires anglais à Tanger
On mande de Tangor à la « Mo m in g
Post que les contre-torpilleurs britanniques.
Tourmaline et Splendid sont arrivés danar
ce port où ils resteront jusqu'au 3 juillet.
Bateau coulé
Le cargo espagnol Bartolo a abordé et
coulé dans le brouillard, dans le d'étroit de
Gibraltar, un bateau inconnu que l'on sup-
pose être l'un des bateaux d'Abd el Krim
qui font la contrebande des armes.
Déclaration de M. Chamberlain
En réponse à une question posée par M.
Williams, etcputÓ travailliste, M. Austen
Chamberlain a déclaré à la Chambre des.
Communes que les Gouvernements français
et espagnol avaient l'intention simplement
de prendre des mesures de police dans cer-
taines eaux territoriales de la 7.011e de
Tanger.
Le Gouvernement britannique, a ajouté,
le ministre des Affaiires étrangères, a reçu
du .Gouvernement espagnol une invitation
LE NUMBRO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIR, a JUILLET 1986
- -0- - --- -- - --"-.'------'-"-"-""-"'---_.-.-.-.-"111111!"'-.-.-..-.--.
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annopeu elRéclama .,,.,. eux Bureaux duJournaldJaru le» Agence» éePublictli
DIRECTEURS = MARCEL RU.EDEL et L.-G. THÊBAULT
Rédictlw
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UD. i = comwa. 80. 45 » É5 »
M ( Étranger ISO s$s ̃ 3St
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Médecins coloniaux
i»I -
Notre journal a analysé, il y a quelquetf
jours, les instructions données par M. le Mi-
nistre des Colonies aux gouverneurs géné-
raux, gouverneurs et. commissaires de la Ré-
publique, relatives aux bilans démographi-
ques annuels qui doivent être dressés dans
chacune de nos colonies. Il a rappelé, et
c'était justice, les instructions données le
30 décembre 1924 par notre ami Edouard
Daladier sur l'orientation des 'services de
médecine préventive, hygiène et assistance,
qui ont prévu dans nos colonies l'organisa-
tion et le fonctionnement d'un bureau d'hy.
giène et de démographie rattaché à la Direc-
tion du Service de Santé et chargé de suivre
les variations des différents groupements in-
digènes, comme d'étudier les mesures pro-
pres à assurer leur accroissement en nombre
ainsj que leur développement physiologique.
Ainsi se pose, une fois de plus, le pro-
blème du recrutement de nos médecins colo-
niaux. Toutes les instructions ministérielles,
même parées desmeilleures intentions, seront
Ides paroles en l'air, si nous n'avons pas dans
nos provinces lointaines le personnel médical
indispensable. Or, cela a été déclaré le mois
'dernier à l'Académie de Médecine, le nom-
bre des médecins est infime par rapport à
l'étendue de nos possessions.
Je m'en tiendrai aujourd'hui aux médecins
européens. J'ai sous les yeux une statistique
de 1923; je voudrais qu'on fût fondé à m'ar.
rêter immédiatement, et à me dire que les
choses ont bien changé depuis. Il y a des
raisons majeures de croire le contraire. Donc,
en 1923, voici quelques chiffres significatifs :
L'Indo-Chine compte ni médecins euro-
péens pour un territoire de 600.000 kilomè-
tres carrés environ, et 20 millions d'habitant
En Afrique Occidentale, il y en a 99; un bon
tiers est employé aux services généraux, po-
lice sanitaire, Ecole de Médecine, Institut
Pasteur, etc. « le reste, écrit M. le Com-
mandant G. Charbonneau, chef 'de bataillon
breveté de l'infanterie coloniale, représente
en * moyenne un seul médecin pour Un terri-
toire plus grand que la Bretagne ou la Nor-
mandie, et une population de zoo. 000 indi-
gènes. » On trouvera ées dtaill dans le sup-
plément de janvlw i.y«, de là Kcvtnt de
rAUiaèce nationale pôur 'l'accroissement de
la population française.
En Afrique "Equatoriale, il y en a 46 dont
25 au maximum circulent dans la brousse,
soit « une moyenne de un seul médecin pour
100.000 indigènes et une superficie de
100.000 kilomètres carrés, c'est-à-dire un ter-
ritoire équivalent à un cinquième du terri.
toire français, et très supérieur, par consé-
quent, comme étendue, au territoire total de
l'Autriche (78.000 kilomètres carrés) ou de
la Bulgarie (96.500 kilomètres carrés). »
Madagascar compte une cinquantaine de mé-
decins, dont une trentaine rendent des ser-
vices en dehors des centres, c'est-à-dire sur
un espace qui à 1.500 kilomètres de long et
600 de large.
Donc, insuffisance manifeste du nombre;
ajoutez : insuffisance manifeste des voies et
moyens de communication : « Je ne sais ja-
mais pour combien de jours j'en ai, quand je
vais faire une visite dans la brousse, et,
pendant ce temps, mes malades ordinaires
restent sans aucune - espèce de soin » ) ainsi
s'exprime, dans une lettre, un médecin colo-
nial; encore se félicite-t-il de pouvoir uti-
liser une motocyclette; que dire de ceux
qui vont en pirogue, en filanzane,- ou pedibus
'cum jambis, suivant le latin pittoresque de
,Tartarin? «, Quant au malade pour lequel
on m'appelle, il a le temps de claquer vingt
fois 1 » C'est évidemment dix-neuf fois de
trop, et peut-être vingt. On parle de l'em-
ploi d'avions sanitaires. Assurément c'est
une solution, c'est là solution. Mais on en
une solution, difficultés.
aperçoit les difficultés.
Quels sont donc les moyens daugmenter
le nombre des médecins européens aux colo-
nies? On en a indiqué souvent et de très
bons. J'y reviendrai. Pour aujourd'hui, je
m'en tiendrai à ceux que MM. Brumpt et
Joyeux indiquaient devant d'Académie de
Médecine, dans la séance dont j'ai parlé.
Ils ne pensent pas que nos jeunes gens
refusent de s'expatrier ils pensent plutôt
que ceux-ci n'y trouvent pas leur compte. La
preuve en est dans l'exemple de l'Indo-Chine.
Il ne manque pas de candidats qui sollici-
tent des postes d'assistance dans cette colo-
nie, et pourtant elle est plus éloignée que nos
provinces africaines, elle n'est pas plus saine,
elle n'y offre pas moins de fatigues. Pour-
quoi donc y a-t-il des postulants? Parce
qu'ils sont certains d'y être convenablement
payés. Au contraire dans l'Afrique Occiden-
tale et Equatoriale, un médecin se fait dif-
ficilement une situation à peine équivalente
à celle qu'il se créerait dans une ville ordi-
naire, avec moins d'efforts et moins de dan-
gers ; qu'on me permette d'écrire : avec beau-
coup moins de frais de déplacements. Tirez
les conséquences.
On a comparé, devant l'Académie de Mé-
'decine, les soldes en Afrique Equatoriale
aux soldes en Indo-Chine; les premières sont
inférieures et médiocres. « Tous les ans, nos
meilleurs élèves coloniaux sont engagés au
Congo belge, soit par l'Administration soit
par les entreprises nrivées, 11 Cest bien là ce
qui montre que J-. le Tecnrtemént des méde-
cins coloniaux n'est pas uniquement une
question de crédits, c'est, avant tout, une
question de crédits. Ces jeunes gens ne man-
quent pas de vocation, de dévouement, d'es-
prit d'initiative, puisqu'ils entrent dans la
colonie belge. J'ai lu ailleurs que là on leur
accordait des appointements doubles de ceux
de nos médecins militaires coloniaux. (Tout
s'explique.
« Il serait facile cependant, par un sys-
tème de bourses d'études, d'aiguiller un
grand nombre d'étudiants vers le colonies : ils
contracteraient un engagement Be durée va-
riable, suivant l'importance de la bourse ac-
cordée, ainsi que cela se passe pour les colo-
nies hollandaises et portugaises. » Excel-
lente idée à une époque où la cherté des étu-
des médicales est proportionnelle à celle des
petits pois et du rôti de veau ; moyen prati.
que de diriger vers la médecine coloniale
des jeunes gens dont les pères ne se sont
pas enrichis en vendant des obus pour nos
canons et des bretelles pour nos poilus. Mais
après la sortie de l'école, le problème reste
entier t
c Il est absolument indispensable de rele-
ver les soldes; là, comme partout, joue la
loi de l'offre et de la demande; le recrute-
ment des médecins sera facile en Afrique no.
picale lorsqu'on comprendra que, pour les
décider à s'expatrier, il faut leùr offrir des
compensations pécuniaires. La guerre et la
crise économique actuelle ont suffisamment
montTé que la métropole et ses colonies
étaient solidaires, et nous avons trop besoin
des ressources Be nos possessions pour nou&
désintéresser de la façon dont elles sont
mises en valeur. »
A fortiori t pour nous désintéresser de la façon
dont elles échapperont aux dangers de mort
qui menacent leurs habitants, aux maladies
qui ravagent les populations et les déciment.
La liste de ces maladies, endémiques ou
épidémiques, est effroyable. Que-dire de ce
qu'on appelle d'un mot barbare lr morti-
natalité? Dans l'Afrique Occidentale, Aile at-
teint II en 1923, dans l'Afrique Equato-
riale, 18 %; au contraire, dans l'Indo-
Chine, qui paie ses médecins honorablement
et où d'ailleurs le taux de la piastre est élevé,
la mortinatalité est 'de 6,4 à peine supé-
rieure de 2 à celle qu'elle est en France.
Il faut donc payer honorablement les
médecins coloniaux j et qu'un pauvre d'esprit
ne s'avise pas de nous opposer la situation
actuelle qui n'est pas, je l'avoue, très ra8SU
rante; qu'il ne s'écrie pas : « Que diable 1
toujours de l'argent 1 Il semble qu'ils n'aient
autre chose à dire; de l'argent, de rargent,
de l'argent ! 1 La réplique de Valère à Har-
pagon n'est que plaisante : a Pour agir en
habile homme, il faut parler de faire bonne
chère avec peu d'argent. » Elle serait crimi-
nelle en cette circonstance. Passe encore lors-
qu'il s'agit de faire bonne chère ! Mais là il
s'agit de l'existence même de notre plus
grande France : qu'on se serre davantage
la ceinture, s'il le faut, mais qu'on ne la
laisse pas mourir !
Mario Rouit an >
Sénateur de t'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
- gobe-1.
Au Conseil SopMr des Colonies
--0-0---
Au lendemain de sa nomination à la Prési-
dence de la Commission des Affaires Etrangè-
res, notre ami Lucien Hubert avait adressé à
M. Daladier sa démission de Président du
Conseil Supérieur des Colonies.
Sur les instances pressantes du nouveau mi-
nistre des Colonies, le sympathique sénateur
des Ardennes est revenu sur sa décision et a
retiré sa démission à la condition que le mi-
nistre des Colonies procéderait immédiatement
à l'organisation d'un secrétariat permanent du
Conseil Supérieur des Colonies qui pourra fa-
ciliter grandement les travaux des diverses sec-
tions.
La Banque de Madagascar
M. André Hesse, ministre des Colonies,
demandera demain matin au Conseil des mi-
nistres l'autorisation de faire discuter par
la Chambre, avant la séparation du Parle-
ment, le projet de loi portant création d'une
banque d'émission à Madagascar.
On sait que la semaine dernière la Com-
mission des Colonies a fini l'examen du pro-
jet de loi dont le rapport a été confié à notre
éminent ami Henri Michel.
Il est probable que M. André Hesse de-
mandera à la Chambre de siéger exception-
nellement lundi ou mardi matin, pour discu-
ter le texte du projet.
FOIRE DES PRODUITS COLONIAUX
DE LAUSANNE
M. Gaston Joseph, Gouverneur des Colo-
nies, directeur de l'Agence Economique de
l'A. O. F., quittera Paris demain pour se ren-
dre à Lausanne, où il représentera M., André
Hesse, innristre des Colonies, à la Journée
Franco-Suisse qui aura lieu dans cette ville le
4 juilleJ, à roccasion de la Faire internationale
(Iw produits coloniaux.
Des bois coloniaux
9 - e––
On réclame des bois co-
loniaux de toutes parts et
l'on en réclame pour tous
les usages. Architectes,
entrepreneurs, ébénistes,
menuisiers, ctorossiers,
jusqu'aux fabricants de
caisses d'emfyllage, tous
y viennent 1 On son-et
beaucoup moins, à.- contester leurs qualités.
La grande préoccupation, cst d'en trouver.
Il n y a qtià voir avec quelle rapidité sont en,
levés les lots d'okoumé, d'iroko. de bossé,
de makoré, de tiama, de niangon, d'avodiré,
d'ayous, etc., qui parviennent au Havre ou
à Bordeaux 1 Encore sont-ce généralement
des bois en billes, des bois frais; que serait-ce
si l'on offrait à la clientèle des bois débités et
secs ou à peu près secs, en bon état de conser-
vation ? C'est par plusieurs centaines de mil-
liers de mètres cubes qu'on pourrait les écou-
ler dès maintenant en France.
Hélas, à défaut de bois débités, on si
contenterait de bois en grumel mais la plu-
part du temps on ne trouve ni les uns ni
les autres sur le marché et les importateurs
qui détiennent quelques stocks en profitent
pour faire hausser les cours. Certains ache-
teurs sont rebutés par les prix demandés au-
tant que par la difficulté de renouveler leur
approvisionnement.
On se cantonne beaucoup trop, aux colo-
nies, à l'exploitation des bois précieux; de
plus, une trop grande partie des. bois com-
muns exportés surtout au Gabon, s'en va à
l'étranger. L'Allemagne n'a-t-elle pas reçu,
en 1924, plus de 100.000 tonnes d'okoumé
alors que les quantités de cette essence, en-
voyées en France, sont insuffisantes ? Il y a
là un fait un peu paradoxal. Certaines me.
sures devraient sans doute être prises. Certes,
aucun inconvénient à ce que le surplus de
nos besoins, en bois d'ébémsterie notamment,
s'en aille à Hambourg ou'ailleurs; cela faci-
lite le développement des exploitations colo-
niales et améliore notre balance commerciale.
Songeons, en tout cas, à nous assurer les
quantités nécessaires à notre propre consom.
mation.
Il est incontestable que. lai produçtion err
bois des forêts françaises suffit de moins en
moins aux besoins de toutes sortes de notre
pays. Déjà avant la guerre, nous devions
importer plus de trois mil/Jions de tonnes de
l'étranger. D'importants massifs forestiers
ont été détruits par les bombardements, de
1914 à 1918; sur tout le territoire, on 't'M<
dautre part livré, depuis quelques années" à
un: -exploitation intensive des peuPlements,
la crise des changes raréfiant les arrivages
de l'extérieur et favorisant d'autant la coupe
des futaies indigènes. Nos ressources fores-
tières se sont donc sensiblement appauvries ;
les importations, un moment ralenties, aug-
mentent de nouveau et avec une rapidité in-
quiétante.
Nos voisins de l'Europe occidentale et mé-
ridionale ne sont pas mieux favorisés que
nous; il leur faut faire appel, de plus en
plus, aux bois importés du Nord.
Nos colonies forestières ont donc l'occasion
belle pour tirer parti des richesses considéra-
bles qu'elles renferment. Parmi les centai-
nes d'essences qu'elles pourraient nous en-
voyer en grandes quantités, et en dehors des
bois d'ébenisterie actuellement exploités, il
est toute une série de bois. demi-durs-ou ten.
dres qui pourraient remplacer, en menuiserie
et carrosserie notamment, les chêne, hètre,
grisard, tulipier et, pour certains emplois,
les safins et fitchfins. Ces essences trouve..
raient preneurs très facilement, à des cours
avantageux pour les exploitants. Ceux-ci sem-
blent cependant s'en désintéresser, croyant
avoir plus d'avantages à n'exforter que des
essences de prix. Ils comprennent, à notre
avis, très mal leur intérêt, recherchent trop
les profits immédiats. En tout cas, les admi-
nistrations locales, à qui revient la charge de
veiller sur le maintien 'de la richesse des
peuplements, peuvent parfaitement impose,
V exploitation des bois communs aux exploi-
tants des bois dê* luxe. Pas de tous, sam
doute, pour commencer ; il seraitjmême dan.
gereux de vouloir aller trop vite dans cet or.
dre d'idées. Mais progressivement, on devrait
exiger que chaque exploitant de bois précieux
exporte un tonnage de plus en plus élevé de
bois communs. Si l'on songe que Vacajou dont
la Côte d'Ivoire exforte dès maintenant
80.000 tonnes, représente à peine 1 des
essences exploitables, on voit que Veffort à
demander aux exploitants pour obtenir immé-
diatement un tonnage appréciable de bois
communs, ne serait pas très considérable.
L'intérêt de tous, exploitants coloniaux et
consommateurs, fermet d'esfèrer qtCon arri-
vera à ce résultat sans mesures coercitives.
Ernest Haados,
Député de la Mame
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commercinles.
--
EMion fleuris DRnrsms
O"C
M. Pierre Guesde, délégué général aes
Colonies, et Mme Pierre Guesde donneront
une QTŒInte réception vendredi 5 juillet dans
les salons du Pavillon de VlnsoGhine &
12 heures
AU SENAT
0.0
DANS LES COMMISSIONS
L'interpeUation sur le Maroc
La Commission des Affaires étrainigères
et les différents groupes politiques du Sé-
nat se sont préoccupes, hier, de l'interpel-
lation qui doit être développée aujourd'hui
par M. Bluysen, sur les évèn.emeDlbs du Ma-
roc.
Une longue discussion a eu lieu devant
la Commission des Affaires étrangères, à
laqifelle ont pris part MM. Lucien Hubert,
Debierre, tLèmery, Bérenger, Poincaré,
Brangier, Ordinaire, Dausset. Ses membres
donneront leur assentiment à un ordre du
jour envoyant le salut du Parlement à nos
troupes, reconnaissant La nécessité de con-
tinuer les opérations jusqu'à la soumission
d'AM-el-KjTm et exprimant la confiance au
Gouvernement.
A LA CHAMBRE
- DEBATS
Les vins Tunisiens
En fin de séance, M. Caffort a demandé
la parole pour adresser au ministre du
Commerce une question sur la loi de 1890,
qui régit les rapports de la France et de
la Tunisie. Cette loi prévoit un décret cha-
que année, afin de fixer les contingents de
produits tunisiens admis en franchise.
Or, cette année, la crise terrible qui séNtit
sur la viticulture française, le prix déri-
soire auquel se vend le vin à la propriété
ne permettent pas que le Gouvernement
maintienne à 500.000 hectolitres la quantité
de vins tunisiens à admettre en franchise.
L'orateur a demandé, en conséquence, au
Gouvernement de ne pas maintenir, dans le
nouveau décret qui géra pris incessamment,
la base beaucoup trop large de 500.000 hec-
tolitres.
M. Chaumet, ministre du Commerce, a ré-
pondu que M. Caffort ne soupçonnera cer-
tainement pas un sénateur de la Gironde
de vouloir tuer la viticulture française.
L'ensemble de la question sera discuté au
cours de l'interpellation qui est déposée.
Quant au décret fixant à 500.000 hectoli-
tres le contingentement de la Tunisie, il est
déjà signé par les miniptrea compétents et
paraîtra demain.
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Affaires étrangères
M. Aristide Briand a fait hier, devant la
Commission des Affaires étrangères de la
Chambre, un exposé détaillé de la situation
politique générale et a donné, notamment,
des renseignements très complets sur les
événements de Chine et les négociations
relatives au Maroc.
Au sujet des négociations avec l'Espagne,
le ministre des Affaires étrangères a affir-
mé que le Gouvernement désirait la paix
et s'employait à la réaliser.
M. Briand espère, d'ailleurs, que ces ef-
forts aboutiront à bref délai, et que la paix
sera rétablie sous peu de jours.
..a
Congrès douanier colonial
Hier a eu lieu dans la salle des fêtes de
la Chambre de Commerce de Marseille, au
Palais de la Bourse la séance de clôture
du Congrès douanier colonial.
M. Emile Rastoin, président de la Cham-
bre de Commerce présidait, ayant à ses
côtés MM. Flaissières, maire de Marseille,
Adrien Artaud, président de l'Institut Colo-
nial et Ory, .représentant du ministre du
Commerce et de l'Industrie.
M. Flaissières a exposé tout d'intérêt que
Marseille devait tirer du développement de
nos colonies, puis M. Rastoin a indiqué que
la Chambre de Commerce de Marseille qui
vient de recevoir la mission d'études qu'eue
avait envoyée en Algérie, va faire partir
deux nouveilles missions en Tunisie et au
Maroc. M. - Tenthorey, président du Syndi-
cat des Tissages de l'Est a ensuite mani-
festé la satisfaction que lui et ses collègues
emportent du fait des résultats enregistrés
par le Congrès au sujet de la question des
matières premières.
De l'ensemble des vœux adoptés par le
Congrès, il résulte :
Que les anciennes colonies demandent le
maintien du statu quo au point de vue
douanier.
Que les colonies soumises au tarif mé-
tropolitain 'désirent voir aMénuer autant
que possible lies inconvénients de cette as-
similation. D'une façon générale, les repré-
sentants de ces colonies se sont rallies à
la formule heureuse de M. Sambuc, de la
Section indochinoise, tenant compte des)
préoccupations qui se sont fait jour au
cours de la discussion.
-– -
Union floHBiitre avec rfltriqae 10 Nord
coo-
Le Conseil supérieur de la Défense natio-
nale, appelé il examiner incessamment cer-
tains problèmes d'ordre militaire et mari-
time touchant notre situation méditerra-
néenne, sera amené sans doute à en-
visager l'établissement d'une union doua-
nière franco-algéro-tunisienne : question
étudiée depuis quelques années par le Gou-
vernement et par les Administrations et les
Corps élus de l'Algérie et de la Tunisie.
Jusqu'à présent, l'nnipn douanière n'a
été pratiquée qu'entre la France et rAlgê-
rie. En ce qui concerne la Tunisie, r Algè-
rie demande l'unification simultanée des
régimes de navigation et de fiscalité jnté-.
Usure des deux pays limttrophes.
La guerre au Maroc
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis avant-hier à l'Elysée, sous
la présidence de M. Gaston Doumergue.
M. Paul Painlevé, président du Conseil,
a mis les membres du Gouvernement au
courant de la situation au Maroc.
LA MISSION PARLEMENTAIRE
A Marseille
La mission parlementaire est rentrée en
France à bord de l'Abda qui est arrivé
avant-hier à Marseille.
Au représentant de l'Agence Havas, M.
Charles GuiJhaumon, député, chef de la
mission, a fait les déclarations suivantes :
« Nos impressions sont entièrement réconfor-
tantes. La situation qui a été un instant criU-
que et qui reste sérieuse a provoqué un effort
dont l'efficacité se traduira bientôt dans les
faits. Les services sanitaires et de l'intendance
font merveille : le moral des troupes est excel-
lent surtout chez les soldats. Quant à la propa-
gande communiste, -elle ne parait pas avoir,
eu des résultats appréciables.
- « Pour 1 avenir, nous estimons qu'il faut
adapter notre matériel à une guerre toute par-
ticulière, difficile en raison de la nature très
accidentée du pays. Une offensive rapide et har-
die est nécessaire, cor la fidélité des tribus est
fonction des manifestations de notre force.
« J'insiste sur ce point : ta nécessité d'un el-
lort militaire immédiat, car, en octobre, ce
sera le début de laNsaison des pluies qui ren-
dent les pistes impraticables. Il nous faut te-
nir compte de l'état d'esprit des tribus ; notre
inertie équivaudrait à une défaite la moindre
avance est, à leurs yeux, une victoire et un
recul serait pour nous vun péril grave.
« Il ne laut pas laisser augmenter le pres-
tige d'Abd el Krim, sous peine de voir immé-
diatement diminuer le nôtre,
« Je ne puis mieux faire que de vous rap-
porter, à ce propos, ce que me disait le paena
da Fez : « Frappez fort et vite. Celui qui
frappe le premier est le premier vainqueur.
Vous consoliderez vos arrières ensuite. Les tri-
bus sont leevictimes d'Abd el Krim ; dès que
vous les aurez délivrées, eUes vous porteront
sur leurs épaules..
« Ce n'est pas la guerre de 1914, mais ce
n'est pas non plus la guerre telle qu'on l'a faite
en 1832, lors de l'expédition en Algérie. »
La délégation parlementaire est partie le
soir pour Parist
A Paris
Les membres de la mission parlemen-
taire sont arrivés à Paris hier matin.
Deux d'entre eux, MM. GuiJhauman et
Qluzel, étaient venus hier à la Chambre.
Ils étaient très entourés dans les couloirs.
Le choix d'un chef militaire s'impose, décla-
rait M. Guilhaumon. Il doit être désigné en
dehors du maréohal Lyautey. Mais _surtout, que
le Gouvernement ne rappelle pas celui-ci 1 Son
prestige eit inwiense sur les populations Indi-
gènes.
Ce chef militaire doit avoir toute liberté
d'agir.
L'attribution de tels pouvoirs heurtera peut-
être le sentiment de la majorité de la Chambre.
Mais, cependant, il faut en finir avec les Hi-
fains.
Abd-el-Krim dispose d'environ 200.000 hom-
mes. Nbus avons au 'Maroc, en matériel et en
hommes, des forces suflisantes pour mener
une véritable campagne de guerre.
J'ai interrogé de nombreux Français, militai-
res ou colons, de nombreux indigènes 1 do
tous les grades et de toutes les classes.
Tous m'ont affirmé la nécessité d'opérations
militaires de grande envergure.
Si la France n'ariirmait pas nettement sa
supériorité militaire, beaucoup de tribus se-
raient alors disposées à prendre paru contre
nous.
Une offensive rapide et hardie est nécessaire.
Il ne faut pas seulement relouler les inilltra-
tions les Rifains. Il faut les poursuivre et les
réduire avant octobre et la saison des pluies.
A mon avis, la France ne doit pas se sou-
cier de la ligne de cremarcatlon.
Le seul moyen pour vaincre l'effort d'Abd-
el-Krim est de choisir une des « harlfas » les
plus fortes du Rif, et de l'anéantir complète-
ment.
Sinon, la guerre durera cïhq ou dix ans. iil
la France dépensera beaucoup plus d'hommes
dans des combats isolés que dans une offensive
de grande envergure.
M. Cluzel, de son côté, disait :
Les opérations militaires, disait-il, sont en
très bonne voie. Le moral des troupes est excel-
lent. Nous disposons de forces a peu près éga-
les à celles d'Abd-el-Krim. Mais nous avons un
avantage écrasant en matériel.
Les Rifains ne possèdent pas de canons. Mais
tous ont des fusils. Ce sont des tireurs remar-
quables. Une balle sur deux atteint son but.
D'anciens officiers ou soldats allemands les
entraînent ainsi que des déserteurs.
Deux capitaines et 70 hommes de la Légion
,étrangère, dont la Résidence connaît les noms,
sont passés l'année dernière dans l'armée
d'Abd-el-Krim.
Celui-ci paie leurs services 2.000 francs par
mois !
M. Paul Painlevé a reçu, hier après-midi,
M. Guilhaumon, qui lui a fait part des im-
pressions recueillies au cours de son
voyage.
LA COMMISSION D'HYGIENE
La délégation de la commission d'hygiène
de la Chambre des députés, comprenant
MM. les députés Clarou, Gardial et Per-
ronne, est arrivée à Taza.
LES OPERATIONS
Les dépêches de Fez signalaient avant-
hier :
Le nord et l'est d'Ouez.zan sont calmes.
Au sud du Loukkos, des contingents en-
nemis, évalués iL 1.500 fusils, exécutent des
travaux de défense, parallèlement à la li-
gne des postes français, notamment vers
Rihana.
On signale le retour dans leurs villages
de plusieurs fractions Beni Mesguilda-
A l'est de Kalaa des Sless, on signale
quelques infiltrations ennemies, qui ont
fait des tranchées au sud de l'Ouergha.
On ne signale au centre aucune action
des groupes français.
Dans la journée du 29 juin, l'aviation a
bombardé le poste de commandement duf
frère d'Abd-el-Krim, installé à BoueL
A l'est, la pression ennemie dans la di-
rection de Msila s'est accentuée et se heur-
te aux forces françaises, qui occupent les
hauteurs au nord de ce point.
De sérieuses intUtrations, qui se sont pro-
duites dans la région de Dakar sont conte-
nues par des partisans et des forces sup-
plétives.
Une concentration de harkas de Syah et
de Sakka s'effectue à Aln-Zohra et à Mes-
guitten. Il se dégage de l'ensemble des ren-
seignements que l'ennemi développe actuel-
lement une large tentative d'offensive sur,
les secteurs français du centre et de l'est.
A l'extrême sud un djich, comprenant
une vingtaine d'Ait Morghad, a attaqué el
pillé un petit convoi au nord de Rich. Pour-
suivi par les Fezza, il a pu être rejoint.
Dernières dépêches
A l'ouest, rien à signaler. 'Au centre,
d'importants contingents ennemis ont atta-
qué, dans la nuit du 29 au 30 juin, Halima-
et le groupe mobile du Haut-Leben. Ils ont
été repoussés après 'une lutte très vive.
A l'est, une attaque ennemie, au coude
de l'oued Mcoun, a été brillamment repous-
sée par nos partisans, appuyée d'auto-mi-
trailleuses et par un détachement de nos
troupes.
Dans la région d'Ouezzan, nos forces ont
ravitaillé différents postes sans incidents.
Au sud de Kelaa des Slese,, les Rifaine.
multiplient les djouchs pour énerver nos'
tribus. Lis sont contrebattus par la cavale-
rie et des contre-djouohs. Le poste de Bou-
Halima et le groupe du Haut-Leben ont
subi une très violente attaque dont l'effort
principal a été fourni par des groupes de
réguliers rifains.
Dans l'ensemble, nous avons maintenu
nos positions. L'ennemi a subi de très.,
grosses pertes.
Selon les renseignements qui ont été re-
cueillis, l'ennemi avait reçu l'ordre de réoc-
cuper à tout prix les hauteurs situées aul
sud de Bou Halima sous peine des plus sé-
vères sanctions.
Dans la région de Dohar, la pression en-
nemie accentue le flottement chez nos par-
tisane Branes.
Dans la région de l'oued Msoun, l'en-
nemi a prononcé une vive attaqua- sur îft"
front Bouanaad si Dimtoug, à 6 kilomètres
au nord de Bou Meheris. Il a été complète-
ment et rapidement rejeté par un détache-
ment de nos troupes.
Le fait nouveau de l'offensive en cours
est le combat et la marche de imit inusités.
jusqu'alors dans la guerre marocaine, mais
que les harkas rifnines multiplient mainte-
nant par crainte de notre aviation.
CHEZ L'ENNEMI
Les prétentions d'Abd-el-Krim
Ayant perdtu tout espoir d'entrer dans-
Fez * le vendredi 13 juilflet pour la fête de
l'agneau, Nbd-cl-Krim fait dire partout que
ce jour-NI. il aura pris Taza.
Une chute ?
Suivant des nouvelles de MelliJa, Abd-el-
Krim aurait été victime d'un accident. Le
chef rifain, renversé par sa monture qu'ef-
fraya le bruit d'un avion, aurait eu la
jambe fracturée.
La propagande d'Abd-el-Krim
Abd-el-Krim aurait l'intention de lancer
très prochainement une grande proclama-
tion à l'Islam, lui demandant de l'appuyer
et de le considérer comme le défenseur de*
l'idée musulmane. Ahd-al-Krim compterait,.
beaucoup sur l'effet, de cet appel pour obte-
nir des fonds, dont il aurait grand besoin,
et des instructeurs pour ses troupes. I-b
aurait également multiplié ses liaisons avec
les divers partis communistes européens,
dans l'espoir que ceux-ci obligeraient leurs *
gouvernements respectifs ci intervenir en/
sa faveur.
ZONE ESPAGNOLE
Dans la zone occidentale espagnole une-
attaque sur la ligne de Buixa à Tetouan pa-
rait imminente. L'ennemi semble vouloir
couper les communications entre Tanger eb
Arzila et entre Tanger et Tetouan.
Le haut commandement espagnol a faiL
renforcer certaines positions. Les groupes
de manœuvre sont prôts à se porter sur le.,
point menacé.
Ohcz les Andijera, il existe un désa.ccord:"
entre 1rs partisans d'Abd-el-Krim et les tri-
bus fidèles au maklhzen.
LE BLOCUS
Le blocus, des côtes ri-faines a commencé.,
effectivement hier. La notification en est4
faite aujourd'hui à toutes les puissances..
Deux navires anglais à Tanger
On mande de Tangor à la « Mo m in g
Post que les contre-torpilleurs britanniques.
Tourmaline et Splendid sont arrivés danar
ce port où ils resteront jusqu'au 3 juillet.
Bateau coulé
Le cargo espagnol Bartolo a abordé et
coulé dans le brouillard, dans le d'étroit de
Gibraltar, un bateau inconnu que l'on sup-
pose être l'un des bateaux d'Abd el Krim
qui font la contrebande des armes.
Déclaration de M. Chamberlain
En réponse à une question posée par M.
Williams, etcputÓ travailliste, M. Austen
Chamberlain a déclaré à la Chambre des.
Communes que les Gouvernements français
et espagnol avaient l'intention simplement
de prendre des mesures de police dans cer-
taines eaux territoriales de la 7.011e de
Tanger.
Le Gouvernement britannique, a ajouté,
le ministre des Affaiires étrangères, a reçu
du .Gouvernement espagnol une invitation
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