Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-06-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1925 15 juin 1925
Description : 1925/06/15 (A25,N89). 1925/06/15 (A25,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969360
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. N889
N
LE NUMIRO ; 90 CENTIMES
LUNDI &01R, 15 JUIN 19*25
Les Annales Coloniales
JOURNAL HUOTIDIEN
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Oirihami dwwtwlwBf»M4»niU 1 AwtuprfaduM Kbr^r–
1 Développement rapide de la production
1 des matières grasses en A. 0. F.
.t.
L'essor à tous points de vue remarquable
que l'on constate en Afrique Occidentale fran-
çaise est dû pour une bonne part au développe-
ment rapide de la production des grandes d..
rées oléagineuses qui constituent le fond des
exportations de cette colonie.
Voici ,en effet, quelle a été, pour les princi-
pales de ces denrées, arachides, amandes et
Eauiles de palme, la progression des exportations
--- depuis l'année 1899 :
Période Amandes Huilo
qulnqucDualo do : Arachides de pal mu de pa 1110
- - - -
(t^nnos) (touncs) (toniicBi
1899 Ô. 1003 123.133 29.GT6 j 5.000
1001 fit 1908 127.415 2».G2y 12.41
1900 à 1013 213.619 iC.346 1«J.3«8
1914 û, 1918 305.9W 3G.7H 15.089
1919 à 1923 274.045 61.742 21.200
En 20 ans la production a donc triplé pour
les arachides, plus que doublé pour les aman-
des de palmes. Si pour les huiles de palme, le
développement est plus lent, c'est que cette
denrée est encore obtenue par des procédés
très primitifs, procédés qui ne permettent pas
de tirer parti de toute la matière première dis-
ponible et dont les populations indigènes com-
mencent heureusement à s'affranchir.
La période de 1914 à 1918 a marqué un
certain recul sur a production de la période
quinquenale précédente. La mobilisation, les
difficultés éprouvées par le commerce, pendant
les premières années de la guerre pour évacuer
sur la métropole les stocks rassemblés, avaient
fait baisser lep prix offerts à l'indigène, ralentir
la production et les achats. Ceux-ci ne repri-
rent qu'en 1917 et 1918, lorsqu'ils furent
effectués pour le compte du Ravitaillement.
Les difficultés d'évacuation subsistaient néan-
moins et. sauf en ce qui concerne les arachides,
des stocks assez importants de produits, aman-
des de palme, notamment, restaient à exporter
quand, la guerre terminée, les relations mari-
times redevinrent plus faciles. sinon normales.
Les chiffres cités comme moyennes des ex-
portations de 1914 .à 1918 ne correspondent
donc pas exactement à la production. Ils sont
inférieurs à cette dernière surtout en ce qui con-
cerna les huiles et amandes de palme.
Quoi qu'il en soit, on peut dire que la pro-
duction des matières grasses a plutôt régressé.
en Afrique Occidentale française, pendant les
années de guerre et a, au contraire, augmenté
très fortement pendant la période qui a suivi.
Les moyennes des années 1919 à 1923 sont,
elles aussi, faussées par les conséquences de la
crise commerciale qui a sévi de fin 1920 jus-
qu'au milieu de 1922 et c'est encore la pro-
duction des amandes et huiles de palme qui a
le plus souffert de la chute des prix ollerts par
le commerce. (Pendant l'année 1921, les ex-
portations d'amandes et d'huiles étaient tom-
bées respectivement à 41.184 et à 9.293
tonnes !)
L'indigène des régions côtières, de la Gui-
née. de la Côte d'Ivoire et du Dahomey, gâté
par la nature, dispose de ressources variées et
abondantes. Dès que le travail de cueillette et
de préparation des produits qu'il destine à la
vente ne lui parait plus suffisamment rémunéra-
tenr, il le cesse et attend des jours plus favo-
rables.
La production de l'arachide, obtenue par
culture, est moins sensible aux brusques varia-
tions des cours. Les écarts que l'on constate
quelquefois, d'une année à l'autre, résultent
généralement davantage du plus ou moins
d'abondance des pluies et de leur plus ou moins
de régularité que des différences de prix offerts
par le commerce. Les prix élevés stimulent
incontestablement l'extension 3es superficies
cultivées, mais s'il vient à baisser, les cultiva-
teurs dont les graines d'arachides sont pres-
que la seule ressource, au Sénégal notamment,
récoltent néanmoins et vendent, tandis qu'ail-
leurs les populations mettent beaucoup moins
d'empressement à récolter et à traiter des pro-
duits qui ont poussé sans leur demander d'ef-
forts, surtout si leurs disponibilités en numéraire
ont été accrues par des ventes fructueuses faites
précédemment.
L'année 1924 a marqué un nouveau et très
appréciable progrès des exportations. Les sor-
ties d'arachides ont dépassé 320.000 tonnes,
celles d'amandes et d'huiles de palme 71.500
et 25.800 tonnes.
Ces chiffres sont loin feTêtre à la limite des
possibilités de production de notre grande colo-
nie ouest africaine. L'achèvement du Thiès-
Kayes a déjà permis de procéder à l'extension
des cultures d'arachides au Soudan et des su-
perficies considérables vont peu à peu pouvoir
être mise en valeur, Il en est de même des
vastes territoires qui se trouvent au bord de la
C6te d'Ivoire, lorsque les voies ferrées proje-
tées dans la Boucle du Niger seront construites.
L'arachide pourra être produite par centaines
de milliers de tonnes par les provinces peuplées
de Bobo-Dioulasso, de Dédougou et de Mossi.
Les palmeraies de la région côtière ne sont
d'autre part encore exploitées que dans une
mesure assez faible. Leur aménagement pro-
gressif, leur extension par des plantations ra.
tionnelles d'arbres plus productifs, l'emploi de
machines mêmes rustioues pour traiter les grai-
nes et les noix de palme, sont susceptibles de
faire augmenter considérablement la production
d'huile et d'amandes.
En dehors des arachides et des produits du
palmier à huile, l'Afrique Occidentale fran-
çaise exporte déjà des quantités appréciables
d'autres denrées oléagineuses, telles que beurre
et amandes de karité, sésame, ricin, graines
de coton, etc. Les sorties de karité pourraient
se développer assez rapidement, mais pour cela
aussi, il faudrait aménager les peuplements
d'arbres qui fournissent la noix de karité en
vue d'une production piUs forte et surtout plus
régulière.
L' A.O.F. devrait pourvoir fournir à la mé-
tropole toutes les quantités de corps gras dont
celle-ci a besoin et qu'elle doit encore acheter
pour grande partie à l'étranger. L' achèvement
du réseau ferré, l'amélioration de la plupart des
lignes déjà construites s'imposent dans ce but.
Les sacrifices nécessaires pour faciliter l'évacua-
tion des denrées vers les ports d'embarquements
doivent être consentis sans hésitation dans toute
la limite des ressources disponibles. Ils sont
facteurs du développement des différentes pro-
ductions et, partant, de l'essor économique
général de la colonie.
William Bertrand,
Député de la Charerale-lnfrfeure.
membre de la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
-0801
A LA CHAMBRE
Le câble France-Tunisie
M. Dejarnaulds a déposé sur le bureau de
la Chambre, un rapport sur le projet de loi
tendant à ratifier l'avenant du 26 septem-
bre 1923 à Ja convention conclue entre la
France et la Tunisie le 20 mars 1888, relatif
à la pose d'un deuxième câble entre ,1a
France et la Tunisie.
Aux termes de ce rapport, favorable en
ses conclusions, à la ratification du projet,
la dispense totale, pour la pose de ce cAble,
se monte il. 10 millions. Elle sera supportée
se monte à 10
par moitié entre la France et la Tunisie.
Mais -la Tunisie s'engage à avancer sur les
fonds de sa trésorerie la totalité de la
somme. Elle sera remboursée Drovisoire-
ment de la part incombant à. la métropole,
par l'abandon à son profit du montant du
solde créditeur du compte télégraphique
annuel échangé entre les deux offices, soit
environ 200.000 francs.
Dès que l'état de la trésorerie le permettra
la somme versée par la métropole figurera
au budget.
L'avance faite par la Tunisie à la France
ne sera pas productive d'intérêt.
L'Emprunt du Congo
Le Gouvernement soumet aux Chambres
un projet de loi autorisant le Gouvernement
général de l'Afrique Equatoriale française à
contracter un emprunt de 21 millions do
francs pour exécuter divers travaux d'utilité
publique et -d'intérôt général, complétant 'a
toi du 12 Juillet 1909, modifiée par la loi
du 31 mars 1914.
Dans l'expose des motifs, le projet fait
ressortir que la loi d.u "12 juillet 1909, avait
affeelé au chapitre II de l'emprunt de 21
millions de francs de l'Afrique Equatoriale
française 6lait autorisée à contracter un
,r.récUl de 2.700.000 fr. pour ila construction
d'un câble de Libreville il Loango.
L'exécution complète de cet ouvrage, autorisée
par décrets des 27 février 1911 et 15 avril 1912,
a nécessité une dépense s'élevant à Z millions
007.(V11 fr. 08 laissant disponible un crédit de
92.308 fr. 92.
Or, Brazzaville, capitale de l'Afrique équa-
toriale française, et Léopoldvile, terminus du
chemin de fer du Congo belge, séparées seule-
ment par le fleuve Congo, ne possèdent depuis
1908, année pendant laquelle les câbles qui les
reliaient se rompirent, s'envasèrent et ne purent
être relevés, aucun moyen rapide de corres-
pondre.
Celle situation, qui devient de plus en plus
gnantc. en raison de l'importance croissante
dqfc affaires commerciales traitées entre ces
deux villes, avait déjà attiré l'attention des
autorités supérieures des deux colonies. En
1922* le gouverneur général du Congo belge
avait accueilli favorablement la proposition faite
par le gouverneur général de l'Afrique équa-
toriale française, en vue de la reconstruction
à frais communs d'un cable téléphonique. En
1923, par lettre n° 5801 du 23 octobre, le gou-
verneur général du Congo belge a confirmé cet
accord.
L'administration locale a cru devoir, dans ces
conditions, proposer que le crédit disponible de
92.368 fr. 92 soit emploYé à reUer de nouveau
conditions, 92 soit employé à relier de nouveau
les deux principaux centres commerciaux des
deux colonies.
Celle somme représente sensiblement la moi.
tié des dépenses qui seraient nécessaires pour
l'achat et la mise en place d'un câble télégra-
phique, ainsi qu'il résulté du devis étudié par
les services des P. T. T. du Congo 'belge et de
l'Afrique équatoriale française.
Il serait entendu que les crédits nécessaires
au-delfi de 92.368 fr. 92 seraient inscrits, le cas
échénnl, au budget général de la colonie.
41»
La mission Delingette er Rhodâia
0
Le capitaine Delingette, qui, accompagné
de sa femme et d'un mécanicien, a quitté
Colomb-Bcchar le 15 novembre dernier, dans
une automobile Renault 10 C. V., est arrivé
à Ruluwayo (Afrique anglaise du sud).
A la suite de cette remarquable randon-
née à travers l'Afrique, il a annoncé son
intention, s'il reçoit l'autorisation néces-
saire d'effectuer le voyage de retour par la
voie Le Cap-Le Caire.
Le capitaine iDelingeUe a été invité à
prendre part au dÓflIté de gala qui doit avoir
ilen prochainement à Johannesburg, & l'oc-
casion de la visite du prince de Galles,
- NOTES D'HISTOIRE
La peuplade des Colonies
La r
sous l'ancien régime
On a tort de penser que
la monarchie française ne
peuplait les colonies
qu'avec les marauds, co-
quins, belitres, tire-laine,
vide-gousset, coupeurs de
bourses, et autres gentils-
hommes de truandaille,
auxquels on etlVOvaÍt. Par
la suite, des femmes -dignes d'eux, et qui
avaient eu maintes difficultés avec la police.
Il suffit, pottr corriger cette erreur, de
parcourir les correspondances de l'époque,
Sans doute, la « peuplade » se faisait par
toute sorte de moyens. Mais la recherche des
gens Ilolmêles, désireux de s'expatrier, était
recommandée par le grand ministre Colbert.
Il prenait volontiers les curés comme col-
laborateurs. Ceux-ci, apparemment, devaient
bien connaître dans leurs paroisses, des jeu-
nes filles désolées de coiffer sainte Cathe-
rine. Ordre était donné aux curés de les déci-
der à aller aux colonies. Là elles étaient cer-
taines de trouver des époux. « Sa Alajcsté,
écrivait Colbert à l'intendant du Canada, a
donné des ordres nécessaires pour envoyer
cette année iqo filles; aussi, je m'asstife que,
aussitôt qu'elles seront arrivées, vous travail-
lerez à les établir et à tes marier avec lesdits
soldats (ceux qui avaient construit leurs habi-
tatiolts) et les autres habitants, en sorte que
la colonie en recevra une augmentation consi-
dérable..
C'est là-dessus principalement qu'il jugeait
tes fonctionnaires. « Il ne faut pas qu'un in-
tendant croie avoir jamais bien fait son devoir
qu'il ne voie au moins deux cents familles
d'augmentation tous les ans. » Pour y par-
venir , divers procédés étaient mis en applica-
tion : les volontaires étaient privés de la
traite et de la chasse s'ils fiétaie/li pas ma-
riés quinze jours après l'arrivée du vaisseau
qui amenait les filles; des primes étaient ver-
sées aux mariés jeunes ; quand les enfants
mettaient trop de temps à sc marier, les pa..
rents étaient frappés d'une amende; les pires
de familles nombreuses recevaient des pen-
siottsy à la condition qu'aucun de leurs en-
fants ne fill prêtre, religieux ou religieuse,
comme en France, d'ailleurs, Brel, c'était le
mariage obligatoire, ou à peu pris.
Avec de telles préoccupations, on conçoit
que les qualités morales n'étaient pas celles'
que Colbert faisait passer en première ligne.
Avant tout, il fallait des gaillardes aux fortes
hanches, à la poitrine lobuste. « Nous pré-
parons, déclare-t-il, les 150 filles, les cava-
les, chevaux entiers et brebis qu'il faut faire
passer au Canada. 11 Bétail lit/mai", bétail
comme les autres, va-t-on s'écrier, en voyant-
cette éntitnération, où les filles voisinent avec
les cavales et les animaux reproducteurs !
Cela est vrai, mais en gros seulement. Tou-
jours est-il que les efforts pour envoyer aux
colonies une autre population que celle des
tripots et des galères sont réels.
Dès 1.722, on croit même pouvoir ne plus
faire appel à la clientèle des condamnés :
« Les colonies se trouvent à présent peu-
plées par un grand nombre de familles qui y
ont passé volontairement, plus propres à en-
tretenir un bon commerce avec les naturels
du pays que ces sortes de gens qui y portaient
avec eux la fainéantise et leurs « mauvaises
mœurs, il ne sera plus permis à l'avenir à nos
cours et juges d'ordonner que les contreve-
nants soient transportés dans nos colonies. »
Ces quelques observations sur la peuplade
n'ont pas simplement un intérêt rétrospectif :
peut-être auraient ellef. leur place dans mit
discussion sur le problème si souvent agité:
le Français a-t-il V esprit colonisateur ?
Mario Roustan,
Sénateur de l'Ilérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lnnirs. Secrétaire général dit Groupe
viticole.
Lire en seconde page:
M. Painlevé au Maroc.
Héorets et arrêtés.
Les prix coloniaux au Salon
-o-
Les différentes commissions de l'Académie
des Beaux-Arts, de la Société des Artistes fran-
çais, de la Société nationale des .Beaux-Arts,
du Salon d'Automne et de la Société coloniale,
réunies sous la présidence de M. Henry Béran-
ger, ont constitué le jury chargé de l'attribu-
tion des prix coloniaux décernés annuellement
au Salon par la Société coloniale daa Artistes
français.
Ont été désignés : Prix de l'IndOo-Chine : M.
Desson (Julcs-Gustave), peintre. Prix de Mada-
gascar : M. Maxence (Jean), peintre. Prix du
Maroc : M. Adler (Jean), peintte. Prix de
l'Afrique occidentale française : M. Nivelt (Ro-
gûrJiioDCrt). prix de l'Afrique équatoriale fran-
çaise : M. Séné (Henry). peintre. Prix Louis
Dumoulin pour l'Algérie : Mme GaUTLy (Jeanne),
peintre.
Prix de la Compagnie transatlantique : M.
Rroca (Louis-Alexis de), Mlle Nivoultès (Marie),
M. Frédéric-Tourte (Pierre).
LE TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
La Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans rrnde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qu'à la date du 11
juin 1925 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr. 10. 1
Louis Gentil
C'est une grande figure de l'Afrique du
Nord qui disparaît. Louis Gentil faisait partie
de cette pléiade de professeurs à la Sorbonne et
tru Collège de France, qui ont fait leur, notre
Afrique du Nord et s'p sont dévoués passion-
nément. Comme Henri Schirmer, comme
Victor Demontes, comme Augustin Bernard,
mais lui plus spécialement dans le domaine
scientifique et de la géographie physique, il
s'était acquis une notoriété qui dépassait nos
frontières.
Je l'avais connu, il y a quelques années au
Maroc et le hasard de la route nous fit reve-
nir à l'époque, de Rabat à Paris, d'abord
en automobile jusqu'à Tanger,puis,le détroit de
Gilbratar passé, d'Algésiras à PaHs-Il y avait
avec nous le professeur Lugeon, de l'Université
de Lausanne, Henri Cosmer, alors député,
l'ingénieur agronome Victor Cayla qui s'est
spécialisé dans l'étude du coton.
Les longues heures du voyage passèrent
avec une rapidité sans égale. Louis Gentil et
Lugeon qui revenaient d'une dure mission
d'exploitation entre Fès et Ouezzan, à la re-
e - vaine hélas de jaillissements
Plfiéilifères, trompaient leur fatigue et leur
désillusion par un entrain, une verve, une bon-
ne humeur sans cesse renouvelés. Louis Gen-
til, en particulier, nous étonna par ses plaisante-
ries d'étudianl, ses souvenirs du Quartier La-
tin parfois un peu grivois. Il montrait, sous une
autre face, le docte professeur de géologie d la
Faculté des sciences qu'il était alors, le futur
ittembre de l'Institut qu'il allait devenir.
Il est mort à la tâches, usé avant l'âge pour
les plus nobles des catpes.
La Science, la France et le Maroc lui doi-
vent beaucoup.
Tlous ceux qui l'ont connu garderont pré-
cieusement son souvenir.
M.R.
Voici la biographie de cet infatigable tra-
vailleur qu'était Louis Gentil :
M. Louis Gentil, membre de l'Institut,
professeur à la Sorbonne, est décédé samedi
matin. Il était le peau-pète de M. Jacques
Bourcart, préparateur à la Sorbonne, le frère
de M. Alphonse Gentil, architecte céramiste,
et le beau-frère de M. Ernest Penet. Ses ob-
sèques auront lieu demain mardi, 16 courant,
à midi, en l'église Saint-Jacques, du Haut-
Pas. Réunion à la maison mortuaire.
Le savant explorateur du Maroc, Louis
Gentil, était né à Alger, le 15 juillet 1868.
Il avait commencé ses études à l'Ecole su-
périeure des sciences d'Alger.
Il débuta à Paris comme élève de Fouqué
et de M. A. Lacroix pour la pétrographie.
Docteur ès sciences en 1902, avec pour
thèse une remarquable et importante étude géo-
logique et pétrographique du bassin de la laf-
na (Algérie).
Sa parfaite connaissance de la langue et des
coutumes arabes, et l'aour qu'il portait à sa
patrie algérienne, l'incitèrent de bonne heure à
explorer au point de vue scientifique ce qui
nous restait à connaître de l'Afrique du Nord.
Son activité s'exerça en Algérie, en Tunisie,
au - Sahara et - surtout au Maroc. -
Louis Gentil restera célèbre pour son ex-
ploration scientifique et méthodique du Maroc,
commencée bien avant l'établissement de notre
protectorat; six voyages accomplis entre 1904
et 1911 le classèrent parmi nos explorateurs
les plus courageux. Celui accompli notamment
en 1904-1905 dans la région du Sous et du
Haut-Atlas marocain que Louis Gentil par-
courut déguisé en Arabe, constitue un raid par-
ticulièrement audacieux.
Louis Gentil dut à la connaissance parfaite
qu'il avait acquise du Maroc d'être demandé
par le haut commandement militaire pour ac-
compagner plusieurs de nos expéditions au Ma-
roc depuis 1910, il rendit d'éminents services
à ce point de vue lors de la marche sur Fez.
Lors de la crise d'Agadir, en 1911, son ac-
tion personnelle a largement contribué à sau-
- ver - nos droits sur le Sud du -- Maroc.
Conseiller technique et scientifique du Gou-
vernement chérifien depuis l'établissement de
notre protectorat, Louis Gentil n'a pas cessé
de consacrer tous les ans une partie de son ac-
tivité à compléter nos connaissances sur le
Maroc. L'année dernière encore il a accompli
une importante et dure mission dans la région
insoumise de l'Anti-Atlas du Djebel-Ban; et
de l'Oued-Drà.
On peut dire de Louis Gentil qu'il a lar-
gement contribué à donner le Maroc à la
r rance.
La carrière de M. Louis Gentil dans l'en-
seignement ne fut pas moins brillante. D'abord
maître de conférences, puis professeur adjoint
de géologie et pétrographie à la Faculté des
Sciences de Paris, il succédait en 1919, à M.
Charles Vélain dans la chaire de géographie
physique. Il s'y consacra à l'enseignement avec
un dévouement sans bornes.
M. Louis Gentil laisse une œuvre considé -
rable de travaux scientifiques, surtout consa-
crés à l'Afrique du Nord, à la vulcanologie et
la pétrographie, complétés par une oeuvre car-
tographique très importante.
11 a été élu membre de l'Institut, en rempla-
cement de M. Robert Garnier, en février
1923. Il était officier de la Légion dhonneur,
titulaire de la médaille commémprative du
Maroc.
Lrji Annales Coloniales publieront demain l'ar-
ticle de
M. Edouard Néron, sénateur de la Haute-
Loire.
La guerre au Maroc
LE DEPART
DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE
La délégation de la Commission de l'ar-
mée, est arrivée le 13 au matin, à Mar-
seille. Elie est composée de MM. Guilhau-
mon, Guy de Montjou, Cluzel, Fiori, dépu-
tés, accompagnés par M. Chalot, secré-
taire.
Elle s'est rendue à bord du paquebot
Anfa, où elle a été saluée par Le naut per-
sonnel de la Compagnie de navigation à la-
quelle appartient le navire.
L'An[a a quitté Marseille à 11 heures.
La mission doit' arriver à Casablanca
après-demain mercredi.
LE SERVICE DE SANTE
L'aviation sanitaire
De petits avions sont maintenant en sor-
vioe sur le front marocain, ils peuvent al-
ler chercher nos soldats blesses presque
Jusque dans les ambulances.
Chargé 'par le Président du Conseil d'al-
ler étudier au Maroc le fonctionnement de
l'aviation sanitaire, dont il avait, pendant
la (guerre, jeté 'les bases en France et au
Maroc également, le docteur Obassain,
député du Puy-de-Dôme, vient de rendre
comlpte à M. Ossola, sous-secrétaire d'Etat
à la Guerre, du résultat de sa mission.
Le transport des blessés ipar avion a été
réalisé sur une large échelle puisqu'il se
chiffre, pour la -période s'étendant du 30
avril au 5 juin, par 3M> blessés évacués du
front nord sur les hôpitaux du 'Fez (168),
Mecknès (176) et Taza (2).
Ces 340 blesses représentant 110. presque
totalité des blessés graves et correspondent
au cinquième de 1 ensemble des blessés,
proportions habituellement constatées.
L'évacuation a eu lieu, de plus souvent,
en une seule étape, 'l'avion déger à une
seule place intervenant comme auxiliaire
de l'avion 'limousine dans les terrains d'ac-
cès particulièrement difficiles pour ce der-
nier.
Panni 'ls journées fes (plus chargées, on
relève celles du 21 mai (22 blessés évacués
sur Fez) du 26 mai (37 sur Meknèe); du
27 mai (22 sur MccknèB); du 5 juin (2H sur
Fez). Les blessés ont pu, grftee à l'avion,
étire hospitalisés et opérés -le jour même où
ils ont été atteinte. La réduction, ainsi ob-
tenue, du délai de transport, n'est pas
étrangère aux succès opératoires qui sont
enregistrés, la mortalité hospitalière ne dé-
passant pas 3 VOUT 100.
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est inchangée. Le
poste do Bougulouz a été ravitaillé.
Au centre, IfeniiomL s'est renforcé en
face de Taounàt. L'aviation a procédé à
do fréquents et heureux bombardements
sur les organisations rifaincs du secteur.
A l'est, nos partisans, nppuyée par un
pclolor d'automitrailleuses et une esca-
drille, ont facilement repoussé une tenta-
tive d'incursion on bordure de Gucrouaou.
LA SITUATION
Le général Jacqueniot, recevant à Rabal,
les représentants de la Presse, leur a dé-
claré que la situation militaire actuelle
était tout a fait rassurante. Après la sur-
prise du début, les forces françaises em-
pêchent désormais toute progression rifai-
no. Les points d'appui établis par le colo-
nel Frcyden.berg et le général Colombat
tiennent en échec l'ennemi, qui s'est livré
fi. des actions de détail peu efficaces.
L'opinion a exagéré : les forces d'Abd
el Krim ne possî-dcnt pas de mitrailleuses
et ses grenades sont de construction rudi-
ment a ire. Les forces françaises vont être
augmentées en f'I proportions raisonna-
bles l'l, grAcn ù do nombreuses colonnes
mobiles, la situation sera stabilisée entiè-
rement comme elle l'est depuis plusieurs
jours déjà.
On .peut se rendre compte qu'un certain
relAchcment se manifeste du côté des par-
tisans (\' Abd el Krim. La réorganisation
de notr d front de bataille se poursuit d'une
façon heureuse en attendant la manœuvre
offensive. Tout danger sur Fez est entiè-
rement. écarté et la tache d'huile de propa-
gande d'Abd el Krim n'est pas à craindre.
OPERATIONS NAVALES
L'escadre espagnole de l'Afrique du
Nord, composée de croiseurs, contre-tor-
pilleurs, torpilleurs et porteurs d'avions
qui est. actuellement stationnée à Algésiras
a. reçu, pnr .snns-îil'., l'ordre du général
Primo de Rivera, de se préparer à ppa-
reiller pour le Maroc, probablement dans
le but de .})omhnrdrr Âlhucemns.
L'emploi des sous-marins
On signale à Valence la présence de
nomhVcux sOlls-marins qui vraisemblable-
ment serait ni destinés nu blocus des côtes
marocaines.
Canots saisis
On télégraphie de Melilla qu'un patrouil-
leur français a surpris A l'embouchure de
l'oued Kenitra, deux canots automobiles
chargés d'armes et de munitions destinées
aux Hifnins.
LA CONTREBANDE DE GUERRE
Le Bureau ile .presse du port de Hnm-
bourg ta démemti la. nouvelle de iprosso
n'nprès laquelle le Març/aret serait parti
avec une cargaison d'armes à destination
du Maroc.
AU FRONT ESPAGNOL
Dans la zone occidentale espagnole, les
tribus ont reçu l'ordre de fournir des con-
tingents pour attaquer les différents points
de la ligne d'El Ksar à. Tétouan.
Hadjaii est arrivé chez les Beni M'Caouer
avec des contingents rifains.
L'aviation espagnoJe a bombardé le camp
d'Ajdir.
On annonce de Madrid que la pression de
l'ennemi augmente sur tout le front parti-
culièrement dans la région occidentale, maillJ
cela n'a rien d'étonnant, ctant donrué l'ogi-
tation existant sur tout le territoire rebelle.
L'ennemi a essayé de rompre la ligne
espagnole dans le secteur de Beni Hosmar.
Au cours d'un combat d'une certaine impor-
tance, les contingents ennemis, commandés
par les principaux chefs rebelles Djebala,
ont subi des pertes sérieuses, laissant entre
les mains des Espagnols une cinquantaine
de morts ci. de blessés avec leurs armes.
Les troupes espagnoles sont restées sur
les positions de combat.
Le marquis de Magaz a déclaré à des
journalistes que l'opération commencée
dans le secteur de Gorgues, au sud de Té-
touan, s'est terminée avec des résultats
satisfaisants
Dans la zone occidentale espagnole, les
troupes de Khériro ont attaqué violenunent
la position de Dar-Ben-Karricli. Toutes les
tribus du Djebel ont envoyé des contingents
sur la ligne Tetounn-Regaïa. Quelques escar-
mouches sont signalées devant la zone
internationale.
LES MENEES COMMUNISTES
Expulsion
Le fonctionnaire dp la Direction des Fi-
nances, qui avait été arrête pour menées
communistes, a été expulsé du Maroc.
Information judiciaire
contre le député Marty
Le député communiste Murty ot plusieurs-
rvolutionnniros donnaient récemment urne
réunion sur une place de Saint-Nuzaire,
Invitant les soldaJs du Jarn-r. h Ha révolte.
Une information judiciaire vient d'être ou-
verte contre eux.
Des perquisitions ont été faites à Tri-
gnac, centre communiste. Les nommés Le
Goff et Guiichard oni été orrôtés.
Perquisitions et arrestations
Une instruction vient d'être ouverte par
le P-arquet de Strasbourg, contre certains
militants du parti et des Jeunesses com-
munistes au sujet de publications et d'agis-
sements ayant trait H. la campagne au Ma-
roc.
Des perquisitions ont eu lieu au siège du
journal communiste allemand publié ù
Strasbourg, de même qu'au domicile de
plusieurs agitateurs notoires. Des docu-
ments ont été saisis.
Des inspecteurs de la Sûreté ont arrêté à
Nantes quatre communistes surpris en fla-
grant délit d'affichage de tfa-ctums séditieux.
Le parti communiste de Thouars ayant
annoncé son intention de faire une réunion
publique, avec le concours du député Dé-
soblin, pour protester contre i'expédition
marocaine, le 'prMct. a interdi cette mani-
festation sur la vole publique.
Le communiste Guibbert, arrêté récem-
ment, fait depuis plusieurs jours la grève
de la faim.
La lettre de M. Vatin-Pérignon
M. Vatin-Périfinon, chef du Cabinet civil
du résident général au Mfiror, auquel M.
MaHlofaud, 'juge d'instruction, avait d'é-
mande des renseignements sur la lettre en-
voyée, le 25 irruii/A M. Pierre Lyiautey, ne-
veu du maréchal, a répondu au magistrat
qu'à catte date il -avait, on effet, écrit à son
ami. Est-ce cette .lettre qui a (été produite à
la Ohambre par M. Doriot et insérée, le
lendemain, dans VIhmianiki ? M. Vatin-Pé-
rignon pourra répondre lorsqu'il aura re«ju
le numéro de l'organe conununiste envoyé
pair avion au Maroc.
On apprend d'autre part q.ue les inspec-
teurs de la police judiciaire ont arrêté bou-
levard ries Italiens, deux femmes qui dis-
tribuaient des tracts communisDes.
L'une a déclaré se nommer .:'\l.rnc Robert,
l'antre Mme Rafignot. Cette d'ernièrc, ainsi
qu'on ne tarda pas fi '1'éta'blir, est la belle-
sœur du député communjstc Doriot, chez
lequel elle habite.
Des perquisitions ont été opérées aux do-
miciles de ,:'\11111"5 Robert et Rafignot. Chez
la première, on n'a saisi que des papiers
ne présentant ancnll intérêt; .ohez la secon-
de, par contre, on a découvert des <:la.:.
menl-s paraissant nssoz intéressants et qui
ont été mis sous scellés.
Les deux femmes, après interrogatoire,
ont été remises en liberté.
Parmi les documents saisis chez Mme.
Rafignot, il v avait la -photographie de la
lettre adressée à M. Pierre Lyautey, pu-
bliée dans Vlhunanilr.
LA CONFERENCE FRANCO-ESPAGNOLE
D'après une information de Madrid, la
conférence franeo-espagnole sur Je Maroc
s'ouvrira le mercredi 17 juin, a M«drdd.
Les experts navals français et espagnols
ont tenu le 12, à Madrid, une première réu-
nion.
i
Le général Gouraud à Vimy
Le général Kioumud. gouverneur militaire,
de Paris, a présidé hier l'inauguration du
monument élevé il Vimy, à la mémoire du
la division marocaine.
Dans son discours, le général a rappelé
dans quelles conditions fut formée celte
glorieuse unité, constituée par la réunion,
en août 1911, « des deux premières brigades
des troupes que lo maréchal Lvautey en-
vova en France, au moment même où
prenait sa fameuse décision, l'un des servi-
ces les plus éclatanls qu'il ait rendus à la
patrie, de tenir Innt, le Maroc maigre le
départ, des troupes d'élite qu'il perdait. »
Le général Gouraud a terminé en deman-
dant aux assistants d'envoyer leurs vœux
ardents de patriotes au dernier comman-
dnnt. de la division pendant la guerre, au
général Daugan, aujourd'hui commandant
général du front nord du Maroc, et lours
sentiments de respect, d'affection et de con-
fiance au maréchal Lyautey..
N
LE NUMIRO ; 90 CENTIMES
LUNDI &01R, 15 JUIN 19*25
Les Annales Coloniales
JOURNAL HUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonça etridmajonimma aux Bureaux dujoumal et dont lu Agence» de Publicité
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Oirihami dwwtwlwBf»M4»niU 1 AwtuprfaduM Kbr^r–
1 Développement rapide de la production
1 des matières grasses en A. 0. F.
.t.
L'essor à tous points de vue remarquable
que l'on constate en Afrique Occidentale fran-
çaise est dû pour une bonne part au développe-
ment rapide de la production des grandes d..
rées oléagineuses qui constituent le fond des
exportations de cette colonie.
Voici ,en effet, quelle a été, pour les princi-
pales de ces denrées, arachides, amandes et
Eauiles de palme, la progression des exportations
--- depuis l'année 1899 :
Période Amandes Huilo
qulnqucDualo do : Arachides de pal mu de pa 1110
- - - -
(t^nnos) (touncs) (toniicBi
1899 Ô. 1003 123.133 29.GT6 j 5.000
1001 fit 1908 127.415 2».G2y 12.41
1900 à 1013 213.619 iC.346 1«J.3«8
1914 û, 1918 305.9W 3G.7H 15.089
1919 à 1923 274.045 61.742 21.200
En 20 ans la production a donc triplé pour
les arachides, plus que doublé pour les aman-
des de palmes. Si pour les huiles de palme, le
développement est plus lent, c'est que cette
denrée est encore obtenue par des procédés
très primitifs, procédés qui ne permettent pas
de tirer parti de toute la matière première dis-
ponible et dont les populations indigènes com-
mencent heureusement à s'affranchir.
La période de 1914 à 1918 a marqué un
certain recul sur a production de la période
quinquenale précédente. La mobilisation, les
difficultés éprouvées par le commerce, pendant
les premières années de la guerre pour évacuer
sur la métropole les stocks rassemblés, avaient
fait baisser lep prix offerts à l'indigène, ralentir
la production et les achats. Ceux-ci ne repri-
rent qu'en 1917 et 1918, lorsqu'ils furent
effectués pour le compte du Ravitaillement.
Les difficultés d'évacuation subsistaient néan-
moins et. sauf en ce qui concerne les arachides,
des stocks assez importants de produits, aman-
des de palme, notamment, restaient à exporter
quand, la guerre terminée, les relations mari-
times redevinrent plus faciles. sinon normales.
Les chiffres cités comme moyennes des ex-
portations de 1914 .à 1918 ne correspondent
donc pas exactement à la production. Ils sont
inférieurs à cette dernière surtout en ce qui con-
cerna les huiles et amandes de palme.
Quoi qu'il en soit, on peut dire que la pro-
duction des matières grasses a plutôt régressé.
en Afrique Occidentale française, pendant les
années de guerre et a, au contraire, augmenté
très fortement pendant la période qui a suivi.
Les moyennes des années 1919 à 1923 sont,
elles aussi, faussées par les conséquences de la
crise commerciale qui a sévi de fin 1920 jus-
qu'au milieu de 1922 et c'est encore la pro-
duction des amandes et huiles de palme qui a
le plus souffert de la chute des prix ollerts par
le commerce. (Pendant l'année 1921, les ex-
portations d'amandes et d'huiles étaient tom-
bées respectivement à 41.184 et à 9.293
tonnes !)
L'indigène des régions côtières, de la Gui-
née. de la Côte d'Ivoire et du Dahomey, gâté
par la nature, dispose de ressources variées et
abondantes. Dès que le travail de cueillette et
de préparation des produits qu'il destine à la
vente ne lui parait plus suffisamment rémunéra-
tenr, il le cesse et attend des jours plus favo-
rables.
La production de l'arachide, obtenue par
culture, est moins sensible aux brusques varia-
tions des cours. Les écarts que l'on constate
quelquefois, d'une année à l'autre, résultent
généralement davantage du plus ou moins
d'abondance des pluies et de leur plus ou moins
de régularité que des différences de prix offerts
par le commerce. Les prix élevés stimulent
incontestablement l'extension 3es superficies
cultivées, mais s'il vient à baisser, les cultiva-
teurs dont les graines d'arachides sont pres-
que la seule ressource, au Sénégal notamment,
récoltent néanmoins et vendent, tandis qu'ail-
leurs les populations mettent beaucoup moins
d'empressement à récolter et à traiter des pro-
duits qui ont poussé sans leur demander d'ef-
forts, surtout si leurs disponibilités en numéraire
ont été accrues par des ventes fructueuses faites
précédemment.
L'année 1924 a marqué un nouveau et très
appréciable progrès des exportations. Les sor-
ties d'arachides ont dépassé 320.000 tonnes,
celles d'amandes et d'huiles de palme 71.500
et 25.800 tonnes.
Ces chiffres sont loin feTêtre à la limite des
possibilités de production de notre grande colo-
nie ouest africaine. L'achèvement du Thiès-
Kayes a déjà permis de procéder à l'extension
des cultures d'arachides au Soudan et des su-
perficies considérables vont peu à peu pouvoir
être mise en valeur, Il en est de même des
vastes territoires qui se trouvent au bord de la
C6te d'Ivoire, lorsque les voies ferrées proje-
tées dans la Boucle du Niger seront construites.
L'arachide pourra être produite par centaines
de milliers de tonnes par les provinces peuplées
de Bobo-Dioulasso, de Dédougou et de Mossi.
Les palmeraies de la région côtière ne sont
d'autre part encore exploitées que dans une
mesure assez faible. Leur aménagement pro-
gressif, leur extension par des plantations ra.
tionnelles d'arbres plus productifs, l'emploi de
machines mêmes rustioues pour traiter les grai-
nes et les noix de palme, sont susceptibles de
faire augmenter considérablement la production
d'huile et d'amandes.
En dehors des arachides et des produits du
palmier à huile, l'Afrique Occidentale fran-
çaise exporte déjà des quantités appréciables
d'autres denrées oléagineuses, telles que beurre
et amandes de karité, sésame, ricin, graines
de coton, etc. Les sorties de karité pourraient
se développer assez rapidement, mais pour cela
aussi, il faudrait aménager les peuplements
d'arbres qui fournissent la noix de karité en
vue d'une production piUs forte et surtout plus
régulière.
L' A.O.F. devrait pourvoir fournir à la mé-
tropole toutes les quantités de corps gras dont
celle-ci a besoin et qu'elle doit encore acheter
pour grande partie à l'étranger. L' achèvement
du réseau ferré, l'amélioration de la plupart des
lignes déjà construites s'imposent dans ce but.
Les sacrifices nécessaires pour faciliter l'évacua-
tion des denrées vers les ports d'embarquements
doivent être consentis sans hésitation dans toute
la limite des ressources disponibles. Ils sont
facteurs du développement des différentes pro-
ductions et, partant, de l'essor économique
général de la colonie.
William Bertrand,
Député de la Charerale-lnfrfeure.
membre de la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
-0801
A LA CHAMBRE
Le câble France-Tunisie
M. Dejarnaulds a déposé sur le bureau de
la Chambre, un rapport sur le projet de loi
tendant à ratifier l'avenant du 26 septem-
bre 1923 à Ja convention conclue entre la
France et la Tunisie le 20 mars 1888, relatif
à la pose d'un deuxième câble entre ,1a
France et la Tunisie.
Aux termes de ce rapport, favorable en
ses conclusions, à la ratification du projet,
la dispense totale, pour la pose de ce cAble,
se monte il. 10 millions. Elle sera supportée
se monte à 10
par moitié entre la France et la Tunisie.
Mais -la Tunisie s'engage à avancer sur les
fonds de sa trésorerie la totalité de la
somme. Elle sera remboursée Drovisoire-
ment de la part incombant à. la métropole,
par l'abandon à son profit du montant du
solde créditeur du compte télégraphique
annuel échangé entre les deux offices, soit
environ 200.000 francs.
Dès que l'état de la trésorerie le permettra
la somme versée par la métropole figurera
au budget.
L'avance faite par la Tunisie à la France
ne sera pas productive d'intérêt.
L'Emprunt du Congo
Le Gouvernement soumet aux Chambres
un projet de loi autorisant le Gouvernement
général de l'Afrique Equatoriale française à
contracter un emprunt de 21 millions do
francs pour exécuter divers travaux d'utilité
publique et -d'intérôt général, complétant 'a
toi du 12 Juillet 1909, modifiée par la loi
du 31 mars 1914.
Dans l'expose des motifs, le projet fait
ressortir que la loi d.u "12 juillet 1909, avait
affeelé au chapitre II de l'emprunt de 21
millions de francs de l'Afrique Equatoriale
française 6lait autorisée à contracter un
,r.récUl de 2.700.000 fr. pour ila construction
d'un câble de Libreville il Loango.
L'exécution complète de cet ouvrage, autorisée
par décrets des 27 février 1911 et 15 avril 1912,
a nécessité une dépense s'élevant à Z millions
007.(V11 fr. 08 laissant disponible un crédit de
92.308 fr. 92.
Or, Brazzaville, capitale de l'Afrique équa-
toriale française, et Léopoldvile, terminus du
chemin de fer du Congo belge, séparées seule-
ment par le fleuve Congo, ne possèdent depuis
1908, année pendant laquelle les câbles qui les
reliaient se rompirent, s'envasèrent et ne purent
être relevés, aucun moyen rapide de corres-
pondre.
Celle situation, qui devient de plus en plus
gnantc. en raison de l'importance croissante
dqfc affaires commerciales traitées entre ces
deux villes, avait déjà attiré l'attention des
autorités supérieures des deux colonies. En
1922* le gouverneur général du Congo belge
avait accueilli favorablement la proposition faite
par le gouverneur général de l'Afrique équa-
toriale française, en vue de la reconstruction
à frais communs d'un cable téléphonique. En
1923, par lettre n° 5801 du 23 octobre, le gou-
verneur général du Congo belge a confirmé cet
accord.
L'administration locale a cru devoir, dans ces
conditions, proposer que le crédit disponible de
92.368 fr. 92 soit emploYé à reUer de nouveau
conditions, 92 soit employé à relier de nouveau
les deux principaux centres commerciaux des
deux colonies.
Celle somme représente sensiblement la moi.
tié des dépenses qui seraient nécessaires pour
l'achat et la mise en place d'un câble télégra-
phique, ainsi qu'il résulté du devis étudié par
les services des P. T. T. du Congo 'belge et de
l'Afrique équatoriale française.
Il serait entendu que les crédits nécessaires
au-delfi de 92.368 fr. 92 seraient inscrits, le cas
échénnl, au budget général de la colonie.
41»
La mission Delingette er Rhodâia
0
Le capitaine Delingette, qui, accompagné
de sa femme et d'un mécanicien, a quitté
Colomb-Bcchar le 15 novembre dernier, dans
une automobile Renault 10 C. V., est arrivé
à Ruluwayo (Afrique anglaise du sud).
A la suite de cette remarquable randon-
née à travers l'Afrique, il a annoncé son
intention, s'il reçoit l'autorisation néces-
saire d'effectuer le voyage de retour par la
voie Le Cap-Le Caire.
Le capitaine iDelingeUe a été invité à
prendre part au dÓflIté de gala qui doit avoir
ilen prochainement à Johannesburg, & l'oc-
casion de la visite du prince de Galles,
- NOTES D'HISTOIRE
La peuplade des Colonies
La r
sous l'ancien régime
On a tort de penser que
la monarchie française ne
peuplait les colonies
qu'avec les marauds, co-
quins, belitres, tire-laine,
vide-gousset, coupeurs de
bourses, et autres gentils-
hommes de truandaille,
auxquels on etlVOvaÍt. Par
la suite, des femmes -dignes d'eux, et qui
avaient eu maintes difficultés avec la police.
Il suffit, pottr corriger cette erreur, de
parcourir les correspondances de l'époque,
Sans doute, la « peuplade » se faisait par
toute sorte de moyens. Mais la recherche des
gens Ilolmêles, désireux de s'expatrier, était
recommandée par le grand ministre Colbert.
Il prenait volontiers les curés comme col-
laborateurs. Ceux-ci, apparemment, devaient
bien connaître dans leurs paroisses, des jeu-
nes filles désolées de coiffer sainte Cathe-
rine. Ordre était donné aux curés de les déci-
der à aller aux colonies. Là elles étaient cer-
taines de trouver des époux. « Sa Alajcsté,
écrivait Colbert à l'intendant du Canada, a
donné des ordres nécessaires pour envoyer
cette année iqo filles; aussi, je m'asstife que,
aussitôt qu'elles seront arrivées, vous travail-
lerez à les établir et à tes marier avec lesdits
soldats (ceux qui avaient construit leurs habi-
tatiolts) et les autres habitants, en sorte que
la colonie en recevra une augmentation consi-
dérable..
C'est là-dessus principalement qu'il jugeait
tes fonctionnaires. « Il ne faut pas qu'un in-
tendant croie avoir jamais bien fait son devoir
qu'il ne voie au moins deux cents familles
d'augmentation tous les ans. » Pour y par-
venir , divers procédés étaient mis en applica-
tion : les volontaires étaient privés de la
traite et de la chasse s'ils fiétaie/li pas ma-
riés quinze jours après l'arrivée du vaisseau
qui amenait les filles; des primes étaient ver-
sées aux mariés jeunes ; quand les enfants
mettaient trop de temps à sc marier, les pa..
rents étaient frappés d'une amende; les pires
de familles nombreuses recevaient des pen-
siottsy à la condition qu'aucun de leurs en-
fants ne fill prêtre, religieux ou religieuse,
comme en France, d'ailleurs, Brel, c'était le
mariage obligatoire, ou à peu pris.
Avec de telles préoccupations, on conçoit
que les qualités morales n'étaient pas celles'
que Colbert faisait passer en première ligne.
Avant tout, il fallait des gaillardes aux fortes
hanches, à la poitrine lobuste. « Nous pré-
parons, déclare-t-il, les 150 filles, les cava-
les, chevaux entiers et brebis qu'il faut faire
passer au Canada. 11 Bétail lit/mai", bétail
comme les autres, va-t-on s'écrier, en voyant-
cette éntitnération, où les filles voisinent avec
les cavales et les animaux reproducteurs !
Cela est vrai, mais en gros seulement. Tou-
jours est-il que les efforts pour envoyer aux
colonies une autre population que celle des
tripots et des galères sont réels.
Dès 1.722, on croit même pouvoir ne plus
faire appel à la clientèle des condamnés :
« Les colonies se trouvent à présent peu-
plées par un grand nombre de familles qui y
ont passé volontairement, plus propres à en-
tretenir un bon commerce avec les naturels
du pays que ces sortes de gens qui y portaient
avec eux la fainéantise et leurs « mauvaises
mœurs, il ne sera plus permis à l'avenir à nos
cours et juges d'ordonner que les contreve-
nants soient transportés dans nos colonies. »
Ces quelques observations sur la peuplade
n'ont pas simplement un intérêt rétrospectif :
peut-être auraient ellef. leur place dans mit
discussion sur le problème si souvent agité:
le Français a-t-il V esprit colonisateur ?
Mario Roustan,
Sénateur de l'Ilérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lnnirs. Secrétaire général dit Groupe
viticole.
Lire en seconde page:
M. Painlevé au Maroc.
Héorets et arrêtés.
Les prix coloniaux au Salon
-o-
Les différentes commissions de l'Académie
des Beaux-Arts, de la Société des Artistes fran-
çais, de la Société nationale des .Beaux-Arts,
du Salon d'Automne et de la Société coloniale,
réunies sous la présidence de M. Henry Béran-
ger, ont constitué le jury chargé de l'attribu-
tion des prix coloniaux décernés annuellement
au Salon par la Société coloniale daa Artistes
français.
Ont été désignés : Prix de l'IndOo-Chine : M.
Desson (Julcs-Gustave), peintre. Prix de Mada-
gascar : M. Maxence (Jean), peintre. Prix du
Maroc : M. Adler (Jean), peintte. Prix de
l'Afrique occidentale française : M. Nivelt (Ro-
gûrJiioDCrt). prix de l'Afrique équatoriale fran-
çaise : M. Séné (Henry). peintre. Prix Louis
Dumoulin pour l'Algérie : Mme GaUTLy (Jeanne),
peintre.
Prix de la Compagnie transatlantique : M.
Rroca (Louis-Alexis de), Mlle Nivoultès (Marie),
M. Frédéric-Tourte (Pierre).
LE TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
La Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans rrnde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qu'à la date du 11
juin 1925 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr. 10. 1
Louis Gentil
C'est une grande figure de l'Afrique du
Nord qui disparaît. Louis Gentil faisait partie
de cette pléiade de professeurs à la Sorbonne et
tru Collège de France, qui ont fait leur, notre
Afrique du Nord et s'p sont dévoués passion-
nément. Comme Henri Schirmer, comme
Victor Demontes, comme Augustin Bernard,
mais lui plus spécialement dans le domaine
scientifique et de la géographie physique, il
s'était acquis une notoriété qui dépassait nos
frontières.
Je l'avais connu, il y a quelques années au
Maroc et le hasard de la route nous fit reve-
nir à l'époque, de Rabat à Paris, d'abord
en automobile jusqu'à Tanger,puis,le détroit de
Gilbratar passé, d'Algésiras à PaHs-Il y avait
avec nous le professeur Lugeon, de l'Université
de Lausanne, Henri Cosmer, alors député,
l'ingénieur agronome Victor Cayla qui s'est
spécialisé dans l'étude du coton.
Les longues heures du voyage passèrent
avec une rapidité sans égale. Louis Gentil et
Lugeon qui revenaient d'une dure mission
d'exploitation entre Fès et Ouezzan, à la re-
e - vaine hélas de jaillissements
Plfiéilifères, trompaient leur fatigue et leur
désillusion par un entrain, une verve, une bon-
ne humeur sans cesse renouvelés. Louis Gen-
til, en particulier, nous étonna par ses plaisante-
ries d'étudianl, ses souvenirs du Quartier La-
tin parfois un peu grivois. Il montrait, sous une
autre face, le docte professeur de géologie d la
Faculté des sciences qu'il était alors, le futur
ittembre de l'Institut qu'il allait devenir.
Il est mort à la tâches, usé avant l'âge pour
les plus nobles des catpes.
La Science, la France et le Maroc lui doi-
vent beaucoup.
Tlous ceux qui l'ont connu garderont pré-
cieusement son souvenir.
M.R.
Voici la biographie de cet infatigable tra-
vailleur qu'était Louis Gentil :
M. Louis Gentil, membre de l'Institut,
professeur à la Sorbonne, est décédé samedi
matin. Il était le peau-pète de M. Jacques
Bourcart, préparateur à la Sorbonne, le frère
de M. Alphonse Gentil, architecte céramiste,
et le beau-frère de M. Ernest Penet. Ses ob-
sèques auront lieu demain mardi, 16 courant,
à midi, en l'église Saint-Jacques, du Haut-
Pas. Réunion à la maison mortuaire.
Le savant explorateur du Maroc, Louis
Gentil, était né à Alger, le 15 juillet 1868.
Il avait commencé ses études à l'Ecole su-
périeure des sciences d'Alger.
Il débuta à Paris comme élève de Fouqué
et de M. A. Lacroix pour la pétrographie.
Docteur ès sciences en 1902, avec pour
thèse une remarquable et importante étude géo-
logique et pétrographique du bassin de la laf-
na (Algérie).
Sa parfaite connaissance de la langue et des
coutumes arabes, et l'aour qu'il portait à sa
patrie algérienne, l'incitèrent de bonne heure à
explorer au point de vue scientifique ce qui
nous restait à connaître de l'Afrique du Nord.
Son activité s'exerça en Algérie, en Tunisie,
au - Sahara et - surtout au Maroc. -
Louis Gentil restera célèbre pour son ex-
ploration scientifique et méthodique du Maroc,
commencée bien avant l'établissement de notre
protectorat; six voyages accomplis entre 1904
et 1911 le classèrent parmi nos explorateurs
les plus courageux. Celui accompli notamment
en 1904-1905 dans la région du Sous et du
Haut-Atlas marocain que Louis Gentil par-
courut déguisé en Arabe, constitue un raid par-
ticulièrement audacieux.
Louis Gentil dut à la connaissance parfaite
qu'il avait acquise du Maroc d'être demandé
par le haut commandement militaire pour ac-
compagner plusieurs de nos expéditions au Ma-
roc depuis 1910, il rendit d'éminents services
à ce point de vue lors de la marche sur Fez.
Lors de la crise d'Agadir, en 1911, son ac-
tion personnelle a largement contribué à sau-
- ver - nos droits sur le Sud du -- Maroc.
Conseiller technique et scientifique du Gou-
vernement chérifien depuis l'établissement de
notre protectorat, Louis Gentil n'a pas cessé
de consacrer tous les ans une partie de son ac-
tivité à compléter nos connaissances sur le
Maroc. L'année dernière encore il a accompli
une importante et dure mission dans la région
insoumise de l'Anti-Atlas du Djebel-Ban; et
de l'Oued-Drà.
On peut dire de Louis Gentil qu'il a lar-
gement contribué à donner le Maroc à la
r rance.
La carrière de M. Louis Gentil dans l'en-
seignement ne fut pas moins brillante. D'abord
maître de conférences, puis professeur adjoint
de géologie et pétrographie à la Faculté des
Sciences de Paris, il succédait en 1919, à M.
Charles Vélain dans la chaire de géographie
physique. Il s'y consacra à l'enseignement avec
un dévouement sans bornes.
M. Louis Gentil laisse une œuvre considé -
rable de travaux scientifiques, surtout consa-
crés à l'Afrique du Nord, à la vulcanologie et
la pétrographie, complétés par une oeuvre car-
tographique très importante.
11 a été élu membre de l'Institut, en rempla-
cement de M. Robert Garnier, en février
1923. Il était officier de la Légion dhonneur,
titulaire de la médaille commémprative du
Maroc.
Lrji Annales Coloniales publieront demain l'ar-
ticle de
M. Edouard Néron, sénateur de la Haute-
Loire.
La guerre au Maroc
LE DEPART
DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE
La délégation de la Commission de l'ar-
mée, est arrivée le 13 au matin, à Mar-
seille. Elie est composée de MM. Guilhau-
mon, Guy de Montjou, Cluzel, Fiori, dépu-
tés, accompagnés par M. Chalot, secré-
taire.
Elle s'est rendue à bord du paquebot
Anfa, où elle a été saluée par Le naut per-
sonnel de la Compagnie de navigation à la-
quelle appartient le navire.
L'An[a a quitté Marseille à 11 heures.
La mission doit' arriver à Casablanca
après-demain mercredi.
LE SERVICE DE SANTE
L'aviation sanitaire
De petits avions sont maintenant en sor-
vioe sur le front marocain, ils peuvent al-
ler chercher nos soldats blesses presque
Jusque dans les ambulances.
Chargé 'par le Président du Conseil d'al-
ler étudier au Maroc le fonctionnement de
l'aviation sanitaire, dont il avait, pendant
la (guerre, jeté 'les bases en France et au
Maroc également, le docteur Obassain,
député du Puy-de-Dôme, vient de rendre
comlpte à M. Ossola, sous-secrétaire d'Etat
à la Guerre, du résultat de sa mission.
Le transport des blessés ipar avion a été
réalisé sur une large échelle puisqu'il se
chiffre, pour la -période s'étendant du 30
avril au 5 juin, par 3M> blessés évacués du
front nord sur les hôpitaux du 'Fez (168),
Mecknès (176) et Taza (2).
Ces 340 blesses représentant 110. presque
totalité des blessés graves et correspondent
au cinquième de 1 ensemble des blessés,
proportions habituellement constatées.
L'évacuation a eu lieu, de plus souvent,
en une seule étape, 'l'avion déger à une
seule place intervenant comme auxiliaire
de l'avion 'limousine dans les terrains d'ac-
cès particulièrement difficiles pour ce der-
nier.
Panni 'ls journées fes (plus chargées, on
relève celles du 21 mai (22 blessés évacués
sur Fez) du 26 mai (37 sur Meknèe); du
27 mai (22 sur MccknèB); du 5 juin (2H sur
Fez). Les blessés ont pu, grftee à l'avion,
étire hospitalisés et opérés -le jour même où
ils ont été atteinte. La réduction, ainsi ob-
tenue, du délai de transport, n'est pas
étrangère aux succès opératoires qui sont
enregistrés, la mortalité hospitalière ne dé-
passant pas 3 VOUT 100.
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est inchangée. Le
poste do Bougulouz a été ravitaillé.
Au centre, IfeniiomL s'est renforcé en
face de Taounàt. L'aviation a procédé à
do fréquents et heureux bombardements
sur les organisations rifaincs du secteur.
A l'est, nos partisans, nppuyée par un
pclolor d'automitrailleuses et une esca-
drille, ont facilement repoussé une tenta-
tive d'incursion on bordure de Gucrouaou.
LA SITUATION
Le général Jacqueniot, recevant à Rabal,
les représentants de la Presse, leur a dé-
claré que la situation militaire actuelle
était tout a fait rassurante. Après la sur-
prise du début, les forces françaises em-
pêchent désormais toute progression rifai-
no. Les points d'appui établis par le colo-
nel Frcyden.berg et le général Colombat
tiennent en échec l'ennemi, qui s'est livré
fi. des actions de détail peu efficaces.
L'opinion a exagéré : les forces d'Abd
el Krim ne possî-dcnt pas de mitrailleuses
et ses grenades sont de construction rudi-
ment a ire. Les forces françaises vont être
augmentées en f'I proportions raisonna-
bles l'l, grAcn ù do nombreuses colonnes
mobiles, la situation sera stabilisée entiè-
rement comme elle l'est depuis plusieurs
jours déjà.
On .peut se rendre compte qu'un certain
relAchcment se manifeste du côté des par-
tisans (\' Abd el Krim. La réorganisation
de notr d front de bataille se poursuit d'une
façon heureuse en attendant la manœuvre
offensive. Tout danger sur Fez est entiè-
rement. écarté et la tache d'huile de propa-
gande d'Abd el Krim n'est pas à craindre.
OPERATIONS NAVALES
L'escadre espagnole de l'Afrique du
Nord, composée de croiseurs, contre-tor-
pilleurs, torpilleurs et porteurs d'avions
qui est. actuellement stationnée à Algésiras
a. reçu, pnr .snns-îil'., l'ordre du général
Primo de Rivera, de se préparer à ppa-
reiller pour le Maroc, probablement dans
le but de .})omhnrdrr Âlhucemns.
L'emploi des sous-marins
On signale à Valence la présence de
nomhVcux sOlls-marins qui vraisemblable-
ment serait ni destinés nu blocus des côtes
marocaines.
Canots saisis
On télégraphie de Melilla qu'un patrouil-
leur français a surpris A l'embouchure de
l'oued Kenitra, deux canots automobiles
chargés d'armes et de munitions destinées
aux Hifnins.
LA CONTREBANDE DE GUERRE
Le Bureau ile .presse du port de Hnm-
bourg ta démemti la. nouvelle de iprosso
n'nprès laquelle le Març/aret serait parti
avec une cargaison d'armes à destination
du Maroc.
AU FRONT ESPAGNOL
Dans la zone occidentale espagnole, les
tribus ont reçu l'ordre de fournir des con-
tingents pour attaquer les différents points
de la ligne d'El Ksar à. Tétouan.
Hadjaii est arrivé chez les Beni M'Caouer
avec des contingents rifains.
L'aviation espagnoJe a bombardé le camp
d'Ajdir.
On annonce de Madrid que la pression de
l'ennemi augmente sur tout le front parti-
culièrement dans la région occidentale, maillJ
cela n'a rien d'étonnant, ctant donrué l'ogi-
tation existant sur tout le territoire rebelle.
L'ennemi a essayé de rompre la ligne
espagnole dans le secteur de Beni Hosmar.
Au cours d'un combat d'une certaine impor-
tance, les contingents ennemis, commandés
par les principaux chefs rebelles Djebala,
ont subi des pertes sérieuses, laissant entre
les mains des Espagnols une cinquantaine
de morts ci. de blessés avec leurs armes.
Les troupes espagnoles sont restées sur
les positions de combat.
Le marquis de Magaz a déclaré à des
journalistes que l'opération commencée
dans le secteur de Gorgues, au sud de Té-
touan, s'est terminée avec des résultats
satisfaisants
Dans la zone occidentale espagnole, les
troupes de Khériro ont attaqué violenunent
la position de Dar-Ben-Karricli. Toutes les
tribus du Djebel ont envoyé des contingents
sur la ligne Tetounn-Regaïa. Quelques escar-
mouches sont signalées devant la zone
internationale.
LES MENEES COMMUNISTES
Expulsion
Le fonctionnaire dp la Direction des Fi-
nances, qui avait été arrête pour menées
communistes, a été expulsé du Maroc.
Information judiciaire
contre le député Marty
Le député communiste Murty ot plusieurs-
rvolutionnniros donnaient récemment urne
réunion sur une place de Saint-Nuzaire,
Invitant les soldaJs du Jarn-r. h Ha révolte.
Une information judiciaire vient d'être ou-
verte contre eux.
Des perquisitions ont été faites à Tri-
gnac, centre communiste. Les nommés Le
Goff et Guiichard oni été orrôtés.
Perquisitions et arrestations
Une instruction vient d'être ouverte par
le P-arquet de Strasbourg, contre certains
militants du parti et des Jeunesses com-
munistes au sujet de publications et d'agis-
sements ayant trait H. la campagne au Ma-
roc.
Des perquisitions ont eu lieu au siège du
journal communiste allemand publié ù
Strasbourg, de même qu'au domicile de
plusieurs agitateurs notoires. Des docu-
ments ont été saisis.
Des inspecteurs de la Sûreté ont arrêté à
Nantes quatre communistes surpris en fla-
grant délit d'affichage de tfa-ctums séditieux.
Le parti communiste de Thouars ayant
annoncé son intention de faire une réunion
publique, avec le concours du député Dé-
soblin, pour protester contre i'expédition
marocaine, le 'prMct. a interdi cette mani-
festation sur la vole publique.
Le communiste Guibbert, arrêté récem-
ment, fait depuis plusieurs jours la grève
de la faim.
La lettre de M. Vatin-Pérignon
M. Vatin-Périfinon, chef du Cabinet civil
du résident général au Mfiror, auquel M.
MaHlofaud, 'juge d'instruction, avait d'é-
mande des renseignements sur la lettre en-
voyée, le 25 irruii/A M. Pierre Lyiautey, ne-
veu du maréchal, a répondu au magistrat
qu'à catte date il -avait, on effet, écrit à son
ami. Est-ce cette .lettre qui a (été produite à
la Ohambre par M. Doriot et insérée, le
lendemain, dans VIhmianiki ? M. Vatin-Pé-
rignon pourra répondre lorsqu'il aura re«ju
le numéro de l'organe conununiste envoyé
pair avion au Maroc.
On apprend d'autre part q.ue les inspec-
teurs de la police judiciaire ont arrêté bou-
levard ries Italiens, deux femmes qui dis-
tribuaient des tracts communisDes.
L'une a déclaré se nommer .:'\l.rnc Robert,
l'antre Mme Rafignot. Cette d'ernièrc, ainsi
qu'on ne tarda pas fi '1'éta'blir, est la belle-
sœur du député communjstc Doriot, chez
lequel elle habite.
Des perquisitions ont été opérées aux do-
miciles de ,:'\11111"5 Robert et Rafignot. Chez
la première, on n'a saisi que des papiers
ne présentant ancnll intérêt; .ohez la secon-
de, par contre, on a découvert des <:la.:.
menl-s paraissant nssoz intéressants et qui
ont été mis sous scellés.
Les deux femmes, après interrogatoire,
ont été remises en liberté.
Parmi les documents saisis chez Mme.
Rafignot, il v avait la -photographie de la
lettre adressée à M. Pierre Lyautey, pu-
bliée dans Vlhunanilr.
LA CONFERENCE FRANCO-ESPAGNOLE
D'après une information de Madrid, la
conférence franeo-espagnole sur Je Maroc
s'ouvrira le mercredi 17 juin, a M«drdd.
Les experts navals français et espagnols
ont tenu le 12, à Madrid, une première réu-
nion.
i
Le général Gouraud à Vimy
Le général Kioumud. gouverneur militaire,
de Paris, a présidé hier l'inauguration du
monument élevé il Vimy, à la mémoire du
la division marocaine.
Dans son discours, le général a rappelé
dans quelles conditions fut formée celte
glorieuse unité, constituée par la réunion,
en août 1911, « des deux premières brigades
des troupes que lo maréchal Lvautey en-
vova en France, au moment même où
prenait sa fameuse décision, l'un des servi-
ces les plus éclatanls qu'il ait rendus à la
patrie, de tenir Innt, le Maroc maigre le
départ, des troupes d'élite qu'il perdait. »
Le général Gouraud a terminé en deman-
dant aux assistants d'envoyer leurs vœux
ardents de patriotes au dernier comman-
dnnt. de la division pendant la guerre, au
général Daugan, aujourd'hui commandant
général du front nord du Maroc, et lours
sentiments de respect, d'affection et de con-
fiance au maréchal Lyautey..
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