Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-05-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mai 1925 26 mai 1925
Description : 1925/05/26 (A26,N79). 1925/05/26 (A26,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969256
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 79 LE NUMERO fc CENTIMES MARDI SQIR, £ 6 MAI 1925
- -.- - -
Les Annales Coloniales
- , ..- -' -. JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES PUBLds PAR "LES ANNALES COLONIALES" 40NT LA paOPllŒlt ;
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Conseil supérieur des colonies
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La décision toute récente que vient de
prendre M. Lucien Hubert, sénateur des
Ardennes, en donnant sa démission de
président-du Conseil Supérieur des Co-
lonies, appelle de nouveau l'attention
- sur cette institution qui depuis sa créa-
tion a vraiment joué un rôle trop effacé
et même, pendant plusieurs années, a eu
un caractère purement nominal. Ce n'est
certainement pas ainsi que l'avait conçu
son fondateur, M. Eugène Etienne, qui
avait voulu en faire une grande assem-
blée coloniale où auraient pu se débattre
les intérêts de nos établissements d'Ou-
tre-Mer, pendant trop longtemps si in-
justement délaissés. Dans la pensée de
ce grand colonial, cette création devait
marquer le désir de la France de tirer de
l'oubli nos possessions lointaines et d'in-
téresser l'opinion publique à leurs desti-
nées en groupant à Paris, les hommes
les mieux qualifiés, par leurs antécédents,
leur expérience et leurs qalités pour dé-
fendre et développer l'idée coloniale.
A côté de nos assemblées métropolitai-
nes où se discutent et se décident les
grandes. questions de la patrie française,
c'était une heureuse conception que de
prévoir un organisme plus modeste, mais
aussi mieux spécialisé dans ses moyens
et dans son action qui aurait pu étudier
.et résoudre des problèmes d'où dépen-
daient aussi le développement et la pros-
périté de notre pays.
- Il est à supposer que si le Conseil Su-
périeur des Colonies avait eu, dès le dé-
but, le fonctionnement normal qu'on lui
avait réservé, notre politique coloniale,
qui a été pendant de longues années si
heurtée et si hésitante et qui encore au-
jourd'hui, donne lieu à des débats si
contradictoires, se serait au contraire net-
tement affirmée et aurait trouvé la" vérita-
ble formule qui convient à son expansion.
Ceux qui admirent notre empire colo-
nial qui, après la période troublée que
nous venons de traverser, peut, à juste'
titre, être considéré comme une des meil-
leures assises de notre puissance ou de
notre sécurité, ne s'imaginent pas tou-
jours, par quelles vicissitudes il est passé
et ouels rudes assauts ont dû soutenir
ceux qui en ont été les principaux arti-
sans. Il s'est un peu constitué de pièces
et de morceaux, au hasard des événe-
ments et, trop souvent lui a manqué
l'idée directrice et l'esprit de suite.
L'administration de nos possessions
d'outre-mer a longtemps été ballottée
entre le ministère de la Marine et celui
du Commerce et ce n'est guère qu'en
Y894 que l'on s'est décidé à créer pour
elles, un ministère spécial: Heureuse-
ment que les temps ont marché, que
l'idée coloniale a fait son chemin, qu'elle
a des partisans nombreux. ardents et
dévoués ayant pour la soutenir des or-
ganes de presse vigilants, documentés
et - enfin - une opinion publique toujours
mieux disposée et plus sympathique.
Plus que jamais il importe donc de
donner sa véritable application à l'idée
qui avait si justement inspiré les préoc-
cupations d'un des meilleurs protagonis-
tes de notre politique coloniale et de ré-
gler, autrement que sur le papier, le fonc-
tionnement et le rôle de ce Conseil Supé-
rieur des Colonies dont la réunion, jus-
qu'ici, avait été indéfiniment ajournée.
- Une première tentative a été faite, en
ce sens, lorsque M. Albert Sarraut était
̃ à la tête du Département des Colonies.
Il a pris une série de mesures indiquant
son vif désir d'utiliser enfin un rouage
laissé sans action jusqu'à présent. Il a
élargi les cadres de ce conseil en y fai-
sant entrer -tous ceux qui, de près ou de
loin, se signalaient à l'attention, soit par
les fonctions occupées par eux dans nos
grandes administrations coloniales, ou'
dans nos diverses possessions d'outre
mer, soit par les services qu'ils avaient
rendus à la cause coloniale par leurs
'écrits ou leur activité dans toutes les
branches de l'Agriculture, de l'Industrie
ou du Commerce. Il a aussi groupé à
côté des membres choisis par les divers
collèges électoraux de nos colonies, des
expériences et des compétences dont les
avis OU même les initiatives ne pouvaient
manquer d'être d'un très grand poids
'dans les projets ou les réglementations
intéressant notre domaine colonial. Pour
faciliter et mieux répartir le travail
plusieurs sections avaient été constituées.
Réalisant enfin la. pensée de son pré-v
décesronr, M. Albert Sarraut a donc
inauguré l'ouverture de ce Conseil Su-
périeur. des Colonies qui ne s'était jamais
réuni, depuis sa création. Dans son dis-
cours il en a indiqué le rôle et tracé le
programme des travaux. Mais il rfa pas
complété Fceuvre qu'il avait commentée
en donnant à ce conseil les moyens de vi-
vre et de se développer normalement,
c'est-à-dire en le dotant des ressources
financières permettant l'organisation des
services nécessaires à son fonctionne-
ment. Cette lacune, on doit effective-
ment l'attribuer aux difficultés budgétai-
res de l'époque et au mot d'ordre imposé
partout de comprimer les dépenses et
d'effectuer les plus strictes économies.
Dans le plan élaboré pour la mise en
valeur de notre empire colonial, le même
reproche pourrait bien être adressé de
ne pas avoir prévu le moyens ou les
ressources indispensables à son exécu-
tion. Et c'est 'sans doute la véritable
raison pour laquelle ce projet n'a pas été
discuté par la Chambre et risque fort
de n'être pas pris en considération, car
il entraîne des dépenses Qui sont, u.
moins pour le moment, tout à fait dis-
proportionnées avec les capacités bud-
gétaires de nos colonies.
Il n'en est pas de même pour le Con-
seil Supérieur des Colonies dont l'orga-
nisation et le fonctionnement administra-
tif demanderaient l'ouverture d'un .cré-
dit très modéré, car il suffirait de pré-
voir, pour le moment, un Secrétariat qui
comprendrait un personnel des plus res-
treints et des frais de bureau insigni-
fiants.
C'est ce crédit, évalué à peine à cin-
quante mille francs, dont le Président du
Conseil Supérieur, M. Lucien Hubert,
avait l'intention de demander l'inscrip-
tion au budget car il en avait compris
la. nécessité. On ne peut que regretter
que les exigences de sa haute situation
politique lui aient fait résigner les fonc-
tions qu'il remplissait avec tant d'auto-
rité. Mais nous sommes persuadés qu'il
saura faire dolpter ,pair les IPouvolirs
publics la proposition dont il était l'au-
teur<
L'utilité de cette dépense est telle,pour
nos possessions coloniales dotées enfin
d'un organisme qui représente, dans la
métropole, leurs aspirations et leur in-
térêts, que celles-ci consentiraient aisé-
ment à en supporter la charge très lé-
gère, lorqu'elle aurait? jété répartie ait
prorata de leurs budgets.
- Il appartiendra au ministre des Colo-
nies de décider cette participation et de
consacrer ainsi par une réforme défi-
nitive le fonctionnement et la bonne mar-
che du Conseil Supérieur des Colonies.
Maurice Bouilloux-Lmfont
Vice-Président de la Chambre,
Député du Finistère.
̃<>»
Au Conseil d'État
"01)
Requête du Président de la Cour d'appel de
Madagascar
Le 27 juillet 1918, M. Lelong (Albert),
était "nommé président de la Cour d'appel
de Madagascar, et partant assimilé à un
premier président d une Cour d'appel, en
France. -
Mais à la suite d un. décret du 14 février
ce mogiistirat devenait, au point d'e vue de
grade, l'inférieul de sept magistrats qui
avaient la même priorité, et par voie de
conséquences, 'la retraite de M. Lelong était
calculée sur la base d'un traitement de
17.000 francs au lieu d- 25.000 fr., attribué
aux premiers présidents de la Cour d'appel.
M. Lelong introduisit alors une requête
au Conseil d'Etat aux fins d'annulation d'un
décret du 11 août 1921, portant la revision
des parités d'office des (magistrats colo-
inension pour servir de base au calcul de la
niaux,
lDension - die retraite.
- - -- -- - - - ,
Cette haute jurisprudence a rejeté cette
(requête pour les motifs ci-après :
« Considérant que pour demander l'an-
nulation du déaret. du 11 août 1921 portant
révision des parités d'office des magistrats
d'ofrice des sur
coloni'aux, M. Lelong se Ifonde à la fois sur
l'atteinte qui aurait été portée aux
droits résultant pour lui des déorets des 28
décembre 1895 et 9 juin 1896 et sur ce que
son irrade lui aurait été retiré sans l'accnm-
plissement des formalités régulières.
« Considérant d'une part, que les droits
résultant pour les fonctionnaires d'une ré-
glementation sont subordonnés au maintien
de cette réglementation, que dès lors le dé-
cret attaqué n'a pas valablement modifié
pour l'avenir l'assimilation antérieurement
attribuée par rapport aux offices de la ma-
gistrature métropolitaine au président de la
Cour d'Appel de Madagascar par les décrets
susmentionnés.
« Considérant que cette modification à la
réglementation générale déterminant les ba-
ses d'après lesquelles il est procédé à la
liquidation des magistrats coloniaux, n'a
constitué à l'égard du requérant aucune
peine disciplinaire.
« I.e Conseil décide que la requête est re-
jetée, n
*IP
A l'Académie des Sciences
DO
Au coure d'une récente séance, M. iDtmê-
rat jEI, fait part de ses recherchas et de celles
de MM. savotrrniïi et Gautier, SUT les ter-
res rouges du Maroc
Sut notre pfflp contint
1
L'occasion s'est récem- j
ment offerte, devant le Sé-
nat et à propos de la dis-
cussion budgétaire, de
parler de notre politique
coloniale. Beau sujet à
discours et les- discours fu-
r e ni bons, excellents
même. Les thèmes en fu-
rent extraits du brillant rapport que M. - de.
lIfonZie, avait écrit avant son entrée au minis-,
tire. Il serait désirable cependant que nous
puissions sortir de l'ère verbale et entrer dans
une voie, résolument et méthodiquement tra-
cée, de réalisation.
Nous possédons le plus bel empire colonial
qui soit. Nous en sommes encore à répandre
nos efforts en poussière et à discuter de mise
en valeur. Des hommes éminents ont élaboré
des programmes et nous y avons applaudi.
Dautres hommes éminents sont venus qui
avaient des idées de perfectionnement. Nous
-avons encore applaudi. Mais nous en som-
mes toujours au même point, sans doute un
peu effrayés par la grandeur de la tâche, par
la multiplicité des buts, par la dissémination
obligatoire de notre attention.
Personne ne conteste plus l'importance, que
dis-je, la nécessité Se notre domaine colonial
et de son exploitation. Inorganisation des
ports, la constrution des chemins de fer, l'ou-
verture des routes, la culture du sol, Vexploi-
tation du sous-sol, toute la politique économi-
que s'offre à nos volontés, et l'on dirait que
nous ne savons par quel bout entreprendre
V oeuvre gigantesque dont on proclame l'ur-
gence. -
a puis' on ne sait s'il ne conviendrait pas
de donner la préférence à l'éducation des in-
digènes, de qui nous attendons une main-
dyœuvre compétente et efficace et une parti-
cipation, de plus en plus escomptée, à la
défense nationale.
Vimmensité de l'effort, intellectuel et
financier, que nous sommes appelés à four-
nir à travers le monde entier, provoque des
hésitations qui finissent par gagner les moins
fatigués d'.entre nous. Aussi ne faut-il pas
s'étonner que des voix encore timides, s élè-
vent pour proposer déjà l'abandon de telle ou
telle parcelle d'un empire colonial jugé par.
fois trop étendu. Des protestations se sont
élevées sans doute contre des intentions que
l'on dénonce comme sacrilèges. L'idée n'en
est pas moins émise et prendra corps si une
politique coloniale ferme n'est pas adoptée et
mise en œuvre à bref délai.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
- ̃
Le départ de M. Viollette
--0-0..-
Le Gouverneur Général d'e l'Algérie, ac-
compagné de Mme Viollette et des membres
de son Cabinet, a quitté Paris hier, à.
21 li. 30. Il a été salué à la gare de Lyon
par M. Tardier, chef de Cabinet du minis-
tre de l'Intérieur, représentant M. &chra-
mèck, M. Mony-Sabin, représentant M.
Steeg,, garde des Sceaux, ancien Gouver-
neur Général de l'Algérie, M. Fiori et M.
Mallarmé, députés, M. Smatti, membre du
Conseil supérieur, et de nombreux parle-
mentaires.
M. Viollette s'est embarqué aujourd'hui
à Marseille pour se rendre à Alger.
Gbute d'un hajioj en mealtarranee
Le ballon Jupiter, parti hier matin du
parc (L'aérostation de Barcelone, a été en-
traîné par un vent violent vers la mer, où
on l'a vu tomber.
Les embarcations parties aussitôt à sa re-
cherche sont rentrées au port sàns Vavoir
aperçu, et on craint que l'aérostat ait été
englouti avec son pilote, M. Solerch.
(Par dépêche.)
El Glaoui, sportman
A bord du paquebot Volubilis, venant du
Maroc à Bordeaux, est arrivé le cheval
« Arcalonite JI, récemment vainqueur du
Grand Prix hippique de Casablanca. « Ar-
calonite », qui appartient à El Glaoui, pa-
cha de Marrakech, va prendre part' aux
courses de Paris. >
(Par dépêche.)
LE LION MALADE
--0-0---
Le lion Ménélick capturé, il y a quelques
mois, au Soudan, s'étaU fait de sérieuses
contusions en 'tombant dans le piège que lui
avaient iendu les -indigènes.Depu-is, cela n'al-
lait pas. M. RoClan-d, vétérinaire et conseil-
ler municipal, décida d'intervenk. Il appli-
qua au fauve, (hier, vingt-deux pointes de
feu.
IMènéliok, docile et, aurait-on dit, recon-
naissant, tendait l'échiné à l'opérateur. Il
s'était laissé de bonne gràce ligoter les
patoos.
Il « comprenait H. Ou ibien, M. Rolflnd,
magistrat et magistral, l'intimidait, peul-
Gtre.
R.L.
u mmmnmm mimn
Le général .Mordacq, ancien commandant
du 53® corps de Pannée du Rhin, est réin-
tégré dans les cadres actifs et nommé mem-
bre du conseil supérieur de la guerre en
remplacement du général Mangiîi.
Les mutais saillants dd UMuliiltu
ArrestaUon tel. J. Liimirc
--0-0--
Voici ce qu'à .l'heure actuelle on sait sur ces
sanglants incidents :
A la commune du Diamant, après le dépouil-
lement du scrutin, on transportait à la mairie une
urne électorale contenant les bulletins d'une sec-
tion de vote pour qu'elle soit transportée au
Conseil du Contentieux et éviter les incidents.
A ce moment, mécontents de voir l'impossi-
bilité de toute fraude, certains électeurs mani-
festèrent ; un coup de fusil partit d'une fenêtre.
Le colonel en retraite de Coppens, conseiller
général du canton, officier de la Légion d'hon-
neur, qui accompagnait l'urne, tomba foudroyé.
M. de Coppens, qui était un blanc, comptait
parmi les meillews amis de M. H. Lemery. Il
laisse une veuve et quatre jeunes filles.
A Ducos, il y a eu aussi de graves et san-
glants désordres. Devant la foule hostile, les
gendarmes du service d'ordre avaient sorti leurs
revolvers et semblaient prêts à tirer sur des ma-
nifestants qui avaient pris à leur égard une atti-
tude hostile. C'est alors que deux conseillers
généraux présents, MM. Charles Zizine et des
Etages, qui étaient à la tête des manifestants,
se précipitèrent vers les gendarmes qui firent
feu. MM. Zizine et des Etages furent tués. Il
y eut aussi des blessés. MM. Zizine et des Eta-
ges étaient des amis de M. J. Lagrosillière.
Il semble que d'autres incidents analogues
ont eu lieu en d'autres endroits où des coups de
feu ont été également tirés.
M. André Hesse intervient
Au reçu de ces télégrammes, M. André
Hesse, ministre des Colonies, a câblé au Gou-
verneur Richard, en le priant d'exprimer ses
condoléances aux familles des victimes. Il lui
a demandé, d'autre part, ainsi qu'à l'inspecteur
des Colonies, Jean Pégourier, actuellement en
mission à la Martinique, de lui fournir des ren-
seignements précis sur les incidents qui se sont
déroulés.
M. André Hesse a donné des instructions
formelles pour que, par tous les moyens légaux,
l'ordre soit maintenu à la Martinique et que des
informations judiciaires soient ouvertes contre
toiis les. fauteurs de troubles.
- - Uhw interpellation au Sénat
Au cours de la s éance d'hier, M. de Selves
a donné lecture au Sénat d'une demande d'in-
terpellation de M. Umery, sur les incidents
qui ont marqué les élections municipales à la
Martinique et sur les mesures que compte pren-
dre* le Gouvernement pour* mettre fin à ces inci-
dents.
et une à la Chambre
De son côté, M. Jean Félix, député socia-
liste de l'Hérault, a déposé une demande d'in-
tetpellation « sur les mesures que le ministre
d Colonies-compte prendre à l'égard du Gou-
verneur de ta Martinique. qui continue à brimer
le suffrage universel, malgré les instructions for-
melles du ministre, et qui refuse d'appliquer à
la colonie la loi d'amnistie H.
La date de cette interpellation sera ultérieu-
rement fixée.
M. Lagrosillière arrêté.
M. le Gouverneur Richard n'a pas attendu
les instructions formelles -Je M. André Hesse
pour agir au lendemain des attentats, ainsi que
nous l'apprend un ctible arrivé ce matin à Paris.
M, J. Lagrosillière a été artité pour excitations
au meurtre. - - -
- - - -- -
Rappelons qu'au cours des réuniont M. J.
Lagrosillière avait prononcé pendant fa campa-
gne électorale des discours très violents. Il avait
notamment invité les électeurs à agir par la
force, te contingent supplémentaire des gendar-
mes réclamé par le Gouverneur pour assurer
l'ordre, n'ayant pas été envoyé par le départe-
ment. Il aurait dit : « Vous êtes le nombre, les
gendarmes ne sont que quelques-uns, n'hésitez
pas. »
1 Les capitaux français en Indochine
0-0-
Dans son récent et très remarquable rapport
sur le budget des colonies au Sénat, M. de
Monzie, ministre de TInstruction publique, es-
timait à 700 millions les capitaux francais in-
vestis dans les affaires financières industrielles,
commerciales et agricoles de l'Indochine.
Ce chiffre est très inférieur à la réalité. On
peut aisément en juger par le relevé suivant.
L'examen de la Cote Officielle de la Bourse
de Paris indique - : _L .0
Au Parquet, 150 millions de valeurs indo-
chinoises (taux d'émission) représentant 1 mil-
liard 100 millions (cours actuels).
Au marché en Banque, 195 millions de va-,
leurs indfochinoises (taux d'émission) représen-
tant 570 millions (cours actuels).
Au marché hors cote, 15 millions de valeurs
indochinoises (taux d'émission) représentant 35
millions (cours actuels).
Ce relevé ne faisant état que des sociétés
anonymes installées dans nos possessions d'Ex-
tTême-Orient, on peut justement estimer à plus
d'un milliard l'appoint capital des affaires par-
ticulières créées par. nos compatriotes.
C'est donc à près de trois milliards qu'on
peut estimer les capitaux français aujourd 'hui
investis en Indochine.
MOUVEMENT DANS LE PERSONNEL
Du L BMSMUNEMtMT
Sont nommés professeurs : à Lille, M.
Lignée, d'Alger ; à Alger, M. Navire,
w.iffwriCT tioiime a jubut
M. Maurice Viollette 'est parti pour aller
prendre possession de son poste de gouver
neur général de l'Algérie. Peu d'heures
avant son départ, il nous recevait et nous
donnait quelques indications sur ses inten
lions.
cc"- Vous avez bien raison de dire mes « in-
tentions u, répondait le gouverneur général,
car je n'ai aucun plan préconçu. Encore le
terme des « intentions » est-il déjà trop ten-
dancieux pour traduire mon état d'esprit.
En fait d'intention, je n'en ai qu'une bien
établie qui est celle de me donner de tout
cœur à une mission qui m'effraye un peu
niais me séduit beaucoup.
Comment je suis devenu gouverneur géné-
ral de l'Algérie ? J'en suis encore à m'en
étonner. Depuis un an, on m'avait offert de
hautes missions coloniales ou diplomatiques ;
je les avais refusées, voulant mener à bonne
fin mon mandat de rapporteur général du
budget. Lorsque M. Paih,evé m'a pressé
de remplacer en Algérie M. Steeg1 qu'il vou-
lait faire entrer dans son ministère, j'avais
terminé ce travail, ie n'en avais pas com-
mencé un autre: j ai accepté.
Depuis, je consulte, j'étudie, je réfléchis
et il me semble qu'il y a de belles et utiles
choses à faire ou à continuer dans ce grand
pays dont la France a le droit de tant es-
pérer, de beaucoup attendre.
- Je sais bien qu'il y a fort à compter avec
le budget de l'Algérie qui, pour cet im-
mense territoire, n atteint pas à la moitié
de celui de la Ville de Paris et cependant
pèse déjà lourdement sur les colons et les
indigènes. Ce n'est que sur place, après une
étude minutieuse que je pourrai me rendre
compte des modalités possibles d'adaptation
entre les ressources fiscales du pays et ses
besoins les plus essentiels.
On ne saurait me demander des miracles,
suivant une formule à la mode. Je n'en pro-
mets point, mais ce que je promets, c'est
tout le dévouement d'un homme auquel on
reconnaît, en général, quelque faculté de
travail jet quelque énergie.
Ma première préoccupation et celle-là
peut être immédiate ce sera d'assurcr
l'ordre et la sécurité, conditions essentiel-
les du travail et par conséquent de la pros-
périté. Tous y sont intéressés, aussi bien les
indigènes que les colons.
Du reste, je considère qu'il est bien peu
de mesures de gouvernement vraiment uti-
les et bienfaisantes qui n'intéressent à la
fois les colons et les indigènes, solidaires
de l'œuvre commune. Les indigènes ont be-
soin des colons - ; les colons ont besoin des
indigènes. On ne saurait concevoir l'Algérie
sans colons, mais non plus sans indigènes.
Il faut donc que ces deux éléments indispen-
sables l'un à l'autre coopèrent sans heurts,
dans une harmonie aussi favorable à l'un
qu'à l'autre, sous la sollicitude impartiale
et cordiale du Gouvernement.
.- a. -.
yuant aux étrangers qui s'installent li-
brement dans ce pays, attirés par les avan-
tages qu'ils y trouvent, ils y seront les bien-
venus à condition de ne pas plus oublier
que les autres qu'ils sont sur une terre
française, où les lois françaises, les auto-
rités françaises, le drapeau trançais doivent
être respectés.
pai eu le temps de me mettre en plein ac-
cord avec les représentants de l'Algérie ;
j'ai déjà vu ici bon nombre de ceux qui ont
quelque droit de parler au nom de leurs con-
citoyens. Aussitôt arrivé, je me mettrai en
relations avec les autres. J'écouterai, je re-
garderai et enfin je m'efforcerai de profiter
de tout ce que j'aurai vu et entendu pour
adopter tant pour moi-même que pour l'ad-
ministration, les directives les plus capa-
bles. non nas de donner satisfaction h tout
le monde, ,- ce qui est une impossibilité de
tous les temps, mais de réaliser les sugges-
tions qui m'auront paru les plus légitimes
et les plus conformes à l'intérêt général.
Inutile de dire que les intérêts agricoles
auxquels est liée: toute la vie de la colonie
n'auront pas de détenseur plus dévoué que
moi. Je connais toutes les difficultés que
rencontre un pays qui, sans être voué à la
monoculture, possède cependant une produc-
tion plus importante que toutes les autres
et pour laquell' ;l a besoin de trouver des
débouchés et c" moyens de transport. L'ad-
ministration s mgéniera à répondre à ces
nécessités. Peut-être lui appartiendra-t-il
aussi d'encourager, de provoquer des tenta-
tives ayant pour but d'introduire ou de dé-
velopper certaines autres cultures, sinon pour
diminuer celle qui se révèle un peu plétho-
rique, du moins pour limiter son accroisse-
ment. Avec cette idée, nous voici à la ques-
tion de l'eaj, c'est-à-dire à l'hydraulique,
dent on a raison de dire qu'elle -doit inspi-
r^r frrvnf-A un a rlanc P AfrirniA rln
""& .,. ,. 1.1"1" "v .:o..&t.,- '-1'-8.
Nord.
A tous ces problèmes. je me garde bien
de dire que j'apporterai une solution. Ils
dépassent un homme, ils dépassent une vie.
Je ferai du moins mon possible pour que
ma gestion ne reste pas étrangère à leur évo-
lution. à laquelle mes prédécesseurs ont
déjà travaille activement. Mon ambition est
que, lorsque j'aurai moi-même un succes-
seur, je lui transmette une œuvre à laquelle
mon nom aura mérité de rester attaché avec
quelque légende do labeur et de justice. »
Ainsi parla M. Maurice Violette et nous
serions bien surpris si la réalité de son ac-
tion ne dépassait pas bien vite la prudence
de son langage.
Le délai qui s'est écoulé entre la première
nouvelle de sa nomination et son départ a
été employé par lui de la façon la Plus
utile. Il a confié la direction de son Cabinet
politique à un fonctionnaire aimé et estimé
de tous les Algériens, qui connaît admira-
blement hommes et choses du pays où il a
toujours vécu, M. Félix Maury, et cette no-
mination a rencontré l'approbation unanime.
Le nouveau Gouverneur général trouvera
en Algérie les plus chaudes sympathies.
L'exemple de son prédécesseur lui prouve
que ce pays sait donner son affection à ceux
qui l'aiment et travaillent jpour lui. Nul
doute qu'il ne l'ait bientôt conquise.
J. Ay m
U MAlAUlE DU SOMMEIL
On ne saurait trop se féliciter des efforts que
toutes les grandes puissances coloniales consa-
crent à la lutte contre la trypanosomiase. -
La Société des Nations a donc compris par-
mi les questions humanitaires internationales,
celle de la définition des zones contaminées
par les trypanosomes, l'émigration de la popu-
lation et les endroits où se trouvent les mouches
tsé-tsé, véhicules de la maladie.
Le Gouvernement belge a désigné le docteuar
Emile Van Campenhour pour le représenter à
la conférence que le Conseil de la Société des
Nations a décidé dé réunir pour examiner avec
les représentants des ackninistrabons coloniales
la possibilité d'envoyer sur place une mission
de spécialistes pour étudier la maladie du som-
meil.
Encore une mission 1 nous dira-t-on. Pour
cette fois nous nous réjouissons de cette ini-
tiative de la grande Assemblée, car nous savons
que, malgré toutes les études très sérieuses en-
treprises jusqu'à ce jour, la tsé-tsé n' a pu être
détruite, la maladie n'est pas enrayée et les
guérisons sont excessivement rares.
Les injections d'atoxyl ont jusqu'ici donné
quelques résultats, mais nous savons que l'ins-
tabilité de ce médicament en rend parfois l'em-
ploi très dangereux.. Tant qu'on n'aura pas pU
le mettre à l'abri des variations de température,
l' atoxyl sera d'un usage très délicat et nt
pourra être considéré comme le remède contre
la maladie du - sommeil.
- a - - ..-
La parole est donc aux médecins de labo-
ratoire. Mais une fois que ces derniers auront
trouvé la solution du problème, ce sont les
praticiens qu'il faudra rechercher. Et là, nous
nous heurtons à un non possumus. Les médecins
n'aiment pas beaucoup la brousse où la bonne
clientèle européenne est Tare ; car pour la plu-
rxart de ces docteurs les places ne valent que par
leur clientèle européenne, et cela s'explique par
la modicité de leurs appointements. Maintes fois
les Annales Coloniales ont demandé que les trai-
tements des médecins ne soient plus des traite-
ments do. famine. Ce. que l'on fait pour les
médecins militaires on doit le faire pour les
médecins de l'A. M. 1. qui ne sont pas des
parias, mais des savants et des docteurs en
médecine comme leurs collègues de l'armée.
Ces derniers touchent 500 francs par mpis df in-
demnité par cc 3eui fait qwllo - sont spécialistes
médecins. Avec leur solde coloniale normale
ils arrivent donc à une somme rondelette, et
alcrs qu'ils ne devraient exercer leur art qu'au-
près des troupes, on les trouve partout, et où
il y a des troupes, ils s'en occupent quelquefois
pendant les loisirs que leur laisse leur clientèle
civile. J' en eus un exemple au Sénégal en
1906. Un médecin à quatre galons oublia de
passer la visite mensuelle de santé aux tirail-
leurs, préférant soigner sa clientèle civile.
Le colonel, informé de cette négligence, le
mit du reste aux arrêts, mais les indigènes
avaient attendu toute une matinée le « doc-
toro ».
Parmi les crédits qui sont si souvent mal
employés, il faut en affecter une forte somme
au budget de l' assistance médicale indigène ;
accueillir dans ce service « toutes les bonnes
volontés », et la maladie du sommeil sera
vaincue en Afrique française corramie elle est
sur le point de le devenir chez nos voisins et
amis du Congo belge.
Monof.
-
DANS LA LEGION D'HONNEUR
0-0-
Sur la proposition du ministre de l'Intérieur,
M. Léo-Abel Gaboriaud. ancien administra,
teur des Colonies, publiciste et critique d'art,
vient d'être nommé Chevalier de la Légion
d'honneur.
Nous sommes heureux d'adresser à notre
sympathique ami nos bien cordiales félicitations.
Lire en sfronde page :
Les débats sur le Maroc il la Chambre.
Notre contre offensive an Maroc.
La situation êrnnonuqne ail Maroc.
La lettre de Bordeaux.
-ee.
La lutte anti-vénérienne
à Madagascar
La facilité des mœurs des habitants de la
Grande Ile a été signalée depuis longtemps
par les navigateurs de la Compagnie royale
des Indes qui y avaient établi des comptoirs
et le chevalier de Flacourt écrivait que, dans
ce pays, « les filles ne voulaient épouser un
garçon qu'elles ne l'eussent auparavant
éprouvé plusieurs fois et depuis longtemps ».
La relation de voyage du chirurgien Dcllon
embarqué à bord d'un vaisseau de la Com-
pagnie, le La Force, est tout entière consa-
crée à « la maladie vénérienne de l'île Dau-
nhine ».
Ces habitudes n'ont pas changé, et les vi-
rus de la contamination exercent toujours
de grands ravages à Madagascar. En 1920,
plus de 100.000 consultants venaient se pré-
senter aux consultations des formations sa-
nitaires et les statistiques des maternités
indigènes donnaient un pourcentage de
43,49 de nouveau-nés syphilitiques. A la
même date, les naissances dépassaient à
peine de 7.863 les décès sur une population
..11 - - - ---- -----
ae 3-5"u-Quu-
Devant cette grave situation, le Gouver-
nement de Madagascar ne pouvait demeurer
indifférent. La lutte contre le « péril véné-
rien >1 fut entreprise avec vigueur dès 1921,
sur l'initiative du médecin inspecteur Allain,
directeur du Service de santé. Elle put être
- -.- - -
Les Annales Coloniales
- , ..- -' -. JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES PUBLds PAR "LES ANNALES COLONIALES" 40NT LA paOPllŒlt ;
EXCLUSIVE DU IOUItNAL
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-iK, nife" 1 =:: :.: IM : : i M :
Il obrabu
1 11 1 -, ,
Conseil supérieur des colonies
.! 1(. - \-
- # ̃-
La décision toute récente que vient de
prendre M. Lucien Hubert, sénateur des
Ardennes, en donnant sa démission de
président-du Conseil Supérieur des Co-
lonies, appelle de nouveau l'attention
- sur cette institution qui depuis sa créa-
tion a vraiment joué un rôle trop effacé
et même, pendant plusieurs années, a eu
un caractère purement nominal. Ce n'est
certainement pas ainsi que l'avait conçu
son fondateur, M. Eugène Etienne, qui
avait voulu en faire une grande assem-
blée coloniale où auraient pu se débattre
les intérêts de nos établissements d'Ou-
tre-Mer, pendant trop longtemps si in-
justement délaissés. Dans la pensée de
ce grand colonial, cette création devait
marquer le désir de la France de tirer de
l'oubli nos possessions lointaines et d'in-
téresser l'opinion publique à leurs desti-
nées en groupant à Paris, les hommes
les mieux qualifiés, par leurs antécédents,
leur expérience et leurs qalités pour dé-
fendre et développer l'idée coloniale.
A côté de nos assemblées métropolitai-
nes où se discutent et se décident les
grandes. questions de la patrie française,
c'était une heureuse conception que de
prévoir un organisme plus modeste, mais
aussi mieux spécialisé dans ses moyens
et dans son action qui aurait pu étudier
.et résoudre des problèmes d'où dépen-
daient aussi le développement et la pros-
périté de notre pays.
- Il est à supposer que si le Conseil Su-
périeur des Colonies avait eu, dès le dé-
but, le fonctionnement normal qu'on lui
avait réservé, notre politique coloniale,
qui a été pendant de longues années si
heurtée et si hésitante et qui encore au-
jourd'hui, donne lieu à des débats si
contradictoires, se serait au contraire net-
tement affirmée et aurait trouvé la" vérita-
ble formule qui convient à son expansion.
Ceux qui admirent notre empire colo-
nial qui, après la période troublée que
nous venons de traverser, peut, à juste'
titre, être considéré comme une des meil-
leures assises de notre puissance ou de
notre sécurité, ne s'imaginent pas tou-
jours, par quelles vicissitudes il est passé
et ouels rudes assauts ont dû soutenir
ceux qui en ont été les principaux arti-
sans. Il s'est un peu constitué de pièces
et de morceaux, au hasard des événe-
ments et, trop souvent lui a manqué
l'idée directrice et l'esprit de suite.
L'administration de nos possessions
d'outre-mer a longtemps été ballottée
entre le ministère de la Marine et celui
du Commerce et ce n'est guère qu'en
Y894 que l'on s'est décidé à créer pour
elles, un ministère spécial: Heureuse-
ment que les temps ont marché, que
l'idée coloniale a fait son chemin, qu'elle
a des partisans nombreux. ardents et
dévoués ayant pour la soutenir des or-
ganes de presse vigilants, documentés
et - enfin - une opinion publique toujours
mieux disposée et plus sympathique.
Plus que jamais il importe donc de
donner sa véritable application à l'idée
qui avait si justement inspiré les préoc-
cupations d'un des meilleurs protagonis-
tes de notre politique coloniale et de ré-
gler, autrement que sur le papier, le fonc-
tionnement et le rôle de ce Conseil Supé-
rieur des Colonies dont la réunion, jus-
qu'ici, avait été indéfiniment ajournée.
- Une première tentative a été faite, en
ce sens, lorsque M. Albert Sarraut était
̃ à la tête du Département des Colonies.
Il a pris une série de mesures indiquant
son vif désir d'utiliser enfin un rouage
laissé sans action jusqu'à présent. Il a
élargi les cadres de ce conseil en y fai-
sant entrer -tous ceux qui, de près ou de
loin, se signalaient à l'attention, soit par
les fonctions occupées par eux dans nos
grandes administrations coloniales, ou'
dans nos diverses possessions d'outre
mer, soit par les services qu'ils avaient
rendus à la cause coloniale par leurs
'écrits ou leur activité dans toutes les
branches de l'Agriculture, de l'Industrie
ou du Commerce. Il a aussi groupé à
côté des membres choisis par les divers
collèges électoraux de nos colonies, des
expériences et des compétences dont les
avis OU même les initiatives ne pouvaient
manquer d'être d'un très grand poids
'dans les projets ou les réglementations
intéressant notre domaine colonial. Pour
faciliter et mieux répartir le travail
plusieurs sections avaient été constituées.
Réalisant enfin la. pensée de son pré-v
décesronr, M. Albert Sarraut a donc
inauguré l'ouverture de ce Conseil Su-
périeur. des Colonies qui ne s'était jamais
réuni, depuis sa création. Dans son dis-
cours il en a indiqué le rôle et tracé le
programme des travaux. Mais il rfa pas
complété Fceuvre qu'il avait commentée
en donnant à ce conseil les moyens de vi-
vre et de se développer normalement,
c'est-à-dire en le dotant des ressources
financières permettant l'organisation des
services nécessaires à son fonctionne-
ment. Cette lacune, on doit effective-
ment l'attribuer aux difficultés budgétai-
res de l'époque et au mot d'ordre imposé
partout de comprimer les dépenses et
d'effectuer les plus strictes économies.
Dans le plan élaboré pour la mise en
valeur de notre empire colonial, le même
reproche pourrait bien être adressé de
ne pas avoir prévu le moyens ou les
ressources indispensables à son exécu-
tion. Et c'est 'sans doute la véritable
raison pour laquelle ce projet n'a pas été
discuté par la Chambre et risque fort
de n'être pas pris en considération, car
il entraîne des dépenses Qui sont, u.
moins pour le moment, tout à fait dis-
proportionnées avec les capacités bud-
gétaires de nos colonies.
Il n'en est pas de même pour le Con-
seil Supérieur des Colonies dont l'orga-
nisation et le fonctionnement administra-
tif demanderaient l'ouverture d'un .cré-
dit très modéré, car il suffirait de pré-
voir, pour le moment, un Secrétariat qui
comprendrait un personnel des plus res-
treints et des frais de bureau insigni-
fiants.
C'est ce crédit, évalué à peine à cin-
quante mille francs, dont le Président du
Conseil Supérieur, M. Lucien Hubert,
avait l'intention de demander l'inscrip-
tion au budget car il en avait compris
la. nécessité. On ne peut que regretter
que les exigences de sa haute situation
politique lui aient fait résigner les fonc-
tions qu'il remplissait avec tant d'auto-
rité. Mais nous sommes persuadés qu'il
saura faire dolpter ,pair les IPouvolirs
publics la proposition dont il était l'au-
teur<
L'utilité de cette dépense est telle,pour
nos possessions coloniales dotées enfin
d'un organisme qui représente, dans la
métropole, leurs aspirations et leur in-
térêts, que celles-ci consentiraient aisé-
ment à en supporter la charge très lé-
gère, lorqu'elle aurait? jété répartie ait
prorata de leurs budgets.
- Il appartiendra au ministre des Colo-
nies de décider cette participation et de
consacrer ainsi par une réforme défi-
nitive le fonctionnement et la bonne mar-
che du Conseil Supérieur des Colonies.
Maurice Bouilloux-Lmfont
Vice-Président de la Chambre,
Député du Finistère.
̃<>»
Au Conseil d'État
"01)
Requête du Président de la Cour d'appel de
Madagascar
Le 27 juillet 1918, M. Lelong (Albert),
était "nommé président de la Cour d'appel
de Madagascar, et partant assimilé à un
premier président d une Cour d'appel, en
France. -
Mais à la suite d un. décret du 14 février
ce mogiistirat devenait, au point d'e vue de
grade, l'inférieul de sept magistrats qui
avaient la même priorité, et par voie de
conséquences, 'la retraite de M. Lelong était
calculée sur la base d'un traitement de
17.000 francs au lieu d- 25.000 fr., attribué
aux premiers présidents de la Cour d'appel.
M. Lelong introduisit alors une requête
au Conseil d'Etat aux fins d'annulation d'un
décret du 11 août 1921, portant la revision
des parités d'office des (magistrats colo-
inension pour servir de base au calcul de la
niaux,
lDension - die retraite.
- - -- -- - - - ,
Cette haute jurisprudence a rejeté cette
(requête pour les motifs ci-après :
« Considérant que pour demander l'an-
nulation du déaret. du 11 août 1921 portant
révision des parités d'office des magistrats
d'ofrice des sur
coloni'aux, M. Lelong se Ifonde à la fois sur
l'atteinte qui aurait été portée aux
droits résultant pour lui des déorets des 28
décembre 1895 et 9 juin 1896 et sur ce que
son irrade lui aurait été retiré sans l'accnm-
plissement des formalités régulières.
« Considérant d'une part, que les droits
résultant pour les fonctionnaires d'une ré-
glementation sont subordonnés au maintien
de cette réglementation, que dès lors le dé-
cret attaqué n'a pas valablement modifié
pour l'avenir l'assimilation antérieurement
attribuée par rapport aux offices de la ma-
gistrature métropolitaine au président de la
Cour d'Appel de Madagascar par les décrets
susmentionnés.
« Considérant que cette modification à la
réglementation générale déterminant les ba-
ses d'après lesquelles il est procédé à la
liquidation des magistrats coloniaux, n'a
constitué à l'égard du requérant aucune
peine disciplinaire.
« I.e Conseil décide que la requête est re-
jetée, n
*IP
A l'Académie des Sciences
DO
Au coure d'une récente séance, M. iDtmê-
rat jEI, fait part de ses recherchas et de celles
de MM. savotrrniïi et Gautier, SUT les ter-
res rouges du Maroc
Sut notre pfflp contint
1
L'occasion s'est récem- j
ment offerte, devant le Sé-
nat et à propos de la dis-
cussion budgétaire, de
parler de notre politique
coloniale. Beau sujet à
discours et les- discours fu-
r e ni bons, excellents
même. Les thèmes en fu-
rent extraits du brillant rapport que M. - de.
lIfonZie, avait écrit avant son entrée au minis-,
tire. Il serait désirable cependant que nous
puissions sortir de l'ère verbale et entrer dans
une voie, résolument et méthodiquement tra-
cée, de réalisation.
Nous possédons le plus bel empire colonial
qui soit. Nous en sommes encore à répandre
nos efforts en poussière et à discuter de mise
en valeur. Des hommes éminents ont élaboré
des programmes et nous y avons applaudi.
Dautres hommes éminents sont venus qui
avaient des idées de perfectionnement. Nous
-avons encore applaudi. Mais nous en som-
mes toujours au même point, sans doute un
peu effrayés par la grandeur de la tâche, par
la multiplicité des buts, par la dissémination
obligatoire de notre attention.
Personne ne conteste plus l'importance, que
dis-je, la nécessité Se notre domaine colonial
et de son exploitation. Inorganisation des
ports, la constrution des chemins de fer, l'ou-
verture des routes, la culture du sol, Vexploi-
tation du sous-sol, toute la politique économi-
que s'offre à nos volontés, et l'on dirait que
nous ne savons par quel bout entreprendre
V oeuvre gigantesque dont on proclame l'ur-
gence. -
a puis' on ne sait s'il ne conviendrait pas
de donner la préférence à l'éducation des in-
digènes, de qui nous attendons une main-
dyœuvre compétente et efficace et une parti-
cipation, de plus en plus escomptée, à la
défense nationale.
Vimmensité de l'effort, intellectuel et
financier, que nous sommes appelés à four-
nir à travers le monde entier, provoque des
hésitations qui finissent par gagner les moins
fatigués d'.entre nous. Aussi ne faut-il pas
s'étonner que des voix encore timides, s élè-
vent pour proposer déjà l'abandon de telle ou
telle parcelle d'un empire colonial jugé par.
fois trop étendu. Des protestations se sont
élevées sans doute contre des intentions que
l'on dénonce comme sacrilèges. L'idée n'en
est pas moins émise et prendra corps si une
politique coloniale ferme n'est pas adoptée et
mise en œuvre à bref délai.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
- ̃
Le départ de M. Viollette
--0-0..-
Le Gouverneur Général d'e l'Algérie, ac-
compagné de Mme Viollette et des membres
de son Cabinet, a quitté Paris hier, à.
21 li. 30. Il a été salué à la gare de Lyon
par M. Tardier, chef de Cabinet du minis-
tre de l'Intérieur, représentant M. &chra-
mèck, M. Mony-Sabin, représentant M.
Steeg,, garde des Sceaux, ancien Gouver-
neur Général de l'Algérie, M. Fiori et M.
Mallarmé, députés, M. Smatti, membre du
Conseil supérieur, et de nombreux parle-
mentaires.
M. Viollette s'est embarqué aujourd'hui
à Marseille pour se rendre à Alger.
Gbute d'un hajioj en mealtarranee
Le ballon Jupiter, parti hier matin du
parc (L'aérostation de Barcelone, a été en-
traîné par un vent violent vers la mer, où
on l'a vu tomber.
Les embarcations parties aussitôt à sa re-
cherche sont rentrées au port sàns Vavoir
aperçu, et on craint que l'aérostat ait été
englouti avec son pilote, M. Solerch.
(Par dépêche.)
El Glaoui, sportman
A bord du paquebot Volubilis, venant du
Maroc à Bordeaux, est arrivé le cheval
« Arcalonite JI, récemment vainqueur du
Grand Prix hippique de Casablanca. « Ar-
calonite », qui appartient à El Glaoui, pa-
cha de Marrakech, va prendre part' aux
courses de Paris. >
(Par dépêche.)
LE LION MALADE
--0-0---
Le lion Ménélick capturé, il y a quelques
mois, au Soudan, s'étaU fait de sérieuses
contusions en 'tombant dans le piège que lui
avaient iendu les -indigènes.Depu-is, cela n'al-
lait pas. M. RoClan-d, vétérinaire et conseil-
ler municipal, décida d'intervenk. Il appli-
qua au fauve, (hier, vingt-deux pointes de
feu.
IMènéliok, docile et, aurait-on dit, recon-
naissant, tendait l'échiné à l'opérateur. Il
s'était laissé de bonne gràce ligoter les
patoos.
Il « comprenait H. Ou ibien, M. Rolflnd,
magistrat et magistral, l'intimidait, peul-
Gtre.
R.L.
u mmmnmm mimn
Le général .Mordacq, ancien commandant
du 53® corps de Pannée du Rhin, est réin-
tégré dans les cadres actifs et nommé mem-
bre du conseil supérieur de la guerre en
remplacement du général Mangiîi.
Les mutais saillants dd UMuliiltu
ArrestaUon tel. J. Liimirc
--0-0--
Voici ce qu'à .l'heure actuelle on sait sur ces
sanglants incidents :
A la commune du Diamant, après le dépouil-
lement du scrutin, on transportait à la mairie une
urne électorale contenant les bulletins d'une sec-
tion de vote pour qu'elle soit transportée au
Conseil du Contentieux et éviter les incidents.
A ce moment, mécontents de voir l'impossi-
bilité de toute fraude, certains électeurs mani-
festèrent ; un coup de fusil partit d'une fenêtre.
Le colonel en retraite de Coppens, conseiller
général du canton, officier de la Légion d'hon-
neur, qui accompagnait l'urne, tomba foudroyé.
M. de Coppens, qui était un blanc, comptait
parmi les meillews amis de M. H. Lemery. Il
laisse une veuve et quatre jeunes filles.
A Ducos, il y a eu aussi de graves et san-
glants désordres. Devant la foule hostile, les
gendarmes du service d'ordre avaient sorti leurs
revolvers et semblaient prêts à tirer sur des ma-
nifestants qui avaient pris à leur égard une atti-
tude hostile. C'est alors que deux conseillers
généraux présents, MM. Charles Zizine et des
Etages, qui étaient à la tête des manifestants,
se précipitèrent vers les gendarmes qui firent
feu. MM. Zizine et des Etages furent tués. Il
y eut aussi des blessés. MM. Zizine et des Eta-
ges étaient des amis de M. J. Lagrosillière.
Il semble que d'autres incidents analogues
ont eu lieu en d'autres endroits où des coups de
feu ont été également tirés.
M. André Hesse intervient
Au reçu de ces télégrammes, M. André
Hesse, ministre des Colonies, a câblé au Gou-
verneur Richard, en le priant d'exprimer ses
condoléances aux familles des victimes. Il lui
a demandé, d'autre part, ainsi qu'à l'inspecteur
des Colonies, Jean Pégourier, actuellement en
mission à la Martinique, de lui fournir des ren-
seignements précis sur les incidents qui se sont
déroulés.
M. André Hesse a donné des instructions
formelles pour que, par tous les moyens légaux,
l'ordre soit maintenu à la Martinique et que des
informations judiciaires soient ouvertes contre
toiis les. fauteurs de troubles.
- - Uhw interpellation au Sénat
Au cours de la s éance d'hier, M. de Selves
a donné lecture au Sénat d'une demande d'in-
terpellation de M. Umery, sur les incidents
qui ont marqué les élections municipales à la
Martinique et sur les mesures que compte pren-
dre* le Gouvernement pour* mettre fin à ces inci-
dents.
et une à la Chambre
De son côté, M. Jean Félix, député socia-
liste de l'Hérault, a déposé une demande d'in-
tetpellation « sur les mesures que le ministre
d Colonies-compte prendre à l'égard du Gou-
verneur de ta Martinique. qui continue à brimer
le suffrage universel, malgré les instructions for-
melles du ministre, et qui refuse d'appliquer à
la colonie la loi d'amnistie H.
La date de cette interpellation sera ultérieu-
rement fixée.
M. Lagrosillière arrêté.
M. le Gouverneur Richard n'a pas attendu
les instructions formelles -Je M. André Hesse
pour agir au lendemain des attentats, ainsi que
nous l'apprend un ctible arrivé ce matin à Paris.
M, J. Lagrosillière a été artité pour excitations
au meurtre. - - -
- - - -- -
Rappelons qu'au cours des réuniont M. J.
Lagrosillière avait prononcé pendant fa campa-
gne électorale des discours très violents. Il avait
notamment invité les électeurs à agir par la
force, te contingent supplémentaire des gendar-
mes réclamé par le Gouverneur pour assurer
l'ordre, n'ayant pas été envoyé par le départe-
ment. Il aurait dit : « Vous êtes le nombre, les
gendarmes ne sont que quelques-uns, n'hésitez
pas. »
1 Les capitaux français en Indochine
0-0-
Dans son récent et très remarquable rapport
sur le budget des colonies au Sénat, M. de
Monzie, ministre de TInstruction publique, es-
timait à 700 millions les capitaux francais in-
vestis dans les affaires financières industrielles,
commerciales et agricoles de l'Indochine.
Ce chiffre est très inférieur à la réalité. On
peut aisément en juger par le relevé suivant.
L'examen de la Cote Officielle de la Bourse
de Paris indique - : _L .0
Au Parquet, 150 millions de valeurs indo-
chinoises (taux d'émission) représentant 1 mil-
liard 100 millions (cours actuels).
Au marché en Banque, 195 millions de va-,
leurs indfochinoises (taux d'émission) représen-
tant 570 millions (cours actuels).
Au marché hors cote, 15 millions de valeurs
indochinoises (taux d'émission) représentant 35
millions (cours actuels).
Ce relevé ne faisant état que des sociétés
anonymes installées dans nos possessions d'Ex-
tTême-Orient, on peut justement estimer à plus
d'un milliard l'appoint capital des affaires par-
ticulières créées par. nos compatriotes.
C'est donc à près de trois milliards qu'on
peut estimer les capitaux français aujourd 'hui
investis en Indochine.
MOUVEMENT DANS LE PERSONNEL
Du L BMSMUNEMtMT
Sont nommés professeurs : à Lille, M.
Lignée, d'Alger ; à Alger, M. Navire,
w.iffwriCT tioiime a jubut
M. Maurice Viollette 'est parti pour aller
prendre possession de son poste de gouver
neur général de l'Algérie. Peu d'heures
avant son départ, il nous recevait et nous
donnait quelques indications sur ses inten
lions.
cc"- Vous avez bien raison de dire mes « in-
tentions u, répondait le gouverneur général,
car je n'ai aucun plan préconçu. Encore le
terme des « intentions » est-il déjà trop ten-
dancieux pour traduire mon état d'esprit.
En fait d'intention, je n'en ai qu'une bien
établie qui est celle de me donner de tout
cœur à une mission qui m'effraye un peu
niais me séduit beaucoup.
Comment je suis devenu gouverneur géné-
ral de l'Algérie ? J'en suis encore à m'en
étonner. Depuis un an, on m'avait offert de
hautes missions coloniales ou diplomatiques ;
je les avais refusées, voulant mener à bonne
fin mon mandat de rapporteur général du
budget. Lorsque M. Paih,evé m'a pressé
de remplacer en Algérie M. Steeg1 qu'il vou-
lait faire entrer dans son ministère, j'avais
terminé ce travail, ie n'en avais pas com-
mencé un autre: j ai accepté.
Depuis, je consulte, j'étudie, je réfléchis
et il me semble qu'il y a de belles et utiles
choses à faire ou à continuer dans ce grand
pays dont la France a le droit de tant es-
pérer, de beaucoup attendre.
- Je sais bien qu'il y a fort à compter avec
le budget de l'Algérie qui, pour cet im-
mense territoire, n atteint pas à la moitié
de celui de la Ville de Paris et cependant
pèse déjà lourdement sur les colons et les
indigènes. Ce n'est que sur place, après une
étude minutieuse que je pourrai me rendre
compte des modalités possibles d'adaptation
entre les ressources fiscales du pays et ses
besoins les plus essentiels.
On ne saurait me demander des miracles,
suivant une formule à la mode. Je n'en pro-
mets point, mais ce que je promets, c'est
tout le dévouement d'un homme auquel on
reconnaît, en général, quelque faculté de
travail jet quelque énergie.
Ma première préoccupation et celle-là
peut être immédiate ce sera d'assurcr
l'ordre et la sécurité, conditions essentiel-
les du travail et par conséquent de la pros-
périté. Tous y sont intéressés, aussi bien les
indigènes que les colons.
Du reste, je considère qu'il est bien peu
de mesures de gouvernement vraiment uti-
les et bienfaisantes qui n'intéressent à la
fois les colons et les indigènes, solidaires
de l'œuvre commune. Les indigènes ont be-
soin des colons - ; les colons ont besoin des
indigènes. On ne saurait concevoir l'Algérie
sans colons, mais non plus sans indigènes.
Il faut donc que ces deux éléments indispen-
sables l'un à l'autre coopèrent sans heurts,
dans une harmonie aussi favorable à l'un
qu'à l'autre, sous la sollicitude impartiale
et cordiale du Gouvernement.
.- a. -.
yuant aux étrangers qui s'installent li-
brement dans ce pays, attirés par les avan-
tages qu'ils y trouvent, ils y seront les bien-
venus à condition de ne pas plus oublier
que les autres qu'ils sont sur une terre
française, où les lois françaises, les auto-
rités françaises, le drapeau trançais doivent
être respectés.
pai eu le temps de me mettre en plein ac-
cord avec les représentants de l'Algérie ;
j'ai déjà vu ici bon nombre de ceux qui ont
quelque droit de parler au nom de leurs con-
citoyens. Aussitôt arrivé, je me mettrai en
relations avec les autres. J'écouterai, je re-
garderai et enfin je m'efforcerai de profiter
de tout ce que j'aurai vu et entendu pour
adopter tant pour moi-même que pour l'ad-
ministration, les directives les plus capa-
bles. non nas de donner satisfaction h tout
le monde, ,- ce qui est une impossibilité de
tous les temps, mais de réaliser les sugges-
tions qui m'auront paru les plus légitimes
et les plus conformes à l'intérêt général.
Inutile de dire que les intérêts agricoles
auxquels est liée: toute la vie de la colonie
n'auront pas de détenseur plus dévoué que
moi. Je connais toutes les difficultés que
rencontre un pays qui, sans être voué à la
monoculture, possède cependant une produc-
tion plus importante que toutes les autres
et pour laquell' ;l a besoin de trouver des
débouchés et c" moyens de transport. L'ad-
ministration s mgéniera à répondre à ces
nécessités. Peut-être lui appartiendra-t-il
aussi d'encourager, de provoquer des tenta-
tives ayant pour but d'introduire ou de dé-
velopper certaines autres cultures, sinon pour
diminuer celle qui se révèle un peu plétho-
rique, du moins pour limiter son accroisse-
ment. Avec cette idée, nous voici à la ques-
tion de l'eaj, c'est-à-dire à l'hydraulique,
dent on a raison de dire qu'elle -doit inspi-
r^r frrvnf-A un a rlanc P AfrirniA rln
""& .,. ,. 1.1"1" "v .:o..&t.,- '-1'-8.
Nord.
A tous ces problèmes. je me garde bien
de dire que j'apporterai une solution. Ils
dépassent un homme, ils dépassent une vie.
Je ferai du moins mon possible pour que
ma gestion ne reste pas étrangère à leur évo-
lution. à laquelle mes prédécesseurs ont
déjà travaille activement. Mon ambition est
que, lorsque j'aurai moi-même un succes-
seur, je lui transmette une œuvre à laquelle
mon nom aura mérité de rester attaché avec
quelque légende do labeur et de justice. »
Ainsi parla M. Maurice Violette et nous
serions bien surpris si la réalité de son ac-
tion ne dépassait pas bien vite la prudence
de son langage.
Le délai qui s'est écoulé entre la première
nouvelle de sa nomination et son départ a
été employé par lui de la façon la Plus
utile. Il a confié la direction de son Cabinet
politique à un fonctionnaire aimé et estimé
de tous les Algériens, qui connaît admira-
blement hommes et choses du pays où il a
toujours vécu, M. Félix Maury, et cette no-
mination a rencontré l'approbation unanime.
Le nouveau Gouverneur général trouvera
en Algérie les plus chaudes sympathies.
L'exemple de son prédécesseur lui prouve
que ce pays sait donner son affection à ceux
qui l'aiment et travaillent jpour lui. Nul
doute qu'il ne l'ait bientôt conquise.
J. Ay m
U MAlAUlE DU SOMMEIL
On ne saurait trop se féliciter des efforts que
toutes les grandes puissances coloniales consa-
crent à la lutte contre la trypanosomiase. -
La Société des Nations a donc compris par-
mi les questions humanitaires internationales,
celle de la définition des zones contaminées
par les trypanosomes, l'émigration de la popu-
lation et les endroits où se trouvent les mouches
tsé-tsé, véhicules de la maladie.
Le Gouvernement belge a désigné le docteuar
Emile Van Campenhour pour le représenter à
la conférence que le Conseil de la Société des
Nations a décidé dé réunir pour examiner avec
les représentants des ackninistrabons coloniales
la possibilité d'envoyer sur place une mission
de spécialistes pour étudier la maladie du som-
meil.
Encore une mission 1 nous dira-t-on. Pour
cette fois nous nous réjouissons de cette ini-
tiative de la grande Assemblée, car nous savons
que, malgré toutes les études très sérieuses en-
treprises jusqu'à ce jour, la tsé-tsé n' a pu être
détruite, la maladie n'est pas enrayée et les
guérisons sont excessivement rares.
Les injections d'atoxyl ont jusqu'ici donné
quelques résultats, mais nous savons que l'ins-
tabilité de ce médicament en rend parfois l'em-
ploi très dangereux.. Tant qu'on n'aura pas pU
le mettre à l'abri des variations de température,
l' atoxyl sera d'un usage très délicat et nt
pourra être considéré comme le remède contre
la maladie du - sommeil.
- a - - ..-
La parole est donc aux médecins de labo-
ratoire. Mais une fois que ces derniers auront
trouvé la solution du problème, ce sont les
praticiens qu'il faudra rechercher. Et là, nous
nous heurtons à un non possumus. Les médecins
n'aiment pas beaucoup la brousse où la bonne
clientèle européenne est Tare ; car pour la plu-
rxart de ces docteurs les places ne valent que par
leur clientèle européenne, et cela s'explique par
la modicité de leurs appointements. Maintes fois
les Annales Coloniales ont demandé que les trai-
tements des médecins ne soient plus des traite-
ments do. famine. Ce. que l'on fait pour les
médecins militaires on doit le faire pour les
médecins de l'A. M. 1. qui ne sont pas des
parias, mais des savants et des docteurs en
médecine comme leurs collègues de l'armée.
Ces derniers touchent 500 francs par mpis df in-
demnité par cc 3eui fait qwllo - sont spécialistes
médecins. Avec leur solde coloniale normale
ils arrivent donc à une somme rondelette, et
alcrs qu'ils ne devraient exercer leur art qu'au-
près des troupes, on les trouve partout, et où
il y a des troupes, ils s'en occupent quelquefois
pendant les loisirs que leur laisse leur clientèle
civile. J' en eus un exemple au Sénégal en
1906. Un médecin à quatre galons oublia de
passer la visite mensuelle de santé aux tirail-
leurs, préférant soigner sa clientèle civile.
Le colonel, informé de cette négligence, le
mit du reste aux arrêts, mais les indigènes
avaient attendu toute une matinée le « doc-
toro ».
Parmi les crédits qui sont si souvent mal
employés, il faut en affecter une forte somme
au budget de l' assistance médicale indigène ;
accueillir dans ce service « toutes les bonnes
volontés », et la maladie du sommeil sera
vaincue en Afrique française corramie elle est
sur le point de le devenir chez nos voisins et
amis du Congo belge.
Monof.
-
DANS LA LEGION D'HONNEUR
0-0-
Sur la proposition du ministre de l'Intérieur,
M. Léo-Abel Gaboriaud. ancien administra,
teur des Colonies, publiciste et critique d'art,
vient d'être nommé Chevalier de la Légion
d'honneur.
Nous sommes heureux d'adresser à notre
sympathique ami nos bien cordiales félicitations.
Lire en sfronde page :
Les débats sur le Maroc il la Chambre.
Notre contre offensive an Maroc.
La situation êrnnonuqne ail Maroc.
La lettre de Bordeaux.
-ee.
La lutte anti-vénérienne
à Madagascar
La facilité des mœurs des habitants de la
Grande Ile a été signalée depuis longtemps
par les navigateurs de la Compagnie royale
des Indes qui y avaient établi des comptoirs
et le chevalier de Flacourt écrivait que, dans
ce pays, « les filles ne voulaient épouser un
garçon qu'elles ne l'eussent auparavant
éprouvé plusieurs fois et depuis longtemps ».
La relation de voyage du chirurgien Dcllon
embarqué à bord d'un vaisseau de la Com-
pagnie, le La Force, est tout entière consa-
crée à « la maladie vénérienne de l'île Dau-
nhine ».
Ces habitudes n'ont pas changé, et les vi-
rus de la contamination exercent toujours
de grands ravages à Madagascar. En 1920,
plus de 100.000 consultants venaient se pré-
senter aux consultations des formations sa-
nitaires et les statistiques des maternités
indigènes donnaient un pourcentage de
43,49 de nouveau-nés syphilitiques. A la
même date, les naissances dépassaient à
peine de 7.863 les décès sur une population
..11 - - - ---- -----
ae 3-5"u-Quu-
Devant cette grave situation, le Gouver-
nement de Madagascar ne pouvait demeurer
indifférent. La lutte contre le « péril véné-
rien >1 fut entreprise avec vigueur dès 1921,
sur l'initiative du médecin inspecteur Allain,
directeur du Service de santé. Elle put être
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