Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-05-28
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mai 1925 28 mai 1925
Description : 1925/05/28 (A26,N80). 1925/05/28 (A26,N80).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396926m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNæ N* 80
LE NUMERÔ i 20 CENTIMES
JEUDI SOIR, 28 MAI 1925
- 0
Les Annales Coloniales
-- tw e li ni J!ic l ie
- - -- JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUliLla PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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MAME1MTI ( Frmnct #f Coloniet. Ma 4S » 15 :
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Le travail indigène
»♦» -
Nous avons vu que, dans la charte de la
race noire, rédigée au Congrès pan-noir de Paris
le 4 septembre 1921, le dernier article est ainsi
rédigé : « Institution d'une section au Bureau
International du Travail, chargée plus spécia-
lement de la protection et de la défense des
travailleurs indigènes. » Il y a là comme un
écho de toutes les protestations humanitaires qui
ont pour fin de défendre le travailleur indigène
contre les abus dont il est ordinairement la
victime.
Sur les maladies qui déciment, nos popula-
tions coloniales, le paludisme, la dyssenterie, la
tuberculose, etc., sur tous les fléaux endémiques
ou épidémiques qui ravagent nos provinces loin-
taines, tout a été dit, et des voix éloquentes
ont attiré l'attention des peuples civilisés. Peut-
être n'a-t-on pas assez parlé des causes nom-
breuses d'affaiblissement, d'épuisement et de
mort, qui proviennent des conditions dans les-
quelles sont placés les indigènes qui constituent
la main d' oeuvre dans nos colonies..
Déjà, d'une façon générale, on peut dire
qu'ils n'ont pas pour la paresse une haine
invétérée. Travailler comme un nègre, est une
expression proverbiale qui n'est pas plus vraie
que beaucoup d'autres. Les premiers qui l'ont
répandue ont mieux aimé la répéter que d'aller
vérifier sur place son exactitude. Sans doute, le
nègre travaillerait beaucoup plus volontiers s'il
était mieux nourri ; quand l'alimentation de l'in-
digène est bonne, on a remarqué naturellement
qu il résiste infiniment mieux aux maladies dont
j ai parlé, et on a constaté notamment que.
pour le garantir contre la maladie du sommeil
et d'autres Réaux terribles, un des meilleurs
moyens est de développer les cultures vivrières
et le cheptel : on a observ é aussi qu'il fournit
une besogne plus sérieuse et plus régulière, sans
que cependant on soit jamais sûr qu'il ne pré-
férera pas la paresse et la famine au travail qui
assurerait sa pitance.
J'ai tu. dans un supplément de la Revue
Je VAUiance Nationale, cette anecdote dont
on a garanti l'authenticité à M. le comman-
dant Charbonneau. chef de bataillon breveté de
J'infanlerie coloniale. Un missionnaire sauve
un jour d'une mort certaine un noir du Congo,
capturé par une tribu anthropophage ; ce noir
tait copieusement engraissé en prévision du
festin dont il. devait être la pièce principale; le
missionnaire le rachète, l'emmène, lui confie
une petite - tâche. Bien entendu, on ne croit pas
devoir continuer lè régime destiné à le rendre
gras, poli, et tendre à point. Au bout de quel-
ques mois, notre noir en a assez ; travailler,
prendre de la peine, quand la brousse était là,
offrant les; heures interminables d'indépendance
et de flânerie ; la tentation était trop forte ; le
noir laisse là son collier et s' évade, préférant
la liberté avec tous ses périls, dont le plus grand
était de se voir destiné de nouveau à être trans-
formé en biftecks et en escalopes.
Qu'aurait-il dit, qu'aurait-il fait s'il avait eu
d'autres mattres qui eussent exigé de lui des
efforts plus considérables, dans des conditions
matérielles désastreuses ?
Un inspecteur général d'agriculture coloniale,
M. A. Fauchère, raconte qu'en 1919 il est
- envoyé par - M. le gouverneur général Schra-
meck pour faire une enquête, au sujet dé plain-
tes de travailleurs indigènes contre l'adminis-
tration. C'était près de Tananarive, Timide-
ment, mais instamment, les populations de la
partie nord de la province faisaient entendre des
protestations. On avait entrepris, dans la plaine
de Tanattarive, de corriger le cours de la ri-
vière Ikopa pour éviter les inondations. Travail
utile, s'écriera-t-on l L'inspecteur général de
l'agriculture déclare qu'il n'en était rien, les
études préparatoires ayant été insuffisantes, et
la - situation devant demeurer incnangée. Bref,
pour cette besogne qui se rattachait en définitive
à la théorie de l'art pour l'art, il fallait des
centaines de milliers der journées de terrassiers,
et peut-être même quelques millions.
Aux prestations régulières des indigènes on
avait donc ajouté des prestations supplémentai-
res. Juillet était arrivé, c'est-à-dire l'époque la
pilUs froide de I année. A ce moment, la mor-
talité est toujours la plus élevée. Sans doute, la
température ne dépasse pas, le matin, 5 à 6
degrés (le minimum est 3° 8), mais les « bouya-
iles » y grelottent, car ils ont leurs vêtements
sordides, usés jusqu'à la corde,
* toile sa l es, qu'ils portent en plèin été quand
les mêmes qu'ils portent en, pleÎ11 été quand
la température va de 20 à 30 degrés.
Nourtliture, vêtement, logement : trois pro-
blèmes qui se posent, avant tout, pour l'indi-
gêne. Di onc, en plein froid de juillet, on faisait
1« M 1 »
venir de pauvres diaores, charges a exécuter
ces prestations supplémentaires, de 30 à 40
kilomètres à la tende, et ils venaient escortés
de leurs familles, afin d'être aidés dans la
ticbe imposée : tout cela, nourri de façon
pitoyable, vêtu lamentablement, travaillant dans
la boue, en claquant des dents, et la nuit cou-
chant pêle-mêle dehors ou sous des abris im-
provisés : on avait oublié de préparer pour ces
malheureux un ravitaillement convenable et des
baraques mflisanres.
Evidemment, l'enquête fut. vite menée à son
terme, et, sans tarder, on mit fin à cette situa-
tion. Mais, fait remarquer justement l'enquê-
teur, si de pareils abus peuvent être commis près
de Tananarive, presque en présence du gouver-
neur général, quels sont ceux qui doivent exis-
ter dans les régions Teculées ou difficiles à abor-
der, quand le contrôle et à peu près inexistant ?
1 « Il y a dans les colonies un contrôleur finan-
cer tprtdépnfcl diietieuiieul du ministre des
Finances : pourquoi n'y aurait-il pas un protec-
teur des ouvriers dépendant du ministre du Tra-
vail 7 » Telle était, cinq ans apfès cette en-
quête, la question que posait M. l'Inspecteur,
devenu honoraire.
On devine l'objection. Une pareille mesure
serait contraire à la tendance générale qui con-
siste à laisser aux administrations coloniales une
autonomie de plus en plus réelle ? Autonomie,
soit, c'est un principe excellent, j'en demeure
convaincu. Mais je ne suis pas de ceux qui
répètent : Périssent les colonies plutôt qu'un
principe ! Primum vivere. Nos colonies ne sont
pas, hélas ! des colonies de peuplement fran-
çais, ni même de peuplement européen. Nous
ne pouvons rien, absolument rien, sans la colla-
boration indigène, sans la main d'œuvre indi-
gène. Pour qu'elle vienne à nous, là même où
elle aimerait mille fois mieux rester inemployée,
il faut qu'elle se sente protégée, défendue, ga-
rantie d'une façon efifcace ? Si l'administration
locale est capable, à elle seule, d'assurer cette
protection envers et contre tous, malgré les
instances parfois pressantes dont elle est l'objet
de la part des employeurs, maigre la persistance
de certaines idées absolwnent regrettables sur
les droits des indigènes, malgré des intérêts
privés dont certains au moins sont respectables
mais moins que l'intérêt général, la créalion
d'un protècteur du travail, indépendant du gou-
verneur de la colonie, en relations directes avec
le ministre du Travail et de l'Hygiène, est
inutile. Posez la question aux coloniaux, et vous
verrez ce qu'ils vous répondront.
D'autres vous diront que cette organisation
existe déjà dans d'autres colonies que les nô..
tres : dans les colonies anglaises, dans h
Guyane hollandaise notamment. Réfléchissons
J en ai parlé dernièrement à un de mes amis,
très versé en ces matières, et pour cause. Il m'a
d'abord assuré que j'avais tort d'adopter l'idée
de cette institution, : « C'est à l'administration
locale à user de persuasion envers les indigènes
pour les décider à louer leurs bras à ceux qui en
ont besoin ; c'est à elle de triompher des obs-
tacles avec le concours entier des chefs autoch-
tones; c'est à elle, d'autre part, de donner aux
travailleurs indigènes la certitude qu'en cas
d'injustices, de passe-droits dont ils seraient
victimes, ils trouveront toujours dans les admi-
nistrateurs des tuteurs naturels et dévoués ; l'as
cendant moral de ces fonctionnaires sur les tra-
vailleurs indigènes est l'élément capital du suc-
cès ; ne le partagez pas entre les administrations
locales et un fonctionnaire rattaché au Minis-
tère du Travail. » Je me suis contenté de lui
demander si, dans sa carrière, il n'avait jamais
rencontré de ces fonctionnaires qui, soit pour
satisfaire aux réclamations à demi-menaçantes
de l'opinion publique locale, soit parce qu'ils
ne pouvaient pas faire autrement. ont dû sacrifier
quelque chose de ce rôle de protecteur des
ouvriers indigènes, si justement et si remarqua-
blement défini.
Je n'ai pas obtenu de réponse.
Mario Roustan,
sénateur de Il é!,aut.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
: --
Ariivée de M. VIolleliB à Alger
0-0-
M. Violletle, gouverneur général de l'Al-
gérie, est arrivé hier soir à quatre heures-
à Alger.
Il a été salué par une salve d'artillerie
et a. débarqué aux voûles de VAmirauté.
Dans un discours adressé au maire, il a
fait l'éloge de VAlgérie et particulièrement
des trouves aladriennes vendant la guerre.
- (Par dépêche.)
Une adresse du Groupe républicain
socialiste
Le Groupe républicain-socialiste à La
Chambre a, adopté, l'adresse, suivante à M.
Maurice Viollette, gouverneur général de
l'Algérie :
CI Le groupe républicain-socialiste, adresse
ses affectueuses félicitations à son secré-
taire général, le citoyen Maurice vioi-
lette, à l'occasion de sa nomination de gou-
vernour général de l'Algérie. Il est heu-
reux de renouveler au citoyen Maurice
Viollette,. qui a été pour lui le plus fidèle
et le plus dévoué des collaborateurs, l'ex-
pression de sa cordiale solidarité et le té-
moignage de sa vive amitié.
« Il souhaite vivement que le rapporteur
général du budget, qui a fait preuve de tant
de courage et du plus vigoureux esprit dé-
mocratique dans ses délicates fonctions ti
la Commission des Finances, poursuive
dans FAfriqiue du Nord la tache de concilier
les hauts intérêts de la France et de la Ré-
publique avec les légitimes aspirations des
populations de l'Algérie. »
A la Commission de r Alaarie
des colonies et des Protectorats
--0-0--
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats se réunira demain
vendredi 29 mai, à 14 heures 30, local du
5° bureau.
A Tordre du jour figure la. suite de la dis-
cussion du projet portant création d'une
banque d'émission à Madagascar.
On sait que M. André Hesse a manifesté
son intention d'être entendu sur le projet
par la Commission, Rappelons que le rap-
porteur en est M. Henri Michel,
Le vignoble
de 1 Afrique du Nord
--0-0--
A la suite d'une inter-
vention de M. Barthe,
député, au sujet de la
crise viticole, le Mitiis-
tre de VAgriculture réu.
nit, le 2 mars 1925, la
Commission consultative
interministérielle de la
viticulture, "afin d'étudier
les divers aspects du p-roblème et de lui cher-
cher une solution.
Dalls le rapport général de M. J. Mire-
poix, récemment, distribué, nous relevons
d'intéressantes indications sur le vignoble de
l'Afrique du Nord. Bien que connus pour
la plupart, les faits signalés méritent d'être
remis sous les yeux du lecteur.
On sait que la crise phyloxériqtte dans la
métropole fut le point de départ de l'ac-
croissement considérable du vignoble algé-
rien. De 65.000 hectolitres de vin en 1864,
la production a passé présentement à pltl d-e
dix millions d"hectolitres dans les années les
plus favorisées, beaucoup plus qu'il n'en faut"
à la consommation locale, et Von prévoit que
le chiffre de 17 à 18 millions d hectolitres
sera bientôt atteint.
L'exportation algérienne t-si (iiiiotirdebiti
d̃: 5 à 7 millions d'hectolitres. Elle devien-
dra rapidement une dangereuse concurrence
pour la production métropolitaine ci vraisem-
blablement, - la surproduction causera dans
la Colonie elle-même des désastres qui seront
à l'origine de la ruine commune des vigne-
tous algériens et français si des palliatifs ne
sont pas trouvés.
La gravite de cet état de choses est accruc
du fait que la vigne a fait son apparitioll en
Tunisie, où les 17. 500 hectares île 1914 sont
devenus 25.614. hectares en 1924, soit une
augmentation de 40 Un viticulteur tmu-
sien, dans un rapport sur les questions viti-
colcs au récent Congres d'Agriculture de
Tunis, exprimait le vœu que la vigne dispa-
rût en France et les régions où elle ne pro-
duit pas des vins de crus ou de gros rreide-
ments, pour laisser la Tunisie fournir de
grosses quantités de vins excellents.
Quant au Maroc, la vigne s'y est implan-
tée et sa production en est actuellement li-
mitée par des mesures législatives.
M. Mirepoix fait observer à juste raison
que Vaccomplissement des vœux tunisiens se-
rait la mort d'une importante partie du vi-
gnoble français, inapte à toute autre culture
que celle de la vigne ; il ajoute que les vi-
ticulteurs de Tunisie et du Maroc doivent
être croertis qu'un régime spécial leur sera
toujours appliqué et qu'ils n'ont aucun inté-
rU à accroître inconsidérément leurs exploi-
tations.
En conséquence, la Commission consul-
tative a unanimement approuvé cc ':'(Ett qui
concerne la viticulture tunisienne :
a Qu'en aucun cas le contingent d'impoi-
« tation en franchise accodr(r~pour la cam-
« pagne 1924-1925 ne soit augmenté et
« que la réduction de ce contingent au chif-
« fre de 300.000 hectolitres fixé antériell
d renient soit envisagée. »
Les cLntditions de la viticulture algérienne
ont été appréciées par la Commission en
termes impartiaux et véridiques. Les Algé-
riens ont compris toute la gravité du pro-
blème et mesuré le danger que leur cause
rait, avant tous autres, une production llor;!
de proportion avec les besoins réels du mar-
ché français. Ils ont sagement orienté leur
activité vers des cultures complémentaires de
celle de la métropole, agrumes, tabacs, co-
ton. En reconstituant progressivement leur
vignoble, ils s'efforcent à produire des vins
à degré élevé, des mistelles, des vins de li-
queur capables de se substituer aux produits
analogues venus d'Espagne ou de Portugal.
L'attention des viticulteurs d'Algérie ne
saurait être trop attirée sur de telles consta-
tations.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
ialo-
A l'Exposition des Arts Décoratifs
--0-0--
Un prochain gala colonial
Le mois prochain aura lieu à l'Exposition
des Arts Décoratifs une séance solennelle en
l'honneur des colonies. L'organisation de
cette fête a été confiée à MM. Paul Léon,
directeur des Beaux-Arts, et Pierre Guesde,
commissaire général des Colonies à l'Expo-
position. Cette fête aura lieu sous la prési-
dence de M. Gaston Doumeigue. On se sou-
vient que le Président de la République a
été fort longtemps et à deux reprises, minis-
tre des Colonies. Comme pour les fêtes don-
nées au ré-èatelan, en 1906, par M. Geor-
ges Leygues, alors ministre des Colonies, du
Cabinet Sarrien, en l'hojineur du xoi du
Cambodge Sisowath, le Parlement tout en-
tier sella Jinvité. La réunion se tiendra sur
l'escalier d'honneur et dans la salle des Con-
grès du Grand-Palais avec tout le faste dé-
sirable. Le programme en sera, soigneuse-
ment établi et l'on peut se fier là-dessus à
ses organisateurs.
Nous pouvons, dès à présent, dire qu'il se
déroulera le soir, qu'on utilisera le cinéma-
tographe, qu'on y verra de belles danses et
qu'on y appréciera de belle musique. Nous
en reparlerons tout à souhait.
Les maires de la Martinique
approuvent M. Richard
00
Le télégramme suivant est arrivé hier soir
à Paris. 11 émaaffc de 22 maires de la Marti-
nique sur 32. Il confirme ce que nous avons
publié jusqu'à ce jour sur les événements de
la Martinique.
Afous nous associons à la teneur du câble
adtessé par la majorité du Conseil Général.
Nous signalons, en outre, hésitations regretta-
bles du service judiciaire depuis plus d'un
mois. Eu effet, Laçrosillière n'a cessé d'exci-
ter le peuple à la révolte et à l'assassinat sans
avoir été inquiété par la justice qui s'est con-
tentée d'ouvrir une instructiolt et de lui adres-
ser menaces d'arrestation au cas où il y aurait
crime. Nous protestons contre attitude prêtée
à ministre des Colonies qui, d'après rensei-
gnements publiés par Paris-Soir et repro-
duits par journaux locaux, aurait refusé ren-
fort au Gouverneur qui, depuis longtemps,
avait exprimé ses craintts malheureusement
justifiées.
Vous prie assurer en notre nom le Gouver-
nement que nous parviendrons sûrement crue t
Hide du Gouverlleur, maintenir calme troublé
momentanément par seuls agissements La-
grosillii're, auteur violente campagne commu-
niste et insurrectionnelle. Lagrosilliére incar-
céré sans aucun incident ; mesure malheu-
reusement tardive.
Saint-Félix, premier adjoint faisant fonc-
tions de maire ,Fort-de-France), en rempla..
cement de M. Victor Sévère, député-maire,
qui reste en France; Debtic (Le Lamentin),
Cassius de Linval. (Saint-f oseph), G. Gous-
sard (Saint-Esprit), Quantin-Désert (Anses
d'Arld), De BeauviVc (Ducos), Binet (Ri-
vière Pilote), Richaume-Lacour (Sainte-An-
lie), Landa (Le Vauclin), Petit (La Triltilé),
Lucien Belus (Le Robert), Collai (Morne
Rouge), Lorand (Ajoupa Bouillon), Tardon
(Le Prêcheur), Tertullicn Lotirent (Le Car-
bet), Saint-fust Orville (Case Pilote), Lovin-
ce (Schœlcher), Saint-Cyr (Soiute-Luce), Syl-
vanielo (Grand Rivière), Vivies (Le Fran-
çois), Hayot, président du Conseil Gcnènal
(Trois flrJts), et le maire de Diamant.
Notons que les signataires représentent le
chef-lieu de la colonie et la plupart des gros-
ses communes : Fort-ile-France, 40.000 ha-
bitants; le Lamentin, 18.000; le François,
15.000; Rivière Pilote, 12.000; le Carbet,
12.000 ; dans l'cnsciiilile, les trois quarts de
la population de l'île.
- »
L'art khmer et siamois
au Musée Cernuschi
--0-0-
Une exposition d'art khmer et siamois,
organisée sous les auspices de la Ville de
Puris vieil de s'ouvrir au musée Cernus-
chi. Le conservateur de ce musée, M.
d'Ardenne de Tizac, l'a -ordonnée on ne peut
mietlx.
On y voit notamment une belle collection
de tôles île Bouddha dont certaines n'ont
d'é'c..uivalcnl que dans l'art égyptien de la
haute épuque. Ce qui distingue l'art khmer
à ses débuts, ce sont des visages presque
carrés, des lèvres épaisses et des narines
larges, le tout donnant une saisissante im-
pression de force.
Vient ensuite l'art de Lopburi, ville im-
portante de l'empire khmer à la Jin du trei-
zième siècle, foyer de production artistique
abondante. 11 y eut, du onzième au quator-
zième siècle, une période de brillante déca-
dence - khmète. -
Puis la. "nce siamoise ayant conquis rem-
plre khmer, prend le dessus. Les traits
s'affinent, le nez se busqué, les lèvres ont
un sourire énigmatique.
Cette statuaire,, de sa naissance à sa dé-
cadence, offre des œuvres qui sont parmi
les plus humâmes et les plus admirables
de tous les temps.
Des vitrines, des armoires -de pagodes
et des coffres richement ornés ne sont pas
moins prestigieux. 1
On doit une particulière reconnaissance
aux collectioûneuim: MM. Feniand Pila, mi-
nistre de France au Siam, Lefèvre-Pootalis,
Bonasse-Lehel, Didier, Damour, Rémy de
Planterose, Robert Ochsé et le docteur Ro-
bert entre autres, qui ont prêté des pièces
extrêmement précieuses.
Cxmce à eux et gràce à rérudiliqn et au
goût de M. d'Arderme de Tizac,, cette ex-
position est du plus rare intérêt.
lebel
Rappel du général Sarrail (?)
-o-
Le bruit court avec persistance que le gé-
néral Sarrail, haut commissaire en Syrie,
serait prooïvainetmcTit rappelé en Finance
pour prendre pliaice au Conseil Supérieur
de la Gueirre ou au Gouvernement mili-
taire de Paris.
,, Le général "Nolilet serait nommé chef
d'Etat-major général aux lieu et place du
général Debeiiey qui remplacerait le gé-
néral Sarrail en Syrie.
ta succession dU général manmn
C'est le général Targe, commandant le
138 côrps d'armée, à Clermont-Ferrand, qui
est nommé membre du conseil supérieur
de ila guerre, en remplacement du général
Mangin,
Lire en :;ceOllùc page :
Uu discours de M. André Hessc.
Notre contre-offensive au Maroc.
Décrets et arrêtés.
En troisième page.
i Lettre de Marseille.
1
Les BvBoBmBDts du Maroc à la Chambre
Sous la présidence de M. Heiriot, la
Chambre a abondé hier les inbcfrpëtblaitions
de M. Pieure Renaudcl, sur (Los conditions
dans Lesquelles 'le Gouvernement espère
mebne fin Te plus tôt possible aux événe-
ments .militaires et rétablir une at/mosipliè-
rc paciliq'lJc au Maroc; de M. Doriot, suir
les événements militaires du Maroc, sur
le but de l'opération et sur Le nombre de
soldats qui y somt engagés.
A la tribune présidentielle, M. Herriot
dcipiLoie une lanige carte pour suivre en dé-
tail la marche des opérations militaires
narrée par le premier interpetlateur.
M. Pierre Renaudel, développant, son in-
LerpellaJlion, dit que le Parti socialiste a le
sentiment de la' gravité des ciirconstanoes
où - nous sommes.
Celte gravité dépasse ce qu'on appelle
Il les intérêts généraux du pays », puis-
qu'elle risque de provoquer des complica-
tions internationales.
Dès le début de notre occupation du Ma-
roc, dit--il. le parti socialiste en avait ei-
gnailé les dangers. Qu'on ne chenche donc
pae d 'atrvièax3-«pensée politique chez l'inter-
peldateur ; déjà, sous le Gouvernement pré-
cédearl, il était intervenu au sujet du Ma-
roc.
On peut, en tout cas, heureusement wns-
latea- que le débat d'aujourd'hui, même
dans .lu gravité des circonstances actuel
Les, se développera dans une atmosphère
moins inauiète (m'en HHl, aJors que de
dangereuses complications iniettnalionulk®
monaçaient.
L'orateur socialiste expose ensuite les
surprises dont nos troupes ont été l'objet,
le zà avril, alors que les Kilains s'élaieut.
inflilitrés derrière nos blockaus, mais une
phrase qu'il pnononee provoque qudlques
incidents.
M. Renaudel. - Il n'est pas douteux que
de grands inlôrô'ls capitalistes, notamment
d'ordre minier, suivent Abd 61 Krim..,
Un membre à droite. - EL lie commu-
msimc ?
M. Renaudel. - Je ne parte pas du oom-
munisane, 'Le communisme .est une chose
française à l^queMe je n'attache pas d'im-
portwnoo.
De bruyantes exclamations ironiques ac-
cueillent celte affirmation du déipuité du Vax
qui poursuit ;
M. iwnaudeL. Je n en dirai pus uutuiil du
Lolchuvisnie dont le rôle s'exerce surtout au
ijénélicc des mlioniilisiues coloniaux, et peut-
être uussi détend les Intérêts de lu Russie, puis-
suncu curopu'nuc. (Applaudissements.)
sance européenne. irilluences, l'autorité d'Abd el
Krim ne s'expliqua que si l'on udmet qu'il rc-
Iteto exneleinenl aussi, il l'heure uetuellu, lu
pensée du milieu où lui-même évolue. (MOlWC-
inv.nU divers.)
Abd el Krim a ses raisons.
Pourquoi u-t-il précipité bon action sur le front
de l'Ouerghu 'l
Parce qu'il est grisé par ses succès sur les
Espagnols ï L,'orateur croit plutôt que nos mé-
thodes d'extension au Maroc n'ont pus été étran-
gères il sa décision.
Avant 124, nous n'occupions pas la zone nord
de l'Unei'uhu ou l'uu s'est reoenmient battu.
Soli'e influence s'y exerçait seulement.
Km IUt.1, fut brusquement prise la décision
(l'occuper cette région : un rapport du général
.lo Cbambrun en. date du 1er décembre dernier
précise ce point et indique les instructions don-
nées par le maréchal Lyautey en février lU2i.
M. illieliet Misofic. -- Vous n'avez pas à ap-
précier le rôle d'un général. Il y a des - ministres
responsables. (Vues protestations à gauche.)
Un incident Maginot
M. Renfliidel répond que la responsabi-
lité des événements survenus dans la ré-
gion de l'.Oue.r¡g'ha remonte à M. Poimcaré
et à M. Maginot.
Ceilui-ci se 'lèv,e pour répondre, mais
comme le Président lui refuse da parole, la
Ghambire devient hoaiileuse.
M. Maginot. - Je vieux répondire. (Mou-
vements divers .et interruptions.)
M. le Président. Je vous inscris.
M. Maginot. - Un Gouvernement précé-
dont a été mis en cause.
M: le Président. Vous répondrez à vo-
tre tour.
M. Maginot. Nous avons été mis en
cause. Je désire répondre.
A gauche. - Le règlement.
L'incident est clos
Enfin, sur les vives instances de M. Her-
dot, l'ancien ministre de lia Guerre s'in-
cline et M. RenaudeJ, reprenant son dis-
cours, insiste sur la igravité des indica-
tions ooniteiTYites dans le. document qu'il a
invoqué : l'occupation de rOue.r¡g.ha dans
le cours de 1924, Abd el Krim cuvait des
raisons de ila considérer.
M. Outre y. - Il avait raison, n'est-ce
pas ? Il sera heureux de vous iliire
M. Renaudel. Je 'ne tolérerai ni les
railleries, ni les calomnies, dans ce grave
débait où (la vie de nos sol-dais est en jeu.
(App 1 audis'scmente à l'extréime-igauche et
Mr diviera bancs).
Ce qui est certain, c'osil q,ti',AM ci Krim
a considéré cette occupation comme parbi-
culièsr.ement dangereuse pour île ravLtailtc-
mnnt du Rif. (Interruptions à droite ot ..Ill
centre.)
Mes amis L'l imoi ne sommes ilas tfes dé-
faitistes, nous ne réclamons ipas l'évacua-
tion. du Maroc; mais nous ne voulions pas
d'une gmerre de .P'rlige où sombrerait le
meilleur du .pays.
Povennnt à son expose, l'orateur indique
qif Ahd el Krim, alors en guerre avec l'Espagne,
a dû avoir l'impression d'un mouvement concerté
avec nos voisins qunnd. le 20 mni. il apprit l'or-
mpitlion du nord dn fOuorgba par nos troupes :
la rapidité de sa réaction comme l'émotion des
tribus avoisinnntes sont à col égard symptoma-
tifnics.
t.a façon dont les opérations sonl présentées
aujourd'hui est singulièrement insuffisante el.
a cet égard, le. Pnrlemenl de 10?.") n'obéiin pas
il la pression pour le Si!4'1lt'4'. à laquelle s'éiait
plié le Parlement de 191'1, air moins pendant la
I romière année de la guerre.
Nouvel incident
n Nous voulons la vérité sur le Maroc », dit
l'orateur, et 11 invite le Gouvernement à, exiger
du commandement militaire, lil-ùus, les préci-
sions nécessaires.
Le Parlement n'entend pas être, surpris cum-
Ille le fut la Uésidence le 25 avril demier.
« L'n il ou\ert et le poing fermé », y avait-on
répondu Ú un Officier qui s'ouvrait de ces in-iuié-
tudes. Or, l'ojii demeura fermé, el la main laissa
liilrer les Hiffains jusqu'à 20 kilomètres d/1 t'cx.
M. le général L>auley.
M. l'ranrois. - Le maréchal
M. /lemtuf/r'l. - Oh ! s'il n'était diminué que
de titre. 'Interruption au centre.)
M. MflUilLut. - Qu'un pense M. le ministre
de la (Juerre 'f (Exclamations et bruit à yauche.)
Ht. Pailllevé, président du Conseil, mini,t,." do
la (;llcrrc, - Le maréchal Lyautey n'est en nu.
cune façon diminué ! (Mouvementa diiers.
M. Uénaudel. -- M. le maréchal Lyaul^v n'a-
t-il pas Qùlcllu les effectifs qu'il réclamait ?
Quoi qu'il en soit, la journée du 25 avril fut
dlawle, et l'agilation que la chute éventuelle de
Fez avait suscitée dans les villes marocaines,
même les plus voisines de la mer, ent l'indice
du danger qu'un événement de celle gravité
présenterait pour t-oatc notre occupation.
Questions
Ce léger orage apaisé, M. Emaudl pose
au ministre de «la Guerre un certaip nom-
bre de questions.
Quels sont nos effectifs, lbà-oo..s, dit-il, et
queihles sont approximativement les forces
qui nous sont opposées.
M. Henry Le Mire, Pour q'Abd-el-
Krim le sache
M. Ucnaudcl. - Vous me prenez pour
un niais. (Applaudissements d droite.)
D'après le projet de budget, nous avions
au Maroc 85.000 hommes, correspondant :\
une dépense de 340 initiions.
Quelles ont été nos perles, en morts et
en blessés V La .censure s'exerce aibusive-
ment en ce moment au Maroc..
M. Bonnpfous. - Ces questions ne se
traitent qu'en comité secret pendant la
guerre.
M. Renaudel. - 1 u-nnindez-le, mais le
souci du sort et de la santé de nos soldais
doit être le premier souci des législateurs
en ce moment.
A son bune, M. Painlevé, président du
Conseil se Jève et déclare que sa réponse
montrera combien sont odieusement men-
songers certains chiffres qu'on colporte. 11
est longuement applaudi à droite, au centre
et à gauche.
M. Renaudcl. - Je n'ai pas produit ces
chiffres, mais je sais que les hôpitaux de
Casablanca regorgent de blessés qui, avec
les ohaleurs de ItàJoas, risquent la gan-
grène gazeuse. (Inlen'uptions à droite.) Il
félicite le Gouvernement d'avoir indiqué
que, sitôt notre ligne réoccupée, nos trou-
pes demeureraient l'arme au pied.
C'est quelque chose ; mais ce n'est pas
tout.
Si, cette éventualité réalisée, aucune né-
gociation, aucune conversation n est enta-
mée ou poursuivie, avec Abd-el-Krim, il
est à craindre que la paix soit bien pré-
caire : le temps de refaire une moisson.
(Jlouvements divers.)
Aussi, mes amis et moi, désirons-nous
des conversations de paix. Nous nu vou-
lons ipas qu'on s'engage dans une guerre
que sa durée môme rendrait meurtrière.
Nous ne songeons qu'à l'intérêt de la
France. Est-ce à l'heure où le pays manque
de main-d'œuvre qu'on va faire périr des
hommes de France au Maroc ? (Applaudis-
sements à là exireme-gaucne.- K&t-ce a
l'heure où la situation rinancière est si re-
doutable qu'on va plus que doubler peut-
être le budget du Maroc V (lnterruptiuiis à
droite.)
L'orateur explique que les socialistes
veulent la sécurité pour nos troupes et
pour les tribus restées fidèles à la France
et ils voudraient entendre le Gouverne-
ment dire que la France se sent une assez
grande personne morale pour ne pas
craindre d'offrir la paix à un petit chef de
tribu même glorieux de quelque victoire.
(Applaudissements à Vextrême-gauche.
Qu'Abd-el-Krim réponde par une inso-
lence ou un refus, il aura démontré pour
le monde et nos soldats qu'il ne veut pas
la paix.
Tumulte
Mais là, un nouvel incident vient se pro-
duire.
M. Ticnaurtrl. - On dit Abd et Krim subven-
tionné par l'étranger : mai? il y a du cAté fran-
çais et espagnol une grande Compagnie Norte-
Africana (tipplmuiisscmcnts sur les niâmes
bnne-x) dont 011 sait les ambition sur le Riff, et
l'on souhaiterait qu'il n'y crtt pas des Français
d'importance intéressés aux opérations militai-
res. lAviilauriissemevls sur les m'1???'1 s lui tic*. 1
oi.r diverses <111 rentre. L< s noms !
M. le présirfent. du Conseil. A quels noms
faites-vous allusion ? (Applaudissements au ren-
1/",' ,,/ ù droite.)
M. Ki nés t Oulrcij. Les noms ?
M. ïïe.naudel. - Aypz-vous. monsieur Outrée,
donné le nom de celui qui a\ait \uié la tel Ire
dont vous vous éli-'s servi un jour 7 {Applaudis-
sements ti l'e.vtréme-innirhr, internqitions à
rI.,,()il,'.)
M. l)rs[ardins. Répondez au président du
Conseil.
Mais M. Renaudcl tourne court et re-
prend la suite de son discours et reconnaît
qu'il est difficile de s'cngager au Maroc
dans les voies de paix car la situation y
est complexe : Abd-el-Krim agit en zone
espagnole et il nous est impossible d'enta-
mer avec lui des pourparlers sans un ac-
cord préalable avec l'Espagne.
C'est pourquoi le récent voyage de M.
Malvy à Madrid a eu une si grande im-
portance.
M. Aristide Bviand, ministre des Affairee;
étrangères. Il a eu les plus heureux ré-
sultats.
Conclusion
M. Renaudcl en nrrive à sa péroraison.
Il faut, dit-il, que les tribus du Maroc
voient onlhi dans la France non une nation
domillalrkc, mais un peuple rcnu pour
leur assurer de meilleures conditions du
vie. (Applaullissements à Vextrême-gau-
che.)
Qu'on n'oublie pas nos 1.500.000 morts et
LE NUMERÔ i 20 CENTIMES
JEUDI SOIR, 28 MAI 1925
- 0
Les Annales Coloniales
-- tw e li ni J!ic l ie
- - -- JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUliLla PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonça et Réclama sont reçues aux Bureaux çkjournaiddon émdgencu depublicité
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MAME1MTI ( Frmnct #f Coloniet. Ma 4S » 15 :
om ( Étranger 1M a a a S8 »
OH »'«boMtd–»l–Awlw prtnlpf» ifcnJw*
Le travail indigène
»♦» -
Nous avons vu que, dans la charte de la
race noire, rédigée au Congrès pan-noir de Paris
le 4 septembre 1921, le dernier article est ainsi
rédigé : « Institution d'une section au Bureau
International du Travail, chargée plus spécia-
lement de la protection et de la défense des
travailleurs indigènes. » Il y a là comme un
écho de toutes les protestations humanitaires qui
ont pour fin de défendre le travailleur indigène
contre les abus dont il est ordinairement la
victime.
Sur les maladies qui déciment, nos popula-
tions coloniales, le paludisme, la dyssenterie, la
tuberculose, etc., sur tous les fléaux endémiques
ou épidémiques qui ravagent nos provinces loin-
taines, tout a été dit, et des voix éloquentes
ont attiré l'attention des peuples civilisés. Peut-
être n'a-t-on pas assez parlé des causes nom-
breuses d'affaiblissement, d'épuisement et de
mort, qui proviennent des conditions dans les-
quelles sont placés les indigènes qui constituent
la main d' oeuvre dans nos colonies..
Déjà, d'une façon générale, on peut dire
qu'ils n'ont pas pour la paresse une haine
invétérée. Travailler comme un nègre, est une
expression proverbiale qui n'est pas plus vraie
que beaucoup d'autres. Les premiers qui l'ont
répandue ont mieux aimé la répéter que d'aller
vérifier sur place son exactitude. Sans doute, le
nègre travaillerait beaucoup plus volontiers s'il
était mieux nourri ; quand l'alimentation de l'in-
digène est bonne, on a remarqué naturellement
qu il résiste infiniment mieux aux maladies dont
j ai parlé, et on a constaté notamment que.
pour le garantir contre la maladie du sommeil
et d'autres Réaux terribles, un des meilleurs
moyens est de développer les cultures vivrières
et le cheptel : on a observ é aussi qu'il fournit
une besogne plus sérieuse et plus régulière, sans
que cependant on soit jamais sûr qu'il ne pré-
férera pas la paresse et la famine au travail qui
assurerait sa pitance.
J'ai tu. dans un supplément de la Revue
Je VAUiance Nationale, cette anecdote dont
on a garanti l'authenticité à M. le comman-
dant Charbonneau. chef de bataillon breveté de
J'infanlerie coloniale. Un missionnaire sauve
un jour d'une mort certaine un noir du Congo,
capturé par une tribu anthropophage ; ce noir
tait copieusement engraissé en prévision du
festin dont il. devait être la pièce principale; le
missionnaire le rachète, l'emmène, lui confie
une petite - tâche. Bien entendu, on ne croit pas
devoir continuer lè régime destiné à le rendre
gras, poli, et tendre à point. Au bout de quel-
ques mois, notre noir en a assez ; travailler,
prendre de la peine, quand la brousse était là,
offrant les; heures interminables d'indépendance
et de flânerie ; la tentation était trop forte ; le
noir laisse là son collier et s' évade, préférant
la liberté avec tous ses périls, dont le plus grand
était de se voir destiné de nouveau à être trans-
formé en biftecks et en escalopes.
Qu'aurait-il dit, qu'aurait-il fait s'il avait eu
d'autres mattres qui eussent exigé de lui des
efforts plus considérables, dans des conditions
matérielles désastreuses ?
Un inspecteur général d'agriculture coloniale,
M. A. Fauchère, raconte qu'en 1919 il est
- envoyé par - M. le gouverneur général Schra-
meck pour faire une enquête, au sujet dé plain-
tes de travailleurs indigènes contre l'adminis-
tration. C'était près de Tananarive, Timide-
ment, mais instamment, les populations de la
partie nord de la province faisaient entendre des
protestations. On avait entrepris, dans la plaine
de Tanattarive, de corriger le cours de la ri-
vière Ikopa pour éviter les inondations. Travail
utile, s'écriera-t-on l L'inspecteur général de
l'agriculture déclare qu'il n'en était rien, les
études préparatoires ayant été insuffisantes, et
la - situation devant demeurer incnangée. Bref,
pour cette besogne qui se rattachait en définitive
à la théorie de l'art pour l'art, il fallait des
centaines de milliers der journées de terrassiers,
et peut-être même quelques millions.
Aux prestations régulières des indigènes on
avait donc ajouté des prestations supplémentai-
res. Juillet était arrivé, c'est-à-dire l'époque la
pilUs froide de I année. A ce moment, la mor-
talité est toujours la plus élevée. Sans doute, la
température ne dépasse pas, le matin, 5 à 6
degrés (le minimum est 3° 8), mais les « bouya-
iles » y grelottent, car ils ont leurs vêtements
sordides, usés jusqu'à la corde,
* toile sa l es, qu'ils portent en plèin été quand
les mêmes qu'ils portent en, pleÎ11 été quand
la température va de 20 à 30 degrés.
Nourtliture, vêtement, logement : trois pro-
blèmes qui se posent, avant tout, pour l'indi-
gêne. Di onc, en plein froid de juillet, on faisait
1« M 1 »
venir de pauvres diaores, charges a exécuter
ces prestations supplémentaires, de 30 à 40
kilomètres à la tende, et ils venaient escortés
de leurs familles, afin d'être aidés dans la
ticbe imposée : tout cela, nourri de façon
pitoyable, vêtu lamentablement, travaillant dans
la boue, en claquant des dents, et la nuit cou-
chant pêle-mêle dehors ou sous des abris im-
provisés : on avait oublié de préparer pour ces
malheureux un ravitaillement convenable et des
baraques mflisanres.
Evidemment, l'enquête fut. vite menée à son
terme, et, sans tarder, on mit fin à cette situa-
tion. Mais, fait remarquer justement l'enquê-
teur, si de pareils abus peuvent être commis près
de Tananarive, presque en présence du gouver-
neur général, quels sont ceux qui doivent exis-
ter dans les régions Teculées ou difficiles à abor-
der, quand le contrôle et à peu près inexistant ?
1 « Il y a dans les colonies un contrôleur finan-
cer tprtdépnfcl diietieuiieul du ministre des
Finances : pourquoi n'y aurait-il pas un protec-
teur des ouvriers dépendant du ministre du Tra-
vail 7 » Telle était, cinq ans apfès cette en-
quête, la question que posait M. l'Inspecteur,
devenu honoraire.
On devine l'objection. Une pareille mesure
serait contraire à la tendance générale qui con-
siste à laisser aux administrations coloniales une
autonomie de plus en plus réelle ? Autonomie,
soit, c'est un principe excellent, j'en demeure
convaincu. Mais je ne suis pas de ceux qui
répètent : Périssent les colonies plutôt qu'un
principe ! Primum vivere. Nos colonies ne sont
pas, hélas ! des colonies de peuplement fran-
çais, ni même de peuplement européen. Nous
ne pouvons rien, absolument rien, sans la colla-
boration indigène, sans la main d'œuvre indi-
gène. Pour qu'elle vienne à nous, là même où
elle aimerait mille fois mieux rester inemployée,
il faut qu'elle se sente protégée, défendue, ga-
rantie d'une façon efifcace ? Si l'administration
locale est capable, à elle seule, d'assurer cette
protection envers et contre tous, malgré les
instances parfois pressantes dont elle est l'objet
de la part des employeurs, maigre la persistance
de certaines idées absolwnent regrettables sur
les droits des indigènes, malgré des intérêts
privés dont certains au moins sont respectables
mais moins que l'intérêt général, la créalion
d'un protècteur du travail, indépendant du gou-
verneur de la colonie, en relations directes avec
le ministre du Travail et de l'Hygiène, est
inutile. Posez la question aux coloniaux, et vous
verrez ce qu'ils vous répondront.
D'autres vous diront que cette organisation
existe déjà dans d'autres colonies que les nô..
tres : dans les colonies anglaises, dans h
Guyane hollandaise notamment. Réfléchissons
J en ai parlé dernièrement à un de mes amis,
très versé en ces matières, et pour cause. Il m'a
d'abord assuré que j'avais tort d'adopter l'idée
de cette institution, : « C'est à l'administration
locale à user de persuasion envers les indigènes
pour les décider à louer leurs bras à ceux qui en
ont besoin ; c'est à elle de triompher des obs-
tacles avec le concours entier des chefs autoch-
tones; c'est à elle, d'autre part, de donner aux
travailleurs indigènes la certitude qu'en cas
d'injustices, de passe-droits dont ils seraient
victimes, ils trouveront toujours dans les admi-
nistrateurs des tuteurs naturels et dévoués ; l'as
cendant moral de ces fonctionnaires sur les tra-
vailleurs indigènes est l'élément capital du suc-
cès ; ne le partagez pas entre les administrations
locales et un fonctionnaire rattaché au Minis-
tère du Travail. » Je me suis contenté de lui
demander si, dans sa carrière, il n'avait jamais
rencontré de ces fonctionnaires qui, soit pour
satisfaire aux réclamations à demi-menaçantes
de l'opinion publique locale, soit parce qu'ils
ne pouvaient pas faire autrement. ont dû sacrifier
quelque chose de ce rôle de protecteur des
ouvriers indigènes, si justement et si remarqua-
blement défini.
Je n'ai pas obtenu de réponse.
Mario Roustan,
sénateur de Il é!,aut.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
: --
Ariivée de M. VIolleliB à Alger
0-0-
M. Violletle, gouverneur général de l'Al-
gérie, est arrivé hier soir à quatre heures-
à Alger.
Il a été salué par une salve d'artillerie
et a. débarqué aux voûles de VAmirauté.
Dans un discours adressé au maire, il a
fait l'éloge de VAlgérie et particulièrement
des trouves aladriennes vendant la guerre.
- (Par dépêche.)
Une adresse du Groupe républicain
socialiste
Le Groupe républicain-socialiste à La
Chambre a, adopté, l'adresse, suivante à M.
Maurice Viollette, gouverneur général de
l'Algérie :
CI Le groupe républicain-socialiste, adresse
ses affectueuses félicitations à son secré-
taire général, le citoyen Maurice vioi-
lette, à l'occasion de sa nomination de gou-
vernour général de l'Algérie. Il est heu-
reux de renouveler au citoyen Maurice
Viollette,. qui a été pour lui le plus fidèle
et le plus dévoué des collaborateurs, l'ex-
pression de sa cordiale solidarité et le té-
moignage de sa vive amitié.
« Il souhaite vivement que le rapporteur
général du budget, qui a fait preuve de tant
de courage et du plus vigoureux esprit dé-
mocratique dans ses délicates fonctions ti
la Commission des Finances, poursuive
dans FAfriqiue du Nord la tache de concilier
les hauts intérêts de la France et de la Ré-
publique avec les légitimes aspirations des
populations de l'Algérie. »
A la Commission de r Alaarie
des colonies et des Protectorats
--0-0--
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats se réunira demain
vendredi 29 mai, à 14 heures 30, local du
5° bureau.
A Tordre du jour figure la. suite de la dis-
cussion du projet portant création d'une
banque d'émission à Madagascar.
On sait que M. André Hesse a manifesté
son intention d'être entendu sur le projet
par la Commission, Rappelons que le rap-
porteur en est M. Henri Michel,
Le vignoble
de 1 Afrique du Nord
--0-0--
A la suite d'une inter-
vention de M. Barthe,
député, au sujet de la
crise viticole, le Mitiis-
tre de VAgriculture réu.
nit, le 2 mars 1925, la
Commission consultative
interministérielle de la
viticulture, "afin d'étudier
les divers aspects du p-roblème et de lui cher-
cher une solution.
Dalls le rapport général de M. J. Mire-
poix, récemment, distribué, nous relevons
d'intéressantes indications sur le vignoble de
l'Afrique du Nord. Bien que connus pour
la plupart, les faits signalés méritent d'être
remis sous les yeux du lecteur.
On sait que la crise phyloxériqtte dans la
métropole fut le point de départ de l'ac-
croissement considérable du vignoble algé-
rien. De 65.000 hectolitres de vin en 1864,
la production a passé présentement à pltl d-e
dix millions d"hectolitres dans les années les
plus favorisées, beaucoup plus qu'il n'en faut"
à la consommation locale, et Von prévoit que
le chiffre de 17 à 18 millions d hectolitres
sera bientôt atteint.
L'exportation algérienne t-si (iiiiotirdebiti
d̃: 5 à 7 millions d'hectolitres. Elle devien-
dra rapidement une dangereuse concurrence
pour la production métropolitaine ci vraisem-
blablement, - la surproduction causera dans
la Colonie elle-même des désastres qui seront
à l'origine de la ruine commune des vigne-
tous algériens et français si des palliatifs ne
sont pas trouvés.
La gravite de cet état de choses est accruc
du fait que la vigne a fait son apparitioll en
Tunisie, où les 17. 500 hectares île 1914 sont
devenus 25.614. hectares en 1924, soit une
augmentation de 40 Un viticulteur tmu-
sien, dans un rapport sur les questions viti-
colcs au récent Congres d'Agriculture de
Tunis, exprimait le vœu que la vigne dispa-
rût en France et les régions où elle ne pro-
duit pas des vins de crus ou de gros rreide-
ments, pour laisser la Tunisie fournir de
grosses quantités de vins excellents.
Quant au Maroc, la vigne s'y est implan-
tée et sa production en est actuellement li-
mitée par des mesures législatives.
M. Mirepoix fait observer à juste raison
que Vaccomplissement des vœux tunisiens se-
rait la mort d'une importante partie du vi-
gnoble français, inapte à toute autre culture
que celle de la vigne ; il ajoute que les vi-
ticulteurs de Tunisie et du Maroc doivent
être croertis qu'un régime spécial leur sera
toujours appliqué et qu'ils n'ont aucun inté-
rU à accroître inconsidérément leurs exploi-
tations.
En conséquence, la Commission consul-
tative a unanimement approuvé cc ':'(Ett qui
concerne la viticulture tunisienne :
a Qu'en aucun cas le contingent d'impoi-
« tation en franchise accodr(r~pour la cam-
« pagne 1924-1925 ne soit augmenté et
« que la réduction de ce contingent au chif-
« fre de 300.000 hectolitres fixé antériell
d renient soit envisagée. »
Les cLntditions de la viticulture algérienne
ont été appréciées par la Commission en
termes impartiaux et véridiques. Les Algé-
riens ont compris toute la gravité du pro-
blème et mesuré le danger que leur cause
rait, avant tous autres, une production llor;!
de proportion avec les besoins réels du mar-
ché français. Ils ont sagement orienté leur
activité vers des cultures complémentaires de
celle de la métropole, agrumes, tabacs, co-
ton. En reconstituant progressivement leur
vignoble, ils s'efforcent à produire des vins
à degré élevé, des mistelles, des vins de li-
queur capables de se substituer aux produits
analogues venus d'Espagne ou de Portugal.
L'attention des viticulteurs d'Algérie ne
saurait être trop attirée sur de telles consta-
tations.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
ialo-
A l'Exposition des Arts Décoratifs
--0-0--
Un prochain gala colonial
Le mois prochain aura lieu à l'Exposition
des Arts Décoratifs une séance solennelle en
l'honneur des colonies. L'organisation de
cette fête a été confiée à MM. Paul Léon,
directeur des Beaux-Arts, et Pierre Guesde,
commissaire général des Colonies à l'Expo-
position. Cette fête aura lieu sous la prési-
dence de M. Gaston Doumeigue. On se sou-
vient que le Président de la République a
été fort longtemps et à deux reprises, minis-
tre des Colonies. Comme pour les fêtes don-
nées au ré-èatelan, en 1906, par M. Geor-
ges Leygues, alors ministre des Colonies, du
Cabinet Sarrien, en l'hojineur du xoi du
Cambodge Sisowath, le Parlement tout en-
tier sella Jinvité. La réunion se tiendra sur
l'escalier d'honneur et dans la salle des Con-
grès du Grand-Palais avec tout le faste dé-
sirable. Le programme en sera, soigneuse-
ment établi et l'on peut se fier là-dessus à
ses organisateurs.
Nous pouvons, dès à présent, dire qu'il se
déroulera le soir, qu'on utilisera le cinéma-
tographe, qu'on y verra de belles danses et
qu'on y appréciera de belle musique. Nous
en reparlerons tout à souhait.
Les maires de la Martinique
approuvent M. Richard
00
Le télégramme suivant est arrivé hier soir
à Paris. 11 émaaffc de 22 maires de la Marti-
nique sur 32. Il confirme ce que nous avons
publié jusqu'à ce jour sur les événements de
la Martinique.
Afous nous associons à la teneur du câble
adtessé par la majorité du Conseil Général.
Nous signalons, en outre, hésitations regretta-
bles du service judiciaire depuis plus d'un
mois. Eu effet, Laçrosillière n'a cessé d'exci-
ter le peuple à la révolte et à l'assassinat sans
avoir été inquiété par la justice qui s'est con-
tentée d'ouvrir une instructiolt et de lui adres-
ser menaces d'arrestation au cas où il y aurait
crime. Nous protestons contre attitude prêtée
à ministre des Colonies qui, d'après rensei-
gnements publiés par Paris-Soir et repro-
duits par journaux locaux, aurait refusé ren-
fort au Gouverneur qui, depuis longtemps,
avait exprimé ses craintts malheureusement
justifiées.
Vous prie assurer en notre nom le Gouver-
nement que nous parviendrons sûrement crue t
Hide du Gouverlleur, maintenir calme troublé
momentanément par seuls agissements La-
grosillii're, auteur violente campagne commu-
niste et insurrectionnelle. Lagrosilliére incar-
céré sans aucun incident ; mesure malheu-
reusement tardive.
Saint-Félix, premier adjoint faisant fonc-
tions de maire ,Fort-de-France), en rempla..
cement de M. Victor Sévère, député-maire,
qui reste en France; Debtic (Le Lamentin),
Cassius de Linval. (Saint-f oseph), G. Gous-
sard (Saint-Esprit), Quantin-Désert (Anses
d'Arld), De BeauviVc (Ducos), Binet (Ri-
vière Pilote), Richaume-Lacour (Sainte-An-
lie), Landa (Le Vauclin), Petit (La Triltilé),
Lucien Belus (Le Robert), Collai (Morne
Rouge), Lorand (Ajoupa Bouillon), Tardon
(Le Prêcheur), Tertullicn Lotirent (Le Car-
bet), Saint-fust Orville (Case Pilote), Lovin-
ce (Schœlcher), Saint-Cyr (Soiute-Luce), Syl-
vanielo (Grand Rivière), Vivies (Le Fran-
çois), Hayot, président du Conseil Gcnènal
(Trois flrJts), et le maire de Diamant.
Notons que les signataires représentent le
chef-lieu de la colonie et la plupart des gros-
ses communes : Fort-ile-France, 40.000 ha-
bitants; le Lamentin, 18.000; le François,
15.000; Rivière Pilote, 12.000; le Carbet,
12.000 ; dans l'cnsciiilile, les trois quarts de
la population de l'île.
- »
L'art khmer et siamois
au Musée Cernuschi
--0-0-
Une exposition d'art khmer et siamois,
organisée sous les auspices de la Ville de
Puris vieil de s'ouvrir au musée Cernus-
chi. Le conservateur de ce musée, M.
d'Ardenne de Tizac, l'a -ordonnée on ne peut
mietlx.
On y voit notamment une belle collection
de tôles île Bouddha dont certaines n'ont
d'é'c..uivalcnl que dans l'art égyptien de la
haute épuque. Ce qui distingue l'art khmer
à ses débuts, ce sont des visages presque
carrés, des lèvres épaisses et des narines
larges, le tout donnant une saisissante im-
pression de force.
Vient ensuite l'art de Lopburi, ville im-
portante de l'empire khmer à la Jin du trei-
zième siècle, foyer de production artistique
abondante. 11 y eut, du onzième au quator-
zième siècle, une période de brillante déca-
dence - khmète. -
Puis la. "nce siamoise ayant conquis rem-
plre khmer, prend le dessus. Les traits
s'affinent, le nez se busqué, les lèvres ont
un sourire énigmatique.
Cette statuaire,, de sa naissance à sa dé-
cadence, offre des œuvres qui sont parmi
les plus humâmes et les plus admirables
de tous les temps.
Des vitrines, des armoires -de pagodes
et des coffres richement ornés ne sont pas
moins prestigieux. 1
On doit une particulière reconnaissance
aux collectioûneuim: MM. Feniand Pila, mi-
nistre de France au Siam, Lefèvre-Pootalis,
Bonasse-Lehel, Didier, Damour, Rémy de
Planterose, Robert Ochsé et le docteur Ro-
bert entre autres, qui ont prêté des pièces
extrêmement précieuses.
Cxmce à eux et gràce à rérudiliqn et au
goût de M. d'Arderme de Tizac,, cette ex-
position est du plus rare intérêt.
lebel
Rappel du général Sarrail (?)
-o-
Le bruit court avec persistance que le gé-
néral Sarrail, haut commissaire en Syrie,
serait prooïvainetmcTit rappelé en Finance
pour prendre pliaice au Conseil Supérieur
de la Gueirre ou au Gouvernement mili-
taire de Paris.
,, Le général "Nolilet serait nommé chef
d'Etat-major général aux lieu et place du
général Debeiiey qui remplacerait le gé-
néral Sarrail en Syrie.
ta succession dU général manmn
C'est le général Targe, commandant le
138 côrps d'armée, à Clermont-Ferrand, qui
est nommé membre du conseil supérieur
de ila guerre, en remplacement du général
Mangin,
Lire en :;ceOllùc page :
Uu discours de M. André Hessc.
Notre contre-offensive au Maroc.
Décrets et arrêtés.
En troisième page.
i Lettre de Marseille.
1
Les BvBoBmBDts du Maroc à la Chambre
Sous la présidence de M. Heiriot, la
Chambre a abondé hier les inbcfrpëtblaitions
de M. Pieure Renaudcl, sur (Los conditions
dans Lesquelles 'le Gouvernement espère
mebne fin Te plus tôt possible aux événe-
ments .militaires et rétablir une at/mosipliè-
rc paciliq'lJc au Maroc; de M. Doriot, suir
les événements militaires du Maroc, sur
le but de l'opération et sur Le nombre de
soldats qui y somt engagés.
A la tribune présidentielle, M. Herriot
dcipiLoie une lanige carte pour suivre en dé-
tail la marche des opérations militaires
narrée par le premier interpetlateur.
M. Pierre Renaudel, développant, son in-
LerpellaJlion, dit que le Parti socialiste a le
sentiment de la' gravité des ciirconstanoes
où - nous sommes.
Celte gravité dépasse ce qu'on appelle
Il les intérêts généraux du pays », puis-
qu'elle risque de provoquer des complica-
tions internationales.
Dès le début de notre occupation du Ma-
roc, dit--il. le parti socialiste en avait ei-
gnailé les dangers. Qu'on ne chenche donc
pae d 'atrvièax3-«pensée politique chez l'inter-
peldateur ; déjà, sous le Gouvernement pré-
cédearl, il était intervenu au sujet du Ma-
roc.
On peut, en tout cas, heureusement wns-
latea- que le débat d'aujourd'hui, même
dans .lu gravité des circonstances actuel
Les, se développera dans une atmosphère
moins inauiète (m'en HHl, aJors que de
dangereuses complications iniettnalionulk®
monaçaient.
L'orateur socialiste expose ensuite les
surprises dont nos troupes ont été l'objet,
le zà avril, alors que les Kilains s'élaieut.
inflilitrés derrière nos blockaus, mais une
phrase qu'il pnononee provoque qudlques
incidents.
M. Renaudel. - Il n'est pas douteux que
de grands inlôrô'ls capitalistes, notamment
d'ordre minier, suivent Abd 61 Krim..,
Un membre à droite. - EL lie commu-
msimc ?
M. Renaudel. - Je ne parte pas du oom-
munisane, 'Le communisme .est une chose
française à l^queMe je n'attache pas d'im-
portwnoo.
De bruyantes exclamations ironiques ac-
cueillent celte affirmation du déipuité du Vax
qui poursuit ;
M. iwnaudeL. Je n en dirai pus uutuiil du
Lolchuvisnie dont le rôle s'exerce surtout au
ijénélicc des mlioniilisiues coloniaux, et peut-
être uussi détend les Intérêts de lu Russie, puis-
suncu curopu'nuc. (Applaudissements.)
sance européenne. irilluences, l'autorité d'Abd el
Krim ne s'expliqua que si l'on udmet qu'il rc-
Iteto exneleinenl aussi, il l'heure uetuellu, lu
pensée du milieu où lui-même évolue. (MOlWC-
inv.nU divers.)
Abd el Krim a ses raisons.
Pourquoi u-t-il précipité bon action sur le front
de l'Ouerghu 'l
Parce qu'il est grisé par ses succès sur les
Espagnols ï L,'orateur croit plutôt que nos mé-
thodes d'extension au Maroc n'ont pus été étran-
gères il sa décision.
Avant 124, nous n'occupions pas la zone nord
de l'Unei'uhu ou l'uu s'est reoenmient battu.
Soli'e influence s'y exerçait seulement.
Km IUt.1, fut brusquement prise la décision
(l'occuper cette région : un rapport du général
.lo Cbambrun en. date du 1er décembre dernier
précise ce point et indique les instructions don-
nées par le maréchal Lyautey en février lU2i.
M. illieliet Misofic. -- Vous n'avez pas à ap-
précier le rôle d'un général. Il y a des - ministres
responsables. (Vues protestations à gauche.)
Un incident Maginot
M. Renfliidel répond que la responsabi-
lité des événements survenus dans la ré-
gion de l'.Oue.r¡g'ha remonte à M. Poimcaré
et à M. Maginot.
Ceilui-ci se 'lèv,e pour répondre, mais
comme le Président lui refuse da parole, la
Ghambire devient hoaiileuse.
M. Maginot. - Je vieux répondire. (Mou-
vements divers .et interruptions.)
M. le Président. Je vous inscris.
M. Maginot. - Un Gouvernement précé-
dont a été mis en cause.
M: le Président. Vous répondrez à vo-
tre tour.
M. Maginot. Nous avons été mis en
cause. Je désire répondre.
A gauche. - Le règlement.
L'incident est clos
Enfin, sur les vives instances de M. Her-
dot, l'ancien ministre de lia Guerre s'in-
cline et M. RenaudeJ, reprenant son dis-
cours, insiste sur la igravité des indica-
tions ooniteiTYites dans le. document qu'il a
invoqué : l'occupation de rOue.r¡g.ha dans
le cours de 1924, Abd el Krim cuvait des
raisons de ila considérer.
M. Outre y. - Il avait raison, n'est-ce
pas ? Il sera heureux de vous iliire
M. Renaudel. Je 'ne tolérerai ni les
railleries, ni les calomnies, dans ce grave
débait où (la vie de nos sol-dais est en jeu.
(App 1 audis'scmente à l'extréime-igauche et
Mr diviera bancs).
Ce qui est certain, c'osil q,ti',AM ci Krim
a considéré cette occupation comme parbi-
culièsr.ement dangereuse pour île ravLtailtc-
mnnt du Rif. (Interruptions à droite ot ..Ill
centre.)
Mes amis L'l imoi ne sommes ilas tfes dé-
faitistes, nous ne réclamons ipas l'évacua-
tion. du Maroc; mais nous ne voulions pas
d'une gmerre de .P'rlige où sombrerait le
meilleur du .pays.
Povennnt à son expose, l'orateur indique
qif Ahd el Krim, alors en guerre avec l'Espagne,
a dû avoir l'impression d'un mouvement concerté
avec nos voisins qunnd. le 20 mni. il apprit l'or-
mpitlion du nord dn fOuorgba par nos troupes :
la rapidité de sa réaction comme l'émotion des
tribus avoisinnntes sont à col égard symptoma-
tifnics.
t.a façon dont les opérations sonl présentées
aujourd'hui est singulièrement insuffisante el.
a cet égard, le. Pnrlemenl de 10?.") n'obéiin pas
il la pression pour le Si!4'1lt'4'. à laquelle s'éiait
plié le Parlement de 191'1, air moins pendant la
I romière année de la guerre.
Nouvel incident
n Nous voulons la vérité sur le Maroc », dit
l'orateur, et 11 invite le Gouvernement à, exiger
du commandement militaire, lil-ùus, les préci-
sions nécessaires.
Le Parlement n'entend pas être, surpris cum-
Ille le fut la Uésidence le 25 avril demier.
« L'n il ou\ert et le poing fermé », y avait-on
répondu Ú un Officier qui s'ouvrait de ces in-iuié-
tudes. Or, l'ojii demeura fermé, el la main laissa
liilrer les Hiffains jusqu'à 20 kilomètres d/1 t'cx.
M. le général L>auley.
M. l'ranrois. - Le maréchal
M. /lemtuf/r'l. - Oh ! s'il n'était diminué que
de titre. 'Interruption au centre.)
M. MflUilLut. - Qu'un pense M. le ministre
de la (Juerre 'f (Exclamations et bruit à yauche.)
Ht. Pailllevé, président du Conseil, mini,t,." do
la (;llcrrc, - Le maréchal Lyautey n'est en nu.
cune façon diminué ! (Mouvementa diiers.
M. Uénaudel. -- M. le maréchal Lyaul^v n'a-
t-il pas Qùlcllu les effectifs qu'il réclamait ?
Quoi qu'il en soit, la journée du 25 avril fut
dlawle, et l'agilation que la chute éventuelle de
Fez avait suscitée dans les villes marocaines,
même les plus voisines de la mer, ent l'indice
du danger qu'un événement de celle gravité
présenterait pour t-oatc notre occupation.
Questions
Ce léger orage apaisé, M. Emaudl pose
au ministre de «la Guerre un certaip nom-
bre de questions.
Quels sont nos effectifs, lbà-oo..s, dit-il, et
queihles sont approximativement les forces
qui nous sont opposées.
M. Henry Le Mire, Pour q'Abd-el-
Krim le sache
M. Ucnaudcl. - Vous me prenez pour
un niais. (Applaudissements d droite.)
D'après le projet de budget, nous avions
au Maroc 85.000 hommes, correspondant :\
une dépense de 340 initiions.
Quelles ont été nos perles, en morts et
en blessés V La .censure s'exerce aibusive-
ment en ce moment au Maroc..
M. Bonnpfous. - Ces questions ne se
traitent qu'en comité secret pendant la
guerre.
M. Renaudel. - 1 u-nnindez-le, mais le
souci du sort et de la santé de nos soldais
doit être le premier souci des législateurs
en ce moment.
A son bune, M. Painlevé, président du
Conseil se Jève et déclare que sa réponse
montrera combien sont odieusement men-
songers certains chiffres qu'on colporte. 11
est longuement applaudi à droite, au centre
et à gauche.
M. Renaudcl. - Je n'ai pas produit ces
chiffres, mais je sais que les hôpitaux de
Casablanca regorgent de blessés qui, avec
les ohaleurs de ItàJoas, risquent la gan-
grène gazeuse. (Inlen'uptions à droite.) Il
félicite le Gouvernement d'avoir indiqué
que, sitôt notre ligne réoccupée, nos trou-
pes demeureraient l'arme au pied.
C'est quelque chose ; mais ce n'est pas
tout.
Si, cette éventualité réalisée, aucune né-
gociation, aucune conversation n est enta-
mée ou poursuivie, avec Abd-el-Krim, il
est à craindre que la paix soit bien pré-
caire : le temps de refaire une moisson.
(Jlouvements divers.)
Aussi, mes amis et moi, désirons-nous
des conversations de paix. Nous nu vou-
lons ipas qu'on s'engage dans une guerre
que sa durée môme rendrait meurtrière.
Nous ne songeons qu'à l'intérêt de la
France. Est-ce à l'heure où le pays manque
de main-d'œuvre qu'on va faire périr des
hommes de France au Maroc ? (Applaudis-
sements à là exireme-gaucne.- K&t-ce a
l'heure où la situation rinancière est si re-
doutable qu'on va plus que doubler peut-
être le budget du Maroc V (lnterruptiuiis à
droite.)
L'orateur explique que les socialistes
veulent la sécurité pour nos troupes et
pour les tribus restées fidèles à la France
et ils voudraient entendre le Gouverne-
ment dire que la France se sent une assez
grande personne morale pour ne pas
craindre d'offrir la paix à un petit chef de
tribu même glorieux de quelque victoire.
(Applaudissements à Vextrême-gauche.
Qu'Abd-el-Krim réponde par une inso-
lence ou un refus, il aura démontré pour
le monde et nos soldats qu'il ne veut pas
la paix.
Tumulte
Mais là, un nouvel incident vient se pro-
duire.
M. Ticnaurtrl. - On dit Abd et Krim subven-
tionné par l'étranger : mai? il y a du cAté fran-
çais et espagnol une grande Compagnie Norte-
Africana (tipplmuiisscmcnts sur les niâmes
bnne-x) dont 011 sait les ambition sur le Riff, et
l'on souhaiterait qu'il n'y crtt pas des Français
d'importance intéressés aux opérations militai-
res. lAviilauriissemevls sur les m'1???'1 s lui tic*. 1
oi.r diverses <111 rentre. L< s noms !
M. le présirfent. du Conseil. A quels noms
faites-vous allusion ? (Applaudissements au ren-
1/",' ,,/ ù droite.)
M. Ki nés t Oulrcij. Les noms ?
M. ïïe.naudel. - Aypz-vous. monsieur Outrée,
donné le nom de celui qui a\ait \uié la tel Ire
dont vous vous éli-'s servi un jour 7 {Applaudis-
sements ti l'e.vtréme-innirhr, internqitions à
rI.,,()il,'.)
M. l)rs[ardins. Répondez au président du
Conseil.
Mais M. Renaudcl tourne court et re-
prend la suite de son discours et reconnaît
qu'il est difficile de s'cngager au Maroc
dans les voies de paix car la situation y
est complexe : Abd-el-Krim agit en zone
espagnole et il nous est impossible d'enta-
mer avec lui des pourparlers sans un ac-
cord préalable avec l'Espagne.
C'est pourquoi le récent voyage de M.
Malvy à Madrid a eu une si grande im-
portance.
M. Aristide Bviand, ministre des Affairee;
étrangères. Il a eu les plus heureux ré-
sultats.
Conclusion
M. Renaudcl en nrrive à sa péroraison.
Il faut, dit-il, que les tribus du Maroc
voient onlhi dans la France non une nation
domillalrkc, mais un peuple rcnu pour
leur assurer de meilleures conditions du
vie. (Applaullissements à Vextrême-gau-
che.)
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