Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-02-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 février 1925 27 février 1925
Description : 1925/02/27 (A26,N33). 1925/02/27 (A26,N33).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63968780
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGTeSlXIEME AiNNBB. - Ne 38
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 27 FEVRIER IM.
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Les Annales Coloniales
1 JOURNAL QUOTIDIEN
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DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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On .t.bollDe cla.. toa8 tes Bureaux de poste et chea les principaux HbftfMt
Les problèmes coloniaux
Commentant lie passage du discours où M.
Herriot évoquait, à la fin de janvier dernier,
(la gravité du problème du Pacifique, un
grand journal libéral anglais marquait
la nécessité de régler rapidement les problè
mes politiques essentiellement européens afin
d'avoir l'esprit libre pour aborder ceux qui fe
posent dans les autres parties du monde. Et
Û ajoutait : « une fois la paix établie sur une
base solide dans l'Europe occidentale, nous
pourrions envisager avec confiance les problè-
mes et las orages qui s'amoncellent dans
d'auttes parties du monde ».
Il est bien évident que la politique inter-
nationale, depuis déjà de bien longues années,
ne se réduit pas aux quelques questions qui
ont trait aux frontièresjqui délimitent les di-
vers états de notre continent.
Nous ne sommes plus à l'époque, pas ex-
trêmement lointaine d'aiHeurs, où il suffisait
à un ministre des Affaires étrangères pour Se
croire informé de lire les dépêches qui lui
parvenaient quotidiennement de quelques
igrandes capitales.
H y a à peine cinquante ans, Bismarck dé-
clarait avec cet humour, fait d'un mélange de
franchise et dt ruse et qui était un des traits
les plus curieux de son caractère, qu'il n'ou-
vrait jamais le courrier de Constantinople. Il
n'avait pas attendu le moment de sa chute,
pour changer d'avis à ce sujet, et on l' avait
vu en '1878 se fairel fhonnêtc courtier entre la
Russie victorieuse et l'Autriche-Hongrie in.
quiète des projets du tsar sur Constant inopîe.
Et depuis lors, quel chemin parcouru et
combien d'autres urriers sont venus s' ajou-
ter à celui de StanySotrl sur la table du chan-
celier de l'empire allemand et qui étaient ou-
verts et dépouillés fiévreusement.
L'évolution n'a fait que s'accentuer, se pré-
cipiter. La guerre y a, il est vrai, puissam-
ment contribué, on avançant l'heurè du dé-
clin de l'Europe.
Au lendemain de l'armistice, un géographe
fort connu, M. Demangeon, a montré dians un
ouvrage très répandu dans les milieux qui prê-
tent quelque attention aux problèmes lntema
tionaux, qu'ecn dépit des apparences, que fal-
lut naître la victoire, da guerre avait abouti à
Un recul marqué de notre continent à la fois
'danq le domaine politique et économique. Dans
ces deux ordres d'idées, il devait perdre la
prééminence qu'il avait si longtemps détenue
et qui lui échappait au profit, dû Japon et des
lEtata-Unis. A la faveur des hostilités, en pré-
sence d'une Russie momentanément affaiblie
et d'une Angleterre lointaine et absorbée non
seulement par ses soucis européens, mais aussi
par ceux que lui causèrent l'Inde et l'Egypte,
le Japon développait sa puissance politique et
économique.
Les Etats-Unis, de leur côté en faisaient
autant. Ils sortaient à peu près intacts d'une
dutte où ils n'avaient participé que tardivement
et d'une manière telle que leur vie économi-
que n'en avait pas été pour ainsi dite affectée.
11 serait à peine exagéré de soutenir qu'elle
fut favorisée par les circonstances qui avaient
paralysé ou détourné de leur objet ordinaire
l'industrie et le commerce européens, qui
s'étaient trouvés supplantés sur leur propre ter-
ritoire et en de nombreux points du globe.
Et ainsi en face d'une Europe affaiblie se
dressaient, suivant M. Demangeon, un Ja-
pon fortement armé pour la lutte sur tous les
territoires, plein de confiance en l'avenir, prêt
à profiter de toutes les occasions d'agrandisse-
ment, et une Amérique, fonnidable, par la
puissance de ses capi taux, par l'abondance de
ses ressources en matières premières de toutes
sortes, et une population qui ne cesse de s'ac-
croître beaucoup moins par 'les progrès de sa
natalité que par - l'appoint d'une immigration
que rien n'arrête.
Mais cette accession des Etats-Unis et du
Japon au premier rang des grandes puissances
n" est qu'un des aspects des transformations qui
durant les soixante dernières années se sont
introduites dans le domaine diplomatique.
Un autre changement, et qui n'est pas d'im-
portance moindre, est celui qui est dû aux
problèmes .qui ont surgi à la suite de l'établis-
sement des Européens dans les pays habités
par des hommes d'autres races et dont cer-
- tains groupes avaient atteiint un degré fort
avancé de civilisation.
Durant de 'longues années, notre présence
parmi eux fut acceptée sans protestation. Au-
cune difficulté ne paraissait devoir naître de
notre séjour dans ces pays où nous n'étions
que des étrangers.
Mais sous l'influence du temps et surtout
au contact de notre civilisation:, de nos idées,
une évol ution se produisit dans les esprits,
évolution dont le cours fut extraordinaireent
hâté par ia guerre.
Aussi certains estiment « que le siècle ac-
tueil sera témoin d'un puissant effort tenté par
toutes les races de coulleur en vue de secouer
la domination de l'homme blanc et l'ascen-
dant qu'il exerce dans ses relations avec
l'homme de couleur ».
Que cette lutte doive se produire, aucun
esprit clairvoyant ne 'le conteste et cela d'au-
tant moins que déjà des symptômes non équi-
voques en marquent comme le commencement.
Mais quelle - en - sera la forme, sera-t-elle vio-
lente ou non ? Quels en seront les résultats ?
C'est ce qu'on ne peut, en toute sincérité, in-
diquer dès aujourd'hui.
Les bol cheVbtes , avec cet esprit simpliste
qui les caractérise, apportent une solution toute
qm leis cara«ér i se, Z=kl pu sa netteté
prête, a qui est renrâîrjuable par sa netteté :
Les peuples de race blanche n'ont qu'à dé-
guerpir des pays où ils se sont établis.
Ceci est bien, et facile à dire. Mais pense-
t-on soutenir que les Indous retireraient un
grand avantage du départ de l' Angleterre qui
aurait consenti à évacuer l'Inde ou en aurait
été expulsée. Personne ne le pense sérieuse-
ment. Malgré ses défauts, que les Anglais ne
se refment pas à reconnaître, la domination
britannique constituent pour la masse de la po-
pulation de cette péninsule un progrès consi -
dérable. La retraite des Anglais entraînerait
non seulement le retour à l'anarchie mais une
aggravation de la situation da la classe labo-
rieuse de ce pays.
Les réflexions relatives à l'Inde peuvent
s'appliquer, avec raison, à d'autres pays,
En réallité. si l'on examine le phénomène
d'un peu haut, l'évacuation purct et simple
n'est pas une solution qui réponde à la con-
ception d'une politique généreuse et humaine
esséntiellement préoccupée de l'avenir de la
civilisation-
Le probdème est, au reste,* tort complexe,
et on ne peut avoir la prétention d'en esquis-
ser, au courant de la plumr, une solution dé-
finitive.
Dans l'ouvrage qu'il a consacré à cette
question, Ramsay Macdonalld, l'ancien pre-
mier ministre britannique, se prononce pour
la légitimité die l'occupation coloniale et de
l'exploitation économique des terres coloniales.
(( Les régions tropicales, dit-il, peuvent four-
nir mille produits qui contribuent à accroître
le confort et à adoucir la vie dans les réRion
tempérées. LrJ terres tempérées ont donc le
droit de demander aux tropiques quelques-unes
da leurs précieuses productions. Le monde est
l'héritage de ions les hommes. Tribus et na-
tions n'ont pas le droit de délimiter des par-
ties de la terre et de les sépare, du reste,
aussi radicalement que si ellts avaient été
transplantées dans la lune. »
Mais si Macdonald admet Ja légitimité mo.
rale et la base juridique de l'occupation et de
l'exploitation coloniales c'est à la condition
qu'elles respecteront certaine obligations.
« Les droits, ajoute-t-il, qu'ont les popula-
tions de la zone tempérée à bénéficier des
produits tropicaux, ne Teonporte pas sur le
droit supérieur qu ont les habitants des pays
tropicaux à être traités en êtres humains. »
On ne saurait, à notre sens, trouver une meil-
leure formule, d'autant plus quei sa réalisa-
tion ne consiste pas à imposer à ces pays telles
aueliles les institutions européennes qui répon-
dent à certaines formes de civilisation, mais
à établir une certaine coopération intellleotuelle
et économique profitable aux uns et aux au-
tres.
Lorsqu'on descendra dans l'étude détaillée
des faits, bien des obstacles apparaîtront, que -
4'on ne soupçonne pas de prime abord. - Mais
ces difficultés, pour si sérieuses qu'elles puis-
sent parfois apparaître, ne' sont pas insurmon-
tables.
En tout cas, il est bon que l'opinion se
rende compte de l'ampleur et de la diversité
de cas problèmes, donh la solution ne sera
pas le fait d'une seule puissance, mais du con-
cours des bonnes volontés de la démocratie
occidenta le.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, Secrétaire de la
Commission des Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonies.
«♦»»̃
La consommation du vin
en Atrique Occidentale Française
-0,0-
Il est intéressant de comparer le mouve-
ment d'importation des « alcools, eaux-de-
vie et liqueurs » à ceux des « vins de toutes
sortes » pendant la période décennale de 1913
a 1923 pour bien se rendre compte que « l'al-
coolisme » diminue de plus en plus en Afri-
que Occidentale Françadse.
La diminution de consommation des al-
cools, eaux-de-vic et liqueurs, au cours des
dix dernières années en question, s'est élevée
a 5.689.854 litres, se répartissant ainsi : pour
te Sénégal, 2.292.158 litres; pour la Guinée,
181.021 litres ; pour la Côte d'Ivoire, 1 mil-
lion 27.196; pour le Dahomey, 2.111.828 li-
tres; pour le Soudan, 77.651.
Cette diminution a eu sa répercussion heu-
reuse sur la consommation des « vins de tou-
tes sortes » qui a atteint, pendant la même
période, une augmentation de 2.141.930 litres,
portant sur les colonies suivantes : Sénégal,
1.206.648 litres; Côte d'Ivoire, 481.740 litres;
Dahomey, 453..542 litres. Si la Guinée et le
Soudan ont, au cours de ces mêmes années,
consommé l'une 100.1650 et 1 autre 168.614 li-
tres de moins, il faut retenir que ces mêmes
colonies ont également, pendant le même
temps, consommé moins d'alcool : la. pre-
mière 1S1.021 litres, le second 77.651. Et
chla:.étahlit sans conteste que ces deux colo-
nies doivent être mises hors de cause en ma-
tière « d'alcoolisme o.
Enfin, il convient de ,re.ma¡rq:uer également
que si la consommation du vin ne s'est pas
accrue dans la proportion où s'est réduite
çclle de l'alcool, c'est uniquement à cause
de l'élévation du prix du vin qui est passé,
suivant les valeurs de statistiques, de o fr. 81
le litre en 1913 à 2 fr. 47 en 1923.
A la lumière brutale des chiffres officiels
qui précèdent, il résulte bien qu'aucune in-
quiétude ne saurait se concevoir à propos de
la consommation de l'alcool en Afrique Oc-
cidentale Française, mais qu'au contraire la
situation est pleinement rassurante sur ce
point.
LES ABD-EL-TIF
Il y a quelques seinai-
nes, à Alger, s est produit
un fait dont les échos n'ont
guère traversé la Médi-
terranée. Il mérite ccpçn-
dant d'être noté.
Ce fut une simple mani-
festation d'art, une expo-
sition d' œuvres peintes ou
gravées, de dessins, de sculpturesi analogues
certes à beaucoup d'autres si elle n'avait été
consacrée aux Abd-el-Tif.
Quelque tribu nomade, demander cz-vous ?
Oui et non. C'est tout d'abord le nom, légué
par son dernier propriétaire, d'une charmante
villa mauresque nichée dans les pins, sur les
pentes dtlliamma, aux portes même d'Alger,
De la terrasse de la maison, paï-dcsstis les
frondaisons du Jardin d'Essai, la vue décote
vu', aux premiers plans, l'éboulis des com-
tructions algéroises qui dégringolent de Mus-
taPha et de la Casbah comme si elles se précis
pilaient à la mer, le port et la rade, la somp-
tueuse courbe qui relie la pointe Pescade au
cap Matifoit, les riants lointains de Fôrt-de
l'Eau et d'Ain-Taya, les premières croupcs
amollies de l'Atlas 7'cllien et jusqu'aux cimes
neigeuses du Djurdjura. La plupart du temps,
ce panorama est inondé d'un soleil joyeux qui
fait éclater les couleurs, baigné d'une atmos-
phère pure et transparente à travers laquelle
les contours des choses apparaissent en traits
précis, s'établissent exactement les rapports
des volumes et des valeurs.
l'Algérie donne Vhospitalité de la villa
Abd-el-Tif à de jeunes artistes, déjà libé-
rés de l'école, ayant affirmé leur persoltluf-
lité, choisis. parmi ceux qu'un jury éclairé
estime les plus capables de recevoir les ensei-
gnements d'une riche ci généreuse nature. Les
pensionnaires d'Abd-el-Tif y séjournent deux
ou trois ans, voient, contemplent s s'abreu-
vent de lumière et de cicl bleu, peignent, des-
sinent, modèlent ou taillent et repartent, mû-
ris ci tramformés4, désormais imprégnés de
cet orientalisme qui a déjà suscite de grands
talents et dont les destinées sont encore plus
lourdes de przmesses.
Grâces soient rendues au Gouverneur Gé-
néral Jonnart qui fonda Abd-el-Tif, au par-
rain de l'institution, M. Léonce Bénédetti,
aux Assemblées algériennes qui lui ont donné
la vie budgétaire, et aussi aux « Amis des
Arts B, enthousiastes Mécènes qui s'efforcent
à développer en Alger le goût du beau, pro-
téger les artistes et les faire connaître par
de publiques expositions de leurs œuvres.
Le salon des Abd-el-Tif avait groupé la
presque totalité des pensionnaires, une ving-
taine depuis la fondation. L'ensemble des
œuvres réunies au palais des Assemblées algé-
riennes donnait Vimpression qu'une école est
née. Malgré la diversité des talents et la pcr-
sonnalité accusée des artistes, l'influence du
ciel d'Algérie transparaissait, comme un air
de famillc, au travers d'œuvres qui cepen-
dant traduisaient bien, différemment les im-
pressions ressenties par leurs auteurs devant
les mêmes objets. Il serait injuste de vouloir
poursuivre la recherche d'une identique norme
scholastique dans des talents aussi divers et
parfois aussi contradictoires que ceux des
Abd-el-Tif. A des œuvres à la facture clas-
sique s'opposent des hardiesses comme celles
du cubiste Dufresne. A côté des pierres for-
tement taillées de Pommier se placent les
bronzes sincères et simplement traités de Ri-
gonnet. Aux gravures si sobrement et si élo-
qucmment fouillées de Beaufrère s'opposent
les dessins de Launois, un parent nullement
pauvre, subtil et modernisé, des grands des-
sinateurs de la Renaissance française. Ma-
rins de Buzon, le cltaud et vigoureux illter
prète des montagnes kabyles, voisine avec un
délicieux portrait de jeune fille finement
analysé par Migonney\ avec les toiles aux
couleurs vibrantes de Cauvy, le doyen de la
phalange.
Il y a, je le sens, une profonde injustice
à ne pas citer plus de nomss à ne pas mCll-
tionner plus d'œuvres. Les Abd-el-Tif sont
parmi les meilleurs serviteurs de l'Art. Le
public parisien pourra bientôt le constater,
puisque le Gouvernement Général de l'Algérie
et fos « Amis des Arts » d'Alger ont décidé
de lui soumettre l'ensemble des productions
réalisées à ce jour par les anciens pension-
naires de la villa.
Ce sera aussi Vattention publique attirée
sur Vimportant mouvement t d'art que l'on a vu
naître et se développer en Algérie depuis plu-
sieurs allnées. Les germes semés par les De-
lacroix, les Fromentin, les Guillaumet ont
donné des pousses vigoureuses. Il existe de
nombreux artistes qui vivent et œuvrent en
Algérie, qui ont donné au peuple laborieux
de ce pays le goût des belles choses, qui lui
ont qppris à « voir » le milieu où il tra-
vaille, qui l'initient à la pratique et au culte
des arts. L'école nationale d'A,lger, sous la
direction de Cauvy, est un bel exemple d'eii-
seignement artistique. A l'école municipale
des Beaux-Arts d'Oran, Ferrando, le peintre
émouvant du mont Zaccar, aussi modeste qu'il
est erand, prodigue à sept cents élèves, avec
l'aide de professeurs de choix, des leçons qui
font de tout ce petit peuple des ouvriers
d'art aussi bien que des artistes dont quel-
ques-uns se sont déjà imposés.
Les Abd-el-Tif auront eu le mérite, en re-
nouvelant pour leur part les formules de Fart
orientaliste, de montrer ce qu'est l'Algérie
comme école d'art et comme source d'émo-
tions artistiques.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
Le cinema oongolais
à la Chambre
--0-0-
M. Daladier, ministre des Colonies, avait
invité, hier, les députés à assister à une re-
présentation cinématographique. Ce film a été
tourné en Afrique équatoriale française par
un opérateur qui accompagnait la mission de
M. l'administrateur des Colonies Chaumel ,
envoyé de l'Agence économique de l'A.E.F.
Partie de Brazzaville, le 24 mars 1924, la
mission Chaumel parcourut dans la colonie un
circuit de huit mille ki.omètres, soit en bateau
à vapeur, scit en camionnette' automobile,
soit en pirogue ou à pied.
Et ce furent tout d'abord les paysages va-
riés traversés par la mission qui défilèrent sot
les yeux des députés, sages comme des en
fants : somptueuses végétations de la forêt
équatoriate, cours d'eau majestueux, rives en-
soleillées et luxuriantes, villages indigènes,
postes français. Avant chaque projection ap-
paraissaient sur l'écran des noms tan toi bar-
bares, tantôt familiers : Impfondo (Desbordes-
ville), Bangiui, Bar-Sara, Maroua, Mongo,
tfott-Archambault, Fort-Lamy, - Abecher,
Ouadaï. Ce fut ensuite le lac 1 chad, petite
mer intérieure, et ses îlots, peuplés de pélicans,
puis la descente vers la mer, par une autre
voie, colle du Chari et du Logone : Fort-
Lamy, Bol, Morgoun, Bongor, Binder, Baï-
bokoum, Carnot, Mossaka. Partout la mission
était fêtée par des danses, des chllvauchées,
des fantasia, fidèlement reproduites sur l' çcran.
Rites, moeurs, coutumes, types caractéristiques
des contrées parcourues, rien n'a échappé à
l' observation attentive de l'opérateur, qui a
consacré, en outre, une partie importante de
son Km aux productions naturel les du pays :
récoltes et préparations du caoutchouc, culture
du manioc, cueillette des fruits du palmiste,
trafic de l'ivoire, coupes de bois précieux.
Et sans quitter le Palais-Bourbon, les dé-
putés purent assister à ce spectacle : à travers
la brousse, Ici rail se développe, les tranchées
se creusent, les remblais s'élèvent, les pont?
de fer remplacent, au-dessus des torrents, les
frôles passtrel,les de lianes, la main-d' œuvre
indigène, sous la direction des ingénieurs fran-
çais et la surveillance d'un service médical
parfaitement organisé, poursuit activement
cette œuvre grandiose qui assurera le dévelop-
pement économique d'une possession françai-
se, dont les possibilités d'avenir sont immen-
ses.
Quand nos parlementaires seront appelés à
statuer sur les demandes de crédit pour le
chemin de fer de Brazzaville à l'Océan, ils
pourront désormais se prononcer en toute con-
naissance de cause et la propagande si habile
de; M. Daladier portera ses fruits.
L'AVIATION COLONIALE
0-0
Pans le Pacifique
Il est question wc créer un service d'hy-
dravions entre la Nouvelle-Calédonie et les
Nouvelles-Hébrides, soit sur une distance
de 824 kilomètres qui pourrait être par-
courue en 7 heures environ. Le transport du
courrier, et même de passagers par ce
moyen de locomotion procurerait aux Nou-
velîcs-116brides un élément nouveau d'in-
fluence française et y soulignerait davan-
lage encore notre prépondérance écono-
mique.
Paris-Dakar et retour
Ce \rid va-t-il se terminer tragiquement.
On est toujours sans nouvelles des deux
pilotes.
L'Echo d'Oran d'hier publie l'informa-
tion suivante :
« Nous apprenons de Colomb-Béchar
qu'aucune nouvelle n'ayant encore été re-
çue au sujet des aviateurs Arrachard et Le-
maitre qui, on le sait, ont quitté Tombouc-
Lou wle 20 février, les avions du 26 groupe
d'Afrique, détachés à Colomb-Béchar ont
reçu mission d'aller quérir des renseigne-
ments. Ils ont dû arriver à Adrar le 25 fé-
vrier et patrouiller aux environs de ce cen-
tre. S'ils ne peuvent recueillir là aucune in-
formation, ils se rendront jusqu'à. Ouallen,
où leur arrivée est prévue pour le 27 fé-
vrier et effectueront, s'il y a lieu, des re-
connaissances dans un rayon de 300 kilo-
mètres autour de ce poste.
« Il est à présumer qu'Arrachard et Le-
maltre se trouvent dans cette région et que
nous aurons à brève échéance de leurs
nouvelles. Il convient enfin de noter que la
tempête de vent qui sévit sur la côte algé-
rienne depuis quelques jours se fait .sentir
également dans les régions sahariennes, ce
qui gène l'emploi des moyens de commu-
nication qu'on* y utilise normalement. »
D'autre part, le ministère des Colonies
est à peu .près certain que les trois avions
de l'escadrille Tulasne, de l'Afrique occi-
dentale française, postes dans la région
Tombouctou-Gao, ont dû quitter avant-hier
ou hier l'une ou l'autre ville pour opérer
des recherches dans la région Kidal-Tes-
salit-Ouallon, en dépit du mauvais temps.
Nous allons vivre quelques jours dans
l'inquiétude. Faisons des vœux que rien de
fÂcheux ne soit arrivé a nos deux as.
CONFÉRENCE DE L'OPIUM
MM. Bourgeois et Kir cher ont signé au
nom de la France la convention de 1 opium
élaborée par la deuxième conférence.
..,. –̃
ARRIVEE
–O–
Si *Kaddour ben Ghabrit, conseiller poli-
tique du sultan du Maroc président de la
Société des habous des Li-eux Saints de
l'Islam, a débarqué hier à Marseille et est
arrivé ce matin à Paris.
A LA CHAMBRE
i
LOI DE FINANCES
Amendement
HOPITAUX COLONIAUX
L'article 320 de la loi de finances porte
que « le ministre des Colonies est autorisé
à transformer les hôpitaux coloniaux en
hôpitaux civils ou en hôpitaux mixtes. Ces
établissements passeront sous l'autorité et
la surveillance de l'autorité locale, leur
budge', sera autonome ou incorporé au bud-
get local.
M. Auguste Brunct, voulant faire dispa-
raître l'équivoque créée par le terme « hô-
pitaux mixtes JI qui lie surit aux cinuiu< s
qu'une aggravation de dépenses, propose
de modifier comme suit le deuxième para-
graphe de cet article :
« Le ministre des Colonies est autorisé
à faire passer les établissements hospita-
liers du service général aux colonies sous
l'autorité et la surveillance de l'autorité lo-
cale. Leiv budget sera autonome ou incor-
poré au budget local. Les différents servi-
ces bénéficiaires participeront aux frais gé-
néraux de ces établissements proportion-
nellement au nombre de leurs malades. »
MARINE MARCHANDE
Sans déi-at, est adopté l'article 200 bis
(ancien 201 bis) fixant les droits à percevoir
dans les chancelleries. Pour application du
principe de l'assimilation des pavillons, les
navires étrangers qui embarquent dans un
port étranger des marchandises ou des pas-
sagers à destination .d'un port de la France,
de ses colonies et pays de protectorat, sont
goumis aux formalités et taxes suivantes :
Expédition d'un bâtiment français qui a
effectué une opération commerciale dans le
port de départ ou tête de ligne ; expédition
d'un bûliment étranger qui a opéré dans le
port de départ ou tète de li,gne son chllrge-
ment complet ou partiel à destination de
la France ou de ses colonies et pays do
protcclurat 0,0i pur tonneau jusqu a 1-OW
tonneaux ; 0,02 pur tonneau au-dessus de
1.000 tonneaux.
Expédition d'un btltimenl français qui a
effectué une opération commerciale dans
1111 uurt intermédiaire ou d'escale, 0,02 par
tonneau.
Expédition d'un bûtiment étranger qui
a opéré dans un port intermédiaire, son
chargement complet ou partiel a destina-
tion de la France ou de ses colonies et pays
de protectorat.
(Voir les observations de l'art. 72.)
Expédition d'un bâtiment français ou
étranger -dont les droits sont acquittés par
aoonnemenL, Û,02 par tonneau.
Maximum par trimestre, 420..
LA POSTE AERIENNE
A l'article 200 créant a.u profit du Trésor
une surtaxe visant'les objets de correspon-
dance transportés par avion, M. - Pierre
Elionne Flandin proteste;
Il faut, dil-il développer l'usage de lia
poste aérienne si l'on vent diminuer les
subventions versées par l'Etat aux Compa-
gnies de navigation aérienne.
Lu transport par air représente., pour le
service ipostal, non une dépense suivpk'îimen-
laisre, mais une économie.
'Elnlin, pcnt-orh surtaxer les lettres cxpé-
diées aux colonies quand on ne peut sur-
taxer ocUes. qui sont expédiées à l'étran-
ger ?
Il faut donc disjoindre l'article.
M. le Rapporteur Générai) d'écla.re ne pas
comprendre colle opposition.
La Commission, propose une légère sur-
taxe pour les correspondances aériennes.
L'organisation du service ne coûte rien ? Et
les 43 misions de subventions aux Compa-
gnies ?
Le service rendu aux usagers compte-t-il
.pour rien ?
- 1 fr. 15 pour une lettre de Paris à Casa-
bl,anca,..est-c.e' inadmissible quand une cor-
respondance pneumatique va coûter 1 fr. 9
(Applaudissements à gauche.)
M. Pierre '.Etienne Flandin ne maintient
pas sa demande de disjonction; mais les
usagers ne consentiront pas. si facilement Le
sacrifiice qu'on leur demande ; et il s'agit
d'attirer la clientèle.
L'article: 232 est adopté.
CHEMIN DE FER ET PORT
DE LA REUNION
Sans discussion .sont adoptes les articles
237 a 241 établissant sur de nouvelles bases
les conditions d'exploitation du chemin de
if ci- et -du port do la Réunion, que nous
avons déjà fait connaître.
Les rhums coloniaux
MM. Louis. Proust, Diagllr', Alcide
Dclmonl, Brunct, Gasparin, Rémy Ruux,
Merlant, Robert Thoumy.rl', Errietst ûu-
trey, Paul Oignon, Henri Tasso, Eug«*ne
Lautier, viennent de déposer un. amende-
ment l'article 152 de la loi de finances
ayant pour objet d'ajouter le paragraphe
suivant :
Les rhums originaires des colonies
françaises qui justifieront avoir été expé-
diés ou déposés à quai d'embarquement
pour la France avant la promulgation de
l'arrêté du 23 mai 1924 seront "idmis aux
conditions du tarif antérieur relativement
a la surtaxe d'importation. Il
A TAXGBlï
l>ai- suite du mauvais lenqis <|\ii r Inns
le détroit, de Gibraltar, le eoui-rii-r d'Kurnpe n'a
pas pu parvenir à Tan^rr dopais quatre jnurs.
LE CHAUFFEUR DES BOIS COLONIAUX
Henri Monier, - e ohaulfcui- que M. Maousse,
directeur de la Société des TCois Coloniaux, 26,
avenue Daumosnll, trouvait, un garçon ',l'ès
bien, qui, depuis 5 mois, possédait .'on entière
confiance, n'est autre que le chauffeur des cam-
brioleurs de la rue d'Ahonkir, qui a prudem-
ment. disparu.
La commission consultative
des études tunisiennes
ou
La Commission consultative des études tuni-
siennes s'est réunie, tuer soir au Quai d'Orsay.
sous la présidence du N1. llerriot. M. Lucien
uint, résident délierai do France a Tunis, as-
sistait à 10 séance. Un se rappelle que les mem-
bres de cette Commission ont été désignés au
mois de novembre dernier par le président du
Conspil. Une première réunion cul lieu, comme
lf'5 Annales loloniales l'ont publié, en décem-
bre, puis le., dénuts avaient été ujournés. Ré-
cemment, au cours d'un important débat à la
Chambre, M. llerriot a exposé les grandes li-
gues des rélormes qu'il se propose d apporter
au régime politique et social de notre protec-
torat. t e président du Conseil, tout en repous-
sant les discussions inopportunes avec une poi-
gnée d'agitateurs - dont Mohamed ben Ali, le
principal représentant qui a été airèté a la suite
d'un récent incident - s'est déclaré prêt à écou-
ter les revendications des vrais indigènes.
Après avoir entenùu, hier soir, un exposé de
M. Lucien aillt, .es membres de la Comnlls-
sion ont été d'avis, contrairement à eu que l'on
avait annoncé ces jours derniers, qu'il impor-
tait d'aboutir très rapidement, lis ont immé-
diatement mis au point une méthode de travail.
En vu ici lu principe.
La Commission a décidé de se répartir en
trois sous-commissions 1* organisation et ad-
ministration ; 2* statut social ; 3" régime fon-
der, peuplement et naturalisation. Ces sous-
commissions commenceront leurs travaux sous
peu.
A la demande du président du Conseil, la
Commission a décidé d'entreprendre, à PûqIICS.
1111 voyage d'enquête dans notre protectorat.
«Oie-
La France en Syrie
La France en Syrie
Le général Sarrail a réussi.
Chrétiens et Musulmans. - Le rôle
de la France
Nous sommes au Liban et en Syrie au ti-
tre de puissance mandataire pour y conseil-
ler, aider et guider les populations dans leur
administration, conformément aux termes de
l'article 21. (alinéa 4) du pacte de la Société
des Nations.
Cela veut-il dire que le mandat a été confié
à Jo;)¡ France parce que puissance catholique,
protectrice traditionnelle des chrétiens
d'Orient? a veut-il dire qu'il ne saurait
être exercé dans son esprit et dans sa lettre
que par des Français imbus de la doctrine
politique de l'Action française et affectant de
se placer délibérément sous la tutelle spiri-
tuelle d'un nonce apostolique?
Et cela, à la veille du jour où le président
du Cpnscil affirmant les droits de l'Etat laj-"
que et dénonçant les desseins de la papauté
qui veut jouer le rôle d'arbitre entre les na-
tions, déclarait à la tribune de la Chambre
et aux applaudissements de la majorité :
« L'ambassade du Vatican, dans l'ordre
extérieur, n'a rien ajouté au prestige de la
France qui doit se placer un peu au-dessus
des confessions pour se montrer dans tout
son éclat et sa pureté. »
Toute la question de Syrie est là 1
Non, le mandat a été confié à la France
républicaine, non par le pape arbitre, mais
par la Société des Nations, non pour servir
uniquement, au Liban, les intérêts tradition-
nels, si respectables soient-ils, des six com-
munautés catholiques relevant de Rome, non
pour renforcer les privilèges moraux et ma-
tériels d'une classe de la population, iiiai,
aussi pour servir les intérêts des 22 com-
munautés musulmanes ou non catholiques
qui représentent les trois quarts de la popu-
lation totale.
Changement de mission, changement de
méthode.
Aux Syriens qui comprennent 29 « no-
tions Il rligicuses, il faut montrer qu'au-des-
aus de ces jq nations il doit y en avoir une
trentième qui les englobe et les coordonne:
la patrie syrienne, sinon patrie totale - puis-
que le Liban s'en détache -- du moins pa-
tric économique.
Or, avant même que le Haut-Commissaire
ait eu le temps de proclamer le véritable
caractère de sa mission - ce qui était son
premier devoir - il est invité à préluder à
son entrée en fonction par un geste religieux
qui en trouble la signification générale et à
s'agenouiller dans l'une des 29 chapelles!
Singulier début, gros de conséquences et
combien significatif pour ces populations
musulmanes qui, elles aussi, ont des droits à
notre affection et dont la mentalité - pour
qui la connaît bien - se refuse à compren-
dre qu'un geste sacré puisse être fait sans la
participation de la conscience et du cœur.
Ne l'avait-elle pas fait clairement com-
prendre aux prédécesseurs mêmes du géné-
ral Sarrail? La leçon devait-elle être perdue?
Et puis, enfin, et cela on ne le répétera
jamais trop : le Liban chrétien et quasi lé-
gendaire masque la Syrie terre d'Islam. En
France, on confond l'un avec l'autre. Le
sentiment éclipse la. raison. Or, ce sont deux
Etats complètement différents. Ils vivent des
vies politiques et sociales parallèles mais ja-
mais confondues, et. ils n'ont, entre eux, d'au-
tres rapports que ceux-là même établis par
l'intermédiaire du Haut-Commissaire.
Or, Te mandat français s'étend sur les
deux : Beyrouth, et Damas sont les deux ca-
pitales, celle-là à demi-chrétienne et celle-ci
musulmane.
Et j'ajouterai même que si - loi des ma-
jorités - le Haut-Commissaire devait mon-
trer une préférence entre l'Eglise et la Mos-
quée, c'est pour la Mosquée qu'il devrait
opter.
- Le c hoix- du ,-iège de la Résidence, même,
a été influence par le passé, par la tradi-
tion, mais. pour répondre à l'esprit du man-
dat, c'est-à-dire à l'avenir, c'est non pas à
Beyrouth qu'il devrait être, mais à Dama;;,
à Alep ou à Tripoli, villes d'Islam.
Le Liban, qu'on le veuille ou non, - que
cela soit dit sans cesser de respecter pro-
fondément la grande œuvre séculaire de nos
missionnaires - est, en terre musulmane, un
Accident heureux qui n'a dû de se perpétuer
qu'à l'hahile diplomatie de nos rois et à la
tolérance des califes. Mais un accident ne
saurait inspirer une diplomatie ! La vérité
c'est qu'en Syrie comme dans F Afrique du
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 27 FEVRIER IM.
0
Les Annales Coloniales
1 JOURNAL QUOTIDIEN
LU ABTKLCB MUll PAS «U# ANNALBOOUWtALU* MtCT LA PtOflUtTt
MOJUNVt OU JOURNAL
£8A.,I' H" ---"",,"A,.
DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Il kàmkmtHin 1 "I R. MontpTMbôf, PARIB-t- - Wijfcw : LIIIIU 19-17
Un an 4 mob sois
asownEMENTS
IBONIEMENTI et Colonie». ao • 45 9 as 1
mÎÎ isnuMriÉni» lï «ïîflllL J ( Rtranfrer 120 » M ̃ SB i
aiart*4 - 1
On .t.bollDe cla.. toa8 tes Bureaux de poste et chea les principaux HbftfMt
Les problèmes coloniaux
Commentant lie passage du discours où M.
Herriot évoquait, à la fin de janvier dernier,
(la gravité du problème du Pacifique, un
grand journal libéral anglais marquait
la nécessité de régler rapidement les problè
mes politiques essentiellement européens afin
d'avoir l'esprit libre pour aborder ceux qui fe
posent dans les autres parties du monde. Et
Û ajoutait : « une fois la paix établie sur une
base solide dans l'Europe occidentale, nous
pourrions envisager avec confiance les problè-
mes et las orages qui s'amoncellent dans
d'auttes parties du monde ».
Il est bien évident que la politique inter-
nationale, depuis déjà de bien longues années,
ne se réduit pas aux quelques questions qui
ont trait aux frontièresjqui délimitent les di-
vers états de notre continent.
Nous ne sommes plus à l'époque, pas ex-
trêmement lointaine d'aiHeurs, où il suffisait
à un ministre des Affaires étrangères pour Se
croire informé de lire les dépêches qui lui
parvenaient quotidiennement de quelques
igrandes capitales.
H y a à peine cinquante ans, Bismarck dé-
clarait avec cet humour, fait d'un mélange de
franchise et dt ruse et qui était un des traits
les plus curieux de son caractère, qu'il n'ou-
vrait jamais le courrier de Constantinople. Il
n'avait pas attendu le moment de sa chute,
pour changer d'avis à ce sujet, et on l' avait
vu en '1878 se fairel fhonnêtc courtier entre la
Russie victorieuse et l'Autriche-Hongrie in.
quiète des projets du tsar sur Constant inopîe.
Et depuis lors, quel chemin parcouru et
combien d'autres urriers sont venus s' ajou-
ter à celui de StanySotrl sur la table du chan-
celier de l'empire allemand et qui étaient ou-
verts et dépouillés fiévreusement.
L'évolution n'a fait que s'accentuer, se pré-
cipiter. La guerre y a, il est vrai, puissam-
ment contribué, on avançant l'heurè du dé-
clin de l'Europe.
Au lendemain de l'armistice, un géographe
fort connu, M. Demangeon, a montré dians un
ouvrage très répandu dans les milieux qui prê-
tent quelque attention aux problèmes lntema
tionaux, qu'ecn dépit des apparences, que fal-
lut naître la victoire, da guerre avait abouti à
Un recul marqué de notre continent à la fois
'danq le domaine politique et économique. Dans
ces deux ordres d'idées, il devait perdre la
prééminence qu'il avait si longtemps détenue
et qui lui échappait au profit, dû Japon et des
lEtata-Unis. A la faveur des hostilités, en pré-
sence d'une Russie momentanément affaiblie
et d'une Angleterre lointaine et absorbée non
seulement par ses soucis européens, mais aussi
par ceux que lui causèrent l'Inde et l'Egypte,
le Japon développait sa puissance politique et
économique.
Les Etats-Unis, de leur côté en faisaient
autant. Ils sortaient à peu près intacts d'une
dutte où ils n'avaient participé que tardivement
et d'une manière telle que leur vie économi-
que n'en avait pas été pour ainsi dite affectée.
11 serait à peine exagéré de soutenir qu'elle
fut favorisée par les circonstances qui avaient
paralysé ou détourné de leur objet ordinaire
l'industrie et le commerce européens, qui
s'étaient trouvés supplantés sur leur propre ter-
ritoire et en de nombreux points du globe.
Et ainsi en face d'une Europe affaiblie se
dressaient, suivant M. Demangeon, un Ja-
pon fortement armé pour la lutte sur tous les
territoires, plein de confiance en l'avenir, prêt
à profiter de toutes les occasions d'agrandisse-
ment, et une Amérique, fonnidable, par la
puissance de ses capi taux, par l'abondance de
ses ressources en matières premières de toutes
sortes, et une population qui ne cesse de s'ac-
croître beaucoup moins par 'les progrès de sa
natalité que par - l'appoint d'une immigration
que rien n'arrête.
Mais cette accession des Etats-Unis et du
Japon au premier rang des grandes puissances
n" est qu'un des aspects des transformations qui
durant les soixante dernières années se sont
introduites dans le domaine diplomatique.
Un autre changement, et qui n'est pas d'im-
portance moindre, est celui qui est dû aux
problèmes .qui ont surgi à la suite de l'établis-
sement des Européens dans les pays habités
par des hommes d'autres races et dont cer-
- tains groupes avaient atteiint un degré fort
avancé de civilisation.
Durant de 'longues années, notre présence
parmi eux fut acceptée sans protestation. Au-
cune difficulté ne paraissait devoir naître de
notre séjour dans ces pays où nous n'étions
que des étrangers.
Mais sous l'influence du temps et surtout
au contact de notre civilisation:, de nos idées,
une évol ution se produisit dans les esprits,
évolution dont le cours fut extraordinaireent
hâté par ia guerre.
Aussi certains estiment « que le siècle ac-
tueil sera témoin d'un puissant effort tenté par
toutes les races de coulleur en vue de secouer
la domination de l'homme blanc et l'ascen-
dant qu'il exerce dans ses relations avec
l'homme de couleur ».
Que cette lutte doive se produire, aucun
esprit clairvoyant ne 'le conteste et cela d'au-
tant moins que déjà des symptômes non équi-
voques en marquent comme le commencement.
Mais quelle - en - sera la forme, sera-t-elle vio-
lente ou non ? Quels en seront les résultats ?
C'est ce qu'on ne peut, en toute sincérité, in-
diquer dès aujourd'hui.
Les bol cheVbtes , avec cet esprit simpliste
qui les caractérise, apportent une solution toute
qm leis cara«ér i se, Z=kl pu sa netteté
prête, a qui est renrâîrjuable par sa netteté :
Les peuples de race blanche n'ont qu'à dé-
guerpir des pays où ils se sont établis.
Ceci est bien, et facile à dire. Mais pense-
t-on soutenir que les Indous retireraient un
grand avantage du départ de l' Angleterre qui
aurait consenti à évacuer l'Inde ou en aurait
été expulsée. Personne ne le pense sérieuse-
ment. Malgré ses défauts, que les Anglais ne
se refment pas à reconnaître, la domination
britannique constituent pour la masse de la po-
pulation de cette péninsule un progrès consi -
dérable. La retraite des Anglais entraînerait
non seulement le retour à l'anarchie mais une
aggravation de la situation da la classe labo-
rieuse de ce pays.
Les réflexions relatives à l'Inde peuvent
s'appliquer, avec raison, à d'autres pays,
En réallité. si l'on examine le phénomène
d'un peu haut, l'évacuation purct et simple
n'est pas une solution qui réponde à la con-
ception d'une politique généreuse et humaine
esséntiellement préoccupée de l'avenir de la
civilisation-
Le probdème est, au reste,* tort complexe,
et on ne peut avoir la prétention d'en esquis-
ser, au courant de la plumr, une solution dé-
finitive.
Dans l'ouvrage qu'il a consacré à cette
question, Ramsay Macdonalld, l'ancien pre-
mier ministre britannique, se prononce pour
la légitimité die l'occupation coloniale et de
l'exploitation économique des terres coloniales.
(( Les régions tropicales, dit-il, peuvent four-
nir mille produits qui contribuent à accroître
le confort et à adoucir la vie dans les réRion
tempérées. LrJ terres tempérées ont donc le
droit de demander aux tropiques quelques-unes
da leurs précieuses productions. Le monde est
l'héritage de ions les hommes. Tribus et na-
tions n'ont pas le droit de délimiter des par-
ties de la terre et de les sépare, du reste,
aussi radicalement que si ellts avaient été
transplantées dans la lune. »
Mais si Macdonald admet Ja légitimité mo.
rale et la base juridique de l'occupation et de
l'exploitation coloniales c'est à la condition
qu'elles respecteront certaine obligations.
« Les droits, ajoute-t-il, qu'ont les popula-
tions de la zone tempérée à bénéficier des
produits tropicaux, ne Teonporte pas sur le
droit supérieur qu ont les habitants des pays
tropicaux à être traités en êtres humains. »
On ne saurait, à notre sens, trouver une meil-
leure formule, d'autant plus quei sa réalisa-
tion ne consiste pas à imposer à ces pays telles
aueliles les institutions européennes qui répon-
dent à certaines formes de civilisation, mais
à établir une certaine coopération intellleotuelle
et économique profitable aux uns et aux au-
tres.
Lorsqu'on descendra dans l'étude détaillée
des faits, bien des obstacles apparaîtront, que -
4'on ne soupçonne pas de prime abord. - Mais
ces difficultés, pour si sérieuses qu'elles puis-
sent parfois apparaître, ne' sont pas insurmon-
tables.
En tout cas, il est bon que l'opinion se
rende compte de l'ampleur et de la diversité
de cas problèmes, donh la solution ne sera
pas le fait d'une seule puissance, mais du con-
cours des bonnes volontés de la démocratie
occidenta le.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, Secrétaire de la
Commission des Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonies.
«♦»»̃
La consommation du vin
en Atrique Occidentale Française
-0,0-
Il est intéressant de comparer le mouve-
ment d'importation des « alcools, eaux-de-
vie et liqueurs » à ceux des « vins de toutes
sortes » pendant la période décennale de 1913
a 1923 pour bien se rendre compte que « l'al-
coolisme » diminue de plus en plus en Afri-
que Occidentale Françadse.
La diminution de consommation des al-
cools, eaux-de-vic et liqueurs, au cours des
dix dernières années en question, s'est élevée
a 5.689.854 litres, se répartissant ainsi : pour
te Sénégal, 2.292.158 litres; pour la Guinée,
181.021 litres ; pour la Côte d'Ivoire, 1 mil-
lion 27.196; pour le Dahomey, 2.111.828 li-
tres; pour le Soudan, 77.651.
Cette diminution a eu sa répercussion heu-
reuse sur la consommation des « vins de tou-
tes sortes » qui a atteint, pendant la même
période, une augmentation de 2.141.930 litres,
portant sur les colonies suivantes : Sénégal,
1.206.648 litres; Côte d'Ivoire, 481.740 litres;
Dahomey, 453..542 litres. Si la Guinée et le
Soudan ont, au cours de ces mêmes années,
consommé l'une 100.1650 et 1 autre 168.614 li-
tres de moins, il faut retenir que ces mêmes
colonies ont également, pendant le même
temps, consommé moins d'alcool : la. pre-
mière 1S1.021 litres, le second 77.651. Et
chla:.étahlit sans conteste que ces deux colo-
nies doivent être mises hors de cause en ma-
tière « d'alcoolisme o.
Enfin, il convient de ,re.ma¡rq:uer également
que si la consommation du vin ne s'est pas
accrue dans la proportion où s'est réduite
çclle de l'alcool, c'est uniquement à cause
de l'élévation du prix du vin qui est passé,
suivant les valeurs de statistiques, de o fr. 81
le litre en 1913 à 2 fr. 47 en 1923.
A la lumière brutale des chiffres officiels
qui précèdent, il résulte bien qu'aucune in-
quiétude ne saurait se concevoir à propos de
la consommation de l'alcool en Afrique Oc-
cidentale Française, mais qu'au contraire la
situation est pleinement rassurante sur ce
point.
LES ABD-EL-TIF
Il y a quelques seinai-
nes, à Alger, s est produit
un fait dont les échos n'ont
guère traversé la Médi-
terranée. Il mérite ccpçn-
dant d'être noté.
Ce fut une simple mani-
festation d'art, une expo-
sition d' œuvres peintes ou
gravées, de dessins, de sculpturesi analogues
certes à beaucoup d'autres si elle n'avait été
consacrée aux Abd-el-Tif.
Quelque tribu nomade, demander cz-vous ?
Oui et non. C'est tout d'abord le nom, légué
par son dernier propriétaire, d'une charmante
villa mauresque nichée dans les pins, sur les
pentes dtlliamma, aux portes même d'Alger,
De la terrasse de la maison, paï-dcsstis les
frondaisons du Jardin d'Essai, la vue décote
vu', aux premiers plans, l'éboulis des com-
tructions algéroises qui dégringolent de Mus-
taPha et de la Casbah comme si elles se précis
pilaient à la mer, le port et la rade, la somp-
tueuse courbe qui relie la pointe Pescade au
cap Matifoit, les riants lointains de Fôrt-de
l'Eau et d'Ain-Taya, les premières croupcs
amollies de l'Atlas 7'cllien et jusqu'aux cimes
neigeuses du Djurdjura. La plupart du temps,
ce panorama est inondé d'un soleil joyeux qui
fait éclater les couleurs, baigné d'une atmos-
phère pure et transparente à travers laquelle
les contours des choses apparaissent en traits
précis, s'établissent exactement les rapports
des volumes et des valeurs.
l'Algérie donne Vhospitalité de la villa
Abd-el-Tif à de jeunes artistes, déjà libé-
rés de l'école, ayant affirmé leur persoltluf-
lité, choisis. parmi ceux qu'un jury éclairé
estime les plus capables de recevoir les ensei-
gnements d'une riche ci généreuse nature. Les
pensionnaires d'Abd-el-Tif y séjournent deux
ou trois ans, voient, contemplent s s'abreu-
vent de lumière et de cicl bleu, peignent, des-
sinent, modèlent ou taillent et repartent, mû-
ris ci tramformés4, désormais imprégnés de
cet orientalisme qui a déjà suscite de grands
talents et dont les destinées sont encore plus
lourdes de przmesses.
Grâces soient rendues au Gouverneur Gé-
néral Jonnart qui fonda Abd-el-Tif, au par-
rain de l'institution, M. Léonce Bénédetti,
aux Assemblées algériennes qui lui ont donné
la vie budgétaire, et aussi aux « Amis des
Arts B, enthousiastes Mécènes qui s'efforcent
à développer en Alger le goût du beau, pro-
téger les artistes et les faire connaître par
de publiques expositions de leurs œuvres.
Le salon des Abd-el-Tif avait groupé la
presque totalité des pensionnaires, une ving-
taine depuis la fondation. L'ensemble des
œuvres réunies au palais des Assemblées algé-
riennes donnait Vimpression qu'une école est
née. Malgré la diversité des talents et la pcr-
sonnalité accusée des artistes, l'influence du
ciel d'Algérie transparaissait, comme un air
de famillc, au travers d'œuvres qui cepen-
dant traduisaient bien, différemment les im-
pressions ressenties par leurs auteurs devant
les mêmes objets. Il serait injuste de vouloir
poursuivre la recherche d'une identique norme
scholastique dans des talents aussi divers et
parfois aussi contradictoires que ceux des
Abd-el-Tif. A des œuvres à la facture clas-
sique s'opposent des hardiesses comme celles
du cubiste Dufresne. A côté des pierres for-
tement taillées de Pommier se placent les
bronzes sincères et simplement traités de Ri-
gonnet. Aux gravures si sobrement et si élo-
qucmment fouillées de Beaufrère s'opposent
les dessins de Launois, un parent nullement
pauvre, subtil et modernisé, des grands des-
sinateurs de la Renaissance française. Ma-
rins de Buzon, le cltaud et vigoureux illter
prète des montagnes kabyles, voisine avec un
délicieux portrait de jeune fille finement
analysé par Migonney\ avec les toiles aux
couleurs vibrantes de Cauvy, le doyen de la
phalange.
Il y a, je le sens, une profonde injustice
à ne pas citer plus de nomss à ne pas mCll-
tionner plus d'œuvres. Les Abd-el-Tif sont
parmi les meilleurs serviteurs de l'Art. Le
public parisien pourra bientôt le constater,
puisque le Gouvernement Général de l'Algérie
et fos « Amis des Arts » d'Alger ont décidé
de lui soumettre l'ensemble des productions
réalisées à ce jour par les anciens pension-
naires de la villa.
Ce sera aussi Vattention publique attirée
sur Vimportant mouvement t d'art que l'on a vu
naître et se développer en Algérie depuis plu-
sieurs allnées. Les germes semés par les De-
lacroix, les Fromentin, les Guillaumet ont
donné des pousses vigoureuses. Il existe de
nombreux artistes qui vivent et œuvrent en
Algérie, qui ont donné au peuple laborieux
de ce pays le goût des belles choses, qui lui
ont qppris à « voir » le milieu où il tra-
vaille, qui l'initient à la pratique et au culte
des arts. L'école nationale d'A,lger, sous la
direction de Cauvy, est un bel exemple d'eii-
seignement artistique. A l'école municipale
des Beaux-Arts d'Oran, Ferrando, le peintre
émouvant du mont Zaccar, aussi modeste qu'il
est erand, prodigue à sept cents élèves, avec
l'aide de professeurs de choix, des leçons qui
font de tout ce petit peuple des ouvriers
d'art aussi bien que des artistes dont quel-
ques-uns se sont déjà imposés.
Les Abd-el-Tif auront eu le mérite, en re-
nouvelant pour leur part les formules de Fart
orientaliste, de montrer ce qu'est l'Algérie
comme école d'art et comme source d'émo-
tions artistiques.
J. Gasser,
Sénateur d'Oran.
Le cinema oongolais
à la Chambre
--0-0-
M. Daladier, ministre des Colonies, avait
invité, hier, les députés à assister à une re-
présentation cinématographique. Ce film a été
tourné en Afrique équatoriale française par
un opérateur qui accompagnait la mission de
M. l'administrateur des Colonies Chaumel ,
envoyé de l'Agence économique de l'A.E.F.
Partie de Brazzaville, le 24 mars 1924, la
mission Chaumel parcourut dans la colonie un
circuit de huit mille ki.omètres, soit en bateau
à vapeur, scit en camionnette' automobile,
soit en pirogue ou à pied.
Et ce furent tout d'abord les paysages va-
riés traversés par la mission qui défilèrent sot
les yeux des députés, sages comme des en
fants : somptueuses végétations de la forêt
équatoriate, cours d'eau majestueux, rives en-
soleillées et luxuriantes, villages indigènes,
postes français. Avant chaque projection ap-
paraissaient sur l'écran des noms tan toi bar-
bares, tantôt familiers : Impfondo (Desbordes-
ville), Bangiui, Bar-Sara, Maroua, Mongo,
tfott-Archambault, Fort-Lamy, - Abecher,
Ouadaï. Ce fut ensuite le lac 1 chad, petite
mer intérieure, et ses îlots, peuplés de pélicans,
puis la descente vers la mer, par une autre
voie, colle du Chari et du Logone : Fort-
Lamy, Bol, Morgoun, Bongor, Binder, Baï-
bokoum, Carnot, Mossaka. Partout la mission
était fêtée par des danses, des chllvauchées,
des fantasia, fidèlement reproduites sur l' çcran.
Rites, moeurs, coutumes, types caractéristiques
des contrées parcourues, rien n'a échappé à
l' observation attentive de l'opérateur, qui a
consacré, en outre, une partie importante de
son Km aux productions naturel les du pays :
récoltes et préparations du caoutchouc, culture
du manioc, cueillette des fruits du palmiste,
trafic de l'ivoire, coupes de bois précieux.
Et sans quitter le Palais-Bourbon, les dé-
putés purent assister à ce spectacle : à travers
la brousse, Ici rail se développe, les tranchées
se creusent, les remblais s'élèvent, les pont?
de fer remplacent, au-dessus des torrents, les
frôles passtrel,les de lianes, la main-d' œuvre
indigène, sous la direction des ingénieurs fran-
çais et la surveillance d'un service médical
parfaitement organisé, poursuit activement
cette œuvre grandiose qui assurera le dévelop-
pement économique d'une possession françai-
se, dont les possibilités d'avenir sont immen-
ses.
Quand nos parlementaires seront appelés à
statuer sur les demandes de crédit pour le
chemin de fer de Brazzaville à l'Océan, ils
pourront désormais se prononcer en toute con-
naissance de cause et la propagande si habile
de; M. Daladier portera ses fruits.
L'AVIATION COLONIALE
0-0
Pans le Pacifique
Il est question wc créer un service d'hy-
dravions entre la Nouvelle-Calédonie et les
Nouvelles-Hébrides, soit sur une distance
de 824 kilomètres qui pourrait être par-
courue en 7 heures environ. Le transport du
courrier, et même de passagers par ce
moyen de locomotion procurerait aux Nou-
velîcs-116brides un élément nouveau d'in-
fluence française et y soulignerait davan-
lage encore notre prépondérance écono-
mique.
Paris-Dakar et retour
Ce \rid va-t-il se terminer tragiquement.
On est toujours sans nouvelles des deux
pilotes.
L'Echo d'Oran d'hier publie l'informa-
tion suivante :
« Nous apprenons de Colomb-Béchar
qu'aucune nouvelle n'ayant encore été re-
çue au sujet des aviateurs Arrachard et Le-
maitre qui, on le sait, ont quitté Tombouc-
Lou wle 20 février, les avions du 26 groupe
d'Afrique, détachés à Colomb-Béchar ont
reçu mission d'aller quérir des renseigne-
ments. Ils ont dû arriver à Adrar le 25 fé-
vrier et patrouiller aux environs de ce cen-
tre. S'ils ne peuvent recueillir là aucune in-
formation, ils se rendront jusqu'à. Ouallen,
où leur arrivée est prévue pour le 27 fé-
vrier et effectueront, s'il y a lieu, des re-
connaissances dans un rayon de 300 kilo-
mètres autour de ce poste.
« Il est à présumer qu'Arrachard et Le-
maltre se trouvent dans cette région et que
nous aurons à brève échéance de leurs
nouvelles. Il convient enfin de noter que la
tempête de vent qui sévit sur la côte algé-
rienne depuis quelques jours se fait .sentir
également dans les régions sahariennes, ce
qui gène l'emploi des moyens de commu-
nication qu'on* y utilise normalement. »
D'autre part, le ministère des Colonies
est à peu .près certain que les trois avions
de l'escadrille Tulasne, de l'Afrique occi-
dentale française, postes dans la région
Tombouctou-Gao, ont dû quitter avant-hier
ou hier l'une ou l'autre ville pour opérer
des recherches dans la région Kidal-Tes-
salit-Ouallon, en dépit du mauvais temps.
Nous allons vivre quelques jours dans
l'inquiétude. Faisons des vœux que rien de
fÂcheux ne soit arrivé a nos deux as.
CONFÉRENCE DE L'OPIUM
MM. Bourgeois et Kir cher ont signé au
nom de la France la convention de 1 opium
élaborée par la deuxième conférence.
..,. –̃
ARRIVEE
–O–
Si *Kaddour ben Ghabrit, conseiller poli-
tique du sultan du Maroc président de la
Société des habous des Li-eux Saints de
l'Islam, a débarqué hier à Marseille et est
arrivé ce matin à Paris.
A LA CHAMBRE
i
LOI DE FINANCES
Amendement
HOPITAUX COLONIAUX
L'article 320 de la loi de finances porte
que « le ministre des Colonies est autorisé
à transformer les hôpitaux coloniaux en
hôpitaux civils ou en hôpitaux mixtes. Ces
établissements passeront sous l'autorité et
la surveillance de l'autorité locale, leur
budge', sera autonome ou incorporé au bud-
get local.
M. Auguste Brunct, voulant faire dispa-
raître l'équivoque créée par le terme « hô-
pitaux mixtes JI qui lie surit aux cinuiu< s
qu'une aggravation de dépenses, propose
de modifier comme suit le deuxième para-
graphe de cet article :
« Le ministre des Colonies est autorisé
à faire passer les établissements hospita-
liers du service général aux colonies sous
l'autorité et la surveillance de l'autorité lo-
cale. Leiv budget sera autonome ou incor-
poré au budget local. Les différents servi-
ces bénéficiaires participeront aux frais gé-
néraux de ces établissements proportion-
nellement au nombre de leurs malades. »
MARINE MARCHANDE
Sans déi-at, est adopté l'article 200 bis
(ancien 201 bis) fixant les droits à percevoir
dans les chancelleries. Pour application du
principe de l'assimilation des pavillons, les
navires étrangers qui embarquent dans un
port étranger des marchandises ou des pas-
sagers à destination .d'un port de la France,
de ses colonies et pays de protectorat, sont
goumis aux formalités et taxes suivantes :
Expédition d'un bâtiment français qui a
effectué une opération commerciale dans le
port de départ ou tête de ligne ; expédition
d'un bûliment étranger qui a opéré dans le
port de départ ou tète de li,gne son chllrge-
ment complet ou partiel à destination de
la France ou de ses colonies et pays do
protcclurat 0,0i pur tonneau jusqu a 1-OW
tonneaux ; 0,02 pur tonneau au-dessus de
1.000 tonneaux.
Expédition d'un btltimenl français qui a
effectué une opération commerciale dans
1111 uurt intermédiaire ou d'escale, 0,02 par
tonneau.
Expédition d'un bûtiment étranger qui
a opéré dans un port intermédiaire, son
chargement complet ou partiel a destina-
tion de la France ou de ses colonies et pays
de protectorat.
(Voir les observations de l'art. 72.)
Expédition d'un bâtiment français ou
étranger -dont les droits sont acquittés par
aoonnemenL, Û,02 par tonneau.
Maximum par trimestre, 420..
LA POSTE AERIENNE
A l'article 200 créant a.u profit du Trésor
une surtaxe visant'les objets de correspon-
dance transportés par avion, M. - Pierre
Elionne Flandin proteste;
Il faut, dil-il développer l'usage de lia
poste aérienne si l'on vent diminuer les
subventions versées par l'Etat aux Compa-
gnies de navigation aérienne.
Lu transport par air représente., pour le
service ipostal, non une dépense suivpk'îimen-
laisre, mais une économie.
'Elnlin, pcnt-orh surtaxer les lettres cxpé-
diées aux colonies quand on ne peut sur-
taxer ocUes. qui sont expédiées à l'étran-
ger ?
Il faut donc disjoindre l'article.
M. le Rapporteur Générai) d'écla.re ne pas
comprendre colle opposition.
La Commission, propose une légère sur-
taxe pour les correspondances aériennes.
L'organisation du service ne coûte rien ? Et
les 43 misions de subventions aux Compa-
gnies ?
Le service rendu aux usagers compte-t-il
.pour rien ?
- 1 fr. 15 pour une lettre de Paris à Casa-
bl,anca,..est-c.e' inadmissible quand une cor-
respondance pneumatique va coûter 1 fr. 9
(Applaudissements à gauche.)
M. Pierre '.Etienne Flandin ne maintient
pas sa demande de disjonction; mais les
usagers ne consentiront pas. si facilement Le
sacrifiice qu'on leur demande ; et il s'agit
d'attirer la clientèle.
L'article: 232 est adopté.
CHEMIN DE FER ET PORT
DE LA REUNION
Sans discussion .sont adoptes les articles
237 a 241 établissant sur de nouvelles bases
les conditions d'exploitation du chemin de
if ci- et -du port do la Réunion, que nous
avons déjà fait connaître.
Les rhums coloniaux
MM. Louis. Proust, Diagllr', Alcide
Dclmonl, Brunct, Gasparin, Rémy Ruux,
Merlant, Robert Thoumy.rl', Errietst ûu-
trey, Paul Oignon, Henri Tasso, Eug«*ne
Lautier, viennent de déposer un. amende-
ment l'article 152 de la loi de finances
ayant pour objet d'ajouter le paragraphe
suivant :
Les rhums originaires des colonies
françaises qui justifieront avoir été expé-
diés ou déposés à quai d'embarquement
pour la France avant la promulgation de
l'arrêté du 23 mai 1924 seront "idmis aux
conditions du tarif antérieur relativement
a la surtaxe d'importation. Il
A TAXGBlï
l>ai- suite du mauvais lenqis <|\ii r Inns
le détroit, de Gibraltar, le eoui-rii-r d'Kurnpe n'a
pas pu parvenir à Tan^rr dopais quatre jnurs.
LE CHAUFFEUR DES BOIS COLONIAUX
Henri Monier, - e ohaulfcui- que M. Maousse,
directeur de la Société des TCois Coloniaux, 26,
avenue Daumosnll, trouvait, un garçon ',l'ès
bien, qui, depuis 5 mois, possédait .'on entière
confiance, n'est autre que le chauffeur des cam-
brioleurs de la rue d'Ahonkir, qui a prudem-
ment. disparu.
La commission consultative
des études tunisiennes
ou
La Commission consultative des études tuni-
siennes s'est réunie, tuer soir au Quai d'Orsay.
sous la présidence du N1. llerriot. M. Lucien
uint, résident délierai do France a Tunis, as-
sistait à 10 séance. Un se rappelle que les mem-
bres de cette Commission ont été désignés au
mois de novembre dernier par le président du
Conspil. Une première réunion cul lieu, comme
lf'5 Annales loloniales l'ont publié, en décem-
bre, puis le., dénuts avaient été ujournés. Ré-
cemment, au cours d'un important débat à la
Chambre, M. llerriot a exposé les grandes li-
gues des rélormes qu'il se propose d apporter
au régime politique et social de notre protec-
torat. t e président du Conseil, tout en repous-
sant les discussions inopportunes avec une poi-
gnée d'agitateurs - dont Mohamed ben Ali, le
principal représentant qui a été airèté a la suite
d'un récent incident - s'est déclaré prêt à écou-
ter les revendications des vrais indigènes.
Après avoir entenùu, hier soir, un exposé de
M. Lucien aillt, .es membres de la Comnlls-
sion ont été d'avis, contrairement à eu que l'on
avait annoncé ces jours derniers, qu'il impor-
tait d'aboutir très rapidement, lis ont immé-
diatement mis au point une méthode de travail.
En vu ici lu principe.
La Commission a décidé de se répartir en
trois sous-commissions 1* organisation et ad-
ministration ; 2* statut social ; 3" régime fon-
der, peuplement et naturalisation. Ces sous-
commissions commenceront leurs travaux sous
peu.
A la demande du président du Conseil, la
Commission a décidé d'entreprendre, à PûqIICS.
1111 voyage d'enquête dans notre protectorat.
«Oie-
La France en Syrie
La France en Syrie
Le général Sarrail a réussi.
Chrétiens et Musulmans. - Le rôle
de la France
Nous sommes au Liban et en Syrie au ti-
tre de puissance mandataire pour y conseil-
ler, aider et guider les populations dans leur
administration, conformément aux termes de
l'article 21. (alinéa 4) du pacte de la Société
des Nations.
Cela veut-il dire que le mandat a été confié
à Jo;)¡ France parce que puissance catholique,
protectrice traditionnelle des chrétiens
d'Orient? a veut-il dire qu'il ne saurait
être exercé dans son esprit et dans sa lettre
que par des Français imbus de la doctrine
politique de l'Action française et affectant de
se placer délibérément sous la tutelle spiri-
tuelle d'un nonce apostolique?
Et cela, à la veille du jour où le président
du Cpnscil affirmant les droits de l'Etat laj-"
que et dénonçant les desseins de la papauté
qui veut jouer le rôle d'arbitre entre les na-
tions, déclarait à la tribune de la Chambre
et aux applaudissements de la majorité :
« L'ambassade du Vatican, dans l'ordre
extérieur, n'a rien ajouté au prestige de la
France qui doit se placer un peu au-dessus
des confessions pour se montrer dans tout
son éclat et sa pureté. »
Toute la question de Syrie est là 1
Non, le mandat a été confié à la France
républicaine, non par le pape arbitre, mais
par la Société des Nations, non pour servir
uniquement, au Liban, les intérêts tradition-
nels, si respectables soient-ils, des six com-
munautés catholiques relevant de Rome, non
pour renforcer les privilèges moraux et ma-
tériels d'une classe de la population, iiiai,
aussi pour servir les intérêts des 22 com-
munautés musulmanes ou non catholiques
qui représentent les trois quarts de la popu-
lation totale.
Changement de mission, changement de
méthode.
Aux Syriens qui comprennent 29 « no-
tions Il rligicuses, il faut montrer qu'au-des-
aus de ces jq nations il doit y en avoir une
trentième qui les englobe et les coordonne:
la patrie syrienne, sinon patrie totale - puis-
que le Liban s'en détache -- du moins pa-
tric économique.
Or, avant même que le Haut-Commissaire
ait eu le temps de proclamer le véritable
caractère de sa mission - ce qui était son
premier devoir - il est invité à préluder à
son entrée en fonction par un geste religieux
qui en trouble la signification générale et à
s'agenouiller dans l'une des 29 chapelles!
Singulier début, gros de conséquences et
combien significatif pour ces populations
musulmanes qui, elles aussi, ont des droits à
notre affection et dont la mentalité - pour
qui la connaît bien - se refuse à compren-
dre qu'un geste sacré puisse être fait sans la
participation de la conscience et du cœur.
Ne l'avait-elle pas fait clairement com-
prendre aux prédécesseurs mêmes du géné-
ral Sarrail? La leçon devait-elle être perdue?
Et puis, enfin, et cela on ne le répétera
jamais trop : le Liban chrétien et quasi lé-
gendaire masque la Syrie terre d'Islam. En
France, on confond l'un avec l'autre. Le
sentiment éclipse la. raison. Or, ce sont deux
Etats complètement différents. Ils vivent des
vies politiques et sociales parallèles mais ja-
mais confondues, et. ils n'ont, entre eux, d'au-
tres rapports que ceux-là même établis par
l'intermédiaire du Haut-Commissaire.
Or, Te mandat français s'étend sur les
deux : Beyrouth, et Damas sont les deux ca-
pitales, celle-là à demi-chrétienne et celle-ci
musulmane.
Et j'ajouterai même que si - loi des ma-
jorités - le Haut-Commissaire devait mon-
trer une préférence entre l'Eglise et la Mos-
quée, c'est pour la Mosquée qu'il devrait
opter.
- Le c hoix- du ,-iège de la Résidence, même,
a été influence par le passé, par la tradi-
tion, mais. pour répondre à l'esprit du man-
dat, c'est-à-dire à l'avenir, c'est non pas à
Beyrouth qu'il devrait être, mais à Dama;;,
à Alep ou à Tripoli, villes d'Islam.
Le Liban, qu'on le veuille ou non, - que
cela soit dit sans cesser de respecter pro-
fondément la grande œuvre séculaire de nos
missionnaires - est, en terre musulmane, un
Accident heureux qui n'a dû de se perpétuer
qu'à l'hahile diplomatie de nos rois et à la
tolérance des califes. Mais un accident ne
saurait inspirer une diplomatie ! La vérité
c'est qu'en Syrie comme dans F Afrique du
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