Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12). 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041559
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
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- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- Nos 3 et 4
- Nos 5 et 6
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 111
- Nos 7 et 8
- Nos 9 et 10
RENSEIGNEMENTS COLONIAUX
« Le peuple sud-africain, dit-il, a exercé son
choix librement et définitivement. Le principe de
libre détermination auquel vous faites appel a
reçu son plein effet de la manière la plus complète,
la plus libre, la plus solennelle et la plus déli-
bérée. Nous ne pouvons plus envisager la rupture
de l'Union.
« Agir autrement serait la ruine de l'Afrique
du Sud. Ce serait diviser non seulement l'Union,
mais chacune des provinces de l'Union. Voyez,
par contre, la situation qu'occupe au jourd hui
l'Afrique du Sud dans le monde. Elle a le contrôle
absolu de sa propre destinée. Dans le plus grand
Congrès de l'histoire, elle a été représentée par
deux hommes d'Etat d'origine hollandaise, qui
lui ont acquis une influence extraordinaire dans
la politique universelle. Dans la Ligue des Nations,
elle aura le même rang que les cinq grandes puis-
sances. Il serait vain d'envisager son retour à
l'isolement comme il y a un siècle. Ne vous obsti-
nez pas à remuer toujours le souvenir du passé,
mais tournez-vous avec confiance vers le magni-
fique avenir que la Providence réserve à l'Union
sud-africaine. »
Cette énergique mise au point, venant après le
refus du président Wilson de recevoir la Déléga-
tion, remet la question du nationalisme républi-
cain dans son cadre purement local. Cette tenta-
tive manquée d'en saisirle tribunal des Puissances
et de lui imprimer ainsi un caractère interna-
tional nuira-t-elle au prestige des leaders écon-
duits et à la force du parti? Les élections pro-
chaines le diront.
Toute l'attention se porta dès lors vers l'inter-
vention d'un facteur nouveau dans la lutte
ouverte entre les deux éléments hollandais, le
parti loyaliste de l'Union sud-africaine et le
parti républicain. C'était le retour des généraux
Botha et Smuts, chargés des lauriers militaires
et civiques gagnés dans les campagnes africaines
et les conférences de Versailles. Par l'action de
ces hommes d'Etat, le Dominion à peine connu a
grandi dans l'estime du monde plus encore que
dans son étendue territoriale. Que pourra opposer
Hertzog à tant de gloire et de profits?
Deux graves événements sont venus depuis
lors modifier l'équilibre des partis : la mort de
Botha et l'évocation de la cause sud-africaine
devant l'opinion mondiale par les républicains
des Etats-Unis et par M. Wilson lui-même.
L'aveugle hasard qui détermine le sort des
peuples en se jouant des volontés et des prévi-
sions humaines vient de supprimer l'obstacle
contre lequel s'étaient brisés tous les efforts des
nationalistes. A peine revenu dans son pays, le
général Botha était emporté par cette épidémie
de grippe qui fit en Afrique du Sud plus de vic-
times que la guerre. Il y eut de part et d'autre
quelque stupeur, quand s'effondra soudainement
cette volonté puissante et têtue, appuyée sur un
long passé de gloire militaire, sur un nom vénéré
de tous, sur une popularité faite de respect et
d'amour. Comme l'épée du Brenn antique, le
poids de sa volonté suffisait à faire pencher la
balance de son côté. Un dévouement total à
l'œuvre d'assimilation avait fait de lui le pivot de
la puissance anglaise. Il n'y a point dans le Do-
minion d'homme d'Etat qui paraisse de taille à se
hausser sur un tel piédestal. Il semble qu'au
moment décisif de son histoire, où le peuple
sud-africain va compter ses forces contraires, il
soit appelé à poser les premières assises de son
avenir sur une table rase.
Le général Smuts, qui pendant vingt et un ans
mena aux côtés de Botha et dans son ombre les
mêmes luttes politiques et militaires, a été dési-
gné le 29 août par le gouverneur général lord
Buxton pour assumer la présidence du Conseil. Il
a gardé tous les anciens ministres et pris lui-
même le portefeuille de la Défense. SQn pro-
gramme consiste évidemment à poursuivre
l'œuvre de son illustre prédécesseur et ami. Mais
on sait que les « brillants seconds » perdent
beaucoup de leur lustre, dès qu'ils se trouvent
seuls, livrés à leurs seules ressources. Avec plus
d'intelligence et de sens politique que Botha, le
général Smuts n'a point et n'aura jamais le pres-
tige de ce rude conducteur d'hommes. On lui
attribue les qualités et les défauts du politicien
professionnel : la connaissance approfondie des
affaires pnbliques, de l'opportunisme, et surtout
cette rhétorique abondante et vide qu'il estime,
paraît-il, assez bonne pour graisser les roues du
véhicule grinçant que représente à ses yeux un
gouvernement démocratique. Mais il n'a point
ce charme personnel, ce don inné de plaire aux
foui es qui faisait de Botha le génie populaire par
excellence et comme l'incarnation de cette nou-
velle patrie sud-africaine qu'il avait tant contri-
bué à former avec les débris du passé.
La propagande républicaine a donc repris avec
plus de vigueur que jamais Econduits par les
négociateurs de la Paix de Versailles, les natio-
listes voient la question de l'indépendance sud-
africaine replacée par d'autres sur le terrain
international. Pendant la tournée de conférences
du président Wilson, le Conseil ouvrier de San-
Francisco demanda des précisions sur l'attitude
de l'Amérique dans les conflits de race qui agitent
l'Empire anglais. M. Wilson répondit : « Mon
attitude est définie par l'article 11 du pacte,
article auquel je puis dire que je m'intéresse par-
ticulièrement, car il m'a paru nécessaire, pour
la paix et la liberté du monde, qu'on créât un
forum, auquel tous les peuples pourraient appor-
ter toute question susceptible d'affecter la paix ou
la liberté du monde. » Cetle consécration solen-
nelle du droit de libre disposition, cette convo-
cation par avance des nations protestataires devant
le jury souverain des peuples libres s'adressait à
l'Irlande et à l'Egypte, aux Hindous et aux Afri-
kanders. Acte d'autant plus grave que l'idée
républicaine n'est point de celles qui meurent
dans le chaos des luttes électorales, surtout chez
les races qui sont ou se croient asservies. La pro-
chaine législature indiquera la voie dans laquelle
l'Union sud-africaine entend s'engager.
'PIERRE TAP.
- 153 — ..
« Le peuple sud-africain, dit-il, a exercé son
choix librement et définitivement. Le principe de
libre détermination auquel vous faites appel a
reçu son plein effet de la manière la plus complète,
la plus libre, la plus solennelle et la plus déli-
bérée. Nous ne pouvons plus envisager la rupture
de l'Union.
« Agir autrement serait la ruine de l'Afrique
du Sud. Ce serait diviser non seulement l'Union,
mais chacune des provinces de l'Union. Voyez,
par contre, la situation qu'occupe au jourd hui
l'Afrique du Sud dans le monde. Elle a le contrôle
absolu de sa propre destinée. Dans le plus grand
Congrès de l'histoire, elle a été représentée par
deux hommes d'Etat d'origine hollandaise, qui
lui ont acquis une influence extraordinaire dans
la politique universelle. Dans la Ligue des Nations,
elle aura le même rang que les cinq grandes puis-
sances. Il serait vain d'envisager son retour à
l'isolement comme il y a un siècle. Ne vous obsti-
nez pas à remuer toujours le souvenir du passé,
mais tournez-vous avec confiance vers le magni-
fique avenir que la Providence réserve à l'Union
sud-africaine. »
Cette énergique mise au point, venant après le
refus du président Wilson de recevoir la Déléga-
tion, remet la question du nationalisme républi-
cain dans son cadre purement local. Cette tenta-
tive manquée d'en saisirle tribunal des Puissances
et de lui imprimer ainsi un caractère interna-
tional nuira-t-elle au prestige des leaders écon-
duits et à la force du parti? Les élections pro-
chaines le diront.
Toute l'attention se porta dès lors vers l'inter-
vention d'un facteur nouveau dans la lutte
ouverte entre les deux éléments hollandais, le
parti loyaliste de l'Union sud-africaine et le
parti républicain. C'était le retour des généraux
Botha et Smuts, chargés des lauriers militaires
et civiques gagnés dans les campagnes africaines
et les conférences de Versailles. Par l'action de
ces hommes d'Etat, le Dominion à peine connu a
grandi dans l'estime du monde plus encore que
dans son étendue territoriale. Que pourra opposer
Hertzog à tant de gloire et de profits?
Deux graves événements sont venus depuis
lors modifier l'équilibre des partis : la mort de
Botha et l'évocation de la cause sud-africaine
devant l'opinion mondiale par les républicains
des Etats-Unis et par M. Wilson lui-même.
L'aveugle hasard qui détermine le sort des
peuples en se jouant des volontés et des prévi-
sions humaines vient de supprimer l'obstacle
contre lequel s'étaient brisés tous les efforts des
nationalistes. A peine revenu dans son pays, le
général Botha était emporté par cette épidémie
de grippe qui fit en Afrique du Sud plus de vic-
times que la guerre. Il y eut de part et d'autre
quelque stupeur, quand s'effondra soudainement
cette volonté puissante et têtue, appuyée sur un
long passé de gloire militaire, sur un nom vénéré
de tous, sur une popularité faite de respect et
d'amour. Comme l'épée du Brenn antique, le
poids de sa volonté suffisait à faire pencher la
balance de son côté. Un dévouement total à
l'œuvre d'assimilation avait fait de lui le pivot de
la puissance anglaise. Il n'y a point dans le Do-
minion d'homme d'Etat qui paraisse de taille à se
hausser sur un tel piédestal. Il semble qu'au
moment décisif de son histoire, où le peuple
sud-africain va compter ses forces contraires, il
soit appelé à poser les premières assises de son
avenir sur une table rase.
Le général Smuts, qui pendant vingt et un ans
mena aux côtés de Botha et dans son ombre les
mêmes luttes politiques et militaires, a été dési-
gné le 29 août par le gouverneur général lord
Buxton pour assumer la présidence du Conseil. Il
a gardé tous les anciens ministres et pris lui-
même le portefeuille de la Défense. SQn pro-
gramme consiste évidemment à poursuivre
l'œuvre de son illustre prédécesseur et ami. Mais
on sait que les « brillants seconds » perdent
beaucoup de leur lustre, dès qu'ils se trouvent
seuls, livrés à leurs seules ressources. Avec plus
d'intelligence et de sens politique que Botha, le
général Smuts n'a point et n'aura jamais le pres-
tige de ce rude conducteur d'hommes. On lui
attribue les qualités et les défauts du politicien
professionnel : la connaissance approfondie des
affaires pnbliques, de l'opportunisme, et surtout
cette rhétorique abondante et vide qu'il estime,
paraît-il, assez bonne pour graisser les roues du
véhicule grinçant que représente à ses yeux un
gouvernement démocratique. Mais il n'a point
ce charme personnel, ce don inné de plaire aux
foui es qui faisait de Botha le génie populaire par
excellence et comme l'incarnation de cette nou-
velle patrie sud-africaine qu'il avait tant contri-
bué à former avec les débris du passé.
La propagande républicaine a donc repris avec
plus de vigueur que jamais Econduits par les
négociateurs de la Paix de Versailles, les natio-
listes voient la question de l'indépendance sud-
africaine replacée par d'autres sur le terrain
international. Pendant la tournée de conférences
du président Wilson, le Conseil ouvrier de San-
Francisco demanda des précisions sur l'attitude
de l'Amérique dans les conflits de race qui agitent
l'Empire anglais. M. Wilson répondit : « Mon
attitude est définie par l'article 11 du pacte,
article auquel je puis dire que je m'intéresse par-
ticulièrement, car il m'a paru nécessaire, pour
la paix et la liberté du monde, qu'on créât un
forum, auquel tous les peuples pourraient appor-
ter toute question susceptible d'affecter la paix ou
la liberté du monde. » Cetle consécration solen-
nelle du droit de libre disposition, cette convo-
cation par avance des nations protestataires devant
le jury souverain des peuples libres s'adressait à
l'Irlande et à l'Egypte, aux Hindous et aux Afri-
kanders. Acte d'autant plus grave que l'idée
républicaine n'est point de celles qui meurent
dans le chaos des luttes électorales, surtout chez
les races qui sont ou se croient asservies. La pro-
chaine législature indiquera la voie dans laquelle
l'Union sud-africaine entend s'engager.
'PIERRE TAP.
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