Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAIS^ . 79
plus ou moins grand de passivité ou de résistance.
Il pratiquait aussi la politique des opportunités
et celle de la localisation de l'effort. Estimant
que la première chose à faire pour favoriser le
progrès de la Côte d'Ivoire était d'assurer la sé-
curité dans les régions immédiatement exploi-
tables, et n'ayant pas d'autre part à sa disposi-
tion les moyens financiers et militaires qu'il lui
aurait fallu pour imposer cette sécurité par la
force partout où l'on ne pouvait pas l'obtenir
autrement, il avait .délibérément remis à plus
tard l'ouverture à la colonisation des régions
difficiles d'accès et peuplées d'indigènes notoire-
ment réfractaires, se contentant d'employer les
quelques troupes qu'il possédait à assurer la
liberté des communications là où il fallait des
gendarmes pour tenir les routes libres. Mais, là
où remploi de la force n'était pas nécessaire pour
obtenir la tranquillité et l'obéissance, il faisait
travailler avec activité et créait ainsi des foyers
de production, de richesse et de bien-être dont
l'influence devait fatalement se faire sentir, plus
ou moins vite et plus ou moins complètement,
sur les régions voisines provisoirement aban-
données à elles-mêmes.
Immédiatement après le besoin de sécurité
venait celui de .voies de communication et de
moyens de transport. Le climat de la Côte d'Ivoire
ne permettant pas d'y utiliser le cheval ni le
bœuf d'une façon normale, et la traction automo-
bile n'ayant pas encore réalisé à cette époque les
progrès qu'elle a connus depuis, il jugea inutile
d'indisposer les indigènes en leur faisant établir
et entretenir à grand'peine des routes carrossa-
bles sur lesquelles ne passerait aucune voiture,
mais il voulut doter sa colonie d'un chemin de
fer, améliorer la navigabilité de ses fleuves, re-
lier ensemble les diverses lagunes côtières, de ma-
nière à erf former un réseau sans solution de
continuité et enfin jeter les bases d'un port 'en
eau profonde où pourraient venir mouiller libre-
ment et commodément les navires de haute mer.
Le temps et les circonstances ne lui permirent
pas de réaliser entièrement ces divers projets,
pas plus qu'ils ne l'ont permis jusqu'ici à ses
successeurs. Mais il lui reste le mérite d'avoir
conçu l'idée, d'avoir tracé le programme, d'avoir
mené à fond les études préparatoires, d'avoir fait
des expériences qui ont servi à ceux qui sont
venus après lui et, en ce qui concerne le chemin
de fer, d'avoir accompli la partie la plus difficile
de la besogne en poussant le rail jusqu'au ter-
minus de la forêt dense.
Ces préoccupations primordiales ne suffirent
pas à absorber son inlassable activité. Il pour-
suivit sans relâche l'organisation de la justice et
l'étude des coutumes indigènes, qu'il a toujours
considérées comme devant former la base du ré-
gime judiciaire et de l'administration politique.
Les documents qu'il réunit dans cet ordre d'idées
et les recherches auxquelles il se livra personnel-
lement constituent un impérissable monument où
. puiseront longtemps encore avec profit ceux à qui
incomberont les destinées de la Côte d'Ivoire.
Lorsque s'ouvrit, en 1908, la succession de
M. Roume au gouvernement général de l'Afrique
Occidentale Française, on s'attendait un peu à la
voir attribuer, soit à M. Merlin, soit à Clozel. Ce
fut Ponty, quoique plus jeune et moins ancien en
grade, qui la recueillit, et Clozel fut appelé à le
remplacer au Haut-Sénégal-Niger.
Quels qu'aient été à cette occasion les espoirs
qu'on avait fait luire à ses yeux, il ne manifesta
de cette désignation ni ressentiment, ni dépit.
J'eus l'occasion de déjeuner avec lui et quelques
amis le' matin même où nous venions d'apprendre
ensemble la nouvelle. Comme l'un de nous croyait
devoir lui exprimer ses regrets de le voir écarter
d'un poste qui semblait fait pour lui, il se con-
tenta de répondre, en souriant avec bonhomie :
« J'ai toujours dit à mes administrateurs qu'en
Afrique le secret de la politique consistait à sa-
voir attendre et faire attendre ; je serai fidèle aux
principes que j'enseigne; on me fait attendre, je
saurai attendre. »
Il attendit sept ans, qu'il employa aussi labo-
rieusement et utilement au Soudan qu'il avait
employé les douze ans passés par lui à la Côte
d'Ivoire.
Quoique avec des éléments différents, les
mêmes problèmes se posaient devant lui. Il les
résolut au moyen des mêmes méthodes. En dehors
des rezzous habituels dans la zone saharienne et
de quelques échauffourée^ locales, vite réprimées,
chez les Habé du cercle de Bandiagara et, plus
tard, chez les Bambara du Belédougou, la tran-
quillité fut complète au Haut-Sénégal-Niger,
durant tout le temps que Clozel résida à Bamako.
La question des voies de communication le préoc-
cupa là aussi : il poussa activement les travaux
destinés à relier Kayes aux voies ferrées du Sé-
négal, fit étudier les conditions de navigabilité du
Niger et améliorer les biefs d'amont et d'aval,
donna toute son attention à un plan d'irrigation
rationnelle de la zone s'étendant du Débo vers
Tombouctou, fit adopter le plan d'un réseau de
chemins de fer destiné à permettre l'exploitation
de la Boucle du Niger ec, trouvant au Soudan ce
qui lui avait manqué il la Côte d'Ivoire, des bêtes
de somme et de trait, il fit sillonner la colonie de
routes 'et jeter des ponts sur les rivières. En
même temps, il s'employa à augmenter la pro-
duction cotonnière et à développer le commerce
des grains et du bétail, qui prit en quelques
années une extension considérable.
En matière politique, il donna tous ses soins à
réorganiser les commandements indigènes et les
institutions d'Etat antérieures à notre occupa-
tion, dont !e fonctionnement avait été quelque
peu laissé à l'abandon et même parfois entravé
par une tendance excessive à l'administration
directe. Comme à la Côte d'Ivoire, il s'appliqua à
faire étudier à fond les coutumes sociales et juri-
diques et l'histoire des divers groupements, et
rassembla sur les différentes provinces de la
colonie un faisceau de documents dont plusieurs
sont de premier ordre.
plus ou moins grand de passivité ou de résistance.
Il pratiquait aussi la politique des opportunités
et celle de la localisation de l'effort. Estimant
que la première chose à faire pour favoriser le
progrès de la Côte d'Ivoire était d'assurer la sé-
curité dans les régions immédiatement exploi-
tables, et n'ayant pas d'autre part à sa disposi-
tion les moyens financiers et militaires qu'il lui
aurait fallu pour imposer cette sécurité par la
force partout où l'on ne pouvait pas l'obtenir
autrement, il avait .délibérément remis à plus
tard l'ouverture à la colonisation des régions
difficiles d'accès et peuplées d'indigènes notoire-
ment réfractaires, se contentant d'employer les
quelques troupes qu'il possédait à assurer la
liberté des communications là où il fallait des
gendarmes pour tenir les routes libres. Mais, là
où remploi de la force n'était pas nécessaire pour
obtenir la tranquillité et l'obéissance, il faisait
travailler avec activité et créait ainsi des foyers
de production, de richesse et de bien-être dont
l'influence devait fatalement se faire sentir, plus
ou moins vite et plus ou moins complètement,
sur les régions voisines provisoirement aban-
données à elles-mêmes.
Immédiatement après le besoin de sécurité
venait celui de .voies de communication et de
moyens de transport. Le climat de la Côte d'Ivoire
ne permettant pas d'y utiliser le cheval ni le
bœuf d'une façon normale, et la traction automo-
bile n'ayant pas encore réalisé à cette époque les
progrès qu'elle a connus depuis, il jugea inutile
d'indisposer les indigènes en leur faisant établir
et entretenir à grand'peine des routes carrossa-
bles sur lesquelles ne passerait aucune voiture,
mais il voulut doter sa colonie d'un chemin de
fer, améliorer la navigabilité de ses fleuves, re-
lier ensemble les diverses lagunes côtières, de ma-
nière à erf former un réseau sans solution de
continuité et enfin jeter les bases d'un port 'en
eau profonde où pourraient venir mouiller libre-
ment et commodément les navires de haute mer.
Le temps et les circonstances ne lui permirent
pas de réaliser entièrement ces divers projets,
pas plus qu'ils ne l'ont permis jusqu'ici à ses
successeurs. Mais il lui reste le mérite d'avoir
conçu l'idée, d'avoir tracé le programme, d'avoir
mené à fond les études préparatoires, d'avoir fait
des expériences qui ont servi à ceux qui sont
venus après lui et, en ce qui concerne le chemin
de fer, d'avoir accompli la partie la plus difficile
de la besogne en poussant le rail jusqu'au ter-
minus de la forêt dense.
Ces préoccupations primordiales ne suffirent
pas à absorber son inlassable activité. Il pour-
suivit sans relâche l'organisation de la justice et
l'étude des coutumes indigènes, qu'il a toujours
considérées comme devant former la base du ré-
gime judiciaire et de l'administration politique.
Les documents qu'il réunit dans cet ordre d'idées
et les recherches auxquelles il se livra personnel-
lement constituent un impérissable monument où
. puiseront longtemps encore avec profit ceux à qui
incomberont les destinées de la Côte d'Ivoire.
Lorsque s'ouvrit, en 1908, la succession de
M. Roume au gouvernement général de l'Afrique
Occidentale Française, on s'attendait un peu à la
voir attribuer, soit à M. Merlin, soit à Clozel. Ce
fut Ponty, quoique plus jeune et moins ancien en
grade, qui la recueillit, et Clozel fut appelé à le
remplacer au Haut-Sénégal-Niger.
Quels qu'aient été à cette occasion les espoirs
qu'on avait fait luire à ses yeux, il ne manifesta
de cette désignation ni ressentiment, ni dépit.
J'eus l'occasion de déjeuner avec lui et quelques
amis le' matin même où nous venions d'apprendre
ensemble la nouvelle. Comme l'un de nous croyait
devoir lui exprimer ses regrets de le voir écarter
d'un poste qui semblait fait pour lui, il se con-
tenta de répondre, en souriant avec bonhomie :
« J'ai toujours dit à mes administrateurs qu'en
Afrique le secret de la politique consistait à sa-
voir attendre et faire attendre ; je serai fidèle aux
principes que j'enseigne; on me fait attendre, je
saurai attendre. »
Il attendit sept ans, qu'il employa aussi labo-
rieusement et utilement au Soudan qu'il avait
employé les douze ans passés par lui à la Côte
d'Ivoire.
Quoique avec des éléments différents, les
mêmes problèmes se posaient devant lui. Il les
résolut au moyen des mêmes méthodes. En dehors
des rezzous habituels dans la zone saharienne et
de quelques échauffourée^ locales, vite réprimées,
chez les Habé du cercle de Bandiagara et, plus
tard, chez les Bambara du Belédougou, la tran-
quillité fut complète au Haut-Sénégal-Niger,
durant tout le temps que Clozel résida à Bamako.
La question des voies de communication le préoc-
cupa là aussi : il poussa activement les travaux
destinés à relier Kayes aux voies ferrées du Sé-
négal, fit étudier les conditions de navigabilité du
Niger et améliorer les biefs d'amont et d'aval,
donna toute son attention à un plan d'irrigation
rationnelle de la zone s'étendant du Débo vers
Tombouctou, fit adopter le plan d'un réseau de
chemins de fer destiné à permettre l'exploitation
de la Boucle du Niger ec, trouvant au Soudan ce
qui lui avait manqué il la Côte d'Ivoire, des bêtes
de somme et de trait, il fit sillonner la colonie de
routes 'et jeter des ponts sur les rivières. En
même temps, il s'employa à augmenter la pro-
duction cotonnière et à développer le commerce
des grains et du bétail, qui prit en quelques
années une extension considérable.
En matière politique, il donna tous ses soins à
réorganiser les commandements indigènes et les
institutions d'Etat antérieures à notre occupa-
tion, dont !e fonctionnement avait été quelque
peu laissé à l'abandon et même parfois entravé
par une tendance excessive à l'administration
directe. Comme à la Côte d'Ivoire, il s'appliqua à
faire étudier à fond les coutumes sociales et juri-
diques et l'histoire des divers groupements, et
rassembla sur les différentes provinces de la
colonie un faisceau de documents dont plusieurs
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