Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 79
*
La Pacification
de la Côte d'Ivoire
On s'est plaint souvent de voirnos gouverneurs
coloniaux rester peu, trop peu de temps dans le
même poste. La Côte d'Ivoire a, heureusement
pour elle, échappé à ce grave inconvénient de
l'instabilité des dirigeants. Depuis 1908 M. G.
Angoulvant gouverne la Côte d Ivoire et il a pu
y accomplir une tâche éminemment utile, indis-
pensable même pour l'avenir de la colonie : la
pacification du pays. C'était là une œuvre de lon-
gue haleine à entreprendre, pleine d'aléas et qui
exigeait, pour être menée à bonne fin, une con-
tinuité de vues alliée à une énergie sans défail-
lance. M. Angoulvant était l'homme de la situa-
tion. Au moment où il arrivait à Bingerville, il
était l'un des plus j eunes gouverneurs des Colonies.
Une carrière rapide l'avait mené en quelques
années presque au sommet de la hiérarchie admi-
nistrative. Il se mit au travail avec son entrain
coutumier. Il remarqua sans tarder que la situa-
tion politique de la Colonie confiée à sa garde,
sur bien des points, n'était pas brillante. Il estima
que certaines régions n'étaient pas en mains; que
ici et là des révoltes locales, il est vrai, naissaient
ou même renaissaient, qu'en un mot la pacifica-
tion méthodique et complète restait à entrepren-
dre. Aussi n'hésita-t-il pas à faire partager cette
conviction bien arrêtée chez lui par le gouverneur
général, M. Ponty. Des événements sanglants ne
tardèrent pas d'ailleurs à montrer que M. Angoul-
vant avait vu juste. Les mesures nécessaires ne
pouvaient être retardées plus longtemps. Sur la
proposition du gouverneur de la Côte d'Ivoire et
d'accord avec lui, elles furent rapidement prises.
Nous sommes de ceux qui demandèrent à l'époque
qu'on fit confiance à M. Angoulvant, et divers
numéros du Bulletin témoignent de notre atti-
tude à cet égard.
Le jeune gouverneur n'était pas un inconnu
pour nous. M. Angoulvant sait ce qu'il veut et il
le veut bien. Il ne craint pas — il l'a prouvé
— les responsabilités. Il ne fuit pas les objec-
tions, ne cherche pas à les tourner, mais au con-
traire va droit à l'obstacle. Dans la discussion ne
laissant aucun point dans l'ombre, il cherche par
la force de raisonnement, à faire partager ses
vues.
Nul gouverneur ne fut sinon dans ses méthodes
du moins dans leur application plus discuté que
le gouverneur de la Côte d'Ivoire, et il a maintes
fois imposé silence à ses adversaires. C'est dire
que son livre La Pacificationde la Côte d'Ivoire( 1)
prend à chaque page pour ainsi dire, l'allure
d'un plaidoyer personnel, plaidoyer d'une cause
(1) La Pacification de la Côte d'Ivoire, 1908-1915, méthodes et
résultats. Paris, Em. Larose, 11, rue Victor-Cousin.
entendue et, qui plus est, victorieuse dans ses
résultats. Ce sont en effet des résultats heureux
pour la colonie que M. Angoulvant nous apporte
dans des pages où se reconnaissent la vivacité de
son esprit et l'énergie de ces conceptions.
« Méthodes et résultats » , tel était bien le sous-
titre qui convenait pour ce livre et son éminent
préfacier, M. le général Gallieni, ne pouvait
que se réjouir des unes et des autres dans
cette préface qu'il a donnée à ce livre et qui est
sans doute )a dernière page qu'il ait écrite :
Paris, le 19 février 1916.
Mon cher Gouverneur,
Je vous remercie de m'avoir offert de présenter votre
œuvre au public; je déplore toutefois que la lourde tâche à
laquelle je dois tous mes instants me condamne à être
bref; j'aurais aimé, en effet. à suivre en détail avec vous
les étapes successives du développement de la Côte
d'Ivoire qui, par votre œuvre de pacification, a pris un si
large essor.
La Côte d'Ivoire, dont le nom jadis n'évoquait que l'image
d'un littoral sauvage, a, depuis un quart de siècle, pris
une place importante dans l histoire coloniale. Au cours
de cette période, elle a servi de point de départ ou d 'ar-
rivée aux missions les plus célèbres et les plus fécondes
en résultats utiles : Binger, d'abord seul en 1889, lors de
sa traversée fameuse de l'Atlantique au golfe de Guinée, à
travers le Soudan, puis en 1893, accompagné du docteur
Crozat et de Marcel Monnier, le capitaine Marchand (le
futur chef de la mission Congo-Nil), le lieutenant-colonel
Monteil, l'administrateur Pobéguin, l'administrateur Clozel.
les lieutenants Woellffel et Mangin, enfin MM. Hostains et
d'Ollone, pour ne citer que les survivants, — car la grande
forêt qui sépare la Côte d Ivoire du Soudan a été une ter-
rible mangeuse d'hommes, — ont exploré politiquement
et scientifiquement la contrée.
Après eux, après la capture de Samory, dont l'influence
néfaste s'étendait jusqu'aux confins septentrionaux du
pays, est venue l'ère des études économiques du capitaine
Gros, de M. Chevalier, etc., qui ont apporté des renseigne-
ments précieux sur les ressources exploitables de la co-
lonie.
Mais, faute d'une conquête initiale suivie d'une occupa-
tion sérieuse et intégrale, notre installation à la Côte
d'Ivoire demeurait précaire : le progrès de la colonie,
l'exploitation de ses richesses restaient entravés par l'im-
productivité des régions fermées à notre activité ; un ma-
laise général se faisait sentir jusque dans les parties occu-
pées et notre administration n'y pouvait produire son plein
effet '
Vous avez signalé cette situation, réclamé les effectifs
indispensables, et une série d'opérations militaires où nos
admirables troupes coloniales ont dépensé sans compter
leurs forces de corps et d'àme et désarmèrent enfin les
tribus rebelles.
« La solidité de l'œuvre accomplie, m'écrivez-vous, vient
d'être démontrée par la tranquillité dont la colonie n'a
cessé de bénéficier depuis le début des hostilités, malgré
la mobilisation d'une grande partie du personnel adminis-
tratif et le départ de presque toutes les troupes d'occupa-
tion : et aussi par l'effort fourni pour le recrutement des
troupes noires : en seize mois. 13.000 hommes ont été in-
corporés, dont près de 8.000 du 1er novembre 191o à fin
janvier 1916. »
Voici donc la Côte d'Ivoire arrivée à la période d'organi-
sation et votre livre en donne l'histoire la plus complète;
je suis heureux et fier d'y retrouver des méthodes qui me
sont chères, appliquées en Afrique occidentale par d'an-
ciens collaborateurs et amis comme vous-mêmes, Julien et
Guyon, dont j'ai, à Madagascar, apprécié la science et le
dévouement.
Paix Organisation, Richesse. Ce sont les trois condi-
tions essentielles du r1""<>-loppement normal de toute co-
*
La Pacification
de la Côte d'Ivoire
On s'est plaint souvent de voirnos gouverneurs
coloniaux rester peu, trop peu de temps dans le
même poste. La Côte d'Ivoire a, heureusement
pour elle, échappé à ce grave inconvénient de
l'instabilité des dirigeants. Depuis 1908 M. G.
Angoulvant gouverne la Côte d Ivoire et il a pu
y accomplir une tâche éminemment utile, indis-
pensable même pour l'avenir de la colonie : la
pacification du pays. C'était là une œuvre de lon-
gue haleine à entreprendre, pleine d'aléas et qui
exigeait, pour être menée à bonne fin, une con-
tinuité de vues alliée à une énergie sans défail-
lance. M. Angoulvant était l'homme de la situa-
tion. Au moment où il arrivait à Bingerville, il
était l'un des plus j eunes gouverneurs des Colonies.
Une carrière rapide l'avait mené en quelques
années presque au sommet de la hiérarchie admi-
nistrative. Il se mit au travail avec son entrain
coutumier. Il remarqua sans tarder que la situa-
tion politique de la Colonie confiée à sa garde,
sur bien des points, n'était pas brillante. Il estima
que certaines régions n'étaient pas en mains; que
ici et là des révoltes locales, il est vrai, naissaient
ou même renaissaient, qu'en un mot la pacifica-
tion méthodique et complète restait à entrepren-
dre. Aussi n'hésita-t-il pas à faire partager cette
conviction bien arrêtée chez lui par le gouverneur
général, M. Ponty. Des événements sanglants ne
tardèrent pas d'ailleurs à montrer que M. Angoul-
vant avait vu juste. Les mesures nécessaires ne
pouvaient être retardées plus longtemps. Sur la
proposition du gouverneur de la Côte d'Ivoire et
d'accord avec lui, elles furent rapidement prises.
Nous sommes de ceux qui demandèrent à l'époque
qu'on fit confiance à M. Angoulvant, et divers
numéros du Bulletin témoignent de notre atti-
tude à cet égard.
Le jeune gouverneur n'était pas un inconnu
pour nous. M. Angoulvant sait ce qu'il veut et il
le veut bien. Il ne craint pas — il l'a prouvé
— les responsabilités. Il ne fuit pas les objec-
tions, ne cherche pas à les tourner, mais au con-
traire va droit à l'obstacle. Dans la discussion ne
laissant aucun point dans l'ombre, il cherche par
la force de raisonnement, à faire partager ses
vues.
Nul gouverneur ne fut sinon dans ses méthodes
du moins dans leur application plus discuté que
le gouverneur de la Côte d'Ivoire, et il a maintes
fois imposé silence à ses adversaires. C'est dire
que son livre La Pacificationde la Côte d'Ivoire( 1)
prend à chaque page pour ainsi dire, l'allure
d'un plaidoyer personnel, plaidoyer d'une cause
(1) La Pacification de la Côte d'Ivoire, 1908-1915, méthodes et
résultats. Paris, Em. Larose, 11, rue Victor-Cousin.
entendue et, qui plus est, victorieuse dans ses
résultats. Ce sont en effet des résultats heureux
pour la colonie que M. Angoulvant nous apporte
dans des pages où se reconnaissent la vivacité de
son esprit et l'énergie de ces conceptions.
« Méthodes et résultats » , tel était bien le sous-
titre qui convenait pour ce livre et son éminent
préfacier, M. le général Gallieni, ne pouvait
que se réjouir des unes et des autres dans
cette préface qu'il a donnée à ce livre et qui est
sans doute )a dernière page qu'il ait écrite :
Paris, le 19 février 1916.
Mon cher Gouverneur,
Je vous remercie de m'avoir offert de présenter votre
œuvre au public; je déplore toutefois que la lourde tâche à
laquelle je dois tous mes instants me condamne à être
bref; j'aurais aimé, en effet. à suivre en détail avec vous
les étapes successives du développement de la Côte
d'Ivoire qui, par votre œuvre de pacification, a pris un si
large essor.
La Côte d'Ivoire, dont le nom jadis n'évoquait que l'image
d'un littoral sauvage, a, depuis un quart de siècle, pris
une place importante dans l histoire coloniale. Au cours
de cette période, elle a servi de point de départ ou d 'ar-
rivée aux missions les plus célèbres et les plus fécondes
en résultats utiles : Binger, d'abord seul en 1889, lors de
sa traversée fameuse de l'Atlantique au golfe de Guinée, à
travers le Soudan, puis en 1893, accompagné du docteur
Crozat et de Marcel Monnier, le capitaine Marchand (le
futur chef de la mission Congo-Nil), le lieutenant-colonel
Monteil, l'administrateur Pobéguin, l'administrateur Clozel.
les lieutenants Woellffel et Mangin, enfin MM. Hostains et
d'Ollone, pour ne citer que les survivants, — car la grande
forêt qui sépare la Côte d Ivoire du Soudan a été une ter-
rible mangeuse d'hommes, — ont exploré politiquement
et scientifiquement la contrée.
Après eux, après la capture de Samory, dont l'influence
néfaste s'étendait jusqu'aux confins septentrionaux du
pays, est venue l'ère des études économiques du capitaine
Gros, de M. Chevalier, etc., qui ont apporté des renseigne-
ments précieux sur les ressources exploitables de la co-
lonie.
Mais, faute d'une conquête initiale suivie d'une occupa-
tion sérieuse et intégrale, notre installation à la Côte
d'Ivoire demeurait précaire : le progrès de la colonie,
l'exploitation de ses richesses restaient entravés par l'im-
productivité des régions fermées à notre activité ; un ma-
laise général se faisait sentir jusque dans les parties occu-
pées et notre administration n'y pouvait produire son plein
effet '
Vous avez signalé cette situation, réclamé les effectifs
indispensables, et une série d'opérations militaires où nos
admirables troupes coloniales ont dépensé sans compter
leurs forces de corps et d'àme et désarmèrent enfin les
tribus rebelles.
« La solidité de l'œuvre accomplie, m'écrivez-vous, vient
d'être démontrée par la tranquillité dont la colonie n'a
cessé de bénéficier depuis le début des hostilités, malgré
la mobilisation d'une grande partie du personnel adminis-
tratif et le départ de presque toutes les troupes d'occupa-
tion : et aussi par l'effort fourni pour le recrutement des
troupes noires : en seize mois. 13.000 hommes ont été in-
corporés, dont près de 8.000 du 1er novembre 191o à fin
janvier 1916. »
Voici donc la Côte d'Ivoire arrivée à la période d'organi-
sation et votre livre en donne l'histoire la plus complète;
je suis heureux et fier d'y retrouver des méthodes qui me
sont chères, appliquées en Afrique occidentale par d'an-
ciens collaborateurs et amis comme vous-mêmes, Julien et
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