Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 63
mal, le Maroc n'a jamais attiré très particulièrement l'at-
tention de l'Etat, dans ces sombres circonstances, il eût
fallu un miracle pour que fût changée la destinée de sa
malheureuse politique.
Et voilà un cas vraiment digne de méditation. Tandis
que l'Espagne, pays neutre, s'abîme dans ses contlits inté-
rieurs, insensible à tout ce qui se passe hors de ses fron-
tières. dans l'impossibilité de développer aucune action
coloniale en Afrique, les autres nations qui sont en guerre,
dont les gouvernements doivent être tout entiers attentifs
aux nécessités immédiates de la lutte gigantesque, qui
sont menacés de ruines, de l'anéantissement, au milieu
des horreurs sanglantes de la destruction et de la haine,
trouvent cependant le temps de s'occuper de la politique
africaine et de nous disputer au Maroc la suprématie
d'une influence, que nous ne savons pas défendre.
C'est dans ces occasions que les hommes d'Etat font
leurs preuves et que l'on peut mesurer les énergies d'un
peuple et la capacité d'une race. Pour ce qui nous concerne
il serait injuste de rejeter la faute sur la nation ou sur la
race. Ce sont les hommes d'Etat qui manquent...
Au Maroc, nous avons quelque chose de plus à faire que
d'obtenir l'ad hésion des gens des tribus et d'achever l'oc-
cupation militaire de la zone. Car, si toute notre politique
se réduisait à ces deux formules de colonisation, un jour
viendrait où, malgré l'occupation de tout le territoire
et la soumission de toutes les tribus, la valeur économique
de notre Maroc seraitperdue, aboutirait à la même pauvreté
qu'aujourd'hui, sans prospérité possible, absorbée par la
supériorité des grands centres commerciaux de la zone
française.
Et ainsi, Oudjda attirera vers son important marché tout
le commerce de Mélilla, et Taza attirera vers la grande li-
gne de Fez tout le courant commercial du Rif central, et
Kenitra achèvera de tuer Larache, et Tanger, par son
excellente route de pénétration, annulera aussi le port de
Ceuta et réduira Tétouan à un souvenir historique, comme
l'a dit M. Marris...
En outre, le développement des institutions culturales
dans la zone française, les centres d'enseignement indus-
triel et la sollicitude manifestée là-bas pour l'éducation de
la jeunesse indigène enlèveront à notre influence cet autre
fondement de la domination.
Et les grands sacrifices de l'Espagne, les milliers de
millions dépensés, le sang répandu, les énergies perdues.
tout cet énorme effort que sut faire le patriotisme pour le
prestige de la nation dans la glorieuse entreprise civilisa-
trice de l'Afrique n'auront pas servi à autre chose qu'à la
conquête d'une colonie don.t profiteront splendidement les
marchands et les juifs du Protectorat français.
L'Espagne ne peut pas abandonner de cette manière in-
sensée sa signification économique au Maroc. Elle ne sau-
rait non plus attendre ainsi, les bras croisés, que se réalise
cet anéantissement complet de l'avenir commercial de sa
zone. Elle ne doit pas limiter sa politique fatiguée et déses-
pérée à obtenir petit à petit la soumission des douars.
Il faut que notre action coloniale soit ferme. décidée,
coordonnée, continue. Nous avons un but à atteindre et
nous devons marcher résolument jusqu'au moment où
nous l'aurons atteint.
Mais quand Tanger sera-t il rendu à notre zone, quand
seront terminés les ports de Ceuta et d'Algésiras, quand
sera construit le chemin de fer Mélilla-Alhucemas-Che-
chaouen-Tétouan, quand sur cette ligne viendront se rac-
corder des embranchements secondaires qui aboutiront aux
grands centres commerciaux des diverses régions, quand
le développement des marchés recevra-t-il une protection
nécessaire, quand l'influence s'appuiera-t-elle sur un pres-
tige inébranlable, etc. ?
Si d'autres nations nous devancent dans cette œuvre,
pourquoi donc notre sanglante et difficile conquête ?
ENRIQUE ARQUES.
C'est surtout la question du développement du
commerce avec l'intérieur du Maroc et notam-
ment avec le Maroc oriental qui se discute dans
les milieux espagnols. On trouvera à ce sujet dans
le supplément du présent numéro deux documents
officiels espagnols : un rapport du consul d'Es-
pagne à Oudjda et un rapport adressé à la j unta
de arbitrios de "Iélilla (1). De nombreux journaux
espagnols reviennent sur la question. Le pont sur
la Moulouya notamment les préoccupe beaucoup,
par suite du passage plus actif qui se fait d'Algérie
en France par la voie de Mélilla. Ils demandent
notamment qu'il soit le plus tôt possible décidé
et construit.
Le chemin de fer de Ceuta à Tétouan.
— Tétouan est maintenant reliée par une voie
ferrée à Ceuta, ce qui la met à quatre heures
d'Algésiras. L'inauguration a eu lieu le 20 fé-
vrier. On l'avait prévue pour une date plus an-
cienna, car le dahir approuvant le contrat pour la
construction et l'exploitation portait la date du
15 avril 1916. L'exploitation devait commencer le
14 mai 1917. Mais les travaux furent difficiles et
le terrain se montra insuffisamment solide. Les
indigènes, voyant de nombreux éboulements, ne
cessaient de dire : « Si jamais le train marche
un jour, par Dieu tout-puissant, il tombera. »
Le service du chemin de fer dispose de quatre
locomotives et de douze voitures de voyageurs. -
Le trajet dure 45 minutes avec arrêt aux stations
de Malalien. Rincon-del-Medik, Asmir, Cas-
tillejos. La longueur de la ligne est d'environ
4G kilomètres et la largueur de la voie est d'un
mètre.
Ajoutons que Tétouan est reliée depuis quelque
temps par une voie ferrée avec Rio-Martin qui, à
11 kilomètres, lui sert de port et où les quelques
cabanes de pêcheurs de jadis ont fait place à un
village de 1.000 habitants, dont 500 Espagnols.
D'autre part, à propos du chemin de fer Nador-
Batel, le Telegrama del Rif signale que le nom-
bre des voyageurs transportés par cette ligne
pendant l'année 1917 est de 207.057 contre
143.044 que donne la statistique de 1916. Dans le
chiffre donné les civils figurent pour 89.450 et
les militaires pour 113.730. Quant au trafic des
marchandises, transports de vivres et d'effets
militaires, il représente 13.039.699 kilogrammes
et les marchandises générales 4.872.677 kilo-
grammes auxquels il faut ajouter 775.179 kilo-
grammes de paille pour le trafic descendant et
2.262.869 kilogrammes d'orge, 2.489.205 kilo-
grammes de bois à brûler. Le total du trafic des
marchandises transportées s'élève à 23.499.710 ki-
logrammes.
Les sommes perçues pour les transports de
voyageurs sont de 934.421 ps. 06 ; pour les ba-
gages 205 ps. 42: pour les marchandises géné-
rales 51.181 ps. 09; pour les marchandises mili-
taires, 61.799 ps. 01 ; pour recettes diverses,
10.380 ps. 75. Le tout fait un total de recettes de
258.018 ps. 33.
Ces chiffres font ressortir l'augmentation con-
sidérable du trafic de cette année sur l'année 1916.
En effet, les sommes perçues en 1916 ont été de
82.045 ps. 86, pour les voyageurs, 111 ps. 05 pour
(i) Relis. Col., no 1, p. 10.
mal, le Maroc n'a jamais attiré très particulièrement l'at-
tention de l'Etat, dans ces sombres circonstances, il eût
fallu un miracle pour que fût changée la destinée de sa
malheureuse politique.
Et voilà un cas vraiment digne de méditation. Tandis
que l'Espagne, pays neutre, s'abîme dans ses contlits inté-
rieurs, insensible à tout ce qui se passe hors de ses fron-
tières. dans l'impossibilité de développer aucune action
coloniale en Afrique, les autres nations qui sont en guerre,
dont les gouvernements doivent être tout entiers attentifs
aux nécessités immédiates de la lutte gigantesque, qui
sont menacés de ruines, de l'anéantissement, au milieu
des horreurs sanglantes de la destruction et de la haine,
trouvent cependant le temps de s'occuper de la politique
africaine et de nous disputer au Maroc la suprématie
d'une influence, que nous ne savons pas défendre.
C'est dans ces occasions que les hommes d'Etat font
leurs preuves et que l'on peut mesurer les énergies d'un
peuple et la capacité d'une race. Pour ce qui nous concerne
il serait injuste de rejeter la faute sur la nation ou sur la
race. Ce sont les hommes d'Etat qui manquent...
Au Maroc, nous avons quelque chose de plus à faire que
d'obtenir l'ad hésion des gens des tribus et d'achever l'oc-
cupation militaire de la zone. Car, si toute notre politique
se réduisait à ces deux formules de colonisation, un jour
viendrait où, malgré l'occupation de tout le territoire
et la soumission de toutes les tribus, la valeur économique
de notre Maroc seraitperdue, aboutirait à la même pauvreté
qu'aujourd'hui, sans prospérité possible, absorbée par la
supériorité des grands centres commerciaux de la zone
française.
Et ainsi, Oudjda attirera vers son important marché tout
le commerce de Mélilla, et Taza attirera vers la grande li-
gne de Fez tout le courant commercial du Rif central, et
Kenitra achèvera de tuer Larache, et Tanger, par son
excellente route de pénétration, annulera aussi le port de
Ceuta et réduira Tétouan à un souvenir historique, comme
l'a dit M. Marris...
En outre, le développement des institutions culturales
dans la zone française, les centres d'enseignement indus-
triel et la sollicitude manifestée là-bas pour l'éducation de
la jeunesse indigène enlèveront à notre influence cet autre
fondement de la domination.
Et les grands sacrifices de l'Espagne, les milliers de
millions dépensés, le sang répandu, les énergies perdues.
tout cet énorme effort que sut faire le patriotisme pour le
prestige de la nation dans la glorieuse entreprise civilisa-
trice de l'Afrique n'auront pas servi à autre chose qu'à la
conquête d'une colonie don.t profiteront splendidement les
marchands et les juifs du Protectorat français.
L'Espagne ne peut pas abandonner de cette manière in-
sensée sa signification économique au Maroc. Elle ne sau-
rait non plus attendre ainsi, les bras croisés, que se réalise
cet anéantissement complet de l'avenir commercial de sa
zone. Elle ne doit pas limiter sa politique fatiguée et déses-
pérée à obtenir petit à petit la soumission des douars.
Il faut que notre action coloniale soit ferme. décidée,
coordonnée, continue. Nous avons un but à atteindre et
nous devons marcher résolument jusqu'au moment où
nous l'aurons atteint.
Mais quand Tanger sera-t il rendu à notre zone, quand
seront terminés les ports de Ceuta et d'Algésiras, quand
sera construit le chemin de fer Mélilla-Alhucemas-Che-
chaouen-Tétouan, quand sur cette ligne viendront se rac-
corder des embranchements secondaires qui aboutiront aux
grands centres commerciaux des diverses régions, quand
le développement des marchés recevra-t-il une protection
nécessaire, quand l'influence s'appuiera-t-elle sur un pres-
tige inébranlable, etc. ?
Si d'autres nations nous devancent dans cette œuvre,
pourquoi donc notre sanglante et difficile conquête ?
ENRIQUE ARQUES.
C'est surtout la question du développement du
commerce avec l'intérieur du Maroc et notam-
ment avec le Maroc oriental qui se discute dans
les milieux espagnols. On trouvera à ce sujet dans
le supplément du présent numéro deux documents
officiels espagnols : un rapport du consul d'Es-
pagne à Oudjda et un rapport adressé à la j unta
de arbitrios de "Iélilla (1). De nombreux journaux
espagnols reviennent sur la question. Le pont sur
la Moulouya notamment les préoccupe beaucoup,
par suite du passage plus actif qui se fait d'Algérie
en France par la voie de Mélilla. Ils demandent
notamment qu'il soit le plus tôt possible décidé
et construit.
Le chemin de fer de Ceuta à Tétouan.
— Tétouan est maintenant reliée par une voie
ferrée à Ceuta, ce qui la met à quatre heures
d'Algésiras. L'inauguration a eu lieu le 20 fé-
vrier. On l'avait prévue pour une date plus an-
cienna, car le dahir approuvant le contrat pour la
construction et l'exploitation portait la date du
15 avril 1916. L'exploitation devait commencer le
14 mai 1917. Mais les travaux furent difficiles et
le terrain se montra insuffisamment solide. Les
indigènes, voyant de nombreux éboulements, ne
cessaient de dire : « Si jamais le train marche
un jour, par Dieu tout-puissant, il tombera. »
Le service du chemin de fer dispose de quatre
locomotives et de douze voitures de voyageurs. -
Le trajet dure 45 minutes avec arrêt aux stations
de Malalien. Rincon-del-Medik, Asmir, Cas-
tillejos. La longueur de la ligne est d'environ
4G kilomètres et la largueur de la voie est d'un
mètre.
Ajoutons que Tétouan est reliée depuis quelque
temps par une voie ferrée avec Rio-Martin qui, à
11 kilomètres, lui sert de port et où les quelques
cabanes de pêcheurs de jadis ont fait place à un
village de 1.000 habitants, dont 500 Espagnols.
D'autre part, à propos du chemin de fer Nador-
Batel, le Telegrama del Rif signale que le nom-
bre des voyageurs transportés par cette ligne
pendant l'année 1917 est de 207.057 contre
143.044 que donne la statistique de 1916. Dans le
chiffre donné les civils figurent pour 89.450 et
les militaires pour 113.730. Quant au trafic des
marchandises, transports de vivres et d'effets
militaires, il représente 13.039.699 kilogrammes
et les marchandises générales 4.872.677 kilo-
grammes auxquels il faut ajouter 775.179 kilo-
grammes de paille pour le trafic descendant et
2.262.869 kilogrammes d'orge, 2.489.205 kilo-
grammes de bois à brûler. Le total du trafic des
marchandises transportées s'élève à 23.499.710 ki-
logrammes.
Les sommes perçues pour les transports de
voyageurs sont de 934.421 ps. 06 ; pour les ba-
gages 205 ps. 42: pour les marchandises géné-
rales 51.181 ps. 09; pour les marchandises mili-
taires, 61.799 ps. 01 ; pour recettes diverses,
10.380 ps. 75. Le tout fait un total de recettes de
258.018 ps. 33.
Ces chiffres font ressortir l'augmentation con-
sidérable du trafic de cette année sur l'année 1916.
En effet, les sommes perçues en 1916 ont été de
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