Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
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266 BULLETIN DU COMITÉ
/
pour améliorer les rapports entre le haut commis-
sariat et son redoutable collaborateur.
Une querelle, qui date de janvier, n'est pas en-
core réglée. Le général Jordana ayant à cette.
époque fait une importante livraison d'armes à
Raïssouli, reçut de Madrid l'ordre de les lui re-
prendre-. Sans moyen pourréparer cette maldonne
on évalua le prix des armes en vue de L'échange à
faire. La somme fut versée à Raïssouli... qu-i
garda les armes, déclarant qu'il portait les
douros versés au crédit des mensualités en retard.
Enhardi par le silence de Tétouan, Raïssouli
accueîlle dans les rangs de sa mehalla les déser-
teurs de l'armée espagnole. Obligeamment, par-
fois, il restitue leurs armes, mais conserve les
munitions et les chevaux des déserteurs. En face
des postes espagnols, à 300 mètres environ, il
édifie les siens, toutlc long des lignes, et l'attitude
des sentinelles qui s'épient de l'un et l'autre côté
de la barricade évoque l'idée de guerre, plus hélas!
que celle d'alliance, de l'alliance emphatiquement
proclamée aux Cortès.
Ladésillusion estcruelle, et nous y participerions
peut être si nous n'avions le devoir de nous sou-
venir des sacrifices que Raïssouli nous impose-
pour contrebattre, par la poitrinç de nos soldats,
ses menées insurrectionnelles.
Le plan du Chërif, aujourd'hui, se .précise; car
un tel homme ne marche pas à l'aventure. Il se
propose d'étendre son autorité sur l'ensemble des
tribus, situées dans les régions comprises entre
Tétouan, Chechaouen, à la frontière de la zone
française, Taza et Melilla ; d'armer ces tribus et
de les jeter sur le Maroc français, dans la direction
de Fez, pour couper, à Taza, nos communications
avec l'Algérie. Au service de ces projets, il peut
compter sur la coopération d'Abd el Malek, avec
qui la liaison est faite. Il dispose en outre d'un
armement moderne; il aura, avec des instructeurs
allemands et turcs, du canon léger transporté sur
les côtes Ghouara, par sous-marin ; il aura des
mitrailleuses. Même des indicateurs indigènes
annoncent que des avions attendus ou déjà arrivés
par sous-marins, seront remontés et appliqués à
répandre dans notre Maroc des proclamations
aux tribus. Et le résultat de tous ces efforts ?
L'Allemagne les fait annoncer en ces termes :
Abd el Malek, sultan du Maroc français, Raïssouli
sultan du Maroc espagnol, mais double sultanat
sans France ni Espagne, et placé sous la protection
allemande. Voilà la menace, bien vaine, et voilà
le complot qui n'échappe d'ailleurs pas aux gou-
vernements intéressés.
Sans en arriver à ces précisions dernières, la
presse d'Espagne, en cris d'alarme, fait pressentir
la débâcle, la ruine.
« Nous nous enfermons dans nos postes, écrit
la Tribuna. Et ainsi nous ne dominons pas, et
nous perdons notre temps, et nous dépensons le
budget, pourtant considérable, de « l'action en
Afrique )).
« Etait-ce là le testament d'Isabelle la Catho-
lique?...
« La reine nous recommanda de nous agrandir
et non point de nous ruiner, de. conquérir et non
pas de perdre des territoires, de réaliser une
mission providentielle dans l'histoire du peuple
arabe et non pas de nous faire les esclaves de
l'œuvre négative d'un Protectorat imposé parai
France...
« Et l'on demandait des hommes, et l'on
demandait des millions à la nation pour accom-
plir cette « destinée historique ».
Voyons, poursuit la Tribuna, l'état actuel de
notre zone d'influence,
« Notre zone d'influence, a, à peu p:rlès, l'étep-
-due superficielle , de la province de Badajoz.
Et des 56 à 57 tribus du Protectorat — c aroi
khalifa lui-même ne sait pas exactement combien
il y en a — 5 seulement sont soumises, si toute-
fois nous dominons complètement les territoires
d'El-Jolot, du Gharb, d'Essahel, de Kelaia, et de
Quebdana,
« Dans une zone aussi réduite, nous n'avons
cependant occupé. que cette petite partie. Et 51
ou 52 tribus nous opposent l'hostilité de l'indé-
pendance la plus farouche.
« Et que ,de vies, que de millions, que de
sacrifices, que de jours et de jours de guerre,
nous a coûtés cette occupation militaire !
« Pour maintenir le protectorat sur ces
quelques arpents de terre, nous avons besoin
maintenant de la section du ministère d'Etat, de
2 vice-royautés, d'un grand vizir, de 2 mi-
nistres chérifiens, de 2 directions générales, de
4 délégations du khalifa, d'une délégation du
Résident, de 3 délégations de l'agriculture, des
affaires indigènes, des affaires financières, d'un
cabinet militaire, de 21 secrétaires, de 4 pachas,
d'une Cour d'appel, de 3 tribunaux de première
instance, de 5 justices de paix, de 11 consuls, de
13 contrôleurs, de 729 fonctionnaires bien payés,
de divers agents, d'une centaine de bureaux, de
divers tabors, de 3 mehallas, de 3 commanderies
générales, d'une armée coloniale très coûteuse
de 70.000 soldats, d'un budget annuel De
120 millions.
« Combien faudra-t-il pour imposer le Protec-
torat sur toute la zone ?
« La ruine de l'Espagne ne suffirait pas.
« Et n'oublions pas que la superficie de la
zone est à peu près celle de la province de
Badajoz. »
Une opinion pareillement désenchantée paraît
dans El Mundo qui rappelle à quelles difficultés
s'expose l'Espagne en se soumettant aux volontés
de Raïssouli. Ce journal conclut : « 11 n'existe pas,
chez nous, une opinion favorable à l'entreprise
marocaine, parce que l'on n'a pas foi dans les
procédés que nous y suivons. Ce manque de foi,
pour douloureux qu'il soit, est pleinement jus-
tifié. Uui ne sait pas gouverner lui-même est
incapable de gouverner les autres. C'est une'
266 BULLETIN DU COMITÉ
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pour améliorer les rapports entre le haut commis-
sariat et son redoutable collaborateur.
Une querelle, qui date de janvier, n'est pas en-
core réglée. Le général Jordana ayant à cette.
époque fait une importante livraison d'armes à
Raïssouli, reçut de Madrid l'ordre de les lui re-
prendre-. Sans moyen pourréparer cette maldonne
on évalua le prix des armes en vue de L'échange à
faire. La somme fut versée à Raïssouli... qu-i
garda les armes, déclarant qu'il portait les
douros versés au crédit des mensualités en retard.
Enhardi par le silence de Tétouan, Raïssouli
accueîlle dans les rangs de sa mehalla les déser-
teurs de l'armée espagnole. Obligeamment, par-
fois, il restitue leurs armes, mais conserve les
munitions et les chevaux des déserteurs. En face
des postes espagnols, à 300 mètres environ, il
édifie les siens, toutlc long des lignes, et l'attitude
des sentinelles qui s'épient de l'un et l'autre côté
de la barricade évoque l'idée de guerre, plus hélas!
que celle d'alliance, de l'alliance emphatiquement
proclamée aux Cortès.
Ladésillusion estcruelle, et nous y participerions
peut être si nous n'avions le devoir de nous sou-
venir des sacrifices que Raïssouli nous impose-
pour contrebattre, par la poitrinç de nos soldats,
ses menées insurrectionnelles.
Le plan du Chërif, aujourd'hui, se .précise; car
un tel homme ne marche pas à l'aventure. Il se
propose d'étendre son autorité sur l'ensemble des
tribus, situées dans les régions comprises entre
Tétouan, Chechaouen, à la frontière de la zone
française, Taza et Melilla ; d'armer ces tribus et
de les jeter sur le Maroc français, dans la direction
de Fez, pour couper, à Taza, nos communications
avec l'Algérie. Au service de ces projets, il peut
compter sur la coopération d'Abd el Malek, avec
qui la liaison est faite. Il dispose en outre d'un
armement moderne; il aura, avec des instructeurs
allemands et turcs, du canon léger transporté sur
les côtes Ghouara, par sous-marin ; il aura des
mitrailleuses. Même des indicateurs indigènes
annoncent que des avions attendus ou déjà arrivés
par sous-marins, seront remontés et appliqués à
répandre dans notre Maroc des proclamations
aux tribus. Et le résultat de tous ces efforts ?
L'Allemagne les fait annoncer en ces termes :
Abd el Malek, sultan du Maroc français, Raïssouli
sultan du Maroc espagnol, mais double sultanat
sans France ni Espagne, et placé sous la protection
allemande. Voilà la menace, bien vaine, et voilà
le complot qui n'échappe d'ailleurs pas aux gou-
vernements intéressés.
Sans en arriver à ces précisions dernières, la
presse d'Espagne, en cris d'alarme, fait pressentir
la débâcle, la ruine.
« Nous nous enfermons dans nos postes, écrit
la Tribuna. Et ainsi nous ne dominons pas, et
nous perdons notre temps, et nous dépensons le
budget, pourtant considérable, de « l'action en
Afrique )).
« Etait-ce là le testament d'Isabelle la Catho-
lique?...
« La reine nous recommanda de nous agrandir
et non point de nous ruiner, de. conquérir et non
pas de perdre des territoires, de réaliser une
mission providentielle dans l'histoire du peuple
arabe et non pas de nous faire les esclaves de
l'œuvre négative d'un Protectorat imposé parai
France...
« Et l'on demandait des hommes, et l'on
demandait des millions à la nation pour accom-
plir cette « destinée historique ».
Voyons, poursuit la Tribuna, l'état actuel de
notre zone d'influence,
« Notre zone d'influence, a, à peu p:rlès, l'étep-
-due superficielle , de la province de Badajoz.
Et des 56 à 57 tribus du Protectorat — c aroi
khalifa lui-même ne sait pas exactement combien
il y en a — 5 seulement sont soumises, si toute-
fois nous dominons complètement les territoires
d'El-Jolot, du Gharb, d'Essahel, de Kelaia, et de
Quebdana,
« Dans une zone aussi réduite, nous n'avons
cependant occupé. que cette petite partie. Et 51
ou 52 tribus nous opposent l'hostilité de l'indé-
pendance la plus farouche.
« Et que ,de vies, que de millions, que de
sacrifices, que de jours et de jours de guerre,
nous a coûtés cette occupation militaire !
« Pour maintenir le protectorat sur ces
quelques arpents de terre, nous avons besoin
maintenant de la section du ministère d'Etat, de
2 vice-royautés, d'un grand vizir, de 2 mi-
nistres chérifiens, de 2 directions générales, de
4 délégations du khalifa, d'une délégation du
Résident, de 3 délégations de l'agriculture, des
affaires indigènes, des affaires financières, d'un
cabinet militaire, de 21 secrétaires, de 4 pachas,
d'une Cour d'appel, de 3 tribunaux de première
instance, de 5 justices de paix, de 11 consuls, de
13 contrôleurs, de 729 fonctionnaires bien payés,
de divers agents, d'une centaine de bureaux, de
divers tabors, de 3 mehallas, de 3 commanderies
générales, d'une armée coloniale très coûteuse
de 70.000 soldats, d'un budget annuel De
120 millions.
« Combien faudra-t-il pour imposer le Protec-
torat sur toute la zone ?
« La ruine de l'Espagne ne suffirait pas.
« Et n'oublions pas que la superficie de la
zone est à peu près celle de la province de
Badajoz. »
Une opinion pareillement désenchantée paraît
dans El Mundo qui rappelle à quelles difficultés
s'expose l'Espagne en se soumettant aux volontés
de Raïssouli. Ce journal conclut : « 11 n'existe pas,
chez nous, une opinion favorable à l'entreprise
marocaine, parce que l'on n'a pas foi dans les
procédés que nous y suivons. Ce manque de foi,
pour douloureux qu'il soit, est pleinement jus-
tifié. Uui ne sait pas gouverner lui-même est
incapable de gouverner les autres. C'est une'
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