Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
16 . BULLETIN DU COMITÉ
rement les récits des atrocités qui ont été précé-
demment publiés.
D'abord, Pattison note que les indigènes Oua-
gogo, de Kiboriani, eurent toute leur nourriture
réquisitionnée par les Allemands. Ils vécurent
ensuite, principalement, de racines, d'herbes, et
du peu de lait fourni par les quelques vaches
qu'on leur laissa. Le révérend Spanton décrit le
procédé très simple, employé par les Allemands,
pour se procurer tous les porteurs, et une partie
des Askaris, dont ils avaient besoin. Des bandes
de soldats étaient envoyés dans les villages, de
préférence la nuit, quand les habitants étaient
supposés endormis. Là, ils saisissaient tous les
jeunes gens qui étaient aussitôt enchaînés en-
semble, à peu près de la façon dont les choses se
passaient au temps des esclavagistes arabes. Ces
captifs étaient conduits au fort le plus voisin. On
les enfermait là, ou plus souvent dans un camp,
et on les prévenait que tout essai de fuite serait
puni de mort. Pattison apprit que 77 boys origi-
naires de la frontière anglo-allemande avaient
été amenés, enchaînés, de Moshi, envoyés à Kis-
saki, et là loués au planteur Dorrendorf. Ils tra-
vaillèrent une année pour 6 roupies par mois ;
seulement 4 r. 50 leur étaient retenues pour leur
nourriture. Les survivants, au nombre de 51,
arrivèrent à Kiboriani; 10 malades avaient été
laissés à Morogoro ; les autres avaient succombé,
soit à la fièvre, soit aux coups. A Kilimatinde,
rapporte Scott Brown, les domestiques indigènes
allemands recevaient habituellement, tous les
quatorze jours, deux punitions de 25 coups cha-
cune. Ils étaient amenés dans la cour centrale du
camp. Cinq Askaris leur tenaient la tête et les
membres, tandis qu'un sergent frappait de toute
sa force avec un fouet. Invariablement le sang
coulait. Ces scènes avaient lieu journellement;
c'était un spectacle révoltant, pour les prison-
niers. Certains domestiques indigènes furent
fouettés et emprisonnés, pour avoir refusé de
suivre leurs maîtres à la guerre, jusque sur la
ligne de feu. L'un d'eux reçut 50 coups de fouet
et fut condamné à 4e mois d'emprisonnement.
Des boys étaient contraints de faire le métier de
porteurs. Ceux-ci étaient traités avec la plus
grande brutalité. Quand un homme tombait
épuisé sous le poids de sa charge, raconte le révé-
rend Spanton, il était fouetté, jusqu'à ce qu'il
chancelât, et s'affaissât de nouveau. Ceux qui
étaient trop faibles étaient tués dès qu'ils se cou-
chaient par terre. « Un des officiers allemands
qui commandait la colonne revenant du Ruanda,
avant l'arrivée des Belges, écrivait dans une lettre
particulière : « Notre route est pavée avec les
corps des indigènes, que nous avons été obligés
de tuer. » Pattison observa, à Kondoa que les
porteurs étaient constamment frappés par les
Askaris. L'un d'eux reçut, apparemment sans
motif, un coup de crosse de fusil si violent que
la chair de la jambe fut enlevée. Le caporal de la
garde indigène s'amusait à se promener de long
en large devant les porteurs en leur appliquant
des coups. Le porteur dont la jambe avait été
meurtrie appela à son secours la garde euro-
péenne, mais celle-ci reçut l'ordre de se tenir
tranquille. Pattison vit, deux fois au moins, des
indigènes fouettés pour les forcer à avouer. Ce *
fut entre autres le cas d'un prisonnier Ouanya-
mouesi qui, accusé de vol par un boutiquier,
reçut 25 coups de fouet, puis fut frappé à la tête
et au côté. Il ne pouvait plus se tenir debout; il
fallut l'aider à se relever. Les prisonniers indi-
gènes devaient payer 3 roupies, par mois, pour
leur entretien en prison ; dans le cas de non paie-
ment, ils étaient astreints à des corvées. Les pri-
sonniers, condamnés à une longue détention,
étaient épuisés par le travail qu'ils avaient dû
faire pour s'acquitter. Ils disaient qu'on ne leur
donnait pas à manger. Ils dormaient en prison
tout en travaillant. A New-Moschi, Pattison avait
aperçu quatre chaînes, de 12 prisonniers environ
chacune, composées d'indigènes allemands trans-
portant des paquets de tôle ondulée; ils étaient
quatre pour un de ces paquets pesant, environ
trois quintaux et demi. Les Askaris les faisaient
courir en leur donnant des coups et les Allemands,
hommes et femmes, les regardaient et les insul-
taient.
Les prisonniers anglais furent témoins des
efforts faits par les Allemands pour gagner à
leur cause les Musulmans. A Kilimatinde, au
mois de décembre 1914, une proclamation fut
affichée dans le « borna » appelait la population
musulmane à' la guerre sainte; on y lisait que
tous les musulmans qui ne priaient pas pour le
succès des Allemands, étaient menacés de malé-
diction. On a vu plus haut en quels termes le
capitaine Coltzan haranguait les recrues Askaris.
Les Allemands se donnèrent beaucoup de peine
pour se concilier les troupes indigènes. Leur solde
fut fortement augmentée ; on leur accorda des
privilèges, refusés au reste de la population, et
on leur permit de voler et de tyranniser autant
qu'il leur plairait. Cependant les Askaris étaient
soumis à une discipline très dure. Pour la plus
légère infraction ils étaient condamnés à recevoir
25 coups de kiboko. « Souvent, dit Pattison, un
quart des hommes était fouetté, pour fautes et
négligences commises pendant les exercices, qui
avaient lieu dans le Boma square, où nous étions
confinés. » En outre, ils devaient faire l'exercice,
pendant quatre ou cinq heures, avec les sacs
chargés de sable. Plusieurs furent fouettés, pour
les obliger à se battre, et saisirent toutes les occa- /
sions de déserter. La guerre se prolongeant, les
procédés brutaux des Allemands envers leurs
propres sujets amenèrent ceux dont le loyalisme
chancelait à prendre, plus que jamais, en aver-
sion le gouvernement allemand. Celui ci devint
franchement impopulaire dans toutes les classes,
à l'exception de quelques troupes. Dans l'été 1916,
les sultans du district de Tabora, convoqués par
le gouverneur, refusèrent d'accorder de nouveaux
hommes, soit pour les opérations militaires, soit
pour le portage. « Pendant quelques jours, dit le
révérend Spanton, l'attitude des indigènes fut
telle qu'on parlait ouvertement d'une révolution,
rement les récits des atrocités qui ont été précé-
demment publiés.
D'abord, Pattison note que les indigènes Oua-
gogo, de Kiboriani, eurent toute leur nourriture
réquisitionnée par les Allemands. Ils vécurent
ensuite, principalement, de racines, d'herbes, et
du peu de lait fourni par les quelques vaches
qu'on leur laissa. Le révérend Spanton décrit le
procédé très simple, employé par les Allemands,
pour se procurer tous les porteurs, et une partie
des Askaris, dont ils avaient besoin. Des bandes
de soldats étaient envoyés dans les villages, de
préférence la nuit, quand les habitants étaient
supposés endormis. Là, ils saisissaient tous les
jeunes gens qui étaient aussitôt enchaînés en-
semble, à peu près de la façon dont les choses se
passaient au temps des esclavagistes arabes. Ces
captifs étaient conduits au fort le plus voisin. On
les enfermait là, ou plus souvent dans un camp,
et on les prévenait que tout essai de fuite serait
puni de mort. Pattison apprit que 77 boys origi-
naires de la frontière anglo-allemande avaient
été amenés, enchaînés, de Moshi, envoyés à Kis-
saki, et là loués au planteur Dorrendorf. Ils tra-
vaillèrent une année pour 6 roupies par mois ;
seulement 4 r. 50 leur étaient retenues pour leur
nourriture. Les survivants, au nombre de 51,
arrivèrent à Kiboriani; 10 malades avaient été
laissés à Morogoro ; les autres avaient succombé,
soit à la fièvre, soit aux coups. A Kilimatinde,
rapporte Scott Brown, les domestiques indigènes
allemands recevaient habituellement, tous les
quatorze jours, deux punitions de 25 coups cha-
cune. Ils étaient amenés dans la cour centrale du
camp. Cinq Askaris leur tenaient la tête et les
membres, tandis qu'un sergent frappait de toute
sa force avec un fouet. Invariablement le sang
coulait. Ces scènes avaient lieu journellement;
c'était un spectacle révoltant, pour les prison-
niers. Certains domestiques indigènes furent
fouettés et emprisonnés, pour avoir refusé de
suivre leurs maîtres à la guerre, jusque sur la
ligne de feu. L'un d'eux reçut 50 coups de fouet
et fut condamné à 4e mois d'emprisonnement.
Des boys étaient contraints de faire le métier de
porteurs. Ceux-ci étaient traités avec la plus
grande brutalité. Quand un homme tombait
épuisé sous le poids de sa charge, raconte le révé-
rend Spanton, il était fouetté, jusqu'à ce qu'il
chancelât, et s'affaissât de nouveau. Ceux qui
étaient trop faibles étaient tués dès qu'ils se cou-
chaient par terre. « Un des officiers allemands
qui commandait la colonne revenant du Ruanda,
avant l'arrivée des Belges, écrivait dans une lettre
particulière : « Notre route est pavée avec les
corps des indigènes, que nous avons été obligés
de tuer. » Pattison observa, à Kondoa que les
porteurs étaient constamment frappés par les
Askaris. L'un d'eux reçut, apparemment sans
motif, un coup de crosse de fusil si violent que
la chair de la jambe fut enlevée. Le caporal de la
garde indigène s'amusait à se promener de long
en large devant les porteurs en leur appliquant
des coups. Le porteur dont la jambe avait été
meurtrie appela à son secours la garde euro-
péenne, mais celle-ci reçut l'ordre de se tenir
tranquille. Pattison vit, deux fois au moins, des
indigènes fouettés pour les forcer à avouer. Ce *
fut entre autres le cas d'un prisonnier Ouanya-
mouesi qui, accusé de vol par un boutiquier,
reçut 25 coups de fouet, puis fut frappé à la tête
et au côté. Il ne pouvait plus se tenir debout; il
fallut l'aider à se relever. Les prisonniers indi-
gènes devaient payer 3 roupies, par mois, pour
leur entretien en prison ; dans le cas de non paie-
ment, ils étaient astreints à des corvées. Les pri-
sonniers, condamnés à une longue détention,
étaient épuisés par le travail qu'ils avaient dû
faire pour s'acquitter. Ils disaient qu'on ne leur
donnait pas à manger. Ils dormaient en prison
tout en travaillant. A New-Moschi, Pattison avait
aperçu quatre chaînes, de 12 prisonniers environ
chacune, composées d'indigènes allemands trans-
portant des paquets de tôle ondulée; ils étaient
quatre pour un de ces paquets pesant, environ
trois quintaux et demi. Les Askaris les faisaient
courir en leur donnant des coups et les Allemands,
hommes et femmes, les regardaient et les insul-
taient.
Les prisonniers anglais furent témoins des
efforts faits par les Allemands pour gagner à
leur cause les Musulmans. A Kilimatinde, au
mois de décembre 1914, une proclamation fut
affichée dans le « borna » appelait la population
musulmane à' la guerre sainte; on y lisait que
tous les musulmans qui ne priaient pas pour le
succès des Allemands, étaient menacés de malé-
diction. On a vu plus haut en quels termes le
capitaine Coltzan haranguait les recrues Askaris.
Les Allemands se donnèrent beaucoup de peine
pour se concilier les troupes indigènes. Leur solde
fut fortement augmentée ; on leur accorda des
privilèges, refusés au reste de la population, et
on leur permit de voler et de tyranniser autant
qu'il leur plairait. Cependant les Askaris étaient
soumis à une discipline très dure. Pour la plus
légère infraction ils étaient condamnés à recevoir
25 coups de kiboko. « Souvent, dit Pattison, un
quart des hommes était fouetté, pour fautes et
négligences commises pendant les exercices, qui
avaient lieu dans le Boma square, où nous étions
confinés. » En outre, ils devaient faire l'exercice,
pendant quatre ou cinq heures, avec les sacs
chargés de sable. Plusieurs furent fouettés, pour
les obliger à se battre, et saisirent toutes les occa- /
sions de déserter. La guerre se prolongeant, les
procédés brutaux des Allemands envers leurs
propres sujets amenèrent ceux dont le loyalisme
chancelait à prendre, plus que jamais, en aver-
sion le gouvernement allemand. Celui ci devint
franchement impopulaire dans toutes les classes,
à l'exception de quelques troupes. Dans l'été 1916,
les sultans du district de Tabora, convoqués par
le gouverneur, refusèrent d'accorder de nouveaux
hommes, soit pour les opérations militaires, soit
pour le portage. « Pendant quelques jours, dit le
révérend Spanton, l'attitude des indigènes fut
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