Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 1 19K
SUR LE FRONT MAROCAIN
1
LA SITUATION A L'INTÉRIEUR
DU PROTECTORAT
A l'intérieur du Protectorat l'été se passe sans
incidents. Les moissons sont belles ; la récolte,
un peu ralentie par la rareté de la main-d'œuvre,
se fait dans de bonnes conditions; le dépiquage
s'achève.
Le Ramadan commence le 11 juin et s'achève
le 9 juillet. Ce jeûne, en pleine moisson, est une
épreuve assez rude; elle plonge les.populations
agricoles dans une certaine torpeur qui les rend
indifférentes aux nouvelles du dehors.
Les tracts allemands, imprimés en'Espagne,
inondent le pays et proclament les victoires « co-
lossales » des Empires centraux; des lettres,
émanant de tous les agents allemands ou turcs,
annoncent la venue prochaine de fonds, de muni-
tions, d'armes, d'instructeurs ; l'argent allemand
afflue entre les mains des grands chefs de la dis-
sidence ; les courriers circulent en tous sens, re-
liant entre eux tous nos adversaires. Il y a là un
grand effort pour faire concorder le soulèvement
général du Maroc et l'offensive allemande, et
nous avons la sensation nette qu'une même main
dirige toute l'action et qu'un même système règle
le flux germanique en Europe et en Afrique.
Tout cela n'est pas sans émouvoir les indigènes.
Ceux qui sont nos alliés se lassent des restrictions
pourtant légères que la guerre leur impose; nos
ennemis exploitent de leur mieux cette anxiété,
cette lassitude, et nous sommes obligés de redou-
bler d'activité pour maintenir notre prestige et
notre autorité.
La propérité économique du pays est un de nos
meilleurs arguments. Pour ces Berbères simplistes
richesse et victoire vont de pair; toutes ces dé-
faites prodigieuses que les Allemands racontent
sont démenties par l'activité de nos ports, de nos
chantiers, de nos marchés. Sans compter que nous
portons à nos ennemis de. rudes coups sur nos
fronts marocains.
Tant que nous serons riches, tant que nous
pourrons opposer aux excitations allemandes la
supériorité de nos armes, nous resterons les maî-
tresde la situation. Le danger serait de restreindre
notre train économique, de diminuer nos forces
au-dessous des limites extrêmes que nous avons
atteintes.
, l'incendie DE FEZ
Un accident récent nous a permis de pénétrer
les sentiments d'une des populations les plus
frondeuses du Maroc.
Dans la nuit du 28 juin, une partie des souks
de Fez a brûlé. Six cent quarante boutiques ont
été détruites, cent dix endommagées: les dégilts
immobiliers sont estimés à l million, la valeur
des marchandises détruites atteint 6 millions.
Cet incendie a mis en péril deux sanctuaires
très vénérés de l'Islam marocain : Mouley-Idriss-
et la Karaouyine. Sans le dévouement et l'activité
de nos fonctionnaires, de nos soldats, c'en était
fait de ces deux mosquées. Déjà le feu léchait
leurs murailles fragiles; leurs vieilles poutres de
cèdre commençaient à flamber. Après une nuit
d'efforts, le feu fut circonscrit, puis éteint, et la
population, témoin 9 notre zèle désintéressé,
voulant témoigner sa gratitude ar un geste
unique, contraignit l'interprète Watin, qui avait
pris une part active à l'extinction, à pénétrer dans
le sanctuaire inviolable. Mais on ne nous cachait
pas, tout en nous remerciant, qu'en l'état actuel
de tension politique, la destruction des deux
sanctuaires eût p u avr des conséquences très
graves.
Il
LA SITUATION SUR LES CONFINS
DU PROTECTORAT. L'ACTION ALLEMANDE
Les Allemands redoublent d'activité ; leur orga-
nisation s'étend de plus en plus. Ils sont parvenus
à nouer des relations avec tous les chefs de la
dissidence qui nous combattent, à les relier entre
eux par un service de courriers qui leur porte de
l'argent, des lettres contenant leurs directives,
des tracts imprimés en Espagne racontant à leur
manière les événements de la guerre mondiale.
Il leur reste à amalgamer cette poussière hu-
maine, à coordonner ses mouvements : besogne
difficile, que les médiocres comparses du prince
Ratibor sont incapables de mener à bien.
TANGER
Sur ntre front nord la situation s'est compli-
quée.
Tanger traverse une crise dont les raisons sont
complexes : la ville souffre des restrictions que la
guerre lui impose avec une rigueur particulière.
De mystérieuses influences excitent les derqaoua,
secte turbulente et xénophobe dont le chef est
notre ennemi. Raïssouli, interdit aux Djebala de
ravitailler la ville, ce qui exaspère les gens de la
ville et les producteurs de la campagne. Les Alle-
mands entretiennent de leur mieux le malaise.
RAÏSSOL'LI. LES DJEDALA
Raïsfonli joue toujours son double rôle d'agent
allemand et d'allié de l'Espagne. Il semble bien
qu'il ait atteint l'extrême limite de la duplicité.
De concessions en concessions on en était venu
à lui promettre le poste de grand vizir de la zone
espagnole, à lui verser 1 million sur les arré-
rages de sa subvention, à lui fournir un'nouveau
stock d'armes et de munitions. Il serait autorisé
à ne point résider à Tétouan pourvu que sa fa-
mille y élût domicile, à lever les impôts coraniques
sur toute la zone, quitte à rendre ultérieurement
L'AFRIQUE FRANÇAISE. — NOS 1 et 8.
SUR LE FRONT MAROCAIN
1
LA SITUATION A L'INTÉRIEUR
DU PROTECTORAT
A l'intérieur du Protectorat l'été se passe sans
incidents. Les moissons sont belles ; la récolte,
un peu ralentie par la rareté de la main-d'œuvre,
se fait dans de bonnes conditions; le dépiquage
s'achève.
Le Ramadan commence le 11 juin et s'achève
le 9 juillet. Ce jeûne, en pleine moisson, est une
épreuve assez rude; elle plonge les.populations
agricoles dans une certaine torpeur qui les rend
indifférentes aux nouvelles du dehors.
Les tracts allemands, imprimés en'Espagne,
inondent le pays et proclament les victoires « co-
lossales » des Empires centraux; des lettres,
émanant de tous les agents allemands ou turcs,
annoncent la venue prochaine de fonds, de muni-
tions, d'armes, d'instructeurs ; l'argent allemand
afflue entre les mains des grands chefs de la dis-
sidence ; les courriers circulent en tous sens, re-
liant entre eux tous nos adversaires. Il y a là un
grand effort pour faire concorder le soulèvement
général du Maroc et l'offensive allemande, et
nous avons la sensation nette qu'une même main
dirige toute l'action et qu'un même système règle
le flux germanique en Europe et en Afrique.
Tout cela n'est pas sans émouvoir les indigènes.
Ceux qui sont nos alliés se lassent des restrictions
pourtant légères que la guerre leur impose; nos
ennemis exploitent de leur mieux cette anxiété,
cette lassitude, et nous sommes obligés de redou-
bler d'activité pour maintenir notre prestige et
notre autorité.
La propérité économique du pays est un de nos
meilleurs arguments. Pour ces Berbères simplistes
richesse et victoire vont de pair; toutes ces dé-
faites prodigieuses que les Allemands racontent
sont démenties par l'activité de nos ports, de nos
chantiers, de nos marchés. Sans compter que nous
portons à nos ennemis de. rudes coups sur nos
fronts marocains.
Tant que nous serons riches, tant que nous
pourrons opposer aux excitations allemandes la
supériorité de nos armes, nous resterons les maî-
tresde la situation. Le danger serait de restreindre
notre train économique, de diminuer nos forces
au-dessous des limites extrêmes que nous avons
atteintes.
, l'incendie DE FEZ
Un accident récent nous a permis de pénétrer
les sentiments d'une des populations les plus
frondeuses du Maroc.
Dans la nuit du 28 juin, une partie des souks
de Fez a brûlé. Six cent quarante boutiques ont
été détruites, cent dix endommagées: les dégilts
immobiliers sont estimés à l million, la valeur
des marchandises détruites atteint 6 millions.
Cet incendie a mis en péril deux sanctuaires
très vénérés de l'Islam marocain : Mouley-Idriss-
et la Karaouyine. Sans le dévouement et l'activité
de nos fonctionnaires, de nos soldats, c'en était
fait de ces deux mosquées. Déjà le feu léchait
leurs murailles fragiles; leurs vieilles poutres de
cèdre commençaient à flamber. Après une nuit
d'efforts, le feu fut circonscrit, puis éteint, et la
population, témoin 9 notre zèle désintéressé,
voulant témoigner sa gratitude ar un geste
unique, contraignit l'interprète Watin, qui avait
pris une part active à l'extinction, à pénétrer dans
le sanctuaire inviolable. Mais on ne nous cachait
pas, tout en nous remerciant, qu'en l'état actuel
de tension politique, la destruction des deux
sanctuaires eût p u avr des conséquences très
graves.
Il
LA SITUATION SUR LES CONFINS
DU PROTECTORAT. L'ACTION ALLEMANDE
Les Allemands redoublent d'activité ; leur orga-
nisation s'étend de plus en plus. Ils sont parvenus
à nouer des relations avec tous les chefs de la
dissidence qui nous combattent, à les relier entre
eux par un service de courriers qui leur porte de
l'argent, des lettres contenant leurs directives,
des tracts imprimés en Espagne racontant à leur
manière les événements de la guerre mondiale.
Il leur reste à amalgamer cette poussière hu-
maine, à coordonner ses mouvements : besogne
difficile, que les médiocres comparses du prince
Ratibor sont incapables de mener à bien.
TANGER
Sur ntre front nord la situation s'est compli-
quée.
Tanger traverse une crise dont les raisons sont
complexes : la ville souffre des restrictions que la
guerre lui impose avec une rigueur particulière.
De mystérieuses influences excitent les derqaoua,
secte turbulente et xénophobe dont le chef est
notre ennemi. Raïssouli, interdit aux Djebala de
ravitailler la ville, ce qui exaspère les gens de la
ville et les producteurs de la campagne. Les Alle-
mands entretiennent de leur mieux le malaise.
RAÏSSOL'LI. LES DJEDALA
Raïsfonli joue toujours son double rôle d'agent
allemand et d'allié de l'Espagne. Il semble bien
qu'il ait atteint l'extrême limite de la duplicité.
De concessions en concessions on en était venu
à lui promettre le poste de grand vizir de la zone
espagnole, à lui verser 1 million sur les arré-
rages de sa subvention, à lui fournir un'nouveau
stock d'armes et de munitions. Il serait autorisé
à ne point résider à Tétouan pourvu que sa fa-
mille y élût domicile, à lever les impôts coraniques
sur toute la zone, quitte à rendre ultérieurement
L'AFRIQUE FRANÇAISE. — NOS 1 et 8.
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