Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1914-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1914 01 janvier 1914
Description : 1914/01/01 (N1,A24)-1914/12/31 (N12,A24). 1914/01/01 (N1,A24)-1914/12/31 (N12,A24).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9788949j
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/07/2017
- Aller à la page de la table des matières3
- SOMMAIRE
- Vingt-quatrième Année - N° 1
- .......... Page(s) .......... 3
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- Vingt-quatrième Année - N° 2
- .......... Page(s) .......... 49
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- .......... Page(s) .......... 55
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- .......... Page(s) .......... 64
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- .......... Page(s) .......... 79
- .......... Page(s) .......... 92
- .......... Page(s) .......... 94
- .......... Page(s) .......... 96
- Vingt-quatrième Année - N° 3
- .......... Page(s) .......... 97
- .......... Page(s) .......... 98
- .......... Page(s) .......... 100
- .......... Page(s) .......... 103
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- Vingt-quatrième Année - N° 4
- .......... Page(s) .......... 145
- .......... Page(s) .......... 148
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- Vingt-quatrième Année - N° 5
- .......... Page(s) .......... 193
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- Vingt-quatrième Année - N° 6
- .......... Page(s) .......... 233
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- Sommaire du Supplément n° G.
- Vingt-quatrième Année - N° 8 à 12
- .......... Page(s) .......... 337
- .......... Page(s) .......... 339
- .......... Page(s) .......... 340
- .......... Page(s) .......... 341
- .......... Page(s) .......... 342
- .......... Page(s) .......... 345
- .......... Page(s) .......... 348
- .......... Page(s) .......... 349
- .......... Page(s) .......... 350
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- Sommaire du Supplément n° 8-12.
244 BULLETIN DU COMITÉ
prétés d'une façon complètement fausse. Entre le
Rif et le Moyen-Atlas, existe en effet une dépres-
sion très màrquée, baptisée trouée ou couloir de
Taza, chemin des invasions et des afflux de races
qui ont depuis l'origine-déferlé sur le Moghreb el
Aksa. Mais ces expressions ne signifient pas qu'il
existe un passage facile, pour se rendre de Fez à
Taza. Au contraire, la vallée de l'oued Innaouen
se creuse profondément dans un terrain argileux
encore découpé par mille petits affluents qui, en
sens divers, déchiquettent, si on peut dire, les
bords de la trouée. Dans un terrain aussi peu
résistant, les ravins se creusent en coupures
profondes et étroites dont les flancs à pic
montent vers des arêtes en lames de couteaux et
vers le Nord, au moins jusqu'aux montagnes qui
bordent la rive droite de l'Ou erra, le même aspect
du terrain se prolonge en s'accusant encore. Ces
paysages qui sont parmi les plus tourmentés qui.
soient au Maroc, ont à cette époque de l'année
un aspect riant. Les cultures sont nombreuses et
tachetées, çà et là, de touffes de palmiers nains;
une immensilé d'orge verte ondule sur plaines et
mamelons. Pa.r endroits, des tapis de fleurs aux
vives couleurs entremêlent les mauves, les jaunes
et les rouges en larges taches; enfin, de nom-
breux villages aux maisons blanchies à la chaux,
et des bouquets d'oliviers complètent un paysage
tourmenté et gai à la fois, mais qui répond mal
à l'idée de route facile attachée si souvent à la
grande route de Fez à Oudjda.
Les troupes rentraient au camp vers 1 heure et
l'après-midi du 11 s'achevait paisiblement quand
vers 5 heures nous aperçûmes un spectacle extra-
ordinaire : sur le flanc Nord de la vallée de l'oued
Amelil, au versant d'une crête verte, serpentait
un chemin sur lequel, interminablement, des Ma-
rocains défilaient. Pendant plus de deux heures-
cette procession continua, partant d'une mechta
et d'un bois d'oliviers situé sur la gauche et se
dirigeant à droite jusqu'à un petit col derrière le-
quel disparaissait la route. Non loin de là un camp
s'établissait, et à la jumelle on pouvait voir les
indigènes placer des vedeltes. Sur la gauche,
quelques coups de fusils étaient tirés contre des
spahis protégeant les abords du camp.
La colonne devait se porter au-devant du gé-
néral Lyautey dès l'aube du 12 et partir le 13 pour
Taza. Mais les rassemblements marocains obli-
gèrent le général. Gouraud à changer ses disposi-
tions. Il était impossible, en effet, de laisser à
quelques pas de nous une troupe ennemie aussi
importante sans la briser, d'autant que, d'après
certains renseignements, cette harka se rassem-
blait une fois de plus à l'appel de El Hadjami que
sa défaite du Ier mai n'avait pas assagi. Aussi les
dispositions étaient-elles prises pour disperser
ces agglomérations et les balayer au delà d'une
grande crête rocheuse qu'on apercevait vers le
Nord, à une douzaine de kilomètres à vol d'oi-
seau. En prévision d'une attaque de nuit, les
tentes, étaient abattues et les projecteurs fouil-
laient les environs qui s'illuminaient des feux
ennemis. La nuit se passa cependant d'une façon
calme et au lever du soleil, une force importante
restant à la garde du camp, la colonne se mettait
en route.
Le pays dans lequel allait se dérouler « le com-
bat de la- montagne des Tsoul » présentait l'as-
pect suivant. Au pied du camp, deux vallées pa-
rallèles doivent être franchies pour parvenir à'a
crête où défilait hier la procession des Marocains.
Flanquant à l'Ouest des vallées, un piton sup-
portait une mechta et à l'Ouest les oueds issus de
ces dépressions rejoignaient les eaux de l'oued
Amelil. La crête nord dite des Kraoua, aux flancs
assez abrupts, est surmontée d'une éminence en
forme de trapèze et parsemée, au milieu de
champs d'orge, de plaques de doum et de petits
bois d'oliviers, desquels émergent sur là droite
deux ou trois mechta.
Arrivé au sommet de la tablé, la vue plongeait
sur un paysage tout à fait impressionnant. Une
vallée très profonde, et très étroite s'effondrait
pour ainsi dire ; vers l'Ouest, elle traversait un
bois d'oliviers assez dense et s'ouvrait sur une
plaine triangulaire d'où émergaient des rochers
dénudés aux arêtes vives. Le fond de la vallée et
les gradins successifs conduisant à l'oued qui en
occupe le fond sont parsemés de mechta nom-
breuses, presque toutes entourées d'arbres, oli-
viers, betoum, qui, sur le flanc Nord du djebel
Beni-Frazen, remontent assez haut par les cou-
lées parallèles. Le pays est fertile, très habité et
très cultivé ; de nombreuses sources coule une
eau claire et fraîche et qui rend verdoyantes les,
terres argileuses de cette vallée. Cette verdure
fait contraste avec l'aridité pierreuse des flancs
du djebel au-dessus du niveau des sources.'Cette
barre rocheuse se dresse comme un mur bosselé
de l'Est à l'Ouest par des saillants arrondis et
nus entre lesquels se glissent des coulées qui
conduisent à de petits cols dentelant le sommet
de l'arête. L'impression de cette barre est prodi-
gieuse. C'est un mur dressé à pic qui domine de
400 mètres le pays environnant et dont le sol ro-
cheux, brûlé par le soleil, rend l'aspect plus âpre
encore et plus.rébarbatif. On se rend compte des
difficultés énormes d'un tel champ de bataille.
Pays coupé, propice aux embuscades, au travers
duquel les moindres mouvements sont gênés par
les ravins à franchir et les pentes à gravir de
cette nouvelle Kabylie.
Dès quatre heures du matin, les troupes mar-
chaient à l'attaque d'après le dipositif suivant.
A droite le groupe Delavau avec une batterie et
demie de 65 s'engageait dans la vallée de l'oued
Amelil pour attaquer de flanc les hauteurs sur
lesquelles se trouvait le rassemblement ennemi.
Au centre, le groupe Bulleux, avec une batterie
de 65 et un peloton de spahis, marchait droit sur
le même objectif; à gauche le groupe Girodon
avec la compagnie de légion montée attaquait le
col qui réunissait la première et la deuxième
crête. Enfin le gros de la cavalerie, soit 7 pelo-
tons de spahis et 3 pelotons de chasseurs
d'Afrique sous les ordres du commandant de
Vanlay, -s'établissait à l'extrème gauche et em- ]
prétés d'une façon complètement fausse. Entre le
Rif et le Moyen-Atlas, existe en effet une dépres-
sion très màrquée, baptisée trouée ou couloir de
Taza, chemin des invasions et des afflux de races
qui ont depuis l'origine-déferlé sur le Moghreb el
Aksa. Mais ces expressions ne signifient pas qu'il
existe un passage facile, pour se rendre de Fez à
Taza. Au contraire, la vallée de l'oued Innaouen
se creuse profondément dans un terrain argileux
encore découpé par mille petits affluents qui, en
sens divers, déchiquettent, si on peut dire, les
bords de la trouée. Dans un terrain aussi peu
résistant, les ravins se creusent en coupures
profondes et étroites dont les flancs à pic
montent vers des arêtes en lames de couteaux et
vers le Nord, au moins jusqu'aux montagnes qui
bordent la rive droite de l'Ou erra, le même aspect
du terrain se prolonge en s'accusant encore. Ces
paysages qui sont parmi les plus tourmentés qui.
soient au Maroc, ont à cette époque de l'année
un aspect riant. Les cultures sont nombreuses et
tachetées, çà et là, de touffes de palmiers nains;
une immensilé d'orge verte ondule sur plaines et
mamelons. Pa.r endroits, des tapis de fleurs aux
vives couleurs entremêlent les mauves, les jaunes
et les rouges en larges taches; enfin, de nom-
breux villages aux maisons blanchies à la chaux,
et des bouquets d'oliviers complètent un paysage
tourmenté et gai à la fois, mais qui répond mal
à l'idée de route facile attachée si souvent à la
grande route de Fez à Oudjda.
Les troupes rentraient au camp vers 1 heure et
l'après-midi du 11 s'achevait paisiblement quand
vers 5 heures nous aperçûmes un spectacle extra-
ordinaire : sur le flanc Nord de la vallée de l'oued
Amelil, au versant d'une crête verte, serpentait
un chemin sur lequel, interminablement, des Ma-
rocains défilaient. Pendant plus de deux heures-
cette procession continua, partant d'une mechta
et d'un bois d'oliviers situé sur la gauche et se
dirigeant à droite jusqu'à un petit col derrière le-
quel disparaissait la route. Non loin de là un camp
s'établissait, et à la jumelle on pouvait voir les
indigènes placer des vedeltes. Sur la gauche,
quelques coups de fusils étaient tirés contre des
spahis protégeant les abords du camp.
La colonne devait se porter au-devant du gé-
néral Lyautey dès l'aube du 12 et partir le 13 pour
Taza. Mais les rassemblements marocains obli-
gèrent le général. Gouraud à changer ses disposi-
tions. Il était impossible, en effet, de laisser à
quelques pas de nous une troupe ennemie aussi
importante sans la briser, d'autant que, d'après
certains renseignements, cette harka se rassem-
blait une fois de plus à l'appel de El Hadjami que
sa défaite du Ier mai n'avait pas assagi. Aussi les
dispositions étaient-elles prises pour disperser
ces agglomérations et les balayer au delà d'une
grande crête rocheuse qu'on apercevait vers le
Nord, à une douzaine de kilomètres à vol d'oi-
seau. En prévision d'une attaque de nuit, les
tentes, étaient abattues et les projecteurs fouil-
laient les environs qui s'illuminaient des feux
ennemis. La nuit se passa cependant d'une façon
calme et au lever du soleil, une force importante
restant à la garde du camp, la colonne se mettait
en route.
Le pays dans lequel allait se dérouler « le com-
bat de la- montagne des Tsoul » présentait l'as-
pect suivant. Au pied du camp, deux vallées pa-
rallèles doivent être franchies pour parvenir à'a
crête où défilait hier la procession des Marocains.
Flanquant à l'Ouest des vallées, un piton sup-
portait une mechta et à l'Ouest les oueds issus de
ces dépressions rejoignaient les eaux de l'oued
Amelil. La crête nord dite des Kraoua, aux flancs
assez abrupts, est surmontée d'une éminence en
forme de trapèze et parsemée, au milieu de
champs d'orge, de plaques de doum et de petits
bois d'oliviers, desquels émergent sur là droite
deux ou trois mechta.
Arrivé au sommet de la tablé, la vue plongeait
sur un paysage tout à fait impressionnant. Une
vallée très profonde, et très étroite s'effondrait
pour ainsi dire ; vers l'Ouest, elle traversait un
bois d'oliviers assez dense et s'ouvrait sur une
plaine triangulaire d'où émergaient des rochers
dénudés aux arêtes vives. Le fond de la vallée et
les gradins successifs conduisant à l'oued qui en
occupe le fond sont parsemés de mechta nom-
breuses, presque toutes entourées d'arbres, oli-
viers, betoum, qui, sur le flanc Nord du djebel
Beni-Frazen, remontent assez haut par les cou-
lées parallèles. Le pays est fertile, très habité et
très cultivé ; de nombreuses sources coule une
eau claire et fraîche et qui rend verdoyantes les,
terres argileuses de cette vallée. Cette verdure
fait contraste avec l'aridité pierreuse des flancs
du djebel au-dessus du niveau des sources.'Cette
barre rocheuse se dresse comme un mur bosselé
de l'Est à l'Ouest par des saillants arrondis et
nus entre lesquels se glissent des coulées qui
conduisent à de petits cols dentelant le sommet
de l'arête. L'impression de cette barre est prodi-
gieuse. C'est un mur dressé à pic qui domine de
400 mètres le pays environnant et dont le sol ro-
cheux, brûlé par le soleil, rend l'aspect plus âpre
encore et plus.rébarbatif. On se rend compte des
difficultés énormes d'un tel champ de bataille.
Pays coupé, propice aux embuscades, au travers
duquel les moindres mouvements sont gênés par
les ravins à franchir et les pentes à gravir de
cette nouvelle Kabylie.
Dès quatre heures du matin, les troupes mar-
chaient à l'attaque d'après le dipositif suivant.
A droite le groupe Delavau avec une batterie et
demie de 65 s'engageait dans la vallée de l'oued
Amelil pour attaquer de flanc les hauteurs sur
lesquelles se trouvait le rassemblement ennemi.
Au centre, le groupe Bulleux, avec une batterie
de 65 et un peloton de spahis, marchait droit sur
le même objectif; à gauche le groupe Girodon
avec la compagnie de légion montée attaquait le
col qui réunissait la première et la deuxième
crête. Enfin le gros de la cavalerie, soit 7 pelo-
tons de spahis et 3 pelotons de chasseurs
d'Afrique sous les ordres du commandant de
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