Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'APRIQUM FRANÇAISE 51
nos installations et le développement de la société
indigène.
Le maréchal Pélissier ne s'y était pas trompé.
Il avait prévu les graves conséquences de l'erreur
commise en 1863; il avait protesté, formulé ses
vues, précisé ses projets basés sur l'expérience
et l'équité, mais ce fut en vain.
J'insiste sur les dispositions du sénatus-con-
sulte de 1863, quelque aridité que préaente le
sujet, parce que c'est évidemment un des actes
qui ont le plus lourdement pesé sur l'organisation
algérienne. La politique qu'il avait consacrée ne
manquait pas, en effet, de provoquer des mesures
de réaction, quand, après la guerre de 1870, les
pouvoirs publics se montrèrent plus soucieux de
la mise en valeur de la colonie et de l'épanouis-
sement de toutes ses forces vives. C'était fatal.
Mais il peut se faire qu'en se proposant de réparer
une faule, on soit amené à en commettre d'autres.
Pendant plus de trente ans, les autorités qui
présidèrent aux destinées de la colonie s'effor-
cèrent de déborder les vastes territoires attribués
aux tribus, de les ouvrir à l'émigration française,
au progrès agricole, et il arriva que plusieurs de
ces tentatives, animées du plus généreux esprit,
mais mal conçues, mal réalisées, jetèrent un
trouble profond dans des milliers de familles in-
digènes.
Ainsi cette entreprise capitale, la constitution
de la propriété indigène une fois mal engagée,
n'a pas cessé d'être le tourment de l'administra-
tion algérienne.
C'est seulement depuis 1897 que la loi a ins-
titué une procédure non pas parfaite, mais plus
équitable, plus souple et plus expéditive, mieux
faite pour sauvegarder les intérêts respectifs de
la colonisation et de nos sujets musulmans.
Oserais-je dire qu'à mon avis, la solution défi-
nitive serait le vote du projet que j'ai soumis dès
1904 au gouvernement, et qui repose dans la
poussière de je ne sais quel bureau ministériel ?
Ce projet a pour objet de fixer les règles de l'im-
matriculation des immeubles suivant les prin-
cipes de YAct Torrens, c'est à-dire à l'exemple de
la législation foncière inaugurée en 1855 dans
l'Etat de l'Australie du Sud, et importée il y a
une trentaine d'années en Tunisie, et il y a quel-
ques années en Afrique Occidentale. Quoi qu'il
en soit, il faut parer à cette impérieuse nécessité;
il faut assurer définitivement, en Algérie, la faüi-
lité et la sécurité des transactions et des échanges,
en donnant à la propriété la certitude et l'assiette
qui lui manquent.
J'ai dit tout à l'heure que l'idée de constitution
d'un royaume arabe, qui avait prévalu dans les
conseils du gouvernement impérial, n'avait pas
tardé à être battue en brèche. Même, à la fin de
l'Empire, au sein du Corps législatif, un député,
le comte Lehon, à la suite d'une enquête faite sur
place, présentait un saisissant exposé des aspi-
rations et des besoins des colons, des promessps
de leur énergie, et réclamait l'institution d'un
gouvernement civil.
Déjà, en 1868, dans son beau livre — livre
prophétique — la France nouvelle ,— Prévost-
Paradol avait écrit cette page admirable que nos
hommes d Etat ne sauraient trop méditer encore
à l'heure actuelle :
Nous avons encore cette chance suprême, et cette chance
s'appelle d'un nom qui devrait être plus populaire en
France : l'Algérie. Cette terre féconde, elle convieut excel-
lemment, par la nature du sol, à une nation d'agriculteurs,
et l'amélioration du régime des eaux, qui est en ce pays la
question la plus importante, n'est nullement au-dessus de
notre science et de nos richesses. Cette terre estassiez
près de nous pour que le Français, qui n'aime pas a
perdre de vue son clocher, ne s'y regarde pas comme
exilé, et puisse continuer à suivre des yeux et du cœur les
affaires de la mère patrie. Enfin, elle est pour nous, par
son rapprochement de nos côtes et par sa configuration
même, d'une défense facile, et 1p« deux contrées qui la
bornent n'imposent aucune limite efficace à notre action le
jour où il nous paraîtra nécessaire de nous étendre.
Puisse-t-il venir bientôt, ce jour où nos concitoyens, a
l'étroit dans notre France africaine, déborderont sur le
Maroc et sur la Tunisie, et fonderont eptin cet empire
méditerranéen qui ne sera pas seulem pour notre orgueil, mais qui sera certainement, dans l'oiat
futur du monde, la dernière ressource de notre grandeur
Deux obstacles ont ralenti jusqu'à ce jour la colonisation
française de l'Algérie : l'existence de la race arabe, qu'il
paraît également difficile, de nous assimiler ou de détruire,
et nos longues incertitudes sur le régime qu'il convient
d'adopter pour le gouvernement eL l'administration de la
colonie. Mais il n'est nullement impossible et il est urgent
de résoudre ces deux problèmes; il y a un chemin jLlter-
médiaire à prendre entre le procédé inhumain et impoli-
tique qui consisterait à détruire ou à refouler de parti pris
les Arabes, et le procédé tout opposé qui consiste à sacri-
fier, par un respect exagéré des préjugés et de la faiblesse
des Arabes, les intérêts légitimes des coloris et le besoin
si pressapt de la France de jeter des racines profondes en
Afrique.
L'Afrique ne doitpas être pour nous ui comptoir comme
l'Inde, i,i seulement un camp et un champ d'exercice pour
notre armée, encore moins un champ d'expérience poux-
nos philanthropes ; c'est une terre f ançaise qui doit être
!e plus tôt possible peuplée, possédée et cultivée par des
Français, si nous voulons qu'elle puisse un jour peser de
notre côté dans l'arrangement des affaires humaines.
Car il n'y a que deux façons de concevoir la destinée
future de la France : ou bien nous resterons ce que
nous sommes, nous consumant sur place dans une agita -
tion intermittente et impuissante, au milieu de la rapide
transformation de tout ce qui nous entoure, et nous tom-
berons dans une honteuse insignifiance, sur ce globe
occupé par la postérité de nos anciens rivaux. partant leur
langue, dominé par leurs usages et rempli de leurs
affaires, soit qu'ils vivent unis pour exploiter en commun
le reste de la race humaine, soit qu'ib se jalousent et s(
combattent au-dessus de nos têtes ; ou bien de sa à
100 millions de Français, fortement établis sur les den\
rives de la Méditerranée, au cœur de l'ancien continent.
maintiendront à travers les temps k nom, la langue et la.
légitime considération de la France. Qu'on en seit bien
persuadé ce n'est pas à un moindre prix. ni aye" de
moindres forces, qu'on pourra èlre compté pour quelque
chose et suffisamment respecté dans ce monde nouveau,
que nous ne verrons pas, mais qui s'approche assez pour
projeter déjà sur nous son ombre et dans lequel vivro/it
nos petits-fils Puisse la préoccupation de ce redoutable
avenir nous faire estimer à leur juste prix nos misera ides
querelles, et nous unir enfin Jans un vœu ardent et ;iau>
un généreux effort, pour la perpétuité et pour l'honneur
du nom français ! ( Vifs aPP!£IlH'i:i:<.S.'tn!:'tlts.)
yI. Prévost-Paradol traçait en un stvle luiui-
nos installations et le développement de la société
indigène.
Le maréchal Pélissier ne s'y était pas trompé.
Il avait prévu les graves conséquences de l'erreur
commise en 1863; il avait protesté, formulé ses
vues, précisé ses projets basés sur l'expérience
et l'équité, mais ce fut en vain.
J'insiste sur les dispositions du sénatus-con-
sulte de 1863, quelque aridité que préaente le
sujet, parce que c'est évidemment un des actes
qui ont le plus lourdement pesé sur l'organisation
algérienne. La politique qu'il avait consacrée ne
manquait pas, en effet, de provoquer des mesures
de réaction, quand, après la guerre de 1870, les
pouvoirs publics se montrèrent plus soucieux de
la mise en valeur de la colonie et de l'épanouis-
sement de toutes ses forces vives. C'était fatal.
Mais il peut se faire qu'en se proposant de réparer
une faule, on soit amené à en commettre d'autres.
Pendant plus de trente ans, les autorités qui
présidèrent aux destinées de la colonie s'effor-
cèrent de déborder les vastes territoires attribués
aux tribus, de les ouvrir à l'émigration française,
au progrès agricole, et il arriva que plusieurs de
ces tentatives, animées du plus généreux esprit,
mais mal conçues, mal réalisées, jetèrent un
trouble profond dans des milliers de familles in-
digènes.
Ainsi cette entreprise capitale, la constitution
de la propriété indigène une fois mal engagée,
n'a pas cessé d'être le tourment de l'administra-
tion algérienne.
C'est seulement depuis 1897 que la loi a ins-
titué une procédure non pas parfaite, mais plus
équitable, plus souple et plus expéditive, mieux
faite pour sauvegarder les intérêts respectifs de
la colonisation et de nos sujets musulmans.
Oserais-je dire qu'à mon avis, la solution défi-
nitive serait le vote du projet que j'ai soumis dès
1904 au gouvernement, et qui repose dans la
poussière de je ne sais quel bureau ministériel ?
Ce projet a pour objet de fixer les règles de l'im-
matriculation des immeubles suivant les prin-
cipes de YAct Torrens, c'est à-dire à l'exemple de
la législation foncière inaugurée en 1855 dans
l'Etat de l'Australie du Sud, et importée il y a
une trentaine d'années en Tunisie, et il y a quel-
ques années en Afrique Occidentale. Quoi qu'il
en soit, il faut parer à cette impérieuse nécessité;
il faut assurer définitivement, en Algérie, la faüi-
lité et la sécurité des transactions et des échanges,
en donnant à la propriété la certitude et l'assiette
qui lui manquent.
J'ai dit tout à l'heure que l'idée de constitution
d'un royaume arabe, qui avait prévalu dans les
conseils du gouvernement impérial, n'avait pas
tardé à être battue en brèche. Même, à la fin de
l'Empire, au sein du Corps législatif, un député,
le comte Lehon, à la suite d'une enquête faite sur
place, présentait un saisissant exposé des aspi-
rations et des besoins des colons, des promessps
de leur énergie, et réclamait l'institution d'un
gouvernement civil.
Déjà, en 1868, dans son beau livre — livre
prophétique — la France nouvelle ,— Prévost-
Paradol avait écrit cette page admirable que nos
hommes d Etat ne sauraient trop méditer encore
à l'heure actuelle :
Nous avons encore cette chance suprême, et cette chance
s'appelle d'un nom qui devrait être plus populaire en
France : l'Algérie. Cette terre féconde, elle convieut excel-
lemment, par la nature du sol, à une nation d'agriculteurs,
et l'amélioration du régime des eaux, qui est en ce pays la
question la plus importante, n'est nullement au-dessus de
notre science et de nos richesses. Cette terre estassiez
près de nous pour que le Français, qui n'aime pas a
perdre de vue son clocher, ne s'y regarde pas comme
exilé, et puisse continuer à suivre des yeux et du cœur les
affaires de la mère patrie. Enfin, elle est pour nous, par
son rapprochement de nos côtes et par sa configuration
même, d'une défense facile, et 1p« deux contrées qui la
bornent n'imposent aucune limite efficace à notre action le
jour où il nous paraîtra nécessaire de nous étendre.
Puisse-t-il venir bientôt, ce jour où nos concitoyens, a
l'étroit dans notre France africaine, déborderont sur le
Maroc et sur la Tunisie, et fonderont eptin cet empire
méditerranéen qui ne sera pas seulem
futur du monde, la dernière ressource de notre grandeur
Deux obstacles ont ralenti jusqu'à ce jour la colonisation
française de l'Algérie : l'existence de la race arabe, qu'il
paraît également difficile, de nous assimiler ou de détruire,
et nos longues incertitudes sur le régime qu'il convient
d'adopter pour le gouvernement eL l'administration de la
colonie. Mais il n'est nullement impossible et il est urgent
de résoudre ces deux problèmes; il y a un chemin jLlter-
médiaire à prendre entre le procédé inhumain et impoli-
tique qui consisterait à détruire ou à refouler de parti pris
les Arabes, et le procédé tout opposé qui consiste à sacri-
fier, par un respect exagéré des préjugés et de la faiblesse
des Arabes, les intérêts légitimes des coloris et le besoin
si pressapt de la France de jeter des racines profondes en
Afrique.
L'Afrique ne doitpas être pour nous ui comptoir comme
l'Inde, i,i seulement un camp et un champ d'exercice pour
notre armée, encore moins un champ d'expérience poux-
nos philanthropes ; c'est une terre f ançaise qui doit être
!e plus tôt possible peuplée, possédée et cultivée par des
Français, si nous voulons qu'elle puisse un jour peser de
notre côté dans l'arrangement des affaires humaines.
Car il n'y a que deux façons de concevoir la destinée
future de la France : ou bien nous resterons ce que
nous sommes, nous consumant sur place dans une agita -
tion intermittente et impuissante, au milieu de la rapide
transformation de tout ce qui nous entoure, et nous tom-
berons dans une honteuse insignifiance, sur ce globe
occupé par la postérité de nos anciens rivaux. partant leur
langue, dominé par leurs usages et rempli de leurs
affaires, soit qu'ils vivent unis pour exploiter en commun
le reste de la race humaine, soit qu'ib se jalousent et s(
combattent au-dessus de nos têtes ; ou bien de sa à
100 millions de Français, fortement établis sur les den\
rives de la Méditerranée, au cœur de l'ancien continent.
maintiendront à travers les temps k nom, la langue et la.
légitime considération de la France. Qu'on en seit bien
persuadé ce n'est pas à un moindre prix. ni aye" de
moindres forces, qu'on pourra èlre compté pour quelque
chose et suffisamment respecté dans ce monde nouveau,
que nous ne verrons pas, mais qui s'approche assez pour
projeter déjà sur nous son ombre et dans lequel vivro/it
nos petits-fils Puisse la préoccupation de ce redoutable
avenir nous faire estimer à leur juste prix nos misera ides
querelles, et nous unir enfin Jans un vœu ardent et ;iau>
un généreux effort, pour la perpétuité et pour l'honneur
du nom français ! ( Vifs aPP!£IlH'i:i:<.S.'tn!:'tlts.)
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