Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 2111
même de nos alliés qui se préoccupent surtout
des colonies françaises et dans un but qui ne
tient pas suffisamment compte de nos intérêts
nationaux. On est un peu tenté, à l'étranger, de
considérer nos possessions comme une sorte de
domaine provisoire où, lors du règlement de la
paix, chacun pourrait puiser, conformément à ses
besoins et à ses aspirations particulières. Je tiens
à dire ici que nos colonies, dont l acquisition a
été payée par notre peuple de tant de sacrifices
et dont la mise en valeur nous a coûté tant de
labeur et tant de peine, nous les considérons
comme faisant partie intégrante de la France. Ce
n'est pas au moment où les populations de nos
colonies viennent de payer de leur sang, sur nos
champs de bataille, le droit d'appartenir à la
grande famille française, que nous pourrions to-
lérer de laisser planer le moindre doute à cet
égard. »
Mais, si le fait d'être en complet accord avec
l'opinion et le gouvernement de son pays apporte
à l'auteur de ces lignes le plus précieux et le plus
puissant réconfort, il n'en puise pas moins dans
ses travaux antérieurs sur les questions italiennes
- qui lui ont procuré l'occasion d'apprécier plei-
nement la puissance latente et la force d'expan-
sion de l'Italie — l'autorité nécessaire pour
être entendu de ses confrères italiens sans être
suspecté par eux de parti pris. Nous estimons en
effet que la France et l'Italie ont beaucoup à ga-
gner en étudiant leurs méthodes coloniales respec-
tives : si les Italiens peuvent tirer d'utiles en-
seignements de notre longue expérience africaine
et musulmane, l'équité nous oblige par contre à
reconnaître que nos alliés se font de la politique
coloniale une conception plus large que la nôtre,
embrassant non seulement les problèmes relatifs
aux colonies de domination directe, mais aussi
ceux — bien plus importants pour eux — qui con-
cernent la colonisation des pays étrangers par
leurs innombrables émigrants, dont on s'efforce
de maintenir l'italianité par une organisation des
plus perfectionnées. Voilà pourquoi l'/stltuto
Coloniale Italiano a dans ses attributions celle
de donner une direction utile à l'émigration et de
constituer un lien permanent entre la métropole
et les nationaux vivant à l'étranger, dont il re-
présente les intérêts collectifs (1) ; voilà pourquoi
le Congrès colonial de Naples s'est préoccupé des
moyens les plus propres à adapter les courants
migratoires au développement agricole et indus-
triel d'après-guerre. Et si l'Italie pouvait trouver
dans certaines acquisitions en Asie Mineure le
moyen de satisfaire le désir fréquemment exprimé
dans ses milieux coloniaux de retenir en territoire
national une partie appréciable de son émigra-
tion, nous n'y verrions, pour notre part, aucune
objection, à condition que cette solution ne porte
pas préjudice à des intérêts français essentiels.
C'est par une meilleure compréhension réci-
proque de leurs véritables besoins nationaux, par
(1) Cet exemple est maintenant suivi par la Ligue lJotOmutt:
Française, qui étend son action aux colonies françaises à l'étran-
ger. Le Comité de l'Afrique française a souvent donné l'exemple.
ne plus juste appréciation de leurs intérêts vi-
taux dans la discussion des questions de « mi-
toyenneté » partout où leur expansion les met en
contact, que les deux grandes nations latines réa-
liseront entre elles cette entente coloniale qui est
le complément nécessaire de leur alliance. Nous
essayons d'y contribuer de notre mieux par nos
modestes, mais sincères et persévérants efforts.
Camille FInEL.
DIX ANS APRÈS
CASABLANCA 1907-1917
ORDRE GÉNÉRAL N° 57.
Le 5 août 1901, il y a exactement dix ans,
les marins du Galilée, pour venger le lâche as-
sassinat de plusieurs Européens par des fauteurs
de troubles, débarquaient sur la terre maro-
caine et, sous la conduite de l'héroïque enseigne
de vaisseau Ballande (1), forçaient les portes de .
Casablanca et pénétraient victorieusement dans
la ville.
De ce jour, un champ d'action nouveau se
trouvait ouvert à la France civilisatrif e oii, sous
la protection de nos troupes, grâce à leur labeur
incessant, à leur indomptable énergie, allaient
peu à peu s'implanter les nobles idées de justice,
de progrès, d'humanité qui sont l'apanage de la
nation.
Fez, Marrakech, Taza marquent les princi-
pales étapes de notre progression militaire qui,
chaque année, malgré les réactions inévitables,
malgré les difficultés extérieures répétées, IL a
cessé de s'étendre davantage.
Plus nombreuses peut-etre encore à énumérer
seraient les conquêtes accomplies au Maroe sous
l'impulsion française dans toutes les branches
de l'activité humaine par la civilisation mo-
dei-iie : installation de firmes commerciales et
industrielles; création de vastes entreprises
(1) Au moment même où se célébrait à Casablanca cette com-
mémoration paraissait à Paris une brochure contenant les lettres
écrites pendant la guerre par le liputenant de vaisseau Ballande
(Le lieutenant de vaisseau Charles Ballande, extraits de ses lettres;
Ëi,,chbacher, 33, rue de Seine, Paris). Cet officier a disparu, ou
le sait, au champ d'honneur dans le torpillage du Léon Gam-
betta, dans la nuit du 26 au 27 avril 1915. Il y était aide de camp
du contre-amiral Senès, qui fut, lui aussi, un Marocain et qui péri
dans ce drame. Ces lettres ont été écrites du 31 juillet 1914 au 23
avril 1913 et elles sont pleines de confiance et de patriotisme.
C'est ainsi qu'il répondait le 26 août de Malte aux souvenirs de
ses parents pour l'anniversaire du débarquement de Ca«ab'anca
qui lui avait valu la croix : « Merci de vu", bons et affectufnx
souhaits à propos de Casablanca. C'est un anniversaire qui m'est
cher et que j'aurais aimé à fêter par quelque autre épisode
glorieux. Je suis extrêmement fier de mon pays. Son attitude a
atteint aux plus hautes cimes du beau, du noble et du sublime »
On peut regretter que cette publication émouvante n'ait pas fait
une place aux lettres que Ballande avait sans doute écrites au
moment du débarquement de Casablanca, belle page qui aurait pu
servir de préface à ces lettres de guerre, à côté des dernières
volontés écrites le 1er août 1914 « Si je suis emporté dans la
tourmente qui vient de s'abattre sur mon pays, je désire qu'on ne
me plaigne ni me regrette. Il n'y a pas de plus beau destin pour
un officier que de mourir au service de son pays. Il n'y a lien
dont une femme, une mère et une fille puissent être plus fièru. >>
même de nos alliés qui se préoccupent surtout
des colonies françaises et dans un but qui ne
tient pas suffisamment compte de nos intérêts
nationaux. On est un peu tenté, à l'étranger, de
considérer nos possessions comme une sorte de
domaine provisoire où, lors du règlement de la
paix, chacun pourrait puiser, conformément à ses
besoins et à ses aspirations particulières. Je tiens
à dire ici que nos colonies, dont l acquisition a
été payée par notre peuple de tant de sacrifices
et dont la mise en valeur nous a coûté tant de
labeur et tant de peine, nous les considérons
comme faisant partie intégrante de la France. Ce
n'est pas au moment où les populations de nos
colonies viennent de payer de leur sang, sur nos
champs de bataille, le droit d'appartenir à la
grande famille française, que nous pourrions to-
lérer de laisser planer le moindre doute à cet
égard. »
Mais, si le fait d'être en complet accord avec
l'opinion et le gouvernement de son pays apporte
à l'auteur de ces lignes le plus précieux et le plus
puissant réconfort, il n'en puise pas moins dans
ses travaux antérieurs sur les questions italiennes
- qui lui ont procuré l'occasion d'apprécier plei-
nement la puissance latente et la force d'expan-
sion de l'Italie — l'autorité nécessaire pour
être entendu de ses confrères italiens sans être
suspecté par eux de parti pris. Nous estimons en
effet que la France et l'Italie ont beaucoup à ga-
gner en étudiant leurs méthodes coloniales respec-
tives : si les Italiens peuvent tirer d'utiles en-
seignements de notre longue expérience africaine
et musulmane, l'équité nous oblige par contre à
reconnaître que nos alliés se font de la politique
coloniale une conception plus large que la nôtre,
embrassant non seulement les problèmes relatifs
aux colonies de domination directe, mais aussi
ceux — bien plus importants pour eux — qui con-
cernent la colonisation des pays étrangers par
leurs innombrables émigrants, dont on s'efforce
de maintenir l'italianité par une organisation des
plus perfectionnées. Voilà pourquoi l'/stltuto
Coloniale Italiano a dans ses attributions celle
de donner une direction utile à l'émigration et de
constituer un lien permanent entre la métropole
et les nationaux vivant à l'étranger, dont il re-
présente les intérêts collectifs (1) ; voilà pourquoi
le Congrès colonial de Naples s'est préoccupé des
moyens les plus propres à adapter les courants
migratoires au développement agricole et indus-
triel d'après-guerre. Et si l'Italie pouvait trouver
dans certaines acquisitions en Asie Mineure le
moyen de satisfaire le désir fréquemment exprimé
dans ses milieux coloniaux de retenir en territoire
national une partie appréciable de son émigra-
tion, nous n'y verrions, pour notre part, aucune
objection, à condition que cette solution ne porte
pas préjudice à des intérêts français essentiels.
C'est par une meilleure compréhension réci-
proque de leurs véritables besoins nationaux, par
(1) Cet exemple est maintenant suivi par la Ligue lJotOmutt:
Française, qui étend son action aux colonies françaises à l'étran-
ger. Le Comité de l'Afrique française a souvent donné l'exemple.
ne plus juste appréciation de leurs intérêts vi-
taux dans la discussion des questions de « mi-
toyenneté » partout où leur expansion les met en
contact, que les deux grandes nations latines réa-
liseront entre elles cette entente coloniale qui est
le complément nécessaire de leur alliance. Nous
essayons d'y contribuer de notre mieux par nos
modestes, mais sincères et persévérants efforts.
Camille FInEL.
DIX ANS APRÈS
CASABLANCA 1907-1917
ORDRE GÉNÉRAL N° 57.
Le 5 août 1901, il y a exactement dix ans,
les marins du Galilée, pour venger le lâche as-
sassinat de plusieurs Européens par des fauteurs
de troubles, débarquaient sur la terre maro-
caine et, sous la conduite de l'héroïque enseigne
de vaisseau Ballande (1), forçaient les portes de .
Casablanca et pénétraient victorieusement dans
la ville.
De ce jour, un champ d'action nouveau se
trouvait ouvert à la France civilisatrif e oii, sous
la protection de nos troupes, grâce à leur labeur
incessant, à leur indomptable énergie, allaient
peu à peu s'implanter les nobles idées de justice,
de progrès, d'humanité qui sont l'apanage de la
nation.
Fez, Marrakech, Taza marquent les princi-
pales étapes de notre progression militaire qui,
chaque année, malgré les réactions inévitables,
malgré les difficultés extérieures répétées, IL a
cessé de s'étendre davantage.
Plus nombreuses peut-etre encore à énumérer
seraient les conquêtes accomplies au Maroe sous
l'impulsion française dans toutes les branches
de l'activité humaine par la civilisation mo-
dei-iie : installation de firmes commerciales et
industrielles; création de vastes entreprises
(1) Au moment même où se célébrait à Casablanca cette com-
mémoration paraissait à Paris une brochure contenant les lettres
écrites pendant la guerre par le liputenant de vaisseau Ballande
(Le lieutenant de vaisseau Charles Ballande, extraits de ses lettres;
Ëi,,chbacher, 33, rue de Seine, Paris). Cet officier a disparu, ou
le sait, au champ d'honneur dans le torpillage du Léon Gam-
betta, dans la nuit du 26 au 27 avril 1915. Il y était aide de camp
du contre-amiral Senès, qui fut, lui aussi, un Marocain et qui péri
dans ce drame. Ces lettres ont été écrites du 31 juillet 1914 au 23
avril 1913 et elles sont pleines de confiance et de patriotisme.
C'est ainsi qu'il répondait le 26 août de Malte aux souvenirs de
ses parents pour l'anniversaire du débarquement de Ca«ab'anca
qui lui avait valu la croix : « Merci de vu", bons et affectufnx
souhaits à propos de Casablanca. C'est un anniversaire qui m'est
cher et que j'aurais aimé à fêter par quelque autre épisode
glorieux. Je suis extrêmement fier de mon pays. Son attitude a
atteint aux plus hautes cimes du beau, du noble et du sublime »
On peut regretter que cette publication émouvante n'ait pas fait
une place aux lettres que Ballande avait sans doute écrites au
moment du débarquement de Casablanca, belle page qui aurait pu
servir de préface à ces lettres de guerre, à côté des dernières
volontés écrites le 1er août 1914 « Si je suis emporté dans la
tourmente qui vient de s'abattre sur mon pays, je désire qu'on ne
me plaigne ni me regrette. Il n'y a pas de plus beau destin pour
un officier que de mourir au service de son pays. Il n'y a lien
dont une femme, une mère et une fille puissent être plus fièru. >>
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