Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
41
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 185
Bartels, attaché depuis plus d'une année à la per-
sonne du prétendant.
On peut estimer à 300.000 francs par mois la
subvention versée pour cette action dont les direc-
tives se résument ainsi: tenir les Français en
alerte sur ce front marocain, les harceler de telle
sorte qu'ils ne puissent y prélever des renforts
pour leurs fronts d'Europe.
En exécution de ce programme, Abd El Malek
a réuni trois méhallas dont les lecteurs du Bul-
letin connaissent les vicissitudes. Battues en
janvier 1016 par les colonnes Simon et Derigoin,
elles se sont dispersées dans les montagnes rif-
faines pour se regrouper autour de l'inépuisable
trésor allemand. Elles ont tenté, de loin en loin,
pendant la mauvaise saison, quelques coups de
main contre nos postes, nos voies de communi-
cations, nos confins politiques.
A cette action irritante, nous avons opposé,
dès que le retour de la belle saison l'a permis,
une réaction énergique. Elle s'achève, en avril
1917, comme s'était achevée notre campagne de
janvier 1916, par la défaite des mehallas d'Abd
el Malek, par la retraite de ses contingents dans
les montagnes de la zone espagnole.
El Hiba, au contraire de son protagoniste, a
pour lui le triple prestige de ses origines, de son
autorité spirituelle, du pouvoir temporel qu'il
exerça : il est fils de Ma el Aïnin, madhi et sul-
tan déchu. Son épopée est présente à la mémoire
des lecteurs du Bulletin (1).
L'Allemagne l'ayant élu pour chef de l'insur-
rection dans le Sud, lui avait promis du matériel
et de l'argent. Elle n'a pu tenir ses promesses,
mais sa propagande a suffi à regrouper cette pous-
. sière mahdiste qui tourbillonne d'un bord à
l'autre du Sahara, en quête d'une épopée ou
même d'un simple pillage.
Nous n'avions, depuis la bataille de Sidi-bou-
Othman (6 décembre 1912), opposé à ces hordes
que des contingents indigènes commandés par
les grands chefs du Sud. Cette fois, le général de
Lamothe, appuyant ces troupes du Makhzen de
tout le poids de sa colonne mobile, est venu leur
offrir le combat jusqu'au Sud de Tiznit. On lira
plus loin les détails de sa victorieuse campagne.
Les résultats sont les suivants : les mahdistes
écrasés; les tribus du Sud soumises ; El Hiba en
fuite dans les montagnes de l'Anti-Atlas. Ainsi
tous deux, Abd el Malek et El Hiba, vaincus,
désemparés, déconsidérés, sont pareillement ba-
layés de nos horizons.
Victoires brillantes dont il faut interpréter les
conséquences.
Le trésor de guerre d'Abd el Malek est sauf,
c'est même la seule chose qu'il ait sauvé ; son
prestige a fort souffert de la sollicitude avec la-
quelle, dès les premiers coups de fusils, il a mis
à l'abri sa personne et son argent.
Le budget de la propagande allemande s'épuise;
Berlin se lasse d'arroser, cette ingrate terre maro-
(i) Bulletin de mars et avril 191 î.
caine. Sans doute Bartels prodiguera de fausses
promesses, Abd el Malek bénéficiera quelque
temps encore du crédit que lui valent ses largesses
passées. Ce bluff n'aura qu'un temps.
Tout dépend de la vigilance avec laquelle les
Espagnols fermeront leur territoire à la contre-
bande de guerre allemande. S'ils le veulent, Abd
el Malek n'aura demain ni une peseta, ni un par-
tisan. Le voudront-ils? Le gouvernement du
comte Romanonès nous en a donné l'assurance ;
il ne tiendra qu'à M. Garcia Prieto de nous en
donner la preuve.
La défaite d'El Hiba a des conséquences plus
immédiates. Nous avons, en traversant l'Atlas,
en parcourant le Sous, fait œuvre de conquérants.
Le général de Lamothe laisse derrière lui une or-
ganisation solide, bien étayée. Le caïd El Hadj
Taïeb Goundafi, nommé naïb du sultan, va com-
mander cette nouvelle marche makhzénienne,
Son habileté, son énergie bien connues y trou-
veront emploi ; il lui sera loisible d'organiser au
mieux de nos intérêts ces populations turbulentes
que nos victoires ont réduites à merci.
Tiznit, poste avancé de notre pénétration, dotée
d'une bonne garnison de 800 soldats du Makhzen,
ayant même origine et même éducation que nos
tirailleurs, pourvue d'un poste de T. S. F., de-
vient le musoir d'une solide estacade constituée
par le triangle Agadir-Taroudant-Tiznit. De cet
observatoire, nous veillerons sur la côte Atlan-
tique, sur l'Anti-Atlas, sur le Sahara, et nous
pourrons rayonner au loin.
Opérations contre Abd el Malek.
Les groupes mobiles de Fez et de Taza (1) sont
groupés le 1er avril autour de Taza, n'attendant
qu'une embellie pour se mettre en route. Leur
premier objectif est la mehalla de Si el Kebir
installée chez les Megraoua dont elle a mis les vil-
lages en état de défense.
Le 2 avril, on se met en marche en deux co-
lonnes : la colonne principale commandée par le
général Cherrier, bouscule l'ennemi, occupe ses
retranchements et va camper à Aïn-bou -Mehirts,
tandis que la colonne secondaire, aux ordres du
colonel Charlet, refoule quelques partisans et s'ins-
talle à Aïn-Dro, à la limite des Branès et des Me-
graoua.
Après une journée de repos, que l'effroyable état
des routes rend indispensable, le général Cherrier
se porte, le 4 avril, sur le camp de Si-Thouami. Il
bouscule, chemin faisant, des éléments des troupes
régulières d'Abd el Malek, établis dans de judi-
cieuses tranchées et commandés par des Euro-
péens. Les. deux colonnes campent à Souk-el-Bad.
Le 6 avril, tout le groupe mobile se porte à
l'assaut du camp d'Abd el Malek, sur un terrain
coupé de ravins à pic, défendu par un ennemi
nombreux et tenace. La position est brillamment
enlevée;
L'AFRIQUE FRANÇAISE. — NOS 5 et 6
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 185
Bartels, attaché depuis plus d'une année à la per-
sonne du prétendant.
On peut estimer à 300.000 francs par mois la
subvention versée pour cette action dont les direc-
tives se résument ainsi: tenir les Français en
alerte sur ce front marocain, les harceler de telle
sorte qu'ils ne puissent y prélever des renforts
pour leurs fronts d'Europe.
En exécution de ce programme, Abd El Malek
a réuni trois méhallas dont les lecteurs du Bul-
letin connaissent les vicissitudes. Battues en
janvier 1016 par les colonnes Simon et Derigoin,
elles se sont dispersées dans les montagnes rif-
faines pour se regrouper autour de l'inépuisable
trésor allemand. Elles ont tenté, de loin en loin,
pendant la mauvaise saison, quelques coups de
main contre nos postes, nos voies de communi-
cations, nos confins politiques.
A cette action irritante, nous avons opposé,
dès que le retour de la belle saison l'a permis,
une réaction énergique. Elle s'achève, en avril
1917, comme s'était achevée notre campagne de
janvier 1916, par la défaite des mehallas d'Abd
el Malek, par la retraite de ses contingents dans
les montagnes de la zone espagnole.
El Hiba, au contraire de son protagoniste, a
pour lui le triple prestige de ses origines, de son
autorité spirituelle, du pouvoir temporel qu'il
exerça : il est fils de Ma el Aïnin, madhi et sul-
tan déchu. Son épopée est présente à la mémoire
des lecteurs du Bulletin (1).
L'Allemagne l'ayant élu pour chef de l'insur-
rection dans le Sud, lui avait promis du matériel
et de l'argent. Elle n'a pu tenir ses promesses,
mais sa propagande a suffi à regrouper cette pous-
. sière mahdiste qui tourbillonne d'un bord à
l'autre du Sahara, en quête d'une épopée ou
même d'un simple pillage.
Nous n'avions, depuis la bataille de Sidi-bou-
Othman (6 décembre 1912), opposé à ces hordes
que des contingents indigènes commandés par
les grands chefs du Sud. Cette fois, le général de
Lamothe, appuyant ces troupes du Makhzen de
tout le poids de sa colonne mobile, est venu leur
offrir le combat jusqu'au Sud de Tiznit. On lira
plus loin les détails de sa victorieuse campagne.
Les résultats sont les suivants : les mahdistes
écrasés; les tribus du Sud soumises ; El Hiba en
fuite dans les montagnes de l'Anti-Atlas. Ainsi
tous deux, Abd el Malek et El Hiba, vaincus,
désemparés, déconsidérés, sont pareillement ba-
layés de nos horizons.
Victoires brillantes dont il faut interpréter les
conséquences.
Le trésor de guerre d'Abd el Malek est sauf,
c'est même la seule chose qu'il ait sauvé ; son
prestige a fort souffert de la sollicitude avec la-
quelle, dès les premiers coups de fusils, il a mis
à l'abri sa personne et son argent.
Le budget de la propagande allemande s'épuise;
Berlin se lasse d'arroser, cette ingrate terre maro-
(i) Bulletin de mars et avril 191 î.
caine. Sans doute Bartels prodiguera de fausses
promesses, Abd el Malek bénéficiera quelque
temps encore du crédit que lui valent ses largesses
passées. Ce bluff n'aura qu'un temps.
Tout dépend de la vigilance avec laquelle les
Espagnols fermeront leur territoire à la contre-
bande de guerre allemande. S'ils le veulent, Abd
el Malek n'aura demain ni une peseta, ni un par-
tisan. Le voudront-ils? Le gouvernement du
comte Romanonès nous en a donné l'assurance ;
il ne tiendra qu'à M. Garcia Prieto de nous en
donner la preuve.
La défaite d'El Hiba a des conséquences plus
immédiates. Nous avons, en traversant l'Atlas,
en parcourant le Sous, fait œuvre de conquérants.
Le général de Lamothe laisse derrière lui une or-
ganisation solide, bien étayée. Le caïd El Hadj
Taïeb Goundafi, nommé naïb du sultan, va com-
mander cette nouvelle marche makhzénienne,
Son habileté, son énergie bien connues y trou-
veront emploi ; il lui sera loisible d'organiser au
mieux de nos intérêts ces populations turbulentes
que nos victoires ont réduites à merci.
Tiznit, poste avancé de notre pénétration, dotée
d'une bonne garnison de 800 soldats du Makhzen,
ayant même origine et même éducation que nos
tirailleurs, pourvue d'un poste de T. S. F., de-
vient le musoir d'une solide estacade constituée
par le triangle Agadir-Taroudant-Tiznit. De cet
observatoire, nous veillerons sur la côte Atlan-
tique, sur l'Anti-Atlas, sur le Sahara, et nous
pourrons rayonner au loin.
Opérations contre Abd el Malek.
Les groupes mobiles de Fez et de Taza (1) sont
groupés le 1er avril autour de Taza, n'attendant
qu'une embellie pour se mettre en route. Leur
premier objectif est la mehalla de Si el Kebir
installée chez les Megraoua dont elle a mis les vil-
lages en état de défense.
Le 2 avril, on se met en marche en deux co-
lonnes : la colonne principale commandée par le
général Cherrier, bouscule l'ennemi, occupe ses
retranchements et va camper à Aïn-bou -Mehirts,
tandis que la colonne secondaire, aux ordres du
colonel Charlet, refoule quelques partisans et s'ins-
talle à Aïn-Dro, à la limite des Branès et des Me-
graoua.
Après une journée de repos, que l'effroyable état
des routes rend indispensable, le général Cherrier
se porte, le 4 avril, sur le camp de Si-Thouami. Il
bouscule, chemin faisant, des éléments des troupes
régulières d'Abd el Malek, établis dans de judi-
cieuses tranchées et commandés par des Euro-
péens. Les. deux colonnes campent à Souk-el-Bad.
Le 6 avril, tout le groupe mobile se porte à
l'assaut du camp d'Abd el Malek, sur un terrain
coupé de ravins à pic, défendu par un ennemi
nombreux et tenace. La position est brillamment
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L'AFRIQUE FRANÇAISE. — NOS 5 et 6
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