Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 127
Echec et mort de Far.
Cependant la situation s'aggrave. Les Riffains
n'ont plus foi dans les promesses de Far. Ils accep-
tent l'argent qu'Abd el Malek répand à profusion,
mais ils exigent des armes et refusent de marcher
contre les Français sans fusils à tir rapide. -(,hen-
guitti lui-même se sépare de Far, et Bottjer ac-
cuse l'intçrprète Abdelkader ben Zerga de cette
défection; il l'accuse même d'être l'agent des
Français, « car, dit-il, peut-on devenir l'ennemi
d'un tel homme (Chenguitti) ? On ne saurait
trouver dan s tout le Maroc personne qui soit animé
d'autant de bons sentiments, d'autant de bien-
veillance pour les Allemands et qui s'en fasse une
plus haute idée. Ici, comme partout, Far est
arrivé à s'aliéner les indigènes les plus in-
fluents. »
Le mois de septembre n'avance guère les
affaires d'Abd el Malek. Le prétendant déploie
une grande activité pour grouper des contin":
gents. Il reçoit de Melilla de l'argent, de la toile
aç tente, des ouvriers pour confectionner les
tentes, mais les armes. n'arrivent toujours pas,
Abd el Malek en est réduit à acheter aux Riffains
leurs propres armes qu'il paye jusqu'à 160 douros
hassani le fusil.
Bottjer résume la situation : « Grandes assem-
blées, petits incidents. » Il dénonce la duplicité de
Far qui essaie de concilier l'affaire d'Abd el Malek
et les affaires de la Société minière.
A dater de cette époque, le journal de Bottjer
devient énigmatique. Il note sommairement, en
courtes phrases, les incidents qui le frappent, les
défections ou les arrivées des Allemands, la
présence de sous-marins sur la côte (16 sep-
tembre), l'arrivée d'un messager apportant 3.000
cartouches, un pillage, un tremblement de terre
(1er octobre) ; il esquisse un croquis sommaire de
la ?one espagnole.
Sur ces entrefaites, les Espagnols tentent à
Zeboudja une opération de police qui leur fait
gagner du terrain. Les Mtalsa firent retomber sur
les Allemands la responsabilité de cet échec.
Chenguitti doit s'enfuir, laissant seulement chez
El Hadj Omar trois ou quatre légionnaires com-
mandés par Hauk.
Far, qui est tombé gravement malade, appelle
Bartels pour lui confier la direction de l'affaire, il
fait une dernière distribution de l'argent et des
quelques sacs de cartouches qui lui restent, et
prend la route du retour. Coppel, qui vient le cher-
cher,. le trouve mourant ; on le transporte dans
une automobile espagnole à Melilla où il expire
le 2G novembre 1915.
Bartels succède à Far.
Au bas de la 38" et dernière page de son journal
de route, Bottjer écrit, en manière de conclusion :
« Résultat négatif de l'expédition du Maroc.
« Les essais sournois tentés par les agents
allemands dans le Maroc oriental pour provoquer
un mouvement de révolte eurent comme résultat
une forte antipathie des Marocains de ces contrées
contre les Allemands. De sorte que les Allemands
(déserteurs de la Légion), plus tard en traver-
sant ces régions, doivent tomber victimes de ces
gens demi-sauvages.
« Dans le courant de décembre et de janviernous
avons eu connaissance de trois cas dans lesquels
les Allemands ont été assassinés. Si l'on songe
que pendant les mois .d'été beaucoup ont réussi
à se frayer un chemin vers Melilla et que l'on
peut compter sur un nombre égal au cours de
l'hiver, on arrive à cette conclusion que beaucoup
d'Allemands doivent tomber victimes des Maro-
cains fanatiques. »
Lé successeur de Far fut ce Bartels qui est
encore à l'heure actuelle le conseiller d'Abd el
Malek et le chef des agents allemands du Riff.
Bartels, négociant fixé à Rabat, avait épousé la
sœur d'un négociant anglais. Il fut arrêté à Salé
le jour de la mobilisation et envoyé au camp de
Sebdou d'où il s'évada.
En prenant la succession de Far, il déclara ;
« C'est le kaiser qui m'envoie. Il a rappelé Far
parce qu'il faisait trop d'économies. »
Avec lui, l'action allemande prend une nou-
velle allure. L'argent roule, un essai d'organi-
sation groupe les combattants épars en trois
mehalla dont nous conterons un jour les agisse-
ments.
Il serait à souhaiter que le carnet de route de
Bartels vînt à tomber entre nos mains. On aime-
rait à connaître les réflexions qu'ont inspirées au
chef de l'action allemande les déceptions et les
échecs dont 1916 l'a comblé.
La brutalité n'est pas une méthode coloniale;
l'énergie et la ténacité que les Allemands ont mises
au service de leur œuvre de destruction n'a pu
entamer l'œuvre d'organisation pourtant fragile
encore de la France au Maroc.
Et quant à la tentativè d'insurrection panis-
lamique provoquée par des professeurs allemands
coiffés du fez, elle n'est qu'une mascarade bonne
tout au plus pour piper les Turcs. Le Marocain
réaliste ne s'y associera que si on lui donne un
fusil à tir rapide, un bon sac de douros et quel-
ques centaines de cartouches, dont la dernière
sera certainement destinée au Boche... que Dieu
le maudisse!
R. DE S.
ÉCHOS .
Les fouilles de Timgad en igi6 ont donné des ré-
sultats intéressants. D'après le rapport du gouverneur
général de l'Algérie, on a mis à jour les ruines d'une
grande et riche maison avec un bel atrium à six colonnes,
un oecus ou salle de fête, une galerie longue de
33 mètres et des mosaïques remarquables. Line d'entre
elles donne le nom d'un fleuve africain iujonnu jus-
qu'ici, flumen Vamaccllra.
D'importantes fouilles ont été faites aussi à Rüpidum,
Echec et mort de Far.
Cependant la situation s'aggrave. Les Riffains
n'ont plus foi dans les promesses de Far. Ils accep-
tent l'argent qu'Abd el Malek répand à profusion,
mais ils exigent des armes et refusent de marcher
contre les Français sans fusils à tir rapide. -(,hen-
guitti lui-même se sépare de Far, et Bottjer ac-
cuse l'intçrprète Abdelkader ben Zerga de cette
défection; il l'accuse même d'être l'agent des
Français, « car, dit-il, peut-on devenir l'ennemi
d'un tel homme (Chenguitti) ? On ne saurait
trouver dan s tout le Maroc personne qui soit animé
d'autant de bons sentiments, d'autant de bien-
veillance pour les Allemands et qui s'en fasse une
plus haute idée. Ici, comme partout, Far est
arrivé à s'aliéner les indigènes les plus in-
fluents. »
Le mois de septembre n'avance guère les
affaires d'Abd el Malek. Le prétendant déploie
une grande activité pour grouper des contin":
gents. Il reçoit de Melilla de l'argent, de la toile
aç tente, des ouvriers pour confectionner les
tentes, mais les armes. n'arrivent toujours pas,
Abd el Malek en est réduit à acheter aux Riffains
leurs propres armes qu'il paye jusqu'à 160 douros
hassani le fusil.
Bottjer résume la situation : « Grandes assem-
blées, petits incidents. » Il dénonce la duplicité de
Far qui essaie de concilier l'affaire d'Abd el Malek
et les affaires de la Société minière.
A dater de cette époque, le journal de Bottjer
devient énigmatique. Il note sommairement, en
courtes phrases, les incidents qui le frappent, les
défections ou les arrivées des Allemands, la
présence de sous-marins sur la côte (16 sep-
tembre), l'arrivée d'un messager apportant 3.000
cartouches, un pillage, un tremblement de terre
(1er octobre) ; il esquisse un croquis sommaire de
la ?one espagnole.
Sur ces entrefaites, les Espagnols tentent à
Zeboudja une opération de police qui leur fait
gagner du terrain. Les Mtalsa firent retomber sur
les Allemands la responsabilité de cet échec.
Chenguitti doit s'enfuir, laissant seulement chez
El Hadj Omar trois ou quatre légionnaires com-
mandés par Hauk.
Far, qui est tombé gravement malade, appelle
Bartels pour lui confier la direction de l'affaire, il
fait une dernière distribution de l'argent et des
quelques sacs de cartouches qui lui restent, et
prend la route du retour. Coppel, qui vient le cher-
cher,. le trouve mourant ; on le transporte dans
une automobile espagnole à Melilla où il expire
le 2G novembre 1915.
Bartels succède à Far.
Au bas de la 38" et dernière page de son journal
de route, Bottjer écrit, en manière de conclusion :
« Résultat négatif de l'expédition du Maroc.
« Les essais sournois tentés par les agents
allemands dans le Maroc oriental pour provoquer
un mouvement de révolte eurent comme résultat
une forte antipathie des Marocains de ces contrées
contre les Allemands. De sorte que les Allemands
(déserteurs de la Légion), plus tard en traver-
sant ces régions, doivent tomber victimes de ces
gens demi-sauvages.
« Dans le courant de décembre et de janviernous
avons eu connaissance de trois cas dans lesquels
les Allemands ont été assassinés. Si l'on songe
que pendant les mois .d'été beaucoup ont réussi
à se frayer un chemin vers Melilla et que l'on
peut compter sur un nombre égal au cours de
l'hiver, on arrive à cette conclusion que beaucoup
d'Allemands doivent tomber victimes des Maro-
cains fanatiques. »
Lé successeur de Far fut ce Bartels qui est
encore à l'heure actuelle le conseiller d'Abd el
Malek et le chef des agents allemands du Riff.
Bartels, négociant fixé à Rabat, avait épousé la
sœur d'un négociant anglais. Il fut arrêté à Salé
le jour de la mobilisation et envoyé au camp de
Sebdou d'où il s'évada.
En prenant la succession de Far, il déclara ;
« C'est le kaiser qui m'envoie. Il a rappelé Far
parce qu'il faisait trop d'économies. »
Avec lui, l'action allemande prend une nou-
velle allure. L'argent roule, un essai d'organi-
sation groupe les combattants épars en trois
mehalla dont nous conterons un jour les agisse-
ments.
Il serait à souhaiter que le carnet de route de
Bartels vînt à tomber entre nos mains. On aime-
rait à connaître les réflexions qu'ont inspirées au
chef de l'action allemande les déceptions et les
échecs dont 1916 l'a comblé.
La brutalité n'est pas une méthode coloniale;
l'énergie et la ténacité que les Allemands ont mises
au service de leur œuvre de destruction n'a pu
entamer l'œuvre d'organisation pourtant fragile
encore de la France au Maroc.
Et quant à la tentativè d'insurrection panis-
lamique provoquée par des professeurs allemands
coiffés du fez, elle n'est qu'une mascarade bonne
tout au plus pour piper les Turcs. Le Marocain
réaliste ne s'y associera que si on lui donne un
fusil à tir rapide, un bon sac de douros et quel-
ques centaines de cartouches, dont la dernière
sera certainement destinée au Boche... que Dieu
le maudisse!
R. DE S.
ÉCHOS .
Les fouilles de Timgad en igi6 ont donné des ré-
sultats intéressants. D'après le rapport du gouverneur
général de l'Algérie, on a mis à jour les ruines d'une
grande et riche maison avec un bel atrium à six colonnes,
un oecus ou salle de fête, une galerie longue de
33 mètres et des mosaïques remarquables. Line d'entre
elles donne le nom d'un fleuve africain iujonnu jus-
qu'ici, flumen Vamaccllra.
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