Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
124 BULLETIN DU COMITÉ
« méthode marocaine, la politique du labeur, comme
aussi la politique du sourire, à Dakar en guerre, et...
malgré la guerre.
Dakar, mars 1917.
F. DE COUTOULY,
Administrateur des Colonies.
LE CARNET DE ROUTE
DE FRITZ BOTTJER
L'Allemagne a soigneusement étudié, dès le
temps de paix, le théâtre d'opérations marocain.
Elle en connaît à fond la complexité, elle sait en
quels points couvent des foyers d'insurrection, elle
a choisi ceux qu'elle veut attiser : les Djebala, le
Riff, le Moyen Atlas, le Sous. Dans chacune de
ces régions elle a élu les hommès dont elle fera
ses agents : Raissouli, Abd el Malek, les grands
chefs berbères, El Hiba.
Un document nouveau, le carnet de route du
légionnaire déserteur Fritz Bottjer, nous permet
d'ajouter quelques détails à ceux que nous con-
naissons déjà sur l'organisation de l'action alle-
mande dans le Riff.
Le chef.
Le champion de l'Allemagne dans le Riff doit
être, selon les prévisions allemandes, Abd elMaJek,
fils de l'émir Abd el Kader, frère de cet Ali pacha,
député de Damas, qui sera nommé deuxième pré-
sident du Parlement ottoman.
Abd elMalek a combattu Moulay Abd elAzizavec
le Rogui; il a servi ensuite Abd el Aziz contre
Moulay Rafid qui, vainqueur, l'a fait emprisonner
pendant un temps. La mobilisation le trouve
fonctionnaire duMakhzen, délégué du ministre de
la Guerre chérifien auprès des tabors de police ;
mais, lui et son neveu Mustapha Ould Mahied-
dine, bien que sujets algériens immatriculés au
Consulat de Tanger, se réclament de la Turquie
et se disent Ottomans, originaires de Damas.
Pendant les premiers mois de la guerre, Abd
el Malek feint l'indifférence, le détachement;
Mustapha va passer quinze jours à Algésiras où
l'agent consulaire allemand Walter est précisé-
ment en train d'organiser avec des Turcs, des
Allemands de Malaga et de Séville, des protégés
marocains, la campagne allemande dans le Nord
du Maroc.
On ne sait quels accords furent conclus pen-
dant ce voyage. On sait seulement que le
28 février, à. la suite d'une violente discussion, le
fils d'Abd el Malek se suicidait et que, le 19 mars,
Abd el Malek, après avoir embarqué sa famille
pour Tétouan, sautait à cheval et s'enfuyait vers
les montagnes de l'Est avec son secrétaire Bel-
ghiti.
Il faut que ses conseillers allemands et lui-
même aient été bien naïfs ou bien ignorants pour
croire que les Djebala allaient le recevoir à bras
ouverts. Conformément à. leurs traditions im-
muables, les Ouaddras dépouillaient dès sa pre-
mière étape le fils de l'émir, et le soir de la
deuxième, il était prisonnier d'El Ayachi Zellal,
caïd des Beni-Messaouer. Il ne fut relâché que le
24 juin contre une rançon de 10.000 réaux et
l'abandon d'environ 30.000 francs,d'or et de billets
qui constituaient sa fortune personnelle, sur l'in-
tervention du consul allemand de Tétouan. Le
Dr Zechlin lui faisait en même temps porter par
un de ses agents des lettres du sultan de Stamboul
et de l'empereur d'Allemagne le désignant pour
mener la Guerre Sainte au Maroc.
L'état-major.
Tandis que de Madrid, le prince de Ratibor et
l'attaché militaire colonel Kalle s'efforçaient de
dégager Abd el Malek si malheureusement ac-
croché par les Djebala, un état-major se consti-
tuait à Mjelilla.
Le 23 juin 1915, arrivait à Malaga, venant d'on
ne sait où, un citoyen américain, nanti d'un pas-
seport américain, et nommé Far. Ce Far était un
Allemand, ancien ingénieur de la société hispano-
allemande « la Navarette », lieutenant en premier
dans l'armée allemande. Il était chargé- d'une
mission spéciale pour laquelle il recevait des
directives de l'ambassade d'Allemagne de Madrid.
Le 25 juin dans la soirée, Far quittait Malaga
après avoir fait signer ses papiers au Consulat des
Etats-Unis. Il s'embarquait à bord d'un vapeur
qui, bienque signalé à nos patrouilleurs, atterris-
sait sans encombre à Melilla.
L'horloger Rettschlag l'attendait au débarca-
dère. Ce Rettschlag, Saxon marié à une Espa-
gnole de Valladolid, installé à Melilla depuis 1908,
était commandité par le bijoutier madrilène
Carlos Coppel, Allemand d'origine, agent très
actif de la propagande allemande en Espagne.
Fort de ce patronage, Rettschlag avait joint à son
commerce d'horlogerie une agence de désertion
où l'on travaillait les détachements de la Légion
étrangère d'Oranie et du Maroc oriental.
Rettschlag procura à Far des relations utiles.
Comme il fallait un prétexte à sa venue et un but
aux excursions qu'il se proposait d'entreprendre,
Far déclara qu'il venait prospecter pour le compte
de la Société « la Navarette » les gisements plom-
bifères des Beni-Siddal (Riff); mais il faisait di-
rectement confidence de ses projets à ses nouveaux
amis dont le concours ne lui fit jamais défaut.
Presque en même temps que Far, arrivait à
Melilla un fils de l'horloger Carlos Coppel, col-
portant de l'horlogerie et des factums germano-
philes, dont l'un surtout, œuvre de son père, eut
un grand succès : Por la Patria y la Verdad.
Ce Coppel devait être le banquier de l'entreprise.
Une femme qu'il faisait passer pour sa maîtresse,
Julia Nunez, allait chercher des fonds à l'Agence
de la Banque d'Espagne de Malaga et rapportait
« méthode marocaine, la politique du labeur, comme
aussi la politique du sourire, à Dakar en guerre, et...
malgré la guerre.
Dakar, mars 1917.
F. DE COUTOULY,
Administrateur des Colonies.
LE CARNET DE ROUTE
DE FRITZ BOTTJER
L'Allemagne a soigneusement étudié, dès le
temps de paix, le théâtre d'opérations marocain.
Elle en connaît à fond la complexité, elle sait en
quels points couvent des foyers d'insurrection, elle
a choisi ceux qu'elle veut attiser : les Djebala, le
Riff, le Moyen Atlas, le Sous. Dans chacune de
ces régions elle a élu les hommès dont elle fera
ses agents : Raissouli, Abd el Malek, les grands
chefs berbères, El Hiba.
Un document nouveau, le carnet de route du
légionnaire déserteur Fritz Bottjer, nous permet
d'ajouter quelques détails à ceux que nous con-
naissons déjà sur l'organisation de l'action alle-
mande dans le Riff.
Le chef.
Le champion de l'Allemagne dans le Riff doit
être, selon les prévisions allemandes, Abd elMaJek,
fils de l'émir Abd el Kader, frère de cet Ali pacha,
député de Damas, qui sera nommé deuxième pré-
sident du Parlement ottoman.
Abd elMalek a combattu Moulay Abd elAzizavec
le Rogui; il a servi ensuite Abd el Aziz contre
Moulay Rafid qui, vainqueur, l'a fait emprisonner
pendant un temps. La mobilisation le trouve
fonctionnaire duMakhzen, délégué du ministre de
la Guerre chérifien auprès des tabors de police ;
mais, lui et son neveu Mustapha Ould Mahied-
dine, bien que sujets algériens immatriculés au
Consulat de Tanger, se réclament de la Turquie
et se disent Ottomans, originaires de Damas.
Pendant les premiers mois de la guerre, Abd
el Malek feint l'indifférence, le détachement;
Mustapha va passer quinze jours à Algésiras où
l'agent consulaire allemand Walter est précisé-
ment en train d'organiser avec des Turcs, des
Allemands de Malaga et de Séville, des protégés
marocains, la campagne allemande dans le Nord
du Maroc.
On ne sait quels accords furent conclus pen-
dant ce voyage. On sait seulement que le
28 février, à. la suite d'une violente discussion, le
fils d'Abd el Malek se suicidait et que, le 19 mars,
Abd el Malek, après avoir embarqué sa famille
pour Tétouan, sautait à cheval et s'enfuyait vers
les montagnes de l'Est avec son secrétaire Bel-
ghiti.
Il faut que ses conseillers allemands et lui-
même aient été bien naïfs ou bien ignorants pour
croire que les Djebala allaient le recevoir à bras
ouverts. Conformément à. leurs traditions im-
muables, les Ouaddras dépouillaient dès sa pre-
mière étape le fils de l'émir, et le soir de la
deuxième, il était prisonnier d'El Ayachi Zellal,
caïd des Beni-Messaouer. Il ne fut relâché que le
24 juin contre une rançon de 10.000 réaux et
l'abandon d'environ 30.000 francs,d'or et de billets
qui constituaient sa fortune personnelle, sur l'in-
tervention du consul allemand de Tétouan. Le
Dr Zechlin lui faisait en même temps porter par
un de ses agents des lettres du sultan de Stamboul
et de l'empereur d'Allemagne le désignant pour
mener la Guerre Sainte au Maroc.
L'état-major.
Tandis que de Madrid, le prince de Ratibor et
l'attaché militaire colonel Kalle s'efforçaient de
dégager Abd el Malek si malheureusement ac-
croché par les Djebala, un état-major se consti-
tuait à Mjelilla.
Le 23 juin 1915, arrivait à Malaga, venant d'on
ne sait où, un citoyen américain, nanti d'un pas-
seport américain, et nommé Far. Ce Far était un
Allemand, ancien ingénieur de la société hispano-
allemande « la Navarette », lieutenant en premier
dans l'armée allemande. Il était chargé- d'une
mission spéciale pour laquelle il recevait des
directives de l'ambassade d'Allemagne de Madrid.
Le 25 juin dans la soirée, Far quittait Malaga
après avoir fait signer ses papiers au Consulat des
Etats-Unis. Il s'embarquait à bord d'un vapeur
qui, bienque signalé à nos patrouilleurs, atterris-
sait sans encombre à Melilla.
L'horloger Rettschlag l'attendait au débarca-
dère. Ce Rettschlag, Saxon marié à une Espa-
gnole de Valladolid, installé à Melilla depuis 1908,
était commandité par le bijoutier madrilène
Carlos Coppel, Allemand d'origine, agent très
actif de la propagande allemande en Espagne.
Fort de ce patronage, Rettschlag avait joint à son
commerce d'horlogerie une agence de désertion
où l'on travaillait les détachements de la Légion
étrangère d'Oranie et du Maroc oriental.
Rettschlag procura à Far des relations utiles.
Comme il fallait un prétexte à sa venue et un but
aux excursions qu'il se proposait d'entreprendre,
Far déclara qu'il venait prospecter pour le compte
de la Société « la Navarette » les gisements plom-
bifères des Beni-Siddal (Riff); mais il faisait di-
rectement confidence de ses projets à ses nouveaux
amis dont le concours ne lui fit jamais défaut.
Presque en même temps que Far, arrivait à
Melilla un fils de l'horloger Carlos Coppel, col-
portant de l'horlogerie et des factums germano-
philes, dont l'un surtout, œuvre de son père, eut
un grand succès : Por la Patria y la Verdad.
Ce Coppel devait être le banquier de l'entreprise.
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