Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1912-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1912 01 janvier 1912
Description : 1912/01/01 (A22,N1)-1912/12/31 (A22,N12). 1912/01/01 (A22,N1)-1912/12/31 (A22,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9788417v
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
90 BULLETIN DU COMITÉ
nueva, autrefois adversaire décidé de la France
et qui a affirmé que ses sentiments gallophobes
ont disparu.
Peut-être aussi les Espagnols désirent-ils ne
pas aboutir avant que soient terminés les pour-
parlers engagés avec l'Angleterre au sujet de
Tanger. L'Angleterre désire que le sultan ne con-
serve aucune autorité sur l'ancienne cité diplo-
matique du Maroc. On sait que d après l article 9
de la convention franco-espagnole secrète de 1904,
Tanger doit conserver « le caractère spécial que
lui donnent la présence du corps diplomatique et
ses constitutions municipales et sanitaires. »
C'est à ce propos que M. Poincaré a fait à la
Chambre, le 8 mars, en interrompant M. Jaurès,
la déclaration suivante :
M. JAURÈS. — Il est une chose certaine., élémentaire,
c'est que l'Angleterre ne veut pas que t'on s'établisse an
Maroc en face de Gibraltar. Et si elle pouvait consentir,
si elle a consenti, en effet, un jour, à ce que l'Espagne s'y
établît .. (M. le président du conseil fait un signe de dénéga-
tion.) Elle y a consenti, en 1904... ^ \
M. JAURÈS. — Comment ! non ? Et les clauses du traite
de 1904 ?
L'Angleterre, monsieur le président du conseil — je
croyais que c'était une vérité banale et incontestable...
M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES. — N'attachez pas à mon signe négatif la portée que
vous paraissez lui attribuer en ce moment.
M. JAURÈS. — Ah ! comme je suis heureux de diminuer,
en tout, la portée de vos signes négatifs. (Applaudissements
et rires à l'extrême gauche. — Mouvements divets.)
M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES. — Je parle de Tanger, il n'est pas plus question
d'une installation espagnole que d'une installation fran-
çaise. 1
M. JAURÈS. — A fortiori, j'entends bien.
Je dis que l'Angleterre a toujours eu le souci qu'aucune
puissance dont elle pût redouter un jour la moindre hos-
tilité ne s'établisse en face de Gibraltar, au Maroc...
M. CHARLES BENOIST. - Cest certain.
M. JAURÈS .. et elle prend à cet effet une double précau-
tion — je remercie M. le président du conseil d'accentuer
ma démonstration. — Elle prend d'abord cette précaution
d'exiger qu'à Tanger même, aucune puissance ne s'éta-
blisse. Tanger sera international, c'est-à-dire, étant en face
de Gibraltar, pour une large partie, anglais.
1
III. — Autour de l'accord franco-allemand.
i
L'Allemagne a-t-elle voulu réellement, dans
l'affaire d'Agadir, obtenir une part du Maroc?
M. de Kiderlen-Wæchter continue à répondre
négativement et les pangermanistes maintiennent
qu'il leur avait fait donner, à ce sujet, des assu-
rances formelles. La question avait été posée par
le procès intenté par plusieurs journaux, dont la
Post, à la revue Grenzboten et nous avons déjà
dit que M. Class, président de la Ligue panger-
maniste, y avait maintenu ses assertions.
La question est revenue devant le Heichstag et
a amené le secrétaire d'Etat des Affaires étran-
gères à faire d'intéressantes déclarations.
A l'ordre du jour de la séance du 17 février,
figurait la suite de la discussion générale du
projet de budget de l'Empire pour 1912.
M. V an Payer, libéral-démocrate, s'est élevé,
dans le cours d'un examen des diverses questions
de politique intérieure, contre le système des
traités secrets. a
Nous ne pouvons supporter à la. longue, dit-il, que quel-
ques initiés s'estiment en droit de jouer, pour ainsi dire,
avec le destin de grands peuples, suivant leur bon plaisir.
D'une manière générale, il faut laisser pénétrer dans
notre diplomatie plus d'air et de lumière, si l'on veut que
nos compatriotes aient davantage confiance en elle.
M. Ledebour, socialiste, a également abordé
les questions de politique extérieure :
Nous avons cru, dit M. Ledebour, tout ce que M. de Kider-
len nous a raconté à la Commission du budget au sujet
de ses relations avec les pangermanistes. Jamais, nous
a-t-il affirmé, le gouvernement allemand n'a eu l'intention
d'acquérir des territoires au Maroc et les affirmations
contraires sont absolument fausses. En particulier un cer-
tain M. dass, qui a publié une brochure au sujet du Maroc,
est parfaitement indigne de foi parce qu'il déclare dans
cette brochure que l'Allemagne, à la suite d'une guerre
victorieuse avec la France, s'emparerait de l'embouchure
du Rhône. Je reconnais volontiers, dit l'orateur, qu'un pa-
reil cerveau brûlé ne mérite pas grande créance, seule-
ment des témoins peuvent affirmer qu'au commencement
des négociations marocaines, M. de Kiderlen a fait à ce
conquistador des confidences imprégnées de' l'esprit p-an-
germaniste.
Mais il y a mieux : Au cours du procès intenté par la
Gazette Rhénane- Westphalienne, la Post et la Tægliche
Rundschau aux Grenzboten qui les avait accusées d être à
la solde des frères Mannesmann, des témoins qui sont à la
tête de journaux allemands et que l'on est en droit de croire
capables de comprendre et de reproduire une conversation,
ont déclaré, comme l'a imprimé après le procès la Gazette
Rhenane- Wesphalienne, que M. de Kiderlen avait dit, entre
autres choses à M. Class :
« Les demandes des Pangermanistes au sujet du Maroc
sont parfaitement justifiées ; il est bien certain que le
gouvernement tiendra bon dans la question marocaine ;
Cambon se courbe devant moi comme un ver ; le gouver-
nement allemand se trouve dans une position brillante ;
vous pouvez compter sur moi ; vous serez content de la
politique marocaine du gouvernement ; je me place moi
aussi sur le terrain pangermaniste. »
M. Class a eu, le 1er juillet, un second entretien,
avec M. Zimmermann, sous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères. C'était donc le jour de l envoi
de la Panther à Agadir. M. Zimmermann au-
rait déclaré à M. Class qu'il vivait là une heure
historique ; qu'à ce moment précis (midi) les
cabinets étrangers étaient informés de l'envoi du
navire ; que le gouvernement avait envoyé à
Agadir deux agents provocateurs ; que ceux-ci
avaient bien rempli leùr rôle ; que des maisons
allemandes avaient été amenées à porter plainte
et à demander à Berlin la protection' du gouver-
nement ; que le gouvernement avait l'intention
de mettre la main sur ce territoire et de ne pas
en sortir.
En présence d'affirmations aussi nettes, M. Le-
debour demande à M. de Kiderlen-Wæ chter de
s'expliquer, car de pareils faits constitueraient
des actes criminels. Les témoins se sont-ils par-
jurés, ou bien a-t-il vraiment envoyé à Agadir
des agents provocateurs ?
On pourrait se dire, continue l'orateur, que ces imagi-
natifs pangermanistes ont été victimes d'une méprise. Mais
des preuves indirectes attestent que le.mouvement panger-
maniste déchaîné à ce moment en Allemagne par l envoi
de la Panther, a été le bienvenu pour le chancelier. 11 1 a
nueva, autrefois adversaire décidé de la France
et qui a affirmé que ses sentiments gallophobes
ont disparu.
Peut-être aussi les Espagnols désirent-ils ne
pas aboutir avant que soient terminés les pour-
parlers engagés avec l'Angleterre au sujet de
Tanger. L'Angleterre désire que le sultan ne con-
serve aucune autorité sur l'ancienne cité diplo-
matique du Maroc. On sait que d après l article 9
de la convention franco-espagnole secrète de 1904,
Tanger doit conserver « le caractère spécial que
lui donnent la présence du corps diplomatique et
ses constitutions municipales et sanitaires. »
C'est à ce propos que M. Poincaré a fait à la
Chambre, le 8 mars, en interrompant M. Jaurès,
la déclaration suivante :
M. JAURÈS. — Il est une chose certaine., élémentaire,
c'est que l'Angleterre ne veut pas que t'on s'établisse an
Maroc en face de Gibraltar. Et si elle pouvait consentir,
si elle a consenti, en effet, un jour, à ce que l'Espagne s'y
établît .. (M. le président du conseil fait un signe de dénéga-
tion.) Elle y a consenti, en 1904... ^ \
M. JAURÈS. — Comment ! non ? Et les clauses du traite
de 1904 ?
L'Angleterre, monsieur le président du conseil — je
croyais que c'était une vérité banale et incontestable...
M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES. — N'attachez pas à mon signe négatif la portée que
vous paraissez lui attribuer en ce moment.
M. JAURÈS. — Ah ! comme je suis heureux de diminuer,
en tout, la portée de vos signes négatifs. (Applaudissements
et rires à l'extrême gauche. — Mouvements divets.)
M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES. — Je parle de Tanger, il n'est pas plus question
d'une installation espagnole que d'une installation fran-
çaise. 1
M. JAURÈS. — A fortiori, j'entends bien.
Je dis que l'Angleterre a toujours eu le souci qu'aucune
puissance dont elle pût redouter un jour la moindre hos-
tilité ne s'établisse en face de Gibraltar, au Maroc...
M. CHARLES BENOIST. - Cest certain.
M. JAURÈS .. et elle prend à cet effet une double précau-
tion — je remercie M. le président du conseil d'accentuer
ma démonstration. — Elle prend d'abord cette précaution
d'exiger qu'à Tanger même, aucune puissance ne s'éta-
blisse. Tanger sera international, c'est-à-dire, étant en face
de Gibraltar, pour une large partie, anglais.
1
III. — Autour de l'accord franco-allemand.
i
L'Allemagne a-t-elle voulu réellement, dans
l'affaire d'Agadir, obtenir une part du Maroc?
M. de Kiderlen-Wæchter continue à répondre
négativement et les pangermanistes maintiennent
qu'il leur avait fait donner, à ce sujet, des assu-
rances formelles. La question avait été posée par
le procès intenté par plusieurs journaux, dont la
Post, à la revue Grenzboten et nous avons déjà
dit que M. Class, président de la Ligue panger-
maniste, y avait maintenu ses assertions.
La question est revenue devant le Heichstag et
a amené le secrétaire d'Etat des Affaires étran-
gères à faire d'intéressantes déclarations.
A l'ordre du jour de la séance du 17 février,
figurait la suite de la discussion générale du
projet de budget de l'Empire pour 1912.
M. V an Payer, libéral-démocrate, s'est élevé,
dans le cours d'un examen des diverses questions
de politique intérieure, contre le système des
traités secrets. a
Nous ne pouvons supporter à la. longue, dit-il, que quel-
ques initiés s'estiment en droit de jouer, pour ainsi dire,
avec le destin de grands peuples, suivant leur bon plaisir.
D'une manière générale, il faut laisser pénétrer dans
notre diplomatie plus d'air et de lumière, si l'on veut que
nos compatriotes aient davantage confiance en elle.
M. Ledebour, socialiste, a également abordé
les questions de politique extérieure :
Nous avons cru, dit M. Ledebour, tout ce que M. de Kider-
len nous a raconté à la Commission du budget au sujet
de ses relations avec les pangermanistes. Jamais, nous
a-t-il affirmé, le gouvernement allemand n'a eu l'intention
d'acquérir des territoires au Maroc et les affirmations
contraires sont absolument fausses. En particulier un cer-
tain M. dass, qui a publié une brochure au sujet du Maroc,
est parfaitement indigne de foi parce qu'il déclare dans
cette brochure que l'Allemagne, à la suite d'une guerre
victorieuse avec la France, s'emparerait de l'embouchure
du Rhône. Je reconnais volontiers, dit l'orateur, qu'un pa-
reil cerveau brûlé ne mérite pas grande créance, seule-
ment des témoins peuvent affirmer qu'au commencement
des négociations marocaines, M. de Kiderlen a fait à ce
conquistador des confidences imprégnées de' l'esprit p-an-
germaniste.
Mais il y a mieux : Au cours du procès intenté par la
Gazette Rhénane- Westphalienne, la Post et la Tægliche
Rundschau aux Grenzboten qui les avait accusées d être à
la solde des frères Mannesmann, des témoins qui sont à la
tête de journaux allemands et que l'on est en droit de croire
capables de comprendre et de reproduire une conversation,
ont déclaré, comme l'a imprimé après le procès la Gazette
Rhenane- Wesphalienne, que M. de Kiderlen avait dit, entre
autres choses à M. Class :
« Les demandes des Pangermanistes au sujet du Maroc
sont parfaitement justifiées ; il est bien certain que le
gouvernement tiendra bon dans la question marocaine ;
Cambon se courbe devant moi comme un ver ; le gouver-
nement allemand se trouve dans une position brillante ;
vous pouvez compter sur moi ; vous serez content de la
politique marocaine du gouvernement ; je me place moi
aussi sur le terrain pangermaniste. »
M. Class a eu, le 1er juillet, un second entretien,
avec M. Zimmermann, sous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères. C'était donc le jour de l envoi
de la Panther à Agadir. M. Zimmermann au-
rait déclaré à M. Class qu'il vivait là une heure
historique ; qu'à ce moment précis (midi) les
cabinets étrangers étaient informés de l'envoi du
navire ; que le gouvernement avait envoyé à
Agadir deux agents provocateurs ; que ceux-ci
avaient bien rempli leùr rôle ; que des maisons
allemandes avaient été amenées à porter plainte
et à demander à Berlin la protection' du gouver-
nement ; que le gouvernement avait l'intention
de mettre la main sur ce territoire et de ne pas
en sortir.
En présence d'affirmations aussi nettes, M. Le-
debour demande à M. de Kiderlen-Wæ chter de
s'expliquer, car de pareils faits constitueraient
des actes criminels. Les témoins se sont-ils par-
jurés, ou bien a-t-il vraiment envoyé à Agadir
des agents provocateurs ?
On pourrait se dire, continue l'orateur, que ces imagi-
natifs pangermanistes ont été victimes d'une méprise. Mais
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