Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 1 (;5
disait le colonel Bertrand, nu Congrès colonial
national, faciliter l'arrivée, ou le .. retour dans
leurs foyers, de tous ceux que des besoins limités
appellent, «temporairement, dans les centres
urbains et industriels. « Nous devrions nous sou-
venir, concluait-il, que la coutume a montré sa
valeur comme principe de vie des sociétés noires,
qui étaient plus prospères, et plus peuplées, avant
notre intervention qu'à présent. En dehors de
cette considération éthique, le respect de cette
coutume s'impose à nous, dans un sens d'ordre
pratique ».
La situation dangereuse, produite par l'affai-
blissement de l'organisation indigène a été com-
prise par le Gouvernement. « C'est un des
grands problèmes de demain, déclarait M. Franck
au Parlement, en novembre 1920, d'y porter
remède, si les Belges ne veulent pas se trouver
en présence d'une véritable anarchie indigène. Si
cet affaiblissement continuait pendant quelques
décades, nous arriverions à administrer seuls,
sans le concours des Noirs, chaque village de ces
immenses territoires, Il faut donc réagir. Il
faut amener le Noir à s'administrer lui-même
sous notre surveillance. » Quelques semaines
plus tard, interrogé par le correspondant du
Temps, le ministre des Colonies précisait, en ces
termes, sa politique indigène : Nous rompons,
résolument, avec la politique d'assimilation.
Nous estimons que la société indigène doit, libre-
ment, se développer, selon son propre fonds, sa
propre nature, son milieu. Nous devons respecter
et développer les institutions indigènes. C'est
dans ce dessein que M. Franck vient de publier,
à l'usage des fonctionnaires et des agents du ser-
vice territorial, une circulaire contenant des
directives au sujet de la politique indigène. Il
commence par distinguer au Congo deux régions :
d'une part, la région où il n'existe guère que des
chefs de villages, et, d'autre part, celle où exis-
tent de grands chefs. Dans la première, l'admi-
nistrateur constituera un Conseil de secteur, ou
Conseil des chefs, qui sera, tout d'abord, un orga-
nisme judiciaire, et qui délibérera sur les inté-
rêts communs. Parmi ces chefs, l'administrateur
distinguera celui qu'il considère comme le plus
intelligent, ou le plus influent, ou qui a conservé
une autorité traditionnelle. Le lieu de la résidence
de ce chef sera choisi comme siège du Conseil.
Au bout de quelque temps, ce chef sera tiré
hors pair ; il deviendra assesseur de l'autorité
territoriale, avec voix consultative ; il présidera
le Conseil, en l'absence de l'administrateur; on
lui confiera la direction de certains travaux à
exécuter. Au bout de cette seconde période,
investiture lui sera donnée comme chef de sec-
teur auxiliaire, et représentant de l'administra-
tion. Quant aux pays de grandes chefferies, l'au-
torité des chefs sera maintenue, et renforcée
même, si possible, surtout par une extension de
leur pouvoir judiciaire. Dès à présent, il importe
d'organiser les juridictions indigènes. Les admi-
nistrateurs statueront en Conseil de secteur, sur
les palabres importantes. Pour les conflits entre
groupes appartenant à des secteurs différents on
pourrait envisager un Conseil de territoire, pré-
sidé par le juge de police, assisté d'un certain
nombre de chefs. Ceux-ci pourront user des
droits répressifs qu'ils .possèdent. L'autorité
européenne leur prêtera éventuellement, son
appui matériel. « Il ne rentre pas dans ma pensée,
dit le ministre, que la politique, ainsi esquissée,
soit appliquée avec une rigueur mécanique, et
de la même manière sur toute la surface de la
colonie. Elle comporte un effort prolongé, et il
faut, partout, l 'adapter aux circonstanees. Les
vice-gouverneurs et les commissaires de district
feront cette adaptation. »
Grand commerce belge et petit trafic
étranger. — Dans son ouvrage, cité plus haut,
M. A. Delcommune montrait, il y a deux ans, le
Congo envahi par une multitude croissante de
petits traitants étrangers, qui, n'étant soumis à
aucune obligation, favorisés par les autorités
locales, exerçaient, en réalité, un véritable mono-
pole, et faisaient une concurrence funeste aux
grands organismes belges. A l'entendre, si le
gouvernement laissait, ainsi, la liberté commer-
ciale dégénérer en licence, il ouvrait la voie à
l'internationalisation du Congo, il expulsait les
Belges du marché africain. Un voyage, accompli
au Congo, l'année dernière, à l'époque où s'y trou-
vait le ministre des Colonies, n'a pas modifié ses
idées; les constatations, faites sur place, ont
confirmé, au contraire, dans son esprit, le bien-
fondé des critiques, qu'il avait adressées à la poli-
tique du gouvernement colonial.
La « plaie des petits traitants étrangers »
s'étend toujours. En 1913, ils étaient 162 (dont,
peut-être, 15 Belges seulement), possédant 237
comptoirs. En 1917 leur nombre était 671, parmi
lesquels 79 Belges. Le seul Katanga en avait 232,
le reste de la colonie i39, dont 317 ne possé-
daient qu'un seul comptoir. Au 1er janvier 1920,
ces 439 étaient devenus 623, possédant plus de
1.000 comptoirs., con tre Ti Belges. Donc.endeuxans
et demi, le nombre des trafiquants étrangers a
augmenté de 184, tandis que celui des Belges
demeurait stationnaire. A supposer que cette
progression persiste, il y aurait, dans vingt-cinq
ans, 2.200 trafiquants étrangers, en face de
300 commerçants belges. Le petit commerce, tel
qu'il se pratiquait, il y a quelques années, a fait
place à des opérations de pure spéculation. Ces
opérations ont été rendues possibles grâce à des
avances faites par la Banque commerciale du
Congo, grâce à de grosses maisons étrangères, et
grâce à de nombreux courtiers, qui font une véri-
table chasse aux produits, en payant des prix
exagérés. Les intermédiaires pullulent. Souvent,
certains lots passent entre cinq et six mains diffé-
rentes. Sur plus de 15.000 indigènes, Kinshasa
en a 3 ou 4.000, à peine, qui travaillent. Un
décret de décembre 1917, inspiré par le gouver-
neur général Henry, limitait le prix d'achat des
produits palmistes aux indigènes du haut et du
disait le colonel Bertrand, nu Congrès colonial
national, faciliter l'arrivée, ou le .. retour dans
leurs foyers, de tous ceux que des besoins limités
appellent, «temporairement, dans les centres
urbains et industriels. « Nous devrions nous sou-
venir, concluait-il, que la coutume a montré sa
valeur comme principe de vie des sociétés noires,
qui étaient plus prospères, et plus peuplées, avant
notre intervention qu'à présent. En dehors de
cette considération éthique, le respect de cette
coutume s'impose à nous, dans un sens d'ordre
pratique ».
La situation dangereuse, produite par l'affai-
blissement de l'organisation indigène a été com-
prise par le Gouvernement. « C'est un des
grands problèmes de demain, déclarait M. Franck
au Parlement, en novembre 1920, d'y porter
remède, si les Belges ne veulent pas se trouver
en présence d'une véritable anarchie indigène. Si
cet affaiblissement continuait pendant quelques
décades, nous arriverions à administrer seuls,
sans le concours des Noirs, chaque village de ces
immenses territoires, Il faut donc réagir. Il
faut amener le Noir à s'administrer lui-même
sous notre surveillance. » Quelques semaines
plus tard, interrogé par le correspondant du
Temps, le ministre des Colonies précisait, en ces
termes, sa politique indigène : Nous rompons,
résolument, avec la politique d'assimilation.
Nous estimons que la société indigène doit, libre-
ment, se développer, selon son propre fonds, sa
propre nature, son milieu. Nous devons respecter
et développer les institutions indigènes. C'est
dans ce dessein que M. Franck vient de publier,
à l'usage des fonctionnaires et des agents du ser-
vice territorial, une circulaire contenant des
directives au sujet de la politique indigène. Il
commence par distinguer au Congo deux régions :
d'une part, la région où il n'existe guère que des
chefs de villages, et, d'autre part, celle où exis-
tent de grands chefs. Dans la première, l'admi-
nistrateur constituera un Conseil de secteur, ou
Conseil des chefs, qui sera, tout d'abord, un orga-
nisme judiciaire, et qui délibérera sur les inté-
rêts communs. Parmi ces chefs, l'administrateur
distinguera celui qu'il considère comme le plus
intelligent, ou le plus influent, ou qui a conservé
une autorité traditionnelle. Le lieu de la résidence
de ce chef sera choisi comme siège du Conseil.
Au bout de quelque temps, ce chef sera tiré
hors pair ; il deviendra assesseur de l'autorité
territoriale, avec voix consultative ; il présidera
le Conseil, en l'absence de l'administrateur; on
lui confiera la direction de certains travaux à
exécuter. Au bout de cette seconde période,
investiture lui sera donnée comme chef de sec-
teur auxiliaire, et représentant de l'administra-
tion. Quant aux pays de grandes chefferies, l'au-
torité des chefs sera maintenue, et renforcée
même, si possible, surtout par une extension de
leur pouvoir judiciaire. Dès à présent, il importe
d'organiser les juridictions indigènes. Les admi-
nistrateurs statueront en Conseil de secteur, sur
les palabres importantes. Pour les conflits entre
groupes appartenant à des secteurs différents on
pourrait envisager un Conseil de territoire, pré-
sidé par le juge de police, assisté d'un certain
nombre de chefs. Ceux-ci pourront user des
droits répressifs qu'ils .possèdent. L'autorité
européenne leur prêtera éventuellement, son
appui matériel. « Il ne rentre pas dans ma pensée,
dit le ministre, que la politique, ainsi esquissée,
soit appliquée avec une rigueur mécanique, et
de la même manière sur toute la surface de la
colonie. Elle comporte un effort prolongé, et il
faut, partout, l 'adapter aux circonstanees. Les
vice-gouverneurs et les commissaires de district
feront cette adaptation. »
Grand commerce belge et petit trafic
étranger. — Dans son ouvrage, cité plus haut,
M. A. Delcommune montrait, il y a deux ans, le
Congo envahi par une multitude croissante de
petits traitants étrangers, qui, n'étant soumis à
aucune obligation, favorisés par les autorités
locales, exerçaient, en réalité, un véritable mono-
pole, et faisaient une concurrence funeste aux
grands organismes belges. A l'entendre, si le
gouvernement laissait, ainsi, la liberté commer-
ciale dégénérer en licence, il ouvrait la voie à
l'internationalisation du Congo, il expulsait les
Belges du marché africain. Un voyage, accompli
au Congo, l'année dernière, à l'époque où s'y trou-
vait le ministre des Colonies, n'a pas modifié ses
idées; les constatations, faites sur place, ont
confirmé, au contraire, dans son esprit, le bien-
fondé des critiques, qu'il avait adressées à la poli-
tique du gouvernement colonial.
La « plaie des petits traitants étrangers »
s'étend toujours. En 1913, ils étaient 162 (dont,
peut-être, 15 Belges seulement), possédant 237
comptoirs. En 1917 leur nombre était 671, parmi
lesquels 79 Belges. Le seul Katanga en avait 232,
le reste de la colonie i39, dont 317 ne possé-
daient qu'un seul comptoir. Au 1er janvier 1920,
ces 439 étaient devenus 623, possédant plus de
1.000 comptoirs., con tre Ti Belges. Donc.endeuxans
et demi, le nombre des trafiquants étrangers a
augmenté de 184, tandis que celui des Belges
demeurait stationnaire. A supposer que cette
progression persiste, il y aurait, dans vingt-cinq
ans, 2.200 trafiquants étrangers, en face de
300 commerçants belges. Le petit commerce, tel
qu'il se pratiquait, il y a quelques années, a fait
place à des opérations de pure spéculation. Ces
opérations ont été rendues possibles grâce à des
avances faites par la Banque commerciale du
Congo, grâce à de grosses maisons étrangères, et
grâce à de nombreux courtiers, qui font une véri-
table chasse aux produits, en payant des prix
exagérés. Les intermédiaires pullulent. Souvent,
certains lots passent entre cinq et six mains diffé-
rentes. Sur plus de 15.000 indigènes, Kinshasa
en a 3 ou 4.000, à peine, qui travaillent. Un
décret de décembre 1917, inspiré par le gouver-
neur général Henry, limitait le prix d'achat des
produits palmistes aux indigènes du haut et du
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