Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE ' 147
LA tA TUNISIE APRÈS Li GUERRE
VIII (1)
LA POPULATION FRANÇAISE ET LA COLONISATION
B) La tâche à remplir en dehors de l'agriculture.
La prépondérance française en Tunisie s'exerce
d'une façon normale par l'armée et les fonctions
publiques. Elle se prévaut encore de la supréma-
tie de nos banques, de la direction du courant
commercial (un peu plus de la moitié des
échanges avec' l'Algérie et la France) et aussi de
la possession du sol. Mais. en ce qui concerne la
démographie, notre position laisse beaucoup à
désirer : en chiffres ronds, 50.000 Français contre
100.000 Européens et 1.800.000 indigènes, soit
un Français en face de 2 Européens et de 36 in-
digènes. En Algérie, la proportion entre les divers
éléments ethniques est beaucoup moins défec-
tueuse :
Français Etrangers Indigènes
Oranie 1 En face de 0,5 et de 4,6
Alger 1 — 0,2 — 7,7
Constantine... 1 — 0,2 — 17
Tunisie ....... 1 — 2 — 36
Notre grande infériorité numérique dans le
beylik constitue un réel danger pour notre avenir
nord-africain. Il n'est point douteux que la faible
quantité de nos compatriotes, spécialement hors
des villes, ne soit un excitant permanent pour
les nationalismes italien ou tunisien et l'aliment
même des espoirs subversifs que nourrissent cer-
tains paladins de ce dernier. Avec quel dédain et
quel contentement à peine dissimulés, la Tunisie
martyre ne parle-t-elle pas de nos « \ .274 colons
servis par 984 ouvriers de même nationalité » !
Assurément, ce serait poursuivre une chimère
que d'assigner comme un but à notre effort la
conquête de la supériorité du nombre. Par com-
paraison avec les terres de France et d'Italie, il y
a en Tunisie trop de landes de médiocre valeur
pour qu'il s'y transfère un monde d'immigrants.
Mais, dans la zone tellienne, il est indispensable
que s'améliore le pourcentage des Français. Mino-
rité soit, mais minorité ossez' riche en hommes
pour ne pas craindre d'être jamais submergée,
dotée d'assez de rayonnement pour assimiler pro-
gressivement les' autres Européens et eduquer
les indigènes et assez puissante pour être l'appui
de la métropole au cas où de mauvais ferments
lèveraient parmi les gens du pays.
Quelque déplaisante que soit la quasi-stagnation
de la population française dans la décade 1911-
1921, c'est une compensation morale de se dire
que ce phénomène, loin d'être l'effet d'un manque
de vitalité, a été uniquement provoqué par la
0) Afrique française, 1920, p. 128, 168, 194, 227, 280, 318,
3S3; 1921, p. 9, 40. 80, 110.
guerre. Sans celle-ci, au taux de l'augmentation
du lustre 1906 -1911, il y aurait aujourd'hui dans
la Régence 70.000 à 75.000 Français. Il faut
maintenant rattraper le temps pei du et ne rien
négliger de tout ce qui peut y aider.
Certains symptômes incitent d'ailleurs à pen-
ser que la crise est enrayée. Comme il arrive
après toutes les périodes analogues, la popula-
tion européenne reprend sa vie normale. En
1920, les mariages français sont deux fois supé-
rieure à ceux de 1919. Les naissances, qui pour
le lustre 1915-1919 ont été moindres que les
décès (en tout 4.942 naissances, contre 3.166 dé-
cès), dépassent ceux-ci en 1920 de 718 unités
(1.580 naissances pour 862 décès), alors qu'en
1913 le gain avait étéde 524 (1.323 naissances pour
799 décès). De leur côté, les Italiens accusent
1.946 nouveau-nés contre 1.413 morts. Cepen-
dant, aujourd'hui pas plus que jadis, le jeu des
naissances au sein d'un contingent aussi restreint
que celui de nos compatriotes ne suffit à déter-
miner la progression souhaitable. Pour des années
encore, cette dernière ne résultera que d'une
immigration constante infusant du sang frais
dans les veines du corps social et alimentant
toutes les catégories, fonctions publiques ou pro-
fessions libérales, industrie, commerce, agri-
culture', etc.
Il y a là, au premier chef, une question d'in-
térêt national dont, nous le répétons, dépend
notre avenir dans l'Afrique du Nord et par suite
dans le monde. L'Etat doit s'y attacher de toutes
ses forces, mais les particuliers ne sauraient s'en
désintéresser. Peut-être même sont-ce ces der-
niers dont l'action sera le plus efficace, soit par
l'aiguillon et le soutien qu'ils constitueront pour
le gouvernement, soit par leur action immédiate.
Que chaque Français de la Régence inscrive par-
mi ses devoirs les plus sacrés celui de s'entourer
le plus possible de Français en les amenant de
France, si besoin, et notre situation démogra-
phique dans le beylik s'améliorera rapidement.
C'est la vraie façon d'assurer là-bas notre pré-
pondérance.
Prépondérance française, tarte à la crème en
Tunisie de beaucoup d'Agnès plus futées encore
que celle de Molière. Expression qui brille dans
un morceau littéraire ou résonne dans une
période oratoire, mais avec quoi l'on prétend trop
souvent combattre les réformes nécessaires.
Affirmation émise à l'occasion avec d'autant plus
d'énergie qu'on ne fait rien pour traduire la
chose dans la réalité. « Tarte à la crème » et
aussi oc le petit chat est mort ». Toutefois ici,
ce n'est pas comme dans l' Ecole des femmes un
infime chaton qui risque de périr, mais bien tout
simplement notre établissement sur l'autre rive
de la Méditerranée. Qu'on s'en persuade dans le
public français de Tunisie et aussi dans le cercle
de ses administrateurs.
Heureusement, malgré dix années de piétine-
ment, de larges possibilités s'offrent dans la
Régence au peuplement national. Les meilleures
régions à céréales n'y ont guère qu'une densité de
LA tA TUNISIE APRÈS Li GUERRE
VIII (1)
LA POPULATION FRANÇAISE ET LA COLONISATION
B) La tâche à remplir en dehors de l'agriculture.
La prépondérance française en Tunisie s'exerce
d'une façon normale par l'armée et les fonctions
publiques. Elle se prévaut encore de la supréma-
tie de nos banques, de la direction du courant
commercial (un peu plus de la moitié des
échanges avec' l'Algérie et la France) et aussi de
la possession du sol. Mais. en ce qui concerne la
démographie, notre position laisse beaucoup à
désirer : en chiffres ronds, 50.000 Français contre
100.000 Européens et 1.800.000 indigènes, soit
un Français en face de 2 Européens et de 36 in-
digènes. En Algérie, la proportion entre les divers
éléments ethniques est beaucoup moins défec-
tueuse :
Français Etrangers Indigènes
Oranie 1 En face de 0,5 et de 4,6
Alger 1 — 0,2 — 7,7
Constantine... 1 — 0,2 — 17
Tunisie ....... 1 — 2 — 36
Notre grande infériorité numérique dans le
beylik constitue un réel danger pour notre avenir
nord-africain. Il n'est point douteux que la faible
quantité de nos compatriotes, spécialement hors
des villes, ne soit un excitant permanent pour
les nationalismes italien ou tunisien et l'aliment
même des espoirs subversifs que nourrissent cer-
tains paladins de ce dernier. Avec quel dédain et
quel contentement à peine dissimulés, la Tunisie
martyre ne parle-t-elle pas de nos « \ .274 colons
servis par 984 ouvriers de même nationalité » !
Assurément, ce serait poursuivre une chimère
que d'assigner comme un but à notre effort la
conquête de la supériorité du nombre. Par com-
paraison avec les terres de France et d'Italie, il y
a en Tunisie trop de landes de médiocre valeur
pour qu'il s'y transfère un monde d'immigrants.
Mais, dans la zone tellienne, il est indispensable
que s'améliore le pourcentage des Français. Mino-
rité soit, mais minorité ossez' riche en hommes
pour ne pas craindre d'être jamais submergée,
dotée d'assez de rayonnement pour assimiler pro-
gressivement les' autres Européens et eduquer
les indigènes et assez puissante pour être l'appui
de la métropole au cas où de mauvais ferments
lèveraient parmi les gens du pays.
Quelque déplaisante que soit la quasi-stagnation
de la population française dans la décade 1911-
1921, c'est une compensation morale de se dire
que ce phénomène, loin d'être l'effet d'un manque
de vitalité, a été uniquement provoqué par la
0) Afrique française, 1920, p. 128, 168, 194, 227, 280, 318,
3S3; 1921, p. 9, 40. 80, 110.
guerre. Sans celle-ci, au taux de l'augmentation
du lustre 1906 -1911, il y aurait aujourd'hui dans
la Régence 70.000 à 75.000 Français. Il faut
maintenant rattraper le temps pei du et ne rien
négliger de tout ce qui peut y aider.
Certains symptômes incitent d'ailleurs à pen-
ser que la crise est enrayée. Comme il arrive
après toutes les périodes analogues, la popula-
tion européenne reprend sa vie normale. En
1920, les mariages français sont deux fois supé-
rieure à ceux de 1919. Les naissances, qui pour
le lustre 1915-1919 ont été moindres que les
décès (en tout 4.942 naissances, contre 3.166 dé-
cès), dépassent ceux-ci en 1920 de 718 unités
(1.580 naissances pour 862 décès), alors qu'en
1913 le gain avait étéde 524 (1.323 naissances pour
799 décès). De leur côté, les Italiens accusent
1.946 nouveau-nés contre 1.413 morts. Cepen-
dant, aujourd'hui pas plus que jadis, le jeu des
naissances au sein d'un contingent aussi restreint
que celui de nos compatriotes ne suffit à déter-
miner la progression souhaitable. Pour des années
encore, cette dernière ne résultera que d'une
immigration constante infusant du sang frais
dans les veines du corps social et alimentant
toutes les catégories, fonctions publiques ou pro-
fessions libérales, industrie, commerce, agri-
culture', etc.
Il y a là, au premier chef, une question d'in-
térêt national dont, nous le répétons, dépend
notre avenir dans l'Afrique du Nord et par suite
dans le monde. L'Etat doit s'y attacher de toutes
ses forces, mais les particuliers ne sauraient s'en
désintéresser. Peut-être même sont-ce ces der-
niers dont l'action sera le plus efficace, soit par
l'aiguillon et le soutien qu'ils constitueront pour
le gouvernement, soit par leur action immédiate.
Que chaque Français de la Régence inscrive par-
mi ses devoirs les plus sacrés celui de s'entourer
le plus possible de Français en les amenant de
France, si besoin, et notre situation démogra-
phique dans le beylik s'améliorera rapidement.
C'est la vraie façon d'assurer là-bas notre pré-
pondérance.
Prépondérance française, tarte à la crème en
Tunisie de beaucoup d'Agnès plus futées encore
que celle de Molière. Expression qui brille dans
un morceau littéraire ou résonne dans une
période oratoire, mais avec quoi l'on prétend trop
souvent combattre les réformes nécessaires.
Affirmation émise à l'occasion avec d'autant plus
d'énergie qu'on ne fait rien pour traduire la
chose dans la réalité. « Tarte à la crème » et
aussi oc le petit chat est mort ». Toutefois ici,
ce n'est pas comme dans l' Ecole des femmes un
infime chaton qui risque de périr, mais bien tout
simplement notre établissement sur l'autre rive
de la Méditerranée. Qu'on s'en persuade dans le
public français de Tunisie et aussi dans le cercle
de ses administrateurs.
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Régence au peuplement national. Les meilleures
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