Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
134 BULLETIN DU COMITÉ
valut pourtant de grands succès, le ramena;
mais qu'il fût ministre de l'Intérieur ou ministre
de la Guerre, sitôt le pouvoir abandonné, il reve-
nait toujours à ses préoccupations favorites et
nous retrouvions à notre tête le chef aimé, celui
à qui on confiait tout, celui sans l'avis de qui
l'on n'osait rien entreprendre.
Les lecteurs de ce bulletin savent ce qu'il fut
pour le Comité de l'Afrique française, dont il
était le vice-président, puis pour le Comité du
Maroc dont il était le président. Mais celui qui
songerait à juger l'œuvre d'Eugène Etienne sur
les manifestations publiques de son activité ris-
querait de porter sur lui un jugement incomplet.
C'est par le prestige de sa personne, c'est par
l'autorité que lui donnait un contact incessant
avec les milieux coloniaux^que son action s'est
surtout exercée. C'est pour cela que nous espé-
rons en toute confiance que le souvenir vivace
que gardent de lui ceux qui ont eu l'honneur
de l'approcher et qui ont pu connaître sa pen-
sée, prolongera au delà de la mort l'influence
de l'homme dévoué et du grand Français que fut
Eugène Etienne.
LE COMITÉ.
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS
Sur notre demande, M. Robert David, député, ancien
sous-secrétaire d'Etat, a bien voulu écrire sur Eugène
Etienne, l'article que nous sommes heureux de reproduire
ci-après :
Un des plus beaux titres de gloire de la troi-
sième République, avant d'avoir gagné la grande
guerre où s'est joué le sort de l'humanité et du
monde, était l'admirable domaine colonial dont
elle avait doté en quarante années la France
mutilée et saignante du Traité de Francfort.
L'Allemagne victorieuse de 1871 avait cru
abattre sa victime, lui enlever les moyens de
relèvement en l'accablant financièrement et en
l'isolant politiquement en Europe. Après avoir
rapidement rétabli sa situation intérieure et libéré
son territoire, la France trouvait les ressources
matérielles et l'énergie morale nécessaires pour
porter et faire respecter aux quatre coins du
monde son drapeau, symbole de la Liberté et du
Droit. C'était l'Algérie, agrandie vers les régions
du Centre africain, définitivement pacifiée et
organisée. C'était successivement l'Indo-Chine,
Madagascar, la Tunisie, le Maroc se groupant
harmonieusement comme les fleurons d'une riche
couronne.
Partout, la France étendait, avec sa domina-
tion bienfaisante, le rayonnement de son génie et
de sa civilisation — et pendant le grand drame,
qui, durant cinq années, a ensanglanté l'Europe,
le loyalisme et le concours efficace de nos colo-
nies ont fait l'admiration du monde.
Un homme a incarné, dans les milieux politi-
ques et parlementaires, cet incomparable effort
français : ce fut Eugène Etienne. On peut dire
que la mort qui vient de le frapper brutalement
en pleine action, est un deuil atteignant en plein
co'ur tous ceux qui s'intéressent à notre beau
domaine d'outre-mer.
'Etienne était un colonial d'instinct; il était né
colonial. Il avait le don rare de pressentir, de
deviner, dans les entreprises lointaines, l'avenir
et l'accroissement de puissance que notre pays
pouvait y trouver. Cette vision claire qu'il possé-
dait d'un horizon s'élargissant sans cesse s'ac-
compagnait de qualités de persuasion irrésistibles
et d'une foi patriotique qui en faisaient un véri-
table apôtre de l'œuvre colonisatrice française.
Son rôle comme sous-secrétaire d'Etat de
1887 à 1892 a vraiment orienté et fixé notre
politique coloniale. Il devint, en quelque sorte,
le protecteur attitré, le tuteur recherché de tous
ceux qu'attiraient vers les contrées éloignées et
peu connues les initiatives hardies susceptibles
de propager au loin le nom, la civilisation et le
génie français.
Tous nos grands coloniaux : Jonnart, Lyautey,
Gouraud, Roume, etc., ont vécu dans son inti-
mité et ont trouvé en lui les encouragements, les
conseils, le réconfort que communiquaient à tous
ceux qui l'approchaient les convictions raison-
nées et la flamme généreuse de son cœur de
patriote.
Aucune question coloniale, de quelque
domaine qu'elle fût, dans quelque pays qu'elle
se posât, ne le trouvait indifférent. Il les étudiait
toutes, ne laissant dans l'ombre aucun détail,
soucieux de ne rien engager à la légère, de
ménager surtout les vies humaines, ces forces
précieuses, productrices de forces nouvelles que
les fatigues, les dangers, les climats rigoureux
ont trop souvent brisées avant qu'elles aient pu
donner toute leur mesure.
Profondément attaché à cette Algérie, à laquelle
il s'était donné dès sa jeunesse après les années
de collège qu'il vécut à Marseille où il était né,
tout pénétré de ce grand souffle patriotique qu'il
avait recueilli dans l'intimité de Gambetta, au
lendemain des désastres d'où devait surgir une
France nouvelle, il fut séduit par les magnifi-
ques promesses d'avenir que recélait ce grand
domaine nord-africain qui avait été comme le
dernier don à la France de la vieille monarchie
expirante.
Dans sa longue existence si remplie, qui tou-
cha à tant de questions vitales pour notre pays,
le coin quasi familial qu'il cultiva avec amour fut
l'Algérie, et en particulier la grande et riche
région de l'Oranie. Il y était adoré, ses mandats
législatifs, à chaque élection, étaient renouvelés à
des majorités sans cesse accrues. La tourmente
antijuive qui secoua si profondément notre
grande possession algérienne ne l'atteignit pas.
Pendant les années inoubliables que j'ai vécues
en Algérie — sur cette terre séduisante à la fois
de rêves et de réalités — aux côfés de M. Jon-
nart comme Directeur du Cabinet ou comme
valut pourtant de grands succès, le ramena;
mais qu'il fût ministre de l'Intérieur ou ministre
de la Guerre, sitôt le pouvoir abandonné, il reve-
nait toujours à ses préoccupations favorites et
nous retrouvions à notre tête le chef aimé, celui
à qui on confiait tout, celui sans l'avis de qui
l'on n'osait rien entreprendre.
Les lecteurs de ce bulletin savent ce qu'il fut
pour le Comité de l'Afrique française, dont il
était le vice-président, puis pour le Comité du
Maroc dont il était le président. Mais celui qui
songerait à juger l'œuvre d'Eugène Etienne sur
les manifestations publiques de son activité ris-
querait de porter sur lui un jugement incomplet.
C'est par le prestige de sa personne, c'est par
l'autorité que lui donnait un contact incessant
avec les milieux coloniaux^que son action s'est
surtout exercée. C'est pour cela que nous espé-
rons en toute confiance que le souvenir vivace
que gardent de lui ceux qui ont eu l'honneur
de l'approcher et qui ont pu connaître sa pen-
sée, prolongera au delà de la mort l'influence
de l'homme dévoué et du grand Français que fut
Eugène Etienne.
LE COMITÉ.
SOUVENIRS ET IMPRESSIONS
Sur notre demande, M. Robert David, député, ancien
sous-secrétaire d'Etat, a bien voulu écrire sur Eugène
Etienne, l'article que nous sommes heureux de reproduire
ci-après :
Un des plus beaux titres de gloire de la troi-
sième République, avant d'avoir gagné la grande
guerre où s'est joué le sort de l'humanité et du
monde, était l'admirable domaine colonial dont
elle avait doté en quarante années la France
mutilée et saignante du Traité de Francfort.
L'Allemagne victorieuse de 1871 avait cru
abattre sa victime, lui enlever les moyens de
relèvement en l'accablant financièrement et en
l'isolant politiquement en Europe. Après avoir
rapidement rétabli sa situation intérieure et libéré
son territoire, la France trouvait les ressources
matérielles et l'énergie morale nécessaires pour
porter et faire respecter aux quatre coins du
monde son drapeau, symbole de la Liberté et du
Droit. C'était l'Algérie, agrandie vers les régions
du Centre africain, définitivement pacifiée et
organisée. C'était successivement l'Indo-Chine,
Madagascar, la Tunisie, le Maroc se groupant
harmonieusement comme les fleurons d'une riche
couronne.
Partout, la France étendait, avec sa domina-
tion bienfaisante, le rayonnement de son génie et
de sa civilisation — et pendant le grand drame,
qui, durant cinq années, a ensanglanté l'Europe,
le loyalisme et le concours efficace de nos colo-
nies ont fait l'admiration du monde.
Un homme a incarné, dans les milieux politi-
ques et parlementaires, cet incomparable effort
français : ce fut Eugène Etienne. On peut dire
que la mort qui vient de le frapper brutalement
en pleine action, est un deuil atteignant en plein
co'ur tous ceux qui s'intéressent à notre beau
domaine d'outre-mer.
'Etienne était un colonial d'instinct; il était né
colonial. Il avait le don rare de pressentir, de
deviner, dans les entreprises lointaines, l'avenir
et l'accroissement de puissance que notre pays
pouvait y trouver. Cette vision claire qu'il possé-
dait d'un horizon s'élargissant sans cesse s'ac-
compagnait de qualités de persuasion irrésistibles
et d'une foi patriotique qui en faisaient un véri-
table apôtre de l'œuvre colonisatrice française.
Son rôle comme sous-secrétaire d'Etat de
1887 à 1892 a vraiment orienté et fixé notre
politique coloniale. Il devint, en quelque sorte,
le protecteur attitré, le tuteur recherché de tous
ceux qu'attiraient vers les contrées éloignées et
peu connues les initiatives hardies susceptibles
de propager au loin le nom, la civilisation et le
génie français.
Tous nos grands coloniaux : Jonnart, Lyautey,
Gouraud, Roume, etc., ont vécu dans son inti-
mité et ont trouvé en lui les encouragements, les
conseils, le réconfort que communiquaient à tous
ceux qui l'approchaient les convictions raison-
nées et la flamme généreuse de son cœur de
patriote.
Aucune question coloniale, de quelque
domaine qu'elle fût, dans quelque pays qu'elle
se posât, ne le trouvait indifférent. Il les étudiait
toutes, ne laissant dans l'ombre aucun détail,
soucieux de ne rien engager à la légère, de
ménager surtout les vies humaines, ces forces
précieuses, productrices de forces nouvelles que
les fatigues, les dangers, les climats rigoureux
ont trop souvent brisées avant qu'elles aient pu
donner toute leur mesure.
Profondément attaché à cette Algérie, à laquelle
il s'était donné dès sa jeunesse après les années
de collège qu'il vécut à Marseille où il était né,
tout pénétré de ce grand souffle patriotique qu'il
avait recueilli dans l'intimité de Gambetta, au
lendemain des désastres d'où devait surgir une
France nouvelle, il fut séduit par les magnifi-
ques promesses d'avenir que recélait ce grand
domaine nord-africain qui avait été comme le
dernier don à la France de la vieille monarchie
expirante.
Dans sa longue existence si remplie, qui tou-
cha à tant de questions vitales pour notre pays,
le coin quasi familial qu'il cultiva avec amour fut
l'Algérie, et en particulier la grande et riche
région de l'Oranie. Il y était adoré, ses mandats
législatifs, à chaque élection, étaient renouvelés à
des majorités sans cesse accrues. La tourmente
antijuive qui secoua si profondément notre
grande possession algérienne ne l'atteignit pas.
Pendant les années inoubliables que j'ai vécues
en Algérie — sur cette terre séduisante à la fois
de rêves et de réalités — aux côfés de M. Jon-
nart comme Directeur du Cabinet ou comme
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