Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 117
sation qui n'était que d'un 00e de tout (5 millions
sur274.500.000) passait à un 13" (20 millions sur
255). Eclatante leçon infligée par les représen-
tants de la nation à l'irréflexion des dirigeants
du beylik et des notabilités françaises de là-bas.
Leçon accentuée encore par les commentaires
sortis à ce moment de bouches autorisées, ou par
les appréciations qui émaillent le rapport sur
l'emprunt rédigé par le député Boussenot. Leçon
qui semble cependant n'être tombée à Tunis que
dépouillée de sa vertu.
Si en effet nous comparons le budget de la
Régence de 1920 (142 millions de francs) à celui
pour 1921 (197 millions), nous constatons que
malgré cette augmentation de 55 millions, les
articles touchant la colonisation sont en régres-
sion marquée :
CHAPITRE IV. — DIRECTION DE L'AGRICULTURE.
Art. i920 192i
Francs
1. — Achat et amélioration de
terres 756.600 756 600
2. — Frais de reconnaissance, im-
matriculation et lotisse-
ments de terres 70.000 150.000
3. — Dépenses d'immigration et
de propagande 60.000 60.000
4. — Assainissements, plantation
et premier outillage des vil-
lages de colonisation. 153.750 »
5. — Routes de colonisation..... 500.000 100.000
6. — Alimentation en eau potable
des villages de colonisation. 300.000 100.000
8. — Bâtiments publics des cen-
tres de colonisation ........ 400.000 »
2.240.350 1.166.600
La différence en moins est de 1.073.750 francs.
Cependant, l'ensemble des seize articles du cha-
pitre n'est en baisse qtle de 527.450 francs. C'est
que l'on a relevé de 69.000 à 460.000 francs le
crédit de l'expérimentation agricole et de 247.000
à 347.000 celui affecté aux bâtiments publics de
la Direction (Ecole coloniale, Service botanique).
Ainsi, tandis que le Parlement enflait la dotation
de la colonisation, le Protectorat, par un balan-
cement inverse, diminuait les sommes figurant
dans le même but à son budget ordinaire pour
rejeter la dépense sur l'emprunt. Il avouait d'ail-
leurs qu'il faudrait 6 millions pour les seuls tra-
vaux de routes et d'alimentation en eau potable
des centres.
A la session de décembre 1920 de la Con-
férence consultative, lors de l'examen de ce
chapitre du budget de 1921, le rapporteur spécial
qui était un colon et les délégués agricoles en
respectèrent les chiffres prévus par l'adminis-
tration et firent chorus avec elle. On déplora d'un
commun accord l'absence d'élasticité budgétaire
et l'on invoqua l'émission rapide de la première
tranche de l'emprunt, seule susceptible, dit-on,
d'empêcher l'arrêt prochain de la colonisation.
Cependant, les mêmes délégués agricoles avaient
fort bien su obtenir que le crédit de 1.070.000 fr.
proposé pour les routes ordinaires fût porté à
4.470.000. D'autre part, la directiou de l'Agricul-
ture ayant demandé de l'argent pour quelques
emplois nouveaux de caractère technique, on le
lui refusa tout en constatant que l'extension de
la colonisation légitimerait ces créations.
En Tunisie, on n'est donc pas à la page. Tan-
dis que le Parlement, pénétré de l'intérêt national,
met en première ligne la colonisation, l'adminis-
tration tunisienne et les corps élus de là-bas,
malgré certaines tirades platoniques, lui préfèrent
toujours et en toute occasion l'outillage écono-
mique.
D'ailleurs, lorsque dans la Régence on prononce
le mot de colonisation, c'est avec un sens tout
autre qu'à Paris. Si la Chambre et le Sénat ont
rendu dans l'emprunt à cette question le poste
éminent qui lui revenait, ce n'est pas pour qu'en
Tunisie on continue à se livrer à la grande ou
moyenne colonisation et à renforcer une bour-
geoisie agricole souvent plus riche en automobiles
qu'en enfants. Ce que l'on veut au Palais-Bourbon
et au Luxembourg, c'est l'installation de paysans
grâce à la petite colonisation. Il faut le marquer
d'autant plus nettement qu'en Tunisie l'on n'hésite
pas à employer moyenne colonisation (lots de
100 hectares) et peuplement comme des termes
équivalents.
Relevons encore que sur les rives de la Med-
jerda, on n'est pas très chaud pour les émigrants
de France ou d'Algérie. Dans le décret de janvier
-1914 qui est la charte de la colonisation, leur
participation est indiquée d'une façon évasive.
Il peut — dit l'article 8 — il peut être réservé dans tout
centre de colonisation un certain nombre de lots pour les
immigrants.
Cette possibilité avait été en 1919 estimée au
tiers des lots. Y eut-il des protestations locales?
En tout cas, en 1920, elle est abaissée au cin-
quième. Ce cinquième est encore tiop, aux yeux
de certains délégués agricoles, car, l'un d'eux, à
la session de décembre 1920 de la Conférence
consultative, affirma que
La préférence donnée à des colons algériens provoque
chez les colons tunisiens, ainsi évinces, un sentiment de
mécontentement très grand et somme toute parfaitement
légitime.
Auparavant, une des commissions instituées
par le Résident général Flandin 'pour l'étude des
problèmes du pays, celle chargée de traiter du
développement de la colonisation, avait émis le
vœu ci-après :
2e Vœu — que la proportion des lots à attribuer à des
émigrants venant de France et n'ayant pas fait un stage
de deux ans au moins dans des fermes tunisiennes, soit
réduite à quelques lots.
Assurément, un rural de France aura plus de
succès comme colon dans la Régence s'il a res-
piré pendant deux ans l'air spécial de l'Afrique.
C'est sans doute sous l'empire de cette pensée que
le décret du 24 janvier 1914 a spécifié que les
Français, fixés dans le beylik depuis moins de
sation qui n'était que d'un 00e de tout (5 millions
sur274.500.000) passait à un 13" (20 millions sur
255). Eclatante leçon infligée par les représen-
tants de la nation à l'irréflexion des dirigeants
du beylik et des notabilités françaises de là-bas.
Leçon accentuée encore par les commentaires
sortis à ce moment de bouches autorisées, ou par
les appréciations qui émaillent le rapport sur
l'emprunt rédigé par le député Boussenot. Leçon
qui semble cependant n'être tombée à Tunis que
dépouillée de sa vertu.
Si en effet nous comparons le budget de la
Régence de 1920 (142 millions de francs) à celui
pour 1921 (197 millions), nous constatons que
malgré cette augmentation de 55 millions, les
articles touchant la colonisation sont en régres-
sion marquée :
CHAPITRE IV. — DIRECTION DE L'AGRICULTURE.
Art. i920 192i
Francs
1. — Achat et amélioration de
terres 756.600 756 600
2. — Frais de reconnaissance, im-
matriculation et lotisse-
ments de terres 70.000 150.000
3. — Dépenses d'immigration et
de propagande 60.000 60.000
4. — Assainissements, plantation
et premier outillage des vil-
lages de colonisation. 153.750 »
5. — Routes de colonisation..... 500.000 100.000
6. — Alimentation en eau potable
des villages de colonisation. 300.000 100.000
8. — Bâtiments publics des cen-
tres de colonisation ........ 400.000 »
2.240.350 1.166.600
La différence en moins est de 1.073.750 francs.
Cependant, l'ensemble des seize articles du cha-
pitre n'est en baisse qtle de 527.450 francs. C'est
que l'on a relevé de 69.000 à 460.000 francs le
crédit de l'expérimentation agricole et de 247.000
à 347.000 celui affecté aux bâtiments publics de
la Direction (Ecole coloniale, Service botanique).
Ainsi, tandis que le Parlement enflait la dotation
de la colonisation, le Protectorat, par un balan-
cement inverse, diminuait les sommes figurant
dans le même but à son budget ordinaire pour
rejeter la dépense sur l'emprunt. Il avouait d'ail-
leurs qu'il faudrait 6 millions pour les seuls tra-
vaux de routes et d'alimentation en eau potable
des centres.
A la session de décembre 1920 de la Con-
férence consultative, lors de l'examen de ce
chapitre du budget de 1921, le rapporteur spécial
qui était un colon et les délégués agricoles en
respectèrent les chiffres prévus par l'adminis-
tration et firent chorus avec elle. On déplora d'un
commun accord l'absence d'élasticité budgétaire
et l'on invoqua l'émission rapide de la première
tranche de l'emprunt, seule susceptible, dit-on,
d'empêcher l'arrêt prochain de la colonisation.
Cependant, les mêmes délégués agricoles avaient
fort bien su obtenir que le crédit de 1.070.000 fr.
proposé pour les routes ordinaires fût porté à
4.470.000. D'autre part, la directiou de l'Agricul-
ture ayant demandé de l'argent pour quelques
emplois nouveaux de caractère technique, on le
lui refusa tout en constatant que l'extension de
la colonisation légitimerait ces créations.
En Tunisie, on n'est donc pas à la page. Tan-
dis que le Parlement, pénétré de l'intérêt national,
met en première ligne la colonisation, l'adminis-
tration tunisienne et les corps élus de là-bas,
malgré certaines tirades platoniques, lui préfèrent
toujours et en toute occasion l'outillage écono-
mique.
D'ailleurs, lorsque dans la Régence on prononce
le mot de colonisation, c'est avec un sens tout
autre qu'à Paris. Si la Chambre et le Sénat ont
rendu dans l'emprunt à cette question le poste
éminent qui lui revenait, ce n'est pas pour qu'en
Tunisie on continue à se livrer à la grande ou
moyenne colonisation et à renforcer une bour-
geoisie agricole souvent plus riche en automobiles
qu'en enfants. Ce que l'on veut au Palais-Bourbon
et au Luxembourg, c'est l'installation de paysans
grâce à la petite colonisation. Il faut le marquer
d'autant plus nettement qu'en Tunisie l'on n'hésite
pas à employer moyenne colonisation (lots de
100 hectares) et peuplement comme des termes
équivalents.
Relevons encore que sur les rives de la Med-
jerda, on n'est pas très chaud pour les émigrants
de France ou d'Algérie. Dans le décret de janvier
-1914 qui est la charte de la colonisation, leur
participation est indiquée d'une façon évasive.
Il peut — dit l'article 8 — il peut être réservé dans tout
centre de colonisation un certain nombre de lots pour les
immigrants.
Cette possibilité avait été en 1919 estimée au
tiers des lots. Y eut-il des protestations locales?
En tout cas, en 1920, elle est abaissée au cin-
quième. Ce cinquième est encore tiop, aux yeux
de certains délégués agricoles, car, l'un d'eux, à
la session de décembre 1920 de la Conférence
consultative, affirma que
La préférence donnée à des colons algériens provoque
chez les colons tunisiens, ainsi évinces, un sentiment de
mécontentement très grand et somme toute parfaitement
légitime.
Auparavant, une des commissions instituées
par le Résident général Flandin 'pour l'étude des
problèmes du pays, celle chargée de traiter du
développement de la colonisation, avait émis le
vœu ci-après :
2e Vœu — que la proportion des lots à attribuer à des
émigrants venant de France et n'ayant pas fait un stage
de deux ans au moins dans des fermes tunisiennes, soit
réduite à quelques lots.
Assurément, un rural de France aura plus de
succès comme colon dans la Régence s'il a res-
piré pendant deux ans l'air spécial de l'Afrique.
C'est sans doute sous l'empire de cette pensée que
le décret du 24 janvier 1914 a spécifié que les
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