204 BULLETIN DU COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE
LA SUPPRESSION DES CAPITULATIONS
AU MAROC
Le ministre de France à Athènes a procédé, le
15 avril, à l'échange des ratifications de la décla-
ration franco-hellénique ci-après relative à la
suppression du régime des capitulations en ce qui
concerne la Grèce dans le Maroc français :
Déclaration.
Les soussignés, dûment autorisés par leurs gouverne-
ments respectifs, font d'un commun accord la déclaration
suivante :
« Prenant en considération les garanties d'égalité juri-
(lique offertes aux étrangers par les tribunaux français du
protectorat, le gouvernement hellénique renonce à réclamer
pour ses consuls, ses ressortissants et ses établissements
dans la zone française de l'Empire chérifien tous droits et
privilèges issus du régime des capitulations.
« Les traités et conventions de toute nature en vigueur
entre la Grèce et la France s'étendent de plein droit, sauf
clause contraire, à la zone française de l'Empire chérifien.
« La présente déclaration sera soumise par le gouver-
nement hellénique à l'approbation de la Chambre des
députés ; elle sera ratifiée et elle entrera en vigueur immé-
diatement après l'échange des ratifications.
« Fait en double à Athènes le 8/21 mai 1914.
« Signé : STREIT.
« Signé : DEVILLE. »
D'autre part, le ministre danois des Affaires
étrangères a signé, le 12 mai 1915 à Copenhague,
la déclaration suivante constatant l'abandon par
le Danemark de ses privilèges capitulaires au
Maroc, et portant effet dans le délai d'un mois à
compter de sa date :
Les soussignés, Edmond Bapst, envoyé extraordinaire
et ministre plénipotentiaire de la République française, et
Erik de Scavenius. ministre des Affaires étrangères de
S. M. le roi de Danemark, dûment autorisés par leurs gou-
vernements respectifs, font d'un commun accord la décla-
ration suivante :
« Prenant en considération les garanties d'égalité juri-
dique offertes aux étrangers p ir les tribunaux français du
Protectorat, le gouvernement danois renonce à réclamer
pour ses consuls, ses ressortissants et ses établissements
dans la zone française de l'empire chérifien, tous droits et
privilèges issus du régime des capitulations.
« Les traités et conventions de toute nature, en vigueur
entre la France et le Danemark, s'étendent de plein
droit, sauf clause contraire, à la zone française de l'empire
chérifien.
« Tous droit.s et privilèges, dont il n'est pas fait mention
dans les traités et conventions conclus entre la France et
le Danemark et qui sont et seraient accordés dans la
zone française de l'empire chérifien à une nation, seront
également et sans conditions quelconques étendus aux
consuls, aux ressortissants et aux établissements da-
nois. »
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Chronique de l'Armée coloniale
Un hommage aux soldats musulmans. — En inaugurant
le 9 juillet l'hôpital musulman de Neuilly, M. Poincaré, président
de la République, a prononcé le discours suivant :
« Je n'aurais pas voulu laisser s'ouvrir la première ambulance
fondée sous les auspices des Amitiés musulmanes sans apporter à
votre association, à tous ses collaborateurs et. en particulier, au
personnel médical et hospitalier de cet établissement, l'expression
de la reconnaissance et les félicitations du gouvernement de la
République.
« Le programme que vous vous êtes tracé et que M. Raynaud
vient de rappeler en termes élevés n'est pas seulement conforme
aux traditions françaises de justice et de liberté; il est inspiré par
une claire compréhension de nos intérêts nationaux et par une
sage pensée d'avenir.
« Le vaste empire musulman sur lequel la France exerce une
souveraineté bienfaisante est, en même temps qu'un grand réser-
voir de richesse, un immense foyer d'énergie humaine. Nous y
avons trouvé, au cours de cette guerre, des soldats admirables.
L'odieuse et perfide propagande de nos ennemis s'est brisée
contre la loyale fidélité de nos troupes africaines.
« J'ai eu maintes fois l'occasion de voir sur le front des armées
des indigènes d'Algérie, de Tunisie et du Maroc. Partout, ils se
sont signalés par leur dévouement et par leur vaillance. Tout
récemment encore, la division marocaine se couvrait de gloire au
nord d'Arras.
« J'adresse à tous ces braves gens le salut de la France. Ils
ont aujourd'hui une part dans nos deuils et dans nos sacrifices ;
ils auront une part dans la victoire ; ils devront aussi avoir une
part dans la gratitude du pays. »
Promotions. — Le général de brigade Blondlat, des troupes
coloniales, est promu au grade de général de division. Le colonel
Garnier-Duplessis (Maroc) est promu au grade de général de
brigade.
Sont promus au grade supérieur : le lieutenant-colonel Maurial
(Maroc), les chefs de bataillon Niéger, Mittelhauser, Pellegrin
(Maroc), de l'infanterie; les lieutenants-colonels Noguès, Dhers,
les chefs de bataillon Brousse, Ibos, Vincent, d'Adhémar, Vallier,
Billotte, Porte, Larroque, de l'infanterie coloniale; le chef d'es-
cadrons Phulpin de Piepape, de la cavalerie.
BIBLIOGRAPHIE
La Guerre et les neutres, par RENÉ MOULIN;
1 vol in-16 de 376 pages; 3 fr. 50. Plon, 8, rue Garancière.
Il est peu de questions qui préoccupent davantage l'opinion
publique que l'attitude des pays neutres dans le conflit qui gagne
lentement l'Europe tout entière. Cette attitude, il est souvent
difficile d'en saisir les raisons, si on n'est pas suffisamment instruit
des éléments divers et complexes qui pèsent sur les décisions des
gouvernements, réagissent sur l'opinion publique, interviennent
dans la décision finale. Le revirement, en apparence inattendu,
de tel ou tel pays neutre, est parfois incompréhensible, si on
ignore les dessous qui ont accompagné ou préparé une évolution,
dont on aperçoit seulement les résultats tangibles.
L'ouvrage que publie aujourd'hui M. René Moulin remédie à
cette lacune. La documentation spéciale que le distingué rédac-
teur de politique étrangère de la Revue hebdomadaire a eue
entre les mains, ses relations personnelles avec la plupart des
hommes qui ont joué, dans les négociations en cours, un rôle de
premier plan, la clairvoyance et la compétence bien connues de
son auteur, confèrent à ce livre un rare intérêt.
« M. René Moulin, dit M. Stéphen Pichon. dans la préface que
l'ancien ministre des Affaires étrangères a écrite pour cet ouvrage,
connaît la plupart des personnages qui ont été mêlés à cette pé-
riode passionnante et dramatique de la lutte qui se déroule depuis
dix mois et qui semble encore loin d'être terminée. Quand il re-
late leurs actes ou leurs paroles, il a suffisamment pénétré leurs
âmes pour les juger autrement que par ouï-dire ou par des déduc-
tions verbales. Il a le plus souvent été en rapport avec eux. Il a
vu à l'œuvre les Roumains, comme les Bulgares, les Grecs et les
Italiens. Son érudition n'est pas faite que de ses conversations,
ses réflexions et ses lectures; elle repose sur des documents
humains. »
On lira cet ouvrage pour connaître, dans leurs détails, les diffé-
rentes péripéties par lesquelles l'Italie triplicienne a passé avant
de se ranger aux côtés des Alliés. On le lira aussi, et on le con-
sultera, pour les curieux renseignements qu'il contient et qui
éclairent les tendances qui règnent aujourd'hui dans les pays
neutres, les tergiversations inquiètes, voire même l'attitude équi-
voque des uns. les sympathies grandissantes dis autres, et qui les
mènent tout doucement à l'action.
Le Gérant : J. LEGRAND.
fAHIè. - HfPRfMERI& LEVÉ, RUÉ CASSETTE, 17.
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